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Wikimonuments : A vous de proposer votre patrimoine culturel !

dimanche 29 septembre 2013 à 13:32

Comment penser “monuments” sans bâiller : statues de marbre, obélisques, histoires tombées dans l'oubli… Pendant tout le mois de septembre, Wikimedia a hébergé le concours de photos WikiLovesMonuments, pour revivifier l'idée de monuments et la nécessité pour tous de s'y attacher.

C'est un concours qui se centre sur le patrimoine culturel, mobilise des gens du monde entier pour collecter des informations visuelles sur leurs communautés – informations rendues disponibles gratuitement par Creative Commons. Wikimedia, le groupe qui gère Wikipedia et de nombreux autres projets, “est un mouvement mondial dont la mission est d'apporter du contenu éducatif gratuit au monde.”

Alors, en quoi ces monuments et ce concours de photo rentrent-ils dans le concept Wikimedia ? WikiLovesMonuments explique :

“Le patrimoine culturel est une part importante du savoir que Wikipedia collecte et diffuse… Une image vaut mille mots, dans toutes les langues à la fois et les passionnés sur place peuvent (re)découvrir la signification culturelle, historique ou scientifique de ce qui les entoure.”

Interaction avec le public

WikiLovesMonuments donne au public la possibilité de s'approprier ce patrimoine. Les monuments peuvent être anciens voire pour certains sans rapport avec la vie quotidienne ; dans le processus de les photographier et de les mettre en ligne, chacun a la capacité de signifier que ‘ceci est quelque chose d'important dans ma communauté – il représente suffisamment ma communauté pour que je le photographie.’

What we might expect to see when we think of monumental photos: a statue of a man in armor (Bolivia). Photo by Briancovz.

Ce que nous nous attendons à voir en pensant “photo de monument” : une statue d'un homme en armure (Bolivie). Photo de Briancovz.

La règle essentielle du concours – couronné de prix – est que pour y figurer, le monument que l'on choisit de photographier doit être officiellement reconnu et enregistré par un organisme culturel, autrement dit, l'UNESCO. Cette règle est en pratique étonnamment souple. Plutôt que la photo élémentaire d'un édifice, “monument” s'entend à chaque fois de manière créative et inhabituelle. Une photo de parc national, répertorié comme monument national, devient un portrait d'oiseau sauvage. Un lieu de culte est représenté par son reliquaire, et la cuisine d'un pays par un bol de pousses de bambou. Ce sont tous, également, des monuments.

The Austin Roberts Bird Sanctuary in New Muckleneuk, Australia, is a protected heritage site. Here, the photographer chose to represent this monument with one of it's inhabitants. Photo by Leo za1.

La réserve ornithologique Austin Roberts à New Muckleneuk, Australie, est un site de patrimoine protégé. Le photographe a choisi ici de représenter ce monument par un de ses habitants. Photo de Leo za1.

The not-so monumental: a shrine made register of national monuments in China - this is one item they keep on display. Photo by Shizhao.

Pas si monumental : un lieu de pèlerinage devenu registre de monuments nationaux en Chine – ces monnaies y sont présentées à l'intérieur. Photo de Shizhao.

This fence detail in Serbia of three wooden hats is outside a cafe from the "old town" in Belgrade, on the cultural heritage list. Photo by Krumb77.

Ce détail d'une clôture avec trois chapeaux en bois se trouve devant un café dans la Vieille Ville de Belgrade, un quartier entièrement sur la liste du patrimoine culturel. Photo de Krumb77.

Chaque contributeur peut ainsi investir la notion de “ce qu'est un monument”, en décidant de l'élément de ce ‘monument’ qui en représente le mieux la totalité. Le participant a ainsi la possibilité de montrer, même anonymement, son idée de patrimoine doté de sens.

These vegetarian dishes were entered in the Chinese WikiLovesMonuments competition. They have no national monument registration number - but to someone, they are monumental. Photo by Shizhao.

Ces plats végétariens ont été proposés au concours chinois de WikiLovesMonuments. Ils n'ont pas de numéro d'inscription de monument national, mais pour quelqu'un, ils sont monumentaux. Photo de Shizhao.

Certains des monuments photographiés cette année (quatrième édition du concours) sont célèbres : la tour Eiffel, la Grande Muraille, etc… mais l'objectif de l'opération est aussi de documenter des lieux inconnus.

A Norwegian monument, with carved hollows from possibly the stone age. Photo by Ilme Parik.

Un monument norvégien (un rocher), avec des entailles qui pourraient dater de l'âge de pierre. Photo de Ilme Parik.

Et puis il y a aussi des monuments simplement inattendus…

These ruins from an earthquake in Tangshan, China, were identified as a national monument. Photo by Tiansworldathere

Ces ruines d'un tremblement de terre à Tangshan, en Chine, ont été identifiées monument national. Photo de Tiansworldathere

Mode d'emploi

Après vous être inscrit(e) et avoir pris une photo, vous pouvez la mettre directement en ligne sur Wikimedia Commons à partir de votre téléphone (s'il fonctionne sous Android), ou d'un ordinateur. A la fin du mois, les gagnants seront désignés aux niveaux national et international (plus quelques concours spéciaux). Cette année, ce sont 40 pays qui ont participé à cette collecte mondiale.

Vous trouverez des photos par pays sur le site de wikimedia, et pouvez les suivre sur @wikimonuments

Précision de l'auteur : tous les pays chargeant des photos sur WikiLovesMonuments ne sont pas éligibles au concours, par exemple l'Australie. Les pays qui peuvent concourir sont listés ici.

Kirghizistan : “Il est impossible de faire la propagande de l'homosexualité”

dimanche 29 septembre 2013 à 11:56

L'éminent blogueur kirghize Bektour Iskander réfléchit [russe] à la nouvelle loi bannissant la ‘propagande’ homosexuelle en Russie et aux spéculations selon lesquelles certaines ONG des droits de l'homme kirghizes seraient engagées dans une telle propagande :

Il est impossible de faire la propagande de l'homosexualité. Parce qu'un hétérosexuel ne peut pas devenir gay, même si il/elle communique avec des centaines de gays chaque jour…

Une orientation sexuelle ne peut pas être imposée ou implantée dans les gens. Parce que ce n'est pas une tendance politique ou une préférence musicale. Parce qu'une personne naît avec.

Pour un ministre ougandais, les femmes qui portent des tenues indécentes cherchent à se faire violer

samedi 28 septembre 2013 à 22:24
A screenshot from the petition calling for the minister's resignation.

Une capture d'écran de la pétition appelant à la démission du ministre.

Selon le Ministre de la jeunesse ougandais [anglais], Ronald Kibuule, les femmes qui portent des tenues indécentes cherchent à se faire violer, et les suspects qui ont violé ces femmes devraient être libérés. Il a également dit que, dans les cas de viol, la police devrait d’abord vérifier la tenue vestimentaire des victimes, et si elles étaient habillées indécemment, elles devraient être également accusées d’incitation au crime.

Kibuule a formulé ces remarques dans le comté de Kajara, district de Ntungamo le samedi 21 septembre 2012, alors qu’il assistait au lancement de la Société d'épargne et Coopérative de Développement des Jeunes de Kajara. Les commentaires sont parus dans l’édition du 24 septembre 2013 du journal ougandais Daily Monitor [anglais]. Cependant, l’article n’a pas expliqué dans quel contexte Kibuule a fait ses remarques.

Le Parlement a convoqué [anglais] le ministre à comparaître devant lui pour expliquer le commentaire qu’il a fait la semaine dernière.

Les internautes ougandais ont répondu avec fureur aux commentaires en utilisant le hashtag #Kibuule sur Twitter. Ceux qui réclament sa démission utilisent les hashtags #KibuuleMustGo et #KibuuleOut.

Une pétition [anglais] sur Change.org réclame sa démission :

Par ces mots, M. Kibuule encourage le viol des femmes en fonction de leur tenue vestimentaire; il excuse les violeurs pour leurs crimes contre des soi-disant femmes en tenue légère et il fait en sorte que les victimes de viol aient peur de se manifester par crainte d’être persécutées pour avoir été violées. Il devrait perdre immédiatement son poste puisqu’il ne représente manifestement pas le bien-être de ses concitoyens.

Rosebell Kagumire (@RosebellK), une journaliste en ligne ougandaise, a écrit :

4000 enfants dans le nord de l'Ouganda sont souillés tous les ans, je parie que Kibuule pense que c'est parce qu'ils étaient provocants! Des idiots au pouvoir!

Wandera Samuel (@wandyBlackstig) s’est interrogé d’où vient la réflexion du ministre :

Kibuule s'assoit sur le divan, zappe les chaînes de télévision, se gratte les couilles, pense à soi—> les filles en minijupes devraient se faire violer

Linda (@LindaNEK), une femme d’affaires ougandaise, s’est moquée de l’autorité morale du ministre :

Kibuule est moralement incompétent pour donner une opinion importante sur des questions morales, compte tenu en particulier du fait qu'il est un polygame

Mark Namamanya (@mnamanya), un journaliste sportif, a fait remarquer:

Dans la plupart des sociétés, le clown qu'est Kibuule aurait tenu une conférence de presse sur sa démission aujourd'hui. Malheureusement, l'Ouganda n'est pas la plupart des sociétés

Gordon G Ananura (@NgabiranoIV) a rejoint ceux qui se sont moqués du ministre :

Je savais que le Ministre Kibuule n'est pas sérieux

Toutefois, quelques Ougandais comme Ibrahim Batambuze (@TheBigPapaa) ont soutenu l’hypothèse du ministre :

Je crois que vous avez tout faux sur Kibuule. Dire que les femmes de cette catégorie devraient plutôt être arrêtées ne fait pas lui un défenseur de viol

Je suis tout à fait d'accord avec vous. Si vous laissez votre porte ouverte et que vous vous faites cambrioler, qui est à blâmer pour votre stupidité?

Un journaliste marocain arrêté pour avoir fait allusion à une vidéo terroriste

samedi 28 septembre 2013 à 19:27
View on the medina of Casablanca in Morocco. Photo by Pawel Ryszawa via Wikimedia Commons (CC BY-SA 2.0)

La Médina de Casablanca, au Maroc. Photo de Pawel Ryszawa via Wikimedia Commons (CC BY-SA 2.0)

La version originale de ce billet a été mise en ligne sur le blog [en anglais] de la Fondation Electronic Frontier.

Ces dernières années, le Maroc a fait d'énormes progrès en termes d'accès à Internet en faveur de ses 32,5 millions d'habitants. Entre 2008 et 2013, le nombre d'internautes est passé de 10,2 à 17,8 millions, ce qui a participé à la croissance du secteur des technologies de l'information du pays. Le gouvernement marocain a débloqué d'importants fonds afin de développer l'accès à Internet dans les écoles et d'élargir ses plateformes numériques administratives. Durant l'été 2013, les Marocains ont vivement réagi à la grâce accordée par le roi à un pédophile espagnol ; la campagne en ligne menée en réaction a rencontré un tel succès [en anglais], et ce pour la première fois dans le pays, que la grâce a été annulée et l'homme arrêté de nouveau (en Espagne).

Malheureusement, et malgré des informations faisant état d'un allègement de la surveillance de la Toile par les autorités, le gouvernement marocain a également mis des moyens dans le “ciblage” des journalistes et des dissidents. L'année dernière a ainsi vu une augmentation du nombre d’arrestations d'utilisateurs de médias sociaux [en anglais] tandis que, plus récemment, un journaliste a été inculpé pour diffamation criminelle [en anglais] suite à un article relatif à la corruption gouvernementale qui aurait embarrassé un ministre haut placé.

Le 17 septembre dernier, un autre journaliste a été arrêté suite à un article dans lequel il évoquait l'action de forces se montrant critiques envers le gouvernement marocain. Ali Anouzla, rédacteur en chef de l'édition arabe du site d'information Lakome – dont il est aussi un des co-fondateurs –, a été emprisonné sans aucune charge mais suite à un article publié le 13 juillet qui évoquait une vidéo mise en ligne, a priori par Aqmi (Al-Qaida au Maghreb islamique), sur YouTube. Si l'article de Lakome ne contenait pas de lien vers la vidéo, il faisait néanmoins référence à une publication d’El País, qui, elle, contenait un lien direct vers le film en question.

La vidéo, qui a apparemment été retirée de la plateforme YouTube à la demande des autorités marocaines [en arabe], critiquait le roi du Maroc et appelait les jeunes à rejoindre le Djihad. Selon le Comité pour la protection des journalistes [en anglais], le procureur général du Maroc a déclaré que le fait de relayer par voie de presse des menaces émanant d'Al-Qaida était criminel et que les victimes d'attaques terroristes perpétrées dans le pays avaient demandé d'enquêter à ce sujet sur plusieurs publications partageant le lien vers la vidéo, voire la diffusant.

Plusieurs sources marocaines ont indiqué qu'Ali Anouzla était emprisonné à Casablanca et avait été empêché, tout d'abord, de rencontrer tout avocat. Selon Amnesty International [en anglais], ses avocats ont reçu l'autorisation de lui rendre visite le vendredi 20 septembre. Dans le cadre d'affaires liée au terrorisme, le Code pénal marocain permet aux autorités de retenir un suspect en garde à vue jusqu'à douze jours et d'empêcher tout contact avec un avocat pendant six jours.

Le 18 septembre, plus de 200 personnes ont manifesté devant la brigade de la police judiciaire pour prôner la liberté d'expression et demander la libération d'Ali Anouzla.

Une bonne excuse

L'histoire récente marocaine est emplie de ce genre d'affaires, dans lesquelles les autorités visent un journaliste ou un organe de presse pour des infractions mineures dans le but de les faire taire. En 2007, le nouveau magazine avant-gardiste Nichane fut interdit de parution deux mois durant pour avoir publié un florilège de blagues populaires marocaines, dont certaines avaient été jugées par les autorités insultantes à l'égard de la monarchie. En 2009, le site d'information Akhbar Al-Youm fut quant à lui interdit [en anglais] après avoir mis en ligne un dessin considéré comme une injure faite au drapeau national ; ses responsables avaient été accusés d'avoir “sali le drapeau national” et “manqué de respect au prince”. Mais sans doute le cas le plus connu est-il celui d'Ahmed Benchemsi, fondateur de Nichane et ancien rédacteur en chef de TelQuel, qui choisit de s'exiler à la suite de la fermeture définitive de Nichane, en 2010.

Bien que le gouvernement soit parvenu à faire disparaître un bon nombre de publications papier au fil des ans, il lui est plus difficile de réduire au silence les médias en ligne. Alors qu'il interviewe, en juillet 2012, le co-fondateur de Lakome et journaliste de renom Aboubakr Jamaï, Hasna Ankal aborde la question sans détour [en anglais] en l'interrogeant sur le rôle tenu par la presse en ligne au Maroc. Aboubakr Jamaï lui fait cette réponse :

Je pense que la presse en ligne fait du très bon travail. Ce sont ses représentants qui ont été à Taza lors des affrontements entre police et manifestants. Ils ont interrogé les gens, les ont filmés et ont diffusé leurs témoignages sur leurs sites ou sur YouTube. Cela a énormément aidé à comprendre ce qui s'était passé à Taza. Je ne pense pas que la population aurait pris conscience de la réalité des choses si Lakome et ses confrères en ligne n'existaient pas.

Lakome, dont le site est hébergé par un serveur canadien, s'est associé au mouvement du 20 février [en anglais] prônant la démocratie, la liberté d'expression et d'autres valeurs progressistes, et constitue de ce fait une cible facile pour le gouvernement marocain. L'“excellent” article d'Ali Anouzla sur le #DanielGate et la récente campagne qui a vu le roi revenir sur la grâce accordée au pédophile espagnol Daniel Galvan a par ailleurs plusieurs fois été cité comme une raison vraisemblable à ce qu'il soit dans le collimateur.

Tout comme nos collègues de l'Electronic Frontier Foundation (EFF), Global Voices Advocacy voit dans l'arrestation d'Ali Anouzla une nouvelle tentative du gouvernement marocain de réduire au silence les voix critiques et indépendantes s'exprimant en ligne. Nous demandons instamment aux autorités de respecter les engagements pris en termes de droits de l'homme, de permettre à Anouzla de rencontrer immédiatement ses avocats et de renoncer à retenir une quelconque charge contre lui. 

Bangladesh : Nouveau tour de vis sur les technologies de l'Information

samedi 28 septembre 2013 à 15:04
Demonstrators in Dhaka, Bangladesh. Photo by Rajiv Ashrafi, via Flickr. (CC BY-NC-SA 2.0)

Manifestation à Dacca, Bangladesh. Photo de Rajiv Ashrafi, via Flickr. (CC BY-NC-SA 2.0)

Billet d'origine publié le 18 septembre 2013 – Tous les liens associés renvoient à des pages en anglais.

Avec les manifestations qui font rage depuis le début du printemps, la persécution des blogueurs au Bangladesh a atteint son plus haut niveau cette année. Nombreux sont ceux à dire que les blogueurs et les activistes ont été arrêtés et détenus dans des conditions qui sortent des cadres légaux. Mais la loi se remet à jour.

A la fin du mois d'août, le Ministère du Droit a approuvé les amendements apportés à l’Information and Communication Technology (ICT) Act (Loi sur les Technologies de l'Information et de Communication) [pdf] qui renversent les procédures actuelles, augmentent les sanctions pénales en cas de violations des lois et surtout  qui permettent les arrestations arbitraires, sans mandat et les détentions des contrevenants suspectés. Incontestablement, la version originelle de l'ICT Act présentait de nombreux problèmes lorsqu'il parvint à la connaissance des commentateurs en ligne , et les nouveaux amendements ne feront que les exacerber.

Adopté rapidement en 2006 par le gouvernement précédent (dans l'opposition aujourd'hui) lors des dernières semaines de son mandat, la loi concerne différentes formes de piratage, de protection des données, d'interférence avec les systèmes et les matériels informatiques, les “crimes commis à l'aide d'un ordinateur” et  les moyens d'expression spécifiques en ligue. La section 57 de la loi criminalise “la publication d'informations erronées, obscènes ou diffamatoires sous une forme électronique” :

Si de manière délibérée, une personne publie ou transmet ou cause la publication ou la transmission de toute information erronée et obscène sur un site internet ou sous une forme électronique ou si son effet est tel qu'elle provoque la dépravation ou la corruption de personnes qui pourraient lire, voir ou entendre le message contenu ou inclus, compte tenu des circonstances ; ou cause la détérioration ou crée la possibilité de nuire à l'ordre public, de porter atteinte à l'image de l'Etat ou d'une personne ; blesse ou est susceptible de blesser les croyances religieuses ; incite à nuire toute personne ou organisation, alors cette activité sera considérée comme un délit.

Les références qui nuisent à “l'image de l'Etat” et causent la “détérioration” de l'ordre public semblent avoir été montées pour cibler des voix qui critiquent le gouvernement. Sous ces termes vagues, les autorités peuvent facilement accuser tout individu qui élève la voix contre la politique du gouvernement ou qui tente de signaler des actes de corruption de fonctionnaires. Le spécialiste de droit constitutionnel Shahdeen Malik a qualifié de “ridicule” la Section 57 et a déclaré que si elle n'était pas retirée de la loi, cela ramènerait le pays aus “le Moyen Âge”. 

La loi stipule aussi de manière spécifique que les délits commis en ligne seront punis plus sévèrement que ceux commis hors connexion.

Les amendements à cette loi, qui ont été apportés fin août par un décret présidentiel (court-circuitant l'approbation par le parlement), l'ont rendue encore plus inquiétante. L'un des amendements accorde aux autorité d'application des lois des pouvoirs illimités contre les accusés, autorisant les policiers enquêteurs à jouer le rôle à la fois du jury et de l'exécutant. Les agents peuvent arrêter un suspect sans mandat ou par n'importe quel moyen d'approbation judiciaire et garder cette personne en détention pour une période indéterminée, sans qu'elle ait droit à une libération sous caution. 

L'autre amendement significatif conduit à ce que les accusés concernés par les sections 54, 56, 57 et 61 (détérioration de systèmes informatiques, piratage, publication de contenu erroné, intrusion) ne puissent ni être libérés sous caution ni faire appel. Une peine minimale de 7 années d'emprisonnement est instaurée pour ces délits, pouvant augmenter jusqu'à un maximum de quatorze années contre 10 antérieurement. Il est intéressant de noter que les sanctions restent identiques pour tout type de crime commis en ligne, allant des délits liés au discours jusqu'aux failles majeures de sécurité.

Ces amendements ont aussi mis la loi en contradiction avec la loi nationale sur le droit à l'information. Adoptée en 2009, cette loi reconnaît la liberté d'expression comme l'un des droits de base des citoyens et encourage les organisations gouvernementales et non-gouvernementales à assurer la transparence et contrôler la corruption. 

En résumé, la nouvelle loi paraît écrite, et désormais peaufinée, pour satisfaire les besoins politiques des gouvernants qui souhaitent garder une large maîtrise sur les voix critiques provenant de la société. Beaucoup craignent que cette loi puisse être utilisée pour emprisonner indéfiniment ceux qui critiquent le pouvoir, sans droit à une mise en liberté sous caution, accordant ainsi le pouvoir absolu aux services d'enquête et laissant les citoyens avec très peu de recours possibles. 

Rezwan a contribué aux recherches pour ce post depuis Dacca.