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Moi, xénophobe : Chronique d'un flux migratoire

lundi 15 octobre 2018 à 16:13

Récit d'une émigration du Venezuela au Pérou

Vendeurs ambulants vénézuéliens à Lima. Photographie de LLs, publiée sous licence Creative Commons CC-BY-SA 4.0 International.

Ce texte est la réédition de l'article “Yo, xenófoba: Crónica de un desplazamiento migratorio“, écrit par Mélanie Pérez Arias et publié à l'origine par le média en ligne vénézuélien Prodavinci. Le texte a été réduit et adapté pour Global Voices avec l'autorisation de l'auteure. La version originelle contient plus de détails et de chiffres sur le phénomène de l'exode vénézuélien, ainsi que des réflexions sur les rencontres personnelles de l'auteure et l'altérité. Sauf mention contraire, les liens renvoient vers des pages en espagnol.

Mon arrière-grand-mère disait que “quelqu'un qui vit aux crochets des autres, c'est comme un mort : au bout de trois jours, il pue”. Je suis Vénézuélienne, cela fait un an et demi que je vis au Pérou, et au cours de ces derniers mois, j'ai commencé à sentir l'odeur. Mon odeur.

Le Pérou est, après la Colombie, le deuxième pays d'Amérique Latine à accueillir des Vénézuéliens. Aujourd'hui, nous sommes 408 000 “venecos” (appellation péjorative nous désignant) en territoire inca. Ici et là, on voit les deux rives de ce fleuve infini que l'on nomme migration, sur lequel j'ai commencé à naviguer non pas il y a deux ans, lorsque j'ai vendu tout ce que j'avais pour quitter mon pays, mais il y a cinq ans, lorsque je suis tombée amoureuse d'un Péruvien.

La crise nous est tombée dessus telle une vague annoncée depuis très longtemps. Et qui nous a emportés sur son passage.

Je me souviens très bien du jour où Luis, mon mari, m'a proposé d'émigrer parce qu'il n'y avait pas de pain au pays. Il était passé par cinq boulangeries ce jour-là, en vain.

Luis est né à Callao, près de Lima. Quand il avait sept ans, sa famille a émigré au Venezuela à cause de la crise économique des années 1980 et 90. Il a été élevé dans un foyer péruvien dans le centre de Caracas, où l'on adorait les tartines de pain au beurre et à la confiture, le riz et l'Alianza Lima [équipe de football, NdT]. Le jour de notre mariage, sa maman nous a servi de la causa de pollo (plat traditionnel péruvien, purée de pommes de terre garnie de poulet). Un ami nous a offert une piñata en forme d'alpaga afin de rendre hommage au Pérou et de célébrer notre rencontre.

La vie d'un migrant est celle d'une solitude extrême. Tes amis vivent sur WhatsApp, tu ne fais rien d'autre que travailler et, dans notre cas, regarder la crise se dérouler au Venezuela à distance. Lorsque nous sommes arrivés à Lima, il y régnait un climat général d'ouverture et de solidarité envers les Vénézuéliens. De manière générale, l'immigration vénézuélienne était perçue positivement pour son niveau élevé d’éducation et notre légendaire “zénitude” caribéenne.

Un an et demi après, les choses ont bien changé.

Faciliter l'accès au marché du travail et aux services publics a attiré en masse mes compatriotes vers le Pérou, en particulier dans ce que l'on appelle les conos urbanos [quartiers résidentiels récents en périphérie de Lima, NdT], ces zones qui, bien qu'en plein essor économique, connaissent des problèmes de sécurité et de services publics. C'est là que se sont installés ceux que certains appellent les “envahisseurs venecos“. Nous voilà déjà assez nombreux pour commencer à causer des problèmes.

Au traitement totalement irresponsable du sujet vénézuélien par certains médias s'est ajoutée la position ouvertement anti-vénézuélienne de certains politiciens : vous voyez le cocktail !

Ma première expérience avec la xénophobie, je l'ai vécue il y a quinze ans, à Caracas. Nous roulions avec ma famille dans l'une des zones où s'étaient installées les communautés équatoriennes et péruviennes, à l'ouest de la ville. Soudain, l'une de mes cousines a demandé à mon père ce qu'il ferait si je me mariais avec un “cotorro“, comme on appelait les migrants andins. Mon père, au volant, m'a alors regardée dans le rétroviseur comme pour me donner l'autorisation de répondre. J'ai alors lancé ce que, de nombreuses années plus tard, je comprendrais comme une prémonition : “Moi oui, je me marierais bien avec un cotorro. Pff, tu me fais marrer, ma fille !”

J'avais dit cela par provocation, et mon public avait ri de ce qui semblait si absurde. Et pourquoi donc ? Pourquoi était-il si difficile de croire que quelqu'un comme moi, dont le seul privilège de classe était de danser la salsa mieux que la plupart des gens, ne pourrait tomber amoureuse d'un migrant de ces pays du sud ? Mon moi xénophobe de dix-sept ans ne pouvait encore voir que ce rejet, cette violence subtile qui s'immisçait dans la moquerie, était le germe d'une maladie grave que, heureusement, j'ai pu soigner à temps.

Voyager soigne la xénophobie. Lire soigne la xénophobie. Tomber amoureux d'un étranger soigne la xénophobie. Aimer la différence soigne la xénophobie. S'informer aussi : selon les Nations Unies, nous sommes 266 millions de migrants dans le monde, soit 3,3 % de la population, qui contribuons cependant à 9 % du PIB global. Cela représente une productivité de 7 000 milliards de dollars par an. En réalité, les migrants n'envoient que 15 % de leur salaire chez eux ; 85 % restent dans le pays d'accueil.

Cette simple anecdote de mon adolescence n'illustre que superficiellement ce que fut le phénomène migratoire pour nous. Nous les Vénézuéliens étions les cousins millionnaires et cocaïnomanes d'un continent dévasté par la violence [fr]. Oui, nous recevions des milliers d'immigrants venus de Colombie, d'Équateur, du Pérou et d'Amérique Centrale, des familles entières comme celle de mon mari, venues s'installer dans un pays où tout sentait le neuf.

Par ailleurs, les bienfaits émotionnels sont palpables, notamment dans les familles dont j'ai obtenu le témoignage direct. Il suffit d'écouter ma belle-mère parler du Vénézuéla pour que mon cœur se mette à battre la chamade. Ses histoires de presque quarante ans dans ce pays où elle a pu élever ses deux enfants et voir naître ses petites-filles me rendent fière de ma culture. Néanmoins, je ne crois pas que la solidarité soit une monnaie d'échange. Nous aidons les autres parce que c'est ce qu'il faut faire, un point c'est tout.

On le sait, la peur est humaine. Mais il faut savoir que faire de cette peur, où la placer, à qui la confier, à quel moment elle est réellement utile afin de nous préserver, ou encore quand elle est une excuse pour ne pas changer. Il n'y a pas de recette miracle, chacun combat ses démons comme il le peut. Mais au cours des derniers mois, les cas de xénophobie au Pérou ont surgi de telle manière que, même si je ne dispose pas de faits me permettant de le prouver, cette peur ne me semble pas propre aux Péruviens.

J'ai passé assez de temps cette semaine à lire des commentaires anti-vénézuéliens sur les réseaux sociaux d'un œil le plus neutre possible, dénué de chauvinisme et de victimisation. Je les ai ensuite comparés aux démonstrations de soutien que j'ai reçues de la part d'inconnus. J'en conclus que, dans la rue, dans la pratique, les Péruviens sont en train d'écrire une histoire differente.

Pendant ce temps, nous, Vénézuéliens, prenons conscience de notre altérité, de cette odeur, en affrontant une circonstance inédite de notre histoire : partir pour gagner sa vie loin de tout ce qui semblait nous appartenir. MON pays. MA maison. MES parents. MES morts. Cela nous demande des capacités d'adaptation que nous devons apprendre en route.

Il nous reste malgré tout quelques possessions involontaires : MON accent. MON visage. MA langue. MA douleur. Des possessions qui, selon ce que l'on décide, pourront devenir des ponts ou des abîmes.

Gabbie, un ‘chatbot’ pour aider les victimes de harcèlement sexuel aux Philippines

dimanche 14 octobre 2018 à 20:59

La page Facebook de Gabbie

Découvrez Gabbie, l'agent conversationnel ou ‘chatbot’ de Facebook Messenger qui aide les habitant.e.s des Philippines à signaler les incidents d'agressions et de harcèlement sexuels. Gabbie a été mis au point par Gabriela, un collectif de femmes aux Philippines.

Pendant l'année 2012, les femmes de 15 à 45 ans ont été plus d'une dizaine de milliers à connaître diverses formes de violences physiques et sexuelles. La police a enregistré plus de 23.000 affaires de femmes ayant subi des blessures corporelles et 1.897 cas de viol dans la même période. Tous ces chiffres sont ceux d'une étude de 2013 menée par le Service statistique des Philippines.

Avec Gabbie, Gabriela espère instruire les victimes et les encourager à dénoncer aux autorités les violences qu'elles sont subies.

Comment fonctionne Gabbie ? Quand une personne envoie un message à Gabbie, on lui demandera si elle ou il a été victime d'agression ou de harcèlement, ou souhaite simplement en savoir plus sur les violences sexuelles. Gabbie est codé avec des informations sur les lois philippines relatives aux violences contre les femmes.

Si la personne veut porter plainte contre son harceleur, Gabbie posera plusieurs questions sur l'incident, et les réponses seront compilées dans un formulaire qui pourra être téléchargé et adressé à des avocats, des services de ressources humaines ou des administrations. Une option permet aussi de transmettre la plainte à Gabriela.

L'utilisatrice de Facebook Lovely Ramos a testé l'appli et l'a trouvée pédagogique et facile à utiliser. Ci-dessous, des captures d'écran qu'elle a réalisées en envoyant un message à Gabbie.

Après qu'un.e utilsateur/utilsatrice a identifié le type de harcèlement rencontré, Gabbie donne des informations de base, y compris les lois correspondantes. Captures d'écran de la page Facebook de Lovely Ramos

Dans un entretien par courriel avec Global Voices, Joms Salvador de Gabriela décrit comment Gabbie les aide dans leur action pour apporter des services aux victimes de harcèlement sexuel :

Gabbie provided an additional platform for victims of sexual harassment to reach out to GABRIELA and for us to respond to specific situations where for example….Facebook is more accessible or convenient to them compared to phone or face-to-face counseling. Gabbie also served to complement our direct services to a growing number of victims even as we are faced with limited institutional staffing and volunteers.

Gabbie a fourni une plateforme en plus aux victimes de harcèlement sexuel pour contacter GABRIELA, et à nous pour réagir à des situations particulières où par exemple… Facebook est plus accessible ou commode pour elles comparé au conseil par téléphone ou face à face. Gabbie a aussi permis de compléter nos services directs à un nombre croissant de victimes alors que nous disposons de moyens limités en permanents et bénévoles.

Salvador ajoute que Gabbie est aussi pensé pour atteindre les étudiant.e.s et autres jeunes internautes :

Gabbie is almost a year old but she still has a lot of potential in further expanding our services to victims of sexual harassment and in educating the public about women’s rights. We are hopeful that through Gabbie, we can reach out more to young women, who are statistically the segment of the female population more vulnerable to sexual harassment, and who are more exposed to digital media.

Gabbie a presque un an d'âge, mais garde un grand potentiel d'extension de nos services aux victimes de harcèlement sexuel et d'éducation du public sur les droits des femmes. Notre espoir est de pouvoir, avec Gabbie, atteindre plus de jeunes femmes, qui statistiquement sont le segment de la population féminine le plus vulnérable au harcèlement sexuel, et le plus exposé aux médias numériques.

Depuis son lancement en novembre 2017, Gabbie est apparue dans plusieurs articles de médias, et fait l'objet de publicité dans les écoles, les mairies et les gares.

Gabriela veut aussi rendre Gabbie plus multilingue — pour le moment, il ne peut converser qu'en anglais. Gabriela prévoit aussi de promouvoir Gabbie chez les travailleurs philippins expatriés :

If we could improve on Gabbie’s program, she also has the potential further reach out to a growing number of overseas Filipino workers who may also be experiencing sexual harassment and are searching for information.

Si nous pouvons progresser sur la programmation de Gabbie, elle a aussi le potentiel d'atteindre aussi un nombre croissant d'employé.e.s phillipin.e.s expatrié.e.s qui peuvent aussi subir du harcèlement sexuel et être en quête d'information.

On estime à 12 millions le nombre de Phillipin.e.s vivant et travaillant à l'étranger.

Si cet outil facilite à l'évidence la recherche en ligne d'information sur le harcèlement et les agressions à caractère sexuel pour les Philippins, elle soulève aussi des préoccupations sur la protection de la vie privée et sur la sécurité. Gabbie a été conçu en conformité avec la loi philippine sur la confidentialité des données et fait tout le possible pour protéger la totalité des informations fournies par ses utilisateurs. Mais la protection des données des utilisateurs de Gabbie dépend toujours de l'infrastructure numérique de l'appli Messenger de Facebook, et des pratiques générales de stockage et de gestion des données de Facebook.

Facebook a été accusé à de multiples occasions de compromettre les données de ses utilisateurs. Fin septembre 2018 encore, l'entreprise révélait qu'au moins 50 millions de comptes étaient vulnérables à une faille technique permettant à des pirates d'accéder à l'intégralité des informations d'un utilisateur, y compris potentiellement des tchats privés comme ceux offerts par Gabbie. En avril 2018, les informations personnelles d'au moins 1,8 million de Philippins ont pu être compromises dans le cadre du scandale Cambridge Analytica sur les ventes de données. De fait, la Commission nationale philippine sur la vie privée a écrit une lettre à Facebook peu après, exigeant transparence et coopération dans l'examen de la mise à disposition non autorisée des données personnelles des utilisateurs philippins.

Facebook n'en reste pas moins l'application de messagerie la plus populaire aux Phillipines, ce qui fait de Gabbie une approche peut-être imparfaite, mais efficace pour diffuser la connaissance sur la façon de lutter contre les agressions et le harcèlement sexuels. Avec le premier anniversaire de Gabbie le mois prochain, Gabriela devra aussi rechercher des voies plus solides et plus sécurisées pour la protection optimale de ses utilisateurs et utilisatrices tout en maximisant sa popularité et sa portée.

Ce wiki aide la langue balinaise à survivre en Indonésie

dimanche 14 octobre 2018 à 13:23

L'application Basa Bali. Source : Facebook.

Sauf mention contraire, les liens de cet article renvoient vers des pages en anglais.

En Indonésie, une plate-forme communautaire et participative se fait le pionnier de l'utilisation d'outils numériques pour aider à préserver, promouvoir et revitaliser la langue balinaise.

Le balinais [fr] est l'une des 707 langues d'Indonésie. Selon le recensement de 2011, la province de Bali compte presque deux millions de locuteurs de balinais pour une population de quatre millions. Ces locuteurs se retrouvent également dans les provinces de Sulawesi du Sud et des Petites îles de la Sonde occidentales. La population totale de l'Indonésie s’élève à 261 millions d'habitants.

Les programmes télévisés en balinais ne peuvent être diffusés qu'une demi-heure par jour, tandis que les écoles doivent limiter l'enseignement du balinais à un maximum de deux heures par semaine seulement. Bien que ces régulations gouvernementales soient destinées à stimuler l'utilisation de l'indonésien, la langue nationale, elles rendent la promotion de l'utilisation et du développement des langues locales, comme le balinais, plus difficiles.

Un groupe de linguistes, d'anthropologues et d'étudiants de Bali et d'ailleurs, ont commencé à travailler ensemble en 2011 pour renforcer le balinais durablement, et renverser sa popularité décroissante auprès des jeunes gens.

Leur projet principal, Basa Bali (basa signifie “langue” ou “discours” en balinais) est un dictionnaire multimédia balinais-anglais-indonésien participatif et une encyclopédie. Son objectif est d'introduire le balinais dans le monde numérique moderne et de créer des ressources numériques gratuites dans cette langue.

La fondatrice de Basa Bali Alissa Stern, a expliqué à Planet World les raisons pour lesquelles la collaboration a lancé ce projet :

Balinese has about a million speakers; on the other hand, only about a quarter of the population of Bali can still speak it. So it’s in a state of decline, but it still has a solid base, which is why we’re intervening now.

Le balinais possède environ un million de locuteurs ; d'un autre côté, seulement environ un quart de la population de Bali peut encore le parler. Il est donc dans une situation de déclin, mais il a encore une base solide et c'est pourquoi nous intervenons maintenant.

Le wiki offre un dictionnaire, une bibliothèque avec du contenu sur la culture balinaise, des jeux de lettres, des ressources de traductions et une version balinaise de la page d'accueil de Google. Il est aussi disponible sur Android.

Copie d'écran de la page de la bibliotheque virtuelle de Basa Bali.

Alissa Stern affirme que leur projet “pourrait créer ce lien vraiment important entre les spécialistes et les membres de la communauté, qui est un fossé difficile à combler”. Elle a décrit ainsi le rôle que le public peut jouer dans l'entrée de nouveaux termes dans le dictionnaire :

We have the definitions, and those are entered by a 15-person team of linguists, and another team of about seven or eight Master's or Ph.D. students in linguistics. Then we ask the community to give us sample sentences, using the word in context with the kind of language that they use now, and we have a team of editors translating the sentences into English and Indonesian. People send us photos and videos too, so that users can see and hear people using Balinese in context.

Nous avons les définitions, et celles-ci sont données par une équipe de linguistes de quinze personnes, et une autre équipe de sept ou huit étudiants de master ou de doctorat en linguistique. Ensuite, nous demandons à la communauté de nous donner des exemples, de mettre le mot en contexte dans une phrase, en utilisant le niveau de langage qu'ils utilisent aujourd'hui. Et nous avons une équipe d'éditeurs qui traduisent ces phrases en anglais et en indonésien. Les gens nous envoient aussi des photos et des vidéos, de façon que les utilisateurs puissent voir et entendre les gens utiliser le balinais dans un contexte.

Par exemple, la traduction en balinais du terme “tremblement de terre” est “linuh” et les résultats incluront ce mot dans un contexte :

Capture d'écran du dictionaire de Basa Bali pour le mot “linuh” (tremblement de terre).

Les résultats incluent également une courte vidéo montrant comment “linuh” est utilisé à l'oral :

Voici la traduction de la vidéo :

Dugas ada rapat unduk penggalian dana menahin banjare, I Made Rai ngusulang apang ngae bazar. Liu anake setuju dugase ento, sakewala ane magae ajak abedik. Buka linuhe ngidupang ibane. Makejang gaene jemaka, uli ngae kartu, kanti nyemak bazzar didiane.

Pendant une réunion de levée de fonds pour rénover le banjar, I Made Rai a suggéré d'organiser un marché. De nombreux membres ont accepté de le faire, mais seulement quelques uns ont aidé à le tenir. Tout comme la nature provoque un tremblement de terre, Made Rai a tout fait lui-même, des coupons à la livraison de la nourriture.

L'équipe de Basa Bali se rend aussi dans les écoles, les communautés et les administrations pour promouvoir le balinais. Leur implication sur internet et dans la vie réelle leur a valu le Prix international Linguapax 2018. Cet extrait du prix rend hommage à leur travail :

…they created interactive multimedia software to teach Balinese in a modern engaging way, they secured a local government mandate for using Balinese on Fridays and carried out many other grassroots efforts to motivate and institutionalise the use of Balinese in both the local and international communities.

… Ils ont créé un logiciel multimédia interactif pour enseigner le balinais d'une façon moderne et engageante ; ils ont obtenu une autorisation des autorités locales pour utiliser le balinais tous les vendredis et ont réalisé d'autres actions populaires pour motiver et officialiser l'usage du balinais dans les communautés locales et internationales.

Dans un article pour le Stanford Social Innovation Review, Mme Stern signale que la marginalisation des langues locales est “l'un des effets secondaires dommageables de l'âge d'Internet.” Mais elle ajoute que des projets comme Basa Bali peuvent contrer ces symptômes :

By reorienting digital tools in service of local languages, technology can instead become an enriching source of linguistic and cultural diversity.

En réorientant les outils numériques au service des langues locales, la technologie peut devenir, à la place, une source de diversité linguistique et culturelle.

Au Brésil, l'infox va-t-elle porter le favori d'extrême-droite de la présidentielle à la victoire ?

samedi 13 octobre 2018 à 21:59

Jair Bolsonaro. Photo : Marcelo Camargo/Agência Brasil via Wikimedia Commons (CC BY 3.0 Brazil)

La plus grande démocratie des Amériques est peut-être sur le point d'élire un président dont la campagne a eu pour moteurs la violence, des rumeurs pernicieuses de fraude et une avalanche de nouvelles et d'informations en ligne qui se sont avérées fausses.

Le candidat du parti d'extrême droite PSL, Jair Bolsonaro, un capitaine de réserve de l'armée député depuis 1991 au Congrès national du Brésil, abordera le deuxième tour du 28 octobre avec une large avance au milieu d'une vague toujours grossissante d'infox (fake news) qui paraît bénéficier à sa candidature.

Bien que n'ayant acheté en tout et pour tout que huit secondes de temps de télévision — dans un pays où les publicités télévisées décident traditionnellement du vainqueur — Bolsonaro a franchi la ligne d'arrivée du premier tour à la première place avec 46 % du total des voix valides, contre 29 % pour son adversaire de gauche, le candidat du Parti des Travailleurs Fernando Haddad. Il est en tête des derniers sondages avec le soutien de 58 % des Brésiliens.

Pendant son ascension depuis la périphérie de la législature brésillienne jusqu'au seuil de la présidence, Bolsonaro a construit sa plateforme sur des sentiments particuliers de la psyché collective du Brésil, exploitant une peur du communisme qui remonte à l'ère de la guerre froide et au gouvernement militaire du Brésil soutenu par les USA. Sa campagne clivante, émotionnelle, promet de protéger la vie politique nationale de la corruption comme les rues des villes des criminels, dans le cadre d'un retour au passé supposé serein du Brésil.

Bolsonaro exprime ouvertement sa vision misogyne et homophobe. Il porte ouvertement aux nues les tortionnaires de la dictature militaire brésilienne. Il a souhaité que ses opposants politiques soient fusillés.Il a récemment juré de “mettre fin à tout militantisme au Brésil“. Et déclaré qu'il n'accepterait pas les résultats de l'élection s'il perdait.

D'amples preuves des informations mensongères en faveur de Bolsonaro

Les productions de Facebook figurent au premier plan de la lame de fond pour Bolsonaro. A côté de la large couverture par les médias régionaux et nationaux qui reflètent un éventail de points de vue sur Bolsonaro et les autres candidates, Facebook et WhatsApp ont vu un déluge de messages mensongers et trompeurs promouvant le candidat d'extrême-droite.

Alors que sa période de campagne a été tout sauf ordinaire — Bolsonaro a à peine été vu en public depuis le 6 septembre, jour où il a été poignardé et grièvement blessé lors d'un rassemblement par un sympathisant de l'opposition — son message semble avoir atteint les millions of Brésiliens qui se fient essentiellement à Facebook et WhatsApp pour suivre l'actualité. Il est aussi allé sur Facebook selon ses propres termes, en diffusant des messages courts par Facebook live.

Agência Lupa, un organisme réputé de vérification des faits, qui a établi un partenariat avec Facebook en début d'année, a vérifié la véracité de centaines d'articles partagés sur Facebook. En août 2018, les 10 articles les plus vus qu'Agência Lupa a prouvés faux ou intentionnellement trompeurs étaient tous au bénéfice de Bolsonaro. Amassant un total cumulé de 865.000 partages, ces posts comportaient de tout, depuis des vidéos sorties de leur contexte d'origine jusqu'aux images altérées numériquement.

Bolsonaro lui-même est allé jusqu'à partager un de ces posts viraux les plus populaires avec ses 1,74 millions d'abonnés sur Twitter : le post consistait en une photo d'hommes lourdement armés derrière une affiche portant une menace de mort envers Bolsonaro. Agência Lupa a identifié l'image comme étant une photo datant de 2016 et montrant les hommes en armes, mais sans l'affiche. Bolsonaro a ultérieurement supprimé le tweet.

Un documentaire de VICE Brazil d'août 2018 a interviewé un administrateur de plusieurs groupes WhatsApp pro-Bolsonaro, qui a dit officiellement que la plupart des propos qu'ils partagent proviennent directement des bureaux de Bolsonaro. S'il n'est pas possible de confirmer que le contenu partagé sur ces groupes est délibérément trompeur ou mensonger, une écrasante majorité des informations démystifiées par les vérificateurs pendant cette élection ont été diffusées principalement sur la plateforme fermée de messagerie.

En juillet 2018, Facebook a banni 196 pages et 87 profils, dont plusieurs étaient associés avec le mouvement conservateur Movimento Brasil Livre (Mouvement Brésil libre, MBL) et, selon Facebook, opéraient comme un réseau unique de distribution. MBL joue un rôle central dans la montée du conservatisme en ligne au Brésil, et a mené les manifestations en faveur de la destitution de l'ancienne présidente Dilma Rousseff en 2015. Plusieurs dirigeants du groupe ont officiellement déclaré soutenir la candidature de Bolsonaro.

L'inaction du tribunal électoral du Brésil

Tout ceci s'est produit malgré l'engagement du Tribunal supérieur électoral du Brésil (TSE) de prendre des mesures concrètes pour juguler la propagation de fausses informations en ligne avant des élections.

En décembre 2017, la juridiction a annoncé le projet de création d'un Conseil consultatif sur Internet et les élections, sous l’égide du tribunal. Le Conseil allait superviser la conception d'un outil, très probablement une application mobile, par laquelle les utilisateurs signaleraient les contenus suspects, et proposer des mécanismes judiciaires pour réprimer la diffusion d'infox.

Mais ces mesures n'ont guère porté de fruits. Le Conseil ne s'est réuni que deux fois depuis son inauguration : la première en juin, avant le début de la période de campagne en août, et une deuxième le 10 octobre, après la conclusion du premier tour de scrutin. Le tribunal en séance plénière n'a jamais approuvé la moindre directive guidant une nouvelle réglementation des fausses informations, et aucune appli ou autre outil numérique n'a été diffusé dans le public.

Qu'est-ce qui a déraillé ?

Les membres du Conseil semblent avoir des avis divergents sur les raisons de leur échec. Le Coordinateur du Conseil et secrétaire-général de la présidence du tribunal Estêvão Waterloo a déclaré au site web d'information UOL que l'impact de l'infox sur cette élection n'a pas été aussi nocif que prévu. “Même si on dit que le paysage est [inquiétant], à l'époque nous nous attendions à ce qu'il soit bien pire”, estime-t-il.

Mais un autre membre du Conseil qui s'exprimait micro coupé devant [le journal] O Estado de S. Paulo, a été de l'avis opposé, déclarant que le tribunal avait sous-estimé l'impact de l'infox et était désormais “à la traîne”.

Des propos qui dénotent des dissensions à l'intérieur du Conseil, probablement sur l'équilibre entre censure et liberté d'expression. Lors de la séance de juin, le service de renseignement brésilien, qui détient un siège au Conseil, avait proposé une surveillance”préventive” des internautes, une idée qui s'est heurtée à l’opposition farouche des autres membres.

Le fait que trois magistrats différents aient présidé le tribunal depuis décembre 2017 est aussi un élément d'explication. La présidente actuelle du tribunal, Rosa Weber, a dit dans une conférence de presse du 7 octobre que les magistrats électoraux étaient encore “en train d'essayer de savoir ce qu'est une ‘fake news'”.

Sa phrase témoigne du rythme rapide avec lequel les fausses informations et les contenus multimédia falsifiés ont envahi les espaces de communication sur Internet, laissant la justice — et beaucoup de gens dans le public — patauger pour tenter de suivre.

A l'issue de sa séance du 10 octobre, le Conseil a annoncé qu'il allait lancer l'appli promise pour signaler les informations douteuses, ainsi qu'un site web sur lequel les internautes pourront signaler des contenus au tribunal électoral. Mais il reste moins de trois semaines jusqu'au second tour, et ces mesures de dernière minute ont peu de chances de produire des effets substantiels.

Les Mozambicains, entre humour et inquiétude face à la légalisation du cannabis sativa en Afrique du Sud

jeudi 11 octobre 2018 à 23:16

Marche pour la légalisation du cannabis au Cap (Afrique du Sud, 2017) | Wikimedia Commons CC

Le 18 septembre dernier, la Cour constitutionnelle d’Afrique du Sud a approuvé unanimement la légalisation de la culture du cannabis sativa (dénomination scientifique de la drogue marijuana) à des fins de consommation personnelle dans le cadre privé.

Déjà en 2005, une étude de l’Agence Internationale du contrôle des narcotiques avait montré que le pays était le plus grand producteur de cannabis de la région d’Afrique australe.

Selon la décision rendue par la Cour, les personnes majeures peuvent cultiver du cannabis dans des « locaux privés » dès lors qu’il s’agit d’en faire une consommation personnelle.

Cette même Cour a décidé qu’il incombait à la police de juger si la quantité de cannabis saisie lors d’une arrestation devait être considérée comme relevant du trafic de drogue ou d’une simple consommation personnelle.

La décision rendue ne diffère pas beaucoup de ce qu’il se passe au Brésil depuis la Loi sur les drogues du Brésil, où ce dispositif légal a largement contribué à l’augmentation des arrestations, particulièrement chez les femmes.

Les Mozambicains, entre humour et inquiétude face à cette décision

Cette décision du législateur sud-africain a provoqué des réactions diverses au Mozambique, pays frontalier de l’Afrique du Sud et qui constitue l’une des destinations favorites de milliers de jeunes Mozambicains à la recherche d’un emploi.

Ivan Maússe, étudiant mozambicain en droit et internaute actif sur les réseaux sociaux, considère que la légalisation de la drogue en Afrique du Sud pourrait représenter un grand défi pour le Mozambique :

Representa um desafio enorme para Moçambique na medida em que, por cá, quer a produção quer ainda o consumo da cannabis sativa, continuam a constituir condutas proibidas e, desde logo, criminalmente puníveis nos termos da Lei de Prevenção e Combate ao Tráfico de Drogas, aprovada em consonância com instrumentos normativos internacionais sobre a matéria (Lei n.º 3/97, de 13 de Maio), e sendo igualmente verdade que o país estabelece fronteiras e o trânsito de pessoas e bens perante àquele é indiscutivelmente elevado.

Ademais, com esta legalização a possibilidade de se estabelecer um mercado de venda de cannabis sativa junto da fronteiras acima referidas por cidadãos sul-africanos, moçambicanos e doutras nacionalidades é maior, pelo que o trabalho de inspecção, revista ou fiscalização de viaturas, sacolas ou pastas de pessoas, e elas mesmas, em trânsito no sentido RSA – Moçambique, deverá “quadruplicar” por parte das autoridades moçambicanas.

Assim, não há dúvidas que esta legalização na RSA poderá acarretar custos elevados para Moçambique e outros países da região com muitos cidadãos naquele país. Aliás, muitos estudantes nacionais a estudarem naquele país e trabalhadores ainda não consumidores da cannabis, com a liberalização de seu consumo em espaços privados que não obsta que poderá ser também em locais públicos, correm o risco de, por influência directa ou indirecta, também entrar no mundo de seu consumo.

Cela représente un énorme défi pour le Mozambique dans la mesure où, ici, la production comme la consommation de cannabis sativa, continuent de constituer une infraction. Elles sont dès lors passibles de peines criminelles selon les termes de la Loi Prévention et lutte contre le trafic de drogue, loi approuvée en conformité avec les instruments de régulation internationaux en la matière (Loi n°3/97, du 13 mai), étant également admis que le pays établit ses frontières et définit la circulation des biens et des personnes, laquelle est particulièrement élevée aux frontières.

De plus, avec cette légalisation, la probabilité de la création d'un marché de vente de cannabis sativa près des frontières, mentionnées ci-dessus, par des citoyens sud-africains, mozambicains et d'autres nationalités, est plus grande. De sorte que le travail d'inspection, de surveillance et de fouille des véhicules, sacs ou porte-documents, et des personnes elles-mêmes en transit de l'Afrique du Sud vers le Mozambique, devra « quadrupler » du côté des autorités mozambicaines.

Ainsi, il ne fait aucun doute que cette légalisation en Afrique du Sud entraînera des coûts élevés pour le Mozambique et d'autres pays de la région qui comptent beaucoup de leurs citoyens là-bas. Par ailleurs, beaucoup d'étudiants mozambicains et de travailleurs expatriés qui ne sont pas encore consommateurs de cannabis, avec la légalisation de sa consommation dans les espaces privés – mais qui pourra tout à fait se faire aussi dans des lieux publics – courent le risque, influencés directement ou indirectement, d'entrer à leur tour dans le monde de la consommation.

Cette publication a reçu plusieurs commentaires, notamment celui de Maria Manjate qui s’est montrée préoccupée par la décision :

Estou muito triste. Na minha familia, existem jovens dependentes dessa erva. Estao totalmente destruídos, desnorteados, sem presente e muito menos futuro. Julgo k com a legalizaçao de soruma na vizinha SA, as coisas vao piorar.

Je suis très triste. Il y a dans ma famille des jeunes dépendants à cette drogue. Ils sont totalement détruits, déphasés, sans présent et encore moins de futur. Je pense qu’avec la légalisation de la marijuana dans l’Afrique du Sud voisine, les choses vont empirer.

Pourtant, Cal Barroso, un autre jeune internaute, estime que l’idée de la légalisation du cannabis sativa dans le pays voisin, n’est pas totalement mauvaise :

É preciso antes de tudo perceber porquê da ERVA ser proibida em muitos países do mundo. Vivemos no mundo onde as mentes deixaram de funcionar. Deixamos de pensar. Algumas leituras cuidadas podem nos libertar de muitos “tabus” que temos sobre muitas coisas incluindo do tabu sobre a “cannabis”.

A cannabis faz mal? Sim, mas o álcool faz pior. O cigarro idem, mas posso comprar na esquina mais próxima. Quando forem a ler perceberão que não há razões palpáveis para a proibição da consumo da cannabis, tanto é que muitos países que tem gente que “pensa” estão a rever suas leis. Portanto aquele CC da África do Sul é composto por pessoas. Ouviram-se sensibilidades e chegaram a decisão a que chegaram.

Existe gente contra? Sim, sempre existirá. Cabe a nós pensarmos seriamente e com cuidado neste assunto para o bem da maioria. Deixemos paixões e tabus de lado. Conheço gente que consome e dirige empresas que rendem milhões, e outros que nem tocam numa gota de álcool e são piores seres do mundo! Leiam senhores, leiam, e filtrem o importante.

Il faut d’abord chercher à comprendre pourquoi cette HERBE est interdite dans beaucoup de pays du monde. Nous vivons à une époque où nos esprits ne fonctionnent plus. Nous avons arrêté de réfléchir. Certaines lectures soigneusement choisies peuvent nous libérer de beaucoup de « tabous » que nous avons posé sur beaucoup de choses et notamment le tabou du « cannabis ».

Le cannabis est nocif ? Oui, mais l’alcool est pire. Les cigarettes aussi, pourtant je peux en acheter au coin de la rue. Quand on aura lu, on comprendra qu’il n’y a aucune raison tangible à interdire la consommation de cannabis, tant et si bien que dans beaucoup de pays où les gens « réfléchissent », on est en train de revoir la législation. Pourtant cette Cour constitutionnelle d’Afrique du Sud est composée d'individus. On a écouté les sensibilités et on est parvenu à la décision à laquelle on est parvenu.

Il y a des gens contre ? Oui, il y en aura toujours. Il nous appartient de penser avec attention et sérieux à ce sujet pour le bien de tous. Laissons de côté passions et tabous. Je connais des gens qui en consomment et qui dirigent des entreprises générant des millions et d’autres qui ne touchent même pas à une goutte d’alcool et qui sont les pires êtres au monde ! Lisez messieurs, lisez et filtrez ce qui importe.

Juma Aiuba, journaliste et activiste, en a profité pour tourner en dérision la manière de faire de la politique au Mozambique :

No que diz respeito à legalização do consumo da maconha, há que reconhecer que nós estamos muito mais adiantados do que os nossos vizinhos e arquicunhados sul-africanos. Nós legalizamos o consumo da cannabis nos idos anos 2012-2014, quando decidimos criar e instituir o famigerado Gê-40. Graças à essa erva que os nossos académicos sabiamente fumam ou fazem chá (legalmente), de lá à esta parte, temos dado passos gigantescos rumo à putrefação do conhecimento científico.

Sem dúvida, o gê-quarentismo tem sido o maior e o mais bem sucedido festival de maconheiros de fato e gravata exibido legalmente em rede nacional. Um autêntico desfile de lunáticos. Uma verdadeira sinfonia de paulados.

Há programas de televisão que você se apercebe (sem esforço algum) que os painelistas tiveram uma paragem ali na Colômbia da capital. Parece que esse grupo de sábios tem autorização para bater um baseado antes de entrar num estúdio de televisão/rádio ou antes de entrar numa redação de jornal ou mesmo antes de teclar no Facebook.

A propos de la légalisation de la consommation de la marijuana, il faut reconnaître que nous sommes bien plus avancés que nos voisins et archi-beaux-frères sud-africains. Nous, nous avons légalisé la consommation du cannabis dans les années 2012-2014, quand nous avons décidé de créer et d'instituer l'infâme Gê-40. Grâce à cette herbe, que nos universitaires fument savamment ou avec laquelle ils font du thé (en toute légalité), nous avons fait des pas de géant vers la putréfaction du savoir scientifique.

Le gê-quarantisme a été sans aucun doute le plus grand et le plus réussi des festivals de fumeurs de marijuana vêtus de costume, cravate, et exhibés légalement sur la télévision nationale. Un authentique défilé de lunatiques. Une véritable symphonie de drogués.

Dans certains programmes télévisés, on se rend compte soi-même (sans aucun effort) que les intervenants ont fait un arrêt là-bas dans la Colombie de la capitale. Il semblerait que ce groupe de savants a l'autorisation de rouler un joint avant de rentrer dans un studio de radio/télévision, dans la rédaction d'un journal ou même avant d'écrire sur Facebook.

Le cannabis sativa dans le monde

Plusieurs pays ont déjà dépénalisé l’usage ou la possession de marijuana, abolissant les peines de prison qui visaient les consommateurs. L’Uruguay a été le premier pays à légaliser la production, distribution et consommation du cannabis. Au Canada, comme dans 8 États des Etats-Unis, la consommation récréative a également été autorisée.

En Europe, les Pays-Bas sont connus pour l’autorisation de l’usage de cette drogue dans les « coffee shops » depuis 1976, même si une loi de 2012 visait à restreindre la vente aux non-résidents ainsi qu’aux touristes, loi qui a depuis été révoquée.

En Espagne, la législation tolère la consommation et la culture du cannabis dans un cadre privé, à des fins non lucratives et entre adultes, tandis qu’en République Tchèque, ce n’est pas un crime de posséder jusqu’à 15 grammes de marijuana ou de cultiver jusqu’à 5 pieds d’herbe chez soi.

Les amendes sanctionnant la consommation de cannabis ont été abolies en juillet dernier en Géorgie et dans plusieurs autres pays comme l’Allemagne, l’Autriche, la Grande-Bretagne, la Finlande, l’Italie, la Grèce, la Roumanie, la Slovénie, la Croatie, le Portugal et la Pologne. La Macédoine en a légalisé l’usage thérapeutique.

En France, un comité a été créé pour « évaluer la pertinence du développement » de l’utilisation thérapeutique du cannabis. Actuellement, deux médicaments dérivés de cette plante sont autorisés dans le pays.