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L'art urbain incite les habitants de Hong Kong à ne pas rester aveugles à la disparition d'éditeurs

jeudi 7 janvier 2016 à 18:14
Photo: Community Art-boratory, via Facebook.

Photo: Community Art-boratory, via Facebook. 

Koel Chu est l'auteur de cet article publié par Hong Kong Free Press le 6 janvier 2016 et repris par Global Voices selon un accord de partage de contenus.

Le 5 janvier en fin de journée, on a pu voir une installation d'art urbain dans le quartier de Causeway Bay, zone commerciale du centre de Hong Kong, sur laquelle il était écrit “Où sont-ils?”.

Intitulée “les 5 disparus”, cette installation fait référence à la récente disparition de 5 personnes liées à un éditeur voisin spécialisé dans la publication d'ouvrages réputés pour leurs critiques du Parti Communiste Chinois au pouvoir.

On suppose que Lee Bo, l'un des propriétaires dont la disparition remonte au 30 décembre, a été enlevé par les forces de sécurité chinoises à Hong Kong. 4 autres personnes de cette même maison d'édition ont disparu de leur domicile au mois d'octobre, respectivement à Shenzhen et en Thaïlande,

La police de Hong Kong a entrepris des recherches sur leurs disparitions et a interrogé la police de Chine continentale sur la situation de Lee Bo. A ce jour, les autorités de Chine continentale n'ont donné aucune réponse officielle sur le lieu où se trouvent les 5 disparus. Mais le Ministre des Affaires Etrangères chinois, Wang Yi, a répondu au Ministre des Affaires Etrangères britannique, Philip Hammond, qui lui avait fait part de ses “inquiétudes” concernant l'incident, Lee Bo étant détenteur d'un passeport britannique, que l'éditeur de Hong Kong disparu était “surtout et avant tout citoyen chinois”.

Selon le principe du “un pays, deux systèmes”, l'administration de la région de Hong Kong jouit d'un système judiciaire indépendant de la Chine continentale et les autorités chinoises n'ont pas de juridiction leur permettant d'intervenir sans autorisation préalable.

L'artiste qui est à l'origine de l'installation “les 5 disparus” a rapporté à Hong Kong Free Press que l'incident était “tordu” et “fou”, et il a ajouté que l'installation avait pour objet de bloquer la route en réponse à l'incident qui perturbe les habitants dans leur vie quotidienne.

“Cet incident des 5 disparus a perturbé le cours de notre vie et va à l'encontre des valeurs dans lesquelles nous croyons. Nous ne pouvons et ne devons pas rester aveugles,” écrit-il sur Facebook. “Notre vie quotidienne habituelle n'a plus rien d'habituel.”

La majorité des personnes qui ont vu l'installation n'ont pas eu de réaction sur place, dit l'artiste, mais il s'y attendait. Même si la plupart étaient au courant de la disparition des éditeurs, les commentaires ne se sont exprimés qu'en ligne, dit-il.

En créant cette oeuvre, l'artiste dit qu'il espère qu'elle fera réfléchir sur les actions à entreprendre, car tout le monde a la “responsabilité d'intervenir”.

On peut voir la vidéo de l'installation sur la page Facebook de Community Art-boratory ici.

Le premier humain sur Mars se nourrira-t-il de pommes de terre du Pérou ?

jeudi 7 janvier 2016 à 08:17
Variedades de papa peruana. Imagen de Flickr de la cuenta de Go!Pymes Fotos (CC BY-SA 2.0)

Variétés de pommes de terre péruviennes. Image Flick du compte Go!Pymes Fotos (CC BY-SA 2.0)

La NASA, l'agence spatiale américaine connue au niveau international, et le Centre International de la Pomme de terre (CIP) du Pérou, réalisent actuellement des expérimentations conjointes afin de voir comment cultiver le tubercule péruvien sur le sol martien. L'information nous vient de BBC Mundo.

Au sujet des propriétés nutritives de la pomme de terre, le Centre International de la Pomme de terre (CIP) dit :

Il y a plus de 4000 variétés comestibles de pomme de terre, dont la majorité se trouve dans les Andes d'Amérique du Sud.
[…]
Environ 1,4 milliard de personnes dans le monde consomment la pomme de terre en tant qu'aliment de base, et la production totale de sa culture dépasse les 300 millions de tonnes.
La pomme de terre est essentielle en termes de sécurité alimentaire face à la croissance démographique et à l'augmentation des taux mondiaux de la faim. […] La pomme de terre, premier aliment moderne de préparation rapide, est riche en énergie, nutritive, facile à faire pousser sur de petites parcelles, peu chère à l'achat et prête à être cuisinée sans traitement coûteux. La banque de graines du CIP détient la plus grande collection de pommes de terre du monde, dont plus de 7000 de variétés natives, sauvages et améliorées.

Il existe au Pérou 4500 variétés de pommes de terre. C'est pour cette raison que le CIP va y choisir celle qui, parmi toutes ces variétés, pourrait être celle qui s'adapterait le mieux aux conditions de Mars.

Le site web Huachos.com fait un bref compte-rendu du développement de la pomme de terre et de sa projection future :

La pomme de terre a été domestiquée il y a environ 3800 ans, le long des rives du Lac Titicaca, entre le Pérou et la Bolivie, puis, avec l'arrivée des Européens en Amérique il y a 500 ans, elle a atteint le reste du monde. Aujourd'hui, alors que la pomme de terre représente la quatrième culture alimentaire du monde, un projet a été lancé depuis le Pérou pour exporter le tubercule dans l'espace.

Les scientifiques ont déjà commencé leurs expérimentations avec la pomme de terre, et ont pour cela soumis le tubercule à des conditions similaires à celles de Mars, avec de la terre du désert de pommes de terre de la Joya, dans la région d'Arequipa, au Sud du Pérou :

“Ces sols volcaniques ne comportent aucun forme de vie, tout comme Mars”, a indiqué Joel Ranck, chef du service de communication du CIP.

Au cours de cette première étape, on prendra 9 variétés de pomme de terre, que l'on fera germer dans le sol désertique, et dans cet environnement sous contrôle, on simulera l'atmosphère martienne afin de voir comment elle agit sur la croissance du tubercule. Tout cela dans l'optique de savoir à quel point l'agriculture sur la planète rouge serait viable.

Le désert d'Arequipa, dans le district de La Joya, est considéré comme un lieu-clé car on l'estime analogue à la planète Mars. En 2009, des astronautes de la Station Spatiale Internationale ont déjà commencé à développer l'expérimentation de l'ensemencement de pommes de terre péruviennes sur Mars. L'idée était d'essayer de cultiver cinq variétés de pommes de terre parmi les trois mille qui existent au Pérou, “en raison de leur résistance et de leur versatilité alimentaire”, dans de but de prouver qu'il est possible de cultiver de la “nourriture” sur la planète rouge.

Ces nouvelles ont aussi motivé l'activité sur Twitter :

Des scientifiques essaient de semer des pommes de terre sur la planète Mars

La Pomme de terre péruvienne sera le premier aliment à arriver sur Mars

Le Centre International de la Pomme de terre et la NASA étudient la culture de la pomme de terre sur Mars

La pomme de terre péruvienne sera le premier aliment à arriver sur Mars, qu'ils fassent une bonne salchipapa martienne et on part faire la fête (?)

La salchipapa est un plat populaire du Pérou, composé de saucisses coupées en rondelles et servies avec des frites.

La rupture diplomatique Arabie Saoudite-Iran, vue par les Pakistanais

mercredi 6 janvier 2016 à 21:52
Shiite Muslims rally to protest against the execution of Shiite cleric Nimr al-Nimr in Saudi Arab, in Hyderabad, Pakistan. Image by Rajput Yasir. Copyright Demotix (3/1/2016)

Manifestation à Hyderabad (Pakistan) de musulmans chiites contre l'exécution en Arabie Saoudite du clerc chiite Nimr al-Nimr. Photo Rajput Yasir. Copyright Demotix (3/1/2016)

L'Arabie Saoudite a rompu ses relations diplomatiques avec son vieux rival, l'Iran, après l'exécution par l'Arabie Soudite de 47 personnes accusées de terrorisme, au premier rang desquelles le religieux chiite de premier plan et dissident politique âgé de 56 ans, Sheikh Nimr al-Nimr. Il avait soutenu les manifestations anti-gouvernementales dans la province saoudienne de Qatif, habitée par une importante population chiite qui se plaignait depuis longtemps d'être marginalisée par la famille royale sunnite conservatrice.

L'Iran est un pays en majorité chiite, et en réaction à l'exécution, des manifestants iraniens sont descendus dans la rue à Téhéran et ont saccagé l'ambassade saoudienne. Avant même ces événements les deux théocraties n'étaient pas particulièrement amies, apportant leur appui aux forces antagonistes dans les guerres et les conflits politiques à travers le Moyen-Orient.

Comment se situent les Pakistanais dans tout cela ?

‘Jours étranges en vue pour le Pakistan’

Des milliers de chiites ont manifesté dans le calme à travers tout le Pakistan le 3 janvier pour condamner l'exécution de Nimr al-Nimr par l'Arabie Saoudite. A Quetta, la capitale de la province pakistanaise du Baloutchistan, tout comme à Lahore et Karachi, les manifestants tenaient des pancartes portant des slogans anti-saoudiens et qualifiant l'exécution de Nimr de “violation grossière des droits humains”.

La composition religieuse du Pakistan est massivement musulmane sunnite, avec une importante minorité musulmane chiite, comme en Arabie Saoudite, même si dans ce dernier pays prédomine, à la différence du Pakistan, une branche fondamentaliste de l'islam sunnite appelée wahhabisme. La liberté religieuse est sévèrement limitée en Arabie Saoudite, où de nombreux militants chiites sont emprisonnés pour avoir revendiqué l'égalité de droits.

Sur les médias sociaux, de nombreux Pakistanais se sont demandé si leur pays allait prendre parti dans le différend, jouer un rôle de médiateur ou se tenir totalement hors du problème. Le Pakistan a une relation amicale de longue date avec l'Arabie Saoudite, et est aussi en bons termes avec l'Iran.

Jours étranges en vue pour le Pakistan : entre Scylla du papa-gâteau Arabie Saoudite et Charybde du voisin Iran

Dans le débat Iran/Arabie Saoudite nous devrions nous mettre du côté de la Nouvelle-Zélande. Rester le plus loin possible.

2016 commence mal

Lundi, le Pakistan a condamné le sac de l'ambassade saoudienne à Téhéran et qualifié l'incident de “malheureux”. Le Pakistan, dans une déclaration publiée par son Ministère des Affaires étrangères, a appelé à une “solution pacifique” des litiges, sans dire mot cependant de la décision saoudienne d'exécuter 47 personnes.

Le Pakistan quant à lui a levé un moratoire de sept ans sur la peine capitale après l'attaque talibane contre une école de l'armée à Peshawar en décembre 2014, qui avait fait 140 morts, essentiellement des enfants. Depuis lors, plus de 300 personnes ont été exécutées.

Le 5 janvier, le ministre pakistanais des Affaires étrangères Sartaj Aziz a déclaré devant le parlement que le Pakistan est “préoccupé” par les tensions entre l'Arabie Saoudite et l'Iran. Il était d'avis que le Pakistan va “essayer de jeter un pont” et d'améliorer la relation entre les deux pays.

#BoycottHajj

En 2015, l'Arabie Saoudite a procédé à au moins 157 exécutions. Les chiffres de l'Iran pour 2015 seront encore plus importants : l'an dernier entre janvier et mi-juillet, Amnesty a recensé 694 exécutions (à comparer au total officiel de 246). Selon Amnesty International, l'Arabie Saoudite a atteint son plus haut nombre d'exécutions depuis 1995, qui culminait à 192.

La tension diplomatique entre les deux pays a amené sur les réseaux sociaux pakistanais une résurgence du hashtag #BoycottHajj, apparu une première fois en septembre 2015 quand plus de 2.000 personnes ont péri dans une bousculade pendant le pèlerinage annuel en Arabie Saoudite.

Certains ont théorisé sur Twitter que ce sont les Iraniens qui ont placé ce hashtag sous les feux des projecteurs, mais ils oublient que Twitter, Facebook et de nombreux autres réseaux sociaux sont bloqués en Iran.

#BoycotterLeHadj. Et mettez-vous à prier en direction du Pôle Nord.

Les musulmans de tous bords (pas seulement les chiites) ont lancé le hashtag #boycotthadj et maintenant il a des tonnes de wahhabites qui en font l'apologétique et leur font honte

Le Hadj, un des cinq piliers de l'islam, y revêt une importance particulière. Le hashtag de boycott a provoqué beaucoup de colère, à la suite de quoi c'est un autre hashtag qui a monté en tendance au Pakistan : #لبیک_اللھم_لبیک (Labaik Allahuma Labaik – “Me voici à ton service O Allah, me voici‎” – récité durant le Hadj et l'Umrah [le grand et le petit pèlerinages]).

Tout musulman désire visiter les Lieux Saints. Satan seul peut dire #BoycottHadj.

“Shaitan” c'est le démon.

Les tweets montraient de la solidarité pour les musulmans, chiites et sunnites confondus en oubliant leurs différences.

Le hadj est un pèlerinage qui nous montre comme une seule nation, liée par la religion. (Hadj 5ème pilier de l'Islam)

Les Sud-américaines se tournent vers la “gynécologie naturelle”

mercredi 6 janvier 2016 à 18:19
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“Femme, black body”. Image du compte Flickr de Franck Réthoré sous licence Creative Commons .

Dans la société actuelle, nous sommes confrontées à une pression sociale et culturelle croissante pour que les femmes se déconnectent de leur corps. Plutôt que d'apprendre à comprendre ce qui se passe « en bas », les femmes préfèrent écouter les médecins et les pharmaciens, ignorant que les remèdes qu'elles recherchent se trouvent peut-être dans les plantes et la nature autour d'elles.

En Amérique latine, un mouvement prend de l'ampleur, celui de la « gynécologie naturelle ». Les femmes redécouvrent des enseignements anciens de soins auto-administrés dans leurs vies modernes. Ces femmes ne se réapproprient pas uniquement leur corps, mais aussi des traditions ancestrales en reprenant des enseignements transmis de génération en génération.

Les médias sociaux ont servi de plate-forme pour se passer le mot, et depuis le concept de la gynécologie naturelle provoque un intérêt croissant partout dans le monde. Des internautes ont ouvert sur Facebook, Instagram et Twitter des pages telles que Mulheres da Terra (Femmes de la Terre), Ginecología Naural  (Gynécologie naturelle) ou Parir con Placer (Accoucher avec plaisir) pour construire des communautés en ligne qui  encouragent les femmes se tourner vers des traditions anciennes, à partager leurs expériences avec d'autres et à discuter de l'anatomie féminine pour lutter contre le tabou entourant le vagin.

Ce mouvement propose une alternative à la médicalisation et encourage les femmes à explorer la relation entre l'esprit, le corps et la terre. Plantes et racines pour soigner les infections, l'apprentissage du lien entre les cycles lunaires et menstruels : ces pages encouragent les femmes à prendre leurs corps dans leurs propres mains.

Perez's Introductory Manual to Natural Gynecology.  Image used under the Creative Commons license.

Pabla Pérez San Martín est une Chilienne à l'origine de l'une de ces communautés, le projet  Ginecología Naural. Elle a récemment publié un livre intitulé « Introductorio Manuel a la Ginecología naturel» (Manuel d'introduction à la gynécologie naturelle). Grandir à la campagne non loin de Valparaíso, au Chili, a permis à Pabla de profiter des conseils de  sa grand-mère dès son plus jeune âge sur la nature et  ses remèdes naturels. Plus tard, Pabla a commencé à  explorer  l'Amérique latine, où elle a rencontré des femmes autochtones qui ont partagé leurs connaissances et leurs expériences par le biais du bouche à oreille.

Le blog de Pabla propose des articles tels que “Les menstruations font augmenter ma libido “, “Du corps aux racines” et “Les sécrétions vaginales: des gardiens silencieux“. Elle explique que son projet ne consiste pas à encourager les femmes à abandonner les professionnels de santé, mais plutôt à avoir conscience de toutes les options disponibles et à disposer de connaissances de base sur le sujet.

El poder del autoconocimiento es fortísimo; nos entrega herramientas y saberes que antes permanecían ocultos o más bien olvidados. Vernos, sentirnos y comprendernos a nosotras mismas desde una óptica propia, fuera de la estandarización social, nos ayudará en la conexión, valoración y disfrute de nuestra sexualidad.

La conscience de soi est si puissante. Elle nous fournit des outils et des connaissances du passé, restés cachés ou même oubliés. Nous voir, nous toucher et nous comprendre grâce à nos propres yeux, en dehors des normes sociales, nous aidera à connecter à la valeur et profiter de notre sexualité.

Alors que beaucoup de femmes foncent à la pharmacie au premier signe d'une infection vaginale, Pabla recommande l'utilisation de l'ail ou du yaourt naturel pour guérir l'infection et la racine d'hydraste pour calmer les démangeaisons. Plutôt que de se laver avec des savons hostiles au PH naturel, que diriez-vous d'une injection à base de feuilles de framboise, de racine fraîche de gingembre et de fleurs et feuilles d'achilée millefeuille ?

Une invention qu'elle recommande, et qui est devenue populaire dans le monde entier, est la coupe menstruelle. Elle la décrit comme “une alternative saine, hygiénique, confortable et écologique aux tampons et serviettes hygiéniques”. Elle offre même des instructions sur la fabrication de votre propre serviette hygiénique écologique.

Un post sur le blog Ginecología Naural explique :

'We are the granddaughters of all the witches you couldn't burn'. Image used under the Creative Commons license

« Nous sommes les petites-filles de toutes les sorcières que vous ne pouviez pas brûler ». Image utilisée sous licence Creative Commons

La santé sexuelle revient à ses racines, avec ces communautés virtuelles qui offrent beaucoup plus que des leçons sur les avantages de la gynécologie naturelle. On y trouve un sentiment de fraternité dans la transmission de la sagesse de génération en génération, pour éduquer et autonomiser les femmes.

 

Nunca jamás la mujer necesito un/a médico para desarrollarse sexualmente, procrear, vivir libre, y sanamente … Es la realidad que se vivió y se continúa viviendo en muchas partes del mundo …[tal como en las] comunidades Quichua y Shuar de la selva del Amazonas en Ecuador, en donde las mujeres suelen parir solas, en la mayoría de los casos sin parteras, sin dolor, sin miedo, sin cesáreas, sin muertes

Les femmes n'ont pas besoin de l'aide médicale pour leur santé sexuelle, la procréation, pour vivre leur vie libre et en bonne santé. Cela a été, et continue d'être aujourd'hui la réalité des femmes dans de nombreuses parties du monde, comme dans les communautés quechuas et shuar de la forêt amazonienne, où les femmes accouchent souvent seules, dans la majorité des cas sans sages-femmes, sans douleur, sans peur, sans césarienne, sans mort

Famine à Madaya : Les images de Syrie que personne ne veut voir

mardi 5 janvier 2016 à 18:40
Forty thousand people live in this Syria town, Madaya, where they have been starving to death and surrounded by landmines for the past six months. Photo credit: Madaya page on Facebook

Quarante-mille personnes habitent la ville syrienne de Madaya, aux abords minés, et y meurent de faim depuis six mois. Crédit photo : page Facebook de Madaya

Quarante-mille personnes, habitant la ville de Madaya, dans les monts Qalamoun en Syrie, seraient en train de mourir de faim dans l'indifférence du reste du monde, disent des militants de la cause syrienne. Cette petite ville de montagne, située à 1.400 mètres d'altitude, à 40 kilomètres au nord de Damas dans le gouvernorat de Rif Dimashq, le long de la frontière libanaise, est assiégée par les forces gouvernementales appuyées par la milice du Hezbollah, qui empêchent depuis juillet toute nourriture et aide d'y pénétrer.

La ville est au centre d'une lutte entre différentes factions embourbées dans la guerre civile syrienne, et ses habitants en paient le prix.

Dans un article publié hier, accompagné de photos terribles de Syriens et d'habitants de Madaya mourant ou morts de faim, l'Observatoire syrien des droits humains (SOHR en anglais), basé au Royaume-Uni, explique :

Les gens de Madaya connaissent la famine depuis 174 jours du fait du siège rigoureux par les forces du régime et du Hezbollah, la ville compte 40.000 personnes dont 20.000 civils qui ont fui leurs maisons à Zabdani où ont eu lieu de violents affrontements et de lourds bombardements par les forces du régime et l'aviation.

Le SOHR a constaté des centaines de mines terrestres posées par le Hezbollah et les forces al-Assad autour de la ville de Madaya s'ajoutant à la coupure de la ville d'avec les environs au moyen de barbelés et de fils de fer pour empêcher toute opération d'entrée ou sortie, la ville compte 1.200 cas de maladies chroniques, et 300 enfants souffrant de malnutrition et de maladies diverses, au milieu d'une pénurie aiguë de produits alimentaires et médicaux qui a causé une hausse spectaculaire des prix de l'alimentation, 1 kg de sucre ou de riz coûte 3600 livres syriennes soit près de 90 dollars US, le SOHR a documenté la mort de 17 civils parmi lesquels des femmes et des enfants, par manque de nourriture et de médicaments, ou à cause des mines et des snipers lors de tentatives de trouver de quoi manger autour de la ville.

La presse rapporte que les habitants de Madaya mangent des feuilles, des insectes, et même des chats, depuis l'épuisement de leurs réserves. Sur sa page Facebook, Hand in Hand for Syria (Main dans la main pour la Syrie) dépeint un tableau plus affreux :

La plupart des photos qui sortent de la petite ville de Madaya (environs de Damas) sont trop crues pour être montrées. Les images choquantes dépeignent le vrai visage du désespoir humain : des êtres réduits à des squelettes, yeux enfoncés dans leurs orbites, cages thoraciques saillantes, attendant leur tour d'être appelés par la mort.

Cela fait six mois que les gens de Madaya sont assiégés. Récoltes et provisions se sont amenuisées, ne laissant rien d'autre que le désespoir. La nourriture restante dans la ville est devenue si chère que la plupart des gens ne peuvent simplement pas se payer de quoi manger.

Ils ont commencé par faire cuire les récoltes. Quand il n'en resta plus, ils cuisaient l'herbe, les plantes… puis les insectes. Quand la malnutrition devint insupportable, ils se sont résolus à manger les chats.

Les chats.

A ce jour, la famine a pris les vies d'une cinquantaine d'habitants. La malnutrition est répandue, et avec le froid de l'hiver qui s'installe, c'est par milliers que les gens sont en danger accru d'hypothermie.

Pourtant le monde reste impassible, constate le blogueur BSyria :

Assad affame Madaya. Enfants, femmes et hommes meurent de faim. Le monde se contente de regarder.

Selon Raed Bourhan, un fixeur syrien vivant à Beyrouth au Liban, l'arrivée de l'hiver exacerbe encore davantage la situation déjà désespérée de Madaya :

Des milliers vivent dans des conditions hostiles, le gel à -5°, mazout et bois de chauffage sont rarement sous la main

Dans un autre tweet, il partage des photos d'enfants “dépouillés de leurs droits” par la poursuite de la guerre en Syrie :

Les enfants ont perdu leurs droits fondamentaux, bonheur, éducation, chaleur et espoir #Madaya_meurt_de_faim

Un troisième tweet décrit comment les prix alimentaires ont explosé dans les zones assiégées, qui sont encerclées de mines et de tireurs embusqués interdisant aux habitants de partir :

Les prix alimentaires battent tous les records, 1 kg de céréales et de riz coûte au moins 100 dollars #Madaya_meurt_de_faim

La page Facebook de Madaya a lancé un appel à des manifestations de solidarité des défenseurs la cause syrienne devant les ambassades russes (la Russie mène des frappes aériennes en Syrie) et les représentations de l'ONU :

Invitation aux militants et organisations humanitaires et de droits humains à travers le monde, et une manifestation de solidarité avec Madaya assiégée, devant les ambassades de Russie et les bureaux de l'ONU.
‪#‎sauvez_madaya‬
‪#‎répondez_nous‬

Une autre entrée supplie le monde de sauver les enfants de Madaya :

A Syrian child from Madaya, besieged for the past six months. Photo credit: Madaya page on Facebook

Un enfant syrien de Madaya, assiégée depuis six mois. Crédit photo : Page Facebook de Madaya

Sur Facebook, la Syrienne Kenan Rahbani partage des photos d'habitants de Madaya mourant de faim et commente :

Pardonnez-moi de publier ces photos choquantes, mais je le dois.

Si ces gens meurent de faim, ce n'est pas parce qu'ils sont pauvres, ou que la nourriture manque. Le Hezbollah et le régime Assad affament à mort la ville de Madaya. Elle est totalement assiégée, et ni nourriture, ni médicaments ni eau ne sont autorisés à y pénétrer. L'ONU est là mais ne peut entrer dans la ville parce que le Hezbollah et le régime Assad ne les laissent pas entrer.

Cela se passe en 2016 en Syrie. Et l'EI n'y est pour rien.

La militante syrienne Rafif Joueati se demande combien de personnes devront encore mourir avant que le monde agisse :

Madaya n'est ni la première ni la dernière à subir la famine d'un siège. La question est, combien d'autres dizaines de milliers vont mourir avant une action internationale ? #Syrie

Elle pose une autre question :

Et quand il n'y aura plus de feuilles à manger ?

Et de s'interroger :

Aveugles. Si on disait que 40.000 chiots mouraient de faim le monde entier défilerait pour protester. Des humains ? pas tellement.

Lire aussi

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[en français]