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L'épidémie Ebola : ignorance, paranoïa et mise en quarantaine

jeudi 21 août 2014 à 10:29
Situation à la date du 12 aout 2014. Une situation en évolution permanente

Situation à la date du 12 aout 2014. Une situation en évolution permanente

Depuis la publication du billet de Global Voices présentant la carte des 567 cas d'Ebola en Guinée, au Liberia et au Sierra Leone, l'épidémie a pris une plus grande ampleur dans les trois pays, malgré toutes les mesures prises par les gouvernements des trois pays concernés et des organisations humanitaires internationales.

Le site n3k6.wordpress.com commente les données fournies par l'Organisation mondiale de la santé à la date du 19 aout 2014:

En cinq mois, cette fièvre hémorragique très contagieuse a fait 1. 229 morts (confirmés, suspects ou probables) selon le dernier bilan de l’OMS arrêté au 16 août: 466 au Liberia, 394 en Guinée, 365 en Sierra Leone et quatre au Nigeria.

Entre les 14 et 16 août, selon ce bilan, 113 nouveaux cas et 84 décès ont été enregistrés dans ces pays.

La progression reste donc forte malgré la mobilisation internationale contre cette épidémie sans précédent depuis l’apparition de la maladie en 1976.

Cependant, l’OMS, qui a décrété le 8 août une urgence de santé publique mondiale et recommandé des mesures d’exception dans les pays affectés, a évoqué quelques lueurs d’espoir au Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique, mais aussi en Guinée. 

Le blogueur Boubacar Sanso BARRY présente sur le site GuineeConakry.info l'approche adoptée par chacun des gouvernements des pays concernés pour circonscrire le fléau:

Face à la nouvelle flambée à virus Ebola qui sévit en Afrique de l’ouest, les différents pays adoptent des approches plutôt différentes. Si en Guinée, en dépit des dernières statistiques alarmantes, les autorités demeurent dans la logique de la relativisation de la maladie, par contre au Libéria et en Sierra Léone, l’armée et les forces de sécurité sont littéralement réquisitionnées pour faire face à l’ennemi. Dans le premier cas, on peut parler de sous-évaluation du problème, alors que dans le second, on a tout de même l’impression que les autorités libériennes et léonaises usent d’approches disproportionnées qui, en plus, décuplent la panique générale.

 L'ignorance de la maladie est encore très répandue au sein des populations. Le Centre communautaire pour le développement de l’éducation (CECODE), une ONG locale a effectué un sondage d'opinion dans un quartier de Conakry, en Guinée, pour évaluer les connaissances de la maladie de la part des populations. A la “question 1 : L’épidémie Ebola représente quoi pour vous ?”:

Plus de 72% des personnes interviewées trouvent la maladie « dangereuse, contagieuse, grave et mortelle ». Par contre, pour 24% des enquêtés, l’épidémie Ebola ne représente rien ; et 4% des personnes interviewées restent perplexes.

On relève dans les propos ce qui suit :

  • « L’épidémie Ebola n’existe pas. Je ne crois pas à ce que les gens disent ».
  • « Cette maladie ne représente rien pour moi parce que je ne comprends rien »
  • «  Je ne suis pas sûr de l’existence de la maladie ».
  • « J’ai des inquiétudes d’aller à l’hôpital, j’ai peur »
  • « Cette maladie est créée par les USA, les blancs ».
  • « Je ne comprends rien de cette maladie ».
  • « C’est un châtiment de Dieu ».
  • « L’inquiétude ».
  • « C’est pour protéger les intérêts du gouvernement »
  • « Je vois à la télé des gens masqués soi-disant pour soigner la population ».
  • « Je ne veux pas en parler ».
  • « C’est un grand qui m’a dit que cette maladie ne vient pas de la forêt sinon nous allons tous périr »
  • « Sanction divine ».

Au Liberia, le pays le plus sévèrement touché, le 17 aout, un groupe  d'hommes armés de couteaux et de gourdins qui criaient ‘”il n'y a pas d'Ebola” dans le pays ont attaqué un centre d'isolement, installé dans un lycée de West Point, une banlieue de Monrovia obligeant les maladies à prendre la fuite. Ce n'est que le 20 aout que 17 de ces fuyards ont été retrouvés et transférés au Centre de traitement de l'Ebola nouvellement établi à l'hôpital John F. Kennedy de la capitale. 

Au niveau international, les citoyens de ces pays font l'objet d'une quarantaine de plus en plus stricte avec la fermeture des frontières, la suspension des vols de la plupart des compagnies aériennes qui les desservaient, le rapatriement des membres des familles du personnel diplomatique dans ces pays, l'annulation de conférences internationales, la délocalisation d'évènements sportifs, etc. 

"Nous nous excusons, mais à cause du virus Ebola, nous n'acceptons pas d'africains ces jours-ci."poster affiché à lentrée de JR Pub à Séoul - Source: Harriet sur Facebook avec permission

“Nous nous excusons, mais à cause du virus Ebola, nous n'acceptons pas d'africains ces jours-ci.”poster affiché à lentrée de JR Pub à Séoul – Source: Harriet sur Facebook avec permission

Pourtant, selon un billet publié sur resistanceauthentique.wordpress.com qui reflète l'opinion de nombreux spécialistes:

Il faut un contact direct avec un liquide biologique comme le sang, les selles, les vomissures. Il n’y a aucune transmission par voie aérienne C’est-à-dire que, lorsqu’une personne parle ou tousse, elle ne répand pas le virus Ebola dans l’air ambiant.

Loin de la région infectée, la peur pousse à des initiatives qui cachent mal d'autres motivations. En Corée du sud, par exemple, un pub a affiché l'avis lisible sur cette photo reprise de twitter et publiée sur mediaequalizer.com. Environ 800 commentaires de lecteurs réagi montrant à quel point de nombreux coréens ont une vision très négative des africains. 

Cependant, un lecteur Raptor, intervenant sur instinct-de-survie.forum relevait, non sans quelque raison, le 6 aout:

L'éternel exemple que je sors à chaque fois: La grippe saisonnière fait entre 1500 et 2000 morts annuellement sur notre territoire. Loin de moi l'idée de vouloir tout comparer, mais je tente de relativiser tout ça. Dans la même veine, lors du séisme en Haïti nous avons pu constater des résurgences de peste, choléra, tuberculose… Pour autant, les conséquences à l'international n'ont pas été très visibles… Suspect Avec près de 700 morts, nous sommes encore loin des références en la matière qui ont pu nous toucher par le passé (peste noire, grippe espagnole notamment).

Tenant compte de ça, quand je vois des occurrences comme “totalement hors de contrôle”, “épidémie sans précédent” dans les articles, je me demande si les médias n'auraient pas tendance à faire du journalisme à sensations plutôt que de la vraie info. Certains flux migratoires ramènent régulièrement des trucs qu'on ne trouvait plus sous nos latitudes, pour autant nous n'enregistrons pas de crises sanitaires.

La fermeture des frontières ou simplement l'introduction de formalités d'entrée plus sévères de la part des pays voisins pose de sérieux problèmes économiques surtout pour les échanges trans-frontaliers. Le site actu224.com, publie les propos d'un syndicaliste des chauffeurs routiers à la frontière guinéo-malienne:

Beaucoup de Maliennes ont aujourd’hui abandonné l’axe Bamako -Conakry à cause des méfiances et des incertitudes autour de cette maladie. Voyez-vous, la gare est remplie de véhicules vides. Les rares qui arrivent à quitter de la journée ont tout le mal à faire le plein de clients …

Malheureusement, avec la pandémie d’Ébola, les Maliens sont de plus en plus réticents à aller à l’intérieur de la Guinée, mais les populations guinéennes continuent de fréquenter les foires hebdomadaires maliennes.

Tandis que la solidarité internationale fait affluer vers les pays concernés des aides de toute sorte, notamment matériel médical, argent, vaccins non encore commercialisés, les leaders religieux organisent des prières pour sensibiliser les opinions publiques pour une meilleure perception du travail des agents de santé.
 Le prédicateur et millionnaire nigérian très controversé, TB Joshua, prétend quant à lui qu'une eau bénite de son invention pourrait guérir les malades atteints du virus Ebola. Il a envoyé donc 4 000 bouteilles de son eau pour aider la Sierra Leone, par son jet privé.

Philippines : Huit mois après le typhon Haiyan, toujours la même dévastation

mercredi 20 août 2014 à 22:49

Ce billet fait partie des informations régulièrement données sur des initiatives conduites par des membres de notre communauté. Hope Hervilla parle ici les circonstances qui ont conduit au lancement d'une formation pour des journalistes citoyens à Estancia, aux Philippines.

We are losing hope waiting for the fulfillment of the government’s promises for our livelihood and repair of our damaged houses. Almost all of us are already heavily indebted. We are homeless, jobless, and hungry. We can’t return to our community because have been evicted by the government from our own residential places due to its ‘No Dwell Zone policy'.

Dionesia – Typhoon Haiyan Survivor

Nous perdons tout espoir de voir se réaliser les promesses du gouvernement en ce qui concerne notre subsistance et la réparation des dégâts de nos maisons. Nous sommes presque tous lourdement endettés. Nous n'avons ni maison, ni travail, et nous sommes affamés. Un retour dans notre communauté est impossible car le gouvernement nous a chassés de nos logements, invoquant la règle de « zone non habitable ». 

Dionesia – Rescapée du typhon Haiyan

Haiyan : le plus redoutable typhon de notre époque

Huit mois après le passage du puissant typhon sur les Philippines, les rescapés d’Haiyan (Yolanda de son nom local) sur l'île de Panay luttent toujours pour se remettre des ravages de ce typhon meurtrier. Le 8 novembre 2013, Haiyan a frappé les Philippines centrales, faisant plus de 10 000 victimes, touchant 16,1 millions de personnes sur neuf régions et déplaçant environ 4,1 millions d'habitants.

Selon le rapport de la Banque Mondiale, les estimations initiales du gouvernement pour le total des débats aux biens matériels publics et privés étaient de 424 milliards de pesos philippins (environ 9,7 milliards de dollars américains). Ce total équivaut à 3,7% du PIB. Les réparations et reconstructions vont coûter 361 milliards de pesos philippins, soit 3,1% du PIB. Le gouvernement prendra ou en a pris à sa charge 125 milliards (1,1% du PIB) en 2013 et 2014.

Le 8 juillet, 8 mois jour pour jour après la catastrophe, 100 rescapés de l'île de Panay aux Philippines centrales se sont réunis dans la ville d'Iloilo pour discuter de leur situation et partager leur souffrance.  Le groupe s'appelle « Kusog sang Pumuluyo » ou La Force du Peuple. Il est maintenant  constitué en association de rescapés du typhon Haiyan, qui revendique des services sociaux de base et réclame le soutien du gouvernement pour une amélioration immédiate de leur situation.

Au cours des discussions, chacun a partagé son expérience et son sentiment face à la négligence du gouvernement. La subsistance et le logement sont les principales préoccupations. Des inquiétudes pour  l'éducation ont également été exprimées. Les bâtiments scolaires restent à réparer. Les enfants sont victimes des conditions d'apprentissage difficiles sous des tentes fournies par des donateurs étrangers.

Tent school. Photo by Hope Hervilla

Ecole sous une tente. Photo de Hope Hervilla

Les parents craignent que leurs enfants tombent malades à cause de la surpopulation sous les tentes. Au début de la saison des pluies, les enfants sont sensibles aux maladies des voies respiratoires supérieures. Les vents violents peuvent emporter les tentes laissant les enfants sans protection, ou si peu, contre les fortes pluies. Les tempêtes frappent les unes après les autres.

Au terme de 8 longs mois de  beaucoup de gens pensent que le gouvernement ne leur a pas donné les moyens nécessaires pour un rétablissement immédiat.

Estancia : un petit paradis défiguré

Estancia, avec ses riches zones de pêche, est considérée comme « l'Alaska des Philippines ». Le paysage y est radieux avec de charmantes petites îles et les eaux préservées et enchanteresses de la Mer de Visayan.  Poissons grillés, fruits de mer et crevettes mettent l'eau à la bouche et sont des mets délicieux que personne ne peut refuser.

Estancia est une communauté de pêcheurs. Elle compte plus de 25000 résidents qui se consacrent essentiellement à la pêche. Le port de pêche est un endroit qui ne dort jamais. Il permet de se reposer des longues nuits de pêche. Il abrite aussi, durant les typhons, les pêcheurs et les bateaux au mouillage venant des îles voisines.

Ce petit paradis insulaire a été la commune la plus touchée dans la partie nord d'Iloilo. Elle a été saccagée et défigurée. Quand le typhon Haiyan a frappé l'île, personne n'a imaginé pouvoir survivre. Le récit des rescapés vous glace le sang, comme l'évocation de ce qu'ils ont enduré au cours de la tempête la plus meurtrière qu'ils aient jamais connue. Selon le système global d'alerte et de coordination face aux catastrophes naturelles, l'onde de tempête qui a touchée Estancia était de 2,1m, la plus forte en comparaison des autres zones du pays touchées.

Le calvaire des rescapés

Voici le témoignage de Mary Ann, rescapée et mère de quatre enfants. 

My two year-old daughter was sick and had just gone for a medical check-up when Typhoon Haiyan hit us. In the morning of November 8, I told my eldest daughter to cook some food in preparation for the typhoon. The wind began to blow hardly starting 8:30 in the morning and by 11 o’ clock, our plates from the kitchen were blown and our house received the strong winds. I was afraid and crying holding my 2 year old baby. My husband told me to transfer to another house for safety. Braving the storm, I wrapped my daughter with blankets going out with my husband and other children.

Sadly, the house we went to collapsed, as did the next house. My daughter was shivering, so we looked for a tarp to cover her. My husband was hit by a hard wood injuring his head. By 3 o’clock in the afternoon, our kids were crying because they were hungry and cold. We had no food left for the rest of the day and upcoming night. The next day, we took some fresh coconuts for breakfast.

Until now, our house is not done, we got some sheets for roofing, but we don’t have other materials for the house, the whole house needs to be rebuilt. We had a boat, but it’s missing. My husband was a fisherman, but now we have no income. We used the trees that fell to make charcoal, and sold it to buy food.

Ma fille de deux ans était malade. Nous revenions d'une visite chez le médecin quand le typhon Haiyan s'est abattu. Le 8 novembre au matin, j'ai demandé à ma fille aînée de préparer de la nourriture en prévision de l'arrivée du typhon. Vers 8h30, des vents violents ont commencé à souffler. A 11h, les assiettes de la cuisine s'étaient envolées et notre maison était balayée par de forts vents. J'avais peur et je pleurais en serrant mon bébé de 2 ans dans mes bras. Mon mari a dit d'aller se réfugier dans une autre maison. J'ai enveloppé ma fille dans des couvertures et bravant la tempête, mon mari, mes enfants et moi sommes sortis.

Malheureusement, la maison que nous avons gagnée s'est effondrée, tout comme la maison voisine. Ma fille grelottait alors nous avons cherché une toile pour la couvrir. Mon mari a été blessé à la tête par un morceau de bois dur. A 15h, nos enfants pleuraient de faim et de froid. Nous n'avions plus de nourriture pour le reste de la journée ni la nuit à venir. Le lendemain, nous avons mangé des noix de coco fraîches au petit déjeuner.

A l'heure actuelle, notre maison n'est toujours pas terminée. Nous avons des tôles pour la toiture mais nous n'avons pas d'autres matériaux alors que la maison entière reste à reconstruire. Nous avions un bateau. Il a disparu. Mon mari était pêcheur. Maintenant, nous n'avons plus de revenus. Nous avons utilisé les arbres mis à terre par le typhon pour produire du charbon que nous avons ensuite vendu pour acheter de la nourriture.

Les Voix de l'Espoir : de victimes à activistes

Mary Ann est l'une des 25000 victimes du typhon Haiyan, une rescapée d'Estancia dont la voix n'a pas été entendue. Beaucoup pensent que le gouvernement est resté insensible à leur malheur et n'a pas écouté leurs voix faibles.

Les Voix de l'espoir : De victimes à activistes est un projet engagé, destiné à soutenir les communautés affectées par le typhon Haiyan en leur redonnant une voix qui leur permette de rappeler les négligences et l'insensibilité du gouvernement. Résister à la victimisation est une forme d'activisme en faveur des droits de l'homme. Le monde doit entendre le témoignage des rescapés et contraindre le gouvernement philippin à écouter et à agir pour répondre aux besoins du peuple. Nous devons semer les graines du journalisme citoyen en diffusant nos témoignages collectifs. Nous devons élaborer des solutions et nous faire entendre. 

 Les Voix de l'Espoir veulent mobiliser et former les résidents locaux au journalisme citoyen.  Quinze personnes vont être formées au journalisme citoyen en faisant connaître les témoignages de courage et d'espoir après la dévastation du typhon Haiyan, en parlant de la marée noire. Les émissions de radio vont ainsi pouvoir redonner du courage aux victimes à Estancia, Iloilo, et leur permettre de se relever et de clamer haut et fort leur revendication d'une justice environnementale, économique et politique. Les témoignages seront publiés sur Facebook, YouTube et le blog du groupe. Nous pensons que ce projet, en faisant entendre une multitude de voix, va faciliter la prise en compte des besoins urgents des communautés rescapées à Estancia, Iloilo.

Nous étions enthousiasmés par les ateliers prévus et le programme dans son ensemble. Les 15 stagiaires attendaient eux aussi avec impatience le 18 juillet, date des ateliers. Nous avions préparé les locaux et invité des personnes-ressources pour nous aider à animer les ateliers. Malheureusement, le typhon Glenda (Rammasun) a frappé le pays le 17 juillet nous obligeant à repousser la date des ateliers. Selon Chito Chavez, correspondant du Manila Bulletin, le bilan du typhon Glenda au 19 juillet était d'au moins 64 victimes à Luzon et Metro Manila. Quarante-huit après le passage du typhon Glenda, le typhon Henry (Matmo) a frappé le pays alors que les victimes étaient encore ébranlées par les ravages du typhon Glenda.

Cela brise le coeur de voir des gens frappés en série par des typhons. L'équipe des Voix de l'Espoir est donc convaincue que le projet doit survivre envers et contre tout afin de permettre de demander collectivement justice et de réclamer des services sociaux de base en prévision ou à la suite d'une catastrophe. Les ateliers sont repoussés à une date ultérieure. A l'heure actuelle, nous travaillons à la préparation et à la programmation de ceux-ci. Nous avons déjà des relais médiatiques. Parmi eux, figure le directeur de l'information d'un programme de télévision matinal prêt à nous assister au cours des ateliers. Nous avons déjà organisé la séance d'orientation des 15 stagiaires grâce au soutien de la communauté entière. 

Voices of Hope volunteers. Photo by Hope Hervilla

Bénévoles des Voix de l'Espoir. Photo de Hope Hervilla

Nous sommes impatients de voir émerger de jeunes journalistes citoyens qui vont pouvoir relayer les voix des moins privilégiés de notre société, comme celles d'Estancia. Nous remercions Rising Voices pour son soutien, qui nous ouvre la voie et nous permet de faire connaître au monde entier notre besoin d'être entendus, afin que nos problèmes soient réglés en temps voulu. Nous espérons aussi l'appui de la communauté internationale dans notre appel pour la justice et la survie.

En Egypte, les “Brigades armées Helwan” dynamitent dans une vidéo la violence d'Etat et le “pacifisme” des Frères musulmans

mercredi 20 août 2014 à 19:39
Screenshot of the “The Hilwan Brigades” video.

Capture d'écran de la vidéo des “Brigades Helwan”.

Un an après la sanglante répression contre les manifestants opposés au renversement du premier président égyptien démocratiquement élu Mohamed Morsi, au prix de centaines de morts, un détachement du nom de Brigades Helwan a annoncé dans une vidéo sur Tube prendre les armes pour riposter à la violence.

Sur la vidéo, une douzaine d'hommes cagoulés brandissant des mitraillettes disent renoncer à ce qu'ils appellent le “pacifisme de la Confrérie [des Frères musulmans].” M. Morsi, un cadre dirigeant des Frères musulmans, a été déposé le 3 juillet 2013 par un coup d'Etat militaire mené par le chef des forces armées égyptiennes, Abdel Fattah El Sissi, devenu par la suite lui-même président. 

Ce renvoi a été accueilli par des manifestations des membres et partisans des Frères musulmans. Le régime actuel a qualifié la Confrérie d'organisation terroriste et l'accuse d'attentats contre la police et les gens ordinaires. La confrérie ainsi que l'Alliance nationale pour le soutien à la légitimité — le mouvement politique qui appelle au retour de M. Morsi — ont nié les accusations et assurent ne défendre que les actions pacifiques de protestation. 

Le 14 août 2013, les forces de sécurité égyptienne ont ouvert le feu sur les protestataires qui occupaient la place Rabaa Al Adawiya au Caire pour protester contre le coup d'Etat, et tué plus de 800 personnes. D'autres rassemblements ont été matés dans le sang sur les places Nahda et Ramsis, devant le Club de la Garde Républicaine et à divers autres endroits du pays.

La ville de Helwan au sud du Caire a connu des affrontements entre pro-Morsi et forces de sécurité devant un commissariat de police local juste après le massacre de Rabaa. Le quartier a aussi vu des affrontements lors du premier anniversaire du massacre. Au moins 10 manifestants ont été tués dans les heurts qui ont éclaté à travers le pays lors des anniversaires des massacres des places Rabaa et Ramsis.  

Un des hommes masqués de la vidéo évoque les tueries :

“Il y a eu des massacres à Rabaa et Nahda, au [club] de la Garde Républicaine, et au Mémorial [de l'ancien Président Anouar El Sadate], et nous avons été pacifiques avec le [Ministère] de l'Intérieur et l'armée, et avons dit que ce serait pacifique. Et nous avons payé de notre sang ce que nous avons payé [. . .] jusqu'à ce que nous soyons gavés du pacifisme de la Confrérie. Nous ne sommes pas la Cofrérie et nous avons été gavés par leur pacifisme dans les manifestations et tout ça [. . .] Alors ceci est un avertissement au [Ministère] de l'Intérieur dans la partie sud du Caire. Le Caire Sud, c'est sous notre contrôle. A tous ses arrondissements et commissariats de police : Vous êtes visés pour tout ce que vous nous avez fait.”

La première riposte officielle à la vidéo est venue du Ministère de l'Intérieur, d'après le quotidien étatique Al-Ahram. Le ministère a formé un groupe de travail pour déterminer la localisation du groupe.

La vidéo et le moment choisi, coïncidant avec l'anniversaire des répressions, ont suscité le doute parmi les révolutionnaires et les utilisateurs de réseaux égyptiens. Beaucoup ont conclu que le groupe n'existait pas et que c'est le ministère de l'Intérieur qui a enregistré la vidéo pour en faire un prétexte à de nouvelles répressions violentes contre les opposants et militants anti-gouvernement.

Dans un billet sur Facebook, le militant politique et ex-député Mostafa Alnagar a qualifié la vidéo de “risible” et décrit les termes utilisés comme “n'appartenant ni à des extrémistes, ni à des terroristes, ni même à des pacifistes qui se seraient tournés vers l'action armée.” Il poursuit :

عموما الفترة المقبلة ستكشف لنا حقائق الأمور إذا فكرنا بالمنطق والموضوعية والبحث عن المستفيد !

Les prochains jours révèleront la vérité de cette affaire si nous raisonnons de façon logique et objective et recherchons à qui cela profite !

Son scepticisme à propos de cette vidéo, le blogueur militant Ibrahim Elgarhi, suivi par plus de 290.000 abonnés sur Twitter, l'exprime de façon sarcastique dans un billet de son blog. Il écrit :

متفائل بالتجربة الجديدة بتاعة كتائب حلوان المسلحة اللي اعلنت بيانها الأول على يوتيوب امبارح .. واذا كان ليا تعليق عليها فهو بس يعني لو يسمحولي ان الاسم مش حلو اوي.. يعني انا حسيت انه اسم جزئي كدة ومش شامل لعموم مصر ولا لعموم الأمة الإسلامية.. بس انا متفهم انها مجرد بداية وان شاء الله هتوسع وتكبر بس كنت افضل ان البداية تبقى تحت اسم “داحب” اللي هي الدولة الإسلامية بحلوان وبس

Je suis optimiste sur la nouvelle expérience des Brigades armées de Helwan annoncées dans leur première déclaration sur YouTube hier. Une seule remarque cependant s'ils me permettent. Le nom n'est pas très heureux. C'est-à-dire, j'ai trouvé que le nom est sectoriel et pas représentatif de l'ensemble de I'Egypte ou du monde musulman. J'ai bien saisi que ce n'est qu'un début, et si Dieu le veut, [le groupe] s'étendra et grandira, mais j'aurais souhaité que pour commencer il prenne le nom d'EIHS, ou Etat Islamique de Helwan Seulement.

D'autres ont supposé qu'il s'agissait seulement d'une création du Ministère de l'Intérieur pour disposer d'un bouc émissaire. L'essayiste Wael Kandil, qui a plus de 400.000 abonnés sur Twitter, a écrit :

Celui qui a fait le Black Bloc fait les Brigades Helwan ; le scénariste failli.

Le Black Bloc a été un groupe actif pendant la présidence Morsi. Son activité consistait à interrompre la circulation et les transports publics et attaquer le siège des Frères musulmans et des bâtiments administratifs. Il se tient tranquille depuis la chute de Morsi l'année dernière. Certains en ont déduit qu'ils étaient un instrument du Ministère de l'Intérieur pour perturber le mandat de M. Morsi.

L'Alliance nationale pour le soutien de la légitimité et le rejet du coup d'Etat a publié sur sa page Facebook une déclaration réitérant “son ferme refus de tous appels ou affichages en vue d'armer la révolution, de même que de toutes justifications pour de tels appels ou affichages.” Elle tient les dirigeants actuels “dont les tirs traitreusement indiscriminés ont atteint des gens dans leurs domiciles et magasins, allumant la colère dans un peuple libre”, responsables de “tout dévoiement des principes du mouvement.”

Plus d'un an après le massacre de Rabaa la contestation se poursuit, malgré la dispersion violente et les arrestations massives des opposants. Certains croient qu'une vengeance violente contre le système est inéluctable. Comme l'a tweeté récemment le correspondant du Guardian en Egypte Patrick Kingsley, “la violence engendre la violence.”

4 infographies sur l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'ouest

mercredi 20 août 2014 à 18:38

La plus meurtrière épidémie d'Ebola, avec 700 décès recensés depuis le mois de mars dernier, a frappé durement l'Afrique de l'ouest. Les pays affectés par cette épidémie à l'heure actuelle sont le Liberia, la Sierra Leone, la Guinée et le Nigeria.  

Le premier cas a été détecté le 9 février dans la forêt, en Guinée. Le virus a rapidement atteint la capitale, Conakry, puis les pays voisins, le Liberia et la Sierra Leone. Au total, 59 décès dus à Ebola étaient recensés en mars en Guinée. L'avancée de l'épidémie frappe maintenant Lagos, capitale du Nigeria, l'une des villes les plus peuplées d'Afrique de l'ouest. Le médecin humanitaire américain Kent Brantly, et sa collègue Nancy Writebol, ont été infectés par le virus alors qu'ils travaillaient à Monrovia dans un centre de traitement ; ils ont été évacués à l'université de Emory, à proximité du siège du Centre américain de surveillance des épidémies, le Center for Disease Control, pour y être soignés. Le fait que les traitements disponibles aux Etats-Unis n'aient pas été rendus également et immédiatement disponibles en Afrique de l'ouest est maintenant devenu un sujet de controverse.

Voici quatre infographies pour récapituler la situation actuelle sur le terrain. 

1. Vue d'ensemble de l'épidémie d'Ebola (via @thedailymonitor au 01/08/2014) 

INFOGRAPHIE : L'épidémie d'Ebola en Afrique de l'ouest a maintenant fait plus de 700 morts

2. Centres de traitement disponibles dans la région concernée et nombre de cas signalés (via @aiddata, 01/07/2014)

Compte-rendu de midi ARC : L'épidémie d'Ebola souligne les limites de la prise en charge locale et internationale

3. Comment identifier les symptômes du virus Ebola et que faire (via @4eyedmonk au Nigeria et @katiejames)

Un décès officiellement imputé à Ebola a été signalé à Lagos. Voici ce que vous devez savoir sur le virus…

Les symptômes d'Ebola, retweetons tous : pic.twitter.com/cmr4SdHIOh

4. Comprendre l'ecologie d'Ebola (via le Center for Diseases Control)

The ecology of Ebola by the CDC - Public Domain

L'écologie d'Ebola, illustration du Center for disease control, domaine public 

Un entrepreneur récompensé pour son activité innovatrice en santé au Cameroun

mercredi 20 août 2014 à 15:05
Mr. Petsoko et son prix - avec sa permission

M. Petsoko lors de la remise de son prix – avec sa permission

 Les rideaux marquant la dixième édition des « Oscars De L'Afrique Positive et Gagnante » viennent de se refermer  au Hilton Hôtel de Yaoundé dans la capitale politique camerounaise. Cette année, l’évènement organisé par l’ONG  « Afrique Positive et Gagnante » a récompensé le Camerounais Clément  Petsoko pour ses projets innovateurs en santé.  Depuis  une dizaine d’années , le promoteur Hervé Mba s’entoure d’un jury composé d’une dizaine de personnalités afin de  remettre des distinctions à des personnalités africains et leurs projets innovants susceptibles de mettre en avant le continent africain.

L’Oscar d’Or de l’homme de la décennie a donc été décerné à Clément Petsoko, président directeur général des laboratoires Morgan and Wilfried. Le jury a récompensé Petsoko pour “sa capacité à se sortir de nombreuses  difficultés auxquelles il a été confronté durant ces dernières années.”  Lors de la remise du prix, l’heureux élu a déclaré  :

 Je voudrais que mon prix serve d’enseignement à la jeunesse du monde qui doit  intégrer dans son vécu quotidien  le dicton qui selon lequel : « le pont qui mène au succès est fragile » et qu’il faille allier courage, abnégation et détermination dans l’atteinte de ses objectifs.

Le Dr Clément Nossupuwo  Petsoko est homéopathe de formation . Déjà récipient du prix de homme de l’année 2013 au Cameroun décerné par Mosaïques International, Petsoko est aussi actif dans la communauté au travers son hebdomadaire de promotion des communautés étrangères, des collectivités décentralisées, du tourisme et d’informations générales.
Dans son discours de remerciement, Petsoko fait allusion à la fragilité du succès . En effet, son parcours a été semé de divers embûches et controverses.Plutôt dans sa carrière, Petsoko avait été accusé par les autorités sanitaires camerounaises « de mener  une vaste campagne de publicité sur les chaines locales de télévision, en violation des dispositions légales relatives à la publicité sur les médicaments ». Suite à ces accusations, la distribution de son programme phare d'amincissement  s’est vu interdit sur le territoire camerounais. Le 14 novembre 2013, le gouvernement camerounais lève l’interdiction sur la commercialisation de ce programme. 
Petsoko a aussi connu des déboires dans sa vie privée. Divorcé de son épouse Christelle Yameni depuis plusieurs années, celle-ci a traîné Petsoko en justice en 2008 pour d’outrage à la pudeur sur mineurs de moins de 16 ans.  Le couple était marié depuis le 18 décembre 1998. Le 24 mars 2010, le tribunal de Grande Instance du Mfoundi à Yaoundé décide de prononcer un non lieu sur cette affaire.