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“Victoire posthume symbolique” en justice pour les journalistes du quotidien hongrois Népszabadság

lundi 30 janvier 2017 à 22:35
Népszabadság staff

Le personnel de Népszabadság. Avec l'autorisation de l'équipe de rédaction de la page Facebook “Népszabi.

Un tribunal hongrois a statué que la fermeture soudaine du principal journal d'opposition daily Népszabadság en octobre dernier était illégale, parce que les propriétaires auraient dû se concerter avec le comité d'entreprise pour tenter de poursuivre la publication et éviter de licencier tout le personnel.

Les propriétaires, le groupe autrichien Mediaworks, ont fermé le journal le 9 octobre 2016, sans préavis, arguant de la faiblesse des ventes. Ce matin-là, ils ont interdit l'accès au site aux salariés médusés.

Reporters Sans Frontières (RSF) a salué dans cette décision de justice une “victoire posthume symbolique pour les journalistes de Népszabadság”. Selon Pauline Adès-Mével, la directrice du bureau Union Européenne – Balkans de RSF :

C'est une victoire morale pour la rédaction de Nepszapadsag, même si malheureusement le verdict n'a aucune conséquence pénale ou financière sur le propriétaire du journal. Avec cette décision, le juge indique clairement que si les procédures avaient été respectées, le journal n'aurait pas été contraint de mettre la clé sous la porte et ses 90 salariés au chômage.

L'annonce de la décision de la cour ne comportait aucune information accessible au public quant à l'octroi ou non d'un dédommagement quelconque aux journalistes pour le préjudice subi.

La journaliste hongroise Anita Kőműves. Photo reproduite avec autorisation.

Anita Kőműves a été onze ans journaliste au service Etranger de Népszabadság, et depuis cinq ans — jusqu'à la fermeture du journal — elle couvrait la politique américaine. Elle faisait aussi partie de l'équipe d'enquête du journal, et un de ses articles a révélé combien la Hongrie dépensait en lobbying à Washington.

Elle a déclaré à Global Voices que les journalistes d'autres organes de médias, de la gauche à la droite (sauf extrême) se sont montrés solidaires des salariés de Népszabadság. Kőműves dit que la solidarité massive est née du fait que le gouvernement travaille à un changement total du paysage médiatique hongrois depuis le début de son premier mandat en 2010. Ce qui a comporté, entre autres, la réforme de la législation sur les médias, le licenciement d'un millier d'emplloyés de l'audio-visuel public, et le limogeage du rédacteur en chef du populaire site d'actualités Origo.hu après la publication d'un article sur les frais de voyage d'unn secrétaire d'Etat.

Nous n'avons jamais pensé que le jugement allait changer quoi que ce soit, c'est plutôt une victoire morale qui affirme que nous aurions dû avoir un représentant légal avec nous et qu'il aurait dû y avoir une communication directe sur ce qui se passait. Nous savions que cela ne changerait rien parce que l'affaire était déjà terminée au matin du 9 octobre 2016.

Les Hongrois sont nombreux à s'enquérir de l'avenir des anciens journalistes de Népszabadság. Anita Kőműves  a récemment commencé à travailler pour le magazine d'actualités Vasárnapi Hírek, mais beaucoup de ses anciens collègues sont toujours à la recherche d'un emploi :

Dès la fermeture du journal nous avos commencé à réfléchir au lancement d'un nouveau journal, papier ou en ligne. Mais nous savions qu'il nous faudrait beaucoup d'argent pour gérer une rédaction de 80 personnes. Nous n'en avons pas moins commencé des pourparlers avec des investisseurs potentiels tant en Hongrie qu'à l'international, mais tout dernièrement, vers début janvier, nous avons dû nous rendre à l'évidence que nous ne serions pas capables de lever les fonds pour démarrer même une entreprise beaucoup plus petite.

Népszabadság, qui signifie Liberté du Peuple, était un grand journal hongrois à tendance de gauche, fondé pendant la révolution hongroise de1956. Privatisé dans les années 1990, il a changé plusieurs fois de propriétaires, jusqu'à son acquisition par Mediaworks en 2015.

La liquidation du journal a provoqué des manifestations de masse à Budapest. Deux semaines et demie après, le propriétaire de Mediaworks vendait Népszabadság à Opimus Press, un groupe de presse possédé par un proche du premier ministre hongrois Viktor Orban.

Reuters a rapporté que cette prise de contrôle faisait partie de la stratégie exécutée par les alliés d'Orban pour asseoir la domination sur le paysage médiatique du pays en s'assurant d'un “réseau de médias amicaux”. Le nouveau propriétaire n'a aucune expérience préalable dans les médias.

Quelques mois après le coup de tonnerre, l'archive numérique du journal a été rallumée. A présent au moins, les derniers articles de la publication sont accessibles au public, aux côtés de celui de 2008 que l'auteur du présent texte avait écrit sur le Sommet de Global Voices à Budapest.

De jeunes Équatoriens lancent la première émission de radio en kichwa aux États-Unis

lundi 30 janvier 2017 à 09:05
Charlie Uruchima in Radio El Tambo Stereo in Bronx, Photo by Itzel Alejandra Martinez for Remezcla. Used with permission.

Charlie Uruchima à Radio El Tambo Stereo dans le Bronx. Photographie par Itzel Alejandra Martinez pour Remezcla. Reproduite avec autorisation.

Ce billet est un extrait révisé d'un article écrit par l'auteur pour Remezcla et qui peut être lu intégralement ici.

Dans le Bronx, pas très loin des bodegas de quartier, des vendeurs de rues et du Yankee Stadium, se trouve un immeuble d'habitations d'aspect quelconque. Vous ne le devineriez pas en le voyant, mais une station de radio est hébergée dans son sous-sol fatigué, véritable havre pour les quelques dix mille Équatoriens kichwas de New York. Contrairement à l'espagnol, à l'anglais et au français parlé dehors, la langue ancestrale kichwa remplit le studio sous formes de chansons, poèmes et débats.

Fondée en 2014, Kichwa Hatari est la première émission de radio des États-Unis à émettre en kichwa, variante régionale du quechua et langue des indigènes équatoriens kichwas. Les communautés indigènes ont commencé à émigrer aux États-Unis dans les années quatre-vingt-dix, en particulier vers New York et d'autres centres urbains, fuyant la récession qui atteignait les peuples indigènes le plus durement. Malgré sa population assez importante, la communauté kichwa reste pourtant souvent invisible parmi les autres Équatoriens et les latinos, plus nombreux.

L'objectif de Kichwa Hatari, qui peut se traduire par “élever le kichwa”, est de redonner une visibilité et une voix aux indigènes équatoriens à travers des médias en ligne réalisés par et pour les Kichwas. Chaque vendredi après-midi, les hôtes de Kichwa Hatari, Charlie Uruchima, Segundo Angamarca, Fabain Muenala et Renzo Moyano, se retrouvent dans le studio en sous-sol pour y discuter de la musique, culture, langue et vision du monde indigènes ainsi que des préoccupations de la communauté locale. Le quatuor représente un microcosme des Kichwa de par leurs générations, milieux et centres d'intérêts différents et diffusent une émission “pour s'exprimer et ne pas avoir peur de le faire” :

We’re motivating people with the program […] We’ve seen some changes. Many of us were afraid to state whom we are, but now, in the streets, in trains, in restaurants, people are speaking in Kichwa. Women dress in traditional clothes. There’s not that fear anymore.

Nous motivons les gens avec cette émission […] Nous avons vu des changements. Beaucoup d'entre nous avaient peur d'affirmer qui nous sommes, mais maintenant dans les rues, dans les métros, dans les restaurants, les gens parlent en kichwa. Les femmes s'habillent en vêtements traditionnels. Il n'y a plus cette peur.

De la difficulté de construire aux USA une coalition de résistance à Trump ouverte et féministe

samedi 28 janvier 2017 à 21:15

La Women's March à Washington DC. Photo Elly Clarke sur Flickr sous licence CC BY-NC 2.0.

La Marche des femmes sur Washington a rassemblé un demi-million de femmes et d'alliés dans la capitale des Etats-Unis le 21 janvier, en défense des droits des femmes et en réplique à l'investiture de Donald Trump à la présidence des USA. Un mouvement qui a inspiré des centaines de “marches soeurs” à travers le monde, dont une à Los Angeles qui a attiré au moins 650.000 personnes.

Les principes unitaires de ces marches étaient la fin de la violence et la défense des droits reproductifs, des droits des travailleurs, des handicapés et des minorités sexuelles et de genre, des droits civiques, de la liberté religieuse, de l'immigration et de la justice environnementale. Le message se voulait de défi à une élection présidentielle marquée par le racisme, l'islamophobie et le sexisme, parmi d'autres discours de haine.

L'idée de la Marche des Femmes a commencé à prendre forme pratiquement dès que Trump a remporté le collège des Grands Électeurs américains. Le 9 novembre 2016, lendemain de l'élection, une femme du nom de Teresa Shook créa un événement Facebook invitant à marcher sur Washington pour manifester contre l'élection de Trump. D'autres femmes ont créé des événements similaires, et décidé progressivement d'agréger leurs efforts pour la Marche des Femmes sur Washington.

Finalement, la direction des opérations de la campagne a fait émerger comme co-présidentes Tamika D. Mallory, figure de proue des droits civiques des Afro-Américains ; la militante mexicaine-américaine Carmen Perez, et la militante palestinienne-américaine musulmane Linda Sarsour. Ceci pour garantir que la marche inclue à sa tête des femmes de couleur—le terme communément utilisé aux USA pour représenter les femmes non-blanches dans le contexte de résistance au racisme et à l'exclusion systémiques.

La co-présidente nationale Carmen Perez est la directrice exécutive de The Gathering for Justice (Le Rassemblement pour la Justice), une organisation basée à New-York qui veut mettre fin à l'incarcération des enfants et aux inégalités raciales dans la justice pénale locale. Perez est une militante de longue date, diplômée de l'UC Santa Cruz, qui a fondé des organisations de jeunesse de couleur comme R.E.A.L. (Reforming Education, Advocating for Leadership) et The Girls Task Force [Le groupe de réflexion des filles].

Nous ferons toujours bloc parce que notre libération dépend de celle des autres !

“Chicana” née à Oxnard, une petite ville de Californie méridionale, Perez a récemment expliqué sur le site web latinx Mitu les raisons de son engagement dans la marche :

J'ai senti une responsabilité vis à vis de ma communauté, en particulier étant Mexicaine-Américaine, ma mère du Mexique et mon père de Californie et Chicano. Ce président use d'un discours raciste qui vise ma communauté. J'ai trouvé important d'être au premier plan de cette marche.

Qu'espère-t-elle de la marche ?

Je veux qu'elle montre que lorsque les femmes se rassemblent dans la solidarité nous pouvons réellement créer des opportunités pour les autres femmes, et aussi nous assurer que nous sommes déterminées et intersectionnelles sur les questions qui comptent pour nous.

Si beaucoup ont reconnu la présence des femmes de couleur dans l'équipe dirigeante de la marche, les réactions à la manifestation , les réactions de femmes de couleur et de la communauté lesbienne, gay, bisexuelle, transgenre, queer, intersexuelle and asexuelle (LGBTQIA) reflètent des désaccords avec ce que certaines perçoivent comme un mouvement dominé par le mouvement féministe blanc.

Avant la marche, des auteures et activistes de couleur ont publié des articles critiquant le manque de transparence du mouvement sur la violence historique contre les femmes de couleur. Du fait de l'absence initiale de femmes de couleur dans la direction, d'inquiétudes que le nom d'origine, “Marche du Million de Femmes” veuille coopter une manifestation organisée en 1997 par les femmes noires contre l'oppression raciste et sexiste, et de l’absence ressentie de critiques anti-racistes venant des participantes, beaucoup de femmes de couleur ont boudé la marche du 21 janvier sur Washington.

La communauté trans a aussi fait d'importantes réserves. De nombreuses participantes aux marches portaient des “bonnets chattes” roses et brandissaient des pancartes en défense de leurs vagins et organes reproductifs. Les trans femmes ont soutenu que faire des vagins les symboles de la féminité était de la transphobie. Elles ont appelé les femmes hétérosexuelles à rendre leur lutte pour les droits reproductifs plus ouverte. L'utilisation des ovaires et de l'utérus comme symboles de contestation renvoie au mouvement des droits reproductifs, et celui de la “chatte” dans les marches de femmes se voulait aussi une riposte aux propos de Trump sur ses méthodes sexuelles agressives avec les femmes : “Attrapez-les par la chatte, vous en ferez ce que vous voudrez.” Trump a été filmé lorsqu'il a tenu ces propos dépréciatifs sur le plateau de télévision d'une personnalité aux Etats-Unis, mais c'est en octobre 2016 pendant sa campagne qu'ils ont été publiquement révélés.

Quoi qu'il en soit, l'engagement pour un féminisme intersectionnel — l'idée que les femmes font souvent partie d'autres groupes marginalisés, créateurs d'expériences qui influent aussi sur leurs vies — ne faisait aucun doute chez beaucoup de celles qui ont rejoint les marches de femmes ce mois.

Sous le hashtag #WhyIMarch (‘Pourquoi je marche’), beaucoup de femmes et de membres de la communauté LGBTQIA ont partagé les motifs de leur participation. Réaffirmer leur engagement dans l'auto-défense, protéger les droits à la santé reproductive, défendre le mariage gay : des centaines de femmes de couleur ont écrit sur les réseaux sociaux leurs raisons de manifester :

Est-ce que je peux vivre ?

Parce que les immigrants sont là pour rester et que ce sont eux qui font la grandeur de ce pays

Pour que ma femme et moi puissions rester mariées.

Pour nombre de femmes de couleur, qu'elles aient marché ou pas le 21 janvier, la xénophobie et le racisme qui s'étalent sur les médias sociaux et les premières mesures de l'administration Trump sont un appel au clairon à l'activisme.

Quelques heures à peine après la Marche des Femmes sur Washington, Linda Sarsour, co-présidente nationale de la marche, était accusée en ligne d'avoir des liens avec le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union Européenne, Israël et plusieurs autres pays. #IMarchWithLinda (‘Je marche avec Linda’) n'a pas tardé à être tendance sur les médias sociaux quand des centaines de femmes et organisations ont partagé leur soutien à la militante.

Dans son discours le jour de la marche, retransmis par ABC News, Sarsour a évoqué la nécessité d'affronter l'avenir avec courage et l'engagement d'une plus large solidarité entre femmes :

La peur est un choix, nous sommes la majorité, nous sommes la conscience des Etats-Unis d'Amérique, nous sommes votre boussole morale. Si vous voulez être sûrs d'aller dans la bonne voie, suivez les femmes de couleur, frères et soeurs. Nous savons où nous devons aller et nous savons où est la justice.

Dès ses tous premiers jours en fonctions, le Président Trump a démontré qu'il tenait ses promesses de restreindre l'accès aux avortements et autres services de médecine reproductive. Le 23 janvier, comme chaque président républicain depuis Ronald Reagan en 1984, Trump a rétabli la “Politique de Mexico”, aussi appelée Global Gag Rule.

La ‘Règle du Bâillon mondial’ interdit aux organisations internationales dans le domaine de la santé recevant des financements des Etats-Unis de mentionner l'avortement comme une option de régulation des naissances dans la famille. Pour certains spécialistes, cette règle accroît en réalité le nombre d’avortements efffectués clandestinement, et réduit l'accès pour les femmes aux ressources de santé reproductive.

Pour revenir aux Etats-Unis, Planned Parenthood (le Planning Familial), une organisation à but non lucratif de santé reproductive de premier plan, peut s'attendre à des ennuis si les politiciens Républicains anti-avortement arrivent à leurs fins. Le vice-président Mike Pence a promis de lui couper les vivres en promouvant une loi qui empêcherait les patientes à faibles revenus soignées dans le secteur public de recourir aux dispensaires de l'organisation. Selon “I Stand With Planned Parenthood,” supprimer les subventions à ces services et pour finir fermer les dispensaires ferait le plus de mal aux pauvres de couleur, en privant ces catégories d'accès aux dépistages du cancer, à la contraception, aux tests de MST et autres traitements y compris les tests de séropositivité— quelques-uns des nombreux services fournis par le Planning Familial outre les avortements.

Des coalitions au-delà des différences

Pour les organisatrices de la Marche des Femmes sur Washington, construire une coalition avait la même importance que de mettre au point une marche réussie. Pour gérer le long terme, elles ont lancé la campagne 10 Actions/100 jours, qui encourage les participantes à continuer leur activisme.

La première chose que le public est encouragé à faire, c'est d'écrire une carte postale à leur sénateur sur les questions primordiales, et comment elles comptent continuer à combattre pendant l'administration Trump.

Si des désaccords demeurent sur la Marche des Femmes, de nombreuses femmes de couleur et membres de la communauté LGBTQIA semblent convenir qu'il est essentiel de lutter contre les politiques de l'administration Trump.

Lors du rassemblement de Washington samedi dernier, l'universitaire et icône de la contre-culture Angela Davis a relayé cet appel à la résistance féministe contre Trump :

Les 1.459 prochains jours de l'administration Trump seront 1.459 jours de résistance : résistance sur le terrain, résistance dans les salles de cours, résistance au travail, résistance dans notre art et dans notre musique. Ceci n'est qu'un début, et comme le disait l'inimitable Ella Baker, ‘Nous qui croyons en la liberté et n'aurons pas de repos jusqu'à ce qu'elle soit là’

*Image de vignette par Micah Bazant. Reproduite avec autorisation.

Dans toute l'Inde, les femmes défilent pour le droit de sortir en toute sécurité

samedi 28 janvier 2017 à 18:58
Screenshot from Youtube Video

Capture d'écran de Youtube.

De New Delhi à Bangalore et de Mumbai à Puducherry, des milliers de femmes ont manifesté le samedi 21 janvier. Elles portaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire “I will go out” [“Je vais sortir”], slogan d'une campagne de reconquête : celle de leur droit d'accéder aux lieux publics sans avoir peur de se faire agresser.

À la suite de l'horrible cas d’agression de masse à Bangalore, qui a déclenché un débat de société sur l'exclusion des femmes de la scène publique, des militants se sont rassemblés sur internet en utilisant le mot-clic #IWillGoOut et ont formé des groupes dans tout le pays.

Les marches du samedi 21 ont commencé à 17h dans plus de trente villes indiennes. L'organisation fut assurée par divers groupes de défense des droits des femmes.

Le poster officiel de #IWillGoOut. Samedi 21 janvier à 17h, les femmes reprennent la nuit. (Plus de villes ajoutées à la liste en ce moment-même !)

Depuis les agressions du réveillon du Nouvel An à Bangalore, plusieurs formes de protestation ont eu lieu dans cette ville, dont des chaînes humaines, des campagnes sur internet et des rassemblements dans des parcs.

Voici comment le groupe se décrit sur Facebook :

#IWillGoOut is a nationwide gathering on 21st January in solidarity against sexual harassment and misogyny, and to reclaim women's rights to safe public spaces. We're a collective of individuals and organisations across various cities in India.

#IWillGoOut est un rassemblement national, le 21 janvier, en solidarité et contre le harcèlement sexuel et la misogynie, pour revendiquer le droit des femmes à un espace public sûr. Nous sommes un collectif d'individus et d'organisations dans plusieurs villes indiennes.

Les manifestations de ce samedi ont coïncidé avec la marche mondiale des femmes, centrée à Washington DC contre la misogynie, le sectarisme et la haine que les critiques attribuent à Donald Trump (devenu le quarante-cinquième président des États-Unis le vendredi 20 janvier).

Plusieurs capitales européennes ont vécu des manifestations similaires, où des milliers de femmes sont descendues dans les rues de Berlin, Paris, Rome, Vienne, Genève et Amsterdam en solidarité avec les marches-sœurs en Asie et aux États-Unis.

Une manifestation s'est également déroulée à Nairobi, au Kénya, avec un message supplémentaire adressé au gouvernement :

Here in Kenya we will march to demand reproductive rights, women's land and inheritance rights, and the implementation of the 2/3 rule. We will march to end sexual harassment and assault, female genital mutilation, and the trafficking of women and children; and to end discrimination against LGBTQ people, sex workers, disabled women, HIV positive women, refugee women, women in the informal sector and other marginalized groups.

Ici au Kénya, nous allons défiler pour réclamer nos droits reproductifs, les droits à l'héritage et à la terre pour les femmes, ainsi que l'exécution de la règle des 2/3. Nous défilerons pour mettre fin au harcèlement et aux agressions sexuelles, à la mutilation génitale féminine, et à la traite des femmes et des enfants, pour mettre fin à la discrimination à l'encontre des citoyens LGBTQ, des travailleuses du sexe, des handicapées, des séropositives, des réfugiées, des travailleuses du secteur informel et des membres des groupes marginalisés.

Les manifestations en Inde ont attiré des milliers de femmes à travers tout le pays, et les participants ont inondé les réseaux sociaux de photographies et de vidéos de l'évènement :

Toutes les femmes affirment maintenant que le jour et même la nuit nous appartiennent.

À New Delhi :

Au Jantar Mantar.

Les femmes de Delhi, bruyantes et fières pendant le défilé d'hier. J'étais fière d'en faire partie.

Dans le Kérala :

Nos sœurs de Thrissur, dans le Kérala !

À Mumbai :

#IWillGoOut, chapitre de Mumbai.

Personne ne devrait se cacher par peur :

[Je vais sortir] parce que j'en ai marre de me cacher des des portes pour éviter de me faire peloter.

Nous avons atteint le Jantar Mantar et la nuit tombe.

Je vais sortir !!

Dans tout le pays, les gens se préparent à sortir. Et vous ?

Kaavya Pillai, journaliste et féministe, explique l'importance de ces manifestations :

Nous ne pouvons pas vivre nos vies en ayant peur des lieux publics. La seule solution est de se les approprier et de revendiquer la nuit.

#IWillGoOut parce que mes ambitions et mes espoirs sont plus larges que les limites patriarcales.

Bangalore s'est joint au mouvement :

Bangalore se prépare à dire #IWillGoOut. Rejoignez-nous à la gare à 16h30 aujourd'hui et défilez avec nous pour la sécurité des femmes.

Hyderabad aussi :

#IWillGoOut à Hyderabad.

Shikha Sreenivas donne dans The Ladies Finger les raisons pour lesquelles il est si important d'avoir cette conversation :

Systems of oppression and control work differently in various cultures, they reinvent themselves with the times to find new ways to control women, their bodies, and their movement. But these women are full of hope and energy to fight a mindset that seems undefeatable. The movement is a powerful reminder of sisterhood sans borders. These women reminded me what I had forgotten in my despair — that the streets of this country are ours too.

Les systèmes d'oppression et de contrôle fonctionnent différemment dans différent pays. Ils se réinventent au fil du temps et trouvent de nouvelles façons de contrôler les femmes, leurs corps et leurs mouvements. Mais ces femmes sont pleines d'espoir et d'énergie pour combattre une mentalité qui semble invincible. Ce mouvement est un puissant rappel d'une sororité sans frontières. Ces femmes m'ont rappelé ce que, dans mon désespoir, j'avais oublié : que les rues de ce pays sont aussi les nôtres.

S. Sentalir commente dans The Hindu :

The movement questions the traditional notion of public spaces as the domain of men. It challenges the patriarchal culture that raises questions on a woman’s presence outside her home and blames her attitude and clothes for any act of violence or harassment.

Ce mouvement remet en question la notion traditionnelle d'espace public en tant que domaine masculin. Il conteste la culture patriarcale qui questionne la présence d'une femme hors de chez elle et accuse son attitude et ses vêtements pour tout acte de violence ou de harcèlement.

Zoya Vallari écrit dans Feminism in India : 

The rally in India was triggered by the appalling incident of mass molestation on New Year’s Eve in the city of Bangalore. This march is aptly called ‘#IWillGoOut’. The ‘I’ in the title asserts a woman’s agency to decide her own actions, behaviour, clothes or timings. The ‘Will’ describes a wilful act of protest in the face of harassment that women experience when they claim their agency. The ‘GoOut’, seemingly straight-forward, stands for multiple things – go out to protest, go out to work, go out to party, go out to question the illegal state actions, go out to contest elections or simply to stare at the sky and loiter in the streets because it is ‘I’ who has the agency to decide what I want to go out for.

Le rassemblement en Inde fut déclenché par l'affligeant cas d’agression de masse la veille du Nouvel An dans la ville de Bangalore. Cette marche fut justement appelée #IWillGoOut [Je Vais Sortir, NdT]. Le “Je” affirme le pouvoir d'une femme de décider de ses propres actions, comportement, vêtements et horaires. “Vais” décrit un acte de protestation volontaire face au harcèlement vécu par les femmes quand elles utilisent ce pouvoir. “Sortir”, qui semble bien simple, représente bien des choses : aller à une manifestation, aller au travail, se rendre à une soirée, sortir pour remettre en question des actions gouvernementales illégales, sortir pour contester des élections, ou simplement pour regarder le ciel et traîner dans les rues parce que c'est le “Je” qui a le pouvoir de décider pour quelle raison je veux sortir.

Manifestation mondiale contre la centrale menaçant la mangrove des Sundarbans

vendredi 27 janvier 2017 à 21:21
Demonstration in London. (Photo: Facebook.com/SaveSundarbans.SaveBangladesh)

Manifestation de Londres. Photographie : Facebook.com/SaveSundarbans.SaveBangladesh

Cet article est basé sur un texte écrit par Jenny Zapata López pour 350.org et est reproduit sur Global Voices dans le cadre d'un accord de partage de contenu. 350.org est une organisation qui travaille à construire un mouvement mondial sur le changement climatique.

Récemment, une journée mondiale de manifestations a uni les voix du monde entier appelant à la préservation des Sundarbans. Les Sundarbans sont une région englobant le sud du Bangladesh et l'est de l'Inde où se trouve la plus grande forêt de mangrove du monde ainsi que des espèces en voie de disparition comme le tigre du Bengale et le dauphin de l'Irrawaddy.

Les organisateurs estiment qu'environ quatre mille personnes ont témoigné leur solidarité avec le mouvement de résistance populaire qui s'oppose depuis cinq ans à la construction de la centrale énergétique de Rampal au Bangladesh.

Union Square in New York City. Photo: Zawaad Abdullah

Sur Union Square, à New York. Photographie : Zawaad Abdullah

Les Sundarbans figurent parmi les sites du Patrimoine mondial de l'humanité de l'UNESCO et sa zone humide est un site Ramsar à cause de l'importance de son écosystème d'eau douce. Mais la Compagnie nationale pour l'énergie thermique du gouvernement indien et le comité du développement énergétique du Bangladesh ont formé une co-entreprise, la Société énergétique de l'amitié indo-bangladaise (Bangladesh-India Friendship Power Company Limited, BIFPCL) dans le but de construire une centrale thermique au charbon de 1 320 MW dans les environs.

Selon le Comité national de protection des ressources, énergies et ports pétroliers, gaziers et minéraux, une organisation bangladaise, l'usine menacerait les moyens de subsistance d'au moins 3,5 millions de personnes. En outre, quelques cinquante millions d'habitants des côtes seraient rendus d'autant plus vulnérables face aux catastrophes naturelles que les Sundarbans forment une barrière naturelle contre les cyclones, tempêtes et autres catastrophes qui affectent fréquemment le pays.

Supporters from Turkey standing in front of a World Heritage site in Izmir to show their solidarity with the Global Day of Protest. (Photo: 350.org Turkey)

En Turquie, les sympathisants se tiennent devant le site du Patrimoine mondial de l'humanité à Izmir en solidarité avec la Journée mondial de protestation. Photographie : 350.org Turquie

Des manifestations ont eu lieu, entre autres, à Dhaka, La Hague, Londres, Berlin, Paris, Gwangju, Hordaland, Turku, Calcutta, New York et Melbourne en réponse à l'appel lancé en novembre dernier lors d’une marche organisée dans tout le pays en direction de Dhaka et qui avait rassemblé quinze milles participants.

La centrale de Rampal sera située à quatorze kilomètres de la limite des Sundarbans, et à soixante-dix kilomètres de celles du site du patrimoine mondial. Son fonctionnement consommera chaque année 4,75 millions de tonnes de charbon qui libéreront environ 7,9 millions de tonnes de dioxyde de carbone dans l'atmosphère. La centrale utilisera du charbon importé transporté par bateaux sur des voies navigables étroites, ce qui augmentera le risque de déversement de pétrole et de charbon ainsi que la pollution sonore sur la rivière Poshur. Le refroidissement des turbines nécessitera 9 150 mètres cubes d'eau horaires de la rivière et en rejettera 5 150. Les opposants affirment que la pollution perturbera l'équilibre aquatique dont dépend la mangrove.

Malgré l'opposition populaire, une récente recommandation de l'UNESCO d'abandonner ce projet et de construire la centrale ailleurs, et même le désaccord exprimé par des fonctionnaires du gouvernement bangladais, les routes et l’infrastructure commerciale de la centrale de Rampal sont en cours de construction.

Pour sa part, la Première ministre du Bangladesh maintient que le gouvernement n'aurait pas approuvé ce projet si “un quelconque type de dégradation [de l'environnement] était possible”. Par ailleurs, l'un des principaux écologistes du pays, Dr. Ansarul Karim, a argumenté que le développement du port industriel de Mongla, plus près des zones forestières et également connecté à elles par les voies fluviales, présentait un plus grand danger pour les Sundarbans que la centrale.

Izmir, Turkey. (Photo: 350.org Turkey)

Izmir, en Turquie. Photographie : 350.org Turquie

Pendant ce temps, les organisations de la société civile continuent de réclamer au gouvernement bangladais l'annulation du projet et la poursuite du développement de l'énergie solaire, domaine dans lequel le Bangladesh détient déjà une position de premier plan. Le Bangladesh se trouve dans un contexte d'approvisionnement en énergie difficile car seulement 74% de sa population est reliée au réseau national. Pourtant, il détient également le taux de croissance des systèmes solaires domestiques le plus élevé au monde, avec l'installation de soixante mille unités chaque mois.

Une courte vidéo de la manifestation est disponible sur Facebook, et on peut voir dans cette gallerie plus de photographies de la journée mondiale de protestation.