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Si vous devez vous déplacer à Madagascar

lundi 28 avril 2014 à 22:37

Pour les nouveaux venus, les transports publics peuvent constituer un défi à Madagascar. Plusieurs raisons peuvent expliquer cela. Pour sa superficie, 590 000 km2, l'infrastructure routière du pays est vétuste et sous-développée. Le réseau ferroviaire se développe mais la plupart des villes ne sont pas desservies.

Dans les centres urbains, les transports publics sont limités aux bus et minibus bondés et le chemin de fer urbain reste un projet uniquement pour la capitale, Antananarivo.

Les transports publics sont un problème bien connu dans la capitale. Il y a près de deux millions d'habitants et un total estimé de 110 000 voitures. Les rues sont souvent embouteillées, comme on le voit sur la photo ci-dessous:

Urban traffic in Antananarivo via Mada aventures CC-NC-2.0

Trafic urbain à Antananarivo via Madagascar-aventures. CC-NC-2.0

L'impact de la circulation sur les déplacements urbains est également enregistré dans cette vidéo par Viva Madagascar:

Les embouteillages sont tellement insupportables pour les habitants que le gouvernement d'Antananarivo évalue la possibilité d'installer un système de téléphérique urbain entre les deux collines les plus peuplées de la ville:

Cette ligne devra desservir la Haute Ville et Mahamasina. Toutefois, le PDS n’a pour l’instant fourni aucun détail quant au début des travaux ni au coût du projet.
En ce qui concerne l’utilisation de téléphérique urbain, la capitale se dotera d'un mode de transport en commun qui existe à la Paz.

Etant donné le coût estimé d'un tel projet (166 millions d'euros ou 230 millions de dollars pour le système de La Paz) et la pauvreté endémique de la ville, beaucoup s'interrogent sur la pertinence de ce projet. Marc Harmelle a écrit:

Plutôt que de penser construire un téléphérique, ne faudrait il pas commencer à raser les bidonvilles, reloger ces gens comme des êtres humains, soigner et scolariser leurs enfants ?

Transports publics à Madagascar

Si l'embouteillage est le problème principal dans les villes, les routes interrégionales ont aussi besoin de gros travaux d'entretien. Un billet publié sur Madagascar Tribune a fait observer qu’il reste beaucoup à faire:

11 700 km de routes à réparer dans tout Madagascar en 6 mois [...] l’OTU (Office des travaux d’urgence) va se consacrer aux travaux d‘urgence et aux entretiens provisoires des routes endommagées par les catastrophes naturelles

L'ONG Lalana (Routes, en malgache) a alerté les lecteurs sur l'état de la RN2 reliant la capitale au port principal de Madagascar, Toamasina:

Le patrimoine routier du pays se dégrade. La crise politique a complètement chamboulé le mécanisme de financement du programme d’entretien routier et des travaux d’urgence. Des dégâts, causés par les cyclones qui ont frappé le pays, l’année dernière, ne sont toujours pas réparés à l’heure actuelle. C’est le cas, entre autres, de la route nationale 2, reliant Antananarivo à Toamasina. Plusieurs mini-éboulements, des portions de route emportées par les torrents

National roads in Madagascar - viaTananews- Public domain

“Taxi-brousse” sur les routes nationales à Madagascar. Via Tana News. Domaine public

Parcourir Madagascar en transports publics est toujours une expérience unique. Le moyen le plus abordable de voyager est en taxi-brousse. Le taxi-brousse existe en nombreux types de véhicules, mais surtout comme un minibus, comme on le voit sur la photo précédente. Une fois dans une ville, en dehors de la capitale, on peut se déplacer en pousse-pousse :   

Ariniaina, auteur de Global Voices qui vit à Madagascar, a souligné que la législation a changé pour les pousse-pousse, mais il reste un moyen de transport très usité par de nombreux habitants

Rickshaw as a mean of transportation pulled by a human being has been considered a violation of human rights. So the Commune [city hall] of Antsirabe [the second largest city in Madagascar] launched the “cyclopousse” – a rickshaw pulled by a bike.  Yet, “traditional” rickshaws are still the main transportation for many Antsirabe residents.

Le pousse-pousse comme moyen de transport tiré par un être humain a été considéré comme une violation des droits de l'homme. Ainsi, la commune d'Antsirabe [la deuxième plus grande ville de Madagascar] a lancé le “cyclopousse”, un pousse-pousse tiré par un vélo. Pourtant, les pousse-pousse “traditionnels” restent le principal moyen de transport pour de nombreux habitants d'Antsirabe.

Ariniana posing with a rickshaw owner and his rickshaw in Antsirabe, Madagascar (with her permission)

Ariniaina posant avec un propriétaire de pousse-pousse et son pousse-pousse à Antsirabe, Madagascar. Utilisée avec permission.

Les transports publics tentent de rattraper la croissance rapide de la population de Madagascar, mais compte-tenu des contraintes économiques importantes, c'est prévu, pour au moins un bon bout de temps.

Le NETmundial n'a pas résolu les questions épineuses

lundi 28 avril 2014 à 22:29

Marianne Diaz et Sarah Myers sont les envoyées spéciales d'Advox au sommet NETmundial sur la gouvernance mondiale d'Internet, qui se tient les 23 et 24 avril à Sao Paulo, au Brésil. Représentants de la société civile, des entreprises et des gouvernements du monde entier y débattent de la gouvernance internet du futur dans l'ère post-Snowden. Cet article est le premier d'une série consacrée à l'événement [Liens en anglais].

Dilma Rousseff addresses the crowd at NETmundial. Photo by Sarah Myers.

Dilma Rousseff s'adresse à l'assistance du NETmundial. Photo Sarah Myers.

La conférence NETmundial s'est achevée dans la soirée du 24 avril sur la diffusion de la bien nommée Déclaration pluri-partite de Sao Paulo [Multistakeholder Statement of Sao Paulo, pdf]. Pour les représentants de la société civile, le pas en avant pour les droits de l'Internet a été moindre qu'espéré.

Les dispositions relatives à la neutralité du net et au principe de proportionnalité sont absentes de la version finale, et une section sur la responsabilité des intermédiaires manque de garanties d'une procédure équitable et de protection pour la liberté d'expression et la vie privée. Des expressions affirmant le droit à la vie privée et condamnant la surveillance illégale ont été incorporées, mais sans référence directe au lanceur d'alerte Edward Snowden comme certains participants l'avaient proposé.

  Un début prometteur

La veille, la conférence avait démarré sur une série d'interventions argumentées et énergiques de figures de proue internationales d'un Internet ouvert. Représentante de la société civile, Nnenna Nwakanma a souhaité que la confiance soit rétablie à tous les niveaux dans la discussion sur la gouvernance d'Internet, qui, dit-elle, a été érodée par la collecte, le traitement et l'interception des communications. Vint Cerf de Google a centré son intervention sur les organismes de gouvernance d'Internet, plaidant pour une plus grande transparence et responsabilité de l'ICANN et un financement renforcé du Forum de Gouvernance Internet. L'inventeur du Web Tim Berners-Lee a appelé à adopter la neutralité du net et à ce que la liberté d'expression soit traitée comme un droit fondamental à coupler avec le droit à la protection de la vie privée.

Les débats ont été ponctués de nombreuses interruptions des participants, qui déployaient des banderoles demandant à Mme Rousseff de signer le Marco Civil (ce qu'elle a fait le 23 avril) et s'élevant contre la surveillance des internautes. 

Le pluripartisme a été le mot tendance de la matinée (comme l'illustre ce diagramme du Centre pour l'Internet et la Société) – mais plus le mot était répété et moins sa définition devenait évidente. Nnenna Nwakanma avait averti dès le départ que “l'idée de l'implication pluri-partite devient confuse et perd sa signification.”

Des représentants de gouvernements ont apporté un soutien de façade au concept, avant d'affirmer avec vigueur dans leurs contributions le rôle des Etats-nations : Abdullah Abdulaziz Aldarrab, le ministre saoudien des Communications et de la Technologie, a appelé l'Internet “le droit des gouvernements,” tandis que Vinay Kwatra, secrétaire adjoint au Ministère indien des Affaires Etrangères, a parlé du rôle des gouvernements comme d'un “impératif impossible à ignorer” du fait de l'expansion des rôles traditionnellement assignés à la puissance publique dans le cyber-espace. 

Réticences lors de la rédaction

Les activités du 24 avril ont tourné autour de la rédaction du document final de la conférence, un processus qui a créé des tiraillements certains parmi les participants. Plutôt que d'inclure une multiplicité d'opinions dans le texte, le comité de haut niveau présélectionné a préféré élaborer un document approchant un “consensus approximatif” entre les nombreuses parties prenantes.

Les participants étaient admis à observer sans intervenir à l'intérieur de la salle de rédaction pendant que les membres du comité débattaient des clauses. Certains ont insinué que les lobbyistes des grandes entreprises ont eu une présence excessive dans la salle, et que la représentation réduite de la société civile a pu contribuer à affaiblir les résolutions. Le comité se composait de représentants des douze gouvernements “hôtes” de l'événement (Afrique du Sud, Allemagne, Argentine, Brésil, Corée du Sud, Etats-Unis, France, Ghana, Inde, Indonésie, Tunisie, Turquie), et de trois représentants de chaque communauté “pluripartite” : entreprises, université, société civile et communauté technique de l'Internet.

Le document final reçu dans le silence

Des participants tiennent une banderole anti-surveillance au NETmundial. Photo Sarah Myers.

Quand le texte a été enfin présenté à l'assistance, avec deux heures de retard, il a été accueilli dans un silence quasi général des participants épuisés, avec quelques rares applaudissements aux mentions de la surveillance. Le public a offert une petite ovation debout en réponse aux principes de gouvernance de l'Internet inclus dans le document.

Le président de l'ICANN Fadi Chehade a paru satisfait des résultats. “Voilà comment nous allons nous mettre à bâtir un Internet pour tous,” a-t-il déclaré. “Pour aller vite il faut aller seul, mais pour aller loin il faut aller ensemble. Alors allons-y tous ensemble.”

Des représentants gouvernementaux, et notamment ceux de Cuba, de l'Inde et de la Russie, ont suspendu leur approbation du document, tout en se disant chacun admiratifs du processus.

S'exprimant pour la société civile, Stephanie Perrin a dit à l'assistance : “Vous avez notre engagement que nous ne renoncerons pas, nous serons là… nous nous réjouissons de monter la prochaine marche d'un véritable processus pluripartite.”

Si la déception devant le résultat ne fait pas de doute, les propos de nombreux participants reflétaient l'idée que le plus grand succès de la réunion est qu'elle ait eu lieu. La diversité de représentation et l'étendue du processus étaient spectaculaires, ce qui a aussi laissé beaucoup repartir du NETmundial sans ce qu'ils en espéraient.

Six membres d’un collectif de blogueurs arrêtés en Éthiopie

lundi 28 avril 2014 à 15:47
zonenine

Les six blogueurs arrêtés le 25 avril à Addis-Abeba. Photos tirées de Facebook réunies par Endalk.

Le 25 avril, six membres du collectif de blogueurs Zone Nine [am] ont été arrêtés en Éthiopie. Ils se trouveraient au centre de détention de Maekelawi à Addis-Abeba, la capitale du pays.

Les premières informations relatives à ces arrestations sont apparues sur Twitter où d’autres blogueurs et utilisateurs des réseaux sociaux ont exprimé leur soutien aux personnes arrêtées et leurs craintes concernant leur situation.

L’écrivain Bisrat Teshome qui réside à Addis-Abeba a publié le tweet suivant :

Terrifié par les représailles du FDRPE [Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens] contre les journalistes et les blogueurs. J’ai failli m’évanouir quand on a frappé à ma porte vers 19 h.

Zerihun Tesfaye, journaliste éthiopien exilé aux États-Unis, a commenté :

Tu te sens désespérément seul et impuissant lorsque presque tous tes amis critiques et courageux sont envoyés en prison pour leurs activités militantes.

Créé en 2012, le groupe Zone Nine a exploité d’importantes critiques contre les politiques et les pratiques du parti au pouvoir. Nous avons réussi à mener des campagnes en ligne afin de sensibiliser le public à la répression politique en Éthiopie. Nous avons aussi déployé des efforts à traduire des informations internationales pour les lecteurs locaux, notamment grâce à notre collaboration avec Global Voices qui nous a permis de lancer il y a deux ans une version du site en amharique.

Nous pensons avoir été surveillés par le gouvernement éthiopien depuis la mort du premier ministre Meles Zenawi. Nous avons notamment rédigé des articles critiques envers le prétendu développement économique et les autres résultats obtenus par Meles Zenwi. Bien que de nombreux médias aient couvert favorablement sa politique, nous avons démontré que celle-ci était douteuse.

Le soir de la rédaction de la version originale de cet article, le 26 avril 2014, aucune accusation n’avait encore été portée contre les membres du groupe arrêtés ce jour-là.

Malheureusement, ces arrestations viennent s’ajouter à une longue liste de détentions de ce type. Dans la banlieue d’Addis-Abeba se dresse une grande prison, Kality, où de nombreux prisonniers politiques sont actuellement détenus, parmi eux les journalistes Eskinder Nega et Reeyot Alemu. Les journalistes nous ont donné beaucoup d’informations concernant l’établissement pénitentiaire et les consternantes conditions de vie auxquelles ils doivent faire face là-bas. Kality est divisé en huit zones, la dernière, la Zone Huit est réservée aux journalistes, aux militants de défense des droits de l’homme et aux dissidents.

En nous réunissant, nous avons décidé de créer un blog pour la prison proverbiale où vivent tous les Éthiopiens. Voilà comment est né Zone Nine.

Win Tin: Le plus ancien prisonnier politique du Myanmar est mort à l'âge de 85 ans

dimanche 27 avril 2014 à 20:23
Win Tin, legendary Burmese journalist and activist, died last April 21. Photo from @hrw (Human Rights Watch

Win Tin, légendaire journaliste activiste birman, est mort le 21 avril. Photo de @hrw (Human Rights Watch

U Win Tin, le journaliste vétéran birman et activiste pro-démocratie, est mort d'une insuffisance rénale le 21 avril 2014 à l'âge de 85 ans.

Avant l'arrivée au pouvoir de la junte militaire en 1960, Win Tin était rédacteur en chef du quotidien le plus connu du Myanmar. En 1988, il  a participé à la création du parti d'opposition, la Ligue Nationale pour la Démocratie (NLD) et a soutenu la candidature d'Aung San Suu Kyi.

Accusé d'être communiste, il a été arrêté et emprisonné en 1989. Après trois ans passés en prison, sa condamnation a été prolongée pour rébellion. En 1996, il a à nouveau été condamné à 7 ans d'emprisonnement pour avoir adressé aux Nations Unies un rapport de 83 pages sur les conditions déplorables de détention au Myanmar.

Il a enfin été libéré en 2008 après 19 ans d'incarcération. Mais bien qu'il ait retrouvé sa liberté, il a continué à porter la chemise bleue des prisonniers par soladarité avec les autres prisonniers politiques.

Il est resté un ami fidèle d'Aung San Suu Khi même s'il a pu critiquer certaines décisions politiques qu'elle a prises, en particulier la décision de faire participer le NLD aux élections.

Win Tin était le prisonnier politique resté le plus longtemps en prison au Myanmar. Contrairement à Aung San Suu Khi qui était assignée à résidence, Win Tin était détenu dans une cellule habituellement réservée aux chiens de l'armée.

Zin Linn, ancien prisonnier politique, décrit les conditions de détention de Win Tin:

Il était seul dans sa cellule, qui mesurait 2,60 x 3,50 m et contenait pour seul mobilier une paillasse de bambou à même le sol en béton. Il dormait, mangeait, marchait et faisait ses besoins dans la même pièce. Il ne pouvait voir ni le soleil, ni la lune, ni les étoiles. Il était intentionnellement privé d'air frais, de nourriture consistante et goûteuse, et d'eau fraîche. Le pire a été de rester seul dans une telle cage pendant si longtemps.

Il parle de Win Tin comme ‘du journaliste le plus courageux de Birmanie':

Pour la junte, U Win Tin est un vrai roc. Bien qu'ils aient toujours souhaité détruire cette montagne, ils n'ont jamais réussi. Mais autant il pouvait être dur avec ses oppresseurs, autant sa tendresse et sa gentillesse avec ses camarades et les siens était sans bornes.

Kyaw Zwa Moe, rédacteur en chef de l'Irrawaddy magazine, fait remarquer que Win Tin n'a jamais fait de compromis avec la junte au pouvoir malgré sa santé déclinante:

Mais pour tout gouvernement d'oppression, Win Tin était un grand ennemi. En raison de ses activités politiques, l'ancien régime l'a laissé en prison pendant près de 20 ans, l'a torturé, lui a supprimé son traitement médical et lui a confisqué sa maison. Quand ils ont fini par le libérer en 2008, ils l'ont fait sur caution. Et malgré la pression qu'il subissait il n'a jamais renié de ses principes.

Ye Htut, ministre chargé de l'information, a fait paraître un communiqué pour le compte du government:

Nos opinions politiques sont différentes de celles de Win Tin, mais nous saluons tous son engagement pour ses convictions et ses sacrifices. Bien que nous ne soyons pas d'accord avec lui, nous respectons ses intentions sincères de développer le pays et d'en faire une nation démocratique et prospère à sa manière. Nous pensons que la mort de U Win Tin est une grande perte – nous avons perdu une grande voix de la critique sur la scène politique birmane, mais les médias birmans ont aussi perdu un journaliste d'expérience et de sagesse.

Mya Aye, membre du Groupement Etudiant Génération 88, reconnaît que Win Tin était un leader altruiste et désintéressé:

On peut être fiers de lui et le considérer comme un modèle de politicien… Il ne voulait gêner personne. Il souhaitait des funérailles dans l'intimité. C'était un altruiste. Il n'était pas attaché à la propriété pour lui-même et ne souhaitait que servir son pays. Il méritait de voir ce pourquoi il s'est sacrifié.

Aung Zaw parle de Win Tin comme d'un phare pour le mouvement démocratique:

Win était un critique passionné et implacable du gouvernement jusqu'à la fin, déterminé à franchir tous les obstacles sur la longue route qui mène la Birmanie à la démocratie.

Sans notre phare, il est difficile d'imaginer comment le mouvement pour la démocratie va relever les défis de la transition démocratique imprévisible, car il y a encore beaucoup de loups déguisés en moutons.

Kay Mastenbroek, qui a fait un documentaire vidéo sur Win Tin, se souvient du défunt journaliste comme d'un homme qui osait dire “non” quand les autres disaient “oui”:

Pour moi le film raconte l'histoire d'un esprit fort et indépendant – un homme qui ose dire “non” quand tous les autres disent “oui”. Un homme qui aimait parfois se retrouver seul, mais qui appréciait aussi la compagnie des nombreux amis qu'il s'était fait dans sa vie. De temps en temps il pouvait se montrer têtu et rebelle, mais ce sont des personnes comme lui qui rendent les choses d'autant plus intéressantes, je crois.

Mon oncle birman va me manquer, parce que j'aurais aimé lui montrer que beaucoup de journalistes et de cinéastes vont poursuivre le travail pour un meilleur journalisme dans le pays. Il aurait apprécié cela.

Kenneth Roth, directeur de Human Rights Watch, rend hommage à Win Tin:

U Win Tin a été l'exemple du courage et de la dignité face à un règlement militaire brutal.

U Win Tin a inspiré toute une génération d'activistes qui ont répondu à l'appel et luttent pour faire de la Birmanie une démocratie respectueuse des droits.

Le mouvement américain Campaign for Burma rend les honneurs à Win Tin:

A l'heure où le mouvement poursuit sa lutte pour une Birmanie libre, nous rendons hommage à un homme qui a dédié sa vie à la cause. U Win Tin était un journaliste, un prisonnier, un chef et un modèle. Bien qu'il nous ait quittés, nous espérons pouvoir créer le pays dont U Win Tin rêvait: un pays représenté par l'ensemble de son peuple, libéré d'un contrôle autoritaire.

La Secrétaire Générale de La Fédération Internationale des Droits de l'Homme (FIDH) Debbie Stothard rappelle que Win Tin n'a jamais cessé de critiquer le ‘processus imparfait de réformes’ mis en place par l'actuel gouvernement civil:

Alors que tout le monde se félicitait des récents progrès faits en Birmanie, Win Tin était toujours là pour nous rappeler la triste réalité du processus imparfait des réformes entreprises dans le pays. Il va beaucoup nous manquer mais on ne l'oubliera jamais.

Les attaques à l'acide inquiètent les Colombiens

dimanche 27 avril 2014 à 20:11

(Tous les liens de ce billet sont en espagnol.)

Ces dernières semaines, de nouvelles attaques à l'acide ont mis la Colombie en état d'alerte, malgré l’instauration de lois en 2013 pour sanctionner ces agressions. Ces lois sont considérées insuffisantes pour éviter l'augmentation de ce type d'incidents, qui ont fait 926 victimes au cours des dix dernières années. Parmi toutes ces affaires, seulement trois ont été sanctionnées.

Les médias ont été mis en émoi récemment suite à l'attaque à l'acide de Natalia Ponce, une jeune fille d'une famille aisée, agressée par une connaissance qui a été arrétée par la suite. La nouvelle a provoqué des réactions sur Twitter et différents médias, rejettant à l'unanimité ces violences contre les femmes :

L'attaque à l'acide de Natalia Ponce est inadmissible ! Demain, cela peut arriver à n'importe qui. #NiUnaMás Nous avons besoin d'une justice PLUS FORTE !

Quelle tristesse, quelle impuissance et quelle lâcheté reflètent ces attaques à l'acide envers les femmes, c'est une méthode qui me laisse perplexe et sans voix.

Après l'Inde et le Pakistan, la Colombie est le troisième pays au monde comptant le plus d'attaques à l'acide contre les femmes.

Le blog Rostros sin Ácido (Des visages sans acide) publie les portraits de plusieurs femmes victimes et qui “ont décidé de se montrer afin de sensibiliser la société et d'exiger des politiques gouvernementales qui leur permettent de refaire leurs vies” :

Gina Potes, de 35 años

Gina Potes, 35 ans

Viviana Hernández, de 28 años

Viviana Hernández, 28 ans

Nubia Espita, de 33 años

Nubia Espita, de 33 ans

Cependant, le blog ¿Quién se beneficia de tu hombría? (Qui profite de ton machisme ?) apporte la preuve que les femmes ne sont pas les uniques victimes, et après avoir rejeté la stigmatisation, affirme :

Tout ceci est remarquable, car sur les 926 cas d'agression à l'acide enregistrés dans le pays au cours de dix dernières années, on retrouve parmi les victimes 471 femmes et 455 hommes. En d'autres termes : les hommes constituent 49 % des agressés, mais ils ont reçu très peu d'attention de la part des média et des hommes politiques.

Après l'agression de Natalia Ponce, deux autres cas sont survenus : le 2 avril, Sorleny Pulgarín, 23 ans, a été attaquée avec de l'acide dans le quartier d'Engativá, au sud de Bogotá. Ensuite, il y a eu la tragique mort d'Alejandro Correa le 9 avril, agressé dans la municipalité de la Estrella, Antioquia, apparemment par jalousie. 

Les autorités ont découvert le présumé mensonge d'Inés Carrillo, qui aurait feint être victime d'une agression à l'acide dans le but d'obtenir la compensation de 75 millions de pesos (environ 28 000 €) offerte par le gouvernement, ce qui a provoqué la colère des internautes :

L'ignorance et l'avarice d'Inés Carrillo, victime présumée d'une attaque à l'acide, pourrait la conduire à la prison.

La demoiselle Inés Carrillo de Bosa n'a pas été agressée avec de l'acide, elle s'est brulée dans un accident domestique, sa famille a voulu obtenir la compensation.

Des associations ont été créées et des initiatives ont été proposées afin de combattre ces attaques qui affectent de manière psychologique et physique les victimes. Cependant, la population continue d'exiger des solutions, tout comme le “Prof” dans son commentaire sur le site El Líder.com, où il réclame la restriction de la vente d'acide :

Se debe prohibir la venta libre de este producto igual como lo hacen con las armas, su venta es supervisada por el ejercito, se debe tomar registro de los vehículos que se les cambie el acido y la policía debe ser conocedora de estos.

La vente libre de ce produit doit être interdite, tout comme pour les armes, sa vente doit être supervisée par l'armée, il faut enregistrer les véhicules dont l'acide est changé et la police doit être au courant de ces faits.