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La Macédoine ferme ses frontières, des milliers de réfugiés afghans coincés en Grèce

mercredi 24 février 2016 à 09:28
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Photo Marianna Karakoulaki.

Depuis des mois, les réfugiés fuient par milliers leurs pays ravagés par la guerre au Moyen-Orient, et tentent au péril de leurs vies de pénétrer en Europe, dans l'espoir d'y trouver la sécurité pour eux-mêmes et leurs familles.

Le chemin de l'Europe n'est pourtant pas semé de pétales de roses. Depuis novembre, seules trois nationalités—syrienne, irakienne et afghane—sont autorisées à entrer en Europe par la précaire “route des Balkans”. Une route devenue encore plus précaire pour les réfugiés syriens et irakiens, depuis les nouvelles conditions imposées par plusieurs pays balkaniques aux demandeurs d'asile, priés de présenter leurs passeport ou pièces d'identité outre les justificatifs qu'ils reçoivent dans les îles grecques. Les réfugiés porteurs de visas turcs, pendant ce temps; ne sont plus autorisés à se rendre en Europe du Nord, et la République de Macédoine a entièrement fermé ses frontières aux migrants Afghans.

Située à la frontière gréco-macédonienne et principal point d'arrivée des réfugiés et migrants sur le continent européen, le village d’Idomeni connaît des bouleversements inconnus ailleurs en Grèce. Avant la crise, la zone était contrôlée par les passeurs. Récemment, elle hébergeait un camp de transit, et désormais, un poste militaire.

 Channel 4 News a diffusé le reportage d'un journaliste qui a essayé de pister des kidnappeurs séquestrant des migrants contre rançon :

Pendant qu'Idomeni enfle de réfugiés, un nouveau camp d'hébergements provisoires a été installé à 20 kilomètres de là, sur le parking vide d'une station d'essence.

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Un petit garçon porte un morceau de bois pour le feu à côté de la tente où il vit, 20 kilomètres d'Idomeni. Photo Marianna Karakoulaki.

Dépourvus d'informations et épuisés par un sommeil dans des bus et des tentes non chauffées, des milliers de demandeurs d'asile ont décidé de marcher les 20 kilomètres jusqu'à Idomeni, où les attendaient un camp complet et une procédure ralentie de contrôle frontalier.

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Procession de 20 kilomètres jusqu'au poste-frontière d'Idomeni. Photo Marianna Karakoulaki.

La page Facebook “Are You Syrious” indique que 500 personnes seulement ont été autorisées à entrer en Macédoine lundi 22 février entre 6 heures et 18 heures.  Selon les comptes-rendus, les fonctionnaires de police et de l'armée sont arrivés à la frontière et ont procédé à l'examen des papiers et des documents d'identité de chacun avec une insupportable minutie.

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Les réfugiés syriens et irakiens font la queue pendant des heures pour la vérification de leurs papiers par les policiers et militaires macédoniens. Photo Nicolas Economou, avec sa permission.

Les réfugiés d'Afghanistan ont attendu sans savoir qu'ils ne seraient pas autorisés à traverser la frontière. “Nous sommes arrivés ici samedi. Pourquoi ils ne nous laissent pas passer ?” a demandé un adolescent du nom de Sam au reporter de Global Voices présent sur les lieux. “Laissez-nous passer et fermez la frontière après nous. J'ai quitté l'Afghanistan parce qu'il y a la guerre là-bas : des bombes chaque jour, pas de travail, pas d'avenir. Je dois faire vivre ma famille.”

A mesure que le jour avançait et que peu d'informations nouvelles parvenaient à la file d'attente, la tension a monté et les réfugiés se sont mis à manifester en exigeant d'entrer en Macédoine.

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Les réfugiés afghans manifestent dans le calme, et réclament qu'on les laisse entrer en Macédoine. Photo Nicolas Economou, avec sa permission.

De jeunes enfants portant des pancartes écrites à la main demandant l'ouverture des frontières se sont avancés au premier rang de la foule, d'où ils se sont adressés aux policiers grecs. Après un face-à-face de plusieurs heures, la foule a réussi à enfoncer le barrage policier et a atteint le point de passage, où les gens ont brisé une petite barrière à côté du chemin de fer pour finalement pénétrer en Macédoine.

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Les enfants afghans tiennent des feuilles écrites à la main réclamant l'ouverture des frontières. Photo Marianna Karakoulaki.

“Je suis partie d'Afghanistan il y a presque un mois. J'ai perdu mon bébé, je suis avec mon mari. Est-ce que vous savez ce qui va se passer maintenant ?” a demandé une femme appelée Zahra dans un anglais parfait, qu'elle dit avoir appris en regardant des films. “Pourquoi ça nous arrive à nous ? Pourquoi on ne nous laisse pas passer ?”, demande désespérément Zahra à qui veut l'entendre.

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Un homme montre son passeport syrien (un des documents susceptibles de garantir le passage en Macédoine). Photo Nicolas Economou, avec sa permission.

Les tensions vont sans doute se poursuivre à Idomeni, où les faits de cette semaine ne peuvent que se répéter, avec les milliers de nouveaux arrivants en quête d'un lieu sûr et d'un avenir. Pour le moment un passeport semble le seul espoir auquel se raccrocher.

Les médias indépendants burundais sous les tirs croisés d'une crise meurtrière

mardi 23 février 2016 à 22:45
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Bujumbura, Burundi : le Président Pierre Nkurunziza devant la presse après sa rencontre avec une délégation du Conseil de sécurité de l'ONU venue réaffirmer la nécessité d'un dialogue inclusif pour mettre fin à des mois de troubles politiques dans le pays. Photo MONUSCO / Papy AMANI. CC BY-SA 2.0

La crise politique au Burundi est profonde et dangereuse et elle réduit la liberté d'expression dans ce pays d'Afrique orientale. Les médias indépendants sont particulièrement menacés, vu que quiconque oserait décrire la situation d'un point de vue différent de celui du gouvernement, est exposé à la censure, à l'intimidation et à la violence physique.

Les problèmes du pays ont commencé lorsque le Président Pierre Nkurunziza a brigué un troisième mandat, suscitant des manifestations et des campagnes citoyennes concentrées dans la capitale Bujumbura. Les critiques soutenaient que sa candidature minerait les Accords d'Arusha et la constitution ayant mis fin à une guerre civile qui avait déchiré le pays de 1993 à 2005. Des témoins, des victimes ainsi que des militants locaux et des organisations des  droits de l'homme ont tous fourni des cas documentés de détention arbitraire, de torture systématique et de meurtres d’opposants bien que des représentants du gouvernement le nient.

Une tentative de coup d'Etat n'a pas réussi à reprendre le pouvoir à M. Nkurunziza en mai 2015, et des élections “contraintes” en juillet, l'ont vu, lui et son parti, le CNDD-FDD, revendiquer une fois de plus la victoire. Dans son discours d'investiture M. Nkurunziza a mis en garde la société civile contre toute ingérence politique – un discours accompagné de messages inquiétants en ligne tels que celui ci-dessous provenant du compte Twitter du président :

Nul résident à l'étranger ne doit se considérer comme supérieur à ceux qui sont restés au #Burundi, puisque la plupart d'entre eux ont laissé leur famille ici.

Pendant ce temps, les manifestations se sont transformées en attaques armées suivies de représailles, et de plus en plus de groupes armés ont annoncé leur rébellion contre le troisième mandat. L'opposition politique est dispersée, et de nombreuses organisations ont été forcées à quitter le pays. Les divisions volatiles au sein du gouvernement, de l'armée et de la police se sont approfondies et l'intensification de la pression jusqu'au-boutiste a contraint les dissidents à l'exil ou au silence.

L'ONU a enregistré au moins 439 morts et 237.000 réfugiés en janvier, tandis que l'insécurité et les sanctions ont aggravé les difficultés économiques, ce qui compromet la transition d'après-guerre.

Les quartiers rebelles de Bujumbura bouclés par des brigades “spéciales” de la police, les tirs non identifiés, les violences à caractère sexuel, les raids policiers mortels, les disparitions, les cadavres gisant à ciel ouvert et les attaques de groupes armés, sont devenus la routine. La confiance a disparu et de nombreux habitants ont peur même de sortir .

Malgré tout cela, les journalistes ont persévéré, mais la crise menace sérieusement les travailleurs des médias.

Les attaques contre les médias indépendants à travers le hashtag #BurundiCrisis

L'accès aux médias au Burundi est variable, avec la radio qui domine en particulier pour les populations rurales. L'accès à la radio en 2010 était de près de 90%, c'est pourquoi fermer les radios réduit l'accès à des informations fiables et peut alimenter la désinformation et la peur, et même pousser les gens à fuir.

Le taux d'alphabétisation et la qualité de l'infrastructure [lien interrompu] limitent l'accès aux autres types de médias, bien que les téléphones mobiles dont beaucoup permettent de capter les radioséquipent aujourd'hui plusieurs millions de personnes. Le nombre d'utilisateurs d'Internet a également augmenté de manière significative, atteignant 500.000 personnes en 2013, soit 5 % de la population (9,85 millions au total) estimée de 2012.

Le paysage médiatique du pays, autrefois dynamique, a pris un coup sévère suite avec la loi sur la presse de 2013 suivie par  la réaction militarisée à l'opposition contre le troisième mandat du président, en particulier en dehors de Bujumbura. Les journalistes burundais et internationaux ont été accusés de parti-pris contre le gouvernement ou d'incitations à l'insurrection, ce qui en a fait des cibles des violences.

Le 26 avril, les radios indépendantes Radio Publique Africaine (RPA), Bonesha et Isanganiro, ont été empêchées de diffuser en dehors de Bujumbura. Puis, pendant le chaos du putsch, les sièges des radios ont été saccagés, provoquant une interruption de fait indéfinie des émissions indépendantes. Là où le pouvoir accusait les putschistes, des témoins oculaires ont vu à l'oeuvre des agents de sécurité.

De même, les opposants au troisième mandat ont attaqué le siège de la chaine pro-gouvernementale Rema TV. Cependant, Rema est officiellement autorisée à fonctionner, tandis que le procureur général a interdit aux autres radios l’accès aux installations communes pour cause d’  “enquêtes en cours”. Les radios plus petites ont également souffert, y compris Humuriza basée à Gitega. Les Burundais ont de ce fait des informations limitées et partiales depuis la période précédant les élections, et peinent à accéder aux sources indépendantes.

En juin, une correspondante de la Voix de l'Amérique a été la cible d'une attaque à la grenade, même si personne n'a été blessé. Et au début de 2016, les noms de sept journalistes – y compris ceux des directeurs des quatre principales radios indépendantes – ont été inclus dans une liste de personnes pour lesquelles le gouvernement a lancé un mandat d'arrêt international, dans le cadre du coup d'Etat de mai.

Contraint à l'exil

Considérés comme des “ennemis” ou “munwa muremure” (“grande gueule”), de nombreux journalistes ont fui le pays. Certains ont écrit au Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, depuis Kigali, dénonçant la violence et la tenue d'élections sans médias libres.

Interviewé par Iwacu depuis son exil en juillet, Bob Rugurika de la RPA a déploré la détérioration rapide de la liberté de la presse à la suite des manifestations contre le trois!ème mandat et du coup d'Etat avorté :

Depuis 2013 […] nous avions dénoncé un plan d’attaque et de fermeture des médias, surtout privés […] Seulement, […] on ne pouvait jamais imaginer que le pouvoir ait alimenté un plan de destruction totale des médias, et surtout d’interdiction formelle de fonctionner à tous les médias indépendants privés.

Malgré l'hostilité, le directeur du groupe de presse Iwacu, Antoine Kaburahe, restait motivé pour préserver la “petite fenêtre de liberté” d'informer, mais, en novembre, il a été lui aussi de fait contraint à l'exil.

Comme le relève Cléa Kahn-Sriber de Reporters sans frontières, les tortures subies par le journaliste bien connu Esdras Ndikumana, et qui n'ont fait l'objet d'aucune enquête, signifient des risques encore pires pour les journalistes moins célèbres. Même les journalistes de la Radio-Télévision Nationale du Burundi (RTNB) strictement contrôlée par le gouvernement ne sont pas à l'abri ; en octobre, Christophe Nkezabahizi, un caméraman, était parmi ceux tuésles victimes, officiellement par des tirs croisés, mais des témoins oculaires accusent une rafle violente de la police.

Les défenseurs des droits humains sont confrontés à des risques similaires. Pierre-Claver Mbonimpa, de l’Association Burundaise pour la Protection des Droits Humains et des Personnes Détenues (APRODH), qui critique la résurgence de la torture, a été grièvement blessé par balles en août, et même après son arrivée en Belgique, des membres de sa famille ont été assassinés.

L'indépendance et la diversité des médias du Burundi est en jeu

Les journalistes ont raconté des histoires sensibles allant de témoignages de torture à des accusations de l'existence d'une police “parallèle” dirigeant la répression. Les restrictions sur l'activité des médias et les craintes de représailles de la part des témoins ont considérablement renforcé l'impunité des auteurs de violence à caractère politique.

L'existence autrefois de médias burundais dynamiques et indépendants était un succès d'après-guerre avec des journalistes et un public tenaces au cours de cette crise. Cependant, le silence des radios prive de nombreux citoyens qui n'ont pas accès à Internet d'informations fiables. Innocent Muhozi, directeur de la radio Renaissance a exprimé ses craintes du retour à un gouvernement de parti unique contrôlant les médias et le journalisme indépendant, et il demande la démilitarisation des services de sécurité et le désarmement des civils, en particulier des milices comme les Imbonerakure et des insurgés.

La réalisation de ce dialogue représentatif nécessite une pression diplomatique concertée – jusqu'ici divisée et mal préparée – compte tenu du manque de confiance et d'une volonté politique minimale ainsi que des obstacles à une intervention. Le soutien politique et matériel international à l'indépendance des médias est donc indispensable dans le cadre de la résolution des crises, pour combattre l'impunité, rassurer les civils avec des informations fiables, rouvrir l'espace politique, et permettre à tous les citoyens de discuter de leur avenir.

A São Paulo, prochaine journée de protestation pour la gratuité des transports fin février

mardi 23 février 2016 à 20:45
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Les manifestants devant la mairie de São Paulo. Ni le maire ni le gouverneur ne sont venus dialoguer. Photo Agência Democratize, utilisée avec autorisation.

Le Movimento Passe Livre (MPL, “Mouvement pour le transport gratuit” en portugais)) annonce que la prochaine manifestation contre l’augmentation des tarifs de bus et de métro à São Paulo n’aura pas lieu avant le 25 février. Cette décision intervient à la suite de la manifestation du 28 janvier qui n’a attiré qu’un peu plus de 300 personnes, la participation la plus faible depuis le début de l’année.

L’agence de presse Agência Democratize, qui a couvert l’événement, commente :

Pour certains membres du mouvement, l’idée est d’entreprendre un travail de fond avec d’éventuels partenaires, mais surtout de diffuser massivement l’information pour organiser une grande manifestation capable de donner un second souffle à leurs actions. C’est une nouvelle approche du mouvement qui, n’ayant pas obtenu de réduction des tarifs en début d’année, a fini par perdre du terrain et disparaître de la rue en 2015. D’ici le 25 février, le MPL a quand même prévu de mener quelques actions comme barrer des rues en ville et organiser des débats sur les transports publics.

Lors de la manifestation du 28, devant la mairie de São Paulo, les manifestants avaient espéré que le maire Fernando Haddad et le gouverneur Geraldo Alckmin accepteraient de s’entretenir avec eux, mais ça ne s’est pas produit. La militante Laura Vianna a déclaré à Rede Brasil Atual : « Nous sommes dans la rue depuis quatre semaines et le seul entretien que les pouvoirs publics nous ont accordé a porté sur le trajet de la manifestation, dans les locaux de la préfecture de police ».

En l’absence des gouvernants ou de leurs représentants, une rencontre a été organisée entre les membres présents et Lúcio Gregori, ancien secrétaire d’État aux transports publics du gouvernement Erundina (maire de São Paulo pour le Parti des Travailleurs de 1989 à 1992).

Gregori avait été l’un des concepteurs d’un projet de gratuité des transports publics à São Paulo qui n’a jamais vu le jour. Lors de cette rencontre, il a félicité le MPL pour avoir obtenu que les transports publics deviennent un droit social au sein du débat public au Brésil. Le Movimento Passe Livre, créé en 2002, revendique la gratuité des transports publics dans les villes brésiliennes.

L'artiste ukrainienne Ksénia Simonova montre le Kazakhstan à travers les “Sables du temps”

lundi 22 février 2016 à 23:31
Kazakh history in sand frm Kseniya Simonova's YouTube channel.

L'histoire kazakhe en sable, chaîne YouTube de Kseniya Simonova.

Ksénia Simonova,”artiste sur sable” et gagnante du show télévisé “L'Ukraine a un incroyable talent” en 2009, a mis en ligne une merveilleuse vidéo illustrant l'histoire du Kazakhstan.

L'histoire, racontée avec du sable, a été commandée par le gouvernement de ce pays d'Asie centrale, pour fêter l'anniversaire de la création de la capitale du Kazakhstan, Astana, ainsi que pour montrer le chemin parcouru par les Kazakhs, depuis les nomades errant à travers les déserts enneigés sous le ciel étoilé, jusqu'à ceux qu'ils sont devenus aujourd'hui.

Le dernier tableau ajoute l'image du président du pays, Noursoultan Nazarbaiev, un admirateur du travail de Simonova dès leur première rencontre en 2010. Dans ce tableau, le président regarde fièrement une Astana futuriste.

C'est l'une parmi les centaines de représentations de Simonova, réalisée à l'aide d'une toile, de fin sable volcanique et de ses mains incroyablement habiles, qui sept ans auparavant apportèrent la victoire à l'artiste lors du show “L'Ukraine à un incroyable talent” et lui valurent la célébrité.

Ce travail sur sable, exécuté lors de la finale du concours, raconte l'histoire d'un couple,séparé par la seconde guerre mondiale. Il reste encore maintenant le plus connu de son oeuvre et comptabilise presque quarante milles vues sur Youtube.

Le gouvernement du Kazakstan, riche de son pétrole, a décidé de mettre l'accent sur les thèmes historiques dans sa propagande nationale, en réponse à une remarque déplacée de Vladimir Poutine datant de 2014, comme quoi le pays “n'avait jamais eu d'Etat” avant son indépendance de l'URSS.
Au début de l'année a été annoncé le projet d'une série historique en 10 épisodes qu'on surnomme déjà la version centre-asiatique de Game of Thrones, dont l'action se situerait à l'époque du “khanat” du 15ème siècle, que de nombreux Kazakhs reconnaissent comme le fondement de leur Etat moderne.

La capitale albanaise va-t-elle perdre son dernier parc public ?

lundi 22 février 2016 à 23:05
Citizens attempting to remove a fence in Tirana Lake Park, Feb 21, 2015. Photo by Qytetarët Për Parkun, used with permission.

Des manifestants tentent de retirer une barrière dans le Parc du Lac à Tirana, 21 février 2016. Photo Qytetarët Për Parkun, utilisée avec autorisation.

Une centaine de militants de la société civile d'Albanie se sont rassemblés le 21 février pour protester contre le projet de la municipalité de Tirana de détruire le seul espace vert important de la capitale, autrefois protégé par la loi.

La police a violemment dispersé les manifestants et arrêté 12 militants.

Le mouvement Citoyens pour le Parc (Qytetarët Për Parkun) s'opposait au projet de remplacer l'unique parc de la ville par un Lieu des Enfants “bétonné”.

Le maire de Tirana, Erion Veliaj, et son adjoint Niko Peleshi arguaient que le développement chaotique de Tirana a créé le besoin de ce soi-disant Lieu puisque les enfants sont de plus en plus dépourvus d'endroits où jouer.

Prime Minister's decision changing the protected status of Tirana Lake Park.

Le décret du Premier Ministre valant modification du statut protégé du Parc du Lac de Tirana.

Ce qui a particulièrement provoqué la fureur des défenseurs du parc est la décision du Premier Ministre Edi Rama de révoquer le statut protégé du parc quatre jour après le démarrage du chantier du ‘lieu’, sans consultation publique.

Les défenseurs du parc ne veulent pas que la ceinture verte soit sacrifiée à cause de l'incapacité de la municipalité à fournir des services à ses administrés.

Les organisateurs de la manifestation se sont gardés de l'annoncer publiquement de crainte que les partis politiques d'opposition ne la récupèrent, ce qui avait été le cas d'un rassemblement antérieur, où les manifestants avaient démantelé les clôtures du chantier prévu sur le Parc du Lac de Tirana.

Contre toute évidence, le Parti Socialiste au pouvoir avait présenté l'événement comme l'oeuvre du Parti Démocrate dans l'opposition.

Et pour la transparence, ce n'est qu'après les manifestations que le maire de Tirana Erion Veliaj s'est lancé dans une intense campagne d'information sur les projets du parc du lac à Tirana.

L'appel d'offre pour la restructuration partielle du Parc du Lac de Tirana a été mené en l'absence de concurrence transparente, ce qui a encore réduit la confiance dans les institutions de l'Etat, qu'une étude indique être parmi les plus basses d'Europe.

L'échec de l'urbanisme dans la capitale albanaise, qui compte près d'un million d'habitants, est largement attribué à la corruption de l'administration au niveaux tant local que national.

Protest in Tirana Feb 21, 2015. Photo by Qytetarët Për Parkun, used with permission.

Manifestation à Tirana le 21 février 2016. Photo Qytetarët Për Parkun, utilisée avec autorisation.

Dimanche 21 février, les militants de la société civile ont essayé d'ôter les clôtures entourant le chantier dans le parc. Un policier a été filmé en train de frapper un manifestant. Le ministre de l'Intérieur Sajmir Tahiri a aussitôt ordonné la suspension de l'agent. Parmi d'autres incidents en rapport avec la police on compte la confiscation de la caméra d'un reporter qui filmait en direct.

Parmi les policiers sur les lieux se trouvaient des agents de l'unité spéciale Shqiponjat, qui traite habituellement de la grande criminalité. Les militants de la société civile considèrent leur présence comme insultante.

Cette vidéo des événements a été filmée par un des manifestants.

Shqiponjat Special Police Unit arresting protesters in Tirana Feb 21, 2015. Photo by Qytetarët Për Parkun, used with permission.

Shqiponjat, l'unité de police spéciale arrête des manifestants à Tirana le 21 février 2016. Photo Qytetarët Për Parkun, utilisée avec autorisation.

Protest in Tirana Feb 21, 2015. Photo by Qytetarët Për Parkun, used with permission.

Manifestation à Tirana 21 février 2016. Photo Qytetarët Për Parkun, utilisée avec autorisation.

Police arresting protesters in Tirana Feb 21, 2015. Photo by Qytetarët Për Parkun, used with permission.

La police arrête des manifestants à Tirana le 21 février 2016. Photos Qytetarët Për Parkun, utilitsées avec autorisation.

Shqiponjat Special Police Unit arresting protesters in Tirana Feb 21, 2015. Photo by Qytetarët Për Parkun, used with permission.

Shqiponjat, l'unité de la police spéciale arrête des manifestants à Tirana le 21 février 2016. Photo Qytetarët Për Parkun, utilisée avec autorisation.

Les militants sur les lieux comme sur les réseaux sociaux ont dit leur colère lorsqu'un des policiers les a menacés avec ces mots : “Ça va saigner !”

Après l'arrestation de 12 militants de la société civile, la manifestation s'est poursuivie d'abord devant la mairie de Tirana, où quelques protestataires ont déposé les clôtures qu'ils avaient emportées du parc.

Puis les manifestants se sont dirigés vers le commissariat de police où étaient encore interrogés leurs camarades.

Les preuves par vidéo et les témoignages diffusés sur les médias sociaux paraissent corroborer les affirmations des protestataires sur les violences qui ont accompagné les arrestations.

La ville de Tirana offre moins d'espace vert par habitant que la majorité écrasante des villes d'Europe.