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Le web caucasien : le russe, langue commune sur les blogs

samedi 21 décembre 2013 à 15:16
9 June 2013, photo by Sergey Ponomarev.

9 juin 2013, photo de Sergey Ponomarev.

Cet article fait partie d'une enquête de RuNet Echo sur la blogosphère du nord caucasien. Consultez les analyses et les récits personnels sur la page The Caucasus Network.

Le russe est la langue véhiculaire qui rapproche les Républiques du Caucase du nord. Aucune des nombreuses langues autochtones non russes n'est prédominante parmi les plateformes de blogs dans le Caucase du nord, même les forums traitant exclusivement de problématiques nationales s'expriment en russe.

A en juger par les médias qu'ils partagent sur les réseaux sociaux, les internautes du Nord-Caucase ont tendance à lire des informations en ligne en russe —en effet, c'est la langue utilisée par la plupart des sources d'information dans la région. Il n'y a qu'au Daghestan qu'un effort a été consenti pour diffuser des informations non basées sur le russe. Deux des principaux médias sont la radio locale Radio Liberty branch et Ria-News division, travaillant toutes deux en langue avar. De plus, un nouveau portail vidéo en ligne, AVAR TV, lancé récemment, offre aux internautes des chaînes de libre expression afin de produire du contenu original en avar.

Lorsque j'ai interrogé de manière informelle plusieurs blogueurs actifs du Caucase du nord, beaucoup expliquaient leur choix de bloguer en russe comme étant le moyen le plus efficace d'atteindre un public plus large —en particulier comme un moyen de parler à d'autres blogueurs dans les Républiques avoisinnantes.

Timur Agirov, connu sur LiveJournal sous le pseudo Timag82, a réalisé un travail impressionnant pour quantifier la présence de blogs d'expression non russe dans le nord caucasien, constituant une archive personnelle de statistiques pour cartographier les diverses enclaves linguistiques. Les cent premiers blogueurs de la liste d'Agirov écrivent tous en russe.

Les barrières de la langue, qui nécessitent l'usage du russe comme langue véhiculaire à travers le Nord-Caucase, sont aussi présentes au sein de chaque République. Au Daghestan, par exemple, il y a plus de trente langues spécifiques parlées par différents groupes de la population.

La blogosphère en Tchétchénie est similaire à celle du Daghestan, bien qu'il y ait quelques exceptions qui fondent la non-écriture en russe, comme le travail bilingue de Gilani Lamaro, l'utilisateur de LiveJournal sous pseudo svd-1986, et Mukhammed Yusupov.

En Ingouchie, les blogueurs emploient la langue autochtone encore moins couramment. Un rare exemple de langue mixte de blog avec le compte LiveJournal d'Abu-Umar Sakhabi. Les blogueurs en Adyguée privilégient aussi le russe, bien que l'on trouve des exceptions, là encore, comme le blog en adyguéen de Astemir Shibzukho et Avraham Shmulevich.

La popularité du russe doit beaucoup à la place dédiée au Caucase du nord dans la Fédération russe (et son histoire la plus longue dans l'Union soviétique et l'Empire tsariste). Curieusement, cependant, les blogueurs du Caucase du nord ont tendance à défendre leur emploi du russe comme un moyen de se rapprocher les uns les autres au sein du Caucase, plutôt qu'une façon de s'assujettir à l'Internet russe plus largement.

C'est aussi dû au fait que le russe, en tant que langue d'une société plus vaste, plus développée, apporte certains avantages dans divers domaines scientifiques et techniques. Shmulevich, par exemple, critiquait le fait que les langues locales faisaient face à une bataille ardue :

[...] лексика на некоторые специальные темы на местных языках мало разработана. Писать по вопросам экономики или теории искусств или квантовой физики на табасаранском или даже аварском все же трудно.

[...] le vocabulaire et la terminologie de certaines spécialités est pauvrement développée dans les langues locales. Ecrire sur des sujets concernant l'économie ou la théorie de l'art, ou la physique quantique, est très difficile en tabassaran ou même en avar.

Le blogueur Ramazan Radzhabov n'est pas d'accord, suggérant que les explications se trouvent ailleurs. Il avance que les langues peuvent développer de nouveaux vocabulaires pour communiquer sur des sujets complexes. Un autre blogueur, Mukhamed Avarski, ajoute :

Популяризация и продвижение родных языков очень не модная тема. Ресурсы по этой теме так же трудно продвигать в сети, за отсутствием посетителей большинство из них быстро затухают. Всевозможные форумы и годеканы начинали свою деятельность по данной тематике но быстренько превращались в обычные флудодромы. Ни кому не интересно напрягать извилины и думать о том что станет с народами потерявшими свой язык. А общекавказских ресурсов занимающихся данной проблематикой я вообще не встречал в сети. 

La vulgarisation et la promotion des langues autochtones est un sujet démodé [dans le Caucase du nord]. Il est si difficile de fournir les ressources [nécessaires] en ligne sur ce sujet que la plupart [des sites] disparaissent rapidement faute de visiteurs. Toutes sortes de forums et godekans [places publiques au Caucase] [en ligne] ont commencé leurs activités sur ce sujet mais se sont rapidement tournés vers les fludodroms [un mot-valise composé du mot anglais “flood” (inondation) et le mot russe “aerodrom” pour “aérodrome,” employé pour décrire un site web inondé de spam] conventionnels. Personne ne s'intéresse à exercer son esprit et de penser à ce qu'il adviendra des gens qui ont perdu leur langue [d'origine], et je n'ai jusqu'à présent jamais vu de ressources pan-caucasiennes consacrées à ce problème.

Il est difficile d'expliquer pourquoi les langues autochtones nord caucasiennes n'ont pas réussi à prendre pied en ligne. En fait, d'après la base de données d'Agirov, il semble que les blogueurs de la région se tournent sans cesse vers l'anglais comme nouvelle langue véhiculaire, éloignant le russe et créant de nouveaux obstacles à l'expansion de blogs en langue locale.

La cartographie des “biens urbains” à Rio de Janeiro, Istanbul et Athènes

samedi 21 décembre 2013 à 15:01
Street protest of teachers in Rio de Janeiro (Oct 7, 2013). Photo shared on the Facebook page Mapeando o bem comum do Rio de Janeiro

Manifestation de professeurs à Rio de Janeiro (Oct 7, 2013). Photo partagée sur le page Facebook Mapeando o bem comum do Rio de Janeiro (Mapping the commons à Rio de Janeiro, en portugais)

[Liens en portugais sauf indication contraire] Un groupe d'activistes, artistes, sociologues et étudiants d'horizons divers travaillent actuellement à cartographier les biens urbains [anglais] d'Athènes, d'Istanbul et de Rio de Janeiro. Les biens urbains sont des ressources institutionnelles ou publiques partagées par tous, générant une participation collective. Les “biens” comprennent des ressources naturelles, des espaces publics urbains, les travaux créatifs et même les cultures traditionnelles et connaissances exclues des droits d'auteurs.

Le projet Mapping the Commons [anglais] est issu d'une enquête menée par Pablo de Soto (@pablodesoto), un doctorant en communication de l'Université Fédérale de Rio de Janeiro. Selon de Soto [anglais], il serait possible de cartographier les biens à travers la création collective afin de provoquer une forme de débat sur le contrôle gouvernemental des biens de la société :

Quelle communauté forme la métropole contemporaine et comment peut-elle être localisée ? Comment les biens sont-ils protégés de l'emprise du néolibéralisme totalitaire des entreprises publiques et privées ? Quelles sont les nouvelles pratiques communautaires qui ont émergé durant le cycle de luttes, débuté en 2010-2011 ? Quels sont les avantages et les inconvénients d'une telle cartographie, en ces temps de crise et de rébellions ? 

Cette méthode de recherche, proposée par le projet, est basée sur des ateliers de travail nomades et temporaires, où les biens urbains sont examinés, paramétrés, cartographiés et représentés dans de courtes vidéos.

Cartographier les biens de Rio

En octobre dernier, le chercheur a importé [espagnol] son projet à Rio de Janeiro, puis a commencé à cartographier les “utilisations faites des biens communs” au Brésil, comme il l'explique sur la page portugaise du projet de Rio :

O Brasil, como América Latina toda, é um país especial nas práticas dos commons. O comum bebe de tradições ibéricas (faixanais, rossios, propriedades comunais), da cultura afro (quilombos, criação cultural coletiva, propriedades conjuntas) e indígenas (propriedade coletiva, malokas). Do mutirão ao conceito de ‘comunidade’ que substitui a palavra ‘favela’, o Brasil é uma celeiro de práticas do comum. Porém, o mercado e o capitalismo estão castigando o comum sem piedade.

Le Brésil, comme le reste de l'Amérique Latine, est un pays particulier au regard des utilisations des biens communs. Le “bien” dérive des traditions ibériques (faixanais, rossios, propriétés communautaires), de la culture africaine (quilombos, la création culturelle collective, les biens communs) et des cultures indigènes (la propriété collective, malokas). Du mutirão (crowdsourcing) au concept de “communauté” qui remplace le mot “favela” (bidonville), le Brésil est une mine de pratiques communautaires. Cependant, le marché et le capitalisme condamnent sans pitié les biens communs.

Se basant sur le concept des “villes rebelles”, inventé par le théoricien social David Harvey, de Soto ajoute que les récentes manifestations à Rio de Janeiro – “les marches, les assemblées populaires, les interventions urbaines” – sont une nouvelle demande pour le droit à la ville, “un nouvel espace commun et participatif de coexistence”. Il explique également, sur la version anglophone du site : 

Rio de Janeiro, une ville présentée comme “la cité merveilleuse” est probablement l'un des sites les plus luxuriants pour les biens culturels et naturels dans le monde. Ces biens sont réclamés dans une métropole aux inégalités criantes et historiquement en état d'exception.

A l'heure où la ville s'apprête à accueillir des méga-événements comme la Coupe du Monde de football et les Jeux Olympiques, les conflits concernant les expropriations – qui fleurissent un peu partout -, les manifestations, qui ont débuté en juin et désignent la mobilité comme un bien commun et le droit à la ville, ouvrent la brèche vers une discussion politique sur les biens urbains.

Between 21 and 23 November 2013, there took place the mapping out workshops

#MapeandoOComum (#MappingTheCommons). Un atelier de cartographie sur “La lutte pour le partage des biens communs” a eu lieu à Rio de Janeiro, du 21 au 23 novembre.

Les activités [anglais] de Mapping the Commons, qui se sont déroulées à Rio en octobre dernier, incluent les séminaires Metrópoles globais e Cidadania Insurgente (Métropole mondiale et Citoyenneté émergente) et O que pode a cidade? (Que peut faire la ville ?). Les groupes de travail ont été créés afin de prendre en charge la paramétrisation et la cartographie des biens à Rio. Le processus a été disséminé via Facebook sur la page Mapeando o bem comum do Rio de Janeiro (Cartographier les biens communs à Rio de Janeiro). La présentation finale des résultats du projet a eu lieu le 14 décembre.

Athènes, Istanbul et les biens communs

Avant d'être implanté au Brésil, le projet de recherche Mapping the Commons a déjà été examiné dans les ateliers de travail à Athènes (2010) et Istanbul (2012). Les vidéos résultant de ces ateliers de travail ont également été présentées à Rio.

Le sauvetage du Parc Gezi, par exemple, et l'agitation populaire qui a eu lieu dans le district de Beyoglu, à Istanbul (la population a campé sur le site afin de manifester contre la démolition [anglais] du parc pour le convertir en un nouveau projet urbain), ont été des sujets de recherche.

La vidéo ci-dessous montre comment le sauvetage des biens d'Istanbul s'est transformé en affrontement politique après que la réaction brutale de la police contre les manifestants:

La vidéo tournée à Athènes se concentre sur les questions linguistiques, s'appuyant sur les écrits d'Antonio Negri et Michael Hardt dans leur livre Commonwealth [anglais] :

La langue, comme les émotions et les gestes, est ce qu'il y a de plus commun, et d'ailleurs si la langue avait été privatisée ou non - à savoir, si de larges parcelles de nos mots, expressions, ou parties de notre discours étaient entrées dans le domaine privé – eh bien ! la langue perdrait son pouvoir d'expression, de créativité, et de communication.  

Une élucidation philosophique sur les biens communs, comme elle a été suggérée par de Soto sur la page Facebook de son projet, peut être consultée sur le blog de Iohannes Maurus [espagnol], en lien avec l'idéologie marxiste. 

La “révolution silencieuse” du système éducatif brésilien

samedi 21 décembre 2013 à 11:02
Spectacle de cirque du Projet Âncora

Spectacle de commémoration de la Journée du Cirque (Projet Âncora)

[Les liens pointent vers des contenus en portugais]

Il y a 18 ans, une révolution s'est amorcée dans le système éducatif brésilien avec la naissance du Projet Âncora dans la ville de Cotia, dans l'Etat de São Paulo. Il s'agit d'un espace d'apprentissage, de pratique et de multiplication d'exercices de la citoyenneté visant à développer et à transformer la réalité de la communauté locale. Depuis 1995, ce projet sans but lucratif a déjà répondu aux besoins de plus de six mille enfants, adolescents et à leurs familles au moyen d'activités extrascolaires, telles que les cours de musique, de cirque, de théâtre, d'artisanat ou de cours professionnalisants.

Un vieux rêve s'est réalisé en 2012 avec l'inauguration de l'école Projet Âncora de Educação Infantil e Ensino Fundamental [équivalent de l'éducation primaire et de l'enseignement fondamental]. Inspirée des méthodes audacieuses de l’école da Ponte au Portugal, remettant en cause le concept traditionnel d'éducation et le modèle scolaire traditionnel prédominant dans le monde, l'Ecole du Projet Âncora poursuit “la philosophie éducative selon laquelle la connaissance de soi et les expériences sont les outils fondamentaux de l'apprentissage, lequel se construit à partir de l'élève, ses particularités et son passage de l'hétéronomie à l'autonomie”.

Près de 300 enfants et adolescents fréquentent l'école, organisée selon trois parcours parallèles : individuel, social et communautaire. Ce modèle innovant s'inspire d'une éducation démocratique et a été mis en place au Brésil avec l'aide du professeur portugais José Pacheco, connu dans le monde entier pour avoir pensé et rendu concrète l'Ecole da Ponte au Portugal, utilisant une méthodologie révolutionnaire. Marusia Meneguin, auteur du blog Mãe Perfeita [La Mère Parfaite] s'est enthousiasmée face à l'originalité de cette démarche :

Imaginez une école sans classe, ni horaires, ni examen. Un parcours scolaire décidé de façon consensuelle par les enfants et comprenant des matières comme le cirque ou la méditation. Il n'y a là ni liste d'appel ni notes, et les élèves comme les professeurs sont pourtant présents. Si l'on ajoute à cela que ces élèves sont issus de quartiers violents, et qu'ils ont été exclus de plusieurs écoles, tout ceci pourrait sembler bien utopique, jusqu'au jour où l'on rencontre la démarche de l'Ecole da Ponte.

Dans un entretien [sur le site du journal brésilien Globo] G1, Pacheco affirme que l'éducation au Brésil – dont le modèle ignore la contribution de Paulo Freire et d'autres grands pédagogues du pays – gaspille ses ressources et produit 30 millions d'analphabètes. En revanche, les résultats du modèle d'éducation alternatif sont visibles dans la communauté elle-même :

Les anciens élèves de [l'école] da Ponte [au Portugal], dont certains ont aujourd'hui plus de 50 ans, sont la preuve vivante de la bonne qualité de ce projet. Ce sont des êtres humains pleinement épanouis, avec un niveau élevé de conscience civique ; ils sont éthiques, entreprenants et solidaires. J'ajouterai que l'école da Ponte reçoit des élèves que d'autres écoles ont renvoyés, et elle les récupère. Un élève qui n'apprend pas dans une autre école, ou qui met K.O. son professeur dans une autre école, celui-ci a toute sa place à Ponte.

Campagne d'appel aux dons pour le projet Projeto Âcora

Campagne d'appel aux dons pour le projet Projeto Âcora. Légende : “Laissez à votre lion un visage d'enfant”.

Si l'école da Ponte [au Portugal] existe depuis plus de 40 ans, l'Ecole Projet Âncora au Brésil a moins d'un an, il faudra donc attendre encore un peu avant que les résultats ne soient visibles. Malgré tout, le projet a déjà attiré l'attention, insipant d'autres écoles et recevant la visite d'éducateurs venus de tout le pays. A la suite d'une de ces visites, Talita Morais souligne ce qui constitue la différence de ce modèle éducatif utopique

La grande différence du Projeto Âncora, comme dans l'Ecole da Ponte au Portugal, réside dans le fait que les enfants prennent conscience de travailler d'une façon collective, dans le respect et l'amour du prochain, et de l'autonomie de leurs parcours d'études. Ainsi, passant par ces niveaux – l'école n'est pas divisée en salles de classe ou en sections – les élèves deviennent de plus en plus autonomes dans leur apprentissage, choisissant la matière, la façon et le moment auxquels ils doivent apprendre tel contenu défini, avec l'aide et le suivi de professeurs et de tuteurs, employés par l'école ou volontaires au sein de la communauté. En plus de cette autonomie dans le choix de l'étude, ils prennent part activement aux décisions et à l'organisation de l'école, avec des assemblées hebdomadaires, redéfinissant les règles de l'institution.

Racontant une autre visite, le professeur Fernanda Rodrigues compare le projet Ponte avec les écoles traditionnelles :

Nous avons été reçu par une fillette de 11 ans, très maligne et communicative ! Elle a nous raconté qu'elle y étudiait depuis sa naissance et il était très net qu'elle ressentait une véritable fierté d'appartenir à Âncora dans son quotidien. Ses yeux brillaient et le profond sentiment d'appartenance que l'élève entretient avec toute l'activité de l'école s'en ressent nettement.

Nous y avons vraiment pris plaisir, car il est impossible de ne pas s'enthousiasmer pour cet espace qui, en plus d'être vaste, inspire l'Education dans sa grandeur. Nous avons pu assister à plusieurs scènes, peu fréquentes dans les écoles traditionnelles, comme ces garçons prenant soin de l'espace, ces cartables accrochés à l'entrée de l'école, ces murs avec les comptes-rendus des assemblées et plusieurs personnes discutant sans ce brouhaha typique et commun aux environnements scolaires.

Commnautés d'apprentissage du Projet Âcora à Cotia, dans l'Etat  de São Paulo.

Commnautés d'apprentissage du Projet Âcora à Cotia, dans l'Etat de São Paulo.

La prochaine étape du projet consiste à étendre cette expérience au-delà des murs de cette entité et de la diffuser dans toute la ville, grâce à l'intégration des élèves aux “communautés d'apprentissage“. Une fois par semaine, les élèves doivent rendre visite aux espaces communautaires, tels que les centres de soin ou les églises, afin de traiter des questions locales et de discuter directement avec ceux qui résident dans ces communautés. Selon la formule de Pacheco, appelée “MC²”, – initiales de ‘mudança’ [changement] mis en oeuvre par contagion et en contexte – les enfants doivent s'approprier la réalité du lieu dans lequel ils vivent et chercher des réponses aux questions soulevées :

Les communautés d'apprentissage sont des mises en pratique communautaires reposant sur un modèle éducatif générateur de développement durable. Il s'agit d'étendre la pratique éducative du Projet Âncora au-delà de ses murs, impliquant activement la communauté dans la consolidation d'une société participative.

En octobre 2013, à l'occasion du dix-huitième anniversaire du Projet Âncora, João Carlos a déclaré que ce rêve devenu réalité “a atteint, depuis longtemps déjà, sa maturité”.

Il s'agit de la naissance d'un Brésil nouveau. Hourra !

Cher Pacheco, merci pour la révolution silencieuse qui est en cours au Brésil.

Du reste, les enfants ne sont pas les seuls à profiter de ce modèle révolutionnaire d'éducation. Rappelant la commémoration de l'anniversaire, l'éducatrice volontaire Johana Barreneche-Corrales réfléchit à l'importance des liens à la fois ludiques et affectifs entretenus parmi les professeurs, à une époque où les éducateurs manquent de temps pour partager leurs expériences entre collègues :

En somme, nous pouvons considérer que pour qu'un projet collectif réussise, il faut qu'un groupe se construise, et ce qui fait un groupe n'est pas tant le nombre de personnes qui le constitue que la force des liens entre elles.

L'équipe du documentaire Quando Sinto Que já Sei ["Ce moment où je sens que je le sais déjà"], film financé par le biais [du site de production participative] Catarse et dont le lancement est prévu au premier semestre 2014 a rendu visite à plusieurs écoles de l'éducation alternative en cours au Brésil, dont celle du Projet Âncora. L'objectif [de ce documentaire] est de soulever une discussion concernant l'éducation d'aujourd'hui au Brésil, explorant de nouvelles manières d'apprendre qui affleurent et se consolident, fondées sur la participation et l'autonomie des enfants.

Ce moment où je sens que je le sais

Affiche du documentaire “Quando Sinto que Já Sei” [Ce moment où je sens que je le sais"] sur le site participatif Catarse.

Jordanie : Un site web littéraire de nouvelles

samedi 21 décembre 2013 à 10:36

Project Pen est une initiative de promotion de l'écriture de nouvelles par les Arabes, “encourageant ainsi une nouvelle génération d'écrivains à créer de nouveaux types de récits, pour de nouvelles pratiques de lecture”. Par le partage de récits à travers les réseaux sociaux, et la mise en relation des auteurs entre eux, Project Pen a l'intention de contourner l'édition traditionnelle et ramener la narration “à un futur où les récits seraient gravés à l'extérieur des cavernes, et lus à haute voix autour du feu de camp”. Vous pouvez en savoir plus sur le projet sur le site (en arabe et anglais), et sur Facebook et Twitter.

Marche contre la réouverture d'une centrale nucléaire sur l'île japonaise de Kyushu

samedi 21 décembre 2013 à 10:31
C'est le plus grand rassemblement tenu à Satsuma Sendai City. Les habitants de cette ville ne veulent pas parler d'énergie nucléaire. Les régions possédant des centrales nucléaires ont reçu un soutient financier du gouvernement. Prise le 15 Decembre 2013 par rieko uekama. Copyright (c) Demotix

Des jeunes mamans défilent, brandissant un drapeau avec l'inscription en allemand “Energie nucléaire, non merci” à Satsumasendai le 15 décembre 2013. L'idée de la transition de l'énergie nucléaire aux énergies alternatives est souvent mise en avant lors des manifestations anti-nucléaires. Photo par rieko uekama. Copyright Demotix

Environ 1.800 personnes ont marché le 15 décembre 2013 pour protester contre la réouverture de la centrale nucléaire de Sendai, selon les organisateurs de la manifestation. Après deux années de suspension de ses activités, l'entreprise Kyushu Electric Power a demandé en juillet une révision à l'Autorité de Régulation Nucléaire, avec l'intention de remettre en marche la centrale nucléaire, provoquant un sentiment d'insécurité chez les citoyens qui sont contre l'énergie nucléaire.

Le nombre peut sembler minime, pour une petite ville inconnue de Satsumasendai à la pointe sud-ouest de l'île de Kyushu, une communauté qui depuis longtemps, dépend de l'énergie nucléaire pour son économie, pourtant il se dit que c'est le plus grand rassemblement de protestation de ces 40 dernières années de silence, contre la centrale nucléaire trentenaire. 

Greenpeace Japon a envoyé une lettre le 29 Novembre, demandant au Gouverneur de la Préfecture de Kagoshima de ne pas autoriser le redémarrage de la centrale. Le média citoyen Miyazaki a couvert la manifestation sur YouTube [liens en japonais].