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Message de soutien aux défenseurs marocains de la liberté d’expression

mercredi 18 novembre 2015 à 16:59

La communauté Global Voices se mobilise pour sept défenseurs de la liberté d’expression sur le point d'être jugés au Maroc en raison de leur militantisme.

Le tort de ces sept personnes :  défendre les droits de l'homme, réclamer de la transparence aux autorités et essayer de faire respecter l’État de droit dans leur pays. Cinq d'entre eux sont accusés de “menacer la sécurité intérieure de l'Etat”, et deux “d'avoir perçu des fonds de l'étranger sans en avoir informé le Secrétariat général du gouvernement”. Nous appelons le gouvernement marocain à respecter les engagements fixés par les conventions internationales relatives aux droits de l'homme et à abandonner les poursuites.

Hisham Almiraat at the Global Voices Summit in Nairobi, 2012.

Hisham Almiraat à la conférence de Global Voices, Nairobi, 2012.

Parmi les accusés se trouve Hisham Almiraat, médecin et membre de longue date de la communauté Global Voices ; une raison supplémentaire pour ne pas rester silencieux devant cette injustice. Hisham est un acteur connu de la blogosphère marocaine depuis près de dix ans. Il a co-fondé les médias citoyens Talk Morocco et Mamfakinch, et occupé le poste de directeur de notre site dédié aux libertés numériques dans le monde, Global Voices Advocacy. Entre sa profession et ses engagements privés, Hisham oeuvre depuis des années à améliorer la vie et le bien-être des Marocains, aussi bien en tant qu'acteur de la société civile qu'en tant que médecin.

À l'instar d'autres médias et groupes de défense des droits de l'homme, nous craignons que ce procès représente une tentative du gouvernement marocain de réduire au silence les personnes critiquant ses politiques et ses pratiques.

Nous considérons la situation comme une menace, non seulement à l'encontre de notre ami et collègue, mais également à l'encontre de notre mission. Global Voices, une communauté de blogueurs de plus de 160 pays, défend chaque jour le droit fondamental à la liberté d’expression et d'information en relayant des informations sur des pays ou communautés sous-représentés ou peu couverts par les médias dans le monde entier.

Nous faisons appel à nos amis et soutiens pour relayer notre message auprès de leurs gouvernements respectifs. Le mot-clic de cette campagne est #Justice4Morocco

 

Pour soutenir notre appel

Signez cette déclaration de la communauté Global Voices [Cliquer pour signer]

Soutenez la campagne sur les réseaux sociaux à l’aide du mot-clic #Justice4Morocco

Informez-vous et partagez les informations relatives à cette affaire :

Lire et partager les articles de Hisham sur Global Voices

 

Hisham Almiraat, de Global Voices, en jugement au Maroc

lundi 16 novembre 2015 à 09:00
Hisham Almiraat in his home city of El Jadida, Morocco in October 2013.  Photo by Ellery Biddle.

Hisham Almiraat dans sa ville d El Jadida, au Maroc, en octobre 2013. Photo Ellery Biddle.

Claudio Guarnieri a contribué à cet article.

Hisham Almiraat, médecin et longtemps animateur de la communauté Global Voices, va passer en justice la semaine prochaine au Maroc, accusé de “menaces à la sécurité intérieure de l'Etat”.

A côté de Hisham Almiraat dans le box des accusés, quatre autres défenseurs de la société civile — l'historien Maâti Monjib, les journalistes Samad Iach et Mohamed Elsabr, et le militant de la liberté d'expression Hicham Mansouri. Les défenseurs de la liberté d'expression et des droits des médias estiment largement que l'affaire est une tentative du pouvoir marocain de faire taire ceux qui en critiquent les politiques et les pratiques.

Les pièces à conviction contre Hisham Almiraat, auteur pour Global Voices depuis 2009 et dont il a été directeur du plaidoyer de 2012 à 2014, comportent son témoignage pour “Their Eyes on Me” (“Ils m'ont à l'oeil”), un rapport de recherche sur la surveillance technique au Maroc, publié par l'ONG de Londres Privacy International en collaboration avec l’Association des Droits Numériques, un groupe marocain de la société civile qu’Almiraat a contribué à créer.

Hisham Almiraat, Nighat Dad, Sana Saleem and Ellery Biddle at IGF 2013 in Indonesia. Photo courtesy of Ellery Biddle.

Hisham Almiraat, Nighat Dad, Sana Saleem et Ellery Biddle à IGF 2013 en Indonésie. Photo reproduite avec la permission d'Ellery Biddle.

Almiraat et sa collègue Karima Nadir, vice-présidente de l'association, ont été interrogés par la police judiciaire marocaine (BNPJ) à Casablanca en septembre 2015. Les autorités les ont questionnés sur leur activité et leurs relations avec Privacy International. Le ministère de l'Intérieur a ensuite porté plainte à propos du rapport sus-mentionné sur la surveillance in Maroc.

Almiraat a consacré la plus grande partie de son âge adulte à travailler à l'amélioration de la vie et du bien-être de ses compatriotes, tant comme défenseur de la société civile que comme médecin. Etudiant puis médecin urgentiste le jour, Almiraat tenait son blog, écrivait pour Global Voices, et a co-fondé les projets de médias sociaux Talk Morocco et Mamfakinch. Ce dernier a été constitué par Almiraat et une équipe de collègues défenseurs des droits humains en vue de renforcer la couverture médiatique des soulèvements sociaux au Maroc en 2011-12, et a joué un rôle central pour galvaniser le soutien de l'opinion au mouvement contestataire.

Pendant cette période, Almiraat et ses collègues de Mamfakinch étaient la cible de logiciels de surveillance qui se sont introduits dans leurs ordinateurs et leur faisaient craindre que leurs communications soient sur écoute. Des craintes confirmées ensuite par une recherche du Citizen Lab de l'Unversité de Toronto. En juillet 2015, des fuites de dossiers de la société italienne de logiciels de surveillance Hacking Team ont établi que le Conseil Supérieur de la Défense Nationale, une institution publique marocaine, avait acheté le logiciel de Hacking Team en 2012.

Almiraat a oeuvré au cours du temps à consolider un environnement médiatique robuste dans son pays, et à tenir son gouvernement comptable de ses engagements dans les normes internationales des droits humains de liberté d'expression et de protection de la vie privée.

La communauté Global Voices est solidaire de Hisham et invite ses lecteurs à travers le monde à soutenir sa cause sur les médias sociaux, et à lire et diffuser ses articles, que l'on peut trouver ici et ici [Bon nombre ont été traduits en français]. Nous publierons sous peu de nouvelles informations sur l'affaire, ainsi qu'une déclaration publique de soutien.

En Turquie, le #SilvanUnderAttack des pro-Kurdes craint d'être éclipsé par les attentats de Paris

dimanche 15 novembre 2015 à 13:42
Berlin, Germany. 12th November 2015 -- A woman gives a speech behind a banner remembering Silvan. -- Dozens Kurds and Yazidi rally at Berlin's Brandenburg Gate to condemn Turkish attacks on and the siege of Kurdish Silvan in Turkey. They also remember the fate of the Yazidi in Iraq who are murdered and enslaved by the Islamic State (ISIS) .

Berlin,12 novembre 2015 — Une femme prononce une allocution derrière une banderole commémorant les événements de Silvan. — Des dizaines de Kurdes et de Yézidis se sont rassemblés à la Porte de Brandebourg, à Berlin, pour condamner les attaques turques contre le parti pro-kurde HDP et son siège à Silvan (Turquie). Ils comémorent aussi le sort des Yézidis d'Irak, assassinés et réduits en esclavage par l'Etat islamique (EI) . Photo pour Demotix de Thomas Strasas.  ID: 9039057.

Les internautes pro-kurdes de Turquie craignent que les attentats dévastateurs de Paris attribués à l'EI ne nuisent à la couverture médiatique internationale de ce qui est, disent-ils, une campagne quotidienne de terreur menée par l'Etat turc dans l'est de la Turquie.

Depuis plus de dix jours avant les attaques de Paris qui ont fait plus de 120 morts et abasourdi la France entière, la ville de Silvan est en état de siège, avec les affrontements entre forces gouvernementales et milices indépendantistes du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).

Le hashtag  sert d'instrument pour mobiliser l'attention des médias généraux depuis ce temps.

Tout en exprimant leur solidarité avec Paris, de nombreux usagers de Twitter utilisent désormais ce hashtag en combinaison avec  pour s'assurer que leur message ne se trouve pas submergé dans le tout-venant de l'univers des médias sociaux.

Nos magnifiques médias, #ParisUnderAttack est hélas vrai, mais qu'en est-il de #SilvanUnderAttack ?

Après les attaques de Paris, la Turquie se trouve totalement isolée dans la région. Voyons ce qui va se passer.

Des milliers d'habitants ont été contraints à fuir la ville de Silvan, dans le département de Diyarbakir en Turquie de l'est, dans l'interminable opération gouvernementale qui fait intervenir aviation de guerre, hélicoptères et snipers. Au moins six civils ont été tués, selon la Fondation de Turquie pour les Droits de l'Homme, à côté d'une douzaine de miliciens et de trois soldats de l'armée turque depuis le début des opérations le 3 novembre.

Ce qui s'ajoute à plus d’une centaine de morts dues aux explosions terroristes et aux autres opérations gouvernementales depuis la première des deux élections générales tenues en Turquie, celle de juin dernier.

Le premier ministre turc Ahmet Davutoğlu a fait savoir que l'opération, dans un secteur de plus de 130.000 [habitants] dans la ville sera poursuivie “jusqu'à ce qu'il ne reste plus un seul terroriste”. Son gouvernement a aussi démenti l'existence dans la ville de pénuries de nourriture, d'eau et d'électricité tandis qu'écoles et autres infrastructures essentielles souffrent des combats.

Les déclarations du parti de gauche pro-kurde, le Parti Démocrate des Peuples (HDP), s'inscrivent en faux contre les propos du premier ministre Ahmet Davutoğlu.

Ertuğrul Kürkçü, un député HDP et membre de la délégation parlementaire qui s'est rendue à Silvan le 12 novembre 12, a qualifié l'opération de “guerre contre le peuple” :

C'est une guerre contre le peuple. Les gens sont punis parce qu'ils rejettent le régime du [Président Recep Tayyip] Erdoğan, s'y opposent et résistent.

Incapable de récupérer en juin sa majorité parlementaire en période de paix relative, l'AKP (Parti Justice et Développement) dirigé par M. Davutoğlu et le Président Recep Tayyip Erdoğan a retrouvé à l'arraché le contrôle de la législature turque, par sa victoire controversée à sa deuxième tentative électorale au début de ce mois.

La campagne s'était déroulée sur fond de peur et de musèlement des médias en même temps que la guerre de plusieurs décennies d'Ankara contre le PKK était rallumée en juillet par l’attentat à la bombe de Suruc qui avait coûté 33 vies, et revendiqué par l'EI.

“Je suis Paris, je suis Beyrouth”

dimanche 15 novembre 2015 à 12:01
Meme widely shared in solidarity with the victims of the Paris attacks.

Mèmes largement partagés en solidarité avec les victimes des attentats de Paris.

Je viens de la communauté francophone privilégiée du Liban. J'ai donc toujours considéré la France comme ma deuxième maison. Les rues de Paris me sont aussi familières que celles de Beyrouth. Il y a à peine quelques jours, j'étais à Paris.

Ces deux nuits de violence ont été horribles. La première a pris la vie de plus de 40 personnes à Beyrouth, la seconde, plus de 120 à Paris.

Il me paraît également évident que pour le monde, les morts de mon peuple de Beyrouth ne comptent pas autant que ceux de mon autre peuple, celui de Paris.

Nous, nous n'avons pas eu de bouton “SafetyCheck” sur Facebook. Nous, nous n'avons pas eu de déclarations officielles en pleine nuit de la part des hommes et des femmes les plus puissants de ce monde, ni de la part de millions d'internautes.

Nous, nous ne prenons pas de décisions politiques qui affecteront les vies d'innombrables réfugiés innocents.

Ça ne pourrait pas être plus clair.

Je le dis sans aucun ressentiment d'aucune nature. Uniquement avec de la tristesse.

Il en coûte beaucoup de comprendre que pour tout ce qui a été déclaré, pour tous les discours progressistes que nous avons réussi à créer d'une voix apparemment unie, la plupart des membres de cette étrange espèce sont encore exclus des principales préoccupations du “monde”.

Je sais qu'en utilisant le mot “monde”, j'en exclus moi-même la majeure partie. Parce que c'est ainsi que les structures du pouvoir fonctionnent.

Je ne compte pas.

Mon “corps” ne compte pas pour le “monde”.

Si je meurs, ça ne fera aucune différence.

Encore une fois, je le dis sans aucun ressentiment.

Cette déclaration est une simple réalité. Une réalité politique, néanmoins une réalité.

Peut-être devrais-je ressentir une quelconque rancœur, mais je suis trop fatigué. Il m'en a beaucoup coûté de le comprendre.

Je sais que j'ai de la chance : quand je mourrai, mes amis et mes proches se souviendront de moi. Mon blog et mes profils en ligne récolteront peut-être quelques pensées du monde entier. C'est la beauté d'Internet. Même ceci est hors de portée pour beaucoup d'entre nous.

Ce que Ta-Nehisi Coates écrit à propos des corps noirs aux Etats-Unis n'a jamais été aussi clair que maintenant. Je pense qu'il y a aussi une histoire à raconter sur les corps arabes. Les corps amérindiens. Les corps indigènes. Les corps latino-américains. Les corps indiens. Les corps kurdes. Les corps pakistanais. Les corps chinois. Et bien d'autres corps encore.

Le corps humain n'est pas Un. Bien sûr, il devrait désormais l'être. Peut-être n'est-ce qu'une illusion. Peut-être est-ce une illusion qui vaut la peine d'être préservée, parce que même sans ce vague objectif d'unité au sein d'une partie de ces corps, je ne suis pas sûr du type de monde dans lequel nous serions en train de vivre aujourd'hui.

Certains corps sont mondiaux, mais la plupart restent locaux, régionaux, “ethniques”.

Mes pensées se tournent vers toutes les victimes des horribles attaques d'aujourd'hui et d'hier, elles vont vers tous ceux qui vont souffrir de discrimination suite aux actions de quelques assassins face à l'échec général de l'imagination de l'humanité à se voir comme une entité unifiée.

Mon seul espoir est que nous soyons suffisamment forts pour proposer une réponse opposée à ce que ces criminels espèrent. Je veux être suffisamment optimiste pour dire que nous y arriverons, où que cela puisse nous mener.

Nous devons parler de ces choses. Nous devons parler de race. Il le faut.

“C'est lors des pires moments que le meilleur de Paris brille”

samedi 14 novembre 2015 à 16:19
Le signe de paix adapté à la suite des attentats à Paris (conception initiale par Jean Julien) - via twitter - Domaine public

Le symbole de la paix, adapté, à la suite des attentats à Paris (conception initiale de Jean Julien) – via Twitter – Domaine public

Le 13 novembre 2015, des fusillades et des attentats suicides ont eu lieu dans les 10e et 11e arrondissements de Paris, ainsi qu'à Saint-Denis, dans la banlieue nord.
Trois explosions distinctes ont éclaté à proximité du Stade de France, où un match de football se déroulait entre l'Allemagne et la France, tandis que  des dizaines de civils périssaient dans différentes fusillades. L'attaque la plus meurtrière a eu lieu au théâtre du Bataclan où les attaquants ont pris des otages et tué au moins 80  Huit assaillants ont été tués en plus de deux kamikazes.

A la date du 14 novembre, on dénombrait au moins 128 victimes. En outre, plus de 300 personnes ont été blessées lors des attaques, dont 80 ont été classés comme étant ‘urgences absolues’.

Le Président français François Hollande a décrété l'état d'urgence nationale et fermé temporairement les frontières de la France. C'est la première fois qu'une telle décision est prise depuis 1961.

C'est aussi la pire tragédie à frapper Paris depuis les attaques contre Charlie Hebdo en janvier de cette année.

La ville s'est réveillée dans un état de stupeur pendant que les convois de police patrouillaient les rues. De nombreux messages de tristesse et de solidarité ont été publiés après les attentats, que ce soit sur les applications de messagerie privée ou des forums publics.

Les réseaux mobiles ont ralenti lorsque les gens essayaient de s'enquérir de la sécurité de leurs amis et familles. Pendant que beaucoup de familles essayaient de retrouver les traces de leurs proches via le hashtag #rechercheparis, d'autres démontraient leur solidarité avec les victimes en postant des messages suivis par #liberteegalitefraternite :

“#LiberteEgaliteFraternite sont des valeurs partagées par nous tous

D'autres ont rappelé la réponse civique après les attentats Charlie Hebdo :

C'est beau. Rappelez-vous les objectifs d'un “terroriste”

Malgré la douleur et le choc, beaucoup de Parisiens ont loué les actes spontanés de bonté qui ont eu lieu au cours de la nuit de terreur. Par exemple, des taxis et des chauffeurs Uber auraient offert des courses gratuitement aux piétons bloqués.

Lorsque la nature et la localisation des attaques sont devenues plus claires, les Parisiens ont utilisé Twitter pour essayer d'aider ceux qui étaient coincés dans les embouteillages dans les rues à l'aide du hashtag #portesouvertes. Ce hashtag a été une tendance pendant la nuit des attentats. Les résidents fournissaient les adresses de leur domicile pour offrir un abri temporaire :

 envoyez-moi un message pour un endroit sûr au Canal Saint Martin. Soyez prudent

Encore 2 places disponibles si nécessaire près métro #marcadet (L4 et L12) au 43 rue Ordener #PorteOuverte répondre simplement à ce msg

Les Français ordinaires ouvrent leurs portes à des personnes dans le besoin. #PorteOuverte c'est le signe que l'esprit français est plus fort que jamais.

Des citoyens dans d'autres villes ont imité l'idée en offrant des refuges aux Parisiens qui étaient bloqués hors de France après la fermeture des frontières.

Des Parisiens coincés au Royaume-Uni ? Nous avons de la place chez nous, pas trop loin de l'aéroport d'Heathrow

Jerome Kern a conclu avec une pensée pleine d'inspiration:

C'est dans les moments d'adversité que le vrai caractère d'une communauté se révèle. Vous qui avez offert  #PorteOuverte, vous me rendez fier d'être un être humain.