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Les femmes malgaches dénoncent une mesure sexiste sensée prévenir les aggressions sexuelles

lundi 22 avril 2019 à 14:05

Ma jupe, mon droit. Sa braguette, son problème

Capture d'écran du reportage de TV5 Monde sur le mouvement “Ma Jupe Mon Droit” à Madagascar

Manpihena ny finan-dratsin'ireo lehilahy tia setrasetra ny fitaty tsotra sy maontina entin'ny ankizivavy. koa adidin'ny ny ray aman-dreny ny manoro sy manitsy ny zanany hanalavitra ny fitaty maneho fihantsiana sy mampitanjaka

“Les vêtements sages que portent les filles diminuent les besoins diaboliques des hommes qui aiment les violenter. Il est donc du devoir des parents de mettre leurs filles sur le droit chemin pour les éloigner des vêtements qui attirent”

Ceux sont par ces phrases malheureuses publiées sur la page Facebook du ministère de l'Education Nationale (depuis supprimées) que le gouvernement malgache a demandé aux femmes de proscrire les tenues légères pour éviter les agressions sexuelles. C'est pour dénoncer cette injonction sexiste qui place le blâme sur les habitudes vestimentaires des femmes, et non sur le comportement violent des agresseurs, que de nombreuses femmes malgaches ont partagé des photos en jupe ou en robe sur les réseaux sociaux, accompagnées du hashtag #MaJupeMonDroit. Dans une logique sociétale où l'objectif semble être de ne pas se faire violer, plutôt que d'éduquer à ne pas agresser sexuellement les femmes, le ministère malgache de l’Éducation a donc recommandé aux femmes d’éviter les tenues légères pour ne pas se faire agresser. Ci-dessous une photo de la publication sur Facebook en malgache avant que la publication ne soit supprimée:

Capture d'écran de la publication sur Facebook du Ministère de l'éducation nationale le 12 avril invitant les femmes à éviter les tenues légères

Le mouvement s'est rapidement étendu sur la toile à Madagascar. Initié sur les réseaux sociaux par l’ ONG malgache Nifin’Akanga  qui lutte pour la dépénalisation de l'avortement, le mouvement a été par la suite soutenu par de nombreux activistes vivant à Madagascar et des membres de la diaspora malgache. Le 11 avril, jour de la publication du post du ministère sur Facebook, l'ONG réagit immédiatement sur la même plateforme en invitant les internautes malgaches à participer à la dénonciation de cette mesure:

/// Jupe challenge/// 😉 PARTAGEZ !!
Prenez un selfie dans la tenue qui vous plaît: jupe, robe, etc. 👗
Mettez le
#majupemondroit
Ma jupe, mon droit…
Sa braguette, son problème avec la loi.
Mon corps, mon droit
Mon utérus…pas ta décision !

De nombreux activistes reprennent aussi le hashtag international qui dénonce la culture du viol #StopRapeCulture.

Soa Anina, éditorialiste basée à Antananarivo, liste sur son blog personnel 30 réponses à 30 préjugés sur la thématique du mouvement. Voici quelques réponses:

Non, les « besoins sexuels des individus malfaisants » ne diminueront pas de cette manière, et certainement pas, s’ils reçoivent un soutien ministériel qui déplace le problème en accusant la victime, plutôt que le coupable. Non, ce n’est pas aux filles de gérer le comportement des hommes et des garçons : c’est aux hommes d’apprendre à se comporter honorablement, en toutes circonstances, et aux parents d’élever leurs garçons pour en faire des hommes. (..)  La vérité, c’est qu’aucun habit ne vous protège. Ce n’est pas le vêtement : le pervers réalise le crime, non parce qu’il est attiré par « le plaisir sexuel », mais parce qu’il tire son plaisir du rapport de pouvoir, de contrôle et de domination, sans aucun lien avec  le vêtement jugé « trop sexy ». Le mot malgache « fanolanana » décrit le viol avec exactitude : tordre jusqu’à ce que la résistance s’étiole.

Les protestations ont ensuite été reprises et amplifiées par les les journaux nationaux et des publications en ligne. Nasolo Valiavo Andriamiahaja, éditorialiste pour le journal l'Express de Madagascar, associe toutes formes de restriction réglementaire à une régression des droits de la femme en s'appuyant sur une anecdote du Roi du Maroc lors de son séjour à Madagascar:

En 1956, raconte l’écrivain marocain Tahar ben Jelloun, le roi du Maroc Mohammed V à son retour d’Antsirabe où l’administration coloniale française l’avait envoyé en exil, n’avait pas hésité à montrer ses filles sans voile. «Entre la fin des années cinquante et le début des années quatre-vingt, les Marocaines avaient dans leur majorité abandonné le port du voile. Elles portaient la djellaba et gardaient la tête non couverte. C’est avec la révolution iranienne et les discours démagogiques de Khomeyni que le voile a refait son apparition» («Maroc : voilés, dévoilées, les femmes sèment le trouble», taharbenjelloun.org)

Suite à cette levée des boucliers, le ministère de l'Education Nationale a fait amende honorable et s'est excusé dans un communiqué officiel, mettant fin à la polémique:

Communiqué officiel du ministère publié sur Facebook pour expliquer le retrait de la mesure contre le harcèlement sexuel

Mais pour de nombreux activistes et journalistes, comme Mbolatiana Raveloarimisa basé à Antananarivo, le combat n'est pas terminé:

Nombreux sont les commentaires qui, au lieu de soutenir l’indignation, cherchent encore à culpabiliser les femmes.  Le malheureux Ministère de l’éducation n’est qu’un élément déclencheur qui nous a fait découvrir une réalité toute autre. Dans la société Malgache, la violence faite aux femmes n’est que le bout d’un iceberg immense. L’administration toute entière n’est que la cristallisation d’un mutisme général.

Nicaragua : après un an de mobilisation, les manifestants veulent que Maduro se retire et que le pays prenne un nouveau départ

lundi 22 avril 2019 à 13:01

Un manifestant pendant une marche pour les prisonniers politiques à Managua. Sur son torse, une pancarte où il est écrit : “Comme vous n'arrivez pas à nous fourrer vos idées dans le crâne, vous y mettez des balles. #SOSNicaragua”. Août 2018. Photo de Jorge Mejía Peralta (CC BY 2.0).

Dès le début du mouvement massif de protestation contre le président Daniel Ortega [fr] en avril 2018, le gouvernement a interdit les manifestations, emprisonné des milliers de personnes sans jugement et bâillonné les médias, qu'ils soient traditionnels ou alternatifs. Toutes les tentatives de dialogue ayant échoué à ce jour, la question de l'avenir du Nicaragua demeure sans réponses.

Les manifestations ont débuté en avril [fr] 2018, à l'origine contre une réforme de la sécurité sociale qui visait à augmenter les impôts sur le revenu et diminuer les retraites. La répression initiale menée par les autorités a poussé les Nicaraguayens à lancer un appel général à la démission du président Daniel Ortega et de son épouse (et vice-présidente) Rosario Murillo [fr].

Le nombre de victimes parmi les manifestants varie énormément et n'a pas pu être actualisé depuis l'an dernier en raison des difficultés pour recueillir des faits attestés de violence. En décembre 2018, le gouvernement a interdit plusieurs ONG qui surveillaient les actes de violence policière et de violations des droits de l'homme, notamment le Centre nicaraguayen des droits de l'homme (Cenidh) et l'Institut pour le développement et la démocratie (Ipade).  

Toujours en décembre, deux mécanismes d'enquête mis en place par la Commission interaméricaine des droits de l'homme [fr] (CIDH) – le Mécanisme spécial de suivi pour le Nicaragua (MESENI) et le Groupe interdisciplinaire d'experts indépendants – ont été expulsés du pays [fr], privant ainsi le Nicaragua d'observateurs indépendants des droits de l'homme et le plongeant dans une “nouvelle phase de répression“, d'après l'éducatrice et militante féministe, María Teresa Blandón. 

Continúa leyendo: En Nicaragua, los defensores de derechos humanos son los ojos y oídos de las víctimas del conflicto

LIRE AUSSI : Au Nicaragua, les associations de protection des droits de l'homme sont les yeux et les oreilles des victimes du conflit [fr]

En août 2018 le gouvernement reconnaît un chiffre (le plus bas) de 197 victimes. Amnesty lnternational en dénombre 322 pour la même période, la plupart d'entre elles tuées par des tirs à la tête, au cou et au torse.

La blogueuse Ana Siú a décrit sur sa page Medium son expérience de la répression pendant les manifestations, un regard sur le passé, un an après :

A través de una transmisión en vivo en Instagram, vi a una amiga de la universidad ser atacada por turbas. Escuché cómo ella gritaba y luchaba por no salir lastimada […] Finalmente, el “motorizado” la soltó, pero se llevó consigo el celular sin saber que seguía transmitiendo. Entonces dijo: “vamooos, vamooos. Hay que llevar estos celulares a revisarlos”. Esto siguió como por 20 minutos. 

J'ai vu sur Instagram une amie de l'Université se faire attaquer par des “turbas” (groupes paramilitaires à moto armés, qui sèment la terreur pendant les manifestations). Je l'ai entendue hurler et se débattre pour ne pas être blessée […] Enfin, le motard l'a lâchée, mais il est parti en emportant son téléphone portable sans se rendre compte qu'il continuait d'émettre. Alors, il a dit : “Allez, allez, on doit aller vérifier ces téléphones”. Ça a continué pendant 20 minutes.

Elle se souvient aussi de la manifestation du 30 mai, une commémoration traditionnelle au Nicaragua, organisée le jour de la fête des Mères et durant laquelle 15 personnes ont été assassinées :

Este día cambió la forma en que vivíamos las protestas. Los que estábamos en esa marcha multitudinaria vimos cómo asesinaron a jóvenes. Fue la primera vez que atacaron con balas de plomo a una marcha masiva. Nunca me había sentido tan cerca de la muerte como esa tarde.

Ce jour-là a changé notre vision des manifestations. Tous ceux qui participaient à cette grande manifestation ont vu comment des jeunes ont été assassinés. C'était la première fois qu'ils tiraient sur nous à balles réelles. Je ne me suis jamais sentie aussi près de la mort que cette après-midi-là.

Tandis que les étudiants se retranchaient sur les campus universitaires de Managua, les paysans dressaient des barrages sur les routes. En juin, Masaya, petite ville rebelle à l'est du pays, s'est déclarée “libérée du régime d'Ortega“. Le gouvernement s'est attaqué à ces manifestants qui avaient construit des barricades pour se défendre des attaques de la police. Les manifestants, quant à eux, ont eu recours à des méthodes de plus en plus violentes durant les affrontements, ce qui a entraîné la mort de 22 agents de police, d'après le gouvernement en août 2018.

À la mi-2018, la police a déclenché ce qui s'est appelé “l'opération nettoyage” (operación limpieza) pour démanteler les barricades et poursuivre les personnes suspectées d'y avoir participé. Plusieurs informations confirment que les forces de l'ordre auraient coopéré avec des groupes paramilitaires.

De nombreux étudiants, dirigeants de mouvements paysans, défenseurs des droits de l'homme et journalistes ont été victimes de campagnes de dénigrement et de persécutions et certains ont même été accusés de “terrorisme”. Notamment les professionnels de santé qui avaient soigné les blessés durant les affrontements ont dû en supporter les conséquences. L'Association médicale nicaraguayenne dénombre au moins 240 professionnels qui auraient été licenciés des cliniques et des hôpitaux en représailles.

Continúa leyendo: Manifestantes y periodistas nicaragüenses enfrentan violentos ataques en las calles y en línea

LIRE AUSSI : Au Nicaragua, opposants et journalistes font face à de violentes attaques dans la rue et en ligne [en]

En septembre, les manifestations sont de fait interdites, toutes les activités de rue nécessitant une autorisation préalable qui bien évidemment est toujours refusée.

Le 27 février 2019, le dialogue reprend entre le gouvernement et le groupe d'opposition Alianza Cívica por la Justicia y la Democracia (l'Alliance civique pour la justice et la démocratie), à la suite de la libération d'une centaine de prisonniers. Contrairement aux précédentes tentatives de dialogue, celle-ci n'incluait pas la présence des dirigeants des mouvements paysans et étudiants, certains d'entre eux étant toujours incarcérés [fr] ou exilés.

Pas seulement un nouveau président, un nouveau départ !

Alors que la crise s'installe pour la deuxième année consécutive, l'urgence et l'inquiétude concernant l'avenir du Nicaragua se manifestent à travers le hashtag #SOSNicaragua où se multiplient plaintes, photos de victimes et récits d'étudiants incarcérés et de leurs familles.

Continúa leyendo: El doble peso del activismo nicaragüense en la diáspora

LIRE AUSSI : la double peine de l'activisme nicaraguayen en exil [en]

Niú, un média nicaraguayen, a interrogé des Nicaraguayens qui manifestaient en février au Costa Rica sur les difficultés de leur vie en exil.

Alejandro Donaire, un étudiant qui a dû fuir le pays après avoir participé à une manifestation pacifique, a expliqué combien il avait été difficile pour lui de “s'intégrer à nouveau à la société et d'avoir une vie normale” après avoir passé tant de temps “caché, en fuite ou en manifestant”.

Madelaine Caracas, porte-parole de la Coordination universitaire pour la démocratie et la justice (CUDJ), a exprimé sa volonté de changement pour son pays, une volonté qui va bien au-delà du départ d'Ortega : 

[Tenemos que] erradicar autoritarismos, machismos, caudillismo y demás males que han penetrado en la cultura política del país […] Ahora, más que nunca, estamos seguros de que Ortega se va este año […] este año estaré en Nicaragua y tengo [esa seguridad] porque (Ortega) está ahogado internacionalmente, está ahogado económicamente y también porque la parte insurreccionada que se levantó en abril está hoy, más que nunca, más organizada.

[Nous devons] éradiquer l'autoritarisme, le machisme, le caudillisme et tous ces maux qui ont infesté la culture politique du pays […] Maintenant plus que jamais, nous sommes sûrs qu'Ortega va partir cette année […] cette année, je vais retourner au Nicaragua, j'en suis sûre parce que (Ortega) est grillé politiquement, il est grillé économiquement, et aussi parce que ceux qui ont participé à l'insurrection en avril sont aujourd'hui, et plus que jamais, bien mieux organisés.

La dernière table ronde entre le gouvernement et l'opposition s'est achevée le 3 avril, concluant des accords portant sur deux des quatre thèmes discutés : le gouvernement s'est engagé, premièrement, à libérer tous les prisonniers politiques, et deuxièmement, à respecter les libertés civiles garanties par la Constitution. Ils ne sont parvenus à aucun accord pour que justice soit rendue aux victimes de la violence, ni sur des élections anticipées en 2021.

Le groupe d'opposition Alianza Cívica souligne cependant que le gouvernement n'a, jusqu'à présent, pas respecté ces accords. La répression policière des manifestations pacifiques se serait poursuivie. Le 6 avril, seuls 50 prisonniers politiques sur plus de 600 avaient été libérés et placés en résidence surveillée. Quelques jours plus tard, le 17 avril, sous la pression de nouvelles menaces de sanctions de la part des États-Unis, plus de 600 prisonniers ont été relâchés et placés en résidence surveillée. Toutefois, selon Alianza Cívica, seules 18 des personnes libérées font partie de la liste de prisonniers politiques qui auraient dû être remis en liberté.

Pour Felix Madariaga, militant et chercheur, les futurs dirigeants du Nicaragua sont toujours en prison.

Ce qui n'empêche pas les groupes d'opposition d'appeler à manifester pour célébrer l'anniversaire des événements d'avril 2018. On peut craindre cependant que la répression ne s'abatte à nouveau sur cette manifestation interdite par les autorités.

Une série d'attentats à la bombe contre des églises et des hôtels sème la terreur au Sri Lanka

lundi 22 avril 2019 à 08:51

L'historique église St-Antoine de Kochikade à Colombo est une destination populaire pour les Sri-Lankais et les touristes. Plus de 50 personnes y sont mortes dans la matinée du dimanche 21 avril 2019. Photo AntanO via Wikimedia Commons CC: BY-SA 4.0.

Le Sri Lanka a été secoué par une suite de huit explosions le matin du dimanche de Pâques (21 avril 2019) dans des églises et des hôtels en plusieurs endroits du pays, qui ont fait au moins 207 morts et plus de 450 blessés.

Les six explosions dans des attentats synchronisés ont visé des églises bondées de fidèles qui assistaient aux messes du dimanche de Pâques : les églises St. Antoine de Kochchikade à Colombo, St. Sébastien à Negombo, et de Sion dans la ville à majorité tamoule de Batticaloa. Au moins 67 personnes ont été tuées dans la seule église St Sébastien.Les explosions ont aussi visé des hôtels de luxe dans la capitale Colombo : le Cinnamon Grand, le Kingsbury, et le Shangri-La, où au moins 35 étrangers ont perdu la vie.

35 étrangers parmi les victimes des attentats à la bombe au Sri Lanka.
Parmi les victimes, des ressortissants des USA, du Danemark, de Chine, du Japon, du Pakistan, du Maroc, d'Inde et du Bangladesh, indique le porte parole de l'Hôpital National.

La septième explosion a eu lieu dans un petit hôtel de Dehiwala dans une banlieue de la capitale Colombo.

2 morts dans une explosion à l'intérieur d'un petit hôtel à Dehiwala.

La huitième explosion était un attentat-suicide dans le district de Dematagoda à Colombo qui a tué trois policiers.

Le ministre R. Wijewardene s'adresse en ce moment à la presse et déclare que des mesures seront prises pour faire cesser l'activité de tous les groupes extrémistes du pays. Les médias sociaux sont temporairement interdits. Couve-feu de 12 heures à partir de 18h. Les explosions de Dehiwela et Dematagoda semblent avoir été déclenchées par ceux de la bande en train de fuir les policiers.

Nul n'a encore revendiqué ces attentats. Des articles laissent cependant entendre qu'il s'agirait d’attentats-suicides.

Le gouvernement sri-lankais a décrété un couvre-feu dans toute l'île de 18h heure locale jusqu'au lendemain matin. De plus, des sites de médias sociaux, incluant Facebook et Instagram, ont été temporairement bloqués pour empêcher que soient propagées davantage de fausses informations.

Confirmé : Facebook, WhatsApp, Instagram, YouTube, Viber, Snapchat et Messenger bloqués au Sri Lanka après la série d'attentats meurtriers sur des églises et des hôtels ; incident en cours

Merci de réfléchir avant de partager : voici des infographies utiles pour aider à identifier les infox et la désinformation.

Toutefois, Twitter n'a pas été bloqué et fournit beaucoup d'informations au monde extérieur.

Archive de tous les tweets sur les attentats du dimanche de Pâques  au Sri Lanka, mise à jour au moins une fois par heure, jusqu'à la semaine prochaine au moins.

Le Sri Lanka est un pays pluriethnique et plurireligieux. Les Cinghalais (74,8%) constituent le groupe ethnique le plus nombreux du pays, suivis des Tamouls sri-lankais (11,2%) et des Maures sri-lankais (9,2%). En termes de religion, les bouddhistes (essentiellement des Cinghalais) représentent 70% des 22 millions d'habitants, suivis des hindous (13%), des musulmans (10%) et des chrétiens (7%).

Le pays a souffert de trente années de guerre civile entre les forces armées de l'Etat et les insurgés séparatistes des Tigres de libération de l'Ilam tamoul (LTTE) qui a pris fin en 2009. Les présents attentats ont rappelé aux Sri-lankais les attentats de l'époque.

Le ministre de la Défense Ruwan Wijewardane a fait serment de faire tout le nécessaire contre tout groupe extrémiste qui opérerait dans le pays. Il a aussi fait écho à la réaction du gouvernement néo-zélandais après la fusillade de Christchurch en mars dernier :

Le ministre d'Etat et de la Défense Wijewardane demande instamment aux médias de ne pas rendre publics les noms des terroristes d'aujourd'hui. Il a averti que d'autres groupes extrémistes pourraient exploiter la situation et créer de la tension entre communautés. “Ne donnez pas une voix aux extrémistes. N'aidez pas en faire des martyrs.”

Le cardinal archevêque de Colombo Malcolm Ranjith a exhorté les Sri-lankais à ne pas propager des “on-dit” et à “attendre patiemment et travailler pour la paix et l'harmonie”.

Le Premier ministre a réuni les ministres et les hauts responsables militaires ; toutes les mesures ont été prises pour maintenir la paix. Sécurité renforcée. Restez calmes. Agissez de façon responsable. PAS de politique. Nous devons tous agir ensemble comme des citoyens du Sri Lanka. Mes condoléances à toutes les familles qui ont perdu des êtres chers.

Le journaliste indépendant et formateur Kelum Samarasena approuve :

Je pense que le Sri Lanka doit retenir la leçon de la Nouvelle-Zélande. Qu'il y ait zéro couverture gratuite de l'entreprise terroriste haineuse dont le but ultime aurait été la publicité. Se centrer sur les victimes et les gens dans l'unité. Que ce soient eux l'info.

Le Premier ministre Ranil Wickremesinghe a exhorté tous les Sri-lankais à rester calmes et unis.

Les gens ont afflué dans les hôpitaux pour donner du sang :

Respect aux Sri-lankais !
Une bonté massive, nous pouvons tous être fiers !
Les donneurs de sang affluent, les gens en grand nombre donnent leur sang dans les hôpitaux sur les demandes du gouvernement

Je reviens de l'hôpital de Batticaola où j'ai vu un chagrin incroyable mais aussi des gens de toutes religions et ethnicités travailler ensemble pour les victimes des attentats d'aujourd'hui contre les églises. Plusieurs ont évoqué leurs propres cas personnels et collectifs de pertes pendant qu'ils travaillaient.

Les dirigeants mondiaux, parmi lesquels le pape François ont condamné la violence.

Très sensible aux condoléances arrivant du monde entier.
Dans une telle situation, nous Sri-lankais ne nous laissons pas diviser.

[Ces événements sont en cours, et nous publierons des mises à jour à mesure des dernières informations chaque fois que possible.

Une nouvelle base de données en ligne répertorie quelque 40.000 photos de l'occupation japonaise en Chine

dimanche 21 avril 2019 à 19:45
Comfort Women Waiting at a Train Station in China in 1937

Des auxiliaires paramilitaire chinoises et japonaises recueillent les cendres (des soldats morts au combat) (国防婦人会員と共に遺骨の出迎をする愛路婦女隊員), archives ferroviaires de Chine du Nord. Image prise à la station de Changxindian, sur la ligne de chemin de fer Pékin–Guangzhou, décembre 1939 (détail de l'image). Droit d'image: CC BY 4.0.

Une nouvelle base de données en ligne lancée en février 2019 offre un aperçu de la vie sous l'occupation japonaise dans le nord-est de la Chine. Les archives ferroviaires de Chine du Nord, qui ont classé les 39.775 photographies dans un catalogue doté d'une fonction de recherche, sont une collaboration entre différents instituts de recherche japonais et l'université de Kyoto, qui est entrée en possession des photographies à la fin de la Seconde guerre mondiale.

A ce jour, en 2019, l'université de Kyoto a organisé plusieurs expositions où seules figurent un petit nombre de photos de la collection. Tant la nature des photos, prises dans le but de mettre en valeur ou de dissimuler l'occupation japonaise du nord-est de la Chine, que l'atmosphère générale des expositions photographiques, auraient provoqué de fortes réactions en dehors du Japon, en Chine.

memorial for workers killed during construction

Légende de l'image : “Des paysans célèbrent la mise en service de la ligne de chemin de fer de Shidexian et les monuments dédiés aux travailleurs de la construction tués” (建設の人柱の墓と開通を喜ぶ農民), Wangjiajing, 1941. Source image: Archives ferroviaires de Chine du Nord. Droit d'image : CC BY 4.0.

En tant que sources primaires, les images numérisées de la collection comprennent la mise en forme originale ainsi qu'une documentation détaillée sur la localisation de l'image, le moment où l'image a été prise, le nom du photographe et des notes sur ce qu'elle représente.

A l'origine, les images avaient vocation à être des banques d'images promotionnelles, et ont été prises par les employés de la compagnie de transport de Chine du Nord (華北交通). La compagnie opérait dans la région contrôlée par le soi-disant gouvernement provisoire de la république de Chine (中華民国臨時政府, en japonais), un Etat fantoche dans le nord-est de la Chine qui était soutenu par les forces d'occupation japonaises lors de la guerre sino-japonaise et collaborait avec elles.

La compagnie gérait des milliers de kilomètres de lignes de bus et de chemin de fer dans le nord-est de la Chine, reliant la région de Jingjinji qui entourait Pékin à Harbin et d'autres villes de Mandchourie, où se trouvait un autre Etat fantoche japonais [fr] dans le nord-est de la Chine.

buddhas

Détail de l'image : Bouddhas en pierre dans les grottes de Yungang [fr] à Datong en 1939. Source image : Archives ferroviaires de Chine du Nord. Droit d'image : CC BY 4.0.

En plus de mettre en avant les investissements japonais en termes d'infrastructures dans la région et de témoigner de l'ordre et de la paix supposés de l'occupation japonaise, les images faisaient également la promotion des destinations touristiques sur l'ensemble du réseau ferroviaire (carte) exploité par la compagnie de transport de Chine du Nord.

寺後街の鼓楼

Détail de l'image : Tour du tambour près de la station de Kaifeng sur la ligne de chemin de fer de Longhai en 1939. Source image : Archives ferroviaires de Chine du Nord. Droit d'image : CC BY 4.0.

Le nombre impressionnant de photographies de la collection fait qu'il y a de nombreuses scènes de la vie urbaine à Beiping (aujourd'hui Beijing, Pékin en français) et dans d'autres lieux du nord-est de la Chine lors des années d'occupation japonaise dans les années 1930 et 1940.

Image caption: "The view from Hengshui Castle"

Légende de l'image : “Vue du château de Hengshui” (衡水城外を望む). Image prise près de Hengshui en juillet 1941 (détail de l'image). Source de l'image originale : Archives ferroviaires de Chine du Nord. Droit d'image : CC BY 4.0.

Les photos ayant été effectuées par des photographes qui oeuvraient à la promotion de la compagnie de transport de Chine du Nord, il n'y a pas trace de documents sur les souffrances extrêmes qu'a connues le peuple chinois lors des combats et de l'occupation de la Chine au cours de la guerre sino-japonaise qui a duré de 1937 à 1945. On estime à plus de 22 millions le nombre de civils chinois morts [fr] durant ces années, alors qu'ils subissaient la brutalité et les atrocités commises par les envahisseurs japonais, par exemple lors du massacre de Nankin [fr].

La présentation en ligne des archives ferroviaires de Chine du Nord ne fait pas mention du rôle du Japon en tant qu'occupant et colonisateur, se focalisant plutôt sur la fenêtre sur le passé qu'offre la collection photographique :

日中戦争のさなかに発足した華北交通が広報用に撮った写真には、戦闘状況はほとんど描かれておらず、地域の交通インフラの整備、資源開発、産業の育成をはじめとして、風土、民俗、文物など多様かつ多彩なイメージが盛り込まれています。グラビア雑誌や新聞、各種博覧会で公表された写真は軍などの検閲が必要でしたが、未使用の写真はそうした規制を経てはいません。そのため、この膨大なストックフォト全体を注意してみれば、80年近く前の中国の風景を読み取ることも可能なのです。その一部には、いまの中国で失われたランドスケープも含まれています。

Les photographies prises par la compagnie de transport de Chine du Nord, initiées au milieu de la guerre sino-japonaise, étaient destinées aux relations publiques, et n'abordent que très peu les conditions sur le champ de bataille. Les photos immortalisent davantage la culture, le folklore (de la Chine en ce temps-là) ainsi que le développement des infrastructures de transport, des ressources et des industries de la région. Si les photos publiées dans des magazines sur papier glacé, des journaux et autres étaient censurées par l'armée, les photos non publiées (de la collection) n'ont pas subi cette censure. En regardant attentivement cette immense collection de banque d'images, il est donc possible d'avoir un aperçu de la Chine d'il y a presque 80 ans. Certaines photos représentent des paysages qui n'existent plus aujourd'hui en Chine.

Les expositions organisées par l'université de Kyoto sous le nom de “la Chine d'il y a 80 ans” (80年前の中国) présentent aussi les photos comme une ressource pour comprendre le passé et ne font pas référence au rôle du Japon pendant la guerre.

Faisant écho à un article en anglais du South China Morning Post, un commentateur qui écrit pour RecordChina, un site d'information japonais axé sur la Chine, note :

「中国メディアの参考消息によると、両国のネットユーザーの注目点は大きく異なり、中国のSNS上では『歴史を心に刻み、国辱を忘れるな』との声が次々に上がったのに対し、日本のネットユーザーのコメントは鉄道沿いの風景などに集中していた。NHKも日中両国のネットユーザーの注目点の違いに触れ『多くの中国人にとって、中国に対する日本の侵略とその後の占領は記憶から消えない痛みのようだ』と伝えている」と紹介した。

Les internautes japonais et chinois ne s'intéressent pas du tout aux mêmes choses. Sur les réseaux sociaux chinois, on trouve toute une série de commentaires qui disent : “N'oublions pas notre histoire et n'oublions pas le déshonneur national (de la Chine).” Les commentaires des internautes japonais se focalisent sur le paysage le long de la ligne de chemin de fer etc.

Les 39.775 images des archives ferroviaires de Chine du Nord sont organisées par mot-clé, par année et selon la gare la plus proche d'où la photographie a été prise. La licence permet de partager et de modifier librement les images, à condition de les attribuer aux archives ferroviaires de Chine du Nord.

La publicité du leader des peintures au Bangladesh irrite les amoureux de l'art traditionnel Alpana

dimanche 21 avril 2019 à 10:51

Le message : remplacer les peintures naturelles par des produits synthétiques

Ressemblant plus à de la peinture sur toile que sur un mur, on peut les trouver à Tikoil, Gosaipur, et dans beaucoup d'autres villages du nord du Bengale. Crédit photo : Tareq Onu. Utilisée avec autorisation.

Dans le district de Chapai Nawabganj, situé dans le nord-ouest du Bangladesh, les villages ont en commun une caractéristique unique : des maisons traditionnelles en torchis peintes de motifs colorés appelés Alpana.Tikoil est devenu célèbre comme le Village Alpana.

A l'occasion du Nouvel An bengali (appelé Pahela Baisakh), Berger Paints Bangladesh Limited, un fabricant de peintures leader du marché dans le pays, a lancé une nouvelle campagne publicitaire avec en vedette le village de Tikoil. Le spot publicitaire, qui vante une alternative synthétique aux enduits traditionnels utilisés par les artistes Alpana, s'est attiré les foudres des internautes.

Une maison en torchis typique au Bangladesh. Photo sur Wikimedia Commons de Kayser Ahmad. CC: BY-SA 3.0

Les maisons de torchis font partie intégrante du patrimoine du Bangladesh rural et on les trouve dans les régions des collines et montagnes. Elles reposent sur des assises surélevées faites de terre et paille compactées mélangées à de la boue utilisée pour construire murs et sols. Les maisons en torchis ont la particularité d'offrir un environnement habitable tout à fait confortable hiver comme été, puisqu'elles restent fraîches à l'intérieur pendant les grandes chaleurs, et agréablement chaudes quand il fait froid dehors. Une de ces maisons de torchis dans le district de Naogaon Bangladesh s'enorgueillit de 108 pièces.

L'historique exact de la tradition de l'Alpana dans cette région appelée Varendra n'est pas établi avec certitude. Néanmoins, les gens disent qu'ils maintiennent vivante cette tradition depuis des générations. Les artistes Alpana sont habituellement des femmes qui créent ces motifs élaborés lors d'occasions spéciales telles que les cérémonies de culte ou les mariages musulmans ou hindous. L'intérieur des maisons comporte aussi des peintures Alpana.

Le processus créatif de l'art Alpana est basé sur une technique ancestrale. Les pigments naturels sont produits à partir de feuilles de curry, d'argile rouge, de riz rouge bouilli, de sable et d'autres feuilles.

Un fabricant de peinture introduit la polémique dans l'art Alpana

La publicité de la Berger Paints Bangladesh Limited argue que les couleurs naturelles de l'Alpana sont éphémères, et ont tendent à s'effacer sous la pluie. Au lieu de quoi, l'entreprise propose des produits que les artistes d'Alpana peuvent utiliser comme alternative pour garantir que leurs peintures durent plus longtemps..

Dès la diffusion du spot publicitaire, nombreux sont ceux qui se sont dressés contre l'idée d'utiliser des couleurs artificielles. L'auteur et photographe indépendant Apu Nazrul écrit sur Facebook :

সারা পৃথিবী যখন ইন-অর্গানিকের ধ্বংস থেকে বাঁচতে হন্য হয়ে অর্গানিক সোর্স খুঁজছে ঠিক সেই মুহুর্তে টিকোইল গ্রামে গিয়ে বার্জার অর্গানিক সোর্স থেকে রঙ তৈরী করা গ্রামবাসীর হাতে তুলে দিয়েছে নিজেদের সিনথেটিক রঙ। তার ফলে এখন নাকি আর কয়দিন পর পর রঙ করা লাগবেনা, রঙ স্থায়ী হবে৷ কি ভয়াবহ কথা! আলপনা ঘন ঘন আঁকা হতো বলেই না গ্রামবাসী এত দক্ষ হয়ে উঠেছে। স্থায়ী আলপনা বসে গেলে আর প্র্যাক্টিসের সুযোগ কই আর বৈচিত্র্যই আসবে কোত্থেকে?

Quand le monde entier se tourne vers les produits d'origine naturelle, Berger offre ses peintures synthétiques aux artistes d'Alpona du village de Tikoil. Résultat : les artistes n'auront plus besoin de repeindre à chaque saison, la couleur durera éternellement. Quelle horreur ! Les qualités de ces artistes se sont développées par la nécessité de fréquemment dessiner les Alpanas. Si les peintures murales deviennent permanentes, comment trouveront ils/elles l'occasion de pratiquer et d'où viendront les idées différentes ?

Sur Twitter, Chowdhury Ripon a reproché à Berger de vouloir détruire la tradition séculaire de création des motifs Alpana à partir de couleurs naturelles :

Les malheureux BergerPaintsBD, même pas capables d'orthographier correctement, et ils se ridiculisent maintenant à remplacer cette culture séculaire villageoise de peinture Alpona aux couleurs naturelles.

L'utilisateur de Facebook Farjana K.Tithi a invité Berger Paints Bangladesh Limited à travailler à la recherche-développement pour rendre écologiques les couleurs naturelles.

Tikoil n'est pas le seul village de la région célèbre pour son art Alpana. Le village voisin de Gosaipur est lui aussi peint par les artistes. Le blogueur, voyageur et alpiniste Tareq Onu a publié ses photos de Gosipur dans un album Facebook:

Elles ne sont pas des peintres professionnelles ; mais c'est la créativité des femmes de la maisonnée qui a rendu les murs des habitations aussi bigarrés. Crédit photo : Tareq Onu Utilisée avec autorisation.

Ce ne sont pas uniquement des œuvres d'art ; elles enseignent aussi des moments historiques importants, comme la guerre de libération du Bangladesh. Crédit photo : Tareq Onu Utilisée avec autorisation.

Les dinosaures éteints ont aussi été représentés sur ces murs. Ceci a été peint par une écolière. Crédit photo : Tareq Onu Utilisée avec autorisation.

Crédit photo : Tareq Onu Utilisée avec autorisation.

Berger n'a pas encore répondu à ces critiques. Mais l'entreprise a sponsorisé la réalisation d'une peinture Alpana de 27.871 mètres carrés dans l'avenue Manik Mia à Dacca, la capitale bangladaise le 14 avril 2019, pour célébrer le Nouvel An bangladais.