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Oscar López Rivera, le plus ancien prisonnier politique de Puerto Rico, pardonné par le Président Obama

vendredi 20 janvier 2017 à 10:03
Oscar López Rivera. Image circulated widely via social media.

Oscar López Rivera. Image diffusée sur les médias sociaux.

Oscar López Rivera, le plus ancien prisonnier politique de Puerto Rico, a été pardonné par le Président des Etats-Unis Barack Obama [espagnol].

L'information est d'abord parue sur les médias sociaux dans l'après-midi du 17 janvier, bien que l'hebdomadaire pro-indépendance Claridad [espagnol] ait annoncé qu'une source avait confirmé qu'Obama envisageait la libération. Parmi les détails qui ont été révélés depuis figure le fait que la libération de López Rivera ne sera pas immédiate. Sa peine s'achèvera le 17 mai 2017 et sa libération sera alors inconditionnelle.

López Rivera a fait savoir que la première chose qu'il fera à sa sortie de prison serait de visiter sa famille à Chicago. Mais il prévoit de s'installer dans la ville côtière de San Sebastián del Pepino, dans le nord-ouest de Puerto Rico, où il est né.

López Rivera fut reconnu coupable de “conspiration séditieuse” il y a trente-cinq ans et sept mois à cause de ses liens avec les Forces armées de libération nationale (en espagnol : Fuerzas Armadas de Liberación Nacional, ou FALN). Le FALN était un groupe armé se battant pour l'indépendance de Puerto Rico vis-à-vis des Etats-Unis pendant les années 70 et 80. López Rivera a toujours clamé n'avoir tué personne ni commis aucun acte de violence. Effectivement, aucun lien n'a jamais été établi entre lui et les violences commises par le FALM.

Global Voices couvre le mouvement appelant à la libération de López Rivera depuis plusieurs années. Nous continuerons au fur et à mesure que des informations seront disponibles : restez à l'écoute.

Une nouvelle app russe qui fonctionne comme Uber, mais pour les enterrements

jeudi 19 janvier 2017 à 09:32
Image: Pixabay

Photographie : Pixabay

Elle est tout aussi pratique et possède autant de panache technologique que le réseau de transport Uber, mais elle vous aide à organiser des funérailles. L'application qu'est en train de créer ce responsable de projet chez le géant de l'internet russe Yandex s'appelle “Umer” (“Décédé” en russe) et aidera les gens à surmonter les difficultés logistiques pour enterrer leurs proches.

Umer évalue les coûts des funérailles et rassemble toute la documentation requise pour enregistrer un décès et préparer un enterrement. Selon Dimitri Guéranine, à l'origine de cette application, elle offrira toute une gamme d'options mortuaires comprenant à la fois les enterrements classiques et les crémations.

Dimitri Guéranine. Photographie : Facebook

“On dirait qu'on a tout automatisé, sauf la mort. Je veux changer ça,”, écrit-il sur Facebook.

L'application n'est pas encore en service, mais Guéranine espère la lancer dans les trois prochains mois, après avoir finalisé ses négociations avec plusieurs entreprises de pompes funèbres.

Le nom de l'app est un jeu de mot sur “Uber”, qui devient le mot russe pour “décédé” en ne changeant qu'une seule lettre.

Encore en développement, Umer a déja généré un intérêt significatif en ligne, bien que Serguei Mokhov, éditeur en chef de la revue scientifique “Archéologie de la mort russe”, est certain que ce projet est voué à l'échec.

“Le coût de chaque enterrement est toujours unique,” affirme-t-il au journal en ligne TJournal. “Combien coûtent des funérailles ?” est une question sans plus de pertinence que “combien coûte une voiture ?”, ajoute-t-il. Mokhov explique que le marché des pompes funèbres russes est en grande partie dérégulé et que les frais divers sont donc très difficiles à prévoir.

“Il faut payer pour que le corps soit délivré au moment voulu et dans un bon état”, déclare Mokhov. “Mais une morgue prendra 30 000 roubles [environ 450€] alors qu'une autre facturera 10 000 roubles [environ 150€]. Et les prix ne sont jamais fixés.”

Bien qu'il soit trop tôt pour savoir comment Umer s'en sortira, Mokhov voit juste quant au chaos des enterrements en Russie. La veille du Jour de l'An, les autorités tchéchènes ont enterré les restes de plus de cent personnes tuées il y a deux décennies par l'armée russe. Les victimes n'ont jamais été identifiées et leurs restes ont été enterrés dans une fosse commune.

A video posted by ДУМ ЧР (@dumchr) on

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Le chef tchétchène Ramzan Kadyrov a dirigé une prière lors de la cérémonie non médiatisée, dont la nouvelle est parvenue jusqu'à la population locale par WhatsApp. Quelques heures plus tard, Kadyrov apparaissait sur les écrans de télévision tout sourire pour adresser ses voeux de nouvelle année à la République.

Russie : les «mots de l'année 2016» (expliqués)

mercredi 18 janvier 2017 à 23:52
Source: screenshot, https://tvrain.ru/words2016/

Source: https://tvrain.ru/words2016/

En fin d'année dernière, la chaîne indépendante «Dojd» a publié un «lexique de l'année 2016». Parmi les termes qui en font partie, certains sont en rapport avec des innovations importantes ou des modes culturelles, d'autres avec des mèmes ou des “clashs” sur les réseaux sociaux. «RuNet Echo» a explicité un certain nombre de ces mots (liste complète en fin d'article) dans de précédents billets, mais quelques-uns étaient restés dans l'ombre.

La mer des baleines

En mai, «Novaïa Gazeta» a publié un article de Galina Moursaliéva sur les «groupes de la mort» sur le réseau social «VKontakte». Selon Mme Moursaliéva, les vagues de suicides chez les adolescents sont liées à l'activité de certaines communautés virtuelles connues pour leur esthétique déprimante — en particulier l'utilisation d'images de baleines, qui décideraient de se supprimer parce qu'elles ne veulent pas devenir adultes. Mme Moursaliéva accusait les administrateurs de ces groupes d'enrôler des jeunes exposés à la dépression et de les pousser au suicide en les privant de sommeil et en leur indiquant des méthodes pour mettre fin à ses jours. Elle conseillait aussi aux parents de surveiller de près l'activité de leurs enfants sur la Toile.

L'article de Mme Moursaliéva a fait l'objet de vives critiques de la part de ses pairs. Selon eux, une surveillance constante ne fait qu'aggraver l'état psychologique des adolescents. En décembre, la commission d'enquête de la région d'Irkoutsk a publié des instructions pour les parents qui reprenaient de nombreuses préconisations de l'article de Mme Moursaliéva.

L'aéroport Vnoukovo

Depuis juin 2016, les GPS perdent littéralement la tête dès que l'on s'approche du Kremlin. Ils définissent la localisation du Kremlin comme «aéroport Vnoukovo», bien que la distance entre les deux soit de 37 kilomètres. Les internautes ont vite deviné la raison de cette erreur : c'est le FSO (Service fédéral de protection de la Fédération de Russie) qui brouille le fonctionnement des équipements GPS. Ceci pour éviter que des drones n'aillent voler près du Kremlin (une autre version moins convaincante est liée à une éventuelle attaque de roquette contre le Kremlin et à une troisième guerre mondiale). Les Moscovites sont furieux contre cette mesure de sécurité, qui a occasionné d’énormes frais de taxi, des indications erronées des applications de fitness, et, ce qui est pire, les a empêchés de faire la chasse aux Pokémon.

Les criquets de Biriouliovo (banlieue de Moscou)

Cette locution est l'exemple même du conflit local qui se répand comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. Les Etangs du Patriarche, un quartier résidentiel cossu du centre de Moscou, sont devenus piétonniers en 2016. Les “Patriki” (leur appellation familière) ont toujours attiré des gens de toutes catégories sociales, y compris les «racailles», plus nombreuses cette année. Les riverains aisés ont décidé de ne pas se taire : ils ont inondé Facebook et les journaux moscovites de billets et d'articles sur «les criquets de Biriouliovo», les criquets désignant les habitants de quartiers défavorisés de Moscou. Malgré les railleries sur Twitter et Facebook, ils ont trouvé un certain public et sont plus ou moins arrivés à leurs fins. Les magasins et les bars des Patriki doivent désormais fermer à 11 heures du soir, et les susmentionnés «criquets» n'ont plus qu'à rentrer à Biriouliovo.

Monetotchka

Monetotchka a été l'une des sensations internet du début 2016 en Russie. Lisa, qui se produit sous le pseudonyme Monetotchka, était élève dans un lycée d'Ekaterinenbourg. Elle interprétait de petites chansons pleines d'esprit sur la mode, la culture web, la politique et ses camarades de classe. Voici l'une de ses vidéos sur la vie “on line” d'une lycéenne russe:

Monetotchka – Je suis Liza

Aujourd'hui Liza vit à Moscou et fait des études au VGIK [le prestigieux Institut national de la cinématographie]. Elle continue à se produire à quelques soirées, mais l'emballement médiatique s'est calmé – en tout cas pour l'instant.

LSDUZ et IFYaU9

Ces deux combinaisons imprononçables de chiffres et de lettres ont eu leur heure de gloire depuis qu'Alexeï Navalny, figure de l'opposition politique et militant anti-corruption, les a découvertes dans les registres du Rosreestr (Service fédéral d'Etat d'enregistrement, du cadastre et de la cartographie). Navalny a remarqué que les noms des propriétaires de certains luxueux hôtels particuliers, qui appartenaient auparavant aux fils du procureur général Iouri Tchaïka, étaient devenus LSDUZ et IFYaU9. Dans le but, suppose-t-il, de dissimuler des informations confidentielles sur Artiom et Igor Tchaïka. Navalny a également rappelé à ses lecteurs que des informations sur des propriétés appartenant à la famille de personnalités haut placées avaient disparu des registres du Rosreetr.

Cette situation a inspiré aux lecteurs du blog à succès de Navalny des BD et des collages assez drôles, et le web-site indépendant «Meduza», domicilié en Lituanie, a lancé un jeu qui permet de savoir à quoi ressemble votre nom dans les registres du Rosreestr.

“Comment s'appelle votre fils ?” – “LSDUZ, IFYaU9.”
Quelque part dans les profondeurs du Parquet général de la Fédération de Russie.

Source : divers sites de médias sociaux

«RuNet Echo» a déjà explicité de nombreux «mots de l'année 2016» tirés de la liste de Dojd:

Rusiano (Русиано), Viper (Вейпер) et «Il n'y a pas d'argent [pour vous], mais tenez bon» (Денег нет, но вы держитесь) [en anglais]

Zabivaka le loup (Забивака) [en anglais]

Pokemon GO [en anglais]

#JeNaiPasPeurDeLeDire (#ЯНеБоюсьСказать) [en anglais]

Bien nagé? (Как поплавали?) [en anglais]

FindFace [en anglais]

Réseaux de neurones (Нейросети) [en français]

En louboutins (На лабутенах) [en français]

Télégonie (Телегония) [en anglais]

Au Liban, la décharge en bord de mer qui met en danger aussi les avions

mercredi 18 janvier 2017 à 22:50
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167 mètres, la distance entre la décharge et l'aéroport” Image publiée par ‘Labne&Facts’ sur Facebook. Source: Facebook.

Le risque de collision avec les oiseaux sur les pistes de l'aéroport international de Beyrouth, le seul du Liban, et à proximité, ne date pas d'aujourd'hui. Le problème est soulevé périodiquement par les médias, les écologistes et les citoyens conscients, depuis le jour où la décharge de Costa Brava a été installée à côté de l'aéroport, l'une des deux censée remédier à la crise apparemment sans fin des déchets du pays.

Mais ces derniers jours ont relancé l'anxiété devant le phénomène avec des reportages récents témoignant d'une aggravation. Une vidéo de la Radio-télevision libanaise (LBC) montre des mouettes planer en nombres plus importants que documenté jusqu'à présent au-dessus tant de l'aéroport international de Beyrouth que du site d'enfouissement.

L'information a incité beaucoup de monde à demander aux grandes compagnies aériennes et même à l’Association du transport aérien international (IATA) si des mesures sont prises pour empêcher une catastrophe :

Quelles mesures sont-elles prises par l'IATA pour éviter qu'une vraie catastrophe avec des morts se produise à l'aéroport de Beyrouth, Liban ?

Le juge des référés du Mont Liban Hassan Hamdan a répondu en ordonnant la fermeture provisoire de la décharge Costa Brava. La décision est intervenue après que des sources ont confirmé que plusieurs avions avaient croisé des mouettes sur les pistes de l'aéroport international de Beyrouth à l'atterrissage et au décollage.

Les oiseaux sont attirés par les déchets organiques trouvés dans la décharge, et peut-être aussi par la pollution de la rivière Ghadir voisine, abondante source de nourriture. Les diffuseurs d'ultra-sons installés par l'administration pour les éloigner ont perdu toute efficacité car les oiseaux s'y sont accoutumés.

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Mouettes sur la décharge Costa Brava à côté de l'aéroport de Beyrouth. Source: Capture d'écran du reportage de LBC. 

Selon une source judiciaire, les déchets sont toujours susceptibles d'être apportés au dit site jusqu'à ce que le jugement devienne exécutoire. Autrement dit, les ordures ne devraient pas s'accumuler dans les rues au cours des prochains jours.

Pour sa part, le nouveau ministre de l'Environnement Tarek Khatib a écarté les craintes d'une nouvelle crise des ordures semblable à celle qui a débuté en 2015, et qui a vu des montagnes de détritus s'empiler dans les espaces publics. Quant au ministre des Travaux Publics Youssef Finianos, il a déclaré à la presse le 11 janvier que la rivière Ghadir fortement polluée, qui se jette dans la mer à proximité du site de la décharge et pourrait être un autre point d'attraction pour les oiseaux et d'autres animaux, sera traitée.

The dumpsite as seen from the road. Photo taken by Zeina Nasser and used with permission.

La décharge vue depuis l'autoroute. Photo prise par Zeina Nasser et utilisée avec autorisation.

Le danger des collisions d'oiseaux

Si les collisions avec des oiseaux ne sont pas une cause principale d'accidents aériens fatals, elles n'en causent pas moins de sérieuses préoccupations pour la sécurité et l'économie. En tout, 219 voyageurs aériens ont été tués dans le monde à la suite de collisions avec des oiseaux depuis 1988, d'après Boeing. Le cas le plus catastrophiques se produisit le 4 octobre 1960, lorsque le vol 375 d'Eastern Air Lines, partant de Boston, heurta une volée d'étourneaux durant le décollage et eut ses quatre moteurs endommagés. L'avion s'écrasa alors sur le port de Boston et 62 passagers périrent.

Un autre cas célèbre eut lieu en 2009 à New York, popularisé par le biopic hollywoodien de 2016 du commandant Chesley “Sully” Sullenberger. Le vol US Airways 1549 de LaGuardia à Charlotte/Douglas International fut contraint à se poser sur l'Hudson River après être entré en collision avec un vol d'oies sauvages qui a mis en panne les moteurs. Les 150 passagers et les cinq membres d'équipage ont tous survécu après l'amerrissage héroïque.

Du point de vue économique, les dommages aux avions causés par les oiseaux sont estimés à des milliards de dollars, amenant de nombreux aéroports à renforcer les dispositifs de contrôle des animaux. Les mouettes comptent pour 77 % des accidents, selon l’International Bird Strike Committee [Commission internationale des collisions avec les oiseaux], et constituent la majeure partie de ceux qui fréquentent les environs de l'aéroport de Beyrouth. Si la plupart des aéronefs modernes sont construits pour résister aux dangers causés par les collisions avec les oiseaux, les aéroports à travers le monde prennent la menace au sérieux et emploient maintes techniques pour les repousser.

Le massacre des mouettes de Beyrouth

Le 14 janvier 2016, des dizaines de chasseurs ont été vus tirant des mouettes à côté de l'aéroport. Ces chasseurs se seraient vu remettre les cartouches nécessaires et auraient été acheminés, disent les activistes. Un chasseur a déclaré à LBC :

On nous a seulement donné les cartouches. Seules les mouettes sont ciblées car elles menacent la sécurité de l'aviation civile.

Un avis que ne partagent pas les mouvements de défense de l'environnement comme Lebanon Eco Movment, qui a partagé la photo, ci-dessous, d'un moineau mort, ainsi commentée :

.مجزرة الطيور لا تقتصر على ١٧ نوع من طيور النورس وانما تطال كل ما له جانحين
بالصورة طائر دوري مقتول من الفواصين المجرمين والمرسلين من مجرم حاقد لل يحترم الحياة

Le massacre d'oiseaux ne s'est pas borné à 17 types de mouettes. Il a visé tout ce qui possédait des ailes. Sur cette photo vous pouvez voir un moineau domestique mort, tué par des criminels envoyés par un criminel qui a une rancune contre le respect de la vie.

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Un moineau domestique mort à la décharge Costa Brava. Source: Lebanon Eco Movement sur Facebook

Les faits ont été condamnés par les militants sur les médias sociaux, et ont fait scandale chez les écologistes :

Honte à MEA AIR LIBAN pour avoir transporté les chasseurs qui s'en donnent à coeur joie pour descendre les oiseaux sur la décharge Costa Brava. RT SVP.

A la fin de la journée, des oiseaux gisaient fusillés par centaines, sans aucun aveu de responsabilité des responsables publics libanais. Le ministre libanais de l'Environnement nouvellement nommé commença par prétendre ne pas être au courant du plan d'abattage des oiseaux, avant de demander aux citoyens d'imaginer de meilleures alternatives.

Infraction aux conventions internationales ?

Les mouvements environnementalistes ont accusé le gouvernement libanais d'avoir violé les traités internationaux avec cette chasse. Le traité concerné le plus important est l'Accord sur la conservation des oiseaux d'eau migrateurs d'Afrique-Eurasie (AEWA) de 1999, auquel le Liban est partie, et qui couvre 254 espèces d'oiseaux.

Selon la Ligue libanaise pour la conservation des oiseaux, plusieurs autres espèces ont aussi été victimes de ce massacre. Ce sont le chevalier gambette, le chevalier guignette, la tourterelle turque, la tourterelle maillée, la tourterelle des bois, le moineau domestique, l'aigrette garzette, le grand cormoran, la sterne caugek, la mouette rieuse, la mouette pygmée, et la mouette mélanocéphale.

Enfin, dans un entretien avec Newsroom Nomad, Paul Abi Rached, le président de Lebanon Eco Movement, a dit que la décision du gouvernement libanais de mettre en oeuvre des ‘solutions’ de court terme peut avoir des conséquences catastrophiques :

Les oiseaux reviendront au bout d'un moment, et leur tirer dessus ne servira à rien … Pour résoudre ce problème on doit fermer la décharge Costa Brava et traiter le problème du Ghadir à la racine. Rien d'autre ne pourra marcher.

C'est à la fois illégal et criminel, mais ça montre avant tout l'incompétence de ce gouvernement … La décharge a été installée pour durer quatre ans, et on dirait qu'ils [les autorités] veulent garder les choses en l'état de manière à paver la voie aux incinérateurs, qui seront présentés à l'opinion comme la seule solution au problème des déchets.

J'ai des raisons de croire qu'ils vont recourir à cette tactique immorale et illégale [tirer les oiseaux à la carabine] comme un moyen de couvrir leurs carences et garder la décharge en service … C'était le premier test du nouveau gouvernement, ils promettaient de protéger l'environnement et ils ont gravement échoué.

Brésil: de vieilles haines machistes à l'origine d'un massacre le jour du Nouvel An

mercredi 18 janvier 2017 à 19:30
Women in São Paulo protest against feminidade in Latin America | Photo: Media Ninja

A São Paulo, des femmes manifestent contre le féminicide en Amérique Latine. Photo: Mídia Ninja

Le réveillon du Nouvel An battait son plein, lorsque Sidnei Ramis de Araújo, un technicien de laboratoire de quarante-six ans, a décidé de s'acharner sur son ex-femme. Dans une maison de Campinas, une ville moyenne de l'état de São Paulo, Isamara Filler commémorait le dernier jour de 2016 avec des membres de sa famille et João Victor, le fils du couple, âgé de huit ans. Ils étaient en train de porter un toast quand Sidnei a surgi, une arme à la main, a assassiné douze personnes y compris son propre fils, et s'est ensuite donné la mort. Parmi les victimes, neuf étaient des femmes – ou selon les propres mots d'Araújo “des salopes.”

Ce carnage au premier jour de l'année était un exemple typique de crime gouverné par la haine. Avant la tragédie, Sidnei avait laissé un téléphone portable dans sa voiture. On y a retrouvé un enregistrement audio et un e-mail envoyé à ses amis et collègues de travail présentant le mobile de ses actes.

Dans son “manifeste,” rapidement relayé par la presse, Sidnei rendait Isamara responsable de l'avoir séparé de João Victor. Mais elle n'était pas la seule et unique cible de sa haine.

Il a aussi incriminé “un système féministe et certaines folles” d'avoir ruiné sa vie. Il faisait référence à toutes les femmes comme à “des salopes qui font n'importe quoi pour rendre les pères complètement fous.” Il s'est aussi moqué de la loi Maria da Penha, qui prévoit des peines sévères en cas de violences domestiques. Il a accusé les activistes des droits de l'homme de défendre les criminels. Sidnei a encore pris le soin de partager sa haine de Dilma Rousseff, la première femme présidente du Brésil qui fut écartée du pouvoir en 2016.

Une telle manifestation de haine se répète notamment dans les commentaires sur des sujets ayant traits à la famille et que l'on peut facilement trouver sur internet, ou même en fouillant les pages Facebook d'amis conservateurs.

Comme la journaliste Carol Patrocínio l'écrit sur sa page Medium:

Eu e você já lemos aquele discurso. Já lemos milhares de vezes feminicídio ser chamado de crime passional — na página Não Foi Ciúme você pode ter uma ideia de quantas vezes isso acontece -, já vimos diversas histórias de mulheres violentadas que são apontadas como um problema quando afastam o filho do genitor — vale lembrar que gerar e exercer a paternidade são coisas diferentes -, já vimos milhares de homens justificarem sua violência e descontrole no comportamento de outras pessoas.

Vous et moi avons déjà lu ce discours-là. On a tous déjà vu des milliers de fois un féminicide présenté comme un “crime passionnel” – sur la page Ce n'était pas de la jalousie, on peut se faire une idée du nombre de fois où cela arrive –, on a déjà vu plein d'histoires de femmes victimes de violences parce que dénoncées comme étant un problème dès lors qu'elles éloignent le fils de l'autre parent, le géniteur –il est bon de rappeler ici que donner la vie et exercer sa paternité, sont deux choses différentes –, on a déjà vu des milliers d'hommes justifier leur violence et leur manque de sang-froid par le comportement d'autres personnes.

De 2005 à 2015, Isamara a déposé cinq plaintes contre son ex-mari pour des menaces, des agressions et des abus sexuels sur son fils. Faute de preuves, Sidnei n'a jamais répondu de cette dernière accusation, mais le tribunal à tout de même décidé que ses interactions avec son fils devraient être limitées à des visites encadrées.

L'assassin a nié toutes ces accusations, mais l'une des professeurs de João Victor a déclaré à la presse que le jeune garçon lui aurait dit une fois “qu'il tuerait son père quand il serait plus grand.”

Cet assassin n'est pas une exception

Cela est préoccupant, mais le cas de Sidnei Ramis de Araújo est très commun lorsque l'on vient à en parler de violence de genre.

Son père le décrit comme “quelqu'un de très doux, qui ne boit pas et ne fume pas.” En tant qu’anthropologue, Debora Diniz précise, dans un billet d'opinion sur Brasil Post  (l'équivalent brésilien de The Huffington Post), “la folie n'explique pas les fantaisies misogynes dans l'esprit de l'assassin” — même s'il était “psychopathe.” Diniz ajoute : “Sidnei a tué parce qu'il n'a pas supporté la séparation ou la décision judiciaire à l'encontre de son abus patriarcal, parce qu'il s'est soudain vu dépossédé de sa position de toute-puissance dans son environnement domestique.”

Et Sidnei n'était pas seul. Suite à la publication du massacre dans la presse, plusieurs personnes ont tenté “de comprendre” les motifs du tueur. Certains ont même justifié ses actes. Pour une fois sans satire, le site parodique Sensacionalista a mis en ligne nombre de commentaires qui circulent sur internet manifestant leur soutien au tireur :

Un internaute culpabilise les féministes, bien entendu :

MESSIEURS: Fuyez les féministes, comme le diable fuit la croix, n'entretenez aucune relation avec eux, ne soyez pas pères des enfants des autres, n'ayez pas d'enfants, si vous en avez, faites attention à ce que votre enfant apprend à l'école, évitez à tous prix les cours humanitaristes de l'enseignement public ou privé, ce sont les cancers qui rongent la société de l'intérieur, préparez-vous à la génération de psychopathes qui arrive.

Un autre en conclu que, évidemment, la victime n'a à s'en prendre qu'à elle-même :

Impressionnant, apparemment elle était vraiment en train de le trahir et de l'éloigner de son fils et elle demandait en plus une pension phénoménale il n'est pas juste de tuer quelqu'un mais NE TESTEZ JAMAIS UN HOMME.

Un commentaire adresse un avertissement à toutes les femmes :

Toutes ces femmes sont coupables, si vous voulez vraiment connaitre une femme, il vous suffit de divorcer, votre vie se transformera en enfer… Tant que les femmes n'apprendront pas à être meilleures, la boucherie continuera… Que cela vous serve de leçon, branleuses, faites gaffe !!!

Et ce dernier qui résume le supposé régime oppressif institué par les minorités du Brésil :

Sa lettre est 100% fidèle à la réalité brésilienne et à la société contemporaine, les minorités subissent l'oppression des institutions par des règles qui sont déconnectées de la réalité. Je respecte son attitude, même si je ne suis pas tout à fait d'accord avec lui. Si 10% des hommes avaient le même courage, digne des ancêtres kamikazes, bachi-bouzouks ou spartes. La virilité des temps anciens a disparu noyée dans les drogues et l'homosexualité.

Quatre autres pays commettent autant de féminicides que le Brésil

D'après l'Organisation Mondiale de la Santé, le Brésil a un taux de féminicide de 4,8 pour 100 000 femmes, ce qui le situe au cinquième rang dans le monde. Les cibles les plus fréquentes sont les femmes noires, selon la carte de la Violence 2016, un rapport de recherche indépendant sur la violence au Brésil. Les assassinats de femmes noires ont augmenté de 54% entre 2003 et 2013. Au moins dix femmes ont été assassinées par leur partenaire dans le pays au cours des six premiers jours de 2017.

Les législateurs brésiliens ont bien essayé d'aborder la violence de genre dans le passé. En 2003, le pays a passé la loi Maria da Penha qui protège les femmes victimes de violences domestiques. Cette loi porte le nom d'une activiste qui est devenue paraplégique suite aux deux tentatives de meurtres de son mari. En 2015, une autre loi, classant le féminicide comme crime de haine, fut additionné au Code pénal brésilien.

L'ex-présidente Dilma Rousseff, qui a perdu son poste l'année dernière à l'occasion d'un processus de destitution très controversé, a elle aussi été victime de misogynie durant les six ans qu'elle a passé à la tête de l'État. Apprenant que Sidnei Ramis de Araújo l'avait appelée “l'autre chienne,” dans sa lettre, elle a écrit sur Facebook :

A misoginia mata todos os dias. Matou Isamara Filier, uma criança, outras oito mulheres e três homens. É intolerável que o machismo encontre eco no pensamento conservador e justifique o feminicídio. O momento é de fortalecer a política de direitos humanos para defender as mulheres da cultura do ódio e da violência pelo único motivo de serem mulheres. Devemos defender com firmeza a Lei Maria da Penha e fazer valer a Lei do Feminicídio para que a impunidade não seja mais escusa para novas mortes.

La misogynie tue tous les jours. Elle a tué Isamara Filier, un enfant, huit autres femmes et trois hommes. Il est intolérable que le machisme rencontre un écho si favorable dans la pensée conservatrice et justifie le féminicide. C'est le moment de consolider la politique des droits de l'homme pour défendre les femmes contre cette culture de la haine et de la violence au simple motif qu'elles sont des femmes. Nous devons défendre avec force la loi Maria da Penha et faire valoir la Loi du Féminicide pour que l'impunité ne soit plus une excuse à de nouveaux meurtres.

Réfléchissant au fait que Isamara avait, à plusieurs reprises, demandé la protection de la police, Janaina Penalva, une professeure de droit, constate :

Infelizmente, a importância das leis que reconhecem os direitos das mulheres não se mede apenas quando elas conseguem prevenir a violência, quando falham também mostram o valor que têm. A carta de Campinas é a prova disso.

Malheureusement, l'importance des lois qui reconnaissent les droits des femmes ne se mesure pas uniquement à leur rôle dans la prévention de la violence, quand elles n'y parviennent pas, elles démontrent aussi leur valeur. La lettre de Campinas en est une preuve flagrante.

Avec tant d'hommes qui essaient de rationaliser une folie meurtrière qui a tué douze personnes, la seule manière de combattre une pensée aussi précaire semble être l'éducation des générations futures afin qu'elles comprennent que la violence fondée sur le genre n'est pas normale.

Habituée à traiter des dossiers comme celui-là, la procureure Gabriela Mansur affirme tristement dans une interview à Huffington Post que la cause des femmes n'est pas une priorité au Brésil :

Enquanto não for prioridade de investimento público, destinação de verba, aprimoramento dos atendimentos, credibilidade da palavra da vítima, deixar pessoas especializadas em estratégias de políticas públicas e criminal, enfim, enquanto não for prioridade não vamos conseguir diminuir os índices de violência contra a mulher.

Tant que ce ne sera pas une priorité de l'investissement public, avec un budget approprié, amélioration de l'accueil et crédibilité des victimes et de leur déclaration, faire appel à des spécialistes en stratégies de politiques publiques et criminelles, enfin, tant que tout cela n'est pas une priorité, nous ne parviendrons pas à réduire les chiffres des violences contre les femmes.