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Slovaquie : Peut-on comparer les revenus des Roms et ceux de leurs voisins ?

jeudi 11 octobre 2012 à 13:53

D'après les conseils de politique économique de la Banque Mondiale pour l'intégration des Roms dans la république slovaque [en anglais, .pdf], publiés en juillet 2012, “il y a environ 320.000 personnes ou 72.000 familles [roms] [en Slovaquie] et la croissance annuelle de cette population est estimée à 1,8%, ce qui revient à ce que quelque 1.200 nouvelles familles roms se forment chaque année.”

Cette large communauté en augmentation rapide est pourtant marginalisée, et sa situation est précaire, dans de nombreux cas comparable à celles qu'on trouve en Afrique sub-saharienne et en Asie du Sud :

[…] Chez les Roms 20% seulement des hommes en âge de travailler et 9% pour les femmes ont un emploi, contre respectivement 65% et 52% dans l'ensemble de la population slovaque. Ces pourcentages sont également bas pour les normes de la région, moins de la moitié de ceux de Bulgarie, République Tchèque et Roumanie. En outre, les niveaux de salaires chez les Roms qui ont un emploi sont en moyenne la moitié de ceux que touche la population générale. […]

[…] Les conditions de travail terribles des Roms marginalisés de Slovaquie se traduisent par un fossé inhabituellement large dans le PIB par tête entre Roms et population générale. Dans la population générale slovaque, le PIB moyen par tête est d'à peu près 13.000 Euros par an, ce qui place la Slovaquie parmi les 25% de pays les plus riches au monde. En même temps, le produit moyen par tête des Roms slovaques n'est que de 1.400 Euros par an. En termes de pouvoir d'achat, les niveaux de PIB relevés chez les Roms slovaques sont, une fois encore, équivalent aux niveaux observés dans des pays d'Afrique sub-saharienne et d'Asie du Sud appartenant aux 25% les plus pauvres dans le monde. Une autre image de ce fossé, est que le produit mensuel par tête dans la population générale slovaque est du même ordre de grandeur que le produit annuel par tête chez les Roms slovaques. […]

Les recommandations de la Banque Mondiale paraissent toutes simples. En deux mots, améliorer la situation, et cela ira mieux pour chacun :

[…] L'intégration des Roms est évidemment de l'intérêt économique national de la Slovaquie. Le PNB slovaque serait plus élevé de 3,1 milliards d'Euros si les Roms avaient les mêmes opportunités d'emploi et niveaux de salaires que les non-Roms. […]

Le 7 octobre, le quotidien SME newspaper a publié un graphique [en slovaque] du rapport (en page 14 du document pdf), avec la composition détaillée des revenus de ménages roms et non-roms voisins en Slovaquie :

Comparaison des sources de revenus de ménages voisins, roms et non roms. En bleu : revenus salariaux, rouge : indemnités de chômage, vert : pensions, violets : aide sociale, turquoise : allocations familiales, orange : revenus de travail non salarié. (Source: Recommandation de politique économique pour l'intégration des Roms en République Slovaque, Banque Mondiale.)

Le revenu mensuel d'une famille rom (qui a en moyenne plus d'enfants qu'une famille non-rom) est de 528 € - dont 172€ proviennent des allocations familiales, 132€ de l'aide sociale, 130€ des gains salariaux, 46€ des pensions, 44€ des indemnités de chômage et 4€ d'activités de travail indépendant.

Ses voisins non-roms ont un revenu familial mensuel de 773€, qui consiste en 488€ de salaires (le salaire minimum mensuel en Slovaquie est de 327€), 111€ de pensions, 101€ d'allocations familiales, 52€ d'aide sociale, 18€ d'indemnités de chômage, 1€ de travail non salarié.

La Banque Mondiale recommande entre autres de “maintenir un filet de sécurité solide” pour les individus les plus démunis. D'autre part, le rapport relève que “en République Slovaque, les perceptions que les chômeurs ne sont pas motivés pour trouver du travail sont particulièrement prégnantes, les deux tiers des personnes interrogées affirmant que les chômeurs ne veulent pas travailler. De plus, 40% disent que les prestations sociales rendent les gens paresseux.”

En janvier 2012, Global Voices publiait un texte sur le dilemme “travail ou argent” en Slovaquie [en anglais] : les commentaires d'internautes cités y reflétaient certaines des attitudes et réflexions usuelles sur les questions du chômage et de la protection sociale, tout en offrant un utile aperçu de la raison d'être dans la société slovaque de ces “perceptions” mentionnées dans le rapport de la Banque Mondiale.

Voici une nouvelle série d'opinions d'internautes sur les questions complexes soulevées dans le rapport de la Banque Mondiale, choisies dans le débat généré par l'article de SME du 7 octobre.

mum:

[…] il faut dire que nous qui sommes à la base n'avons aucune idée de combien de millions d'Euros des fonds européens et autres ressources analogues destinés aux Roms les politiciens se sont déjà mis dans leurs propres poches.

ius resistendi et contradicendi:

Que voulez-vous dire par là ? Qu'il faut leur en donner plus [aux Roms chômeurs], ou qu'il faut taxer davantage les familles normales qui travaillent ?

pepo:

Pour être clair, je suis un Tsigane [slovaque : Cigan]. Dans ma vie, Je n'ai pas demandé ni jamais reçu aucune aide financière. […] Toute ma vie j'ai eu à faire au moins deux fois plus d'efforts qu'un membre de la majorité.

KAROL:

Les chiffres disent que si on travaille on a 250 Euros de plus que si on ne travaille pas - ça n'est pas très motivant.

dagupan:

Donc, pour passer 320 heures par mois au travail ensemble (deux personnes qui travaillent) notre Etat donne un supplément de 240€ [la différence entre les revenus familiaux de Roms et non-Roms]. Ce qui fait, autant que je sache, 6 Euros par jour par travailleur. […] Pourquoi les asociaux iraient travailler dans ces conditions ? Il faudrait être idiot.

julius:

Il faut aussi tenir compte des charges, pas seulement des rentrées.
Loyer = 0, eau = 0, chauffage = 0, électricité = 0, gaz = 0, transports = 0, enlèvement des ordures = 0, impôts locaux = 0
J'en déduis qu'une famille slovaque moyenne a beaucoup moins d'argent pour la nourriture, l'habillement, l'hygiène etc… qu'une famille Rom moyenne. Et pourtant il leur faut travailler pour ça.

TimmyA:

C'est un raisonnement complètement faussé. Ce réseau de 'secours' est la cause de ce que beaucoup de femmes Rom douées ne reçoivent aucune chance d'étudier. Dès que la fille atteint ses 15 ans, papa décide qu'il faut rapporter et la fille est contrainte à procréer pour obtenir des allocations familiales.

Ma mère a enseigné toute sa vie et racontait qu'elle a eu quantité de filles Roms douées, mais quand elles arrivaient à l'âge de procréer, la famille les forçait, au lieu d'aller au lycée, à atterrir en congé de maternité. Soutenir quelque chose de la sorte est totalement contre-productif.

MilankoWww:

Statistique et préjugés racistes ont un fondement commun. Quand on dit “ils ont un revenu plus grand de par leurs enfants que du travail” - c'est supposé être les chiffres qui aident à comprendre le problème. Quand on dit “ils vivent de l'aide de l'Etat et des prestations sociales” - c'est du racisme et ne devrait pas en être, car cela ne prend pas en compte les individus.

Venezuela : Réflexions suite à la victoire d'Hugo Chavez

jeudi 11 octobre 2012 à 11:12

[Liens en espagnol et en anglais] Dimanche 7 octobre, l'émotion était forte au Venezuela suite a l'annonce des résultats de l'élection présidentielle [en]. Hugo Chavez, président sortant, a été réélu avec 55.14% des voix, contre 44.24% pour le candidat de l'opposition Henrique Capriles, selon le Conseil National Électoral.

Une partie de la population a célébré la poursuite de la  'Révolution bolivarienne‘ de Chavez, alors que du côté des opposants on déplorait une nouvelle défaite électorale.

Réflexions des partisans de Chavez

Tamara Pearson dans Venezuelan Analysis [en] qualifie les résultats de dimanche de “victoire imparfaite”. Elle affirme que malgré l'état d'esprit victorieux des partisans de Chavez dimanche soir, elle s'est sentie “un peu abattue”.

car six millions de personnes ont soutenu, en votant pour Capriles, l'égoïsme (il avait centré sa campagne sur le fait que le Venezuela mette fin à la solidarité envers les autres pays) ainsi que la destruction et la vente du pays.

Elle analyse les raisons pour lesquelles la brèche entre l'opposition et Chavez est en train de se resserrer. Vu depuis cette perspective, “l'opposition sortira renforcée” par conséquent “la révolution ne peut pas se laisser aller” :

Si nous ne mettons pas fin à la corruption et la bureaucratie durant le prochain mandat, nous pourrions perdre cette révolution. Maintenant que les élections sont terminées, nous avons deux grandes questions à nous poser : Comment approfondir la révolution? Survivra-t-elle?

Supporters of President Hugo Chavez during the presidential elections on October 7, 2012. Photo by Alejandro Rustom. Copyright Demotix.

Partisans du président Hugo Chavez le jour de l'élection présidentielle le 7 octobre 2012. Photo d'Alejandro Rustom. Copyright Demotix.

Antonio Aponte, du blog Un Grano de Maíz [es] félicite les partisans de Chavez pour la victoire, cependant son regard se tourne aussi vers les futurs défis de la Révolution bolivarienne. Il analyse également la distance qui se resserre entre les partisans du gouvernement et ceux de l'opposition :

[…] nous passons de 26% à seulement 10% de différence aux résultats des élections. Nous perdons presque 20% de nos voix, les analyses montrent que nous les avons perdues chez les classes pauvres, sans augmenter le nombre de voix des classes moyennes.

Pourquoi ce déclin? La réponse réside dans l'essence du Socialisme, sans la comprendre nous allons tout droit vers l'échec : l'essence du Socialisme c'est l'amour, les liens fraternels, dans le sens de l'appartenance à la société.  L'essence du capitalisme c'est l'égoïsme, les solutions individuelles. C'est ça le fondement de la bataille, la lutte féroce entre égoïsme et amour, et c'est dans ce sens que nous devons diriger nos efforts.

Il conclut que les “révolutionnaires” doivent acquérir de toute urgence une “culture de la discussion” : “Sans discussion une révolution se meurt” :

Les études, les discussions doivent constituer les principales tâches de la société. L'ignorance est contre-révolutionnaire. Vive Chavez !

 

Réflexions de l'opposition 

De nombreux blogueurs ont suivi de près la campagne de Capriles, enthousiasmés par ce qui semblait être le moment adéquat pour un changement au Venezuela. Ils ont rapidement réagi aux résultats, partageant leur tristesse et leur déception, tout en faisant leur autocritique.

Alex Boyd [en] affirme sur son blog qu'il “ne s'attendait pas à un résultat différent”. Il publie une carte des résultats et ajoute une réflexion sur la fraude électorale :

Hugo Chávez a de nouveau mis une raclée à l'opposition. Six ans, et la plupart de mes compatriotes choisissent encore Chavez. C'est bien, je n'ai aucun problème avec ça. Le bon côté des choses, c'est que Henrique Capriles, Leopoldo Lopez, Ramon Guillermo Aveledo entre autres ont enterré le fantôme de la fraude électorale au Venezuela. En répétant que le système avait été suffisamment contrôlé, et que l'opposition s'était occupée de placer des témoins dans tous les bureaux de votes du pays, il n'y a pas lieu de continuer à penser à la fraude.

Selon Manuel Silva du blog No solo con la palabra, le pire pour l'opposition, à travers ses nombreux processus électoraux, est de ne pas être préparée à la défaite. Il affirme cependant que l'échec de l'opposition n'est pas politique :

L'opposition a perdu car […] la plupart des Vénézuéliens ne s'identifie pas à cette forme de gouvernement. Nous sommes prêts à accepter les abus et à nous faire marcher dessus comme mode de vie, on rend l'insécurité naturelle, on se résigne face à la misère, on accepte avec plaisir de vivre comme on l'a fait durant les dernières années: en nous détestant les uns les autres.

La blogueuse Mirelis Morales Tovar de Caracas Ciudad de la Furia affirme quant à elle que l'opposition n'a pas suffisamment appris :

nombreux sont ceux qui doivent regarder un peu plus loin. Le Venezuela ce n'est pas Caracas, ni La Lagunita et encore moins Twitter. Nous sommes un pays divisé en deux, et nous devons apprendre à regarder de l'autre côté.

D'après Alejandro Tarre, l'opposition doit se tenir prête, et continuer à proposer une alternative pour les vénézuéliens, en prenant en compte le fait que “la politique, comme la vie, n'est pas immobile, elle est fluide” et que le pays votera en décembre pour les maires et les gouverneurs :

La masse de l'opposition est bien là, le défi est simplement de la secouer jusqu'à en tirer la stupeur dans laquelle elle se trouve, pour ensuite la mobiliser. On a beaucoup dit qu'après cette grande campagne, Capriles est en position idéale pour prendre la tête de l'opposition et renforcer l'unité. Et bien voilà son premier défi. Plus que jamais nous avons besoin de notre rock star pour mobiliser les gens et parcourir le pays afin de soutenir les candidats aux postes de maires et gouverneurs.

 

Voici quelques-unes des réflexions des partisans de Chavez et de l'opposition, suite aux élections les plus intenses et les plus disputées des dernières années. De nombreuses autres réactions ont été publiées sur Twitter, média citoyen préféré de la plupart des internautes au Venezuela.

Tensions ethniques à Hong Kong

mercredi 10 octobre 2012 à 19:19

Jody-Lan Castle a produit un documentaire [en anglais] sur le problème des tensions ethniques à Hong Kong. Le gouvernement n’a pas réussi à répondre aux besoins des minorités ethniques dans des domaines tels que l’éducation et le soutien communautaire.

 

France : Le Forum mondial de la démocratie de Strasbourg

mercredi 10 octobre 2012 à 14:10

Le premier Forum mondial de la démocratie se déroule actuellement à Strasbourg (du 5 au 11 octobre  2012). Le thème  du Forum est “Entre modèles et réalités nouvelles, la démocratie à l'épreuve”. Vous pouvez suivre les débats via le hashtag #CoE_WFD sur Twitter. La directrice internationale de la liberté d'expression de l' Electronic Frontier Foundation, par ailleurs auteur de Global Voices, Jillian C. York, a pris part à une table ronde sur “La responsabilité des médias et leur potentiel pour renforcer la démocratie”. La célèbre blogueuse et activiste tunisienne Lina Ben Mhenni, qui tient le blog A Tunisian Girl, était présente mardi 9 octobre pour recevoir le  ”Prix alsacien de l'engagement démocratique” qui lui a été décerné.

#Testing123 : Des idées audacieuses contre la corruption

mercredi 10 octobre 2012 à 13:41

Le Global Integrity Innovation Fund est un projet peu conventionnel. Il s’agit d’un projet différent ! #Testing123 recherche des idées nouvelles, originales, ambitieuses et exigeantes pour lutter contre la corruption.

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