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Controverse et indignation en Espagne autour de la présence du Président Teodoro Obiang

mardi 8 avril 2014 à 20:13
Protestas contra Obiang

Les protestations contre la présence du Président Obiang à l'enterrement de M. Suárez. Photo de Juan Moreno Romero sur Twitter

Le président de la Guinée équatoriale, M. Teodoro Obiang [fr], est une fois de plus au centre d'une controverse en Espagne. Cette fois pour avoir été invité dans le pays au cours de la même semaine des funérailles nationales de l'ancien Premier ministre Adolfo Suárez [fr] et pour avoir donné plusieurs conférences à l'Institut Cervantes [fr] et un établissement partenaire, l’Université nationale d'enseignement à distance (UNED), à Bruxelles.

Quelques mois à peine  après la controverse de novembre de l'année dernière, quand l'équipe nationale espagnole de football avait décidé de jouer un match amical contre l'équipe nationale de Guinée équatoriale. Le gouvernement guinéen à l'origine du match avait célébré ce match pratiquement comme une victoire pour sa diplomatie. Ángel Engonga Obama avait écrit ce qui suit sur ​​le site Web du Bureau d'information et de presse  de la Guinée équatoriale [fr]: 

Guinea Ecuatorial, un pequeño gran país en vías de desarrollo, próspero, pujante y seguro, será reconocido en todo el globo. (…) ¿El resultado? ¡Guinea ya ha ganado este partido! ¡¡Y por goleada!!

La Guinée équatoriale, un petit grand pays en voie de développement, prospère, vigoureux et sûr, sera reconnu dans le monde entier.  (…) Le résultat ? La Guinée a déjà gagné le match ! Et en faisant un carton !! 

Contrairement à ce ton triomphaliste, dans une lettre [es] à la Fédération espagnole de football (RFEF), l'Association pour les droits de l'homme avait demandé la “suspension immédiate de l'organisation du match” pour ne pas légitimer “un régime dictatorial corrompu et meurtrier” qui ” pratique la torture et la détention arbitraire (…) et impose une répression sévère sur l'ensemble de ses citoyens, des organisations de la société civile et des partis politiques qui ne lui sont pas alliés. “

L'opposition équato-guinéenne, les partis politiques et les citoyens de tout bord sont aussi en désaccord avec la décision de la RFEF. Le physicien et blogueur Principia marsupia a tweeté:

L'équipe nationale va jouer gratuitement en Guinée équatoriale. Pourquoi ? Pour faire plaisir à un dictateur avec du pétrole.

D'autres utilisateurs de Twitter ont critiqué l'attitude [es] des joueurs et des entraîneurs de l'équipe nationale, qui ne veulent pas se positionner contre le régime, mais ont refusé de se faire photographier avec le dictateur Obiang:

La princesse ne savait pas que son mari a volé, et les joueurs de l'équipe nationale ne savent pas qu'à deux portes du stade, des gens sont torturés en Guinée

Comme si ce scandale ne suffisait pas, cette semaine, M. Obiang est devenu presque omniprésent dans la presse espagnole et les médias sociaux pour avoir été le seul chef d'état à assister aux funérailles solennelles de l'ancien Président Adolfo Suárez, et pour avoir été invité à plusieurs événements dans les délégations de l'Institut Cervantes et de l'Université nationale d'éducation à distance (UNED) à Bruxelles.

Il y a quelques semaines, il a été révélé que M. Obiang avait profité de son séjour à Bruxelles pour assister au sommet UE-Afrique et qu'il avait prévu de donner deux conférences à l'Institut Cervantes et à l'UNED sur “L'espagnol en Afrique”, la Guinée équatoriale étant le seul pays africain hispanophone. En outre, M. Obiang lui-même a étudié le droit à l'UNED.

Ces invitations ont indigné les organisations des droits de l'homme une fois de plus, ainsi que les partis politiques et les citoyens qui ont inondé les réseaux sociaux de commentaires et de protestations. Juan Ramón Martínez Aranzadi, Professeur d'anthropologie sociale et culturelle à l'UNED, a écrit une lettre ouverte au chancelier de l'UNED [es] pour demander que l'invitation de M. Obiang soit révoquée:

Obiang se ha convertido en uno de los hombres más ricos del mundo al apropiarse personalmente de la inmensa riqueza “nacional” derivada de la explotación del petróleo, el país que domina y la población a la que somete ofrecen en todas las estadísticas internacionales los más altos índices de corrupción y los más bajos índices de educación, sanidad y nivel de vida de la población (…) no se debe pagar cualquier precio por [mantener la UNED en Guinea]: no se debe, por ejemplo, contribuir al maquillaje democrático y la legitimación internacional de un dictador corrupto

M. Obiang est devenu l'une des personnes les plus riches du monde en s'appropriant personnellement la grande richesse “nationale” provenant de l'exploitation du pétrole. Le pays qu'il domine et la population qu'il opprime détiennent dans toutes les statistiques internationales les plus hauts niveaux de corruption et les plus bas niveaux d'éducation, de santé et de niveau de vie de la population (…) Aucun prix ne doit être payé pour [maintenir l'UNED en Guinée] : aucune contribution ne doit être faite, par exemple, pour un maquillage démocratique et la légitimation internationale d'un dictateur corrompu.

Des pétitions ont également commencé à circuler pour demander la suspension des conférences [es], et l'une d'elle a réuni plus de 42.000 signatures. Le blogger RGAlmazán a écrit :

Así, de forma desvergonzada pero ingenua piensan que tratando bien a este asesino –así lo reconocen desde Amnistía Internacional o Human Rights Watch— pueden conseguir contratos comerciales. En busca de petróleo, madera y pesca nuestro rey y nuestros gobiernos (éste y anteriores) pierden el culo ante este sátrapa sin importarles nada los derechos humanos.

De cette façon, sans vergogne, mais naïvement, les gens pensent que par le traitement plein d'égards de ce meurtrier – comme il est considéré par Amnesty International ou Human Rights Watch –  ils peuvent obtenir des contrats commerciaux. A la recherche de pétrole, de bois et de licences de pêche, notre roi et nos gouvernements (passés et présents) perdent la tête face à ce despote, sans égard pour les droits humains.

Luspagnolu a laissé le commentaire suivant sur menéame [es]:

A ver si se ha autoinvitado y no les consta. Vale, acabo de leer que la visita se produce por “petición del propio mandatario”: surrealista. Pero, vamos, alguien con dos dedos de frente le podía haber dicho no.

On va voir s'il s'est auto-invité sans les mettre au courant. Bon, je viens de lire que la visite intervient à la “demande du président lui-même” : surréaliste. Mais allez, quelqu'un avec un demi-cerveau aurait pu lui dire non.

La conférence de M. Obiang à l'Institut Cervantes. Photode CULTURAL BLOG  sur Twitter

La conférence de M. Obiang à l'Institut Cervantes. Photode CULTURAL BLOG sur Twitter

Sur Twitter, le député de Union, Progrès et Démocratie (UPyD), Toni Canto, et le journaliste Antonio Naranjo ont partagé leurs opinions sur les questions que M. Obiang a présenté lors de la conférence:

À l'institut Cervantes et à l'UNED, M. Obiang pourra expliquer le sens de ces mots : dictateur, prisonnier politique, meurtres, vols, tortures #honte

L'institut Cervantes invite M. Obiang pour donner des conférences :  Gastronomie et cannibalisme - Répression Créative - Egalité en Guinée : nous torturons tout le monde.

Pendant ce temps, le dictateur a jeté de l'huile sur le feu quand, à la fin de son discours à l'IC, il a déclaré avoir été surpris [es] par “l'attitude de certaines personnes nostalgiques qui rejettent cette réunion pour des raisons qui n'ont rien à voir avec le développement de la langue espagnole en Guinée équatoriale”. En outre, il n'a eu aucun scrupule immédiatement après à mettre le roi d'Espagne dans une position plutôt compromettante:

Quisiera agradecer a Su Majestad el Rey (de España), porque yo sé (que) ha influido para que yo también pueda participar en este encuentro cultural.

Je tiens à remercier Son Altesse Royale le Roi (d'Espagne), parce que je sais (que) il a eu une influence dans ma participation à cet événement culturel.

La famille royale a immédiatement nié toute implication du monarque [es], ce qui a provoqué ce tweet de Yefri Bomon :

Comme se présente la situation, c'est clair pour moi que M. Obiang dit la vérité et la Maison des Bourbon ment ! 

Obiang et son épouse lors des funérailles de l'ancien président Suárez. Photo de Información sensible sur Twitter

Obiang et son épouse lors des funérailles de l'ancien président Suárez. Photo de Información sensible sur Twitter

La présence de M. Obiang aux funérailles solennelles de M. Adolfo Suárez a fourni le prétexte pour annuler sa conférence à l'UNED. Sa présence à l'enterrement a provoqué une nouvelle avalanche de critiques, aggravé par le fait que les réseaux de télévision n'ont pas diffusé le salut du dictateur au roi et au Président du conseil Rajoy [es], ce qui a été considéré comme un acte de censure. Eloy Paterna Gila a résumé les sentiments de nombreux espagnols avec ce tweet, pour mettre fin à une semaine d'absurdités et de contradictions :

Le dictateur Obiang a été montré à l'institut Cervantes et caché pour les funérailles. Quelle honte et quel spectacle nous donnons au monde.

Le Mozambique veut criminaliser les SMS, mails et publications ‘insultantes’ sur internet

mardi 8 avril 2014 à 19:55
Cidadão-repórter, Jornal @Verdade . Foto de Sourcefabric no Flickr (CC BY-NC-SA 2.0)

Le journaliste citoyen et l'utilisation des SMS, mails et réseaux sociaux dans la salle de rédaction du journal @Verdade. Photo par Sourcefabric sur Flickr (CC BY-NC-SA 2.0)

Cet article, publié par le journal @Verdade le 2 avril 2014, a été à l'origine écrit par Alfredo Manjate (@AlMero05) en portugais et traduit en anglais par Francisco Chuquela (@chuquela).

Le gouvernement mozambicain veut faire adopter un projet de loi qui criminaliserait les texto, emails et autres types de publications en ligne considérés comme “insultants” ou qui “compromettent la sécurité de l’État”. 

Approuvé par le Conseil des ministres [pt] (le pouvoir exécutif de Mozambique, composé du président de la république, du premier ministre et de tous les autres ministres) du 1er avril 2014, le projet de loi sera soumis au Parlement. Le ministre des Sciences et de la Technologie, Louis Pelembe, a expliqué que les sanctions sévères proposées dans le projet de loi garantiraient la protection des consommateurs et renforceraient la confiance dans les transactions électroniques comme moyens de communication et de prestation de services.

Free wifi area at Eduardo Mondlane University, Maputo (June 2013). Photo by Sara Moreira

Espace WiFi gratuit à l'Université Eduardo Mondlane, à Maputo en juin 2013. Photo par Sara Moreira

Outre la disposition sur le contenu ‘insultant', la loi couvrirait aussi l'accès frauduleux à l'internet, à des bases de données et à des transactions financières.

Concernant le cas spécifique des messages texte par mobile, Pelembe a souligné que “dans un passé très récent” ils ont “créé beaucoup de troubles dans notre pays”.

Il faisait référence à ce qui est désormais connu sous le nom des “Émeutes du pain” – des protestations contre l'augmentation des prix du pain, de l'eau et de l'électricité qui ont été organisées par l'intermédiaire de SMS à Maputo en septembre 2010. A la suite de ces protestations, le gouvernement a promulgué un arrêté ministériel obligeant les utilisateurs de cartes de téléphone mobile prépayées [pt] à enregistrer leurs cartes et les renseignements les identifiant auprès des deux opérateurs de téléphonie mobile présents dans le pays à l'époque, entre autres restrictions imposées aux services de messagerie texte.

La loi permettrait de répondre au besoin de créer un cadre juridique pour réglementer et discipliner ce genre d'activités, selon Pelembe. 

S'il est approuvé par le Parlement, ce serait le premier en son genre au Mozambique.

Preuve d'une surveillance de l’État

Au début de 2014, la police judiciaire du pays a contacté le président de la ligue locale des droits de l'homme, Alice Mabota, pour savoir si elle était l'auteur d'un appel à protester qui circulait par message texte. Voici ce qu'il dit:

Família moçambicana, acordem!!! Guebuza não nos quer ver vivos. Melhor acabarmos com ele do que ele connosco. Apelamos à manifestação imediata para a retirada dele do poder antes que seja tarde. Colabora com a ideia passando a mensagem para os outros. A sms é da Dr. Alice Mabota.

Famille mozambicaine, réveillez-vous!!! Le [Président] Guebuza ne veut pas nous voir en vie. Nous ferions mieux d'en finir avec lui avant qu'il ne le fasse avec nous. Nous appelons à une protestation immédiate pour qu'il quitte le pouvoir avant qu'il ne soit trop tard. Collaborez à cette initiative en transmettant ce message à d'autres. Ce SMS est du Dr. Alice Mabota.

Lorsqu'Alice Mabota a quitté le poste de police, elle a déclaré aux journalistes :

só foram perguntar se a mensagem é da minha autoria e eu disse que não era. Eu forneci-lhes os meus três números de telefone para eles investigarem e ver se a mensagem foi enviada a partir de um deles.

Ils ont seulement demandé si j'étais l'auteur du message et j'ai dit que non. Je leur ai donné mes trois numéros de téléphone pour qu'ils puissent mener leur enquête et voir si le message a été envoyé à partir de l'un d'eux.

Un rapport détaillé sur les droits de l'homme au Mozambique récemment publié par le Département d’État des États-Unis indique que le gouvernement mozambicain a procédé à des écoutes téléphoniques de membres de partis politiques et d'activistes des droits de l'homme sans mandat.

Hommage à Irène Fernandez, activiste malaisienne

mardi 8 avril 2014 à 11:20

irene fernandez

[Sauf mention contraire les liens font référence à des pages en anglais]

La communauté des défenseurs des droits de l'homme pleure la disparition de la légendaire activiste malaisienne Irène Fernandez. Irène est décédée d'un arrêt cardiaque le 31 mars 2014.  Irène était la fondatrice de Tenaganita, un groupe qui lutte pour la protection des migrants et des réfugiés. C'était une activiste expérimentée qui a, sans cesse et vaillamment, revendiqué des droits pour les femmes, les ouvriers et les autres laissés pour compte de la société. Elle avait reçu le prix Right Livelihood en 2005, un prix Nobel alternatif. Irène fut arrêtée en 1996 et accusée d'avoir “publié des fausses informations dans une intention malveillante” en lien avec son travail exposant les abus dans les centres de détention pour migrants. Son procès qui a duré 13 ans est devenu le plus long de l'histoire de la Malaisie. Le groupe de défense des droits de l'homme Aliran a reconnu le courage d'Irène qui fut persécuté sans relâche par le gouvernement :

La cause des droits de l'homme a perdu un fervent combattant qui s'est tenu courageusement pour défendre l'équité et dénoncer le traitement des ouvriers immigrés qui sont souvent exploités et maltraités par des employeurs et des agences sans scrupule. Elle était dévouée et déterminée à défendre sa cause pour le bien-être des opprimés. Comme tout défenseur des droits de l'homme, souvent, n'importe où, elle fut persécutée par le gouvernement qui ne tolère aucune attitude de défiance de quiconque recherche la justice. 

Steve Oh décrit Irène comme la “Jeanne d'Arc” malaisienne des migrants maltraités :

Les tyrans politiques ont rendu la vie injustement difficile à cette intrépide, irrépressible et humble ”Jeanne d'Arc” malaisienne des migrants maltraités et des réfugiés opprimés dans son pays. Il est difficile de parler d'Irène sans évoquer l'environnement hostile, dans lequel les autorités sont réticentes à être observées et tenues responsables de leurs actions. Elle a surmonté les difficultés, elle a souffert face aux autorités dominatrices qui l'ont harcelée. Alors que je vous écris, je me rappelle de la force de cette incroyable femme dont le stoïcisme était gravé dans la souffrance d'une femme sainte, souffrant non pas pour ses avantages personnels mais pour aider les faibles dans leur triste sort. 

Le leader de l'opposition Anwar Ibrahim a aussi rendu hommage à Irène :

…la championne des faibles, des pauvres et des laissés pour compte, une combattante au caractère bien trempé face à la persécution et au harcèlement constant des autorités. C'est également,un perte personnelle puisqu'elle était une amie proche et ma collègue depuis l'époque du Conseil de la Jeunesse Malaisienne. 

Klang MP Charles Santiago résume ainsi l'héritage d'Irène:

Aucune des persécutions ni rien du harcèlement auxquels elle a fait face n'a éteint son esprit combatif. En fait, elle a mené les guerres qui ont sincèrement inspiré la jeune génération. Son engagement pour les droits de l'hommes et la justice est légendaire. Nous avons tous pour but de laisser une trace à la fin de notre voyage sur terre. Irène laisse derrière elle un héritage qui se poursuivra non seulement dans la  lutte pour les droits des opprimés et des laissés pour compte, mais qui également continuera à inspirer les autres à être courageux face à l'adversité et à servir les combats auxquels nous croyons. 

Irene était l'amie et la partenaire de nombreux groupes de défense des droits de l'homme en Asie. L'un d'eux, le Center for Women's Resources, est basé aux Philippines :

Le Center for Women’s Resources est l'un de ceux qui pleurent la mort d'Irene Fernandez. Nous rendons hommage à une femme exceptionnelle qui nous a toujours soutenu dans nos combats et nos luttes. C'était une citoyenne du monde, une activiste au-delà des frontières, une vraie internationaliste.

Sur Facebook, Victor Sang Khambil se souvient d'Irène comme d'une combattante pour le peuple Chin en Malaisie : 

Tout ce que je peux dire, c'est que cette disparition met un terme à une vie mais pas à une relation. Irène Fernandez n'est pas uniquement dans le livre d'histoire de la Malaisie comme une grande défenseuse des droits de l'homme mais vivra également pour toujours au sein du peuple Chin. Au revoir mon amie, voici mes derniers mots pour toi, “vous ne mourrez jamais parce que vous êtes le symbole vivant du courage d'une femme.”

La coalition des paysans d'Asie mentionne la défense de la réforme agraire par Irène : 

La disparition soudaine d'Irène nous a choqués et nous attriste profondément. Cependant, notre chère Irène continuera à nous inspirer. Nous appelons les gens qui furent inspirés par son travail sincère à exprimer leur sympathie dans un travail rigoureux pour les personnes opprimées. Nous poursuivrons sa lutte pour une authentique réforme agraire et l'autonomie alimentaire. 

Il y a quelques années, les Etats-Unis déclaraient qu'Irène était l'une des grandes activistes dans le monde qui ont combattu pour mettre un terme à l'esclavage moderne. L'ambassadeur Joseph Y. Yun a exprimé sa tristesse suite à la disparition d'Irène : 

Les Malaisiens et les gens du monde entier avaient un grand respect pour son long combat pour les pauvres et les marginaux. Il y a quelques années auparavant, le département d'Etat américain a reconnu Irène comme l'une des dix leaders en matière d'activisme dans le monde pour sa lutte contre l'esclavage moderne. Le gouvernement des Etats-Unis ne pouvait pas trouver de meilleure personne à honorer. Nous avons tous été touchés par sa conviction et sa contribution à la promotion du respect des droits de l'homme en Malaisie. Sa passion, son dévouement mais par dessus tout son amitié, nous manquent.

Une histoire d’amour née à Kibera

mardi 8 avril 2014 à 10:58

Découvrez en photos la belle histoire d’amour entre Sam de Kibera, un bidonville du centre de Nairobi (Kenya) et Alissa originaire du Minnesota (États-Unis) :

C’est l’histoire d’amour de l’année !!! Alissa est du Minnesota alors que Sam est né et a grandi à Kibera. Alors, comment se sont-ils rencontrés ?

Alissa est venue au Kenya où elle travaillait depuis plusieurs mois avec la population de Kibera. En rentrant à la maison en matatu (petit bus), elle avait pris l’habitude d’observer Sam, un talentueux jeune homme qui tenait une boutique de bijoux africains au bord de la route. Un jour, alors que Sam mange une banane devant sa boutique, il pose les yeux sur cette belle femme blanche assise sur le côté droit du matatu. Fasciné, il décide de lui acheter une banane avec les derniers sous qu’il a en poche. Il se dirige vers le véhicule pour la lui offrir, mais manque de chance, alors qu’il s’approche de la fenêtre du bus, celui-ci démarre. Sam court après le matatu, mais la fille de ses rêves est déjà loin.

L'Afghanistan fait un doigt d'honneur aux talibans

lundi 7 avril 2014 à 20:51

[Les liens renvoient vers des pages en anglais, sauf mention contraire] Plus de sept millions d'Afghans ont voté aux élections présidentielle et des conseils provinciaux ce samedi, bravant les menaces de violences des talibans. Les hauts-responsables ont confirmé une participation sans précédent, avec au moins 58 % des électeurs inscrits qui sont allés voter, nettement plus que les 38,8 % du scrutin présidentiel de 2009. Ashraf Ghani, un des trois favoris de la course, s'est dit en tête.

Les longues files d'attente aux bureaux de vote ont démontré la détermination collective en faveur d'un avenir pacifique et démocratique pour le pays. Les hommes politiques afghans ont qualifié la forte participation de “gifle au visage des ennemis de l'Afghanistan.” Des hommes et femmes ont choisi pour doigt à encrer leur majeur, message sans équivoque à l'adresse des talibans rétifs. Experts internationaux, journalistes et personnalités politiques, tous ont félicité les Afghans de cette large participation et présenté leurs voeux d'une passation démocratique du pouvoir.

Soutiens du monde entier 

Le président américain Barrack Obama a publié une déclaration félicitant les Afghans pour le succès de l'élection qu'il a appelée un moment “historique”. Les membres du Conseil de Sécurité de l'ONU ont aussi salué les élections tout en soulignant l'importance des institutions électorales afghanes. Jan Kubis, le représentant spécial de l'ONU pour l'Afghanistan, a déclaré :

Aujourd'hui était une bonne journée pour l'avenir d'un Afghanistan stable et unifié. Les Afghans ordinaires sont sortis voter en nombres  remarquables, au défi des attentats et menaces des talibans. Souvent en longues files d'attente et dans le mauvais temps, les électeurs ont patienté pour exercer leur droit fondamental de voter. Ils ont choisi de déterminer la direction future de leur pays par des moyens politiques et résolument rejeté les ennemis de la paix et de la démocratie.

De son côté, le Premier Ministre britannique exhortait les Afghans à participer à ce moment historique. Son tweet disait [en pachto] : 

Demain est jour d'élections en Afghanistan. J'encourage tous les Afghans, hommes et femmes, à prendre part à cette transition historique.

Les bureaux de vote ont ouvert à 7 heures. Du fait d'une large participation et du mauvais temps, la Commission Electorale a rallongé les opérations d'une heure pour permettre à tous les votants de glisser leur bulletin, ce que beaucoup ont fait même au-delà de cette durée. Seuls 211 bureaux de vote sur 6.423 sont restés fermés. En 2009, c'étaient plus de 440 bureaux de vote qui n'avaient pas ouvert à cause de l'insécurité et des craintes de fraude électorale. 

Plusieurs raisons ont été invoquées pour la meilleure participation, dont une conscience politique publique plus grande qu'aux scrutins précédents et un choix de candidats plus ouvert. Les gens ont aussi voté pour protéger les acquis de la dernière décennie, notamment les droits des femmes et les opportunités pour les jeunes, et la poursuite de la modernisation du pays. Un habitant de Kaboul, interrogé par le Guardian, expliquait ainsi le taux élevé de participation [farsi] :

Nous voulons que le résultat de l'élection aboutisse dès le premier tour. Notre peuple, notre gouvernement et notre économie sont très faibles. S'il y a un deuxième tour des élections, ce sera un problème pour nos forces de sécurité.

Hélas, comme Global Voices l'expliquait le 5 avril, ce voeu a peu de chance de se réaliser

Quoi qu'il en soit, un tweet de Bashardost reflète le message que les Afghans ont adressé aux talibans avec leurs bulletins de vote : 

Les Afghans votent avec fierté et enthousiasme aux élections afghanes, et ils envoient un message clair aux talibans.

Le vice-ministre afghan des Affaires Etrangères Ershad Ahmadi a tweeté avec optimisme que le vote a rendu caduque l'idéologie talibane : 

Notre vote d'aujourd'hui signifie la fin des talibans et de leur narratif creux. Aujourd'hui nous avons vacciné pour toujours notre gouvernement démocratique. Bravo ANSF [Forces nationales de sécurité afghanes] & IEC [Commission électorale]

Le dispositif sécuritaire pour le jour du vote

La sécurité a été resserrée dans tout le pays pour garantir des élections sans encombre. Aucun attentat dans la capitale, mais des incidents rapportés dans d'autres provinces, qui ont fait 20 morts et 43 blessés. En comparaison, l'élection de 2009 est restée dans les mémoires comme “l'une des journées les plus violentes observées en Afghanistan” depuis 2001 par Human Rights Watch. Selon l'OTAN, plus de 400 attentats étaient survenus pendant ce scrutin. 

Cette année des points de contrôle policiers ont été mis en place et chaque homme, femme et enfant étaient fouillés avant de pénétrer dans les bureaux de vote. Sediq Sediqqi, un porte-parole du Ministère de l'Intérieur afghan, a tweeté :

Kaboul en sécurité est le résultat de l'excellent travail des Forces de sécurité afghanes, et notamment de la police afghane ; et les Afghans sont en train maintenant de procéder avec confiance au vote.

Faisant l'éloge des forces nationales de sécurité pour une journée électorale sûre, Saad Mohseni, président du plus grand groupe de médias d'Afghanistan, a tweeté : 

Les vrais vainqueurs hier étaient les Forces nationales de sécurité afghanes.. Merci à l'Armée Nationale Afghane 

Et Ajmal Stanikzai a renchéri : 

Contrairement à la croyance générale les Forces nationales de sécurité afghanes sont arrivées avec succès à garantir la sécurité pour les élections afghanes de 2014.

Le tweet d'Abdul Hai a relevé la nette différence entre les élections afghanes de 2014 et celles de 2013 dans le Pakistan voisin :

Différence entre les élections pakistanaises et afghanes. Aux élections de 2013 au Pakistan les balles ont défait les bulletins [de vote], dans les élections afghanes d'aujourd'hui ce sont les bulletins qui ont défait les balles. 

Réclamations électorales

La pénétration d'Internet a beau être faible dans le pays, des Afghans de partout ont tweeté les problèmes électoraux et les incidents frauduleux au moment où ils les rencontraient, un élément neuf dans un scrutin afghan. Un thème souvent repris était le manque de bulletins de vote. Du personnel électoral et des électeurs ont rapporté que des gens ont été renvoyés en grand nombre des bureaux de vote après des heures d'attente.

Selon Daud Qarizadah :  

Les bureaux de vote dans certaines zones sont à court de bulletins de vote à cause de la forte participation aux élections afghanes : électeurs

 Certains y ont vu une combine : 

Spoke to a friend in Kabul. Sites ran out of ballot papers in city's West. Angry voters r chanting “No to fraud elections”. #AfghanElections — Bashardost بشردوست (@Quettagee) April 5, 2014

Parlé à un ami à Kaboul. Des sites ont été à court de bulletins de vote dans la partie ouest de la ville. Des électeurs en colère scandent “Non à des élections truquées”.

Résultats provisoires

Le décompte des votes a commencé et le résultat préliminaire de l'élection présidentielle sera annoncé dans le courant du mois. Si aucun candidat n'obtient plus de 50 % des voix, un second tour opposera en mai les deux qui feront la course en tête. Les résultats des élections aux conseils provinciaux seront également annoncés en mai, selon le calendrier de la Commission Electorale Indépendante. 

Les Afghans attendent avec anxiété la moindre indication sur le résultat des élections. Nafees Takar a tweeté : 

Aucun résultat officiel (ni même officieux) des élections afghanes jusqu'à présent. Ce qu'on entend sont des estimations ou des résultats partiels de quelques bureaux de vote.

Impatient de connaître les résultats, Saad Mohseni, le magnat des médias, a interrogé la Commission Electorale Indépendante (CEI), sans recevoir de réponse certaine :

Après consultation de la CEI il est virtuellement impossible à quiconque de jauger les résultats de ce scrutin (en ce moment) – ce n'est que spéculation

Ce qui n'a pas empêché le candidat à la présidence Ashraf Ghani [fr] de publier une déclaration très nuancée affirmant que lui et son co-équipier étaient en tête. D'après ses chiffres, il est suivi par Abdullah Abdullah [fr], avec le collaborateur du président sortant Karzaï Zalmay Rassoul troisième. Aucun des deux autres n'a fait de déclaration.

Les premiers résultats partiels nous montrent en tête.

Dans certaines zones c'est Abdullah Abdullah qui semble mener. Selon Ahmad Shjua, auteur du blog Afghanistan Analysis, M. Abdullah a réussi à recueillir des voix dans les régions peuplées de Hazaras grâce à son vice-président, Haji Mohammad Mohaqeq.

A part quelques endroits comme Daikundi, d'où est originaire Danish, Mohaqeq semble avoir raflé le vote hazara pour Abdullah. Sarabi [candidat à la présidence] 2e loin derrière. 2/n 

Margherita Stancati, une journaliste du Wall Street Journal à Kaboul, a tweeté le résultat de Kaboul-ouest, aussi à population fortement hazara. 

Les résultats affichés à l'extérieur de plusieurs bureaux de vote à Kaboul ouest montrent Abdullah nettement en tête, suivi par Rassoul et Ghani troisième.

Les électeurs afghans ont rempli leur devoir de citoyen dans un environnement de vote maintenu relativement paisible par des forces de sécurité dont on craignait qu'elles n'en seraient pas capables. Les Afghans sont maintenant à mi-chemin de leur première transition démocratique, et il reviendra à la Commission Electorale Indépendante de garantir un comptage des voix transparent et impartial dans l'attente d'un probable second tour.