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Quels sont les risques de contamination au virus Ebola à Madagascar et les structures sanitaires sont-elles réellement prêtes à l'affronter ?

samedi 20 septembre 2014 à 14:15
Chauve souris à Madagascar - via wikipédia Public Domain

Chauve souris à Madagascar – via wikipédia Public Domain

La lutte contre l’épidémie Ebola s’impose de plus en plus comme une urgence internationale. Le nombre de victimes s’accroît rapidement dans les trois pays les plus touchés, en Afrique de l’Ouest : la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone. Les Nations Unies signalent que l'épidémie la plus grave de l'histoire de cette fièvre hémorragique a déjà tué plus de 2 400 personnes sur 4 784 cas (au 15/09). Le Conseil de sécurité de l’ONU a voté une résolution – la 2177 – pour faire face à une crise sanitaire. Le 18 septembre, 131 pays ont adopté un texte reconnaissant “l’ampleur extraordinaire de l’épidémie d’Ebola en Afrique” et la création d’une mission spéciale, l'UNMEER (United Nations Mission for Ebola Emergency Response). Le président des Etats-Unis Barack Obama a annoncé l’ envoi de 3,000 soldats américains car il estime que la crise s'aggrave de manière exponentielle.

Les autres pays d'Afrique s’inquiètent de la possibilité que l’épidémie se propage aussi chez eux alors que leurs structures sanitaires ne sont pas prêtes à affronter cette épidémie. Une étude affirme que 15 pays d’Afrique sont potentiellement à risque car posant les mêmes caractéristiques sanitaires que les pays contaminés. C'est le cas de Madagascar qui a récemment vu un bateau provenant du Libéria et sus­pecté d’être porteur du virus Ebola débar­quer dans le port de Toamasina. Une réunion d’urgence a eu lieu à Antananarivo le 5 aout afin d'étudier de près les précautions à prendre.

Un pays comme le nôtre n’est pas à l’abri des risques, même si la zone d’expansion du virus est assez éloignée de nous

a déclaré à Philémon Tafangy, secrétaire général du ministère malgache de la Santé publique. Le Premier Ministre Kolo Roger affirme pourtant que le système sanitaire est préparé à faire face à une telle éventualité avec un plan de contingence en place :

Ce plan contient les scénarios et les dispositions nécessaires pour faire face notamment aux épidémies de fièvres hémorragiques virales telles que la maladie à virus Ebola. 

Chambre d' hôpital à Mandritsara, Madagascar - CC BY 2.0

Chambre d’ hôpital à Mandritsara, Madagascar – CC BY 2.0

 Il semble pourtant que les infrastructures sanitaires malgaches ne pourront faire faire face à une propagation brutale de la maladie. Le PM choisit d'ignorer les alertes scientifiques et s'en remet aux contrôles aéroportuaire, notant que l'espace sanitaire malgache est protégé par l'absence de vols directs en provenance des zones atteintes par le virus. Les scientifiques rappellent que le virus peut se propage de manière différente. En effet, une publication récente explique comment la maladie pourrait se propager du règne animal  à celui de l'homme: les chauves-souris frugivores peuvent transporter la maladie sans montrer aucun signe de celui-ci, et sont capables de migrer et de les transférer à d'autres animaux, par exemple les singes et les rongeurs. Les singes sont parfois être consommés comme viande de brousse. Alors que la consommation n'est pas nécessairement provoquer Ebola, la préparation de la viande crue infectée augmente le risque d'infection.

Léa Ratsiazo à Antananarivo met en doute la capacité réelle du pays à contrecarrer l'arrivée potentielle d'Ebola à Madagascar en se basant sur un évennement récent dans un hôpital de la capitale :

On ne demande qu’à le croire car quasiment au même moment où il fait cette déclaration à la presse, une équipe de chirurgiens étrangers oeuvrant dans l’humanitaire le contredit involontairement. Il s’agit d’une équipe composée de 11 chirurgiens qui réalisent des œuvres humanitaires à travers plusieurs pays du monde dont Madagascar. Ils réalisent gratuitement des interventions chirurgicales en faveur des patients qui en ont besoin dans les pays qu’ils visitent en partenariat avec les hôpitaux locaux. L’hôpital HJRA d’Antananarivo, qui est le plus grand centre hospitalier de Madagascar est choisi pour ce partenariat sauf que les responsables de HJRA ont oublié de communiqué au public l’évènement. Résultat : aucun patient n’est venu. Ils ont quand même pu avoir 2 patients de HJRA au lieu des 25 prévus quotidiennement. Agacés, ces chirurgiens ont précisé qu’ils ne sont pas venus pour passer ici des vacances mais pour aider les autres, le moindre des choses serait de communiquer et de sensibiliser le public, d’ailleurs ils ne comprennent pas du tout que les patients à opérer prennent en charge tous les médicaments et autres outils nécessaires pour l’intervention. Ils notent aussi d’ailleurs que le HJRA manque cruellement de matériels de base pour des interventions chirurgicales.

 Un plan de contigence existe donc mais il reste à voir si Madagascar a su mettre les moyens en place pour pouvoir l'appliquer.  

Chine : ‘Plus vous nous exploitez, plus nous sommes contents’

samedi 20 septembre 2014 à 10:36

Kevin Slaten du blog China Labour Watch écrit sur  China File à propos de l'exploitation par le travail en Chine, de l'indifférence envers la sécurité et la vie des travailleurs, au nom de la croissance économique, qui se reflète bien dans un message resté célèbre du gouvernement local du Kunshan aux investisseurs étrangers : “Les habitants du Kunshan vous remercient de votre investissement. Plus vous nous exploitez, plus nous sommes contents.”

Qui vous a autorisé à bloquer Google? Un citoyen chinois assigne Telco en justice et demande des réponses

samedi 20 septembre 2014 à 10:26
Wang Long's profile picture on Weibo.

La photo du profil de Wang Long sur Weibo.

[Sauf indication contraire, les liens dirigent vers des pages en anglais]

Les services de Gmail et Google, dont Recherche, Google scholar (recherche académique), Google maps, Traduction et Agenda, sont la plupart du temps inaccessibles en Chine continentale depuis le mois de juin 2014 – tout a été bloqué à la veille du 25ème anniversaire des manifestations de la Place Tienanmen.

Les internautes s'entendent pour dire que c'est le gouvernement chinois qui est responsable de ce blocage. Mais quelles autorités gouvernementales en ont précisément la charge? Et en fonction de quelle réglementation spécifique bloquent-ils Google et d'autres plateformes occidentales, comme Facebook?

Il n'existe pas de procédure officielle à la disposition du citoyen ordinaire pour poser ce genre de question aux autorités chinoises. Mais en tant que consommateurs ils peuvent interroger leurs fournisseurs d'accès internet sur les dysfonctionnements de leurs services. Un juriste de Shenzhen a décidé de faire usage de ce droit.

Wang Long poursuit en justice China Unicom, le second opérateur chinois de télécommunications, pour défaut de fourniture d'accès aux services en ligne de Google. Sur les réseaux sociaux, Wang explique qu'il sait très bien qu'il a peu de chances de gagner, mais il veut convaincre les citoyens qu'ils ont le droit de remettre en question ces décisions.

A plusieurs occasions, le gouvernement chinois a nié avoir exercé une censure sur l'internet et prétend que le contrôle sur l'accès à internet a pour seul but de bloquer les contenus illégaux comme la pornographie, de décourager la criminalité financière et de protéger la sécurité nationale. La décision de bloquer les fournisseurs d'accès et les moteurs de recherche peut faire partie de ces catégories, mais il est difficile de justifier l'application de cette décision aux e-mails privés. Jusqu'à maintenant, l'administration chinoise n'a pas expliqué pourquoi les outils de Google comme la traduction, Gmail ou Scholar sont bloqués depuis le mois de juin. Ce manque criant de responsabilité et de transparence de la politique d'internet et sa mise en application laisse les internautes chinois dans le flou depuis des années. La plainte en justice déposée par Wang vise à faire la lumière sur ce problème.

L'audience du procès de Wang a eu lieu le 4 septembre à la Cour Fédérale de Shenzen. Voici la traduction d'un extrait des minutes de l'audience [chinois]:

Le plaignant: les sites internets sont inaccessibles

Le juge: La défense confirme-t-elle que les sites internet sont inaccessibles?

La défense: oui, ils sont inaccessibles

Le juge: pourquoi?

La défense: je ne suis pas sûr de pouvoir le dire… Il faut que je me renseigne avant de répondre.. Je peux vous l'expliquer officieusement. Chez moi j'utilise China Telecom et je n'ai pas accès non plus à ces sites… (L'assistance rit à cette réponse)

Le juge: le fait que ces sites ne soient pas accessibles ne prouve pas la responsabilité de China Unicom

Le fait que l'avocat de China Unicom hésite à répondre à la question du juge “pourquoi les sites internet sont-ils inaccessibles” montre que même la simple mention  de la possible responsabilité du gouvernement dans le blocage des sites web est très sensible, c'est un sujet dont on ne peut pratiquement pas parler – l'avocat ne peut pas faire valoir une réglementation précise pour expliquer le problème d'inaccessibilité.

Sur les réseaux sociaux chinois, les blogueurs insistent sur l'hésitation de la défense et sur sa réponse officieuse, et une fois de plus soulignent la question. Quel service administratif est précisément responsable du blocage des sites occidentaux?

A derivative work on the blocking of google in China. Uploaded by 蛋蛋-坏坏-蛋蛋  on Weibo.

Image détournée sur le blocage de Google en Chine. Téléchargement par 蛋蛋-坏坏-蛋蛋 sur Weibo.

A la mi-août une campagne a été lancée pour demander un rapport sur la transparence au Ministère de l'Industrie et à l'Agence Information et Technologie (MIIT) l'agence gouvernementale créée en 2008 pour la réglementation et le développement de l'information et de la communication dans le secteur de la technologie, sur les avis officiels de blocage de Google, Google+, YouTube et Gmail. Ils ont répondu que “de tels documents n'existaient pas”.

Si cette réponse décharge le MIIT de sa responsabilité dans le récent blocage des sites occidentaux, l'ordre peut provenir, comme le pense [chinois] Lu Songsong un blogueur chinois, directement du Bureau Central d'Information sur Internet sous la direction du Conseil des Affaires de l'Etat. Ce Bureau a été créé en 2011 pour coordonner et contrôler la gestion des contenus en ligne et s'occuper de la gestion administrative de toutes les entreprises de presse en ligne. De fait, le Conseil a récemment annoncé une série de réglementations sur les services de messageries mobiles. Mais l'ordre pourrait aussi venir du Groupe de Travail Central sur la Sécurité et l'Informatisation d'Internet, groupe dirigé par le Président Chinois Xi Jinping et créé en 2014 pour traiter les problèmes de sécurité de l'information dans le pays.

Si les citoyens pouvaient identifier l'administration qui formule et approuve les demandes de blocage, la plupart des aspects légaux et techniques de la censure sur internet en Chine pourraient être clarifiés. Mais d'autres voix s'élèvent dans le débat pour suggérer que les autorités ont d'autres vues. Dans un article récent, le Global Times, porte-parole du parti, cite un expert de Pékin en cyber-sécurité qui reproche à Google sa pratique de censure des autorités :

China Unicom n'a rien à voir dans cette histoire. C'est Google qui est responsable, puisque l'entreprise n'est pas installée en Chine. Je demande aux entreprises comme Google ou Twitter ou Facebook de proposer leurs services en Chine et d'accepter d'être contrôlées.

Comme pour d'autres pays dont le régime restreint les contenus en ligne, la norme en Chine pourrait être d'exiger des fournisseurs d'accès occidentaux, comme des plateformes de réseaux sociaux, de censurer les contenus de leurs usagers s'ils veulent rester accessibles dans le pays.

En expliquant les modifications de sa politique de censure en juin dernier, Linkedln a révélé que les autorités chinoises lui ont demandé en juin 2014 de censurer les contenus de son site chinois lancé en février 2014. Pour préserver l'accès de son site en Chine, Linkedln a dû se plier aux exigences des autorités chinoises en censurant les posts sensibles et en empêchant leur diffusion. De plus les contenus sensibles postés en Chine ne seront pas visibles dans le reste du monde, afin d’ “éviter que les utilisateurs chinois ne subissent des représailles de la part des fonctionnaires gouvernementaux,” précise le porte-parole de Linkedln.

Bien que Linkedln soit maintenant accessible en Chine, les abonnés en Chine continentale restent limités dans leur utilisation du site. Comme le font remarquer certains groupes de défense des droits humains, la politique “de blocage global” de Linkedln a limité la possibilité pour les Chinois d'interagir avec le reste du monde — et restreint le droit des utilisateurs à l'extérieur de la Chine.

La décision du tribunal sur la plainte déposée par Wang Long n'est pas encore connue. Alors que la majorité des internautes chinois semble ne pas attendre de cette action en justice qu'elle clarifie leurs doutes ni qu'elle explique les fondements juridiques du blocage, elle se réjouit [chinois] de l'insistance de Wang Long à mettre en cause la responsabilité du gouvernement qui porte atteinte aux droits du libre accès à internet.

Annonce en fanfare : #sarkozyleretour

samedi 20 septembre 2014 à 00:49

Le mot-dièse #sarkozyleretour caracolait en tête des tendances Twitter en France ce vendredi 19 septembre 2014.

Court-circuitant les journalistes, l'ex-président Nicolas Sarkozy a choisi Facebook pour annoncer son retour au premier plan de la politique française :

L'émotion a fait bafouiller le présentateur de service de la chaîne d'information en continu itele :

Les réactions sceptiques n'ont pas manqué :

Le thème du retour de l'ex-président en sauveur avait déjà fait l'objet de cette image, en décembre dernier :

Le blogueur Seb Musset regarde vers l'avenir et annonce, ironique et désabusé, l'éternel retour :

En Turquie, l”École de Nature’ nous rappelle ce que nous avons oublié

vendredi 19 septembre 2014 à 21:30
by Güneş Sönmez

Vue depuis la terrasse de l'Ecole de la Nature. Photo Güneş Sönmez, utilisée avec permission. 

Située dans les hauteurs de Eski Orhanlı, un village montagnard abandonné proche de la petite ville de Seferihisar, Doğa Okulu, l'École de Nature, n'est pas un établissement scolaire ordinaire. Il n'y a ni personnel enseignant fixe, ni programme. A Doğa Okulu chacun est élève de la nature, renouant avec le savoir originel inhérent à la vie naturelle par l'imitation de la nature elle-même : expérimenter, éprouver et évoluer ensemble sans emploi du temps rigide.

A une heure de la côte égéenne dans la province d'Izmir, Eski Orhanlı domine une vallée fertile. Climat et sol permettent aux oliviers et à la vigne de pousser tous seuls, de même que les chênes emblématiques de la région. Le village a été habité pendant des millénaires avant d'être abandonné dans les années 1980, quand les paysans d'Eski Orhanlı ont décidé de reconstituer un nouveau village dans la vallée, d'où ils pourraient plus facilement accéder à leurs champs.

Une école en remplace une autre

L'école primaire en ruine d'Eski Orhanlı a été donnée à Doğa Okulu dans un but de recherche. Elle a été restaurée avec le soutien de Doğa Derneği (une importante ONG environnementale turque), des villageois du lieu et de l'administration municipale de Seferihisar. La création même de Doğa Okulu s'est avérée la première leçon offerte par l'école à l'humanité : les bénévoles ont mêlé les métiers anciens aux solutions durables du présent pour reconstruire le bâtiment usé par les ans. Doğa Okulu a ouvert ses portes en février 2014.

This wall art was done by the architect of Doğa Okulu expressing the nature surrounding from Doğa Okulu

Cette peinture murale a été créée par un architecte de Doğa Okulu et exprime la nature entourant l'école. Photo Doğa Okulu et utilisée avec permission.

La structure en béton de l'ancienne école a été remplacée par la terre et les pierres du village. L'électricité de l'école provient de panneaux solaires et de noyaux d'olive écrasés, ou prina. Le site internet de l'école parle pour l'édifice de “bâtiment vivant”  qui “respire” à travers son enduit à l'argile. L'endroit où les enfants d'Eski Orhanlı apprenaient autrefois à lire et écrire abrite désormais des ateliers, des cours de maîtres à apprentis et abondance de conversations. Les nouveaux habitants d'Orhanlı apprenent aux urbains des savoir-faire comme la production manuelle d'huile d'olive qui servira ensuite à fabriquer du savon naturel.

Raziye, une folkloriste turque, bénévole à Doğa Okulu, écrit dans un billet de son blog :

Orhanlı’da köy sakinleri hala kendi sabununu yapmaya devam ediyor. Biz de köy sakinlerinden Pembe Teyze’yle konuşup sabun yapmaya karar verdik. Hem sabun yaptık hem de sabun hakkında değerli bilgiler öğrendik. Mesela öyle her aklına estiğinde sabun yapılmazmış. Sabun, yaz ağzı denilen ilkbaharda ve güzün katımaya (sertleşmeye) uygun zamanlarda yapılırmış. “Sabahın bereketi üzerimize olsun” diyerek erken vakitlerde avluda ateşi yaktık.

Les pensionnaires d'Orhanlı continuent à produire leur savon. Parlant à l'une des habitantes, Tante Pembe, nous avons décidé de faire pareil. Nous avons appris à présent comment le fabriquer, nous apprenons aussi des informations essentielles sur le savon. Apparemment, on ne peut pas faire le savon quand on en a envie. Le moment approprié pour produire le savon est à l'orée de l'été, au printemps et quand l'automne devient plus rude. Sur les mots “que l'abondance du matin soit sur nous”, nous avons allumé un feu tôt le matin.

Les cours maître-apprentis se déroulent typiquement sur deux ou trois jours avec un large éventail de sujets. Par exemple, le cours Premiers pas dans la nature, des 20 et 21 juin, était un cours d'initiation pour les enthousiastes novices de la nature. Les participants ont été amenés à comprendre les aspects essentiels de la vie dans la nature et à reconnaître comme non-naturelles et non-durables beaucoup de leurs habitudes d'urbains.

Une des participantes du cours, Merve Ozayitgu, tweete :

Bonjour de Doğa Okulu, Orhanlı ! Mes plants d'aubergine, de poivron et de tomate à partir de graines locales attendent d'être repiqués.

MAGMA, un nouveau magazine géographique turc, est un autre soutien important de Doğa Okulu. Les cofondateurs du magazine Kemal Tayfur et Özcan Yüksek ont animé en juillet un stage d'écriture et d'éditing sur le thème de l'environnement. 

Sur les médias sociaux les élèves de l'école restent nostalgiques de leur passage à Doğa Okulu longtemps après leur départ.

Ce soir, tu es dans nos rêves, Ecole de Nature.

D'autres cours récents comprennent une session sur la fabrication d'enduit à l'argile et d'adobe du 5 au 7 septembre, ainsi qu'un cours d'observation des oiseaux au courant de l'automne.

An ordinary lesson/chat  by @doganinaskina

Un cours/causerie ordinaire à Doğa Okulu
by @doganinaskina

Un pôle de militantisme

Doğa Okulu ne se borne pas à réenseigner les savoir-faire des ancêtres de l'Anatolie ; l'école conduit aussi des projets de recherche centrés sur l'environnement avec l'appui de volontaires et scientifiques de Doğa Derneği. Le projet de Patrimoine naturel de Seferihisar est l'un d'entre eux, qui vise à cartographier la flore et la faune de Seferihisar. L'administration locale de Seferihisar a lancé le projet en mars 2013, et depuis, les participants ont collecté des informations essentielles sur la nature environnant Seferihisar. Par exemple, une colonie de puffins Calonectris diomedea a été découverte dans le golfe de Sığacık. 

En outre, l'école fournit une plate-forme à des causes écologiques comme Alakır Kardeşliği (Fraternité d'Alakır), qui s'oppose à la construction d'un barrage hydro-électrique géant dans la vallée d'Alakır.

Ozcan Yuksek de MAGMA tweete contre la construction du barrage, en précisant qu'il s'agit d'une zone juridiquement protégée :

  Alakır est une zone naturelle protégée de 1ère catégorie ! Ce projet est contre-nature et doit être annulé immédiatement !

Changer les mentalités

Certains visiteurs passent plusieurs mois à Doğa Okulu. Sevcan Gizem Gürüz raconte sur son blog le début de son semestre là-bas.

İlk vardığımda yolun üzerindeki dere yatağında çalışan çocuk ve gençler gördüm. Gülümsüyorlardı. Şehirdekilerin aksine. Bir kısmı fidan dikiyor, bir kısmı çöp topluyordu. Üzerlerinde şalvar ve uzun sarı çizmeler. Oysa benim üzerimde yeni aldığım kot pantolon, ayağımdaysa kırmızı “Converse”ler…

O an fidan dikmek zor geldiği için çöp toplamaya karar verdim. Derenin öte tarafındaki çöplere yöneldim. Bir cesaret, ilk adım… Eyvah! Daha ilk adımda çoraplarıma kadar ıslandım. Neyse dedim ve o anı Instagram’da ölümsüzleştirmek adına telefonuma sarıldım. Olamaz! Hayatında ilk defa inek gören köpeğim Roma avaz avaz havlıyordu, susması için ona doğru hamle yaparken ayağım taşa takıldı ve kendimi derenin soğuk sularında otururken buldum. Hayır! O da ne? Yanımda yüzen telefonum mu yoksa?  Hay aksi… Belli ki buraya alışmam biraz zaman alacak!

Yine derin bir nefes aldım ve  bir solukta geri verdim. İlk iş bir şalvar ve bir çift çizme almam gerekiyordu. Kendime “Onlar gibi olmalıyım” dedim. Şimdi düşünüyordum da… Ne kadar yanılmışım. Onlar ve ben… Her kör nokta bu ayrımla başlıyor zaten. Doğada ayrım yok. Her şey bir. Biz de biriz…

Quand je suis arrivée, j'ai vu en allant au village des enfants et des adolescents travailler le long du lit de la rivière. Contrairement aux gens de la ville, ils étaient souriants. Les uns plantaient des arbres, d'autres ramassaient les déchets [tombés dans la rivière]. Ils étaient en shalwar [larges pantalons] et hautes bottes jaunes, alors que je portais mon jean tout neuf et des chaussures “Converse” rouges en-dessous…
J'ai choisi de ramasser les déchets parce qu'à l'époque je trouvais difficile de planter des arbres. J'ai avancé dans la rivière vers les déchets. Un brin de courage, un premier pas…Oups ! Mes chaussettes étaient trempées. “C'est égal”, ai-je pensé, saisissant mon téléphone pour immortaliser le moment sur Instagram. Impossible ! Ma chienne Roma, qui pour la première fois de sa vie venait de voir une vache, aboyait sans arrêt. Alors que je me déplaçais pour la calmer, j'ai trébuché sur une pierre et me suis retrouvée assise dans le courant froid de la rivière. Oh, non ! Qu'est-ce que c'est que ça ? Mon téléphone qui nage à côté de moi ? Mince… Apparemment, il me faudra encore du temps pour m'habituer ici !

J'ai inspiré à nouveau profondément et soufflé. La première chose qu'il me fallait c'était un shalwar et une paire de bottes. “Il faut que je sois comme eux”, me suis-je dit. Quand j'y repense… Comme je me trompais. Eux et moi… Toute impasse commence par la discrimination. Il n'y a pas de discrimination dans la nature. Tout est un. Nous sommes un…

Grâce à l'action de sa municipalité, Seferihisar a été la première commune de Turquie à rejoindre le mouvement Cittaslow/Réseau international des villes du bien-vivre. Les Cittaslows sont des implantations culturellement et écologiquement protégées qui se proposent de préserver les environnements locaux et les traditions culinaires de la mondialisation invasive. Chaque semaine, la municipalité de Seferihisar soutient la production locale en facilitant les marchés de ‘slow food', où les producteurs vendent directement aux consommateurs. Afin d'accroître la diversité et la qualité de l'alimentation, des festivals régionaux permettent aux producteurs de se rencontrer pour échanger leurs récoltes. 

Age and origins are not barriers at Doğa Okulu. Here residents enjoy a dhat in the amphi by Güneş Sönmez

Age et origine ne sont pas des barrières à Doğa Okulu. Ici, des résident(e)s s'adonnent à la conversation dans l'amphi. Photo Güneş Sönmez, utilisée avec permission.