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Les Indiens réagissent aux quolibets racistes contre Miss America 2014

mardi 17 septembre 2013 à 22:01

Nina Davuluri, 24 ans, de New York, a remporté le titre de Miss America 2014. Photo de la page Facebook de Miss New York Organization

Tous les liens associés renvoient à des pages en anglais.

Première historique, une jeune femme de 24 ans, Nina Davuluri, vient de devenir la première Américaine d'origine indienne à remporter le titre convoité de Miss America. Mais aujourd'hui, elle fait face à un florilège de commentaires racistes en ligne, qui soutiennent que la beauté pour beaucoup reste l'affaire des races colorées. De manière ironique, de nombreuses personnes ne connaissant pas ses origines, des commentaires et des tweets haineux ont été postés contre les Arabes, les Africains et les Musulmans, en plus des Indiens. S'y trouvaient aussi des références au terrorisme et au 11 septembre.

Nina Davuluri a ignoré le déferlement de racisme en ligne, disant préférer “passer outre” et s'être toujours considérée comme étant “d'abord et avant tout américaine”. Dans cette video YouTube postée par la “Miss America Organization” lors du concours Miss America 2014, Davuluri parle de son éducation et du fait que New York, qu'elle représentait lors du concours, est essentiellement un creuset multiculturel.

Bien que Nina Davuluri n'ait pas été émue par les commentaires racistes, d'autres ont fortement réagi. En Inde aussi, de nombreuses discussions tournent autour de la victoire de Davuluri, en faisant le sujet brûlant du jour.

Curieusement, les internautes indiens ont une opinion divisée sur la nouvelle Miss America.

D'un côté, un grand soutien est exprimé à Nina Davuluri et de la colère contre les commentaires racistes qui ont entaché sa victoire. De l'autre côté, une fraction d'internautes a cherché à savoir si Davuluri aurait remporté un concours de beauté en Inde, vu le fétichisme du pays pour les peaux de couleur claire.

L'auteure et journaliste basée à Mumbai, Deepanjana Pal (@dpanjana), a tweeté :

La victoire de Nina Davuluri au titre de Miss America a révélé le côté raciste des Twittos américains. http://t.co/jbdEY5ZR42 Les trolls restent les mêmes dans le monde entier.

La blogueuse sur l'alimentation et nutritionniste Nandita Iyer (@saffrontrail) a souligné l'importante proportion des personnes laissant des commentaires racistes qui ne sont même pas au courant des différences entre les Arabes et les Indiens. Elle a tweeté:

Il existe des personnes assez stupides pour croire que les Indiens et les Arabes sont pareils – Allez donc à l'école ! Indignation sur la miss America indienne http://t.co/XUYW00tg6H

La colère de l'étudiant ingénieur Siddhartha R Thota devant l'assaut des attaques verbales racistes sur la nouvellement couronnée Miss America était évidente dans son tweet :

Ce sujet #MissAmerica, une ébullition gratuite pour mon sang et aucun respect pour les “Américains” stupides. Quelques exceptions encourageantes cependant.

Sa colère résonne avec celle d'Ankita Singh (@VaanarMukhi) qui a commenté via son tweet :

Je suis sûre que les personnes se moquant de Nina Davuluri possèdent les traits physiques les plus fins et une peau de la couleur la plus claire qu'il soit.

Gyanonymous a souligné l'hypocrisie mêlée aux commentaires racistes dans ce tweet:

Il est drôle de voir comment les gens du monde entier prennent des bains de soleil pour avoir une peau bronzée. Puis il attaquent hypocritement Nina Davuluri à la peau mate (Miss America 2014).

Une peau pas assez claire pour l'Inde ?

La peau mate de Davuluri a focalisé l'attention de nombreuses personnes. Dans un tweet, le journaliste et auteur Samar Halarnkar (@samar11) se demande :

Intéressant. Une Indienne à la peau “sombre” est devenue Ms America, mais aurait-elle été élue en Inde? http://t.co/MZsmcyw9E5

Kushan Mitra a fait écho à ce sentiment dans son tweet:

La question est “Une fille à la peau aussi sombre que celle de Nina Davuluri aurait-elle pu devenir Miss Inde ?”. Connaissant notre fascination pour les peaux claires, probablement pas !

L'écrivain et chroniqueur Salil Tripathi (@saliltripathi) s'est posé les mêmes questions, rappelant cet article dans FirstPost sur les mannequins et actrices à la peau sombre en Inde qui doivent souvent subir des “ajustements de couleur” avant d'être acceptées.

Pour remporter le concours de Miss India, j'imagine que la nouvelle Miss America aurait à utiliser Fair and Lovely (une crème permettant l'éclaircissement de la peau), comme nous le rappelle @ElChaudhry : http://t.co/nJ6W1EEamv

Il y en avait aussi pour souligner avec humour que Mlle Davuluri a en effet une peau de couleur sombre et n'est pas une Américaine (à la peau blanche) par excellence. Par exemple, le comique Atul Khatri (@one_by_two) a tweeté :

Dites les gars, êtes-vous sûrs quesking Nina Davuluri a remporté le concours de Miss America et non Miss Africa ?? #PetiteQuestion

Des idées de beauté provocatrices 

Cependant, une fraction d'internautes a rendu hommage à la gagnante et soutient que sa victoire est un nouvel appui à la campagne “Dark is Beautiful” [fr] (défendant les peaux de couleur plus ou moins sombre). Depuis Mysore, l'auteure et blogueuse Ratna Rajaiah (@alphabetiya) a tweeté:

Si mes yeux sont bons, Nina Davuluri a une peau mate, non ? Prends ça, Fair&Lovely !

Kaveri Jain (@Mehitabel) de Delhi a proclamé via ce tweet

La campagne “Dark is beautiful” vient juste d'avoir une nouvelle ambassadrice “@ndtv: Miss America a couronné sa première titulaire d'origine indienne”

Des milices féminines : la solution pour arrêter les viols en Inde ?

mardi 17 septembre 2013 à 21:14

Billet d'origine publié le 24 août 2013 – Tous les liens associés renvoient à des pages en anglais, sauf mention contraire.

Une jeune fille de 22 ans, photo-journaliste stagiaire pour un magazine, a subi un viol collectif à Mumbai, en Inde, pendant son temps de travail le 22 août 2013.

La victime a dû être opérée suite à ses blessures et a mis plusieurs jours pour récupérer. (A la publication du billet le 24 août) Un seul des cinq suspects a été arrêté. Comme l'affaire du viol collectif de Delhi (voir le billet de Global Voices [fr]) en décembre 2012, l'incident ranime l'indignation nationale qu'elle avait suscitée et renouvelle la recherche de solutions.

Le courant populaire et les média sociaux débordent de discussions sur comment arrêter ces viols.

Neha Sanghvi (@nehasanghvi) exprimait son indignation :

Je me sens très mal en apprenant ce viol collectif répugnant dans la ville de Mumbai, en plein jour. Quelle honte !

Avinash Iyer (@IyerAvin) a tweeté:

D'après les rapports préliminaires, le viol de Mumbai est tellement similaire à l'affaire de Nirbhaya. Une femme, amie célibataire, amie brillante, femme violée.

Le scénariste et blogueur (@ajitjagtap) estime que l'impunité inspire d'autres crimes :

Viol collectif à Mumbai. Les violeurs sont inspirés par ceux qui n'ont pas été condamnés ni même arrêtés pour leurs obscénités.

Rabia sheikh (@Rabiasheikh7) était pessimiste quant à la découverte d'une solution :

Encore un viol collectif… Quelques manifestations de plus, rien ne changera ! L'Inde n'est pas un pays sûr pour les femmes. #Mumbai

Pourquoi cette frustration? D'après Catholic Online, les plaintes pour viol, décès pour des questions de dot, violences, harcèlements sexuels et autres crimes dirigés contre les femmes ont augmenté de 6.4% en 2012 par rapport à l'année précédente. Les statistiques ont montré que 244 270 crimes contre des femmes ont été rapportés à la police indienne en 2012, contre 228 650 crimes en 2011, selon le National Crimes Records Bureau (Bureau National des Affaires Criminelles). Le problème des viols en Inde a été décrit comme “assez préoccupant pour faire sauter d'une fenêtre” par le magazine The Atlantic, faisant référence à l'affaire où une touriste britannique avait sauté par la fenêtre en mars 2013 pour échapper aux avances indésirables du propriétaire de l'hôtel dans lequel elle résidait.

Vishal Bheeroo a identifié le problème :

Le problème principal est le manque de lois efficaces pour protéger les femmes et les commentaires sexistes prononcés au Parlement sont une telle honte!

Depuis le viol collectif de Delhi, le rapport juridique Verma a été soumis (en ayant toutefois été critiqué), et le projet de loi “contre les harcèlements sexuels subis par les femmes sur leur lieu de travail a été adopté. Cependant, les violences à l'égard des femmes persistent. Les représentants des mouvements de femmes, les activistes et les organisations des droits démocratiques et humains s'alarment des omissions majeures dans la protection législative actuelle pour les femmes, qui peuvent les laisser encore plus vulnérables.

Alors quels sont les meilleurs moyens pour faire cesser les affaires de viols qui semblent continuelles en Inde?

Pour beaucoup, il est clair que le viol est un problème en Inde, mais les réponses ont été variées. Des campagnes ont eu lieu pour armer les femmes de poivre et de couteauxpour leur donner des entraînements pour se défendre contre les hommes and pour changer les lois.

Les membres de Red Brigade (Brigade Rouge) d'un petit village de Lucknow [fr], la capitale de l'état d'Uttar Pradesh, prennent les choses en main en agissant directement contre les harcèlements sexuels. Dirigée par une formatrice de 25 ans, Usha Vishwakarma, la Brigade Rouge a été fondée en 2010, presque 4 ans après la création d'un groupe similaire, le Gulabi Gang.

Gulabi Gang. Image from Flickr by Lecerle.

Gulabi Gang. Image par Lecerle sur Flickr. CC BY-NC-SA 2.0

Le Gulabi Gang a été le sujet d'un film de 2010 intitulé Pink Sari's. La Red Brigade est une version plus jeune avec des filles dont l'âge est compris entre 11 et 25 ans. Comme l'a rapporté The Guardian, les membres de la Red Brigade ont pris :

une action directe contre leurs persécuteurs et maintenant, lorsqu'un homme franchit la ligne, il peut s'attendre à recevoir la visite du groupe.

The Red Brigade girls. Screenshot from Red Brigades Blog

Les filles de la Red Brigade. Capture d'écran du blog des Red Brigades

Habillées de salwaar kameez (habit traditionnel indien) rouges et noirs, de nombreuses filles ont été victimes de violence dans le passé. Elles prennent aujourd'hui des cours d'arts martiaux et participent aux manifestations.

Si un homme est surpris en train de harceler une fille, il lui est ordonné d'arrêter. Les conséquences peuvent empirer s'il ne s'arrête pas, il pourra être puni par des moqueries publiques ou de la violence, même si celle-ci n'a été utilisée qu'à une seule occasion.

Lorsqu'on lui demande d'où vient son courage, la meneuse du groupe, Usha Vishwakarma, répond :

Quand tu souffres, tu en tires du courage. Quand tu es victime, tu en tires du courage.

Les membres de la Red Brigade ne se contentent pas de se battre, elles poursuivent leurs études pour assurer leur carrière :

#NouvellesPositives de #ABPNews, rencontrez les filles de la Red Brigade à Lucknow qui travaillent pour devenir plus fortes. http://t.co/a2ppfNHz6e

Rencontrez les filles de la Red Brigade à Lucknow, elles protègent les femmes et les filles des violeurs!!! http://t.co/WogM9Cygyh

Comme le 23 août, les activistes et les journalistes se sont réunis à Hutatama Chowk au sud de Mumbai pour une manifestation silencieuse. Les partis d'opposition ont soulevé la question au Parlement et les organisations ont conduit des manifestations dans différentes villes. Ce qu'il leur faudrait, c'est peut-être plus de personnes déterminées comme ces groupes d'auto-défense.

Mise à jour : Le 25 août 2013, la police de Mumbai avait arrêté les cinq hommes qui étaient recherchés dans l'affaire du viol collectif de la photo-journaliste. Le plus âgé a 25 ans et le plus jeune est suspecté d'avoir 16 ans.

Image de vignette avec l'autorisation de la page Facebook de la Red Brigade. Avec des informations additionnelles de Rezwan.

Les Croates de Vukovar contre le serbe cyrillique sur les immeubles publics

mardi 17 septembre 2013 à 20:45

A Vukovar, en Croatie, les Serbes représentent près de 35% de la population, et ont obtenu le droit à l'usage officiel du cyrillique, leur alphabet natif, comme le permet la Constitution croate. Une partie de la population d'origine croate de Vukovar a cependant manifesté et détruit les panneaux bilingues fraîchement mis en place sur les bâtiments de l'Etat. Les manifestations contre l'alphabet cyrillique à Vukovar ont débuté le 9 septembre après la mise en place de plaques signalétiques sur les immeubles publics. Une manifestation pacifique a également eu lieu le même jour à Zagreb.

L'écriture cyrillique, également connue sous le nom d'Azbuka, est un système d'écriture alphabétique basé sur l'alphabet cyrillique archaïque, développé au cours du 10ème siècle à l'Ecole Littéraire de Preslav. Le cyrillique est l'un des principaux systèmes d'écriture dans le monde.

L'alphabet cyrillique serbe est une adaptation de l'écriture cyrillique originale, développée en 1818 par le linguiste serbe Vuk Karadžić. Il s'agit de l'un des deux alphabets modernes standards utilisés pour écrire le serbe et le bosnien, l'autre étant l'alphabet latin serbe. Bien que l'alphabet latin soit également utilisé, le cyrillique demeure l'écriture traditionnelle et officielle en Serbie.

Peaceful protest against introduction of bilingualism in Vukovar held in Zagreb:

Manifestation pacifique à Zagreb contre l'introduction du bilinguisme dans Vukovar, photo sur Demotix, utilisée avec autorisation

Vukovar, une ville d'environ 26 000 habitants dans l'est de la Croatie, demeure un symbole des conflits serbo-croates des années 1990. Pour de nombreux citoyens croates, le cyrillique en reste un rappel douloureux. Durant la manifestation de vendredi, les citoyens mécontents ont affirmé qu'ils ne voulaient pas de l'écriture cyrillique dans leur ville, “ni maintenant, ni jamais, car ce n'est pas seulement une écriture, mais l'écriture sous laquelle des crimes ont été commis contre des Croates et d'autres non-Serbes durant la Guerre d'Indépendance de Croatie”.

Pendant ce temps, sur les réseaux sociaux, la plupart des internautes étaient furieux contre le fait que quelques-uns s'attardaient sur le passé, tandis que beaucoup considèrent ces sujets hors de propos en ces temps de nouvelle crise économique et sociale. Le footballeur et journaliste bosniaque Goran Arbutina a twitté:

Les Croates se déchaînent sur le cyrillique alors que c'est ainsi que nous faisons à #Banjaluka… Ma rue.

#cirilica #latinica #sarajevo #vukovar pic.twitter.com/aiRJDWYdRY

— Goran Arbutina (@Goc1jedini) 6 septembre 2013

Bojan Glavašević, ministre-délégué au Ministère des Anciens Combattants a déclaré :

Je suis sans cesse attristé par ce qui arrive aujourd'hui à #Vukovar. La violence n'est pas un moyen de résoudre les problèmes dans une démocratie.

— Bojan Glavasevic (@bglavasevic) 2 septembre 2013

Le politicien croate et membre du Parlement Européen Ruža Tomašić a une opinion différente :

Déclaration pour les médias croates à Bruxelles: “Le cyrillique oui, mais pas à Vukovar”

http://t.co/5qnZfumtrh via @tportal #Vukovar #cirilic

— Ruža Tomašić (@RuzaTomasic) 5 septembre 2013

Protesters in Vukovar reaking bilingual boards; photo courtesy of Kurir daily

Vukovar: une planche bilingue cassée en signe de protestation PHOTO: quotidien “Kurir”

L'étudiant et musicien serbe Stefan Josimov a interrogé l'UE sur ce problème :

Est-il possible que l’#UE n'ait toujours pas réagi à la destruction des signes à #Vukovar#Srbija #Hrvatska #cirilica

— Stefan Josimov (@sjosimov) 4 septembre 2013

Mais un utilisateur de Twitter de Bosnie, surnommé Agent Tajne Sile, pourrait avoir une réponse à cette situation, bien que sarcastique :

Heureusement, personne n'a de problèmes avec les chiffres. Surtout lorsqu'il s'agit de comptes en banque. #cirilica #vukovar #lakunoc

— Agent tajne sile (@AgentTajneSile) 3 septembre 2013

Le président croate Ivo Josipovic a annoncé que des préparatifs sont en cours pour un éventuel accord sur l'initiative d'inscriptions bilingues à Vukovar, comme l'a rapporté l'agence de presse croate Hina. Des mauvaises nouvelles semble-t-il pour les officiels de Zagreb – selon les statistiques, la Croatie est quatrième sur les 47 pays sous la juridiction de la Cour Européenne des Droits de l'Homme à Strasbourg en termes de violation des droits de l'Homme. Vesna Skare-Ozbolt, ancienne ministre croate de la Justice, a déclaré au SETimes:

Je pense que l'introduction du bilinguisme contribuera à normaliser les relations entre la Croatie et la Serbie, mais sera aussi un exemple positif dans l'UE.

Mme Skare-Ozbolt a annoncé qu'environ 20 municipalités de Croatie ont rempli les conditions préalables à l'utilisation officielle du cyrillique, qui devrait débuter prochainement. Elle a ajouté que la Croatie et d'autres pays de l'UE ont instauré le bilinguisme dans les régions où les minorités nationales représentent au moins un tiers de la population. Elle a également déclaré que les rôles des autorités locales et de l'Etat sont cruciaux dans la réussite de la mise en oeuvre de ce processus :

La Croatie, en tant que nouveau membre de l'UE, maintient cette norme, bien que les conséquences de la guerre soient toujours importantes, comme on peut le constater à Vukovar, où une certaine résistance existe toujours.

Le Code du travail suscite le débat sur ​​la sexualité et le racisme à Cuba

mardi 17 septembre 2013 à 20:29

[Tous les liens mènent à des sites web en langue espagnole.]

Le projet de Code cubain du travail est en cours de discussion aussi bien sur les lieux de travail que dans les espaces numériques basés sur l'île. La proposition de loi, approuvée par l'Assemblée nationale du Pouvoir populaire en décembre 2012, a été lancée le 10 juillet, pour être débattue dans chaque lieu de travail du pays.

blogpaquitoDepuis la publication du projet du code dans les médias officiels cubains, le document a également attiré l'attention de divers blogueurs résidant sur l'île. Le journaliste Francisco Rodríguez a formulé deux observations sur projet susmentionné dans son blog PaquitoeldeCuba.

Dans le premier, Rodríguez, en plus de faire des propositions concrètes sur les modifications à la formulation de la loi, invite également les communautés de la diversité sexuelle à participer au débat :

El reconocimiento del derecho al trabajo con independencia de la orientación sexual o la identidad de género de las personas podría incluirse en una nueva ley, si todos los trabajadores y las trabajadoras que somos homosexuales, bisexuales o trans proponemos en nuestras secciones sindicales una adición al anteproyecto de Código de Trabajo que actualmente se discute en Cuba mediante consulta popular.

La reconnaissance du droit à l'emploi indépendamment de l'orientation sexuelle de la personne ou de l'identité de genre pourrait être incluse dans une nouvelle loi, si nous, tous les travailleurs, qui sommes homosexuels, bisexuels ou transsexuels proposions un ajout au projet de Code du travail dans nos sections syndicales, ce qui est actuellement examiné par la voie du référendum.

La principale préoccupation de Cruz, exposée dans son second billet, concerne la nécessité d'une volonté politique dans les discussions des décideurs du pays, de sorte que ces suggestions et d'autres sur l'inclusion des homosexuels, transsexuels, etc soient prises en compte dans cette loi.

Los expertos que redactaron la propuesta de ley no solo obviaron cualquier mención explícita a la discriminación por orientación sexual e identidad de género en el entorno laboral, sino que tampoco pusieron en blanco y negro el derecho al trabajo para las personas discapacitadas y seropositivas, aunque en este último caso sí se mantiene una protección salarial cuando asistan a las consultas médicas programadas.

Non seulement les experts qui ont rédigé la proposition de loi évitent toute mention explicite concernant la discrimination basée sur l'orientation sexuelle et le genre dans le milieu de travail, mais ils n'ont pas non plus établi explicitement le droit à l'emploi pour les handicapés et les séropositifs, même si dans ce dernier cas, il y a effectivement une protection salariale pour les consultations médicales qui sont prévues.

Entre-temps, le 10 août le docteur Alberto Roque a publié une lettre ouverte au président de l'Assemblée nationale, Esteban Lazo, sur son blog, dans laquelle il met en évidence “la preuve des actes discriminatoires qui persistent dans l'environnement du travail de notre pays.”

blogroqueEn outre, dans la missive, Roque révèle que des concepts discriminatoires sont utilisés dans le texte, certains d'entre eux dépassés par les sciences sociales, comme celui de race, tout en exigeant l'inclusion du harcèlement en milieu du travail dans le projet de loi en cours d'examen :

Considero necesario incluir en el Anteproyecto un artículo específico que defina el acoso moral en el trabajo, su identificación, así como hacer mención a las obligaciones de la administración y del Sindicato de crear espacios y ambientes seguros para los trabajadores víctimas de mobbing.

Je considère qu'il est nécessaire d'inclure un article spécifique dans le projet qui définisse le harcèlement psychologique au travail, son identification, et qui mentionne les obligations de l'administration et du syndicat pour créer des espaces et une ambiance sûrs pour les travailleurs qui ont été victimes de mobbing.

Le nouveau Code du travail a également provoqué une analyse sur la façon dont il contredit d'autres lois nationales déjà existantes, en particulier la Constitution de la République. Dans le billet Solavaya con este código, Rogelio Manuel Díaz Moreno, membre de l'Observatorio Crítico [Observatoire critique], avance que “le projet viole la laïcité et crée une discrimination entre les religions, étant donné qu'une d'elles bénéficie de deux jours de congé et les autres, d'aucune “.

Plus récemment, l'avocat Deyni Abreu, fondateur du projet Alianza Unidad raciale [Alliance Unité raciale], a publié ses remarques sur le Code du travail à travers le web, dont certaines sont plus générales tandis que d'autres sont spécifiquement liées au racisme et à la discrimination à Cuba. En ce qui concerne ce dernier point, elle pense :

Un inconveniente puntual en los centros de trabajo se observa en la inexistencia de herramientas legales que protejan al trabajador, si el empleador lo humilla o comete maltrato, irrespeto, desde su jerarquía, proveyéndose de acepciones racistas o si otro trabajador origina un conflicto desde el imperativo del color de piel.

On observe un inconvénient ponctuel dans les lieux de travail avec l'absence d'outils juridiques qui protègent le travailleur si un employeur l'humiliait, le maltraitait ou lui manquait de respect, profitant de sa position hiérarchique, en utilisant des termes racistes, ou si un autre travailleur provoquait un conflit découlant de la couleur de la peau.

Abreu considère insuffisantes les dispositions du Code pénal cubain concernant la discrimination raciale, et recommande que le présent projet de loi insiste fortement sur ce sujet. De même, elle estime que toutes les formes possibles de discrimination doivent être spécifiées.

La période de discussion du projet de code du travail se termine le 15 octobre; un débat a été organisé conjointement par le ministère du Travail et de la Sécurité sociale avec le Syndicat des travailleurs de Cuba, la seule organisation de ce type existant dans le pays.

Guatemala : Pour une enquête sur le massacre de Nacahuil

mardi 17 septembre 2013 à 20:08

[Liens en espagnol sauf mention contraire] San José Nacahuil, petit hameau proche de Ciudad de Guatemala, habité en majorité par des Maya – Kaqchikel [fr], a récemment fait les titres de la presse internationale [anglais] quand des hommes armés ont tué 11 personnes et blessé 28 autres le 7 septembre 2013.

Selon les médias, des officiers corrompus ou des gangs sont les principaux suspects dans ces meurtres commis dans deux cantines et dans les rues avoisinantes, bien qu'il n'y ait eu aucune arrestation. Les autorités ont confirmé qu'elles soupçonnent des gangs d'y être impliqués.

Mais les communautés indigènes contestent cette hypothèse et réclament une enquête, comme l'affirme un communiqué de presse [anglais, espagnol] de la communauté kaqchikel de San José Nacahuil et d'autres organisations :

Nous portons à la connaissance de la communauté nationale et internationale le massacre commis le 7 septembre 2013 à 23h contre la communauté Kaqchikel de San José Nacahuil de la commune de San Pedro Ayampuc.

San José Nacahuil est une communauté du peuple indigène Kaqchikel. Elle possède ses propres autorités communautaires et la présence policière y est inutile. C'est le seul village et la plus importante communauté maya de San Pedro Ayampuc. Nacahuil a plusieurs fois défendu son territoire contre des pressions extérieures, empêchant ainsi la compagnie de distribution d'électricité TRECCSA de le traverser, et participe au mouvement actuel d'opposition à une compagnie minière à La Puya.

Le communiqué poursuit :

Nous rejetons fermement les déclarations du ministre de l'Intérieur incriminant les gangs car c'est totalement faux. Il est prématuré de faire des déclarations avant de lancer une enquête.

Nous appelons les communautés, les organisations nationales et internationales à la solidarité avec le peuple Kaqchikel face à ces actes sanglants qui ont endeuillé l'ensemble de la communauté.

Les journaux communautaires de San José Nacahuil ont rapporté que des leaders locaux avaient dénoncé l'augmentation des forces de police depuis le 31 août 2013 déjà, et que ces alertes avaient été ignorées par les autorités des droits de l'Homme. Des correspondants locaux ont également indiqué que la police avait relevé l'identité des personnes présentes dans les cantines une heure seulement avant le massacre, ce qui a ensuite été confirmé par le ministère de l'Intérieur.

Sur Twitter @chapinesxGuate écrit :

Les versions officielles doivent être mises en question tant qu'elles ne seront pas prouvées.

Deux jours après les meurtres, la reporter Claudia Palma a partagé cette photo :

Le cortège des villageois de San José Nacahuil vers le cimetière

Alors que l'enquête n'a pas encore été ouverte et qu'aucun suspect n'a été arrêté, la communauté attend des réponses et la peur se répand.

Mais pour les habitants de la région, la violence n'est pas une découverte ; le conflit lié à l'exploitation minière s'est intensifié, et la pression est passée à des intimidations croissantes et des violences physiques. Dans la lutte de la communauté pour préserver son territoire de l'activité minière et de la militarisation, l'incrimination des gangs et des trafiquants de drogue constitue une nouvelle menace pour les activistes ruraux et indigènes, car elle pourrait servir à justifier des actes de répression.

FrontLine Defenders [en] rapporte deux cas récents :

Aux premières heures de la matinée du 10 juillet 2013, des coups de feu ont été entendus à l'extérieur de la maison de madame Telma Yolanda Oquelí Veliz del Cid, leader du Frente Norte del Área Metropolitana (FRENAM), mouvement de défense formé par des membres de la communauté contre l'expansion des activités minières à San José del Golfo et San Pedro Ayampuc, dans le département de Guatemala. L'incident s'est produit peu de temps après l'assassinat du défenseur des droits humains monsieur Santos Fidel Ajau Suret alors qu'il revenait d'une manifestation pacifique contre un projet minier dans le village de La Puya.

Sur la résistance de la communauté [anglais] contre l'activité minière, Rights Action écrit :

Depuis mars 2012, des membres de la communauté guatémaltèque des municipalités de San José del Golfo et San Pedro Ayampuc réclament l'annulation de l'autorisation d'exploiter de l'entreprise américaine Kappes Cassidy and Associates (KCA’s) dans la région de la montagne Tambor (à l'origine possédée et exploitée par la compagnie minière canadienne Radius Gold Inc). Sur les 16 derniers mois, les personnes qui ont participé aux barrages routiers de la communauté ont subi une répression systématique et parfois violente, organisée par la compagnie minière, des membres de la communauté qui y sont favorables et les autorités.

International Peace Brigades a publié [PDF] un rapport sur la résistance pacifique à La Puya, communauté qui a réussi à résister à la militarisation et au contrôle policier de son village en en créant sa propre force de police [anglais].

Les organisations indigènes ont présenté une pétition [anglais] à la Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme (CIDH) dans laquelle ils soutiennent que le gouvernement guatémaltèque appuie et protège ouvertement le secteur minier en approuvant des lois qui favorisent injustement l'industrie.

Rights Action a exprimé sa préoccupation [anglais] face au fait que la violence et la répression pour défendre les intérêts des compagnies minières deviennent le modèle politique dans la région :

Ces dernières années, rien qu'au Honduras, au Guatemala et au Salvador, il y a eu de multiples assassinats, de nombreuses attaques à main armée, des viols collectifs et d'autres actes de répression contre les citoyens locaux, tous en lien avec les compagnies minières canadiennes ou américaines: Hudbay Minerals, Goldcorp Inc, Pacific Rim, Tahoe Resources, Radius Gold, KCA Associates,

Il est certain que cette répression et cette violence vont se poursuivre, jusqu'à ce que les citoyens américains fassent suffisamment pression sur nos gouvernements, médias, entreprises et investisseurs pour commencer à les rendre moralement et légalement responsables de ces atteintes et violations.