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Ukraine : la contestation s'emballe, le mot-dièse #Euromaidan se perd dans une mer d'informations

samedi 7 décembre 2013 à 22:26
Protesters gathered under flags in Kyiv to demand the Ukrainian government to reverse its policy decision and sign a landmark agreement with the EU; photo by Sergii Kharchenko, courtesy of Demotix, used with permission.

Manifestation avec drapeau géant à Kiev pour exiger que le gouvernement ukrainien revienne sur sa décision et signe un accord historique avec l'UE. Photo Sergii Kharchenko. Copyright Demotix.

Les manifestations en Ukraine, qui ont débuté le 21 novembre 2013, quand le président Victor Ianoukovitch et son gouvernment ont renié leurs promesses de signer un accord d'association avec l'Union Européenne, sont les plus massives depuis la Révolution Orange de 2004. Les nouveaux médias et les réseaux sociaux ont été à l'avant-garde tant dans le lancement que la poursuite du mouvement contestataire d'Euromaïdan, le nom qu'il s'est donné.

Mais l'escalade de la contestation l'a rendue plus difficile à suivre seulement sur l'Internet.

Euromaïdan, disent les observateurs, a été possible en grande partie grâce aux médias sociaux [anglais, comme les liens suivants sauf mention contraire]. Facebook et Twitter en particulier ont émergé comme des plate-formes essentielles pour coordonner les activités de protestation et faire circuler informations, photos et vidéos sur l'ampleur des manifestations, leurs localisations et des sujets comme les violences policières et les provocations de toutes origines.

Les mots-dièses utilisés au départ (ukrainien #євромайдан, russe #евромайдан, et anglais #euromaidan) sont apprus dès le premier soir des manifestations et ont été extrêmement utiles comme instrument de coordination préliminaire et pour informer les internautes en Ukraine et dans les autres pays. Ils ont donné l'échelle des événements  [ukrainien] - dans la première phase des manifestations, quelque 3.200 tweets étaient publiés par heure le 25 novembre, et jusqu'à 4.800 par heure le 30  [ukrainien], jour de la première attaque brutale des manifestants par la police.

Mais quand la contestation s'est amplifiée, avec la violente dispersion par les forces de l'ordre des protestataires campant sur la place principale de la capitale ukrainienne Kiev au petit matin du 30 novembre, et le blocus et l'occupation en masse de principaux bâtiments du gouvernement le lendemain, déclenchant à certains moments des confrontations brutales avec la police anti-émeutes, les mots-dièses se sont mis à disparaître de nombreux tweets sur le mouvement Euromaïdan, devenu de ce fait plus difficile à suivre à distance.

Un grand nombre de tweets sur l'agitation continuent à utiliser les mots-dièses, mais beaucoup d'utilisateurs ont abandonné ce qui avait été un outil pour unifier les contestataires et répandre l'information :

C'est sûr, les mots-dièses sont utiles au départ, mais les gens ont tendance à les lâcher comme une patate chaude une fois l'affaire en route. Pas bon pour l'analyse, comme l'a noté la sociologue Zeynep Tufekci pendant un échange sur Twitter

La sociologue Zeynep Tufekci précitée a observé, quand elle suivait les manifestations de Gezi en Turquie [français] que lors du déroulement des événements d'#occupygezi, les mots-dièses communément en usage pour coordonner les gens et déterminer les mots d'ordre de la protestation donnaient lieu à des discussions entre personnes se voyant pour la plupart comme faisant partie d'un réseau déjà établi de citoyens d'avis semblables. Débat et action en et hors ligne restaient très animés et tout aussi importants pour le résultat des manifestations, mais se poursuivaient en absence du mot-dièse. Et de préciser sur Twitter :

Par exemple, dans le cas turc, une fois “Gezi” devenu totalement dominant dans les échanges, les gens ont laissé tomber le mot-dièse. Tout le contraire.

Non, la conversation est complètement restée sur Twitter. Elle était absolument dominante sur Twitter. Mais sans mot-dièse.

Les sources d'information fréquentées sur le mouvement Euromaïdan, telle la toute jeune télévision publique en ligne Hromadske TV, qui a fourni l'une des rares retransmissions en temps réel des manifestations, et le site d'actualités essentiel Ukrainska Pravda [ukrainien], supposent simplement que ceux qui veulent s'informer sur le mouvement le feront de toute manière, ou vont retweeter les mises à jour vers leurs propres réseaux ; et ne s'embarrassent donc pas de mots-dièses qui consommeraient des caractères pouvant être généralement mieux utilisés pour une information additionnelle.

Le même raisonnement s'applique aux actions militantes déjà consolidées pour diffuser l'information sur les manifestations, tels les comptes Twitter @euromaidan, @EuroMaydan et leur homologue en anglais @EuroMaydan_eng. Avec la progression des événements, leurs administrateurs ont cesser de joindre les mots-dièses correspondants à chaque tweet, et se bornent à un usage occasionnel.

Hromadske TV a présenté une preuve [ukrainien] de passage à tabac d'un de ses journalistes :

Le journaliste de Hromadske Dmytro Gnap, battu dans le parc Mariinsky DÉTAILS ICI : http://t.co/hbNpcHwZ41 pic.twitter.com/9ON1lqKq5y

L’Ukrainska Pravda [ukrainien] a publié des renseignements utiles pour les manifestants blessés :

Les manifestants blessés seront accueillis par l'Hôpital N° 17 de Kiev, l'Hôpital des Soins médicaux d'urgence et l'Hôpital Oleksandrivska.

— Українська правда (@ukrpravda_news) December 1, 2013

Le compte Euromaidan en anglais a relayé le dernier état de la circulation :

Le carrefour de Mikhalivskaya est rempli d'automobilistes manifestant leur solidarité

Pendant ce temps, des internautes ont compilé des listes de sources fiables [ukrainien] d'information et de suivis en temps réel des événements à l'attention de ceux parmi le public qui ne sont pas des praticiens du web ou ont besoin qu'on leur explique les événements et enchaînements du mouvement Euromaïdan.

Les correspondants étrangers couvrant l'Ukraine, comme Christopher Miller, le rédacteur en chef de l'anglophone Kiev Post, ou le directeur exécutif de Mashable Jim Roberts, de même que d'autres journalistes locaux ou étrangers, ajoutent rarement le mot-dièse #Euromaidan. La plupart du temps, ils font seulement usage de mots-dièse généraux comme #Ukraine ou #Kiev dans leurs tweets pour localiser les faits qu'ils décrivent :

Très inquiétant. Dix manifestants envoyés en prison, des dizaines disparus alors que les manifestatons de rue entrent dans leur troisième semaine

Entre temps, explosions à #Kiev. Incroyable live stream des manifestations en #Ukraine

Nataliya Gumenyuk, journaliste à Hromadske TV, a traduit en anglais son tweet en ukrainien pour diffuser l'information aux médias étrangers :

près de l'administration présidentielle l'opposition essaie de calmer les gens MAIS beaucoup n'écoutent pas #ukraine

Christopher Miller du Kiev Post a combiné le populaire mot-dièse #Euromaidan avec d'autres plus généraux de localisation :

Le rôle des médias sociaux dans le mouvement #Euromaidan est essentiel #Kiev #Ukraine

Il apparaît tout récemment qu'à Kiev manifestants et personnes sur le terrain ne peuvent réserver du temps et de l'espace à l'inclusion d'un mot-dièse. Les choses vont trop vite, se suivent de façon imprévisible, et ce qui prime, c'est l'espace et le temps pour informer le public. Mais cette tendance à l'égard des mots-dièse signifie que les chercheurs qui aggrègent les données sur les mouvements de protestation en se servant fondamentalement de mots-dièse pour retracer les faits, manquent beaucoup de contenus importants. La collecte de données effectuée de cette manière va fausser l'ampleur des manifestations, leur ton et message, avec pour conséquence possible des omissions criantes de voix essentielles présentes dans l'activité citoyenne et politique autour du mouvement de contestation.

Les médias traditionnels continuent pour la plupart à voir le mouvement Euromaïdan comme pro-Union Européenne et anti-russe, et se focalisent avec continuité sur la politique de la contestation, sans apparemment se rendre compte que la sensibilité des Ukrainiens aujourd'hui, en particulier depuis les violences policières qui ont commencé au huitième jour de la contestation, s'oriente vers une bataille pour l'égalité sociale, le changement dans le gouvernement et, comme de nombreux protestataires l'ont souligné, un moyen de “se réapproprier” leur pays. Comme l'utilisateur James Bray l'a tweeté, en utilisant un mot-dièse tout différent et sans rapport :

Iatseniouk aussi dit que les manifestations en Ukraine sont un “combat pour rester une nation souveraine”. #newsnight [NdT: une émission d'analyse politique de la BBC].

Les langues indigènes ne sont pas des dialectes

samedi 7 décembre 2013 à 17:43

La ville mexicaine historique de Oaxaca de Juárez accueille des milliers de touristes internationaux, ainsi il n'est pas rare d'entendre parler allemand, français ou anglais dans la ville. Il n'est pas rare non plus d'entendre parler des langues indigènes telles que le zapotèque ou le mixtèque par des habitants ou des visiteurs de communautés environnantes. Pourtant, depuis des siècles ces langues indigènes n'ont pas été estimées à leur juste valeur et on a appris à beaucoup que leurs langues maternelles étaient en quelque sorte moins importantes que les langues étrangères.

Selon des études du linguiste Michael Swanton [espagnol, es], l'usage du terme “dialecte” commença à la fin du 19e siècle, et fut aussi intégré dans les politiques éducatives mexicaines dans une tentative d'entraver l'usage des langues indigènes. Les résultats de cette action eurent un effet à long terme, car de nombreux Mexicains commencèrent à désigner les langues indigènes d'une manière méprisante avec le terme “dialecte”. Et de nombreuses communautés indigènes s'habituèrent aussi à ne pas reconnaître que leurs langues maternelles étaient aussi importantes que toute autre langue.

Une nouvelle campagne lancée par la Bibliothèque de Recherche Juan de Córdova [es], du Centre Culturel San Pablo [es] à Oaxaca espère sensibiliser et engager la participation à travers les médias numériques pour envoyer le message que les langues maternelles ne sont pas des dialectes, mais des langues à part entière. Ils déclarent :

Creemos que valorar la diversidad lingüística de Oaxaca y combatir la discriminación absurda que sufren sus hablantes comienza por llamarlas de igual manera. Ése es el propósito principal de esta campaña a la que esperamos que te unas: que la palabra “dialecto” NO se use nunca más para nombrar a las LENGUAS indígenas.

Nous croyons que la valorisation de la diversité linguistique à Oaxaca et le combat contre l'absurde discrimination à laquelle font face ces locuteurs commencent par le fait d'appeler ces langues de la même manière. C'est le premier dessein de cette campagne et nous espérons que vous allez nous rejoindre : ainsi le mot “dialecte” ne sera PLUS jamais utilisé pour faire référence aux LANGUES indigènes.

L'une des premières activités de la campagne a été de réunir des locuteurs de langues telles que l'espagnol, le triqui, le mazateco, le polonais, le náhuatl, le catalan, le ngiwa, l'anglais, le zapotèque, et le portugais pour déclarer collectivement que toutes les langues sont égales et doivent être reconnues en tant que telles.

Le site a également une section ’questions souvent posées‘ [es] qui dissipe aussi certains mythes à propos des langues indigènes. Les activités de la future campagne incluent l'opportunité pour les locuteurs d'autres langues de soumettre leur propre vidéo où ils déclarent que les langues indigènes ne sont pas des dialectes, ainsi que d'autres événements axés sur la technologie prévus par la bibliothèque en 2014.

Technologie au service de la consolidation de la paix : une base de données en ligne

samedi 7 décembre 2013 à 10:01

[Liens en anglais]

La Build Peace Database vise à documenter les projets utilisant les nouvelles technologies dans des programmes de consolidation de la paix, en se concentrant sur la communication, le réseautage et les jeux.

L’information est organisée de deux manières : sur une carte rassemblant les organisations et les projets et dans des tableaux détaillés comprenant un filtre de recherche.

Les projets sont classés en fonction du domaine dans lequel le programme de consolidation de la paix est mis en œuvre et de la manière dont ils intègrent les nouvelles technologies. Parmi les catégories figurent, par exemple :

Parmi les projets cités, nous retrouvons :

PeaceTXT, un projet de campagne sous forme d’envoi massif de SMS pour promouvoir les changements de comportement au Kenya, une série de SMS relatifs à la prévention des conflits à envoyer à des grands nombres d’abonnés, particulièrement aux périodes où des tensions se font sentir ;

Crack in the Wall, une plateforme offrant un espace de discussion et d’engagement entre Palestiniens et Israéliens utilisant les réseaux sociaux ; en s’abonnant à la page Facebook, les internautes peuvent se connecter à un forum qui bénéficiera de traductions en hébreu et en arabe ;

Connect Program, relie des étudiants de 27 pays par une application de vidéoconférence afin d’entrer en contact grâce à un programme de dialogue facilité qui consiste à commencer par parler de la vie quotidienne et à faire par la suite tendre les discussions vers des sujets plus controversés.


Si vous souhaitez ajouter un projet à la base de données, utilisez le formulaire disponible sur leur site web. Pour découvrir plus d’idées relatives à l’utilisation des nouvelles technologies dans les efforts de consolidation de la paix, reportez vous à ce rapport de la Fondation suisse pour la paix.

Capture d’écran du site web Build Peace Database publié sous licence Creative Commons BY-SA 3.0.

1.000 jours après le séisme et tsunami de 2011 au Japon

samedi 7 décembre 2013 à 09:56

Le 4 décembre 2013 a marqué le millième jour depuis le violent tremblement de terre qui a entrainé un tsunami au large du Japon le 11 mars 2011, tuant plus de 15.000 personnes, dévastant de nombreuses parties du pays et provoquant un accident nucléaire à la centrale de Fukushima Daiichi. D'après un sondage effectué par l'Agence de reconstruction, 277.609 évacués ne seraient [japonais] toujours pas retournés chez eux, 84% d'entre eux sont originaires de la préfecture de Fukushima.

Nelson Mandela : 17 citations à se remémorer pour apprécier sa sagesse

samedi 7 décembre 2013 à 09:54
Nelson Rolihlahla Mandela was the first democratically elected president of South Africa. Photo released by South Africa The Good News under Creative Commons (CC BY 2.0).

Nelson Mandela, premier président d’Afrique du Sud élu démocratiquement. Photo publiée par South Africa The Good News sous licence Creative Commons (CC BY 2.0).

Nelson Mandela, premier président d’Afrique du Sud élu démocratiquement et lauréat du prix Nobel de la paix, s’est éteint jeudi 5 décembre 2013, à 95 ans. Il avait passé 27 ans derrière les barreaux pour s’être opposé à l’apartheid, le système de ségrégation raciale sud-africain. Libéré en 1990, il était devenu président 4 ans plus tard et avait quitté son poste à la fin de ce mandat, un geste rare dans le paysage politique africain.

Cet homme d’État, respecté dans le monde entier, maniait le langage avec une impressionnante aisance. Parmi ses nombreuses citations, beaucoup proviennent d’une déclaration faite depuis le banc des accusés lors du procès de Rivonia où il comparaissait pour des actes de sabotage en 1964 qu’il termine en déclarant :

I have fought against white domination, and I have fought against black domination. I have cherished the ideal of a democratic and free society in which all persons live together in harmony and with equal opportunities. It is an ideal which I hope to live for and to achieve. But, if need be, it is an ideal for which I am prepared to die.

J'ai lutté contre la domination blanche et j'ai lutté contre la domination noire. Mon idéal le plus cher a été celui d'une société libre et démocratique dans laquelle tous vivraient en harmonie et avec des chances égales. J'espère vivre assez pour l'atteindre. Mais si cela est nécessaire, c'est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir.

Outre les déclarations faites lors du procès, Nelson Mandela laisse derrière lui de nombreuses citations marquantes. Sur Twitter, les internautes ont réagi à son décès en partageant ses mots et sa sagesse.

À propos des jugements

« Ne me jugez pas sur mes exploits ; jugez-moi sur le nombre de fois où je suis tombé et où je me suis relevé. »

« Je ne suis pas un saint. N’oubliez pas qu’un saint est un pécheur qui cherche à s’améliorer. »

À propos de la haine

« La haine obscurcit les esprits. Elle barre le chemin de la stratégie. Les dirigeants ne peuvent pas se permettre de haïr. »

« Personne n’est né avec la haine pour l’autre du fait de la couleur de sa peau, ou de son origine, ou de sa religion. Les gens doivent avoir appris à haïr, et s’ils peuvent apprendre à haïr, ils peuvent apprendre à aimer car l’amour jaillit plus naturellement du cœur humain que son opposé. »

À propos du pardon

« Des gens courageux ne craignent pas le pardon, au nom de la paix. »

« Vous obtiendrez plus dans ce monde avec le pardon qu’avec des actes de représailles. »

À propos du sport

« Le sport peut faire naître l'espoir là où régnait le désespoir. »

À propos de la direction politique

« Dirigez depuis l’arrière et laissez croire aux autres qu’ils sont à l’avant. »

À propos du racisme

« Je déteste le racisme, car je le considère comme barbare, qu'il vienne d'un homme noir ou d'un homme blanc. »

À propos de la détermination

« Cela semble toujours impossible, jusqu'à ce qu'on le fasse. »

« J'ai appris que le courage n'est pas l'absence de peur, mais la capacité de la vaincre. »

« L’honneur appartient à ceux qui jamais ne s’éloignent de la vérité, même dans l’obscurité et la difficulté. »

À propos de la liberté

« Être libre, ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaînes ; c'est vivre d'une façon qui respecte et renforce la liberté des autres. »

À propos de l’éducation

« L’éducation est l’arme la plus puissante que vous puissiez utiliser pour changer le monde.  »

À propos de l’emprisonnement

« On dit que personne ne connait jamais vraiment une nation jusqu’à ce qu’on ait mis les pieds dans ses prisons. »

À propos du devoir

« Quand un homme a fait ce qu'il considérait être son devoir envers son peuple et son pays, il peut reposer en paix. »