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La “propagande gay” en 9 points, par le gouvernement russe

mardi 31 décembre 2013 à 17:56
Gay rights activists kiss as they are detained by police officers during a gay rights protest in St. Petersburg, Russia, 12 October 2013, photo by Jordi Bernabeu Farrús, CC 2.0.

Des activistes pour les droits des homosexuels s'embrassent alors qu'ils sont arrêtés par des policiers, lors d'une manifestation en faveur des droits des gays, à St. Pétersbourg, Russie, 12 octobre 2013, photo de Jordi Bernabeu Farrús, CC 2.0.

Bien que l'information ait été divulguée sur Internet le 2 décembre, les blogueurs russes viennent seulement de découvrir [russe] les nouveaux critères [russe] de censure du gouvernement, qui définissent les informations en ligne éventuellement dangereuses pour les mineurs. Les Russes peuvent remercier Roskomnadzor, le service fédéral de surveillance des médias, pour ce document, composé d'environ deux mille pages et  vingt différentes sections. De nombreux internautes, cependant, focalisent leur attention sur la Section 6 [russe] du document, maladroitement nommée “Critères pour les contenus nocifs à la santé et au développement des enfants sur Internet.” Même les auteurs du rapport admettent que le sujet est plutôt “hétérogène”, rendant difficile la détermination de “critères sans ambiguïté” pour identifier le contenu ‘offensant'. Afin de résoudre l'épineuse question des définitions, Roskomnadzor adopte de vastes paramètres désignant tout ce qui est publié en ligne comme étant une information “systématiquement diffusée”. Pour être considéré comme de la ‘propagande', l'agence conclut que le contenu doit également inclure de “fausses informations” et avoir l'intention d'influencer l'opinion publique :

Обычно под пропагандой понимают систематическое распространение фактов, аргументов, слухов и других сведений, в том числе заведомо ложных, для воздействия на общественное мнение. Таким образом, чтобы квалифицировать информацию, как пропаганду, необходимо зафиксировать: желание автора информации повлиять на общественное мнение, систематический характер распространения информации, наличие ложных сведений в распространяемой информации. Все эти критерии являются субъективными, что, безусловно, затрудняет процедуру экспертизы. Вместе с этим, следует отметить, что характер распространения информации в сети Интернет позволяет рассматривать еѐ как систематическую.

Habituellement, on entend par propagande la diffusion systématique de faits, arguments, rumeurs, et autres informations (dont des informations délibérément fausses) visant à influencer l'opinion publique. Ainsi, pour qualifier une information comme étant de la propagande, il est nécessaire d'établir : la volonté de l'auteur d'influencer l'opinion publique, la diffusion systématique de l'information, et le contenu erroné de l'information. Que tous ces critères soient subjectifs complique le processus de vérification. Dans le même temps, il faut noter que la nature de l'information publiée sur Internet nous amène à la considérer (par défaut) comme étant une information systématiquement diffusée.

Selon Roskomnadzor, les informations sur Internet peuvent transformer les valeurs familiales des enfants et des adolescents de manière suivante :

  1. Manipuler des faits et des données statistiques afin de discréditer le modèle traditionnel de la famille, propager d'autres modèles de relations domestiques, et les présenter comme valables dans certaines circonstances.
  2. Utiliser des images provoquant “d'intenses réactions émotionnelles” qui discréditent le modèle traditionnel de la famille et propagent d'autres modèles de relations domestiques.
  3. Sélectionner les modèles alternatifs comme la représentation du courage, “cachant tous les aspects négatifs de ces modèles, et montrant seulement les positifs”.
  4. Influencer la conception et l'identité personnelle des adolescents, “exploitant leur intérêt pour le sexe”, et les attirant vers l'homosexualité grâce à des “aperçus colorés”.

La “propagande gay” en 9 points par le gouvernement russe

A ces procédures, Roskomnadzor ajoute quelques exemples de son choix afin d'aider les censeurs de l'Etat à identifier les informations sur Internet potentiellement “dangereuses pour les mineurs”. Les exemples suivants sont ainsi ceux que le gouvernement considère comme de la “propagande gay”.

1) Affirmer que les familles traditionnelles ne répondent pas aux besoins de la société moderne ou individuelle. (Ceci inclut la propagation de l'idée que le modèle traditionnel de la famille a “perdu la plupart de ses fonctions et devient un obstacle au libre développement des individus”).

2) Les informations (images ou prose) qui justifient l'acceptabilité de “relations familiales alternatives”. (Ceci inclut les sites qui publient des statistiques “hors contexte” sur les enfants adoptés par des couples gays et conventionnels, qui pourraient amener les enfants et adolescents à penser que les couples gays ne sont “pas pires que les couples traditionnels pour faire face aux responsabilités parentales.”) 

3) Utiliser “des images émotionnellement intenses” afin de discréditer le modèle traditionnel de la famille et de propager les modèles familiaux alternatifs. (Ceci semble inclure quasiment toutes les tentatives pour dépeindre les relations hétérosexuelles de manière négative et les relations homosexuelles de façon favorable.)

4) Les informations qui contiennent “des images de comportement associé au refus du modèle traditionnel de la famille”, qui font la promotion des relations homosexuelles. (Dont toutes les “démonstrations graphiques, sous forme d'images, photos, ou vidéos, de relations sexuelles non-traditionnelles”, et éventuellement la pornographie gay.)

5) Les instructions sur la façon d'expérimenter des relations homosexuelles.

6) Partager les histoires de mineurs qui ont “rejeté les valeurs familiales traditionnelles, sont devenus gays, et ont manqué de respect envers leurs parents et (ou) autres proches.” (Cela pourrait concerner le projet “It Gets Better”.)

7) Les informations qui “influencent la construction de l'identité des adolescents” en “exploitant leur intérêt pour le sexe.” (Ceci inclut les “fausses informations” sur la prédominance des relations homosexuelles parmi les adolescents dans la société moderne.)

8) Représenter les homosexuels comme des modèles. (Ceci concerne également la publication de listes [anglais] recensant les homosexuels [en vie ou non] célèbres.)

9) Le dernier critère de la “propagande gay” est peut-être le plus vaste, incluant tout ce qui “approuve ou encourage” les gays dans leur homosexualité.

7 choses que vous ignorez sur la cuisine japonaise

mardi 31 décembre 2013 à 17:53
Image of bakery in Japon

Image d'une boulangerie au Japon sur Flickr par ohpapercut. (CC-BY-NC-ND 2.0)

La cuisine japonaise traditionnelle, washoku, consistant généralement en riz, soupe et légumes et présentant une variété de saveurs plutôt douces et délicates, est devenue réputée à travers le monde. Récemment, le washoku – une manière de cuisiner, présenter et manger la cuisine japonaise traditionnelle - a été inscrit sur la liste du Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité de l'UNESCO. Le contributeur de Global Voices Taylor Cazella, qui a récemment déménagé des USA au Japon, présente sept aliments inattendus mais savoureux et tendances alimentaires que vous ne voulez pas rater si vous visitez le Japon.

1. Pain et boulangeries japonaises

Au Japon, comme c'est le cas dans la plupart des pays asiatiques, le riz est la céréale de base. Le riz a joué un rôle important dans l'histoire socio-économique du Japon, et, jusqu'à l'époque moderne, fut même utilisé à des desseins de taxation à la place d'une monnaie frappée. Après la Restauration Meiji, le régime alimentaire japonais est devenu de plus en plus occidentalisé. Le pain est devenu populaire et occupe désormais un rôle important et florissant dans la culture culinaire du Japon. Une visite à n'importe laquelle des nombreuses boulangeries japonaises révèlera une grande variété de produits bien élaborés : tout, des délicieuses sucreries et des baguettes de style français aux rouleaux aux crevettes et aux friands à la saucisse.

macha or green tea flavor ice cream. Photo taken par flickr membre emrank

Crème glacée au macha ou thé vert. Photo sur Flickr d'emrank (CC BY 2.0)

Les Japonais ont aussi inventé de nouveaux types de pain, tel l’anpan, une viennoiserie japonaise le plus souvent fourrée avec une pâte de haricots rouges, et le pain au curry, une pâte frite fourrée avec du curry japonais. Des efforts sont aussi faits pour contrer la popularité du pain en utilisant du riz comme base dans des recettes. En plus du pain ordinaire, certaines boulangeries font du pain de riz [anglais], un type spécial de pain utilisant de la farine de riz, dans l'espoir d'augmenter la consommation de riz cultivé dans le pays.

2. Crème glacée, variante japonaise
La crème glacée n'est probablement pas la première chose qui vient à l'esprit quand on parle de cuisine japonaise. Néanmoins, le Japon est la patrie de quelques saveurs vraiment uniques de ce favori estival — le genre de choses que vous ne trouverez pas sur la fameuse liste des 31 parfums du fabriquant de crèmes glacées américain Baskin Robbins. Parmi les parfums les plus populaires chez les Japonais, on trouve maccha (thé vert), sakura (fleur de cerisier), satsumaimo (patate douce), goma (graine de sésame noir) et yuzu (un type d'agrume avec une saveur similaire à la mandarine mélangée à du citron). Moins communes sont les saveurs exotiques [japonais] que vous ne trouverez nulle part ailleurs qu'au Japon, basées sur des spécialités locales. Celles-ci incluent basashi (sashimi à la viande de cheval), anguille, et wasabi (raifort japonais). De telles variétés peuvent se trouver dans des boutiques de souvenirs spéciales dans les lieux où ces ingrédients sont des spécialités locales.

3. Ramen gekikara et autres aliments épicés 

You can find a variety of snacks avec extremely hot, spicy flavors in Japon. Image par flickr membre  yuichi.sakuraba (CC-BY-NC 2.0)

Vous pouvez trouver une variété de snacks avec des saveurs très épicées au Japon. Photo sur Flickr de yuichi.sakuraba (CC-BY-NC 2.0)

La nourriture japonaise est réputée être douce, et certains iraient jusqu'à la dire fade. Néanmoins, quiconque désirant en faire une généralisation n'a de toute évidence jamais testé un bol de ramen gekikara, une version de l'omniprésent plat de nouilles agrémenté de puissantes épices. Ceux qui sont suffisamment courageux pour essayer un bol devraient s'attendre à transpirer un peu ! Et tandis que le curry japonais est habituelllement plus doux et moins ardent que son homologue indien, certains magasins de curry vous permettent de choisir votre niveau de piquant, le plus haut desquels vous donnera à coup sûr une bonne suée.

4. Œuf cru
L'une des caractéristiques de la nourriture japonaise est l'abondance d'ingrédients frais qui sont assez souvent utilisés crus. L'exemple le plus connu en est les produits de la mer utilisés crus en sushi, mais plusieurs autres aliments crus figurent notablement dans la cuisine japonaise. L'œuf cru, par exemple, se trouve dans de nombreux plats, typiquement servi sur le riz, ou comme sauce pour les nouilles. Ceci présente, contestablement, l'une des plus grandes difficultés que rencontrent les Américains quand ils goûtent l'éventail de la nourriture japonaise. On apprend très tôt aux enfants américains de considérer les œufs avec une extrême précaution. Dans le but d'empêcher les intoxications alimentaires, les Américains apprennent à toujours se laver les mains après avoir tenu un œuf cru, à faire attention à ne pas contaminer d'autres aliments avec un œuf cru, à toujours entreposer les œufs au réfrigérateur, et certainement de ne jamais manger d'œufs crus. Ceci peut être un choc pour des visiteurs américains au Japon, qui trouveront des œufs entreposés sur des étagères d'épicerie à température ambiante, et des œufs servis entièrement non cuits dans un certain nombre de plats dans les restaurants. Ceci dit, s'il est correctement manipulé, l'œuf cru – provenant de poules propres et saines – est parfaitement sans danger pour la consommation humaine. Et tout le monde devrait essayer au moins une fois le plat nommé avec humour oyakodon (bol mère et enfant), qui consiste en du poulet cuit et des ognions réduits servis sur du riz avec un œuf cru au sommet.

5. Okonomiyaki et cuisine de tous les jours
Le Japon est une destination pour les gourmets et les gastronomes du monde entier, cherchant les subtiles et sublimes qualités des plats japonais haut de gamme. Ceci a mené à une perception quelque peu biaisée de la cuisine japonaise, alors que les plats ordinaires japonais – les repas bon marché et délicieux dont se délectent quotidiennement les Japonais moyens – sont cruellement sous-représentés à l'étranger. Un bon exemple de ceci est l'okonomiyaki. De nombreuses variétés et variations régionales d’okonomiyaki existent ; en fait, le nom lui-même signifie “cuisiné comme vous l'aimez.” La formule de base, néanmoins, inclut différents légumes (souvent : chou, carotte et/ou ognion) et viandes (souvent : calmar, porc, crevette et/ou bœuf), coupés en dés et mixés en une sorte de pâte à crêpe, cuite sur une plaque chauffante et garnie selon les préférences personnelles (souvent avec un type de sauce barbecue, mayonnaise, algue comestible et/ou flocons de bonite séchée). Les bars et restaurants qui servent l'okonomiyaki possèdent généralement une ambiance sympathique, étant donné que l'okonomiyaki peut être découpé en morceaux avec une spatule métalique et partagé avec des amis ou en famille. En fait, de nombreux endroits autorisent les groupes de clients à faire leur propre okonomiyaki en commandant les ingrédients et en utilisant une grille intégrée dans la table. Ce style ‘faire soi-même’ n'est pas rare dans d'autres formes de cuisine japonaise de tous les jours, dont le toujours populaire takoyaki (boulettes de poulpe).

6. Whisky !

whiskey et soda

Photo sur Flickr de satetsu (CC-BY-SA 2.0)

On pourrait considérer comme de la tromperie d'inclure une section sur le whisky, assez clairement une boisson, dans un article censé traiter de nourriture japonaise. Mais est-ce qu'un article sur la cuisine française omettrait de faire mention du vin français ? Nourriture et alcool possèdent une longue relation, bien que l'affection du Japon pour un bon whisky soit quelque peu surprenante, considérant que le saké monopolise généralement le haut du podium culturel. Néanmoins, les distilleries japonaises produisent des spiritueux haut de gamme qui défient continuellement la suprématie du Scotch, et souvent prennent la première place dans les tests à l'aveugle et les compétitions internationales. Les bars à whisky, servant une variété de produits importés et domestiques, ne sont pas rares dans les grandes villes. Et le whisky highball (habituellement un whisky et soit du ginger ale soit de l'eau gazeuse servis sur de la glace dans un verre highball) reste un cocktail populaire de choix à la fois pour de jeunes Japonais insouciants et de plus mornes hommes d'affaires. Le highball a même récemment émergé comme mot à la mode employé par le conglomérat japonais de boissons Suntory dans une campagne publicitaire : hai-kara, qui est un whisky highball (haiboru) servi avec du poulet frit (karaage).

7. Otsumami, le mariage de l'alcool et de la nourriture

Au Japon, l'alcool est rarement consummé pour lui-même, mais est presque toujours accompagné par de la nourriture. Les visiteurs au Japon peuvent être surpris quand ils commandent une boisson dans un bar ou un restaurant et qu'on leur sert un bol complémentaire de salade de pommes de terre ou de lamelles de poulet grillé. Ceci est tout à fait normal, part de la règle tacite qui dit que l'alcool devrait toujours être associé avec quelque chose à grignoter. En fait, il y a tout une catégorie de snacks fabriqués et commercialisés pour accompagner les boissons alcoolisées. Ces genres d'aliments sont connus sous le nom d’otsumami [anglais], qui vient du verbe “tsumu”, qui signifie “cueillir” ou “pincer,” une référence au fait qu'ils sont assez souvent mangés avec les doigts. Le Japon est une société notoirement complaisante vis à vis de l'alcool. L'alcool est abondamment disponible, au point d'être vendu dans des distributeurs en de nombreux endroits, et la consommation régulière d'alcool est culturellement acceptée. Pour cette raison, les otsumami sont très populaires et vendus en d'innombrables variétés. Ceux qui découvrent les otsumami peuvent vouloir commencer avec une nourriture plus familière, comme des noix mixées ou des edamame (fèves de soja), Mais les variétés les plus exotiques conservent leur attrait également, tels le calamar haché et l'anchois déshydraté. Quelles que soient ses inclinaisons culinaires ou ses perceptions à propos de ce qu'est, ou devrait être, la cuisine traditionnelle japonaise, il y a bien plus dans le washoku que juste sushi et riz blanc. La cuisine japonaise est vaste, merveilleuse, nébuleuse, et en continuelle évolution. Ceux qui souhaitent l'explorer sont sûrs de trouver quelque chose de spectaculaire.

Le journaliste natif du New Jersey Taylor Cazella vit actuellement dans l'extrême sud de la Préfecture de Mie, Japon, et travaille comme Professeur de Langue Assistant dans un lycée local.

Le calendrier de nus de Twitter en Macédoine, pour l'éducation sexuelle et l'égalité de genre

lundi 30 décembre 2013 à 22:51

La twitteuse enthousiaste et photojournaliste indépendante Ivana Batev a pour la deuxième année de suite allié ses forces à d'autres twittos macédoniens pour réaliser et publier un calendrier qui promeut l'éducation sexuelle et l'égalité de genre à travers des personnages nus sur fond de décorations d'intérieurs.

Après le succès de la première édition 2013, le calendrier gratuit 2014 avec des photos de nus artistiques d'utilisateurs macédoniens de Twitter, qui ont donné de leur temps et de leur personne, a été lancé samedi 29 décembre 2013 à Skopje. Après la prévention du cancer du sein, thème de l'an dernier, le nouveau calendrier Twitter est consacré à l'éducation sexuelle, et, accessoirement, à la décoration d'intérieur. L'édition 2014 propose aussi une plus grande diversité de modèles, y compris des hommes, alors que le calendrier de l'an dernier était 100 % féminin.

Macedonian Twitter Calendar 2014. Message for November: Gender equality is not a threat to the family.

Le calendrier Twitter macédonien 2014, message de novembre : “L'égalité de genre ne menace pas la famille.”

Toutes les photos du calendrier Twitter sont publiées sous licence Creative Commons Attribution NonCommercial NoDerivatives (CC BY-NC-ND 4.0).

Force motrice du calendrier 2014, Ivana Batev, @ref sur Twitter, a twitté :

…Quiconque pense que se déshabiller en Macédoine n'est pas révolutionnaire ne vit pas dans la même société que moi, et je l'envie.

Un tweet cité par Novica Nakov dans son billet en anglais sur le calendrier. Il écrit :

Je suis d'accord et je pense que ceci est la déclaration la plus forte que nous puissions envoyer aujourd'hui avec ces photographies. Bravo à tous ceux et celles qui ont été assez audacieux pour se déshabiller devant elle.

Et merci beaucoup à HERA qui a donné des conseils d'éducation sexuelle en 140 caractères au format twitter et à tous ceux qui ont acheté des photographies. L'argent sera utilisé pour aider des communautés défavorisées en Macédoine.

Macedonian Twitter Calendar 2014, message for January: No always means No! Nakedness is not a substitute for consent.

Le calendrier Twitter macédonien 2014, message de janvier : “Non veut toujours dire Non ! La nudité n'est pas un substitut au consentement.”

Ana Vasileva, participante à l'opération “Se battre comme une femme” (@borisezenski), partenaire direct du calendrier, a écrit sur son blog [macédonien] :

Jour après jour, des milliers de femmes dans le monde se font persuader qu'elles sont trop grasses, trop grosses, trop poilues, que leur peau est trop foncée, qu'elles ne sont pas assez belles, pas assez intelligentes, pas assez bonnes. Des milliers de femmes dans le monde achètent sans cesse d'innombrables produits cosmétiques et vêtements pour se faire plus belles, pour se couvrir, pour cacher leurs “défauts.”

Face à cela, nous disons : “Nous aimons nos corps comme ils sont. Nos jambes nous portent là où nous voulons aller, nos mains créent des miracles, notre poitrine nous remplit d'admiration, nos têtes construisent des tours et brisent des murs. Nos corps ne sont pas des objets à punir ou contraints à remplir des critères fixés par la société, nos corps servent à notre plaisir – et pour personne d'autre, nos corps ne sont qu'à nous !”

A côté du changement dans la société et de la sensibilisation que les auteurs et participants du calendrier veulent susciter, ce projet très spécial a aussi une visée caritative. En effet, les fonds collectés par la vente des calendriers-papier seront versés à des personnes de communautés démunies de Macédoine.

La discussion sur Twitter autour du mot-dièse #твитеркалендар (#Twittercalendar) comporte de nombreuses réactions positives, applaudissant le courage des participant(e)s ou louangeant la plastique de certains des modèles, cités avec leur identifiant Twitter ou anonymes pour les photos plus dénudées. Les rares trolls à s'exprimer sur Twitter ont été rapidement contredits par des tweets comme celui-ci du Macédonien @ordanoskiv :

Au lieu de critiques (injustifiées) du calendrier Twitter, vous feriez mieux de retourner vos armes contre le kitsch du Quai Vardar.

[allusion au chantier du projet Skopje 2014 qui a valu à Skopje le sobriquet de "capitale du kitsch" de la part de médias comme AP et le Spiegel.]

Selon l'agrégateur d'informations Time.mk, une quarantaine de médias en ligne de Macédone ont évoqué le calendrier. Mais seuls quelques-uns ont inclus des liens vers le calendrier dans son intégralité, et sans le dire pornographique, certains ont étiqueté les articles et les images “réservé aux + de 18 ans”.

Amérique latine : Coral Herrera et le combat pour l'égalité des genres

lundi 30 décembre 2013 à 21:33
Portada del libro "Bodas diversas y amores Queer" de Coral Herrera

Couverture du livre de Coral Herrera: “Mariages divers et amour gay”

Cette publication fait partie de notre série sur l’ identité sexuelle et la sexualité en Amérique latine et aux Caraïbes [en anglais], en partenariat avec le NACLA (Congrès nord-américain sur l”Amérique latine). C'est la suite d'un échange qui s'est tenu avec Coral Herrera Gómez, publié en deux parties, la première se trouve ici.

Dans la première partie de notre échange concernant le travail de l'artiste Coral Herrera, à la fois blogueuse et étudiante, nous avons discuté des opportunités offertes par les nouvelles technologies au profit de l'égalité des sexes et de la lutte pour les droits des femmes et des personnes classées dans la catégorie LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres). Cette fois-ci nous nous intéresserons à un échange au sujet de la lutte pour l'égalité des sexes en Amérique latine.

Nous avons demandé à Coral de nous donner ses impressions sur l'évolution de ces luttes, autant en ligne que hors ligne, et nous avons aussi discuté du chemin parcouru et celui qui reste à parcourir.

Global Voices : Qu'as-tu découvert sur les mouvements qui soutiennent l'égalité des sexes promus par les nouveaux médias ?

Coral Herrera : Je suis sensible aux réseaux sociaux parce qu'ils m'ont ouvert des portes et des fenêtres sur le monde entier, ils ont élargi les horizons à tous les niveaux de ma vie : intellectuel, personnel et professionnel. Avant d'être connue dans le monde, je me sentais vraiment seule avec mes livres et mes recherches, mais désormais je comprends qu'il y a de nombreuses autres personnes qui écrivent et partagent, avec qui je peux discuter, créer et déconstruire de façon collective.

Lorsque je me suis fait connaître par ces réseaux, je suis entrée en contact avec différents groupes de femmes qui m'ont fascinée parce qu'elles m'ont permis de rencontrer d'autres réalités que celle que j'avais connues en Espagne. Je suis épatée par le combat mené par les femmes paysannes, les descendants Afro, les femmes indigènes, les migrantes, les victimes du trafic d'êtreshumains, celles qui travaillent à l'usine, les employées de maison, les  personnes handicapées, et de pouvoir entrer en contact avec elles m'a permis de dépasser le féminisme euro-centrique dans lequel je vivais.

Par ailleurs j'ai rencontré des militantes et cela a été fascinant d'entrer en contact avec des écrivaines féministes qui ne se cantonnaient pas seulement à continuer de vivre , mais qui étaient aussi très actives sur les réseaux sociaux. Pouvoir les suivre quotidiennement et pouvoir les connaître en quelque sorte “de proximité” m'a permis de connaître des organisations féministes et des publications en ligne provenant de toute l'Amérique latine, et ainsi j'ai commencé à étendre mon réseau de connaissances et à entrer en contact avec des groupes égalitaristes d'hommes et de militants LGBT, et avec d'autres groupes gays qui sont en train d'émerger lentement.

GV : Quels sont les débats les plus urgents que tu rencontres dans le domaine de l'identité sexuelle en Amérique latine ?

CH : Je pense surtout qu'il est nécessaire de continuer à mettre en avant les combats des femmes pour avoir accès aux terres et à l'eau, et le travail qui est à l'oeuvre pour combattre les semences génétiquement modifiées pour obtenir la souveraineté alimentaire.

Nous devons aussi ouvrir le débat au sein même du féminisme pour amorcer l'autocritique. Cela m'inquiète que les jeunes ne s'identifient pas aux valeurs féministes et que nos conquêtes soient stéréotypées de manière négative.

Je pense qu'il s'agit d'un problème de communication : nous, féministes, sommes tournées en ridicule, battues, insultées et l'objet de commentaires humiliants ; nous sommes qualifiées de moches, mégères, pourfendeuses d'hommes, frustrées sexuellement, etc. C'est ce qu'il se passe en Europe ; dans d'autres parties du monde, on peut être tuées si on est féministe, comme cela s'est produit au Mexique par exemple, avec les militants des droits de l'homme.

Je retiens qu'au sein du féminisme nous devrions créer un réseau plus horizontal et plus inclusif. Comme dans tous les mouvements sociaux et politiques, à l'intérieur du féminisme il y a encore des hiérarchies, des relations de pouvoir, des structures patriarcales que nous devons éliminer pour être en mesure de transformer le monde dans lequel nous vivons. Il est nécessaire d'étendre notre sororité à nos semblables, mais aussi à l'humanité toute entière. [...] La diversité est un aspect dont nous devons tirer profit afin que les femmes post-modernes s'identifient aux luttes des femmes indigènes, les femmes hétéros aux revendications des transsexuels, les entrepreneuses aux ouvrières, les catholiques qui départriachisent leur religion aux féministes musulmanes, etc.

GV : A quels arguments relatifs à l'égalité des sexes en Amérique latine doivent-elles encore faire face ? Dans quels domaines sommes-nous passives ?

CH : Je ne pense pas que nous agissions passivement ; je crois au contraire que nous sommes plus actives que jamais.

Mais d'après ce que je vois sur Internet, avec l'accroissement du nombre d'organisations qui collaborent et des activités collectives, de même les réseaux féministes se développent, se multipliant chaque jour. Je note que nous sommes capables de profiter du potentiel qu'offrent ces réseaux pour partager des informations et créer des groupes de solidarité et de soutien mutuel.

Je pense qu'à l'intérieur même du féminisme nous ne pouvons lutter seulement pour l'égalité entre hommes et femmes, mais nous devons nous ouvrir aussi aux luttes de nos soeurs trans et lesbiennes, de nos soeurs environnementalistes ou musulmanes, de nos compagnons égalitaristes, ou à d'autres luttes de groupes pacifistes, des mouvements sociaux, etc. Nous devons accepter la diversité pour insérer nos batailles contre toute hiérarchie ou étiquette qui nous opprime, parce que nous sommes en minorité dans les les luttes partisanes.

Il est certain que nous avons de nombreuses différences idéologiques, mais nous voulons sans doute tous un monde plus équilibré, plus juste, plus équitable et pacifique. Je crois que sans solidarité, l'amélioration de notre quotidien sera lent et difficile ; voilà pourquoi la campagne “Somos el 99%” ["Nous sommes les 99%"] m'a tant plu, à partir du moment où il a suscité un sens d'unité contre les castes privilégiées du monde, qui ne représentent qu'un petit groupe de personnes.

GV : Quelles réussites pouvons-nous fêter ?

CH : Par exemple cette année nous pouvons fêter l'approbation de l'égalité des mariages dans de nombreux pays, mais sans perdre de vue ce qui se passe actuellement en Russie. Nous pouvons fêter la légalisation de l'avortement en Uruguay et l'absence de morts de femmes qui en découle, mais sans nous leurrer sur le fait que dans des pays comme l'Espagne le droit de la femme à faire son libre choix est supprimé par le pouvoir des milieux les plus ultraconservateurs de l'Eglise catholique. Nous pouvons nous féliciter de l'augmentation de groupes d'hommes féministes qui oeuvrent à endiguer le trafic sexuel et le féminicide, et nous pouvons aussi célébrer la présence de femmes au gouvernement dans les pays de l'Amérique latine, mais sans cesser de désapprouver la façon dont elles exercent leur pouvoir et de juger si leur action contribue réellement à améliorer les conditions de vie des femmes.

GV : Et quelles victoires reste-t-il à conquérir ?

CH : Le plus grand défi que nous devons affronter demeure le même : endiguer le trafic sexuel, le féminicide et la violence sexuelle, en promouvant l'égalité sur les lieux de travail pour les femmes qui perçoivent des revenus, en soutenant la lutte des femmes pour acquérir les terres où elles travaillent, le combat que toutes les femmes partagent pour avoir le libre droit à disposer de leur corps et de leurs vies, et pour dénoncer et mettre fin aux meurtres du fait de l'homophobie et de la transphobie qui continuent de se produire sur tout le continent….

Pour approfondir le sujet, vous pouvez suivre les conférences de Coral sur la Construction socioculturelle du désir et de l'érotisme [espagnol] et sa participation à la cinquième rencontre féministe annuelle au Paraguay [espagnol].

Documentaire : Les voies tortueuses de l'exploitation minière au Brésil

lundi 30 décembre 2013 à 11:49

[Tous les liens renvoient vers des pages en portugais, sauf mention contraire.]

A la veille du vote au Brésil concernant le nouveau Code minier du pays, un reportage produit par le collectif oeuvrant dans l'audiovisuel Mídia NINJA en partenariat avec le Comité national de défense des territoires affectés par l'exploitation minière a versé au débat le quotidien des communautés voisines.

“Enquanto o trem não passa” (En attendant le train) a été projeté au début d'une réunion publique qui s'est tenue le 5 décembre 2013 au Sénat brésilien, et le film a fait office de “support de discussion” à ce sujet. Le résumé du film sur Youtube est le suivant :

O objetivo da produção é alertar quem vive fora das áreas de atuação das mineradoras sobre o enorme impacto dessa atividade e o quanto o novo código proposto pelo Governo não traz salvaguardas sócio-ambientais, garantias ao meio ambiente e nem segurança aos quilombolas e povos indígenas.

L'objectif de la production est d'alerter ceux qui vivent en-dehors de la zone d'exploitations minières sur les importants effets de cette activité, et comment le nouveau Code proposé par le gouvernement n'apportera pas de protections socio-environnementales, de mesures pour protéger l'environnement, ni la sécurité pour les quilombolas [descendants d'esclaves africains] et les peuples autochtones.

Regardez la vidéo ci-dessous sous-titrée en anglais et en espagnol :

Au cours de la réunion, le sénateur João Capiberibe a annoncé que le vote portant sur le Code, prévu le 10 décembre, a été repoussé à 2014. D'après lui, l'objectif est d'accorder plus de temps pour que les modifications – avec les conséquences que l'exploitation représente pour l'environnement et les communautés – puissent être ajoutées au texte. Capiberibe déclarait :

Queremos uma legislação que contemple a todos. É claro que não vamos impedir a atividade econômica. Mas o que é inaceitável é que, em nome do desenvolvimento, se desrespeite direitos legítimos dessas comunidades.

Nous voulons une loi qui prenne en compte tout le monde. Il est évident que nous n'allons pas entraver l'activité économique. Mais ce qui est inacceptable c'est que, sous couvert de développement, les droits légitimes de ces communautés sont négligés.

Dans une lettre ouverte publiée en mars, la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB) [anglais], l'un des mouvements partie prenante du Comité national de défense des territoires affectés par l'exploitation minière, prenait position :

A mineração em terras indígenas é outra grave preocupação suscitada pelo Projeto de Lei 1.610/96, tramitando no Congresso sem nenhuma interação com o Estatuto dos Povos Indígenas, que espera aprovação desde 1991. O Projeto de Lei 1.610/96 desrespeita totalmente a autonomia dos povos indígenas sobre seus territórios, assegurada pela Constituição Federal e pela Convenção 169 da Organização Internacional do Trabalho, da qual o Brasil é signatário. As mesmas ameaças recaem sobre comunidades quilombolas, populações tradicionais, pequenos agricultores e áreas de proteção ambiental.

L'exploitation dans les territoires autochtones est une profonde inquiétude supplémentaire suscitée par la proposition de loi 1.610/96, laquelle a été envoyée au Congrès sans aucune sorte d'interaction avec le Statut des peuples autochtones, qui attendait sa validation depuis 1991. Le proposition de loi 1.610/96 nie complètement l'autonomie des autochtones dans leurs propres territoires, pourtant garantie par la Constitution fédérale et la 169ème Convention de l'Organisation internationale du travail, dont le Brésil est signataire.

Une vérite qui dérange

Le Brésil a émergé des cartes modernes du monde comme une terre d'exploitation, et depuis les premières années de la colonisation il a considéré l'exploitation minière [anglais] comme étant sa première ressource économique. Actuellement, 4 % du minerai mondial est extrait du sol brésilien. En 2012, la production était estimée à 55 milliards de dollars américains, 900 % de plus que ce que le pays produisait dix ans auparavant. Le Plan national d'exploitation minière, qui examine les projets du secteur pour les 20 prochaines années, cherche à tripler la production du pays. 

Alors que la nouvelle loi trace son chemin législatif, les sociétés minières sont déjà prêtes à exploiter. Vale S.A. [français], seconde société minière la plus importante au monde et la principale société minière en activité dans le pays, a été récompensée par le Public Eye Awards [français] l'an dernier au titre de la pire société d'affaires du monde [anglais] à cause des conséquences de ses activités. De plus, quelques entreprises canadiennes sont déjà présentes dans le pays, comme par exemple l'une d'entre elles oeuvrant à la réouverture de Serra Pelada, dans l'Etat de Pará, pour extraire près de 40 tonnes d'or. Plus de 500 ans après l'arrivée des Portugais, l'exploitation minière continue d'être une plaie ouverte sur le sol Tupiniquim [autochtones du Brésil vivant dans les Territoires indigènes].

La photo d'illustration de cet article provient du compte Facebook de Mídia Ninja. L'album A mineração pra quem vê de perto (L'exploitation minière de près) inclut des photos de la production du reportage et de l'équipe qui s'est réunie pour enquêter et présenter ces histoires.