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Venezuela : un projet de loi qui pénalise la contestation en ligne

vendredi 5 décembre 2014 à 11:29
A police officer watches protesters in Maracaibo, Venezuela 2014. Photo by María Alejandra Mora via Wikimedia (CC BY-SA 3.0)

Un agent de police observe les manifestants à Maracaibo, Venezuela 2014. Photo prise par María Alejandra Mora vía Wikimedia (CC BY-SA 3.0)

(Sauf mention contraire, tous les liens sont en espagnol.)

Le parti socialiste du Venezuela a proposé la semaine dernière une réforme de la Loi sur le Crime organisé qui définirait le “cyberterrorisme” comme un crime. Le député Eduardo Gómez Sigala, s'opposant au projet, soutient que celui-ci pourrait être utilisé pour “intimider et éviter que les citoyens s'expriment à travers les réseaux sociaux”. 

Le projet de loi a été présenté le 19 novembre mais le débat sur son amendement a été reporté. 

Gómez Sigala a expliqué aux médias que, aux termes de ce projet de loi, les personnes qui utilisent les réseaux sociaux ou autres moyens électroniques pour “promouvoir ou attaquer l'ordre constitutionnel” ou “perturber la paix publique” pourraient encourir des peines de un à cinq ans de prison. 

Les manifestations sont arrivées à leur apogée en février dernier et se sont étendues à travers tout le pays, impulsées par l'inflation, la violence et la corruption. La loi arrive peu de temps après la multiplication de détentions de citoyens ayant utilisé les réseaux sociaux pour organiser des marches protestataires et critiquer les activités du gouvernement.

L'Article 72 du texte stipule :

Attempt against public disorder [sic].
Whoever by use of mass media, electronic, telephone, social networking, advertising [or] audiovisual material originates, disseminates, promotes or exalts individual behaviors or activities of structured groups seeking to undermine constitutional order or seriously disturb public peace or the security and defense of the nation, or [to attempt] one or more terrorist acts, shall be punished with imprisonment of one to five years.

Tentative contre les troubles publiques
Article 72. Quiconque, à travers l'usage de moyens de communication de masse, électroniques, téléphoniques, réseaux sociaux, publicité audiovisuelle ou matérielle, créé, diffuse, promeut ou exalte des comportements individuels ou des activités en groupes structurés qui prétendent porter atteinte à l'ordre constitutionnel ou perturbent gravement l'ordre public ou la sécurité ou la défense de la Nation, ou intente un ou plusieurs actes terroristes, sera sanctionné par une peine de prison de 1 à 5 ans.
 

Le lendemain sur Twitter, les Venezueliens ont utilisé le mot-clic #ciberterrorismo (#cyberterrorisme) dans le but de réunir des informations et exprimer leurs opinions à propos de la réforme. Christopher Di Marco, éducateur et expert en informatique, publie : 

Les Droits, c'était bon de les avoir eu. Jusqu'à preuve du contraire, nous sommes tous des ennemis de l'État.

L'image, qui comporte un article cité par Di Marco sur le projet de la réforme de loi, met l'accent sur l'”interception préventive”. 

Les internautes ont en outre remis en question les termes vagues du projet, en particulier celui de “paix publique” qui pourrait faire l'objet d'une vaste gamme d'interprétations par les autorités. Le journaliste et cyberactiviste Luis Carlos Díaz commente :

La proposition n'a pas seulement inventé le délit de #cyberterrorisme depuis les réseaux sociaux. Elle a en outre inventé la “paix publique”

Avec la disposition sur “l'interception préventive”, le projet introduit également des concepts tels que des “perquisitions préventives”, “détentions préventives” et “traçages préventifs” ; le parquet aurait tous les pouvoirs pour donner ces ordres sans mandat. 

Nous ne savons pas très bien quand le projet sera examiné à l'Assemblée Nationale. Mais avec le soutien du parti socialiste, qui possède 99 sièges sur 151, son approbation est garantie.  

Une fan vietnamienne de David Beckham montre comment ne pas conduire un scooter avec un enfant

vendredi 5 décembre 2014 à 11:24
La photo de David Beckham d'une fan sur un scooter, ne portant pas de casque, avec un enfant endormi pendant qu'elle guide. Photo largement partagée sur Facebook,extraite de la page de Beckham.

La photo d'une fan de David Beckham sur un scooter, ne portant pas de casque, avec un enfant endormi pendant qu'elle conduit. Photo largement partagée sur Facebook,extraite de la page FB de Beckham.

La star du football David Beckham était au Vietnam en novembre pour promouvoir une boisson alcoolisée, mais c'est une photo sur Facebook qu'il a publiée trois jours après sa visite qui a attiré l'attention du monde. La photo montre une femme sur un scooter faisant une photo de Beckham;  elle ne portait pas de casque et pire, elle avait un enfant entre ses jambes.

Beckham a écrit sur ​​Facebook:

Je suis tout à fait pour que des fans me prennent en photo, mais pas sûr que ce soit le plus sûr moyen de le faire!

La photo a obtenu plus de 686 000 “aime”, 7000 partages, et 18 000 commentaires. Elle a également suscité des discussions au Vietnam à propos de la sécurité routière et de l'application du code de la route. Environ 14 000 personnes meurent chaque année au Vietnam dans des accidents de la circulation. La police a dit qu'elle allait déposer plainte contre la femme pour avoir contrevenu les lois sur la circulation, afin de servir d'exemple pour les autres automobilistes.

Mais M. Scott Duke Harris, un expatrié au Vietnam, a relevé que la photo était une représentation exacte du comportement des motocyclistes et des automobilistes vietnamiens dans la rue:

Oui, la fan de Beckham violait le code de maroute – mais de nombreux vietnamiens ne font-ils pas cela au quotidien ? Les lois sur le port du casque sont souvent ignorées, tout comme les lois restreignant l'utilisation de téléphones portables en conduisant. On porte régulièrement les petits enfants sur des motos, sans casque ou, paraît-il, d'autres mesures de sécurité. Seul les aveugles ne voient pas cela.

Sur Facebook, la plupart des internautes vietnamiens ont dit qu'ils étaient gênés par la photo et ont critiqué la femme pour avoir mis en danger l'enfant en le portant ainsi. Cependant, l'utilisateur de Facebook M. Truong Dang a rappelé que M. Beckham aurait pu mieux faire que de simplement prendre une photo de sa fan:

Vous deviez donner un signal pour lui rappeler le danger de la situation au lieu de la photographier de dos. Si vous vous souciiez vraiment d'elle et de l'enfant, vous n'auriez pas agi ainsi.

 M. Svein Berg a parodié Beckham en lui rappelant qu'il était au Vietnam pour promouvoir une marque de boisson alcoolisée:

Je suis tout à fait pour les idoles, mais je ne suis pas sûr que la promotion de l'alcool soit la meilleure façon ?

M. Hoang V Tan a exprimé un sentiment commun à de nombreux utilisateurs d'Internet au Vietnam:

Cette dame ne représente pas la culture vietnamienne. Toutefois, reconnaissons que beaucoup de gens conduisent de manière négligente. Bien que la plupart des gens aiment leurs enfants, beaucoup ne savent pas comment les protéger. C'est le résultat d'une éducation inefficace, de la prévention publique et de l'application inefficaces des lois.

Espérons que la photo virale de Beckham puisse améliorer la sécurité routière au Vietnam en rappelant aux autorités l'importance de l'application stricte du code de la route.

Liberia: Première vidéo de la campagne #ISurvivedEbola (J'ai survécu à Ebola)

vendredi 5 décembre 2014 à 11:15

La campagne #ISurvivedEbola (J'ai survécu à Ebola) a publié sa première vidéo qui présente des survivants au virus Ebola au Liberia, au Sierra Leone et en Guinée. La campagne multimédia relate des histoires d'espoir et de résilience de survivants au virus Ebola :

C'est la première vidéo d'une série qui sera publiée dans le cadre de #ISurvivedEbola, une campagne trans-media multidimensionnelle qui met des survivants au virus Ebola en Afrique de l'Ouest et leurs histoires au centre des efforts visant à enrayer la propagation du virus. Le survivant à Ebola William Poopei y narre son histoire, expliquant comment son fils Patrick et lui ont contracté le virus Ebola et s'en sont sortis au Libéria. D'une voix qui ne dément qu'occasionnellement la douleur qu'il a vécue, William raconte au monde comment il a perdu sa femme et 13 autres membres de sa famille à cause d'infections probablement dues à Ebola, et comment le traitement précoce les ont aidés à récupérer, Patrick et lui. Il finit son histoire par l'engagement à continuer à éduquer ses concitoyens libériens pour qu'ils puissent se protéger – un engagement que suivra #ISurvivedEbola.

Espoir au milieu d'une tragédie: L'histoire de la survie de William de #ISurvivedEbola sur Vimeo.

 

http://vimeo.com/113323185

Sang neuf et vieux routiers : le nouveau parlement ukrainien a prêté serment

jeudi 4 décembre 2014 à 13:20
A screencapture of new Ukrainian Parliament members reading the oath

Le nouveau parlement ukrainien prête serment. Capture d'écran

C'est un parlement ukrainien renouvelé qui s'est réuni pour sa première session plénière le 27 novembre 2014. Les 418 députés de la Rada ont gagné leur siège lors des élections anticipées du 26 octobre, les premières depuis le renversement du Président Viktor Ianoukovitch, l'annexion de la Crimée et le début du conflit armé avec les séparatistes soutenus par la Russie de deux régions de l'est.

Ces élections se sont tenues selon un scrutin mixte : la moitié des sièges du parlement sont allés aux partis politiques ayant franchi le seuil de 5 % des voix, et l'autre moitié, à des circonscriptions à vote uninominal.

De nouvelles élections parlementaires figuraient en tête des revendications des contestataires ukrainiens de Maïdan, surtout après les tragiques événements de février 2014, lorsque les manifestants ont fini par provoquer la chute du Président Ianoukovitch, au prix de beaucoup de sang. Les symboles de Maïdan, notamment ce qui rappelait les violences de l'ancien régime contre les contestataires, étaient des images de choix dans les récits et matériels de campagne qui ont conduit à ces récentes élections.

Avant le scrutin, le suspense régnait sur le retour ou non au parlement des anciens alliés de Ianoukovitch—ceux qui avaient soutenu les éphémèreslois dictatoriales” (comme les appelaient les contestataires de Maïdan). Militants et journalistes ont passé les candidats au crible, scruté les campagnes et les opérations de vote, à la chasse aux fraudes. Ces efforts n'ont pas empêché plus de 30 % des députés qui ont défendu les lois controversées (64 sur 239) d'être réélus, cette fois pour la plupart comme indépendants, désormais inscrits à aucun parti.

L'élection apporte aussi beaucoup de sang neuf à la Rada. De fait, la moitié en gros des députés sont à présent de nouveaux élus militants et journalistes. On trouve même quelques militaires dans la nouvelle assemblée.

Parmi les nouveaux députés figurent entre autres les journalistes d'investigation Sergii Lechtchenko et Mustafa Nayyem, auteurs du billet Facebook communément crédité d'avoir été l’étincelle des manifestations d'#Euromaidan, un activiste d’ “Auto-Défense” auteur d'un célèbre appel à la démission de Ianoukovitch, et plusieurs commandants des bataillons de volontaires engagés dans l'actuel conflit à Donetsk et Louhansk.

Le blogueur anglophone Taras Revunets a attiré l'attention sur la nouvelle députée Nadiya Savtchenko, cette pilote de l'armée de l'air ukrainienne capturée en combattant en Ukraine orientale, actuellement emprisonnée en Russie :

Nadiya Savtchenko intronisée députée du parlement Ukraine (in absentia). Elle est prisonnière de guerre ukrainienne détenue en Russie. 

Commentant la présence de commandants et hommes des bataillons volontaires dans le nouveau parlement, le Réseau Civil OPORA a tweeté :

Les nouveaux députés ne sont pas tous en complet-veston. #рада8

Le Twitteur de Kharkiv Nikita Fatin a souligné la réélection de nombreux éléments de la “vieille garde” de Ianoukovitch, tel Oleksandr Vilkoul, un ancien vice-premier ministre. Evoquant les activistes qui, avant le scrutin d'octobre, jetaient  dans des bennes à ordures des politiciens accusés de corruption [lien en anglais], Fatin a tweeté :

Est-ce qu'on va installer sur la tribune un bac à ordures pour Vilkoul ? #рада8

D'autres se sont émerveillés que les commandants de bataillons “anti-terroristes” et l'épouvantail du Kremlin Dmytro Yarosh, chef du mouvement nationaliste “Secteur de Droite”, côtoient désormais à la Rada les anciens suppôts de Ianoukovitch. L'activiste de Kharkiv Igor Zubkov s'est amusé de cette idée en tweetant une image photoshopée de personnalités de Secteur de Droite menaçant de châtier les députés qui avaient voté les tristement célèbres “lois dictatoriales” de Ianoukovitch.

Vous avez levé la main le 16 janvier ? Venez un peu ici !

Sur son mur Facebook, la journaliste Irina Makarchuk a résumé la composition baroque du nouveau parlement :

Кстати, итог первого заседания ‪#‎рада8‬ : военная часть, ньюзрум, коррупционеры, активисты и юля! ‪#‎НоваРада‬ ))

A propos, bilan de la session inaugurale de la 8ème Rada : l'unité militaire, la newsroom, les corrompus, les activistes et Ioulia (Ioulia Tymochenko – note GV) ! ‪#‎НоваРада‬ ))

Comme toutes les sessions de la Rada sont diffusées en direct par une chaîne de télévision dédiée, l'auteur-chanteuse et militante Oleksandra Koltsova a décrit les à-côtés d'un tel “show télévisé” :

J'ai ajouté popcorn et validol [un anxiolytique commun] à la liste des courses de cette semaine #НоваРада

Vu l'étonnante diversité politique de la nouvelle Rada, la session inaugurale ne pouvait être que compliquée. En l'occurence, la constitution confie au député le plus ancien la prestation de serment de la nouvelle assemblée, ce qui désignait Youkhym Zvyahilsky, un personnage controversé de la politique ukrainienne. Partisan des “lois dictatoriales” et des séparatistes pro-Russes de l'Est, Zvyahilsky n'était pas la personne la plus indiquée pour introniser la nouvelle Rada, et beaucoup en refusaient l'idée même. Finalement, les législateurs ont trouvé un compromis : les députés ont lu ensemble à haute voix le serment. 

La journaliste Nastya Stanko basée à Kiev raconte la cérémonie :

Zvyahilsky n'a même pas été montré. Le serment a été en fait lu par [l'ancien président de la Rada] Tourtchynov.

Pendant ce temps, Hromadske.tv tweetait une photo montrant des représentants d'AutoMaidan (une branche d'Euromaïdan) présents devant le siège du Parlement, pour rappeler aux députés la vigilance renforcée du public qui les attend dans leurs nouvelles fonctions :

Automïdan aligné devant les murs du parlement. #рада8

Le blogueur Taras Revunets a traduit un sentiment public largement partagé en rappelant les espoirs placés par de nombreux Ukrainiens sur le nouveau corps législatif et les enjeux élevés des prochains temps :

Le parlement nouvellement élu de l'Ukraine est intronisé. J'espère que vous, vous allez faire un meilleur travail. Bonne chance ! On va vous surveiller.

Un Prix Nobel pour toutes les Malala du monde

jeudi 4 décembre 2014 à 09:50
Malala Yousafzai. Imagen del usuario  Jabiz Raisdana de Flickr (CC BY-NC 2.0).

Malala Yousafzai. Photographie de Jabiz Raisdana sur Flickr (CC BY-NC 2.0).

Le blog MujeresMundi est un projet d'info-militantisme dirigé par la Péruvienne (basée en Belgique) Xaviera Medina, “dédié à faire de l'égalité des sexes un facteur clé du développement”.

Un de leurs récents billets porte sur l'attribution du Prix Nobel de la paix à la pakistanaise Malala Yousafzai, militante pour le droit à l'éducation :

[...] Malgré tout, il faut souligner que Malala n'est pas un cas isolé. Pour de nombreuses filles et dans de nombreux pays, l'éducation n'est pas un droit : chaque jour, des centaines de Malala sont menacées parce qu'elles vont à l'école.

[...]

Avec le Nobel 2014, nous devons garder à l'esprit que Malala Yousafzai n'est pas un cas anecdotique, mais la réalité quotidienne de milliers de jeunes filles et d'enfants à travers le monde.