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Des rubans blancs, une pensée pour ceux qui périssent en fuyant vers l'Europe

dimanche 24 mai 2015 à 22:52
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Les rubans blancs accrochés dans la ville de Würzbourg ont pour but de susciter la curiosité de tous et d'encourager des débats au sujet des réfugiés et de la politique en matière de droit d'asile. Image provenant de la page Facebook de la commission d'études Asyl-AK (Facebookseite von Asyl-AK) et utilisée avec l'aimable autorisation de celle-ci.

Depuis le 8 mai dernier, l'on peut trouver, en différents endroits de la ville allemande de Würzburg, des rubans blancs fixés aux feux de signalisation, aux ponts et aux réverbères. L'idée est d'avoir une pensée pour les réfugiés qui périssent en Méditerranée et aux frontières extérieures de l'Union européenne.

Les membres de la commission d'études Asile de la communauté des lycées catholiques de Würzbourg et du groupe chargé de la politique en matière de droit d'asile au sein de Mehr als 16a (davantage que 16a) – autre commission d'études – ont encouragé cette action. Voici ce qu'ils écrivent :

Les rubans doivent bien montrer que nous sommes consternés, et rester là où ils ont été accrochés. Ils servent de monument aux morts pour se souvenir des victimes de cette forteresse qu'est l'Europe. Nous, habitants de cette forteresse, devons ainsi comprendre que rester les bras croisés n'est pas une solution.  Il nous faut agir afin de préserver notre propre humanité, alors que des gens meurent tous les jours en se dirigeant vers notre petit monde en apparence parfait. 

La commission Mehr als 16a ,qui tire son nom de l'article 16a de la Loi fondamentale dans lequel sont décrits les principes du droit d'asile ainsi que leurs limites, réclame plusieurs choses :

Nous réclamons pour les réfugiés des possibilités d'immigration légales et sécurisées, des services de transbordeurs sûrs pour permettre aux réfugiés de traverser la Méditerranée, la fin de cette politique inhumaine d'isolement et que cesse immédiatement cette criminalisation des migrations !!!!

Cette action doit, d'après le groupe, se prolonger dans les mois et semaines à venir, à titre individuel. Les restaurants, les cafés et les magasins qui participent à cette action et dont les noms figurent sur la page Facebook de la commission d'études Asyl der Katholischen Hochschulgemeinde Würzburg mettent des cartons à chaussures remplis de rubans blancs à la disposition de tous ceux qui souhaitent, eux aussi, laisser un témoignage de sympathie dans le centre-ville de Würzbourg.

#JesuisEurovision: le regard d'une linguiste sur un show souvent critiqué, mais jamais égalé

dimanche 24 mai 2015 à 20:53
Presenteurs Eurovision via Ibadov CC-BY-20

Présentateurs de l'Eurovision via Ibadov – CC-BY-20

En zappant l’autre jour sur mes chaînes, je trébuchai sur KTO, jouxtant les chaînes d’info, et tombai sur les audiences matinales : on y voyait un jeune prélat bien digne, s’exprimer en français, justement, expliquant que Sa Sainteté allait accueillir et bénir une délégation francophone, venue de l’hexagone et de Côte d’Ivoire, avant la traduction italienne. Amusée, je tendis une oreille en faisant la vaisselle dans la cuisine adjacente, avant d’entendre les autres annonces faites par des men in black vanticanisés et polyglottes, en allemand, anglais, espagnol, portugais…
Et, lors de chaque intervention, je me réjouissais de tout comprendre, ou presque, puisque j’avais eu la traduction initiale en allumant mon téléviseur ; en effet, quelle beauté pour un linguiste que d’entendre ces langues qui se frôlent, se recoupent, se caressent, avec leurs sororités, leurs sonorités gémellaires, si souvent issues du latin que notre chère ministre voudrait pourtant vouer aux Gémonies…Ce mot de « Notre-Père » prononcé dans plusieurs langues européennes ne fut pas loin de m’arracher une larme, et en même temps je me préparais déjà mentalement à vous parler d’un autre moment festif et télévisuel, auquel nous assisterons ce soir, durant lequel, là aussi, Babel arrive en nos foyers : l’Eurovision !
Marianne James parlait à l’instant des « paillettes » et des franges sur France Info, et situait son attachement à cette grand-messe européenne dans un rapport au disco, à la « variétoche » et aux supers gagnants devant l’Éternel, les mangeurs de knäckebröd d’Abba. Mon propre rapport à cette compétition aux allures de cérémonie internationale relève justement plutôt de mes origines bi nationales et de ma fascination pour cette Europe qui a grandi en même temps que moi…

L’Eurovision, dans ma mémoire, ce n’est pas seulement la fameuse musique d’ouverture et les directs dans diverses langues, avant le score final scandé en anglais, avec les inénarrables « Germany, two points » et autres résultats faisant trembler les paillettes des candidats respectifs ; c’est aussi et surtout ces coups de téléphone que ma maman et sa propre mère se passaient, en cette époque lointaine où, pour appeler Duisburg, il fallait transiter par une standardiste en lui expliquant « D comme Daniel, U comme Ursule… » ; et ces autres appels que, des décennies plus tard, j’échangeais avec ma propre sœur, partie à son tour, mais dans l’autre sens,  civiliser le teuton outre-Rhin ; puis, mais ces coups de téléphone-là se sont hélas taris, car mes chéries ne veulent plus se ringardiser, mes échanges avec mes filles, exilés en quelques lointaines villes hexagonales. Oui, en ce samedi soir sur la terre durant lequel l’Europe pousse la chansonnette, dans ma famille bi nationale et depuis toujours européenne convaincue, on se parle, on échange, on compare, on écoute, aussi religieusement que le font des millions d’hommes lors de finales de Coupe du Monde !

Alors quand, ce soir, retentira le générique de mon ex ORTF adoré, j’aurai une pensée pour cette Europe que tant d’adversaires dénigrent et conspuent. Parce que l’Eurovision va bien au-delà des paillettes et des franges, et même des chansons, qui, je vous le concède, sont bien souvent de piètre qualité et de nos jours envahies par la terrible guimauve anglo-saxonne en reléguant l’esprit originel aux oubliettes. Parce que peu me chaut que la France n’ait pas gagné depuis mes seize ans et la frange de Marie Myriam.

Je préfère me souvenir des premières retransmissions, quand notre Europe balbutiante apprenait ce vivre ensemble culturel qui, n’en déplaise aux pisse-vinaigre et aux grincheux (et même si quelques années plus tard il fut parfois de bon ton pour Israël de ne presque pas attribuer de points à l’Allemagne…), contribue lui aussi à l’entente plus que cordiale entre les pays membres.
Bien avant Schengen, Arte, le Channel tunnel ou l’euro, le concours de l’Eurovision a symbolisé notre Europe de paix et de partages, qui, une fois l’an, entre champagne, variétés et paillettes, transforme nos divers paysages audiovisuels en annexes bariolées et chatoyantes des austères Parlement et Commission, lorsque de plantureuses femmes permanentées énoncent joyeusement ces scores qui, à défaut de bouleverser l’ordre du monde, feront du pays élu le vainqueur pacifique de ces joutes européennes.
Et le meilleur cru de ces décennies frangées et miroitantes demeure, dans ma propre mémoire, celui de 2003, quand une féérie dansante turque amena ce pays aux portes de cette Europe tant convoitée, quand une douce mélopée hexagonale fit même tressaillir notre score, et quand la Pologne présenta une chanson en deux langues, l’allemand d’un ovni aux cheveux rouges s’accordant au polonais d’une belle pour psalmodier un véritable hymne à la paix dont je vous livre le refrain :
Keine Grenzen, keine Fahnen
Von dort oben ist die Welt einfach nur schön
Keine Länder, keine Völker
Keine Kriege kann man von dort oben sehn
 

Pas de frontières, pas de drapeaux
De là-haut le monde est tout simplement beau
Pas de pays, pas de peuples
De là-haut on ne voit pas de guerres

Et voilà la marche turque des gagnants de cette Europe de cœur :

Alors ce soir : rêvez, écoutez, dansez, et…ne gâchez pas la fête à ceux qui en profitent !

Parler des élections turques : outil n°1, Seçim Var

dimanche 24 mai 2015 à 20:23

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Les citoyens turcs vont voter pour la troisième fois en un peu plus d'un an. Les élections locales de mars 2014 ont été suivies par les élections présidentielles en août, et les élections législatives qui arrivent en juin complèteront ce cycle politique et laisseront les quelques 55 millions d’électeurs prendre un repos bien mérité.

Durant les deux prochaines semaines, cet auteur écrira de brefs posts sur l’élection à venir, avec un focus sur des outils open source que des développeurs rendent accessibles pour augmenter la participation des citoyens à ce vote très tendu politiquement.

Outil n°1: Seçim Var

Mi-avril, un groupe d'étudiants en Communication, qui suivait un cours appelé “Cultures digitales” à l'Université de Bilgi à Istanbul, a mis en place le projet Seçim Var, qui peut être traduit par “Il y a un vote”. Utilisant le serveur de  crowdmap.com, Seçim Var est une branche de l'initiative plus large qu'est Ushahidi :

Ushahidi, Inc. est une entreprise sans but lucratif qui développe des logiciels gratuits et open source (LGPL) pour collecter, visualiser, et cartographier de manière interactive des informations. Ushahidi (“témoins” ou “témoignage” en langue swahilie) a créé un site à la suite des conflits liés aux élections présidentielles kényanes de 2007 […], en collectant par e-mails et textos des témoignages visuels des violences, puis en les plaçant sur la carte de Google Maps.

L'organisation utilise le concept de collecte participative de données [crowdsourcing] pour le militantisme social et la responsabilité publique, se posant comme un premier modèle de ce qui a été appelé l'”activisme cartographique”—la combinaison d'un activisme social, du journalisme citoyen et de la géolocalisation des informations. Ushahidi offre des produits qui permettent à des observateurs locaux de soumettre leurs témoignages et rapports en utilisant leurs téléphones portable ou Internet, tout en créant dans le même temps, une archive temporelle et géolocalisée des événements.

Cette cartographie électorale mise en place par les étudiants, qui a déjà reçu une couverture médiatique conséquente de la part des principaux médias, ainsi qu'une très bonne promotion du côté des réseaux d'initiatives citoyennes en ligne, est destinée à aller beaucoup plus loin qu'un simple projet de classe.

Le groupe a déjà coopéré avec un collectif turc de journalisme citoyen, Dokuz8Haber, qui vérifiera les nouvelles informations sur l’élection en temps réel. Les vérifications de Dokuz8Haber seront mises en valeur avec un tag spécifique, “vérifié”.

Environ 20 étudiants volontaires sont modérateurs : ils surveillent plusieurs hashtags en lien avec l'élection (#SeçimVar, #Seçim2015), ainsi que les témoignages des citoyens et la couverture médiatique. Il y a trois principaux types de rapports : informations venues de la rue, informations des médias et informations des urnes.

Tous les rapports et articles produits au cours de cette initiative sont téléchargeables, fournissant une information prête à l'emploi à la fois pour les journalistes et les partis participant à l'élection. Au delà de cette élection, ce projet a pour but de donner une impulsion nationale au journalisme et au reportage citoyens.

Bloguer anonymement ou sous son vrai nom ? Quelle est la meilleure solution?

dimanche 24 mai 2015 à 10:13
Kiba Shihuba soutient l'anonymat en ligne. Photo gracieusement concédé par EFF.org

Kiba Shihuba soutient l'anonymat en ligne. Photo gracieusement concédée par EFF.org

Ce billet a été écrit par Nani Jansen, directeur juridique de Media Legal Defence Initiative [fr] et Ellery Roberts Biddle.

Seriez-vous anonyme en ligne ? Si vous deviez donner un conseil à un blogueur, à un  journaliste indépendant ou à un militant en ligne sur cette question, quels sont les facteurs que vous voudriez qu'il prenne en considération ? Beaucoup d'entre nous sont passés à travers ce processus, mais c'est quelque chose dont nous ne parlons pas beaucoup, comme il arrive souvent dans les espaces privés.

Il y a eu beaucoup de débats sur ​​l'impact des politiques des gouvernements et des entreprises sur cette question. Pensez à la politique du nom de Facebook et à Nymwars [fr]. Et il y a beaucoup d'informations accessibles en ligne sur la façon de protéger son anonymat. Des formations et des guides de sécurité numériques abondent, même si c'est seulement dans certaines langues.

Mais le processus de prise de décision qui précède cela attire souvent moins d'attention. Il y a des aspects juridiques, techniques, politiques et personnels en jeu, qui sont tous difficiles à affronter. Et il n'y a de “bonne” réponse définitive pour personne.

Nous avons été aux prises avec ce problème dans le cas des blogueurs de Zone9, le groupe de militants en ligne qui ont été arrêtés en Ethiopie en avril 2014 sous des accusations de terrorisme inventées de toutes pièces. Bien que les blogueurs écrivaient régulièrement sous leurs vrais noms, ils avaient appris des notions sur les technologies de communication sécurisée afin de protéger leurs processus de recherche et d'information privée. Paradoxalement, cela est devenu une partie des preuves pour le gouvernement contre eux – leur utilisation de “Security in-a-box” (outils et tactiques de sécurité numérique) [fr] de l'ONG Tactical Technology Collective apparaît dans le dossier de l'accusation.

Un autre exemple est fourni par la situation des blogueurs à Cuba, où la surveillance physique est si étroite que l'anonymat en ligne est souvent considéré comme une approche irréaliste. Dans une  interview accordée à Global Voices en 2009, la blogueuse cubaine Miriam Celaya avait expliqué:

… Ici il est plus dangereux de rester “anonyme” en essayant de se cacher. Dans cet état semi-clandestin, on est plus facilement victime d'un chantage. Je savais que la police connaissait mon vrai visage et pouvait deviner que j'avais peur …

Une autre blogueuse cubaine a fait remarquer que l'anonymat pourrait en fait aggraver les choses. “En écrivant sous un pseudonyme,” dit-elle, “nous signalons à la police que [nous] pensons que nous faisons quelque chose de mal.”

Il existe d'innombrables cas et d'exemples que nous pourrions examiner pour aider les blogueurs et les militants dans leurs initiatives pour naviguer en sécurité. Global Voices et Media Legal Defence Initiative [fr] ont animé une séance de discussion sur le sujet lors de la convention Re: Publica à Berlin [de]. Notre espoir est de développer des lignes directrices pour les personnes confrontées à cette question difficile.

Avant l'événement, nous avons décidé de lancer le débat en ligne, de discuter avec l'équipe de Global Voices Advox et nos lecteurs. Les membres d’Advox (Adovacy, plaidoyer) ont souligné que la question va bien au-delà de la sécurité technique. “[Il faut] réfléchir sur l'autocensure, l'éthique, la sécurité personnelle et les limites personnelles … une chose est la sécurité technique, l'autre est votre stabilité mentale et émotionnelle”, a dit un auteur.

“Le blogging anonyme est un art”, a dit un auteur qui avait utilisé de multiples identités en ligne au fil du temps, pour partager certains renseignements personnels sur les plates-formes semi-privées telles que Facebook, tout en gardant son identité de blogueur complètement séparé de cela et d'autres comptes de médias sociaux . Pour beaucoup, cela aussi peut créer un stress émotionnel, en particulier si les circonstances politiques ou personnelles changent.

Une autre auteure a parlé de l'isolement dans l'anonymat. “L'anonymat vous isole aussi,” a-t-elle écrit. “Pouvez-vous disposer d'un réseau pour vous protéger tout en vous assurant l'anonymat en même temps? La visibilité serait-elle une meilleure stratégie pour vous? “

Un expert de la sécurité numérique dans le groupe a soulevé la question de la distinction fondamentale entre “l'anonymat d'identité” et “l'anonymat du lieu”. Il a expliqué le concept de “l'anonymat du lieu” en utilisant l'exemple de Bahreïn:

Nous savons qu'à Bahreïn les autorités sévissent très couramment contre les dissidents et les journalistes en les attirant dans des embûches par l'envoi de liens généralement à travers les médias sociaux (tweets ou des messages facebook par exemple) … .les personnes ciblées voient normalement juste un article (souvent d'une source Web légitime) qui s'ouvre [mais] dans le fond, le lien [obtient et enregistre] l'adresse IP de la victime, puis la redirige vers l'article légitime.

Les autorités [utilisent] cette méthode pour obtenir l'adresse IP [de la victime] … et à travers leur contrôle des fournisseurs d'Internet et de services de téléphonie mobile vérifient la véritable identité de l'utilisateur (au cas où il / elle utilisait un faux nom ou un pseudo en ligne) ainsi que sa / son emplacement physique. Comme vous pouvez l'imaginer, c'est ainsi que les raids et les arrestations vont suivre.

Dans cette situation, par exemple en utilisant un outil pour contourner la censure comme Tor [fr] on aurait empêché les autorités d'obtenir l'adresse IP d'origine. Nous savons tous le risque inhérent de se faire identifier en utilisant Tor dans un état oppressif. Dans la situation actuelle à Bahreïn, je considère qu'utiliser Tor pourrait ne pas être un mauvais choix, mais je pense que cela est un bon exemple du problème que nous essayons de régler.

 Nous voudrions poser la même question à nos lecteurs. Quelles sont les questions clés que vous pensez que les internautes devraient se poser avant de prendre cette décision? Quels aspects pourraient nous aider à développer cette discussion ? Quels exemples avons-nous vus, qui sont de notoriété publique, qui pourraient aider les blogueurs et les militants en ligne à naviguer dans ce processus de prise de décision difficile ? Exposez-nous vos pensées ici, sur Twitter (tweetsAdvox) ou envoyez-nous un message via notre formulaire de contact.

Nani Jansen et Ellery Roberts Biddle ont animé un atelier de discussion sur ce sujet à Re: Publica à Berlin, le 5 mai 2015,.

Message à une blogueuse éthiopienne : Mahlet Fantahun, tu n'es pas seule

dimanche 24 mai 2015 à 10:04
Mahlet Fantahun (deuxième à droite) se tient avec Edom Kassaye, un journaliste emprisonné.

Mahlet Fantahun (deuxième à droite) se tient avec Edom Kassaye, un journaliste emprisonné.

Avant d'être arrêtée, la blogueuse éthiopienne Mahlet Fantahun travaillait comme expert en données au  ministère de la Santé éthiopien. Mahlet fait partie du collectif de blogueurs connu comme Zone9. Le groupe tient son nom d'une prison éthiopienne à Addis-Abeba appelée Kality, qui dispose de huit zones. Les blogueurs ont baptisé leur projet Zone9, du nom de la “tristement célèbre prison, dans laquelle tous les Ethiopiens vivent.”

J'écris ce billet en solidarité avec Mahlet Fantahun et son groupe, Zone9.

 

Portrait de Mahlet Fantahun par Melody Sundberg

Portrait de Mahlet Fantahun par Melody Sundberg

Je ne suis jamais allée en Éthiopie. Cependant, j'ai passé des années en Afrique de l'est et je suis très consciente que la vie quotidienne de Mahlet et les risques qu'elle a pris sont très différents de la vie que je mène. Des gens comme Mahlet qui choisissent de faire face à ces risques, malgré les conséquences, ont mon plus profond respect.

Je ne sais pas à quoi ça peut ressembler de passer tant de jours dans une prison éthiopienne. Je suppose que certains jours sont pires que d'autres. Je suppose que l'une des parties les plus difficiles est le fait de ne pas savoir combien de jours on va y passer. Je suppose que l'un des pires moments est quand vous pensez à votre famille et à vos amis, qui sont inquiets pour votre santé et votre avenir. J'imagine votre sentiment de frustration contre le système juridique. Le sentiment de frustration d'être en prison pour avoir fait quelque chose qui devrait vraiment être un atout pour la communauté: l'engagement social et la prise de responsabilité pour l'avenir de votre pays.

À la fin du mois d'avril, j'ai participé à une conférence à Copenhague, Global Media Freedom, avec plus de 100 journalistes et professionnels des médias du monde entier. Une question a été répétée:

La solidarité est le mot qui revient sans cesse au # mediafreedom2015 comme étant vitale pour le maintien de l'indépendance des médias. A quoi ça ressemble dans la pratique?

On n'a pas trouvé de réponse, du moins de réponses précises. Mais un représentant de Global Voices à la conférence de Copenhague a mentionné comment ils ont travaillé pour informer le monde autour de ce qui se passe en Ethiopie. Comment agir en solidarité. Il y a toujours quelque chose qu'on peut faire.

La rédaction d'un seul billet de blog ne va pas faire sortir Mahlet et les autres blogueurs de leur prison. Cette action pourrait plutôt contribuer à garder leur histoire vivante. Ne pas rester silencieux.

Le travail des blogueurs  de Zone9 est de prendre position et des responsabilités. Il s'agit d'agir non seulement pour un intérêt individuel, mais pour celui de l'Éthiopie. C’est de travailler pour un changement social constructif.

En ce moment, je veux juste que Mahlet et le Groupe Zone9 sachent qu'ils ne sont pas seuls.