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Nouvelle crise en Tunisie, après une embuscade où 8 soldats ont trouvé la mort

jeudi 1 août 2013 à 18:35

Les Tunisiens sont sous le choc, après une embuscade qui a coûté la vie à 8 soldats et fait trois blessés près de la frontière avec l'Algérie. L'attaque s'est déroulée lundi, dans la région montagneuse de Chammbi dans le gouvernorat de  Kasserine, à quelques 290 km au sud de la capitale Tunis. Selon les médias tunisiens, cinq des soldats ont eu la gorge tranchée.

Depuis plusieurs mois, l'armée et les forces de sécurité tunisiennes poursuivent des militants islamistes que l'on pense liés à AQMI (Al-Qaida au Maghreb islamiste) sur le Mont Chammbi. Des explosions de mines, au mois d'avril puis de mai et juin, ont tué deux soldats et fait au moins quatorze blessés parmi les soldats ou des policiers. Le président par interim, Moncef Marzouki, a décrit cette embuscade comme un  ”attentat terroriste”. “Nous sommes entrés dans une période de terrorisme. Nous allons traverser une période difficile, mais nous la surmonterons”, a-t-il dit durant un discours télévisé.

Names of soldiers killed on Mount Chaambi.

Les noms des soldats tué sur le Mont Chaambi.

Quand la nouvelle de la tragédie s'est répandue en Tunisie, des supputations et des accusations se sont multipliées sur les réseaux sociaux.

Interrogé sur qui, selon lui, est derrière cet attentat sanglant, le correspondant de France 24 à Tunis, David Thomson, a répondu :

Comme après l'assassinat du député de l'opposition à l'Assemblée constituante, Mohamed Brahmi, et, auparavant, celui de l'un des leaders de la gauche tunisienne, Chokri Belaid, le gouvernement de coalition réunissant trois partis, conduit par le parti islamiste Ennahdha, est sur la sellette. Les mouvements d'oppositions et les militants tunisiens ont souvent accusé le gouvernement de ne pas prendre assez au sérieux les menaces terroristes et de tolérer les extrémistes religieux.

La sanglante embuscade de lundi aggrave la crise politique où est plongée la Tunisie depuis l'assassinat du député Mohamed Brahmi le 25 juillet. Des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour exiger la démission du gouvernement de coalition conduit par Ennahdha, . Un sit-in demandant la dissolution de l'Assemblée constituante (ANC), qui est chargé de rédiger la Constitution, a eu lieu. Selon Marsad, une association qui suit et informe sur les travaux de l'Assemblée constituante, 60 députés se sont retirés de l'Assemblée.

List of MPs for (green) and against (red) the dissolution of the NCA. Source: Marsad.tn

Liste des députés pour (en rouge) et contre (en vert)  la dissolution de l'ANC Source: Marsad.tn

Le plus important syndicat tunisien a appelé le gouvernement à démissionner et à mettre en place un gouvernement technique.  Le syndicat s'oppose à la dissolution de l'ANC, et propose la formation d'un comité d'experts pour revoir la dernière version de la constitution en deux semaines, avant de la soumettre au vote de l'ANC.

Tandis que les manifestations contre le gouvernement se poursuivent, une opération militaire est en cours pour “nettoyer” le Mont Chaambi d'éléments islamistes suspects.

L'éducation militaire des jeunes Sud-coréens remise en question après un drame

jeudi 1 août 2013 à 10:32

Cinq lycéens se sont noyés lors d'un bootcamp, un stage d'entrainement de type militaire, dans un camp privé au bord de la mer, en Corée du Sud, provoquant des débats sur la prévalence des camps d’entraînement de type militaire ainsi que sur la nostalgie de la culture militaire dans l’éducation coréenne.

Dans la province du sud de Chungcheong, cinq lycéens sont morts lors de ce camp d’entraînement de trois jours. Les instructeurs ont obligé les élèves à enlever leurs gilets de sauvetage et à sauter dans la mer en fin d’après-midi. Parmi les 23 étudiants pris dans un fort courant, cinq manquaient à l’appel, leurs corps ont été retrouvés le lendemain.

Avant les funérailles qui se sont tenues le 24 juillet 2013, les camarades de classe des victimes ont posté une courte vidéo dans laquelle ils expriment leurs condoléances sur Youtube (les sous-titres en anglais sont indisponibles) :

Plus tard, la police a découvert que plusieurs instructeurs non qualifiés avaient été embauchés à temps partiel pour la saison estivale. En outre, le camp d’entraînement a utilisé de manière frauduleuse le nom d'un corps de la marine militaire coréenne, bien qu’il n’ait aucun lien avec les forces armées.

Les réactions immédiates à la tragédie ont porté sur le manque de sécurité et les opérations dans les camps d’entraînement non autorisés, puis les blogueurs et twittos ont exprimé leurs inquiétudes sur la prévalence de la culture militaire dans l’éducation coréenne, qui piétine la créativité des lycéens, leur individualité et entrave aussi  selon eux le processus de formation de futurs citoyens responsables et actifs.

Les camps d’entraînement de type militaire sont l’une des activités les plus populaires durant les vacances dans de nombreuses écoles coréennes et le « Gyoryeon », la formation militaire pratique pour les enfants, était l’une des matières imposées aux lycéens pendant près de trente ans. Cette matière est devenue optionnelle en 1997 et a officiellement disparu des écoles seulement l’an dernier.

Image of Boot Camp in Seoul. Unrelated to the one that is responsible for the accident. Image by Flickr user @fast800 (CC BY-NC-SA 2.0)

Image d’un camp d’entraînement en Corée du Sud, sans lien avec le camp responsable de l’accident. Photo de @fast8000, Flickr (CC BY-NC-SA 2.

@blu_pn: 해병대캠프 사고로, 극기라는 이름의 병영훈련에 경악하는 분들이 많다. ● 허나 기억할랑가 모르겠다. 나 어릴적 학교에서는 교련이라는 군사훈련을 정규수업으로 받았고, 조회시간엔 군대식 사열과 교장선생님께 거수경례를 했었다[...]

@blu_pn: Après l’accident du camp d’entraînement, nombreux sont ceux qui ont exprimé le plus grand choc envers les camps d’entraînement et l'autodiscipline qu'il inculque par un entraînement intensif. Mais vous souvenez-vous ? Lorsque j’étais enfant, j’ai eu un entraînement militaire appelé « Gyo-ryeon » lors de mon éducation classique. Et pendant les annonces du matin, nous [les écoliers] nous nous mettions en rang comme dans une formation militaire et faisions le salut militaire à notre proviseur.

Le célèbre blogueur Impeter a retracé la longue histoire de la culture militaire dans l’éducation moderne coréenne :

[...] 1969년 안보의식과 전시상황에서의 대처능력을 높인다는 목적으로 고등학교 필수과목으로 ‘교련'을 지정했습니다. 당시 교련을 받은 대부분의 학생들은 그저 학교에서 하는 과목이라고 생각했지만, 지금 돌이켜보면 전쟁이 나면 고등학생까지 총을 들고 전장에 내보내겠다는 끔찍한 일이었습니다. 고등학생을 군인으로 만들려고 하니 군대와 똑같은 체벌과 군인정신을 학교에서 요구하기 시작했습니다. [...] 우리 교육의 가장 큰 문제는 잘못된 명령이라도 무조건 따라야 한다는 일제강점기 조선총독부가 조선의 아이들을 소년병으로 만들려는 군국주의 교육 습성이 군사독재 정권으로 이어지면서 아직도 학교에 남아 있기 때문입니다.

Image of Boot Camp in Seoul. Unrelated to the facility that is responsible for the accident. Image by Flickr user @fast800 (CC BY-NC-SA 2.0)

Image d’un camp d’entraînement en Corée du Sud, sans lien avec le camp responsable de l’accident. Image de @fast8000, Flickr (CC BY-NC-SA 2.0)

 

 

 

 

 

 

 

En 1969 [cette année-là, les tensions militaires entre la Corée du Nord et du Sud étaient au plus haut, atteignant un état de pré-guerre] le gouvernement a instauré le « Gyoryeon » comme matière obligatoire afin de sensibiliser l’opinion publique quant à la sécurité nationale et à être mieux préparée à la guerre. La plupart des étudiants ont accepté cette matière sans réfléchir, mais si vous y réfléchissez vraiment, c’est une situation horrible. Elle montre que le gouvernement a pensé à envoyer les lycéens dans une zone de guerre lorsque le conflit éclaterait. Puisque le gouvernement souhaitait transformer des lycéens en soldats, les écoles ont commencé à inculquer l’esprit militaire aux enfants et à presque adopté les mêmes sévices corporels utilisés dans l’armée […] Les plus gros problèmes de notre éducation est [l’idée que] « les étudiants ont besoin d’obéir, même aux ordres erronés », idée née durant la période coloniale japonaise – le gouvernement colonial japonais a transformé les enfants de la dynastie Joseon en enfants soldats [pendant la Seconde Guerre Mondiale] en introduisant le militarisme dans l’éducation. Et cette tradition a survécu, tout comme les régimes autoritaires militaires coréens qui ont pris le pouvoir [des années 1960 aux années 1980], laissant des traces de militarisme dans nos écoles.

 

Kim Yong-Taek, qui a passé toute sa vie comme éducateur, a publié cette analyse dans son blog consacré à l’éducation :

‘군대 갔다 오면 사람 된다’는 말이 있다. ‘말썽 부리고 반발하고 부모 알기를 우습게 알던 아들이 군대 가더니 딴 사람이 되어 돌아왔다’고 좋아하는 부모들이 있다. 과연 그럴까? ‘군대’갔다 오면 사람‘된다’는 말은 고생을 모르고 자란 자녀가 부모와 헤어져 살아보니 철이 든 것이지 군에 갔기 때문에 달라진 게 아니다. 달라졌다면 순진한 젊은이가 ‘폭력에 순종하는 인간성으로 바뀌었다면 그게 달라졌을 뿐이다[...] 개성이니 창의성이니 소통과 비판과 같은 민주주의란 군사문화와는 거리가 멀다. 명령과 복종이 필요할 뿐이다. 그럴 수밖에 없는 것이 적과의 대치 속에서 살아남기 위해서는 강인한 체력과 인내심이 기본이요, ‘시키면 시키는 대로 해야 하는 복종만이 살 길이다[...] 민주시민으로 자라도록 가르치는 학교에서 배우는 학생들에게 군사문화를 주입시킨다는 것은 반민주주의요, 반교육이다.

Image of Boot Camp in Seoul. Unrelated to the facility that is responsible for the accident. Image by Flickr user @fast800 (CC BY-NC-SA 2.0)

Image d’un camp d’entraînement en Corée du Sud, sans lien avec le camp responsable de l’accident. Image de @fast8000, Flickr (CC BY-NC-SA 2.0)

 

 

 

 

 

Il y a un proverbe qui dit que l’armée transforme n’importe qui en un véritable homme. Certains parents ont joyeusement déclaré : « Mon fils, un gamin turbulent qui avait l’habitude de manquer de respect envers ses parents, est devenu un autre homme une fois qu’il a servi dans l’armée » [tous les Coréens valides doivent effectuer leur service militaire obligatoire de deux ans]. CEPENDANT, est-ce vrai ? C’est naturel pour un enfant gâté de devenir un être plus mature après qu’il ait quitté ses parents. S’il y a un réel changement apporté par l’armée, c’est « qu’un jeune homme naïf s’est transformé en une personne obéissante qui succombe à la violence » […] La démocratie fait la promotion de la créativité et de l’individualité et [est ouverte à] la communication et la critique, et se démarque de la culture militaire. Dans la culture militaire, qui se déploie dans des situations extrêmes où l’on affronte des ennemis, une forte résistance physique et la patience sont une nécessité et l’obéissance aux plus hautes autorités la seule chance de survie. Comment une école, une entité qui devrait guider les étudiants à devenir des citoyens respectueux de la démocratie instille-t-elle l’esprit militaire dans ces enfants ? Il s’agit d’une décision antidémocratique en complet désaccord avec le réel esprit de l’éducation.

Inde : le “problème de qualité” de l'enseignement supérieur

mercredi 31 juillet 2013 à 12:30

Supriyo Chaudhury de Sunday Posts énonce que l'enseignement supérieur indien a besoin d'investissements étrangers, pas uniquement pour raison d'argent, mais du fait de l'imagination et de l'offre créatrice qu'ils induiront.

Colombie : Bienvenue au centre ville de Medellín

mercredi 31 juillet 2013 à 11:09

Le centre ville de Medellin, ma ville natale, est l'un des endroits les plus animés (colorés) que j'ai jamais connus. Ce n'est pas l'endroit le plus beau ou le plus sûr au monde mais il est très intéressant, plein d'énergie et exotique.

Adriaan Alsema décrit ainsi le centre ville de Medellín, ou “el centro“, sur le site Colombia Reports [en anglais]. Il évoque les raisons d'aimer ou détester le centre ville de Medellín, et rajoute : ,

c'est exactement ce développement et cette croissance visible et le perpétuel bras de fer entre le bien et le mal qui font que je veuille vivre ici. C'est pourquoi je suis si passionné par le centre ville de Medellin, bien que ça ne soit pas toujours réciproque.

 

L'article propose également une carte interactive.

Burkina Faso : la prochaine crise africaine ?

mardi 30 juillet 2013 à 18:58

Dimanche 28 juillet c’était le premier tour de l’élection présidentielle au Mali mais c’était aussi la quatrième manifestation au Burkina Faso en un mois.

L’opposition avait fait deux démonstrations de force le 29 juin et le 20 juillet. Le parti du président Blaise Compaoré avait répliqué par une manifestation de soutien de ses partisans le 6 juillet.

Photo prise lors de la manifestation du 20 juillet

Photo prise lors de la manifestation du 20 juillet via @Bambyam sur twitter avec sa permission

Pourquoi ces manifestations ? Sur Diktacratie Nico Ramirez raconte dans Burkina Faso : au pays de l’homme qui désintègre [Burkina Faso signifie « Pays des hommes intègres »] :

C’est la mise en place d’un Sénat, la dernière trouvaille du régime pour assurer sa survie, qui a enflammé les esprits. Plus d’élus pour plus de démocratie, un bon gros mensonge pour nourrir des estomacs vides ! À côté des 39 représentants des collectivités territoriales, élus au suffrage indirect, et d’une douzaine de représentants de la société civile, le Sénat comptera également 29 sénateurs nommés par Blaise soi-même, comme ça c’est plus simple.

Cela n'est pas l'unique raison comme l’explique Justin Yarga – journaliste web sur Burkina 24 et blogueur – dans sa note intitulée Burkina Faso: Quand la présidentielle de 2015 se prépare déjà dans la rue sur le blog Noise from Africa :

Pour le parti au pouvoir, cette chambre de sages participe du renforcement de la démocratie. Mais l’opposition y voit le moyen pour le parti au pouvoir et ses alliés de s’assurer une majorité qualifiée qui lui permette, en l’absence de son allié de poids l’ADF-RDA, de modifier l’article 37 et donner ainsi la possibilité d’un second mandat au président Blaise Compaoré.

 

Photo prise le 6 juillet lors de la manifestation de soutien au régime via @babyam avec sa permission

Photo prise le 6 juillet lors de la manifestation de soutien au régime via @babyam avec sa permission

L’ONG internationale de prévention et de résolution des conflits, International Crisis Group (ICG), écrit dans son rapport « Avec ou sans Compaoré, le temps des incertitudes » :

Pour la première fois depuis 1987, la question de la succession du président burkinabè est ouvertement posée. La Constitution interdit en effet à Blaise Compaoré, au pouvoir depuis plus d’un quart de siècle, de briguer un nouveau mandat en 2015. Sa marge de manœuvre est très étroite. S’il respecte la loi fondamentale, sa succession risque d’être difficile tant il a dominé la vie politique et fermé les possibilités d’alternance. S’il modifie la Constitution et se porte candidat à un cinquième mandat consécutif, il prend le risque de déclencher un soulèvement populaire comme celui qui a fait vaciller son régime au premier semestre de l’année 2011. Les partenaires internationaux doivent l’inciter à respecter la loi fondamentale et permettre une transition démocratique en douceur.

Cette contestation a vu l’émergence du mouvement « Le balai citoyen », initiative de deux musiciens : Smockey – rappeur – et Sams K Le Jah qui lui fait du reggae. Ils présentent ainsi le mouvement sur leur page Facebook :

Une Force citoyenne nouvelle résiste et s'organise pour une “VRAIE DÉMOCRATIE”, une “BONNE GOUVERNANCE” et un “MEILLEUR VIVRE-ENSEMBLE” au Faso

Le site eburnienews nous dit que le gouvernement a fait fi des manifestations et que finalement, les sénatoriales ont eu lieu :

Malgré la marche de l’opposition, sa puissance de mobilisation, les « non au sénat » n’ont pas troublé outre mesure le déroulement des élections sénatoriales ce 28 juillet. Les manifestants qui ont essayé de les empêcher ont été … « victimes » de la rapidité du scrutin !

Les 29 sénateurs représentants les collectivités territoriales seront donc bientôt connus et installés. … La conclusion qu’on est en droit de tirer est qu’inexorablement, le sénat sera installé.

Le sénat passera donc, à moins d’un revirement spectaculaire du Président du Faso et est bien parti pour participer à l’ouverture de la prochaine session ordinaire du Parlement.

Sur son blog Rues d'Afriques Sabine Cessou écrit dans Burkina Faso l’insurrection qui vient que comme le Sénégalais Abdoulaye Wade avant lui :

Blaise Compaoré envisage lui aussi une succession dynastique, en poussant son frère cadet, l’impopulaire François Compaoré. Surnommé « petit président », l’homme est soupçonné d’être impliqué dans le meurtre d’un journaliste, Norbert Zongo, qui enquêtait sur la disparition de son chauffeur.

Justin Yarga rappelle dans sa note de blog Burkina Faso: Quand la présidentielle de 2015 se prépare déjà dans la rue déjà citée plus haut que :

Blaise Compaoréa pris le pouvoir en 1987 [par un coup d’état] qui a éteint la plus lumineuse expérience de changement de l’Afrique postcoloniale, celle de Thomas Sankara.

Dans le rapport cité plus haut l’ICG) détaille les répercutions désastreuses qu'une révolte au Burkina Faso aurait dans la région.