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Porto-Rico : Centenaire de Julia de Burgos (1914-1953), poète en son île

mardi 25 février 2014 à 09:44
Julia de Burgos

Julia de Burgos, capture d'écran d'une vidéo

Le 17 février, on a commémoré le centenaire de la naissance de Julia de Burgos (1914-1953) que beaucoup honorent du titre de poète nationale de Porto Rico. Son œuvre fut relativement modeste (elle a écrit quelques 200 poèmes), mais les poèmes de Julia de Burgos ont réussi à toucher l'imagination des lecteurs et gagner leur cœur dès la parution de son premier recueil de poèmes : Poemas exactos a mí misa ( Des poèmes absolument pour moi)  en 1937. 

Elle ne publiera que trois recueils dans sa vie : Poemas exactos a mí misma, déjà mentioné, Poemas en veinte surcos (1938) (Poèmes en 20 sillons)  et Canción de la verdad sencilla (1939) (Chants de simple vérité). Il s'y ajoute un quatrième : Mar y tú y otros poemas (Mer et toi et autres poèmes), publié en 1954 après sa mort, à l'âge de 39 ans. La qualité de sa poésie a été suffisamment reconnue  pour que son œuvre trouve une place permanente au sein des meilleurs poésies hispano-américaines du XXe siècle. 

Julia de Burgos est née à Carolina, dans l'île de Porto-Rico, Elle a été la seule d'une fratrie de treize enfants à suivre des études universitaires. Bien qu'elle n'ait pas achevé ses études,  elle réussit à devenir enseignante à l'université de Porto Rico. En 1936, elle rejoint la branche féminine du Parti nationaliste de Porto Rico. Elle devient alors une de ces “filles de la liberté” qui défendaient l'indépendance de Porto Rico sous la bannière de Pedro Albizu Campos. Elle a vécu à Cuba et à New York, où elle est morte des suites d'une pneumonie en 1953. Ses restes sont inhumés en Caroline grâce à des amis qui réussirent à l'identifier dans une tombe anonyme à New York car elle n'avait pas  sur elle des papiers d'identité au moment de son décès.

Julia de Burgos est un personnage qui a réussi a toucher profondément l'imaginaire collectif des Portoricains de l'ile et de la diaspora. On peut apprécier son retentissement en regardant la vidéo suivante montrant des Portoricains de New York lisant des fragments d'un de ses poèmes les plus célèbres : “Yo misma fui mi ruta” (j'ai été mon propre chemin).

Pourtant la majorité des cérémonies commémorant le centenaire de Julia de Burgos ont été organisées en dehors de Porto Rico. José Gómez Biamón, dans un article pour la revue en ligne El Post Antillano, s'exprime à ce sujet : 

[...] Dans le cadre de Latino Caraïbe, on a organisé des événements témoignant d'un grand intérêt pour le centenaire, on l'a vu récemment dans la presse. Plus précisément, on a dévoilé un buste en l'honneur de Julia de Burgos sur une place de la capitale dans la république dominicaine. À Cuba, l'éditeur de “Casa de las Américas” (Maison des Amériques) a écrit un communiqué pour la célébration du centenaire. Aux États-Unis, Il y a eu plusieurs manifestations sur ce thème, je me rappelle par exemple avoir vu dans la presse les photos  d'une mosaïque dans une rue du quartier de Harlem à New York. Il faut mentionner aussi qu'en Espagne, ces derniers mois il y a eu des événements et plusieurs publications en relation avec Julia de Burgos.

À  Porto Rico ont été évidemment organisées d'innombrables manifestations allant des commémorations aux célébrations, des lectures publiques aux concerts. 

Dans les colonnes de la revue en ligne “80 Grados“, la chanteuse compositeur de Porto-Rico Zoraida Santiago se souvient également de Julia qui a été une de ses plus précieuses inspiratrices.

Il y a cette année beaucoup de célébrations du centenaire de sa naissance, je m'en réjouis sincèrement, et j'espère que cela servira à sauver la poésie de Julia de Burgos, la sienne et celle de tous les poètes. 

Juan Camacho, dans l'article  Simulacre de Julia de Burgos, mets en garde contre le risque de réduire sa mémoire au stéréotype de la poétesse bohème à la vie tragiquement courte.

Comme n'importe quel être humain de son époque ou de la nôtre, Julia a dû affronter de multiples problèmes au cours de sa vie. Elle a pu en résoudre certains, d'autres non. Et pourtant on peut comprendre qu'il est injuste d'en garder le souvenir, au delà du consensus sur ses qualités de poète, d'une femme brisée, alcoolique, excessivement romantique et passionnée, coupée de la réalité.

Julia a été plus qu'un poète romantique, elle a été plus qu'une relation amoureuse, elle a été plus qu'une femme face a ses problèmes.

Le moment est venu de sauver, sans avoir à réécrire l'histoire, l'autre Julia. Cette autre Julia qu'évoque la jeune Yolanda Arroyo Pizarro lorsqu'elle écrit :

“ je veux découvrir la Julia révoltée et désobéissante, celle de la rébellion, celle qui a soutenu Don Pedro Albizu Campos; qui a écrit des lettres pour la libération de Juan Antonio Corretjer ; celle qui a organisé des réunions avec de grands idéologues libertaires comme Juan Bosch…”.

C'est peut-être Luis Rafael Sánchez, écrivain à Porto Rico, qui a le mieux réalisé une synthèse du souvenir de  Julia de Burgos : 

Lové dans l'esprit de tous ceux qui admirent son ‘insurrectionnel féminin', son nom est gravé sur les lèvres de ceux qui font briller pour nous son univers de vers…Nous déclarons Julia de Burgos poète aujourd'hui, demain et  toujours. Ceci non pas parce que nous en évoquons le souvenir, mais parce que nous le ressentons. Que sa parole jaillisse de ses lèvres comme un cri intégral, doux et profond.

Vous pourrez trouver plus d'informations sur Julia de Burgos ici.

Un recensement pourrait envenimer les conflits au Myanmar

lundi 24 février 2014 à 23:07
Shan minority group in Myanmar. Photo from  Flickr page of EU Humanitarian Aid and Civil Protection

Un groupe de la minorité Shan au Myanmar. Photo de la page Flickr de EU Humanitarian Aid and Civil Protection

[Sauf indication contraire les liens dirigent vers des pages en anglais]

Un recensement national prévu au Myanmar du 23 mars au 10 avril menace d'attiser les conflits ethniques et religieux dans le pays sur des questions du questionnaire jugées ‘antagonistes et qui divisent l'opinion’. Le dernier recensement du Myanmar date de plus de 30 ans.

Ce recensement est soutenu par les Nations Unies et vise à établir des statistiques démographiques et socio-économiques propres à déterminer les besoins du pays en termes de développement. Mais les questions sur l'appartenance ethnique ou tribale sont controversées après que le gouvernement a listé 135 groupes ou sous-groupes ethniques sur le questionnaire. Les critiques rappellent au gouvernement que la mise en liste est un héritage colonial qui doit être évité. Certains groupes ethniques se sont plaints d'avoir été associés à d'autres minorités alors que d'autres se plaignent d'avoir été supprimés des listes.

Le gouvernement est sous pression pour réviser les listes de consultation des communautés ethniques. Pour que le gouvernement puisse faire cette révision, certains demandent que le recensement soit retardé d'un mois.

Au Myanmar, la majorité des habitants sont birmans. On estime à 40% la population appartenant à une minorité ethnique, les Shan étant le groupe minoritaire le plus important.

La remarque la plus communément enregistrée concerne la catégorisation inadaptée des groupes ethniques. Les Palaung (Ta’aung), par exemple, s'interrogent sur leur rattachement aux Shan:

Nous les Ta'aung, nous sommes installés sur cette terre avant les Shan… Nous ne ressemblons pas aux autres ethnies. Nous vivons dans les montagnes et notre culture et notre langue sont différentes des autres.

Kyaw Thu, le chef du consortium Paung Ku de la société civile, estime que les questions ethniques et religieuses devraient être laissées de côté parce qu'elles ne sont plus nécessaires:

Si le développement est la priorité, les renseignements sur les effectifs -nombre de personnes et groupe d'âge- est suffisant  pour mener à bien des projets économiques.

Tun Myint Kyaw, coordinateur local de l'état Mon pour le Projet sur l'Etat de Droit financé par l'Union Européenne, insiste lui aussi pour supprimer du formulaire de recensement des questions controversées :

Si le [Ministère de l'Immigration et de la Population] a pour projet de ne pas mentionner l'appartenance ethnique et religieuse sur les cartes d'identité, alors pourquoi en tenir compte dans les données demandées lors du recensement? 

Khun Jar du Réseau internet pour la Paix dans l'état Kachin explique pourquoi la catégorisation ethnique est inadaptée et peut causer des troubles; il alerte aussi sur les dangers d'un recensement dans certaines régions reculées où persiste un conflit armé :

Si le gouvernement ne retient que 135 groupes ethniques, cela peut être préjudiciable au processus de paix car les groupes ethniques peuvent reprendre les armes s'ils ne sont pas d'accord entre eux.

On ne peut pas savoir qui va mener le recensement dans les zones reculées et les endroits où il n'y a pas de cessez-le-feu. Il y a des endroits où il n'y a pas d'écoles. Ce sont habituellement les professeurs qui recensent la population. Quand il n'y a pas d'école ce sera difficile de connaître le nombre d'habitants dans les camps de réfugiés.

Thet Ko des Services des Minorités propose une nouvelle méthode basée sur le principe d'une consultation démocratique: 

On devrait dresser la liste des ethnies après une consultation auprès des groupes ethniques selon une procédure démocratique.

Certains groupes ethniques craignent de perdre leur représentation politique si le recensement prévu se conforme à la liste officielle des groupes ethniques du pays. Des postes à responsabilité au sein des parlements locaux sont automatiquement accordés aux groupes ethniques qui représentent plus de 0.01 % de la population de la région.

Le gouvernement est accusé de gonfler délibérément le nombre de sous-groupes ethniques afin de refuser que certaines tribus soient représentées.

Mais dans le cas des Rohingyas, le gouvernement refuse de les reconnaître en tant que citoyens. Kyaw Min du Parti de la Démocratie et des Droits Humains lance un appel pour la reconnaissance des Rohingyas, qui sont majoritairement musulmans:

Toute race humaine a son identité. Nous avons déjà notre identité… Ce n'est pas nouveau – nous avons une identité depuis très longtemps. Mais nous pensons que la discrimination qui existe dans le pays fait que notre demande n'est pas écoutée et que notre identité n'est pas reconnue.

L'insertion de questions sur la religion dans le recensement peut être un facteur déstabilisant. Le recensement peut, en particulier, confirmer que le Myanmar compte un nombre croissant de musulmans, ce qui pourrait inciter les groupes bouddhistes intégristes à causer des problèmes dans de nombreuses circonscriptions.

Conscient de cette menace, le Groupe International de crise, propose de limiter le recensement aux questions sur l'âge, le sexe et le statut matrimonial:

… le prochain recensement, composé de 41 questions, est trop compliqué et risqué. Le Myanmar est l'un des pays les plus diversifiés de la région, et le problème ethnique est une question complexe, contestée et politiquement sensible, dans un contexte où les différents groupes ethniques ont longtemps pensé que le gouvernement manipulait les catégories ethniques à des fins politiques.

Un recensement mal planifié et mal conçu,avec des questions controversées d'appartenance ethnique et religieuse, risque de compliquer la situation.

De son côté, l'organisation Burma Partnership craint que le recensement n’ébranle le processus de réconciliation:

Le manque de transparence et de concertation en dit déjà long sur le rôle des Nations Unies – et des donateurs – dans le recensement, et les accusations d'inadéquation et de discorde ne servent qu'à saper la crédibilité de ces parties. De plus, les craintes sont réelles sur la logistique de la collecte des données, à la fois sur la capacité des autorités chargées de la collecte à utiliser correctement les formulaires et sur l'accès aux zones reculées ou aux zones de conflits, ce qui aurait des implications sur l'exactitude des données enregistrées.

Il est clair que ce recensement représente une boîte de Pandore pour les éventuels conflits et tensions ethniques. Au moment où le gouvernement prétend faire tout son possible pour garantir une paix durable avec les groupes ethniques armés et matérialiser des réformes politiques avant les élections nationales de 2015, le moment choisi pour le recensement et sa nature sont pour le moins étranges. Il risque de compromettre la réconciliation nationale, en minant le processus de paix et en relançant la violence entre les communautés.

Apparemment, certains groupes ethniques restent sceptiques sur le recensement et ont décidé de faire leur propre recensement.

5 recettes de plats traditionnels du monde francophone

lundi 24 février 2014 à 18:24

La saison des carnavals et de Mardi Gras signifient souvent des plats succulents dans le monde entier. Pour se mettre en appétit, voici quelques recettes des plats typiques des régions francophones, portant fièrement l'héritage du savoir-manger en France. Bon appétit !  

Côte d'Ivoire: L'alloco

L' allloco est un plat traditionnel d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale. Il est composé de bananes plantain frites dans l'huile d'arachide ou de l'huile de palme, et peut servir de goûter ou d'accompagnement pour un plat de résistance. l'alloco est d'ailleurs à l'origine des restaurants à ciel ouverts appelés allocodrome où l'on peut manger pour pas cher des plats typiquement ivoriens (attiéké, poulet braisé etc..).

 Alocco:  tranches de banane plantain frites (accompagnées ici de poissons frits)  via wikimédia commons

Alocco: tranches de banane plantain frites (accompagnées ici de poissons frits) via wikimédia commons

le blog Recettes africaines nous partage une recette personnalisée avec du piment

Pilez les piments avec l’oignon et l’ail. Vous pouvez utiliser un robot cuilinaire ou un mortier.

Mélangez avec la tomate concentré ,l’eau, la moitié du bouillon cube et l’eau.

Chauffez l’huile juste un peu et ajoutez le mélange de piment. Faites cuire pendant 15 minutes à feu doux. Pour finir salez et poivrez, ajoutez un peu de citron si vous voulez (Moi j’aime bien).

Maintenant servez vos bananes frits avec le piment. Vous pouvez aussi servir avec de l’Attieké.

 Lousianne (USA):  le jambalaya / gumbo à l'écrevisse

Le jambalaya recouvre une multitude de recettes de viandes à base de riz, toutes très épicées tel que le « riz créole Jumbalaya ». ce plat est la signature de l’État de Louisiane, et plus particulièrement de la ville de la Nouvelle-Orléans. Une version typique est le gumbo à l'ecrevisse.

crawfish etouffée ou gumbo à l'écrevisse via wikimédia commons

crawfish etouffée ou gumbo à l'écrevisse via wikimédia commons

Marmiton nous partage une recette de gumbo aux crevettes :

Nettoyez les crevettes en enlevant l'intestin, mais laissez les têtes (cela donne du goût).

Coupez les gombos en rondelles de 1 cm, et faites-les cuire dans de l'eau salée (20 min).

Faites revenir l'ail, l'oignon, et les crevettes dans un peu d'huile d'olive. Salez et poivrez (10 min).

Égouttez vos gombos cuits, et versez-les sur les crevettes (5 min).

Servir seul, ou avec du riz et un piment. 

Madagascar : le ravitoto
Le ravitoto est une recette traditionnelle malgache. Ce sont des feuilles de manioc doux pilées avec un mortier auquel on ajoute des oignons et de la viande de porc.
Jenny M. à Antananarivo rend hommage à ce plat “incontournable” de la cuisine malgache et propose cette recette :

#1. Faire cuire le porc avec un peu d’eau.

#2. Dans une grosse marmite, une fois l’huile chauffée, ajouter les oignons, l’ail et la viande. Une fois la viande bien dorée, ajouter les feuilles pilées, le gingembre et le Kub’Or ainsi qu’une tasse d’eau.

#3. Laisser mijoter 30 minutes puis finir la cuisson sans le couvercle pour laisser le ragoût réduire un peu (5 à 10 minutes).

ravitoto via Dodanville

ravitoto via Dodovanille

 

Maroc : le tajine

Le tajine est un ragout rustique complété selon l’humeur du chef ou selon le marché. Chaque cuisinière marocaine à sa propre recette avec des variations autour d’un ragout de viande ou de poisson accompagné de légumes ou même de fruits secs. le blog La Cuisine Marocaine propose un terfass, un tajine d'agneau aux truffes blanches :

Si vous utilisez des truffes fraiches, rincez les soigneusement a l'eau froide pour les débarrasser de leur sable.
Epluchez-les et mettez-les au fur et a mesure dans un saladier d'eau. Selon leur grosseur, coupez-les ou laissez-les entières. Ensuite, faites-les cuire à l'eau bouillante salée pendant environ 15 min jusqu'à ce qu'elles soient tendres. Egouttez les Bien.

Coupez l'épaule d'agneau en morceaux. Epluchez l?ail et coupez-le en lamelles. Dans une marmite, versez l?huile d'olive, ajoutez les morceaux de viande et faites-les dorer à feu moyen. Au bout de 5 min, versez 40 cl d'eau, ajoutez l?ail et le curcuma. Salez et poivrez.

Couvrez et laissez mijoter a feu doux pendant environ 1 h. Ajoutez les truffes dans la marmite 10 min environ avant la fin de la cuisson.

Tajine du Maroc via wikimedia commons

Tajine du Maroc via wikimedia commons

France: le coq au vin

Coq au vin rouge via wikimedia commons

Coq au vin rouge via wikimedia commons

le coq au vin est un classique de la cuisine française. L'historique du coq au vin est assez original, comme le décrit oenologie perwez:

Une tribu Arverne était assiégée par les romains; le chef, pour narguer le Romain, lui fit parvenir un coq maigre, combatif et agressif, pour témoigner de la détermination des Gaulois. Lors d'une trêve, le général (Jules César) invita le chef Arverne à un repas où lui fut servi une délicieuse volaille baignée d'une onctueuse sauce rouge. S'étant régalé, le Gaulois demanda à César: “Quel est donc ce mets?”. Il lui répondit qu'il s'agissait de son coq, mariné dans du vin et cuit lentement…

Aidez-nous à définir le design de notre futur site et…gagnez un T-shirt :)

lundi 24 février 2014 à 14:42

The amazing high quality GV T-shirtNous sommes actuellement en train de préparer un nouveau site pour Global Voices et nous aimerions que vous nous aidiez à vérifier si nous avons pris la bonne direction. Lecteurs, contributeurs, amis, tous vos avis sont les bienvenus. 

Des étudiants du programme Human Centered Design (Design pensé pour l'humain) de l'université de Washington, répartis en trois groupes, ont fait de Global Voices une étude de cas pour tester la navigabilité du site.

Nous demanderons à certains d'entre vous de juger le site que vous consultez actuellement et à d'autres de choisir un design pour un site totalement nouveau. Si vous souhaitez participer, merci de laisser vos coordonnées dans le formulaire ci-dessous. 

Cadeau modeste mais cadeau : nous offrirons un t-shirt Global Voices à une personne !
Merci d'avance de votre aide !

La révolution ukrainienne ébranle les nationalistes russes

lundi 24 février 2014 à 13:23
Photoshopped image of politician Yulia Timoshenko, released from jail by the opposition controlled Ukrainian parliament. Many view her as a strong candidate in the coming presidential elections. Anonymous image found online.

Image photoshopée de l'ancienne premier ministre Ioulia Timochenko, tout juste libérée de prison par le parlement ukrainien passé à l'opposition. Beaucoup voient en elle une candidate bien placée pour la prochaine élection présidentielle. Image anonyme trouvée en ligne.

Incroyablement, la prise de contrôle par l'opposition ukrainienne du processus politique du pays est maintenant un fait accompli. La perte de tous ses pouvoirs par le Président Ianoukovitch est pour une part non négligeable l'oeuvre des nationalistes radicaux qui constituaient le noyau des émeutiers au face-à-face depuis trois mois avec la police anti-émeute ukrainienne. Les partis nationalistes comme Svoboda, et les groupes radicaux comme le “Secteur de Droite” (voir sur cette vidéo de YouTube, déjà ancienne [russe], Yarosh, un chef de Secteur de Droite, parler de porter le combat aux terres “ukrainiennes” de Russie) ont contribué à la victoire finale du mouvement Maïdan, et apparaissent à présent dans une position parfaite pour influer sur les décisions politiques en Ukraine.

Du moins, telles sont les craintes des nationalistes russes : pas seulement que la nouvelle Ukraine délaisse la Russie pour l'Occident, mais aussi que la population russophone ukrainienne soit attaquée par des radicaux qui voudraient la “dérussifier”. La prédominance des nationalistes dans le mouvement d'opposition nourrit ces peurs. Un animateur de radio russe, Ilias Mercury, a ainsi tweeté sur les déclarations précédentes du chef du parti Svoboda Oleh Tyahnibok :

Tyahnibok a déclaré que la langue russe sera proclamée hors-la-loi. C'est clair ?

et 

Tyahnibok a déclaré que les Russes en Ukraine seront décrétés “non-citoyens d'Ukraine.” C'est clair ?

Peu importe que de telles mesures soient prises ou non. Le simple fait d'y penser épouvante les nationalistes, dont le sentiment est que les Ukrainiens russophones sont aussi russes.

Des Russes reprochent à Ianoukovitch le tour pris par les événements. Le blogueur et politologue Egor Holmogorov a écrit [russe] récemment :

Судьба Януковича – великолепный урок всем мелким тиранам, предающим русских. Он мог бы сделать русский язык государственным и править опираясь на русскую половину, которая постепенно стала бы русским большинством. Он предпочел прямо противоположный путь.

Le destin de Ianoukovitch est une grande leçon pour les tyrans au petit pied qui trahissent les Russes. Il aurait pu faire du russe la langue officielle d'Etat et gouverner en s'appuyant sur la moitié russe du pays, qui serait peu à peu devenue une majorité russe. Il a préféré la voie exactement inverse.

This language map by Kiev National Linguistic University shows the split between Russian speaking east and Ukrainian speaking west.

Cette carte des langues de l'Université Linguistique Nationale de Kiev National montre le fossé entre les russophones à l'est et les ukrainophones à l'ouest.

D'une façon générale, la langue apparaît le principal point de friction entre nationalistes des deux bords. En deux jours, la nouvelle Rada contrôlée par l'opposition a adopté plusieurs lois, dont l'une pour abroger un texte plus ancien donnant au russe le statut de deuxième langue officielle en Ukraine. Ce qui a conduit le philosophe nationaliste, fondateur de parti National Démocrate Konstantin Krylov à proclamer [russe] le nouveau régime “anti-russe.” Krylov affirme que ces lois réduisent les libertés politiques en Ukraine, et appelle à des mesures permettant aux Ukrainiens d'acquérir facilement la citoyenneté russe s'ils le désirent.

La publication nationaliste Spoutnik & Pogrom a également commenté cette abrogation, écrivant [russe] qu'elle confirme ses prédictions de nationalisme accru en Ukraine en cas de victoire de l'opposition. S&P a aussi critiqué Alexeï Navalny pour son soutien à l'oppostition ukrainienne, contraire semble-t-il à ses prétentions à défendre les intérêts des Russes. S&P a anfin publié un manifeste à “tous les Russes Ukrainiens,” [russe] les invitant à s'auto-organiser et à créer des “organisations nationales russes,” car “c'est la seule voie pour créer une Ukraine européenne.”

Le publiciste conservateur et présentateur de radio Dmitry Olshansky, pour sa part, a lancé un appel plus émotionnel [russe] :

Можно себе представить, что было бы, если бы не было 1941 года, и существовали бы те, кого убили, и их потомки, – а Рада отменила бы идиш в качестве регионального языка.

On peut imaginer comment ce serait s'il n'y avait pas eu 1941, et qu'étaient en vie ceux qui sont morts et leurs descendants, – et que la Rada ôtait au yiddish le statut de langue régionale.

A n'en pas douter, les nationalistes sont vent debout contre toute forme de discrimination ethnique — sauf, bien sûr, quand ils se trouvent aux manettes.