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Avec la vogue de la rhinoplastie, que va devenir le nez arménien ?

mardi 18 avril 2017 à 23:56

Orthodoxie russe ou expulsion des médias sociaux : choisir entre la peste et le choléra ?

mardi 18 avril 2017 à 15:38

Photo: Vitaly Milonov / Vkontakte

Les adversaires de Vitali Milonov, qui est peut-être le plus réactionnaire des conservateurs du parlement russe, ont fait le serment de le bannir de Vkontakte, le réseau social le plus populaire de Russie, sur lequel figure dans l'un de ses statuts une “expression illégale” — “Ορθοδοξία ή θάνατος!” (“L'orthodoxie ou la mort !” en grec).

Selon le site d'information TJournal, la campagne a débuté le week-end dernier sur le site de partage d'images Pikabu, sur lequel un utilisateur du nom de Vselenski a fait remarquer le statut controversé de Milonov sur Vkontakte. Il y a près de sept ans, un tribunal russe avait fait supprimer cette phrase et le ministère de la justice russe l'avait ensuite ajoutée sur la liste noire du gouvernement fédéral des expressions illégales à caractère extrémiste.

Bien que Milonov ait defendu l'utilisation de ce slogan comme une preuve de son engagement solennel envers l’Église orthodoxe russe (u sens de : “L'orthodoxie sinon je préfère mourir !”), le pouvoir judiciaire a décrété que la phrase pourrait être interprétée comme une menace envers ceux se trouvant en rupture avec l’Église, quelque chose de semblable à “Adoptez la foi orthodoxe ou mourrez !”.

Fervent conservateur religieux, Milonov s'était déjà fait remarquer par l'usage de cette expression lors de sa campagne politique suite à laquelle deux militants de l'opposition ont été condamnés à une amende pour avoir partagé des photos de Milonov vêtu d'un t-shirt arborant le même slogan. Milonov est également considéré comme l'instigateur principal de l'interdiction de la prétendue “propagande gay” à Saint-Petersbourg qui a par la suite servi de justification pour une mesure similaire instituée au niveau fédéral. Aux yeux de ses critiques, les efforts de Milonov visant à faire taire les homosexuels rendent sa provocation à exprimer ses positions religieuses extrémistes d'autant plus frustrante.

En novembre 2016, Dmitry Semenov, ancien candidat de la Douma d'État (la chambre basse du parlement russe) pour le groupe de l'opposition Russie Ouverte a été condamné à payer une amende de 1.000 roubles (environ 17 euros) pour avoir partagé la photo en question deux ans auparavant. La police locale en est même venue à convoquer Semenov pour l'interroger. Des agents fédéraux ont soit-disant découvert son infraction lors d'un balayage aléatoire des médias sociaux, néanmoins certains militants suspectent que la police cherchait à tout prix une excuse pour harceler un membre de Russie Ouverte.

Dans un renversement kafkaïen, un tribunal russe a condamné cinq mois plus tard un autre militant pour avoir partagé le slogan illégal de Milonov, bien que cette fois uniquement sur la base d'une photo de Milonov portant le t-shirt qui avait fait tant controverse en décembre 2013.

Dmitri Pankov, un militant basé en Tchouvachie, avait été blanchi, mais en mars 2017 il a publié un article sur son acquittement. L'article contenait le slogan “L'orthodoxie ou la mort !”, provoquant ainsi de nouvelles accusations à son encontre. Cette fois-ci un tribunal tchouvache l'a reconnu coupable de promouvoir du contenu extrémiste, une décision de justice s'opposant pourtant au verdict précédent.

En réponse au message de Vselenski posté sur Pikabu le weekend dernier, l'utilisateur “Skallpill” a soutenu qu'il avait déjà déposé une plainte au ministre de la justice concernant le status Vkontakte de Milonov apparemment visible depuis un certain temps.

Skallpill a également mis en ligne des photos d'une lettre du procureur de la République reçue en décembre dernier et énonçant que seul l'usage de la version russe de la phrase “L'orthodoxie ou la mort !” est illégale en Russie. Autrement dit, il semble que Milonov ait judicieusement exploité une faille du système juridique russe en utilisant le grec dans le but de contourner l'interdiction du dit slogan.

Selon la lettre, les procureurs d'État ont également fait preuve d'une volonté inhabituelle de prendre en compte les raisons pour lesquelles Milonov a utilisé ce slogan. “Il explique”, stipule la lettre, “que la signification de la phrase en russe est selon lui complètement différente de celle qui fut jugée extrémiste au tribunal. […] Selon Vitali Milonov, l'expression signifie que ‘en-dehors du respect des normes et commandements de l’Église chrétienne orthodoxe, selon lui on ne peut pas vivre’, et il n'avait aucunement l'intention d'inciter à la haine ou à une quelconque hostilité.”

Furieux de ce qu'il décrivent comme un traitement de faveur de la part des autorités russes de maintien de l'ordre, les utilisateurs de la plateforme Pikabu se sont juré de saisir Vkontakte du problème, en espérant réussir à faire suspendre le compte de Milonov pour “diffusion d'idées extrémistes”. Selon TJournal, le personnel de Vkontacte continuent à enquêter sur la question.

#SauvezDinaAli : Qu'est devenue la jeune femme saoudienne renvoyée de force dans le royaume ?

lundi 17 avril 2017 à 21:32

Capture d'écran de la vidéo publiée par Dina Ali depuis l'aéroport de Manille. Source: Twitter

Une jeune femme saoudienne de 24 ans qui se serait enfuie de chez elle pour demander asile en Australie a été retenue pendant son transit à l'aéroport inernational Ninoy Aquino de Manille aux Philippines jusqu'à ce que sa famille arrive pour la ramener de force.

La jeune femme identifiée comme Dina Ali Lasloom a voyagé du Koweït aux Philippines où elle a été interceptée par la police de l'aéroport qui a confisqué ses papiers d'identité.

Pendant son attente, elle a enregistré une vidéo où elle expliquait pourquoi elle cherchait asile :

Je viens de recevoir cette vidéo, ses oncles viennent d'arriver aux Philippines, ils vont la tuer, aidez-la

Dans son enregistrement, elle dit, en anglais :

My name is Dina Ali, and I am a Saudi woman who fled Saudi Arabia to Australia to seek asylum. I stopped in the Philippines for transit, they took my passports and locked me up for 13 hours, just because I am a Saudi woman, in collaboration with the Saudi embassy. If my family comes, they will kill me. If I go back to Saudi Arabia, I will be dead. Please help me, I am recording this video to help me and know that I am real and here. The Philippines government and Saudi Arabia are violating human rights and international law, I'm kept here as a criminal, I can't do anything and I can't go out. They took my passport and all my papers because they are waiting for my family to come and take me, who really wants to kill me.

Je m'apelle Dina Ali, et je suis une femme saoudienne qui a fui d'Arabie Saoudite vers l'Australie pour demander l'asile. J'ai fait un arrêt aux Philippines en transit, ils m'ont pris mes passeports et m'ont enfermée pendant 13 heures, juste parce que je suis Saoudienne, en collaboration avec l'ambassade saoudienne. Si ma famille vient, ils me tueront. Si je retourne en Arabie Saoudite, je serai morte. Aidez-moi, j'enregistre cette vidéo pour m'aider et [faire] savoir que je suis réelle et ici. Le gouvernement des Philippines et l'Arabie Saoudite violent les droits humains et le droit international. Je suis retenue ici comme une criminelle, je ne peux rien faire et je ne peux pas sortir. Ils m'ont pris mon passeport et tous mes papiers parce qu'ils attendent que ma famille vienne et m'emmène, elle veut vraiment me tuer.

On ignore pourquoi Dina Ali avait peur d'être tuée si elle était forcée à retourner en Arabie Saoudite, et les autorités saoudiennes n'ont jusqu'à présent communiqué aucune information quant à sa situation.

Mais dans une déclaration, Sarah Leah Whitson, directrice de Human Rights Watch Moyen-Orient, a alerté que le pire était possible :

Les femmes saoudiennes fuyant leur famille ou le pays encourent les violences soi-disant “d'honneur” ou tout autre grave dommage si elles sont récupérées contre leur volonté. Les autorités saoudiennes doivent immédiatement protéger cette femme de sa famille pour garantir qu'elle ne soit pas sujette à des violences ni punie pour sa fuite.

Niant toute irrégularité, l'ambassade saoudienne à Manille a publié un communiqué le 12 avril 2017, parlant d’ “affaire de famille”, et ajoutant que ce qui a circulé sur les médias sociaux est inexact. L'ambassade a confirmé le retour de Dina dans le royaume :

L'ambassade du Gardien des Deux Saintes Mosquées auprès de la République des Philippines confirme l'inexactitude de ce qui a été diffusé sur certaines plates-formes de médias sociaux, et souligne que ce qui s'est passé était une affaire de famille et que la ressortissante est rentrée avec sa famille.

#SaveDinaAli devient viral

Les droits des femmes sont restreints dans beaucoup de domaines en Arabie Saoudite. Les femmes sont juridiquement dépendantes d'un tuteur masculin, qui doit donner son accord aux décisions de base sur l'éducation, le mariage, les voyages et même les soins médicaux. Comme l'explique Human Rights Watch dans son rappport “Coincées : Les femmes et le système saoudien de tutelle masculine” :

En Arabie saoudite, la vie d'une femme est contrôlée par un homme de sa naissance à sa mort. Toute femme saoudienne doit avoir un tuteur, normalement un père ou un mari, mais dans certains cas un frère voire un fils, qui est habilité à prendre toute une gamme de décisions importantes à sa place.

Cette réalité semble avoir participé à la motivation du départ de Dina. A l'aéroport de Manille, Dina a approché Meagan Khan, une Canadienne, pour demander de l'aide. Megan a racconté l'échange sur Facebook. Extrait :

Je lui ai demandé pourquoi et elle a dit que dans son pays les femmes n'ont aucun droit et elle veut aller dans un pays où les femmes ont des droits, comme le Canada, les USA, ou l'Australie. Je lui ai demandé pourquoi elle a choisi l'Australie ? Elle a dit qu'elle est enseignante et pendant qu'on la croyait au travail elle a fait les formalités pour demander un visa et l'Australie était l'endroit le plus facile pour obtenir les papiers pour s'y rendre sans que sa famille la soupçonne.

Et voici une capture d'écran d'un message entre Dina et son amie sur Snapchat :

Tweet : Mon amie a fui ses parents et elle est en ce moment à Manille. Sa famille a prévenu l'ambassade et ils la retiennent. Quelqu'un sait comment l'aider ? Répondez s'il vous plaît

Image: Dina: – Continue à publier s'il m'arrive quelque chose.
– Dans la zone de transit [de l'aéroport de Manille] aux Philippines
– A 4:30 heure de chez toi mes oncles arrivent.
– Je crois que je vais être transférée.

La vidéo de Dina n'a pas tardé à devenir virale et les militants ont commencé à utiliser le hashtag #SaveDinaAli (Sauvez Dina Ali) pour montrer leur soutien.

Je suis avec toi Dina Ali Montrez votre soutien

N'oubliez pas Dina.

En l'honneur de Dina Ali

Comment me sentir en sécurité comme femme, sous une loi qui appelle tuer un enfant une “punition excessive”, et un enlèvement, une affaire de famille ?

‘Comme si la violation des droits des femmes ne suffisait pas, il faut qu'ils arrêtent les sypathisantes’

D'après Reuters, Dina a été mise dans un vol pour Riyad le 11 avril au soir. Des journalistes et des militants l'attendaient à son arrivée à l'aéroport de Riyad.

Vivian Nereim, une reporter de Bloomberg News basée à Riyad, est allée à l'aéroport et raconte ce qu'elle a vue en utilisant le hashtag en arabe “Dina accueillie à l'aéroport” :

Un petit groupe de journalistes et de nationaux attendent à l'aéroport de Riyad pour voir ce qui va se passer. Passez dire bonjour si vous êtes là

Deux Philippines dans le vol décrivent une femme qu'on porte. L'une dit qu'elle criait. “Mais elle va bien alhamdullilah.”

Une autre passagère a entendu une femme crier “au secours, au secours.” Pas trace d'elle mais ça m'étonnerait qu'elle sorte par cette porte.

Une autre passagère a dit avoir entendu une femme hurler mais son visage était couvert elle ne connaît donc pas sa situation.

Je crois qu'on n'en saura pas plus ici. Le Comité saoudien des droits humains suit l'affaire.

Une autre militante des droits des femmes, Alaa Anazi, a été arrêtée à son arrivée à l'aéroport, d'après @Ana3rabeya et un certain nombre d'autres activistes sur Twitter.

URGENT : hashtag #OùEstAlaaAnazi pour la femme disparue après être allée à l'aéroport pourt #SauverDinaAli. On signale qu'elle est retenue

Nada, la soeur d'Alaa, a parlé à Reuters. D'après l'agence de presse, Nada leur a dit  que “des agents de l'aéroport lui ont répondu que Alanazi a été envoyée dans un bureau de police en ville, mais dit qu'elle était incapable de confirmer où se trouvait sa sœur”.

Human Rights Watch a dénoncé la mise en garde à vue d'Alaa :

Comme si la violation des droits des femmes ne suffisait pas, il faut qu'ils arrêtent aussi celles qui sympathisent avec elles ??

Alors qu'on ne connaît toujours pas la situation de Dina, le hashtag #SaveDinaAli continue à être utilisé par les activistes pour maintenir la pression sur les autorités saoudiennes :

Merci de ne pas oublier de #SauverDina #Où_est_Dina_Ali #StopEsclavageDesFemmesSaoudiennes

Les élections équatoriennes entachées de coupures de sites webs et de blocages de comptes Twitter

lundi 17 avril 2017 à 12:59

“Le vote est secret”. Des électeurs votent aux dernières élections présidentielles de 2013, au Collèg Benalcázar. Photo de Fernanda LeMarie pour la Chancellerie de l’Équateur, via Flickr (CC BY-SA 2.0).

Pendant les journées qui ont encadré le premier tour, le 2 avril, des élections en Équateur, les activistes en ligne et les groupes de droit numérique ont été témoins d'une vague de blocages de comptes sur les réseaux sociaux et d'attaques techniques pour lesquelles on soupçonne des raisons politiques.

Ceci ne surprend pas ceux qui ont exprimé en ligne leur position sur les candidats. Des représentants d'ONG défendant les droits, dont Fundamedios et Usuarios Digitales, ont signalé que leurs sites web ont connu des cyberattaques ces trois derniers mois, en général suite à la publication de documents sur les élections, comme des guides sur comment et où voter, ou encore comment suivre les différents sondages au fil de l'eau. Ensemble, avec des sites web en faveur de l'opposition, ils ont connu une nette diminution du trafic le soir des élections, sur les opérateurs de service internet locaux.

La pression a commencé à se faire sentir le 30 mars en soirée lorsque le compte Twitter de l'ONG “Utilisateurs Numériques de Quito” (Usuarios Digitales de Quito), spécialisée en accès à internet et autres questions axées sur les politiques d'internet, ont reçu un tweet publié en juillet 2016 :

AlertaDicgitalEC informe que le compte Twitter de “Usuarios Digitales” a été bloqué suite à un contenu en lien avec un candidat à la présidentielle

Comme on peut le lire ci-dessous, le tweet offensif, publié neuf mois avant qu'il ne soit déclaré abusif, ne violait aucune règle de Twitter ni les lois équatoriennes.

AlertaDigitalEC : Compte @SathBoss suspendu pour tweet avec une information fiscale sur @LeninMorenoPAIS

Dans un article décrivant l'incident, “Utilisateurs Numériques” a écrit :

Esta situación altera el normal desenvolvimiento de nuestro trabajo y nos mantiene al margen de nuestra competencia de monitorear amenazas al libre ejercicio de los derechos en internet.

Nuestro trabajo lo hacemos con el fin de que autoridades e involucrados garanticen el libre ejercicio de los derechos en internet y que los sectores involucrados en la gobernanza en internet tengan un panorama completo de la situación para generar mejores políticas públicas desde un punto de protección de derechos humanos.

Cette situation affecte le bon déroulement de notre travail et nous maintient à la marge de notre compétence de gestion des menaces contre le libre exercice des droits sur internet.

Notre travail a comme objectif que les autorités et affiliés nous garantissent le libre exercice des droits sur internet et que les secteurs concernés par la gouvernance internet aient un panorama complet de la situation pour créer de meilleures politiques publiques depuis un point de vue de protection des droits de l'homme.

Le 31 mars, les serveurs web d'”Utilisateurs Numériques” ont subi ce qu'ils pensent être une attaque DDoS (attaque de déni de service). Cela s'est produit peu de temps après la publication d'un tweet qui informait que le site web du parti du principal candidat de l'opposition, Guillermo Lasso, semblait être indisponible.

Le 2 avril, des enquêteurs d'”Utilisateurs Numériques” ont réalisé des tests techniques qui montrent que les fournisseurs internet locaux, incluant Movistar, CNT et Netlife, ont connu une interruption de trafic sur tout le réseau entre 18:05 et 19:20. Suite à l'interruption, les enquêteurs ont vu une baisse soudaine du trafic des sites web connus pour leurs opinions contre le candidat de Alianza PAIS, Lenin Moreno. Pendant ce temps, le site web du Centre National des Élections a connu une activité normale. Sur les services des réseaux privés virtuels (VPN), Claro et TvCable, ces mêmes sites n'ont pas été attaqués.

Le site web d'”Utilisateurs Numériques” a connu de nombreuses brèves coupures du serveur jusqu'à aujourd'hui, incluant même une coupure qui a eu lieu le 3 avril lors de la rédaction [originelle, le 8 avril] de cet article:

Service temporairement indisponible.

Les cyberattaques avant les élections sont devenues une routine pour les activistes politiques des réseaux sociaux. Cela fait presque un an que des utilisateurs de Twitter qui critiquaient Lenin Moreno, ex vice-président de Équateur et candidat considéré comme le gagnant des élections générales (malgré les accusations de fraude) ont subi des suspensions de leurs comptes. Bien que beaucoup aient été dénoncées pour raisons de droits d'auteur, les utilisateurs suspectent que la raison a été politique.

Pour beaucoup, Lenin Moreno à la présidence sera une continuité pour le parti au pouvoir de l'actuel président Rafael Correa. Correa est un leader populiste de gauche loué par beaucoup pour ses réformes et la mise en place de politiques économiques en faveur des pauvres, mais il a perdu de sa popularité ces derniers mois du fait d'accusations de corruption.

Correa a également été critiqué pour avoir fragilisé les protections de la liberté d'expression en Équateur. Il se permet de parler mal des citoyens (y compris des fonctionnaires) qui lui déplaisent. De nombreux journalistes, activistes et auteurs satiriques ont subi un harcèlement après avoir critiqué Correa et ses politiques.

Les contradictions de Marine le Pen sur la Rafle du Vél d'Hiv réveillent un passé douloureux

lundi 17 avril 2017 à 11:53

Un gendarme français gardant les juifs au camp d'internement de Drancy par Bundesarchiv CC-BY-SA 3.0

La campagne électorale est en plein cours pour l'élection présidentielle française dont le premier tour aura lieu le 23 avril et le second le 7 mai 2017. Plusieurs sondages prévoient que 4 candidats se disputeront les deux premières places qui donnent droit au deuxième tour:   Emmanuel Macron, fondateur du mouvement En Marche, Marine Le Pen, leader du Front National, Jean-Luc Mélenchon leader de la France insoumise et François Fillon, du parti Les Républicains.

La majorité des sondages donnaient Marine Le Pen en tête dans les intentions de vote pour le premier tour pendant plusieurs mois. Mais E. Macron, est maintenant au coude à coude avec Le Pen à la tête du premier tour. Dans la video ci-dessous, un projet citoyen fait une presentation comparative des programmes des différents candidats:

Dans cette âpre lutte électorale, Le Pen lance plusieurs attaques personnelles contre son jeune concurrent. Dans la foulée, elle fait des déclarations sur la rafle du Vélodrome d'Hiver, un grave épisode de la deuxième guerre mondiale pendant l'occupation de la France par le régime nazi allemand.
Plus généralement connue comme la “rafle du Vél’d’Hiv”, cette tragédie a eu lieu les  et  lorsque plus de 13 000 personnes, dont près d'un tiers étaient des enfants, ont été arrêtée dans Paris et sa banlieue pour être déportées vers les camps de concentration allemands. Voici comment le site du Memorial de la Shoah  rappelle cet horrible évènement:
Les 16 et 17 juillet 1942, les forces de l'ordre françaises arrêtaient plusieurs milliers de juifs pour les déporter vers les camps d'extermination allemands. l'occupant nazi décide de rafler, en zone nord comme en zone sud, les hommes jusqu'à 60 ans, les femmes jusqu'à 55 ans et les enfants de 2 à 16 ans. Ces opérations, programmées par les nazis, sont menées avec la complicité du gouvernement de Vichy et constituent la plus grande rafle de Juifs organisée sur le territoire français durant la guerre.
Cet épisode connu sous le nom de rafle du Vél'd'Hiv est commémoré à plusieurs occasions, et dans de nombreuses communes de France.
Cependant, pour la candidate du Front National:
La France n’est pas responsable du Vél’ d’Hiv’. S’il y a des responsables, c’est ceux qui étaient au pouvoir à l’époque, ce n’est pas la France. La France a été malmenée dans les esprits depuis des années. On a appris à nos enfants qu’ils avaient toutes les raisons de la critiquer, de n’en voir les aspects historiques que les plus sombres. Je veux qu’ils soient à nouveau fiers d’être Français.
 André Sénik Professeur agrégé de philosophie revenant sur comment cette tragédie a été vécue pendant 50 ans par les politiques français, écrit sur causeur.fr:

Il n’a pas fallu moins de 50 ans pour que la demande soit explicitement formulée. C’est seulement en 1992, soit cinquante ans après la rafle du Vel’ d’Hiv’, qu’une pétition lancée par  le comité Vel d’Hiv’ 42 et soutenue par 200 personnalités parut dans Le Monde, pour demander au président de la République de reconnaître au nom de la France, que « l’État français de Vichy a été responsable de persécutions et de crimes commis contre les Juifs de France ».

Cette demande émanait de citoyens français juifs et non juifs. Elle ne demandait que la reconnaissance d’une vérité historique dûment établie par les historiens, en particulier depuis les travaux de Robert Paxton en 1972.

Mitterand refusa de répondre à cet appel, en s’appuyant sur le mythe entretenu conjointement par les communistes et les gaullistes selon lequel la France ayant été résistante, et la République ayant été supprimée par le régime de Vichy, ni la France ni la République n’avaient le devoir d’assumer et de condamner les crimes commis par l’État français de Vichy, son chef, son gouvernement et son administration, au nom de la France légale.

L'essayiste Kamal Aref, à propos de cette reconnaissance expose son point de vue sur la continuité de l'état français sur son blog Courrier du Caire :
Les pages sombres de l’histoire, comme on dit, cessent de l’être quand on a le courage de reconnaître ses fautes, ses peurs, ses faiblesses. La France ce sont ceux qui ont résisté. La France ce sont [ceux qui ont collaboré. La France ce sont ceux qui sont morts dans les camps. La France ce sont ceux qui, 53 ans plus tard, ont reconnu leur faute irréparable.
Et de se demander:

La consternation est-elle de mise? Quand les représentants d’un parti à l’histoire si nauséabonde se posent subitement comme ceux qui auraient été les remparts contre le nazisme et l’antisémitisme, ne faut-il pas tout simplement se rouler par terre de rire?

On l’aura bien compris: Marine Le Pen essaye de nous faire croire qu’elle est juste Marine Le Pen, et non LE Pen, c’est-à-dire Jean-Marie, ce boulet qui lui casse sa baraque à chaque fois qu’on évoque son nom ou d’autres détails.

Mais on ne rit pas, et on aurait 13000 fois tort de rire quand, de façon cavalière, Marine Le Pen évoque «Le Vel d’Hiv”, sans avoir la décence de prononcer le mot “rafle”, en mémoire des 13000 Juifs, hommes, femmes et enfants qui ont été envoyés à la mort.

 Les propos de Marine Le Pen ont provoqué de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Serge Farnel a écrit un commentaire sur sa page Facebook qui a reçu plusieurs commentaires:
Le Vel d’Hiv serait donc à la France ce que le Canada dry est à l’alcool ?

Il en aurait le goût et la couleur, mais ce ne serait pas la France? Allons Marine, et si nous en apprécions ensemble le goût et la couleur? Voici à cette fin les détails de l'organisation de la rafle de ma mère Charlotte (sortie du Vel d’Hiv par une infirmière) et de sa mère Chana (déportée à Auschwitz après être passée par des camps français). Cette organisation est détaillée dans la circulaire ordonnant la rafle. 

15 gardiens des compagnies de Circulation, 5 gardiens de l'Ecole Pratique et 25 gardes à pied sont mobilisés dans le 4ème arrondissement de Paris où résident ma mère et sa mère. Les renforts destinés à la garde des centres primaires de rassemblement et à l'accompagnement des autobus prennent leur service au Central d'Arrondissement le 16 juillet à 5 heures du matin. Ils assurent leur service les 16 et 17 Juillet. (« Equipe N° 1 de 5 heures à 12 heures » et « Equipe n° 2 de 12 heures à fin de service »). La Compagnie du Métropolitain, réseau de surface, se charge de faire venir directement trois autobus les 16 et 17 Juillet à 5 heures au Centre du 4e arrondissement. Une fois les juifs dans le Vel d'Hiv, la garde du Vélodrome d'Hiver est assurée, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur par la Gendarmerie de la Région Parisienne et sous sa responsabilité.

Organisation française bien huilée, efficacité de la mise à disposition des différents services administratifs français, rafle conséquente quand les gardes français auraient aussi bien pu faire semblant de ne pas trouver les juifs qu’ils avaient pour ordre de rafler, garde du Vel d'Hiv par la gendarmerie française, et toujours pas de casque allemand à l’horizon au cours de l'opération…

Si ce n’est pas la France, ça en a quand même sacrément le goût et la couleur…

Nombreuses ont été les réactions sur Twitter. En voici une sélection:

Profitant de l'atmosphère créée par les déclarations de la candidate du Front National, un individu qui a été filmé par les caméras de vidéosurveillance a vandalisé plusieurs tombes juives dans le cimetière de Cimiez à Nice, une ville où ce parti a toujours eu le vent en poupe.