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Voyager : prenons le ‘train de la mer', au Kirghizistan

samedi 2 août 2014 à 10:35
Issyk-Kul during the tourist season. Screenshot from video uploaded onto YouTube by Alexey Nikitin.

Le lac Issyk-Koul en haute saison touristique, capture d'écran d'une video téléchargée sur YouTube par Alexey Nikitin.

Autrefois, le lac Issyk-Koul était un lieu de repos pour les nomades d'Asie centrale. Il s'agit probablement de ce qui ressemble le plus à la mer en Asie centrale. Aujourd'hui, c'est une destination touristique prisée des touristes de l'ex Union Soviétique et au-delà. Mais avant d'admirer la beauté des eaux couleur saphir et des monts environnants constellés de neige, les visiteurs de “l'oeil de Tian Shan” doivent décider comment s'y rendre. 

Les cinq longues heures de trajet en train, de la capitale Bichkek à Balyktchy sur la rive ouest du lac, ont rendu le train moins fréquenté depuis la fin de l'Union soviétique. Beaucoup de personnes possèdent une voiture maintenant  - le trajet est plus court par la route  - et certaines craignent les risques éventuels d'un voyage en train, celui présenté par les passagers qui le prennent (des personnes qui ne possèdent pas de voiture) ou les vendeurs ambulants qui parcourent les couloirs du train pour vendre des snacks, des babioles et autres objets variés.

Mais le train a toujours des amateurs. Ils voient ce voyage comme une occasion de jouer aux cartes, de lire, d'apprécier un peu plus longtemps la vue des gorges de Boom, situées à mi-chemin entre le lac et la capitale, un moment de splendeur naturelle qui vient interrompre un paysage continu de steppes. 

The Boom Gorgeas seen from the Bishkek-Balykchy train. Photo by Zukhra Iakupbaeva.

Les gorges de  Boom vues du train  Bichkek-Balykchy. Photo Zukhra Iakupbaeva.

 Le train pour Balykchy part chaque jour à 6h40 du matin. Le voyage n'est pas aussi dangereux que certains le dépeignent, et il offre aussi une occasion rare d'observer un échantillon de la société kirghize, fuyant le stress de la ville pour les plaisirs du lac, des  familles avec chien et enfants jusqu'aux personnes âgées qui investissent une partie de leur modeste retraite dans ce pèlerinage estival.

A bord, le confort est minimal : un siège-couchette dur et une table partagée avec trois autres passagers. La chef de bord n'est pas seulement le point d'informations du train, mais s'improvise aussi médecin et peut distribuer des médicaments tirés d'un sac spécial en cas de besoin. Le train n'ayant pas de wagon restaurant, les passagers apportent leur propre pitance à bord, qui est souvent le classique menu post soviétique, graines de tournesol et bière. 

Quand on demande aux voyageurs pourquoi ils ont choisi ce moyen de transport pour se rendre au lac, la plupart mettent en avant le prix (un peu plus d'un dollar, comparé aux dix dollars US que coute un siège dans un taxi collectif) et le confort de l'espace que l'on a dans un train. 

The train to Issyk-Kul is a social experience.

Le “train lent” pour Issyk-Koul est une expérience de vie en société. Photo Zukhra Iakupbaeva.

Sur Facebook, Mara Bugatti Ekin Uulu, loue la ‘démocratie naturelle’ que l'on trouve à bord du train   Bichkek-Balykchy : 

Klassno) ya v 2011 godu s'ezdil s druzyami. Eto tema. Zahotel lejish, zahotel sobral rebyat I igru mojno zamutit). Da, vot 5 chasov dolgo ((( no nado otmetit v hotel kak raz i zaselites)))) obychno s obeda) vsem horoshego otdyha) hot’ odin raz poprobuite)

C'est formidable. Je l'ai pris avec des amis en 2011. Vraiment cool. Vous pouvez vous allonger sur l'un des lits si vous voulez ou jouer à des jeux avec les passagers. Bien sûr, 5 heures, ça peut paraitre long, mais nous sommes arrivés pile à temps pour nous installer dans notre hôtel à l'heure du déjeuner)))) Je vous souhaite à tous un bon repos à Issyk-Koul. Vous devriez essayer le train au moins une fois) 

Un autre usager du train, Sapar Ibraev, commente les paysages qu'il offre :

Нууу, да ты самое интересное пропустила))) Путь назад намного красивее – закат, ночные огни города, и потом приезжаешь в прохладный вечерний Бишкек)) И в поезде после 8 вечера такая тишина всегда, все спят…

Le trajet retour, Balykchy-Bichkek, est beaucoup plus beau : coucher de soleil, lumières des villes, et ensuite vous arrivez dans la nuit fraiche de  Bichkek)) Tout est calme après 20 heures dans le train, tout le monde dort…

Le train effectue plusieurs arrêts. Cette jeune famille est montée à bord dans un village juste avant les gorges et prenait le train pour la première fois.  Yulia (à gauche ) a dit :  ”C'est assez pittoresque de voir la route à travers les gorges que nous prenons presque chaque jour de haut, depuis les montagnes.”

Train 1

Yulia et sa famille vivent dans un village entre Bichkek et Issyk-Koul. Photo  Zukhra Iakupbaeva.

La chef de bord, Zeine, 56 ans, travaille pour la compagnie nationale kirghize des chemins de fer depuis 33 ans. Quand on lui demande des anecdotes sur ses années passées dans les trains, elle se souvient de l'histoire d'une dame enceinte, qui s'était rendue en Russie dans l'unique but de toucher une allocation d'état de 286 621 roubles (5,512 dollars) réservée aux femmes qui donnaient naissance à leur troisième enfant. La femme a réussi à accoucher dans les toilettes d'un train, une fois en sécurité sur le territoire russe, avant de changer de train pour se rendre dans un hôpital local. Ce qu'elle ignorait, c'est que l'allocation russe pour le troisième enfant ne pouvait être touchée par des ressortissantes d'un pays étranger.

Monkeys, dans un post intitulé “Comment aller à Issyk-Kul à petit prix, et en colère” publié sur la plateforme de blogs Namba.kg, a calculé que sa journée de détente à Issyk-Koul lui avait couté moins de 300 soms (6 dollars US), somme comprenant le voyage aller-retour en train, une plongée dans l'un des  magasins de fripe suspects de la ville, une dégustation de Ashlan-Fu à déjeuner et l'accès à l'une des plages les plus agréables de la ville. 

Balykchy elle-même, ville post industrielle, est loin d'être une destination à la mode ou d'attirer par son aspect esthétique (voir le reportage de Ben Rich, qui fait autorité, Balykchy: Town on the Edge) dans le numéro 19 du magazine touristique de Bishkek, Le spectateur, pour quelques vues sinistres). Les touristes du lac qui arrivent par le train peuvent préférer prendre un bus ou un taxi vers un lieu plus agréable. La ville offre cependant de l'excellent poisson fumé.

Le train Bichkek-Balykchy repart de Balykchy tous les jours à 17 heures. 

Balykchy

Le train Bichkek-Balykchy repart vers Bichkek tous les jours à 17 heures. Zeine,la femme en uniforme bleu marine,  travaille pour les chemins de fer kirghizes depuis plus de trois décennies. Photo Zukhra Iukupbaeva.

#GazaNames : Des célébrités et des militants honorent les morts de Gaza par une campagne de photos

vendredi 1 août 2014 à 23:44

[Liens en anglais] L'organisation Jewish Voice for Peace [Voix Juive pour la Paix] basée aux USA a lancé une campagne condamnant l'agression militaire israélienne contre Gaza, qui a déjà fait plus de 1.400 morts chez les Palestiniens (au moment de l'écriture de cet article), dont une vaste majorité de civils avec plus de 300 enfants.

La campagne #GazaNames [les morts de Gaza ont des noms] fait apparaître des dizaines de célébrités et personnes engagées tenant des feuilles avec le nom de victimes de l’ “Opération Bordure Protectrice” qualifié de “massacre” par les détracteurs de la politique israélienne dans les territoires occupés.

Voici la déclaration publiée par Jewish Voice for Peace sur son site Freedom4Palestine [Liberté pour la Palestine] :

Un groupe diversifié de célébrités, artistes et militants, qui rassemble des Juifs et des Palestiniens américains, défendent les droits humains des Palestiniens dans une vidéo publiée en ligne aujourd'hui. Cette vidéo est une première par son expression bienveillante de soutien à la liberté, l'égalité et la justice palestiniennes, avec la participation de célébrités comme  Chuck D, Jonathan Demme, Gloria Steinem, Wallace Shawn, Tony Kushner, Mira Nair, Roger Waters, Brian Eno, et d'autres, qui tiennent des feuilles avec les noms et âges de civils palestiniens venant d'être tués par l'armée israélienne à Gaza.

“Les dirigeants israéliens paraissent sincères quand ils se disent convaincus que leurs actes sont appropriés. Apparemment, un de ‘nous’ vaut de multiples ‘eux’”, a dit le comédien et dramaturge Wallace Shawn, qui assure le commentaire en voix-off de la vidéo. “Les dirigeants américains savent qu'ils mentent quand ils défendent le meurtre d'enfants dans leurs lits. Et nous, l'opinion, nous payons les bombes, payons les avions, et faisons semblant de ne pas savoir”.

Alors qu'Israël poursuit son assaut contre la Bande de Gaza occupée, assiégée et sous blocus, qui a tué plus de 1.400 Palestiniens depuis le 8 juillet, pour la plupart des civils, un nombre croissant de citoyens du monde conscients se sentent obligés de dénoncer l'attaque disproportionnée d'Israël contre le peuple palestinien. Outre celles apparaissant dans la vidéo, des célébrités en nombre croissant dénoncent sur les médias sociaux les horreurs dont nous sommes témoins à Gaza, comme l'ont rapporté récemment BuzzFeed et The Hollywood Reporter.

“Nous avons voulu fournir une plate-forme à la liste qui s'allonge de personnalités indignées par la violence brutale d'Israël contre la population civile de Gaza”, a dit Rebecca Vilkomerson, directrice exécutive de Jewish Voice for Peace (JVP), une organisation qui a co-produit la vidéo. “Notre message est qu'assurer la liberté et la justice aux Palestiniens est le seul chemin d'une paix durable.”

“Ma famille a été forcée de fuir notre Jérusalem bien-aimée en 1948 et chaque jour depuis, nous avons désiré ardemment la liberté”, a dit Nina Saah, une survivante de 83 ans de la Nakba montrée dans la vidéo. “Ce qui se passe à Gaza me brise à nouveau complètement le coeur. Et pourtant je suis tellement émue par tous ceux qui se sont rencontrés dans cette vidéo et l'afflux de solidarité que je vois pour les Palestiniens. Cela me donne l'espoir que ce sont les gens à travers le monde qui changeront notre situation et que la liberté et la justice viendront.”

“C'est un cri sur papier. C'est un mur”, a dit l'auteur dramatique Eve Ensler, une des artistes apparaissant dans la vidéo. “Il n'y a plus de mots. Que cet instant où nous nous dressons contre l'occupation illégale et mortifère de la Palestine, contre le meurtre de masse d'êtres sans défense, contre le silence complice de la communauté internationale, contre la puissance et l'arrogance militaires des gouvernements israélien et américain qui préfèrent l'annihilation à la justice et à l'amour”.

La liste complète des participants est visible ici.

La guerre actuelle contre Gaza se distingue des précédentes par sa couverture détaillée sur les médias sociaux. Comme l'écrit la militante israélienne Mira Bar-Hiller dans sa tribune pour The Independent, “Israël a découvert que tuer ne reste plus si facilement impuni à l'ère des médias sociaux”.

La page ‘En savoir plus‘ explique les motivations de la campagne :

Avec la création de l'Etat d'Israël en 1948, 750.000 Palestiniens qui ont fui les combats —ou ont été expulsés—n'ont pas été autorisés à rentrer chez eux et sont devenus des réfugiés. Depuis 1967, Israël occupe la Cisjordanie et Gaza, contrôlant les vies de millions de Palestiniens. Trois quarts des Palestiniens de Gaza sont les descendants des réfugiés qui vivaient dans ce qui est devenu Israël en 1948.

Depuis sept ans, les gens de Gaza vivent illégalement assiégés par Israël, avec des restrictions destructrices sur les déplacements des personnes et l'approvisionnement en nourriture, carburant et autres produits de base. Depuis 2008, Israël a lancé 3 attaques militaires à grande échelle contre Gaza, avec des avions de chasse F-16, des hélicoptères Apache, et, en 2008-2009, du phosphore blanc. Le Hamas a riposté avec de l'armement inférieur, en lançant des roquettes sur Israël.

Plus de 2.592 Palestiniens et 61 Israéliens sont morts (au 28 juillet 2014) dans ces attaques largement disproportionnés, où plusieurs milliers ont été blessés ou sont devenus invalides. L'immense majorité des victimes sont des civils palestiniens, notamment des femmes et des enfants.

Les Palestiniens subissent l'absence d'Etat, l'occupation, la dépossession et l'absence de droits de base, en même temps qu'Israël ne cesse de s'approprier leurs terres et de leur refuser la liberté.

Tout le monde peut prendre part à la campagne en envoyant une photographie ”de votre manière de résister, ou du nom d'une personne que vous voulez commémorer”.

Voici quelques-unes qui ont été aussi partagées sur Twitter sous le mot-dièse #GazaNames [Noms de Gaza].

Ils ont des noms. Les victimes des massacres israéliens à Gaza.

Vidéo : Célébrités, artistes et personnes engagées appellent à la liberté de la Palestine dans le projet #GazaNames 

J'ai posté cette photo sur le projet #gazanames. Regardez cette vidéo et merci de faire de même. [texte : "Chaque mort d'home ou de femme me diminue"]

Ma photo n'est pas sur la vidéo, mais voici un nom de plus #gazanames

Israël / Palestine : une schizophrénie française ? (2ème partie)

vendredi 1 août 2014 à 16:28

2ème volet d'une tribune de Charlotte Loris-Rodionoff, doctorante en anthropologie à l'University College of London, spécialisée sur le Moyen-Orient. Le 1er volet se trouve ici.

Les lieux saints : Esplanade des mosquées et Mur des lamentations, l'un des enjeux du conflit via wikipedia - CC BY-SA 3.0

Les lieux saints : Esplanade des mosquées et Mur des lamentations, l'un des enjeux du conflit via wikipedia – CC BY-SA 3.0

 

La mémoire de la Shoah ne devrait pas servir d’excuse à la France pour soutenir Israël, au contraire elle devrait être sa raison de le condamner

Ce qui paraît encore plus étonnant dans un tel contexte est le discours de commémoration de la rafle du Vel’ d’Hiv’ du premier ministre français qui parle d’ « une jeunesse (…) sans conscience de l’histoire » pour décrire ceux qui se sont rendus à la manifestation du 19 juillet en soutien à Gaza. On est en droit de se demander aux vues de la situation en Palestine si ce n’est pas M. Valls et la classe politique française qui sont « sans conscience de l’histoire »… Car l’injonction lancée à l’humanité après la Shoah est : « plus jamais ça ! ». Et « plus jamais ça ! » n’est pas une injonction exclusive, c'est un cri universel et humaniste qui signifie : plus jamais de déshumanisation systématique de l’Autre, plus jamais de camps et de ghettos, plus jamais de meurtre programmé et calculé d’une population enfermée sur critères religieux et/ou ethniques dans des camps et ghettos. Dire « plus jamais ça ! » c’est dire plus jamais de politique raciste, plus jamais d’apartheid, plus jamais de politique militariste aux velléités impérialistes et de camps fermés dans lesquels on peut tuer en toute impunité. C’est donc en la mémoire de la Shoah, mémoire que la classe politique française se tient à honorer, au nom de l’injonction « plus jamais ça !», que la France et la classe politique française devraient s’opposer à ce qui se passe aujourd’hui en Palestine. C’est en ce nom même que l’on devrait s’élever contre le ghetto-Gaza, contre l’arrestation, la torture et le meurtre en masse des Palestiniens, ainsi que contre leur déshumanisation systématique par l’État israélien – contre les velléités génocidaires qui sont de plus en plus clairement exprimées depuis que les bombardements de Gaza ont commencé. « Plus jamais ça ! », c’est avant tout un cri pour la dignité humaine, et pour que les droits de l’homme soient respectés partout dans le monde, et tous devraient être capables de se rallier à ces mots d’ordre. C’est pour ces mêmes raisons que soutenir les Palestiniens devraient être l’affaire de tous, au-delà de toute appartenance politique, nationale et religieuse .

Mur israélo-palestinien côté Palestine, entre Yérushalaim et Beitlehem. via JDesplats CC BY-SA 3.0

Mur israélo-palestinien côté Palestine, entre Yérushalaim et Beitlehem. via JDesplats CC BY-SA 3.0

Il est temps que la culpabilité des politiques français et la responsabilité de l’État français dans la Shoah ne servent plus d’excuse pour ignorer les violences génocidaires commises contre les Palestiniens et pour criminaliser les pro-Palestiniens et assimiler l’antisionisme à l’antisémitisme voire au négationnisme. Car c’est d’une lutte commune que l’on parle ici, une lutte que tous devraient embrasser : une lutte pour la dignité humaine. C’est au nom de ce principe et de l’injonction « plus jamais ça !» que la France aurait du s’opposer depuis longtemps au non-respect des nombreuses sanctions imposées par l’ONU à Israël, c’est pour cela qu’elle devrait s’opposer aux crimes contre l’humanité commis en toute impunité par Israël, et c’est pour cela qu’elle doit aujourd’hui condamner le meurtre de la population de Gaza et demander la fin de l’occupation et de l’apartheid en Palestine. C’est en ce même nom que le Président français ne devrait pas féliciter et encourager un premier ministre raciste et criminel qui plus est délibérément d’extrême droite. Et si ce n’est ni au nom du droit international, ni au nom des droits de l’homme, dont la France se dit le pays, c’est au nom de la mémoire de la Shoah que les hommes politiques français viennent de définir comme centrale à notre pays que l’on devrait s’opposer au meurtre massif et planifié de la population du ghetto-Gaza. Finalement, c’est pour cette même raison que les organisations juives de France devraient être les premières à dénoncer les crimes d’Israël.

Il est peut-être encore temps – pour ne pas être à nouveau coupable de collaboration dans la perpétration de crimes contre l’humanité – de sortir de cette schizophrénie franco-française et de réformer cette société rongée par un racisme structurel et une islamophobie galopante. Il est temps que ce ne soit plus seulement la société civile qui appelle au respect de la loi internationale et à la condamnation des crimes contre l’humanité mais que la classe politique française le fasse aussi. Il est temps de voir, comme aux Etats-Unis, les organisations juives de France s’opposer massivement aux attaques criminelles et aux appétits génocidaires d’Israël. Et il est sans doute temps de donner un peu plus de crédibilité à ceux qui manifestent pour le droit des Palestiniens et de reconnaître qu’être « pro-Palestinien » ou « antisioniste » n’est pas être antisémite et négationniste.

Madagascar: Guide humoristique du net pour les cybernautes malgaches

vendredi 1 août 2014 à 10:02

 publie sur son blog Lay Corbeille – Mondoblog un guide humoristique qui conseille aux internautes malgaches comment formuler leur phrases pour éviter de se retrouver en prison pour un mot ou une tournure de phrase inappropriée, suite à l'adoption d'une loi jugée liberticide:

Tous les Malgaches, en particulier les cybernautes, se sentent menacés par cette nouvelle loi dite : Article 20 de la loi 2014-006 du 25 mai 2014 sur la cybercriminalité à Madagascar. L’homme est toujours effrayé par l’inconnu. Et la majorité des Malgaches redoute la prison. Madagascar n’a pas de centre pénitencier à étoiles, au contraire….

Et depuis, on devient tous paranos. Chaque article, chaque publication, chaque tweet est lu et relu avant envoi. Et les questions dans les groupes et les forums sont pléthore.

Donc, ce guide s’adresse au cybernaute gasy lambda qui n’a jamais eu de mauvaises intentions, mais qui a l’habitude de naviguer en toute liberté et sans souci. Il peut intéresser aussi le monde entier car le web est mondial. Désormais, pour éviter la prison ou l’amende de 20 à 1 000 fois votre petit SMIC à cause d’un clic malheureux, adoptez les nouvelles attitudes suivantes

Ces selfies de militaires narcissiques qui trahissent l'agression de la Russie contre l'Ukraine

jeudi 31 juillet 2014 à 22:03
Images mixed by author.

Montage d'images par l'auteur.

“On a tiré sur l'Ukraine toute la nuit.” Tels sont les mots écrits la semaine dernière par un jeune soldat russe sur sa page de réseau social, sur laquelle il a publié une photo de matériel militaire en rase campagne. Quand sa publication est devenue virale, le soldat a retiré le mot “Ukraine” de la légende. Puis son compte a totalement disparu. A présent il prétend avoir été piraté et nie avoir jamais publié les photos.

La page Vkontakte originelle de Vadim Grigoriev sur laquelle le post était initialement paru n'est plus accessible, car supprimée peu après que son compte a commencé à attirer l'attention des internautes. Le post reste toutefois visible dans sa splendeur d'origine, grâce à un autre usager de VK, Vladislav Laptev, qui l'a re-posté sur son propre mur :

Screenshot of Vadim's original post reposted by Vladislav Laptev, with Vadim's original caption of the photo reading "We've been shooting at Ukraine all night long." Vladimir comments above the repost: "Don't forget to switch off geotagging when you post photos, soldiers:) This isn't the first time you fail:) UPD: The photos are being taken down, but they're preserved here:)"

Capture d'écran de la publication originelle de Vadim reprise par Vladislav Laptev, avec la légende d'origine de la photo, “On a tiré sur l'Ukraine toute la nuit.” Commentaire de Vladislav au-dessus de la re-publication : “N'oubliez pas de désactiver la géolocalisation quand vous mettez en ligne des photos, soldats :) Ce n'est pas votre premier loupé :) mise au point : Les photos sont retirées, mais sont conservées ici :)”

Grigoriev a réagi vite, mais pas assez. Utilisant le service Peeep.us, les Twittos ont effectué une copie complète de son copte VK aussitôt que Grigoriev a commencé à rectifier ses posts.

Une copie sauvegardée de la page de Vadik, déjà sans le mot “Ukraine”.

La copie sauvegardée comporte davantage d'images de Grigoriev et de ses camarades combattants datant de fin juillet. Les légendes des photos précisent à l'occasion qu'elles ont été prises à la frontière russo-ukrainienne.

Screenshot of an earlier post on Vadim Grigoryev's VK wall (from saved copy of page), caption above photo reads: "We've been in the fields for two weeks now, unwashed, on the border with Ukraine."

Capture d'écran d'un message antérieur sur le mur VK de Vadim Grigoriev (à partir d'une copie sauvegardée), texte au-dessus de la photo : “Nous sommes dans les champs depuis déjà deux semaines, non lavés, à la frontière avec l'Ukraine.”

Le site web russe TJournal.ru a produit une excellente collection des preuves photographiques croissantes de la présence militaire russe à la frontière ukrainienne, toutes éliminées des comptes Vkontakte appartenant à Grigoriev et ses semblables. Les reporters de TJournal ont trouvé d'autres posts mentionnant l'Ukraine, et découvert que l'un des amis de Grigoriev sur VK avait même publié une carte de leur trajet, commencé dans la localité d'Ordjonikidzevskaïa en Ingouchie (une région russe du Nord-Caucase) et abouti au village de Pokrovske, dans l'oblast de Rostov, à la frontière avec l'Ukraine.

Ivan Zherebtsov posted this image of a route from Ingushetia to the Russian border with Ukraine - his account has now also been removed, but this screenshot remains. (Image courtesy of tjournal.ru.)

Ivan Jerebtsov a publié cette photo d'un itinéraire entre l'Ingouchie et la frontière russe avec l'Ukraine – son compte a lui aussi été fermé, mais cette capture d'écran demeure. (Image aimablement autorisée par tjournal.ru.)

La plupart de ces preuves sont évidemment indirectes, rien ne désigne explicitement les forces russes engageant le combat avec les Ukrainiens par-dessus la frontière—à part le post supprimé de Grigoriev.

Le lendemain de son accession à la célébrité en ligne suivie de sa disparition de VK, Grigoriev a surgi au journal télévisé du soir, sur la chaîne d'Etat Rossia 24, pour clamer qu'il n'avait pas posté les photos incriminées. Il a affirmé qu'il n'avait pas écrit sur sa page depuis plus d'un mois, et qu'il ne s'était pas rendu compte que quelqu'un y ajoutait des photos.

Vadim Grigoryev appears on the evening news of Rossia-24 channel on July 24, 2014. Screencap courtesy of tjournal.ru.

Vadim Grigoriev apparaît dans le journal télévisé du soir de la chaîne Rossia-24 channel le 24 juillet 2014. Copie d'écran aimablement autorisée par tjournal.ru.

Слышу вообще первый раз. Не могу знать… В “Контакте” я был, может, уже месяц назад. Заходил очень давно. Сейчас, на данный момент, ничего не знаю.

C'est la première fois que j'entends ça. Je ne peux pas savoir… Je suis allé sur Vkontakte il y a peut-être un mois. Ça fait très longtemps. Aujourd'hui, en ce moment précis, je ne sais rien.

Quand Grigoriev a appris que la photo devenait virale, son premier soupçon, dit-il, était que son compte avait été piraté, et il a demandé à sa famille de suspendre le compte.

Возможно, взломали. Я слышал, что бывает, что взламывают “Контакты”. Часто говорят. Возможно, взломали… Позвонил родителям, сестре — сказал, чтобы заблокировали страницу. Ну и всё удалили.

Peut-être il a été piraté. J'ai entendu qu'il arrive que Vkontakte soit piraté. Souvent, dit-on. Peut-être il a été piraté… J'ai appeIé mes parents, ma soeur, et leur ai dit de bloquer la page. Et ils ont tout enlevé.

Grigoriev a dit que les photos prétendûment prises la semaine dernière remontaient à plusieurs mois au moins. (Les photos de la frontière ukrainienne ont probablement été prises par un iPhone, que Grigoriev dit ne pas avoir eu sur lui fin juillet). 

Si la page de Grigoriev a été effacée des serveurs de VK, des posts similaires continuent à apparaître de-ci de-là en ligne, où ils sont aussitôt immortalisés en captures d'écran par des usagers diligents de médias sociaux. Cette semaine même, des utilisateurs de Twitter ont réalisé des captures d'écran d'un autre soldat russe racontant en ligne avoir envoyé des missiles Grad en Ukraine.

La journaliste de BBC Ukraine Myroslava Petsa a publié cette capture d'écran de la page VK de Mikhaïl Tchougounov (le post originel, à présent supprimé, date du 11 juillet) :

Un nouveau jour, un nouveau soldat de Russie se vante d'attaquer l'Ukraine (Texte sur la capture d'écran : “Avec les Grads vers l'Ukraine…”)

Fiodor Morkvo a enregistré les commentaires sous un précédent post de Tchougounov :

Plus la force de réagir à cette merde
(Texte sur la capture d'écran :
“- Départ…
- Vers où ?
- Vers où ?
- Vladimir, l'Ukraine!
- Mikhaïl, à quoi bon ?
- Vitali, il faut croire que c'est dur pour les nôtres sans nos Grads:)
- Mikhaïl, pas de mauvais tour aux nôtres, tire avec précision !”)

La rédactrice en chef de Hromadske TV Olga Tokariuk a également publié plusieurs captures d'écran de divers utilisateurs de VK avec le même genre de preuve :

Encore des soldats russes qui se vantent sur les réseaux sociaux qu'ils sont en route pour l'Ukraine (Texte sur la capture d'écran : “l'Ukraine nous attend, artilleurs !”)

D'autres jeunes soldats russes, impatients de faire étalage de leurs aventures à la frontière ukrainienne, seront probablement découverts, feront le buzz, avant de comprendre la nécessité de supprimer leurs comptes. Certains pourraient bien être bidonnés, mais s'il n'y en a qu'un seul d'authentique, RuNet aura déterré la preuve concrète de l'agression russe contre le territoire de l'Ukraine. Chaque nouveau militaire assez imprudent pour avoir publié “bombardé l'ennemi” va-t-il se défendre avec “mon compte a été piraté” ? Les autres vont-ils résister à l'envie de prendre ce selfie traîtreusement géolocalisé ?

MISE A JOUR : Les autorités russes prennent déjà, semble-t-il, des dispositions pour éradiquer les selfies militaires narcissiques. Le 29 juillet, les médias russes ont rapporté que Vadim Soloviov, député communiste à la Douma, travaille à des modifications de la loi fédérale sur le service militaire qui interdiraient en substance aux appelés de poster sur les réseaux sociaux toutes photos représentant du matériel militaire ou des armes. Les informations hautement sensibles relayées par de telles images, estime le parlementaire, sapent la sécurité de l'Etat et “pourraient être utilisées par les médias occidentaux pour des provocations.” Soloviov précise que les soldats resteront autorisés à utiliser l'Internet pour la correspondance personnelle. De toutes façons, défendent les spécialistes russes, les U.S.A. ont bien déjà des règles similaires pour leur armée.