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La lettre d'information de Rising Voices sur l'inclusion numérique et la participation en ligne est de retour !

dimanche 10 février 2019 à 21:18

‘Les langues autochtones apportent une connaissance irremplaçable du monde’ Photo fourni par Le Courrier de l'UNESCO, utilisée dans le cadre d'un partenariat avec la campagne #IYIL2019.

Note de Rising Voices : Nous avons le plaisir de reprendre notre lettre d'information bimensuelle, qui donnera un sommaire de nos récents billets de blog sur tous les aspects de l'inclusion numérique, dont l'accès aux outils numériques et leur adoption, ainsi que des diverses façons dont les communautés peuvent participer pleinement à l'Internet. Retrouvez ici les précédents numéros de cette lettre d'information.

L'Année internationale des langues autochtones (IYIL19) a commencé ! Global Voices avec son projet Rising Voices en est un partenaire officiel, aussi étions-nous présents à la cérémonie d'ouverture au siège de l'UNESCO à Paris le 28 janvier. Notre collègue, Gwenaëlle Lefeuvre, co-directrice du site Global Voices Lingua en français était présente, et y a tweeté en direct au long de la journée. Le militant du numérique Juan Carlos Romero, un locuteur natif du quechua, a parlé à la table-ronde “Créer des passerelles pour les utilisateurs de langues autochtones”.

Gwen Lefeuvre et Juan Carlos Romero à l'ouverture de l'Année internationale des langues autochtones à Paris le 28 janvier 2019. Photo : Lefeuvre.

Parmi les activités de RV pour #IYIL19, nous avons organisé une opération tournante d'une année sur Twitter qui donnera voix à 50 militants numériques de langues autochtones d'Amérique latine pour éclairer la diversité linguistique de cette région. Les cinq premiers militants numériques à lancer cette campagne étaient Yásnaya Elena Aguilar Gil, Simona Mayo, Ruben Hilari Quispe et Irma Alvarez Ccoscco. Vous pourrez suivre aussi les suivants sur @ActLenguas (Activisme Langues).

Lancement de la lettre d'information DigiGlot

En janvier, nous avons aussi lancé la première publication de DigiGlot, une lettre d'information collaborative bimensuelle qui examine comment les communautés de langues autochtones, minoritaires, et/ou en danger adoptent et  adaptent la technologie pour leurs propres besoins. Inscrivez-vous ici si vous souhaitez recevoir cette lettre d'information par courriel.

SUR LE BLOG DE RISING VOICES

Le partenariat de Rising Voices avec l’Association pour le progrès des communications (APC) [fr] permet un échange de contenus relatifs à l'inclusion numérique et à la participation en ligne. Nous avons commencé à republier les derniers rapports par pays de GISWatch consacrés aux réseaux communautaires, qui se définissent comme des “réseaux de communication construits, possédés, opérés, et utilisés par les citoyens d'une manière participative et ouverte”. Les articles récemment repris se rapportent à des réseaux aux Seychelles, aux Etats-Unis, en Colombie, au Kirghizstan et en Australie.

OPPORTUNITÉS | BOURSES ET POSTES

Reporters sans Frontières Allemagne reçoit actuellement les candidatures à un programme de bourses d'étude qui aura pour thème Donner aux journalistes les capacités numériques. Date limite de réception des candidatures : le 19 février 2019 à 23h59 (heure d'Europe centrale)

La Bourse balkanique d'Excellence journalistique reçoit les candidatures d'articles sur le thème de la LIBERTÉ. Les candidatures de journalistes de la région sont encouragées. Date limité de réception : le 6 mars 2019

CONCOURS & COMPÉTITIONS

Le Festival rwandais du film (RFF, ou Hillywood), organisé par le centre du cinéma du Rwanda en collaboration avec l'Institut Kwetu du Film, lance un appel à contributions, y compris dans une catégorie spéciale “Webséries”. Date limite de dépôt : le 1er mai 2019.

Pour célébrer l'Année internationale des langues autochtones de l'UNESCO (#IYIL19), Wikimedia Norge (Norvège) et ses partenaires organisent un concours international de langues ouraliennes pour créer des articles Wikipédia sur les langues et peuples ouraliens. Le concours dure tout le mois de février 2019.

OUTILS & RESSOURCES

Les éditeurs de Wikipédia ont le choix parmi plusieurs systèmes de traduction-machine pour soutenir la traduction d'un article originel. Google Translate est désormais une de ces options.

Google présente deux applis Android qui peuvent être utiles aux personnes ayant une déficience ou une perte d'audition : Sound Amplifier (amplificateur de son) et Live Transcribe (Transcription instantanée).

Rising Voices est partenaire de Whose Knowledge? (‘le savoir de qui ?’), “une opération mondiale pour centrer le savoir des communautés marginalisées (majoritaires dans le monde) sur l'internet” en vue de republier et diffuser leur collecte récente de ressources avec l'objectif de construire des alliances et des réseaux pour le partage de savoirs, particulièrement parmi les communautés marginalisées [en anglais]

Si vous souhaitez télécharger “Our Stories Our Knowledges” en totalité, allez sur :

RÉCOMPENSES

Pour honorer la mémoire de notre ami Boukary Konaté, le blogueur malien et militant de la langue bambara décédé il y a plus d'un an, le Doni Blog Mali, Association des blogueurs maliens, a créé des Prix spéciaux couronnant le meilleur du blogging malien. Boukary a été bénéficiaire d'une bourse Rising Voices pour son projet Connecter les villages de Ségou.

PROCHAINS ÉVÉNEMENTS  & CONFÉRENCES

Les inscriptions sont ouvertes pour le 12ème Colloque ibéro-américain de journalisme numérique, un événement à entrée libre accueilli par le Symposium international sur le journalisme en ligne. Date : 14 avril 2019 / Lieu : Université du Texas, Austin

À LIRE AUSSI SUR L'INCLUSION NUMÉRIQUE & LA PARTICIPATION EN LIGNE

 

Recevoir la lettre d'information de Rising Voices par courriel

 

 

Remerciements particuliers à Yanne C pour sa contribution exceptionnelle à cette lettre d'information.

Pourquoi le ‘prince de la torture’ de Bahreïn est toujours bienvenu au Royaume-Uni malgré les appels à son arrestation

samedi 9 février 2019 à 22:02

Arrêt sur image de la vidéo ‘Sheikh Nasser Bin Hamad al-Khalifa’, Source: YouTube

Ces derniers mois, la relation du Royaume-Uni avec ses alliés du Golfe s'est trouvée sous les feux de la rampe avec une singulière histoire d'espionnage dans un paysage médiatique britannique dominé sinon par le Brexit.

En novembre 2018, un universitaire britannique de 31 ans, Matthew Hedges, est rentré au Royaume Uni après avoir passé sept mois dans prison des Émirats arabes unis (EAU), la plus grande partie du temps à l'isolement, sur des accusations d'espionnage. La mésaventure, qui n'avait d'abord retenu que peu d'attention, a fait les grands titres lorsque les EAU, un allié du Royaume-Uni, annoncèrent que Hedges était accusé d'espionner pour le MI6. Ce dernier et le gouvernement britannique démentent l'accusation.

Les ennuis de Hedges mettent en lumière la longue et complexe tradition d'impunité au Royaume-Uni s'agissant des allégations de tortures commises par ses alliés du Golfe, et rappelle quelques-unes des raisons pour lesquelles le “prince de la torture” bahreïnien, le Prince Nasser bin Hamad, détient toujours le privilège et le plaisir de vadrouiller à travers le Royaume-Uni malgré les preuves évidentes de mauvais traitements pendant le soulèvement de 2011 à Bahreïn.

Hedges a subi des mauvais traitements pendant son incarcération aux EAU, dont le gouvernement britannique a paru surpris, mais moins surprenante a été la tiédeur de celui-ci à réagir à la torture de son ressortissant — en plus de sa mise à l'isolement 23 heures par jour, Hedges a été drogué par ses geôliers — malgré le fait que les EAU sont l'un des principaux alliés du Royaume-Uni au Moyen-Orient.

La femme de Hedges, Daniela Tejada, qui n'a cessé pendant ces sept mois de mobiliser pour la libération de son mari, a accusé le gouvernement britannique d'ignorer ses appels constants à l'aide.

L'indifférence continue du Royaume-Uni au sort de Hedges a fait apparaître un exemple de plus de l'indulgence que se permet le Royaume-Uni vis-à-vis des gouvernements arabes du Golfe. Et les militants ne peuvent que se remémorer comment et pourquoi le tristement célèbre “prince de la torture” bahreïnien continue à se promener en toute liberté.

Le ‘prince de la torture’ de Bahreïn

Longtemps avant que le gouvernement ne paraisse ignorer la torture d'un de ses ressortissants aux mains d'un allié, il se trouvait à domicile devant un défi juridique pour son rôle dans la protection d'un membre notoire du royaume de Bahreïn : le fils du roi, Prince Nasser bin Hamad.

Surnommé le “prince de la torture” par les dissidents pour avoir pris part à la torture des activistes qui ont participé à la révolution de 2011 à Bahreïn, il a tweeté un jour : “Si ça ne tenait qu'à moi, je leur donnerais tous la perpétuité [en prison].” De fait, bin Hamad, 24 ans au moment du soulèvement de Bahreïn en 2011, se fit auprès de l'élite au pouvoir l'apôtre de la violente répression des contestataires.

En sa qualité de président du Comité olympique bahreïnien, bin Hamad créa une commission spéciale pour “identifier et punir plus de 150 membres de la communauté sportive” qui avaient pris part aux manifestations de 2011, selon l'organisation Americans for Democracy and Human Rights in Bahrain (ADHRB). Il souhaita publiquement “la chute d'un mur sur les têtes [des protestataires] … même si ce sont des athlètes … Bahreïn est une île et il n'y a nulle part où fuir.”

Loin de le mettre en accusation, son père promut le jeune prince à la tête de le Garde royale de Bahreïn le 19 juin 2011.

La relation du prince avec le Royaume-Uni remonte à 2006 quand il est sorti diplôme de l'élitiste Académie militaire de Sandhurst à l'âge de 19 ans.

Extrait des archives : Nasser bin Hamad Al Khalifa en formation militaire au Royaume-Uni et au Canada – juillet 2006.

Avec une éducation aussi prestigieuse, le “prince de la torture” ne pouvait imaginer que se rendre au Royaume-Uni puisse le mettre en mauvaise posture. Mais peu après qu'il eut supposément torturé des protestataires bahreïniens, l'un de ceux-ci, connu seulement comme ‘FF’, parvint au Royaume-Uni et y obtint l'asile.

Ce qui voulait dire que le Royaume-Uni reconnaissait pour légitimes les affirmations de FF, y compris les craintes de représailles de ce dernier en cas de retour forcé à Bahreïn. FF, note ADHRB, “prétend [également] que Sheikh Nasser était impliqué dans les tortures.”

Un an plus tard, le Royaume-Uni a pourtant décidé d'accorder au “prince de la torture” l'immunité lorsque FF a réclamé l'arrestation de celui-ci lors de sa visite de juillet aux Jeux Olympiques de Londres de 2012 en qualité de président du Comité Olympique de Bahreïn. Au contraire, bin Hamad fut remarqué dans le carré des VIP de l'un des stades londoniens ce jour-là :

Est-ce possible le tortionnaire allégué Nasser Bin Hamad autorisé à aller aux JO

L'histoire ne s'arrête pourtant pas là. En octobre 2014, la Haute cour de Londres jugea que bin Hamad n'était pas exempté des poursuites dans les plaintes pour torture, redonnant vie aux espoirs qu'il puisse être arrêté.

Comme le relate le Guardian, le dossier fut alors transmis à l'équipe des crimes de guerre de la direction du contre-terrorisme de la Police métropolitaine. Qui annonça ensuite que “sur la base du dossier qui lui a été remis, la police n'a pas ouvert d'enquête”.

Une raison partielle pour laquelle la  Police métropolitaine a décidé de ne pas enquêter était simplement que les témoins-clés étaient toujours dans les prisons de Bahreïn et ne pouvaient donc être entendus. Accessoirement, les représentants de bin Hamad usèrent d'un argument similaire, disant que les allégations de FF “n'avaient pas été examinées par une cour britannique et qu'il n'y avait jamais eu de procédure contre lui”.

Autrement dit, les représentants de bin Hamad défendirent que les allégations de FF ne pouvaient être vérifiées devant les tribunaux britanniques sans reconnaître que la raison en est que les témoins-clés ne pouvaient être présents devant aucun tribunal ni répondre à aucunes questions de la police britannique.

Et c'est ainsi que, quelques mois seulement plus tard, en mars 2015, bin Hamad mit en ligne une vidéo de lui-même faisant son jogging dans Hyde Park à Londres, ce qui relança les appels à son arrestation. En fait, il se rend régulièrement au Royaume-Uni depuis les accusations, entre autres pour s'amuser aux courses hippiques royales annuelles de Windsor en compagnie de la reine Elizabeth II aux côtés de son père le roi de Bahreïn.

Ce cas flagrant d'impunité a renouvelé la question de savoir si le Royaume-Uni est à la hauteur de ses obligations internationales, résultant en particulier de la Convention de l'ONU contre la Torture et les autres traitements et châtiments cruels, inhumains et dégradants de 1987, qui dispose que les États doivent criminaliser la torture et poursuivre les agents publics des autres pays qui se trouvent présents sur le territoire des dits États”.

Le Royaume-Uni l’a signée le 15 mars 1985, et ratifiée le 8 décembre 1988. lors de la signature, le Royaume-Uni avait toutefois ajouté :

The United Kingdom reserves the right to formulate, upon ratifying the Convention, any reservations or interpretative declarations which it might consider necessary.

Le Royaume-Uni se réserve le droit de formuler, lors de la ratification de la Convention, toutes réserves ou déclarations interprétatives qu'il pourrait considérer nécessaires.

S'y retrouver dans les récits contradictoires du conflit vénézuélien

vendredi 8 février 2019 à 17:58

Dessin de l'illustrateur vénézuélien Eduardo Sanabria. Utilisation autorisée.

Lorsque Juan Guaidó, le président de l'Assemblée nationale contrôlée par l'opposition, a invoqué l'article 233 de la constitution vénézuélienne pour s'arroger provisoirement les compétences du pouvoir exécutif, un nouveau chapitre du conflit politique vénézuélien s'est ouvert.

Pour les pro-Nicolás Maduro, Guaidó tente un coup d’État avec l'aide des États-Unis. Pour les anti-Maduro, Guaidó ne fait qu'appliquer la constitution bolivarienne de 1999 elle-même, rédigée peu après la première victoire électorale de Hugo Chávez.

Alors qu'une dispute acharnée entre les deux opinions fait rage sur les médias sociaux, des questions complexes se font jour : la stratégie de Guaidó est-elle légitime ? En quoi diffère-t-elle des tentatives passées d'un chef de l'opposition ayant des soutiens étrangers de s'emparer non démocratiquement du pouvoir dans un pays d'Amérique latine ? Cela facilitera-t-il une transition pacifique du pouvoir au Venezuela ? Cela fera-t-il cesser les violations de droits humains, la décomposition de la démocratie, le naufrage économique ?

Et, plus important peut-être, quelle sera le rôle des Vénézuéliens eux-mêmes dans une telle transition ?

Pour commencer à répondre à ces questions, il faut probablement remonter à l'élection présidentielle largement condamnée de 2018, dont les résultats ont assuré un second mandat de six ans à Maduro.

Le scrutin initialement fixé en décembre 2018 fut soudain avancé pour avoir lieu six mois plus tôt, supposément parce que Maduro voulait profiter de l'élan qui a suivi les élections municipales couronnées de succès – et tout aussi controversées – de 2017.

Le nouveau calendrier se heurta aux objections de plusieurs instances internationales, comme l’Organisation des États américains (OEA), le Parlement européen, et le Groupe de Lima, qui tous ont adopté des résolutions le blâmant.

A la veille de l'élection en mai, la Commission inter-américaine des droits humains, une instance de l'OEA, publia un document “exprimant une profonde inquiétude quant à l'absence des conditions minimales nécessaires pour tenir des élections libres, équitables et fiables au Venezuela.”

Ce document met en lumière la disqualification par la CNE (le Conseil électoral du Venezuela) des partis d'opposition basée sur des motifs, y est-il écrit, “non fondés en droit”. La justification du gouvernement était que l'opposition avait boycotté les élections municipales qui précédaient.

Le document souligne aussi comment le calendrier accéléré empêchait la participation des nouveaux électeurs et des Vénézuéliens vivant à l'étranger.

Ce que dit l'article 233

L'article 233 prévoit ce qui doit être fait dans les cas où le Président meurt, démissionne, est déchu par un arrêt de la Cour suprême, est déclaré incapable par un collège médical désigné par la Cour suprême, ou abandonne son poste. C'est sur cette dernière disposition que se fonde, en théorie, la prétention de Guaidó à la présidence : que le poste était laissé “vacant” après l'élection illégitime de 2018, et que par conséquent Maduro, dès son investiture du 10 janvier, l'”usurpait“. Si tel est le cas, le président de l'Assemblée nationale doit assumer provisoirement la fonction et convoquer une nouvelle élection.

Le chercheur George Cicarello-Maher affirme que le geste de Guaidó est une tentative illégale de prise du pouvoir :

So call it what you want: attempted regime change, a putsch, a “soft” coup—the military hasn’t supported it—just don’t call it constitutional. The opposition strategy is based on Article 233 of the Constitution, which grants the National Assembly the power to declare a president’s “abandonment” of the office. Of course, the kicker is that Maduro hasn’t done anything of the sort, and only the Supreme Court can disqualify sitting presidents.

Appelez-ça comme vous voudrez : tentative de changement de régime, putsch, coup de force “soft” – l'armée n'est pas derrière – mais ne dites pas que c'est constitutionnel. La stratégie de l'opposition repose sur l'article 233 de la constitution, qui donne à l'Assemblée nationale le pouvoir de déclarer l'”abandon” de fonction d'un président. Le hic est que Maduro n'a rien fait de tel ; et seule la Cour suprême peut invalider les présidents en exercice.

A l'inverse, l'universitaire vénézuélienne Paula Vázquez dit qu'appeler l'action de Guaidó un coup d’État est “irresponsable”. Dans un entretien avec le magasine français l'Obs, Vázquez a affirmé qu'utiliser ainsi ce terme était “une manipulation [de l'opinion publique…].” Elle s'explique en demandant comment le geste de Guaidó peut être considéré comme étant un coup d’État “alors qu'il n'y a pas d'usage de la force ? Sans l'armée ?”

De nombreux partisans de Guaidó contestent le mot “autoproclamé” accolé par les médias à “président” pour le désigner. Écrivant sur le site web local Prodavinci, le spécialiste de droit constitutionnel José Ignacio Hernández précise : “quand il a prêté serment le 23 janvier, il a entériné qu'il allait se conformer aux obligations que lui impose l'article 233 de la constitution : prendre en mains la Présidence de la République puisqu'il n'y a pas de président élu au Venezuela.”

“Ce n'est pas un conflit entre la droite et la gauche”

Quand les chefs d’État des États-Unis, de l'Union européenne et d'Amérique latine ont reconnu Guaidó chef légitime du Venezuela, beaucoup ont exprimé leur crainte que leurs décisions ne soient frappées du sceau de l'intervention étrangère. Pour ce camp, le Venezuela allait devenir la vedette d'encore un nouveau chapitre dans la longue litanie des coups d’État appuyés par les États-Unis dans la région. A l'inverse, beaucoup d'autres voient dans le soutien régional à Guaidó une réaction compatissante et internationaliste à un régime qui a nui de nombreuses façons à son peuple.

Dans une lettre ouverte publiée dans des médias d'Amérique latine et d'Europe, 120 universitaires latino-américains et européens ont déclaré que les actes de l'Assemblée nationale, joints à des interventions étrangères, “approfondiraient la crise et déclencheraient une guerre”. Ce qui ferait du Venezuela “la proie d'intérêts étrangers, comme c'est arrivé dans d'autres régions du monde en conséquence d'interventions impérialistes”.

Mais pour l'universitaire vénézuélien installé en France Pedro Sánchez, avec qui j'ai parlé par téléphone, il n'est pas plausible de formuler le conflit vénézuélien dans le cadrage des événements du 20ème siècle à Cuba ou au Chili. Parce que “L'imaginaire autour de la relation entre l'Amérique latine et les États-Unis est si prégnant qu'on oublie que dans ce cas particulier il y a d'autres pays impliqués.”

Pour Sanchez, la position de la Maison Blanche sur le Venezuela est en contradiction avec sa politique migratoire, principalement représentée par le projet de Trump de mur à la frontière avec le Mexique, ou encore le déploiement de l'armée sur la frontière sud pour arrêter la soi-disant “caravane des migrants” venant d'Amérique centrale. “Certes, dans les années 1960 et 1970 il y a eu cette façon de faire, mais ce n'est pas ce qui se passe aujourd'hui. Dans notre hypothèse, il y a une grosse différence entre [la stratégie vénézuélienne] de Trump et le reste de sa politique étrangère”, dit-il.

Il dit aussi que l'on assiste à “une sorte de théâtre d'ombres”, c'est-à-dire que le public ne sait guère ce qui se passe dans la coulisse.

“Nous ne sommes plus dans les années 60 et 70. Pourquoi ça se passe comme ça aujourd'hui, et pas alors ? […] Parce qu'aujourd'hui, les USA ne peuvent agir que dans la mesure où il existe une alliance de pays voisins en appui”, ajoute-t-il.

La crise vénézuélienne a une lourde incidence sur la région, avec 3 millions au moins de Vénézuéliens qui ont quitté le pays, impactant, entre beaucoup d'autres choses, la situation sanitaire de la région.

La politologue vénézuélienne Margarita López Maya a fait écho à l'interprétation de Sánchez dans une déclaration qu'elle a postée sur sa page Facebook :

...desde hace ya al menos dos años dejó de ser un conflicto polarizado entre derecha e izquierda, donde ambos polos son responsables de las penurias y masivas violaciones a todos nuestros derechos humanos. […] Desafortunadamente, estos intelectuales críticos no pueden apreciar este cambio de paradigmas, ni el esfuerzo hecho por los partidos políticos opositores, porque su diagnóstico está demasiado condicionado por una ideología de izquierda todavía anclada en el siglo XX, donde se privilegia el antiimperialismo a la defensa de los derechos humanos.

…Il y a au moins deux ans que ça a cessé d'être un conflit polarisé entre droite et gauche, où les deux pôles sont responsables des pénuries et des violations massives de tous nos droits fondamentaux […] Malheureusement, ces intellectuels critiques ne peuvent apercevoir ce changement de paradigmes, ni l'effort fait par les partis politiques d'opposition, parce que leur diagnostic est trop conditionné par une idéologie de gauche toujours ancrée dans le XXème siècle, où l'anti-impérialisme passe avant la défense des droits humains.

Le site collectif vénézuélien Caracas Chronicles a lancé la campagne #AskAVenezuelan (#Demandez à un.e Vénézélien.ne) pour encourager les Vénézuéliens à réagir aux analyses faites par les commentateurs étrangers.

Cette campagne vise à traiter un phénomène que les internautes vénézuéliens appellent “Venezuelansplaining,” défini ci-après par l'utilisateur de Twitter Thomas Schwarzer :

Le #VENEZUELASPLAINING est la nouvelle tendance sur les médias sociaux, qui consiste pour des gens qui n'ont jamais vécu au Venezuela, et ne sont pas Vénézuéliens, à vouloir expliquer aux Vénézuéliens ce qui selon eux se passe au Venezuela.

L'approbation par le Parlement européen de l'accord commercial UE-Maroc omet une fois de plus les Sahraouis

jeudi 7 février 2019 à 22:21

La moitié environ de la population sahraouie vit dans des camps de réfugiés dans les zones désertiques inhospitalières. Elle n'est pas prise en compte dans l'accord commercial actuel. Crédit photo : Jan Strömdahl, utilisation autorisée.

Une laborieuse négociation commerciale de l'Union Européenne (EU) est devenue une fois de plus le théâtre d'une bataille acharnée dans le conflit “gelé” du Sahara Occidental.

Au cœur du sujet : l’inclusion du Sahara Occidental dans l'accord commercial UE-Maroc, que le Parlement européen a officiellement approuvé mercredi 16 janvier, par 230 voix sur 410 (et 37 abstentions).

La Cour européenne de justice (CEJ) avait prononcé l'accord précédent invalide au motif que le Maroc n'a pas d'autorité légale pour négocier des accords commerciaux pour le compte du territoire du Sahara Occidental qu'il occupe actuellement, et le nouvel accord va probablement encourir le même verdict s'il est attaqué en justice.

Illégalité

En une suite de décisions ces deux dernières années, la CEJ a jugé un certain nombre d'accords commerciaux UE-Maroc à la lumière de différents documents juridiques internationaux concernant le statut de territoire non autonome du Sahara Occidental. La Cour en a déduit que les accords entre l'UE et le Maroc ne peuvent pas inclure le Sahara Occidental occupé par le Maroc. Ce qui n”a pas retenu les autres instances de l'UE d'essayer de contourner ou tout bonnement ignorer les arrêts de la Cour.

Ce fut le cas pour l'accord UE-Maroc sur la pêche de 2018, stipulant les conditions dans lesquels les navires européens continuent à pêcher dans les eaux territoriales du Sahara Occidental, malgré l'arrêt sans équivoque de la CEJ de 2016 selon lequel le Sahara Occidental est un territoire séparé et distinct du Royaume du Maroc et ne peut pas juridiquement être inclus dans ce type d'accords.

Absence de consentement

Depuis 1975, trois générations de Sahraouis ont passé toute ou presque toute leur vie dans des camps de réfugiés. Photo : Jan Strömdahl, utilisation autorisée.

Le Service européen pour l'action extérieure (SEAE) a initié une procédure de consultation pour appliquer la décision de la Cour requérant le consentement de la population sahraouie du Sahara Occidental. Beaucoup ont critiqué la consultation parce que la Commission européenne était déjà arrivée à un accord avec le Maroc. Les organisations sahraouies de la société civile ont quitté en grand nombre le processus et ont riposté en publiant une déclaration commune de condamnation.

Pour finir, selon l'équipe de surveillance Western Sahara Resource Watch :

Prior to and during the EU's consultation process with the Moroccan entities in Western Sahara, in total 94 Saharawi and pro-Saharawi groups have condemned the EEAS for its negotiations with Morocco [but the] EEAS summarized … that there was a “broad support” for such a trade agreement.

Avant et pendant le processus de consultation de l'UE avec les entités marocaines au Sahara Occidental, un total de 94 groupes sahraouis et pro-sahraouis ont condamné le SEAE pour ses négociations avec le Maroc, [mais le] SEAE a conclu… qu'il y avait un “large soutien” à un tel accord commercial.

Mahfoud Lamin Bechri, un militant sahraoui de la Campagne sahraouie contre le pillage (SCAP en anglais), est allé à Bruxelles, [siège de l'UE] en Belgique, une semaine avant le vote pour un séminaire sur l'accord. Il a déclaré à Global Voices qu'il était satisfait des réactions des participants au séminaire, mais n'était pas optimiste quant au résultat du vote de l'UE.

… I told them about the frustration, especially among young people growing up in these camps and how each new agreement like this will radicalize them and make them lose what little hope they had for the peace process. I felt that those listening were touched by what I said but unfortunately, following what has happened these last days it seems like we’d need a miracle to stop this agreement.

Je leur ai parlé de la frustration, surtout chez les jeunes qui grandissent dans ces camps et de comment chaque nouvel accord comme celui-ci va les radicaliser et leur faire perdre le peu d'espoir qui leur restait dans le processus de paix. J'ai eu le sentiment que ceux qui écoutaient étaient touchés par mes paroles, mais hélas après ce qui s'est passé ces derniers jours il apparaît qu'il faudrait un miracle pour stopper cet accord.

Conflit d'intérêts au Parlement

La commission parlementaire du commerce international (INTA) de l'UE a dépêché une mission d'enquête au Sahara Occidental les 3 et 4 septembre 2018. La cheffe de cette délégation, Patricia Lalonde, de l'Alliance des libéraux et démocrates pour l'Europe (ALDE), a conclu dans son rapport :

The local population will profit from economic development and the spill-over effects created in terms of investment in infrastructure, employment, health and education.

La population locale tirera un bénéfice du développement économique et des effets de ruissellement créés en termes d'investissements en infrastructure, d'emploi, de santé et d'éducation.

Mme Lalonde a par la suite été contrainte à démissionner de l'INTA quand un observateur de l'UE a dévoilé qu'elle faisait partie du conseil d'administration du lobby pro-marocain EuroMedA. Malgré la preuve de conflit d'intérêts, le président du groupe parlementaire ALDE, Guy Verhofstadt, a retiré tout débat à ce sujet de l'ordre du jour.

Une des trois déléguées, Heidi Hautala (Verts-Alliance libre européenne), a publié par la suite dans l'EUobserver un compte-rendu de témoin critique de la mission d'enquête. Mme Hautala raconte que les autorités marocaines contrôlaient la mission, qui était accompagnée par un entourage de journalistes loyalistes :

The reality check came when I decided to have an additional meeting with some Saharawi activists. Moroccan authorities used a textbook method of harassing the human rights defenders: the activists were arrested for reportedly not wearing their seat belt […] The Sahrawis we met explained that their daily lives are full of such episodes. They showed us several videos of a demonstration that took place on that same day. Some of the activists ended up in the hospital after suffering from police brutality.

Le moment de vérité est arrivé quand j'ai décidé d'avoir une rencontre additionnelle avec des militants sahraouis. Les autorités marocaines utilisèrent la méthode décrite dans les manuels pour harceler les défenseurs des droits humains : les militants furent arrêtés pour soi-disant ne pas avoir bouclé leurs ceintures de sécurité […] Les Sahraouis rencontrés nous ont expliqué que leurs vies quotidiennes sont pleines d'épisodes de ce genre. Ils nous ont montré plusieurs vidéos d'une manifestation qui a eu lieu le jour même. Certains des militants ont fini à l'hôpital après avoir souffert de violences policières.

Contredisant Lalonde et la commission du commerce, Hautala a conclu :

Some in the parliament claim that ‘we should not oppose development’ in Western Sahara and that opposing the proposed agreement would be to the detriment of the population bringing trade, jobs and income. This statement ignores the very fundamental fact: this agreement would consolidate the illegal annexation of Western Sahara by Morocco and run directly against the UN-led peace efforts, by dividing the territory of Western Sahara in two and strengthening one of the parties of the conflict.

Certains au parlement prétendent que “nous ne devons pas nous opposer au développement” dans le Sahara Occidental, et qu'une opposition à l'accord proposé serait au détriment de la population et de l'apport de commerce, d'emplois et de revenus. Cette affirmation ignore le fait tout à fait fondamental : cet accord consoliderait l'annexion illégale du Sahara Occidental par le Maroc et contreviendrait directement aux efforts de paix conduits par l'ONU, divisant le territoire du Sahara Occidental en deux et renforçant une des parties au conflit.

‘C'est historique’

Faute de disposer de médias audiovisuels, les Sahraouis ont recouru à Twitter et aux agences d'information pour suivre le vote. Parmi eux, Mahfoud Lamin Bechri :

For the European Parliament, this is historical, they are voting to break their own law!

Pour le Parlement européen c'est historique, ils votent pour enfreindre leur propre loi !

Dans les heures conduisant à la décision, Twitter a bouillonné d'internautes interpellant les députés européens des deux côtés de la cause. Les Marocains, eux, ont publié de courts messages vidéos de politiciens locaux et régionaux soutenant les bénéfices de l'accord pour le développement économique dans les “provinces méridionales” du pays.

#VotezNON
NON à l'accord UE-Maroc incluant illégalement le Sahara Occidental occupé
Soutien aux droits du Sahara Occidental et à l'auto-détermination.

Selma, une réfugiée sahraouie, appelle le Parlement de l'UE à voter contre l'accord illégal UE-Maroc -
Le soutien économique à une occupation militaire illégale et brutale ne peut jamais être justifié

Le Parlement européen vient de voter en faveur d'un accord illégal entre l'UE et le Maroc, ce qui :
– compromet les discussions de paix de l'ONU
– consolide une occupation brutale, illégale
– ignore totalement les violations systématiques des droits humains

A l'annonce du résultat, Mahfoud Lamin Bechri a exprimé sa déception indignée à Global Voices :

I want to emphasize what I said earlier about our youth. This gives them one more reason to choose going back to arms. The EU is pushing for a war in Western Sahara. They have to know we will not give up. The image of Europe changed today, the Europe of values such as democracy and rule of law has been replaced by the Europe that puts business and money over peace and human rights.

Je veux insister sur ce que j'ai dit avant de nos jeunes. Ceci leur donne une raison supplémentaire de reprendre les armes. L'UE pousse à une guerre au Sahara Occidental. Il faut que l'UE sache que nous ne céderons pas. L'image de l'Europe a changé aujourd'hui, l'Europe des valeurs telles que la démocratie et l'Etat de droit a fait place à l'Europe qui met les affaires et l'argent au-dessus de la paix et des droits humains.

Un évêque métropolite grec reconnu coupable d'incitation à la violence anti-LGBTQ+

mercredi 6 février 2019 à 21:56

La Sainte Cathédrale de l'Assomption de la Vierge Marie, à Kalavrita, en Grèce. Photo: Matěj Baťha (CC BY-SA 2.5) via Wikimedia Commons

Le 28 janvier, par une décision de justice historique en Grèce, l'évêque métropolite Amvrosios de Kalavryta et Aigion a été condamné à sept mois de prison par les trois juges d'un tribunal de première instance sur des charges de propos haineux, incitation à la violence, et abus de position religieuse pour un article homophobe publié sur internet. La peine est assortie d'un sursis de trois ans et d'une amende de 10.000 euros parce que l’ecclésiastique avait jusqu'alors un casier judiciaire vierge.

En mars 2018, un tribunal de première instance à juge unique l'avait initialement acquitté des plaintes déposées le 16 janvier 2016 par neuf militants LGBT en vertu de la loi grecque contre le racisme.

L'affaire se rapportait à un billet de blog publié par l’évêque le 4 décembre 2015, dans lequel, au moment où le Parlement débattait du statut juridique des unions de personnes de même sexe, il exhortait les fidèles à “cracher sur” les homosexuels

“Ne les approchez pas ! Ne les écoutez pas ! Ne leur faites pas confiance ! Ce sont les damnés de la société !” fulminait Amvrosios dans son billet de blog, traitant les homosexuels de “monstruosités de la nature.”

Dans sa déposition à l'audience, Amvrosios a contesté la compétence de la cour. “La cour n'a pas compétence pour me juger en tant qu'évêque, et je ne comprends pas pourquoi je suis aujourd'hui en accusation pour mon amour du Christ,” a-t-il déclaré. Ses avocats ont annoncé qu'ils vont faire appel devant la Cour suprême pour faire déclarer la condamnation nulle et non avenue.

L'évêché de Kalavryta et Aigialeia a publié une longue déclaration sur le sujet, avec notamment cet avertissement :

Πλέον οι ομάδες των ομοφυλοφίλων ανεξέλεγκτα, ασύστολα και ανεμπόδιστα θα μπορούν να επιβάλουν προκλητικά τον τρόπο της ζωής τους, που δεν συνάδει με την οντολογία της ανθρώπινης φύσεως και το νόμο του Θεού.

Les groupes d'homosexuels pourront désormais, de façon incontrôlable et éhontée imposer par la provocation leur genre de vie incompatible avec l'ontologie de la nature humaine et avec la loi de Dieu.

Un jugement historique

Cleo Papapantoleon, un des trois avocats des plaignants, a souligné l'importance de ce procès :

Δεν έχει σημασία η αναστολή, ούτε ενδιαφέρει αν καταδικάστηκε σε 7 μήνες, 7 ημέρες ή 7 χρόνια. Το θέμα ήταν να καταδικαστεί. Αυτή η απόφαση παράγει αποτελέσματα πολιτικά και παιδαγωγικά και γι’ αυτό έχει ιδιαίτερη σημασία.

Peu importe que sa peine soit avec sursis, ou qu'il ait été condamné à  sept mois, sept jours ou sept ans. L'important était qu'il soit condamné. Cette décision produit des effets politiques et pédagogiques, voilà pourquoi son importance particulière.

Le juriste grec Nikos Alivizatos relève également dans un entretien à la radio :

Είναι η πρώτη φορά στην ιστορία του ελληνικού κράτους που καταδικάζεται από πολιτικό δικαστήριο Μητροπολίτης. Είναι μια μεγάλη τομή. Καταδικάστηκε όχι μόνο για ρατσιστικό λόγο αλλά και για κατάχρηση εκκλησιαστικού αξιώματος. Αυτό δημιουργεί ένα σημαντικό δικαστικό προηγούμενο.

Pour la première fois dans l'histoire de l’État grec, un Métropolite est condamné par un tribunal civil. C'est historique. Il a été condamné non seulement pour propos racistes, mais aussi pour abus de position religieuse. Cela crée un précédent judiciaire essentiel.

L'acquittement initial avait soulevé un tollé massif, surtout que Amvrosios avait osé dire devant le tribunal que “[s'il] avait un pistolet et que la loi le lui permettre, [il] s'en servirait contre eux.” Le parti ultra-nationaliste Aube dorée, pour sa part, a publié un texte enthousiaste, louant le tribunal d'avoir “justifié le discours ethnique d'Amvrosios, de défense de la Grèce, de l'Orthodoxie, de la Famille et des valeurs traditionnelles.”

Sur les médias sociaux, les réactions du public ont été en majorité d'approbation de la dernière décision du tribunal, vue par beaucoup comme un pas vers une séparation de l’Église et de l’État.

Sur Twitter, Marka partage un dessin de John Antono critiquant le premier acquittement de l'incitation d'Amvrosios à “leur cracher dessus”.

Justice divine !
La condamnation du Métropolite de Kalavryta, c'est Dieu qui crache sur la haine qu'il cultive dans les cœurs.
Ce n'est pas un simple crachat : c'est un mollard divin. #Amvrosios

Personnalité controversée

Amvrosios avait déjà souvent défrayé la chronique avec ses prises de position extrêmement racistes, fascistes et homophobes. Il ne cachait pas son soutien à la dictature des colonels de 1967, et s'est prononcé publiquement en faveur du parti néo-nazi grec Aube dorée après l'assassinat du musicien anti-fasciste Pavlos Fyssas par des néo-nazis :

Εγράψαμε παλαιότερα, ότι εάν η Χρυσή Αυγή διορθώσει μερικές ιδεολογικές τοποθετήσεις της και εάν επίσης διορθώσει μερικές περιπτώσεις ακραίας συμπεριφοράς ωρισμένων τουλάχιστον Μελών της, θα μπορούσε να αναδειχθεί η “γλυκειά ελπίδα” στους δυσχειμέρους τούτους καιρούς, τους οποίους διερχόμεθα! ΔΕΝ ΜΑΣ ΑΚΟΥΣΑΝ! Και να το αποτέλεσμα! Εισπράττουν πλέον την γενική κατακραυγή!

Nous avons fait savoir précédemment que si Aube dorée corrigeait certaines de ses positions idéologiques et quelques cas de comportement excessif de leurs membres, ils pouvaient devenir un “espoir” en ces temps troublés ! ILS N'ONT PAS ÉCOUTÉ ! Voyez le résultat ! Ils sont maintenant la cible de l'indignation générale !

En juillet 2018, pendant les incendies de forêt dévastateurs de l'est de l'Attique, il a clamé que “le Premier ministre athée Alexis Tsipras attire le courroux de Dieu”, provoquant à nouveau l'indignation sur les médias sociaux :

ΠΟΣΟ ΜΑ ΠΟΣΟ ΝΑ ΚΡΑΤΗΣΩ ΤΟ ΣΤΟΜΑ ΜΟΥ ΝΤΡΟΠΗ ΣΟΥ ΕΛΕΕΙΝΟ ΥΠΟΚΕΙΜΕΝΟ .ΕΣΥ ΕΙΣΑΙ Ο ΑΘΕΟΣ ΚΑΙ Ο ΥΠΗΡΕΤΗΣ ΤΟΥ ΠΟΝΗΡΟΥ ΠΟΥ ΤΟΛΜΑΣ ΝΑ ΠΑΡΟΥΣΙΑΖΕΙΣ ΤΟΝ ΘΕΟ ΣΑΝ ΝΕΡΩΝΑ ΚΑΙ ΝΑ ΠΑΙΖΕΙΣ ΜΕ ΤΙΣ ΨΥΧΕΣ ΚΑΙ ΤΟΝ ΠΟΝΟ ΜΑΣ ΝΤΡΟΠΗ ΚΑΙ ΣΕ ΟΛΟΥΣ ΠΟΥ ΤΟΝ ΑΝΕΧΟΝΤΑΙ . ΤΙ ΝΑ ΠΩ ΑΝ ΣΥΝΕΧΗΣΩ ΘΑ ΠΩ ΧΕΙΡΟΤΕΡΑ ΚΑΙ ΣΗΜΕΡΑ ΕΙΝΑΙ ΜΕΡΑ ΠΕΝΘΟΥΣ

COMBIEN DE TEMPS ENCORE JE VAIS FERMER LA BOUCHE HONTE SUR TOI MISÉRABLE. C'EST TOI L’ATHÉE ET LE SERVITEUR DU MAL, QUI OSE DIRE QUE DIEU EST UN “NÉRON” ET RIRE DE NOS ÂMES ET NOTRE SOUFFRANCE. HONTE SUR TOUS CEUX QUI LE TOLÈRENT. SI JE CONTINUE, JE DIRAI PIRE ; ET AUJOURD'HUI EST UN JOUR DE DEUIL.

Mêmes quelques ecclésiastiques ont condamné publiquement ses déclarations :

ΣΚΑΣΕ ΕΠΙΤΕΛΟΥΣ. Είμαστε παπάδες και τα λόγια μας πρέπει να είναι ΑΜΒΡΟΣΙΑ και ΝΕΚΤΑΡ στις ψυχές των ανθρώπων

FERME-LA À LA FIN. Nous sommes prêtres ; nos paroles doivent être comme de l'AMBROISIE et du NECTAR pour les âmes.