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Jugement historique pour la liberté de la presse en Angola : Le journaliste Rafael Marques acquitté

vendredi 10 août 2018 à 12:31

Rafael Marques de Morais | Cérémonie du Prix Allard 2015 | Wikimedia Commons CC-BY-SA 3.0

Un tribunal de Luanda a acquitté le journaliste Rafael Marques et le rédacteur en chef Mariano Brás des charges d’insulte à l’État angolais, ce qui est considéré comme une étape importante pour la liberté de la presse dans le pays.

Marques a été inculpé en juin 2017 après avoir publié en octobre 2016 un article alléguant que le procureur général de l'époque, João Maria de Souza, avait utilisé la corruption pour acquérir une propriété en bord de mer où il avait construit un complexe résidentiel. L'article avait été publié sur le site d'information indépendant Maka Angola, dont Marques est le fondateur et l'éditeur.

Mariano Brás, rédacteur en chef du journal O Crime, qui a publié l'article dans la presse écrite, faisait face aux mêmes accusations. Marques était en outre accusé d'avoir “offensé un organe de souveraineté” en la personne de l'ex-président José Eduardo dos Santos.

Lors de la dernière audience du 6 juillet, la juge Josina Falcão, qui présidait le procès à la cour provinciale de Luanda, a déclaré que les deux journalistes se sont contentés de “remplir leur devoir d'informer” et a rejeté toutes les accusations contre eux.

Si ce n’était pas la première fois [fr] que Marques était traduit en justice pour son travail journalistique, c’était son premier acquittement par le tribunal provincial de Luanda : dans les affaires précédentes, il avait seulement été condamné avec sursis.

L'affaire a été suivie par divers journaux et militants sur les médias sociaux. Il s’agit de l’une des premières affaires judiciaires très médiatisées sous le gouvernement de João Lourenço, qui a succédé en septembre 2017 au président José Eduardo dos Santos, resté longtemps au pouvoir.

La militante angolaise Luaty Beirão, qui était présente au procès, a tweeté au fur et à mesure du déroulement de son déroulement :

“C'est l'interprétation de ce tribunal que la vérité existe dans le texte publié par le défendeur et qu’il n’a fait que remplir son obligation d’informer le public. Nous ne percevons aucune intention de diffamer le demandeur “.

1er Tweet: “Il a été prouvé lors de ce procès que le processus d’acquisition des terrains, à l’origine de l’article de l’accusé qui a déclenché l’affaire qui arrive aujourd’hui, est entaché d’irrégularités”. Conclusion ? Qui a commis le crime? Qui aurait dû être sur le banc des accusés ? Le messager ?

2ème Tweet: La lecture du verdict

1er Tweet: Après 3 heures de lecture de ce qui semblait être une thèse de doctorat, nous arrivons à ce qui nous intéresse : RafaelMdeMorais, innocenté de toutes les charges.

2ème Tweet: “Le tribunal comprend que nous nous trompons si, en tant que société qui veut évoluer, nous décidons de punir les messagers des mauvaises nouvelles. En prenant des positions publiques, il faut s'habituer à être scruté et critiqué. Si vous ne supportez pas la chaleur, vous ne pouvez pas travailler dans la cuisine”

Après l'audience, Marques, qui a reçu le World Press Freedom Hero en 2018 décerné par l'Institut international de la presse, a déclaré que la décision du tribunal était “historique”. Il a assuré au public qu'il “continuerait à dénoncer tous ceux qui nuisent au pays”.

Un nouveau départ pour l'Angola ?

Certaines organisations de la société civile espèrent que la décision du tribunal reconnaissant l'innocence de Rafael Marques marque le début d'une nouvelle ère dans la liberté de la presse en Angola.

Dans un entretien avec DW África , Alexandre Solembe, président de l'Institut de communication sociale d'Afrique australe en Angola, a déclaré qu'il n'avait aucun doute sur le fait que le résultat aurait été différent si José Eduardo dos Santos, l'ancien président angolais était encore au pouvoir.

Sous le règne de l'ancien président, il y a eu de nombreux cas [fr] de harcèlement de journalistes et de militants qui critiquaient le gouvernement.

De même, la Fédération africaine des journalistes, une organisation regroupant des professionnels de la communication sociale de tout le continent, a accueilli favorablement la nouvelle :

La FAJ salue la libération de Rafael Marques et Mariano Bras le 6 juillet et demande aux autorités angolaises de revoir la loi sur les médias, de dépénaliser la diffamation et de créer un environnement propice au travail des journalistes.

Pour Human Rights Watch [fr], c’ est une victoire pour la liberté de la presse, comme l'a souligné la chercheuse de l'organisation pour l'Afrique, Zenaida Machado :

The unexpected ruling is a victory for freedom of the press in a country where the media has been on a tight leash, with authorities often repressing coverage of cases of corruption involving government officials, through intimidation and abusive use of defamation laws. Following today’s historic court ruling, the Angolan government should now go further and seek to amend the 2017 media law so that journalists are able to do their jobs in a free environment.

Cette décision inattendue est une victoire pour la liberté de la presse dans un pays où les médias ont été tenus en laisse, les autorités réprimant souvent ceux qui dénonçaient les cas de corruption impliquant des responsables gouvernementaux, par des actes d’intimidation et l’utilisation abusive des lois sur la diffamation. Après cette décision judiciaire historique, le gouvernement angolais doit maintenant aller plus loin et faire modifier la loi de 2017 sur les médias afin que les journalistes puissent faire leur travail dans un environnement libre.

Le réseau africain de journalistes, RSF África, a également salué le cas, déclarant que c'était un signe positif pour le journalisme d'investigation :

Angola : RSF est soulagé d'apprendre que Rafael Marques et Mariano Bras ont été acquittés le 6 juillet, mais demande aux autorités de “remettre à plat la législation draconienne sur la presse” qui menace la liberté d'informer

Le mouvement pour la légalisation de l'avortement en Argentine encouragé par une solidarité mondiale

jeudi 9 août 2018 à 13:15

Des Argentines tiennent un rassemblement public devant le Congrès argentin. Les militantes se sont habillées comme les servantes de la série télé The Handmaid's tale (La servante écalrlate), une dystopie centrée sur les droits des femmes. Capture d'écran de la vidéo YouTube partagée par LaVacaTV.

[Article d'origine publié le 8 août] Mercredi 8 août, les sénateurs argentins [ont débattu et voté] sur le projet de loi controversé de légalisation de l'avortement [le texte a été rejeté par 38 voix contre 31 et 2 abstentions, NdT]. La proposition de loi a été présentée par la Campagne nationale pour le droit à un avortement sécurisé et gratuit, et a été admise à l'examen le 13 juin après un débat intense, tandis que des militantes tenaient une veillée dans la rue devant le Congrès.

L'information de l'avancée historique à la Chambre des députés avait fait les grands titres mondiaux et retenu l'attention des organisations, des médias et des internautes qui scrutent l'Argentine en attente du vote déterminant du Sénat.

La Campagne nationale pour le droit à un avortement sécurisé et gratuit a appelé à un “Rassemblement international des mouchoirs verts“, auquel les organisations féministes à travers le monde ont répondu favorablement. Vu sur de multiples images de manifestations et rassemblements, le mouchoir vert symbolise le mouvement pour le droit au choix en Argentine.

De nouvelles veillées nationales sont programmées devant le Congrès et dans les principales villes du pays pendant le débat, à côté de manifestations à travers le monde.

Le combat féministe et cette grande marée sont internationaux ! De Londres, nous crions ensemble : Avortement légal, sécurisé et gratuit en Argentine. Venez nous rejoindre, la solidarité est notre arme !

Mercredi nous nous rassemblerons à Barcelone, pour que l'avortement légal, sécurisé et gratuit soit la loi en Argentine

Question de société hautement sensible, la légalisation de l'avortement touche au politique, à l'idéologie, à l'individu et à la religion. Sur les médias sociaux et dans la rue, manifestations et débats pour et contre le texte vont en s'intensifiant.

La Campagne nationale a convoqué des rassemblements “Mardi vert” hebdomadaires devant le Congrès. Plusieurs manifestations contre le projet de loi ont eu lieu, dont une marche de masse convoquée par les groupes religieux et les organisations anti-avortement le 4 août, qui a occupé une grande portion de l'Avenida 9 de Julio dans la capitale Buenos Aires.

‘Béni soit le fruit'…de la solidarité

Quand le syndicat argentin des journalistes a mis en scène une manifestation-performance en recréant des images de La Servante écarlate, le roman dystopique de l'écrivaine et militante canadienne Margaret Atwood, l'action a été remarquée à l'international. Les manifestantes en capes rouges et  bonnets blancs ont défilé pour venirr s'aligner devant le Congrès. Le roman, adapté ensuite en série télévisée à succès, décrit Gilead, un nouvel ordre mondial dans lequel les femmes perdent leurs droits reproductifs sous l'emprise d'un régime chrétien fondamentaliste imaginé.

Pendant la performance, une manifestante a lu des propos de Margaret Atwood expliquant l'arrière-plan du roman et les idées à l'origine de son écriture. L'expression “béni soit le fruit” est la salutation rituelle des habitants de Gilead, réduisant les femmes au rôle de reproductrices [et détournement d'une phrase de la prière catholique adressée à la mère de Jésus, NdT] .

Le soutien au mouvement s'est développé sur les réseaux sociaux pour inclure des luttes similaires dans d'autres pays. En ce moment, le Chili reconsidère la décriminalisation partielle de l'avortement. Une campagne régionale appelée #VivasNosQueremos (Nous nous voulons vivantes) a aussi émergé, attirant l'attention au problème du féminicide en Amérique latine et dans la Caraïbe, où se trouvent 14 des 25 pays au taux le plus élevé de meurtres de femmes dans le monde.

Captures d'écran de diverses campagnes en ligne à travers le monde qui soutiennent le mouvement argentin pour la légalisation de l'avortement, images rassemblées par l'auteur de cet article.

A quelques heures de ce débat historique, un vote très serré [était] attendu. Actualisé en permanence, le comptage des intentions de vote des sénateurs révèle une inclination contraire à la légalisation. Le comptage fait apparaître que très peu de sénateurs rest[ai]ent indécis, même si on ne [pouvait] exclure des abstentions et des surprises de dernière minute.

De part et d'autre, on conservait la foi dans la force du combat dans la rue :

[Le tweet reprend le texte sur l'image]

Le 8 (août) pour l'AVORTEMENT !

Manifestation pour l'avortement légal en ARGENTINE et à PORTO RICO

Mercredi 8 août 2018, 12:00pm
Royal Bank Building, Hato Rey
Cruce Calle Bolivia / Ave. Ponce de León

Celle qui décide est celle qui y est !

[Sur l'image : Nous sommes avec vous]

Ce 8/8 depuis l’Équateur nous serons de toute notre énergie avec l'Argentine devant la décision du Sénat argentin, c'est une grande avancée des droits pour notre Amérique

Éducation sexuelle pour décider, contraception pour ne pas avorter, avortement légal pour ne pas mourir

[Sur l'image : Aujourd'hui, l'Argentine. Demain, toute l'Amérique latine]

Nous nous joignons à la convocation de la Coordination 8 M de la Veillée des mouchoirs verts pour attendre le vote de la loi légalisant l'avortement par le Sénat argentin
Ce 8 août, l'avortement sera loi en Argentine et demain ce sera dans toute l'Amérique Latine ! Trois motifs [légaux d'avortement, selon la législation actuelle, NdT] ne suffisent pas

Réclamant la sécurité routière au Bangladesh, les étudiants occupent les rues de Dacca

jeudi 9 août 2018 à 11:44

Manifestation étudiante contre la mort de deux lycéens dans un accident de la circulation sur la route de l'aéroport de Dacca. Photo : Wikimedia Commons by Asive Chowdhury CC: BY-SA 4.0

[Article d'origine publié le 3 août 2018. Depuis, les autorités ont décidé de réprimer le mouvement] Vêtus de leurs uniformes scolaires et portant leurs cartables, des dizaines de milliers d'élèves ont répandu leur colère en criant des slogans dans les rues de Dacca, la capitale du Bangladesh, depuis dimanche 29 juillet, lorsque deux étudiants ont péri dans un accident de la circulation.

Diya Khanam Mim (17 ans) et Abdul Karim Rajib (18 ans), élèves du lycée et collège universitaire Shaheed Ramiz Uddin, ont été tués et plusieurs autres étudiants ont été blessés lorsqu'un bus roulant à une vitesse folle a renversé une douzaine d'élèves qui attendaient à un arrêt sur la route de l'aéroport de Dacca.

Des centaines de leurs camarades ont commencé à descendre dans la rue, et les manifestations ont pris de l'ampleur lorsque des milliers d'autres les ont rejoints chaque jour par solidarité, bloquant la circulation avec leurs revendications.

Ils réclament plus de sécurité routière, des sanctions plus sévères pour les conducteurs impliqués dans des accidents, et que les autorités s'assurent que seuls les conducteurs autorisés prennent le volant. Des revendications aussi endossées par les parents et les non-étudiants.

La fureur des étudiants a été allumée par un propos de Shajahan Khan, le ministre de la Marine et président exécutif de la Fédération des travailleurs du transport routier du Bangladesh, qui a demandé aux lycéens pourquoi ils étaient restés sans réaction à l'information que 33 personnes avaient péri dans un accident de bus en Inde le samedi précédent.

Après une large condamnation et des appels à sa démission, Shahjahan Khan s'est excusé pour ses propos, mais a annoncé qu’il resterait à son poste.

La célèbre circulation de Dacca

La capitale du Bangladesh, Dacca, est une des villes les plus densément peuplées du monde avec 14 millions d'habitants et une circulation en état d'embolie. Dans l'enquête 2016 sur la “vivabilité” mondiale de l'Intelligence Unit de l’Economist, qui classe les villes selon leur qualité de vie, Dacca est au 137ème rang sur 140 villes étudiées. Selon une étude, plus de 7.000 personnes ont été tuées dans des accidents de la route au Bangladesh en 2017 et plus de 16.000 ont été blessées.

Une étude de l’Institut de recherche sur les accidents de l'Université de technologie du Bangladesh révèle que 37 % des causes d'accidents sont l'imprudence des conducteurs, et 53 % l'excès de vitesse. Selon une recherche du Comité pour l'avancement rural du Bangladesh (BRAC), la plus grande organisation non-gouvernementale du monde, 59 % des conducteurs au Bangladesh ne respectent pas le code de la route et beaucoup ignorent la signalisation routière et les feux de sécurité.

La capitale compte environ un million de véhicules de différents types enregistrés, et selon des entretiens réalisés par le Daily Star, la ville ne déploie pas suffisamment de policiers de la circulation pour gérer les rues complètement engorgées. Des policiers débordés, sous-payés, enclins à la corruption et exposés à des situations à risques, révèle le Daily Star.

De plus, une bonne partie des chauffeurs des transports en commun n'ont même pas de permis de conduire valide :

Faits avérés au Bangladesh : pour conduire plus de 3,5 millions de véhicules enregistrés il n'y a que 1,9 million ayant des permis de conduire valides. Beaucoup des petites navettes publiques (Lagoona, Tempos, etc) sont conduites par des chauffeurs mineurs sans permis enclins aux accidents

Une récente enquête a révélé que 87 % des transports publics enfreignent les règles de la circulation à Dacca. Des bus en outre pas trop en forme (faute d'entretien) comme le montre cette vidéo :

Inversion des rôles : les étudiants font appliquer le code de la route

Les étudiants ont dit leur ras-le-bol en prenant eux-mêmes la situation en mains à la place des policiers. On a pu voir les protestataires appliquer le code de la route en vérifiant les permis et en signalant les infractions à des conducteurs ne se doutant de rien. Les militants n'ont pas épargné les ministres ou les policiers s'ils étaient en infraction. Ce type d'interventions a attiré les éloges des internautes qui se sont répandus en louanges sur les canaux de médias sociaux.

Le jeune romancier Shokrito Noman a dit ces actes ‘inimaginables’ dans un billet sur Facebook :

এ এক অভাবনীয় দৃশ্য। মনে হচ্ছে ফকনার, হুয়ান রুলফো কিংবা গার্সিয়া মার্কেজের গল্পের মঞ্চায়ন হচ্ছে বাংলাদশে। রং সাইড দিয়ে যাওয়ার সময় একজন প্রভাবশালী মন্ত্রীর গাড়ি ফিরিয়ে দিয়েছে বাচ্চারা। একজন মেয়রের গাড়ি আটকে দিয়েছে। মেয়র পুলিশকে ফোন দিচ্ছেন। পুলিশ বলছে, আমাদের কিচ্ছু করার নেই। কী অভাবনীয় ঘটনা! প্রতিটি গাড়ির কাগজপত্র চেক করছে বাচ্চারা। বাদ যাচ্ছে না পুলিশ-র্যাবের গাড়িও। অসীম ক্ষমতাধর পুলিশ-র্যাব তাদের গাড়ির বৈধ কাগজপত্র দেখাতে বাধ্য হচ্ছে। রাজধানীর যানবাহনগুলো কী সুন্দর লাইন ধরে চলছে।

Scène inimaginable ! On dirait la description d'une histoire (de réalisme magique) de Faulkner, Juan Rulfo ou García Márquez. Les étudiants ont fait faire demi-tour à une voiture d'un ministre qui roulait en sens interdit. Ils ont fait stopper une voiture du maire. Le maire téléphone à la police. La police dit ne pouvoir rien faire. Quel événement inimaginable ! Les enfants vérifient les papiers de chaque véhicule. Même les voitures de la police ou du Bataillon d'action rapide (RAB), la force d'élite, n'ont pas été épargnées. Les tout-puissants policiers et RAB forcés de montrer les papiers de leurs véhicules et les permis de conduire. Voyez maintenant les véhicules se mettre en ligne droite.

Tanbirul Alam a tweeté :

Et voilà le travail ! Ces étudiants sont l'avenir de notre pays.

Les étudiants ont constaté que la plupart des véhicules de l'administration ne disposaient pas de papiers à jour et que les conducteurs n'avaient pas de permis approprié.

Shahida Rima a déclaré que les actions des étudiants la remplissaient de fierté :

Nos filles 😍😍😍, elles savent tout faire 💖💖💖💖 elle n'est qu'une écolière et elle contrôle à la perfection le système de la circulation 💗💗💗 je t'aime ma chérie 💖💖💖 ta grande sœur est fière de toi

En plus ils dégagent les rues, rappelle Shahriar Fahim :

Regardez-les, ils manifestaient MAIS ? ils ont dégagé la route… ils ont réglé la circulation mieux que quiconque.

La sécurité de ces étudiants qui protestaient dans les rues a fait l'objet de larges inquiétudes. Le préfet de la Police métropolitaine de Dacca (DMP) Asaduzzaman Mia a donné pour directive aux policiers de traiter les étudiants pacifiquement sans faire usage de la force.

C'est pourtant ce qu'auraient fait des policiers contre des étudiants en plusieurs endroits, et de nombreux étudiants ont été blessés.

Les policiers rouent de coups les étudiants à Mirpur, Dacca. Faites passer ! C'est le moins qu'on puisse faire pour eux !

Leçons pour tous et pour une amélioration de la loi

Tandis que les autorités surveillent la contestation étudiante comme le lait sur le feu, les actions des manifestants ont déjà incité les services du premier ministre à ordonner une répression des chauffards.

Une des principales raisons de la persistance des accidents est l'impunité des chauffards. Les lois existantes sont obsolètes, et un conducteur qui cause une mort par sa conduite dangereuse n'encourt qu'une amende minime.

Le gouvernement essaie depuis longtemps de mettre à jour l’Ordonnance sur les véhicules à moteur de 1983. Mais ses efforts se sont heurtés au fort lobbying des propriétaires de transports publics et des syndicats de travailleurs des transports. La bonne nouvelle est que les manifestations étudiantes ont accéléré le processus et que le gouvernement a annoncé qu'il ferait voter prochainement la réforme.

Etiquetés «agents de l'étranger», harcelés par les autorités, les écologistes russes sont menacés et agressés

jeudi 9 août 2018 à 09:44
Andrey Rudomakha

En service dans les montagnes : Andreï Roudomakha, coordinateur de l'ONG «Veille écologique du Caucase du Nord». Photo: vk.com/rudomakha

Sauf mention, les liens de l'article renvoient vers des pages en russe.

Basé sur un article publié sur BlueLink [angl.], cet article est reproduit ici dans le cadre d'un partenariat avec Global Voices. La version originale a été écrite en bulgare [angl.].

Dans la soirée du 28 décembre 2017, sur la côte russe de la mer Noire, un groupe de défenseurs de l'environnement a été attaqué par trois inconnus masqués.

Les militants avaient lancé une étude publique sur un chantier de construction situé dans la région. Ils sont alors entrés en conflit avec les agent de la sécurité, qui ont exigé qu'ils effacent leurs photos du site – ce qu'ils ont refusé de faire.

Peu après cette altercation, ils sont tombés sur trois individus masqués. Les inconnus ont agressé deux membres du groupe, neutralisant le troisième à coups de spray au poivre. Au final, les agresseurs ont dérobé du matériel, appareils photo, ordinateurs et documents, avant de s'enfuir en laissant l'un des activistes, Andreï Roudomakha, avec le nez cassé et un traumatisme crânien.

Quelques jours plus tard, le 9 janvier 2018, Roudomakha et son collègue Dmitri Chevtchenko ont reçu un mail anonyme exigeant qu'ils quittent le pays. Expéditeur: un compte mail baptisé «Mort à Roudomakh».

Depuis fin juin 2018, il n'y a eu aucune avancée dans l'enquête de police officielle concernant cette agression. Alors que les indices ne manquent pas en ce qui concerne l'identité des agresseurs.

Sur la photo, les menaces anonymes adressées à Dmitri Chevtchenko, coordinateur adjoint de la «Veille écologique du Caucase du Nord». Traduction : «Dehors, les petits copains de Roudomakha. Vous feriez mieux de quitter le pays, Dmitri…»

Cette «Veille écologique du Caucase du Nord» (Environmental Watch of the North Caucasus, EWNC) [angl.] dont sont membres ces défenseurs de la nature est une organisation non gouvernementale qui documente les effets sur l'environnement des chantiers industriels et de construction dans la région. Bien que les autorités n'aient fait aucune déclaration concernant les motifs de cette agression, Roudomakha et ses collègues de l'EWNC sont convaincus qu'elle a été planifiée en représailles après leurs investigations sur la construction illégale d'un chai privé.

L'avocat de Roudomakha, Alexeï Avanessian, soupçonne également que cette agression avait pour but d'empêcher la publication des résultats de leurs travaux. Les autres photos leur ont été dérobées, mais les militants ont pu sauvegarder des images des sites en construction et d'une chapelle.

Acquisition privée sur terrains publics

Au cours d'une expédition écologique dans une forêt domaniale (territoire public), les militants ont découvert un chai en cours de construction, ainsi qu'un bâtiment ressemblant à une chapelle orthodoxe, entouré d'une solide clôture. Dans les environs, ils ont aussi trouvé des coupes de bois illégales et un second chantier. La forêt où sont localisés ces chantiers jouxte deux gros vignobles.

Les investigations de l'EWNC ont montré que deux de ces parcelles forestières étaient en réalité louées par diverses sociétés. Le premier site est loué par la société Perspective OOO, soi-disant dans le but d'y pratiquer la chasse. Or selon la loi en vigueur, une licence de chasse n'autorise pas à construire sur un terrain. Le propriétaire de «Perspective OOO», un certain Pavel Ezoubov, est un partenaire commercial de longue date de l'oligarque russe Oleg Deripaksa. C'est aussi le fils du député du kraï [région administrative] de Krasnodar.

Chapelle forestière érigée illégalement dans le kraï de Krasnodar, Russie. Photo: Viktor Tchirkov, «Veille écologique du Caucase du Nord» (2017).

La seconde parcelle est un terrain de 20 hectares, où a été construite la chapelle mentionnée plus haut. Le locataire, Axis Investissements SA, est justement le propriétaire des vignobles voisins. Le cadastre mentionne son fondateur et directeur exécutif, l'avocat Alexeï Tot.

D'après plusieurs articles de la “Novaïa Gazeta“, Tot est un partenaire d'affaires d'un camarade de classe de Poutine, le juriste pétersbourgeois Nikolaï Egorov. Au total, ces deux chantiers ont l'apparence d'une future cave privée que l'on peut imaginer destinée à des personnalités haut placées.

Juste après l'agression, une pétition a été mise en ligne sur le site Change.org pour exiger une enquête sérieuse sur ces violences. Fin avril 2018, la pétition avait recueilli plus de 120.000 signatures. Les organisations écologiques et de défense de l'environnement de toute l'Europe ont adressé une lettre officielle contenant les mêmes requêtes au ministère de l'Intérieur russe, au parquet et au FSB.

A une question posée sur le forum citoyen UE-Russie, le Département d'enquête du kraï de Kasnodar a répondu que «cette enquête fait l'objet d'une attention spéciale».

Un long combat pour la liste blanche

Pendant des années, ses investigations sur les violations de la législation écologique ont valu à l'EWNC des pressions constantes de la part d'hommes d'affaires et de fonctionnaires. Au moment de l'agression, l'ONG était engagée dans un combat pour sortir du registre russe des associations qualifiées d'«agents de l'étranger».

L'EWNC est basée en Russie, elle a pour collaborateurs uniquement des ressortissants russes. Depuis l'année 2014, juste après le vote de la loi russe sur les «agents de l'étranger», l'organisation a cessé de recevoir des financements de sources étrangères, et ses fonds viennent désormais exclusivement de Russie. Ce qui ne l'a pas empêchée d'être mise sur liste noire et, soupçonnée d'être toujours sponsorisée par des fonds étrangers, d'atterrir en 2016 sur le fameux registre.

L'étiquette «agent de l'étranger» suffit à elle seule à faire d'une association la cible d'un harcèlement de la part des autorités, des médias officiels et des organisations sociales pro-gouvernementales. Toutes les ONG enregistrées comme «agents de l'étranger» sont obligées de présenter leurs comptes tous les trois mois au ministère de la Justice, au lieu d'un rapport annuel. Elles vivent en permanence sous une épée de Damoclès : menace de nouvelles amendes, obligation de faire tous les ans un coûteux audit, et aussi de faire figurer sur toutes leurs publications, papier et web, la mention «agent de l'étranger». Ce qui ne peut que les stigmatiser, car la société russe est encline à considérer ces «agents de l'étranger» comme des espions.

L'association EWNC a fait appel de cette décision en justice, mais elle a perdu et s'est tournée vers l'instance supérieure. Le groupe réclamait aussi l'annulation des amendes reçues par l'ONG et son directeur pour ne pas s'être inscrits d'eux-mêmes à ce registre.

En septembre 2017, les collaborateurs de l'EWNC ont adressé au ministère de la Justice une requête officielle pour faire retirer l'ONG de la liste des «agents de l'étranger». La date limite fixée pour la réponse a expiré le 9 janvier 2018 sans que les fonctionnaires aient réagi.

Peu de temps après pourtant, après vérifications détaillées de l'activité du groupe, le ministère de la Justice a retiré l'EWNC de la liste des «agents de l'étranger».

La procédure de retrait a été effectuée dans le plus grand secret : les membres de l’association n'ont reçu ni lettre, ni avis officiel, ni aucun commentaire de la part de l'administration. Le nom du groupe a simplement disparu du registre en ligne. La confirmation officielle n'est venue que le 18 janvier 2018.

La notification soulignait que les résultats de la première inspection du ministère de la Justice, en 2016 (après laquelle l'EWNC s'est retrouvée «agent de l’étranger») étaient erronés : l'organisation ne recevait alors pas de financement de l'étranger et il n'y avait aucune raison qu'elle figure dans le registre.

Bien que le ministère de la Justice n'ait pas trouvé trace de fonds étrangers, l'administration a classé comme «activité politique» plusieurs projets de l'association. Les bureaucrates se référaient en particulier à une intervention de Chevtchenko pendant la manifestation anticorruption du 12 juin 2017.

La manifestation faisait partie des actions de protestation organisées par les partisans du leader de l'opposition Alexeï Navalny dans plusieurs villes russes. «J'ai répété trois fois au cours de mon intervention que je ne prenais pas la parole au nom de l'EWNC, et je dispose d'un enregistrement vidéo de ces paroles, mais le ministère a tout de même considéré qu'il s'agissait d'une activité politique de l'EWNC», raconte Chevtchenko. L'EWNC envisage de porter plainte dans ce dossier précis, car à l'avenir cela peut causer le retour de l'association sur la liste noire.

Selon Dmitri Chevtchenko, en fin de compte toutes les amendes ont été annulées, sauf une : celle frappant personnellement Andreï Roudomkha à hauteur de 100.000 roubles [env. 1.350 euros].

Malgré ces nombreuses réserves, le groupe considère ce jugement comme une victoire. «Ce n'est bien sûr pas la dernière campagne contre nous. Je suis sûr qu'il y aura d’autres tentatives pour nous faire taire, mais dans cette guerre particulière qui s'est déchaînée contre nous, c'est nous qui avons gagné», — a déclaré Roudomakha à un média local.

Des raisons d'être inquiets

La «guerre» contre l'EWNC durait depuis l'année 2014, et les leaders du groupe s'attendent à ce qu'elle se prolonge, malgré son récent retrait de la liste noire.

Le vice-président de l'association pense qu'il s'agit d'une «simple formalité». A son avis, le ministère de la Justice laisserait volontiers l'EWNC en liste noire s'il trouvait le moindre prétexte pour le faire. «Nous avons été retirés du registre parce qu'à l'automne, nous avons déposé une plainte en ayant de bonnes raisons pour cela», explique Dmitri. A l'époque où l'EWNC était sur liste noire, l'association n'avait perçu aucun financement étranger pendant toute la durée de l'enquête.

Ce ne sont que quelques-uns des problèmes auxquels «la Veille» se heurte depuis ces dernières années.

L'association a pour la première fois attiré l'attention des autorités quand elle a découvert une série de graves violations pendant les travaux de construction pour les Jeux olympiques de Sotchi, en 2014. Les pouvoirs locaux avaient alors essayé [bulg.] de faire fermer l'EWNC, ce qui avait provoqué un tollé de la part du milieu écologiste, aussi bien russe qu'international. Les «Verts» européens, les organisations de défense de l'environnement et des droits de l'homme de divers pays avaient multiplié les déclarations officielles pour exiger que les autorités russes cessent leurs pressions sur les écologistes indépendants. BlueLink Foundation [réseau d'ONG bulgares] s'était jointe à cette campagne.

Evgueni Vitichko, membre du conseil de l'EWNC, a passé deux ans en prison [angl.], empêtré dans les accusations que lui ont valu son activisme lors des Jeux olympiques de Sotchi et des «propos obscènes» tenus dans un lieu public (à un arrêt d'autobus).

Le même genre d'accusation a obligé Suren Gazarian, l'un des membres les plus éminents de l'EWNC, à quitter la Russie et à demander l’asile politique en Estonie.

En avril 2017, lors d'une inspection surprise au bureau de l'organisation, d'importants documents se sont volatilisés. En septembre 2016, des inconnus masqués ont violemment attaqué des pompiers volontaires de l'EWNC et de Greenpeace-Russia à Krasnodar, blessant sérieusement deux d'entre eux.

A l'heure actuelle, la police n'a pas mené d'investigations approfondies sur les faits relatés plus hauts. Aucun des agresseurs n'a été retrouvé, interpellé ou jugé.

Après des années de silence et de déni, le régime Assad délivre les certificats de décès des prisonniers «disparus»

mercredi 8 août 2018 à 18:04
L'image satellite montre la célèbre prison militaire de Saydnaya. Source: Google Earth.

L'image satellite montre la célèbre prison militaire de Saydnaya. Source: Google Earth.

Après plusieurs années d'attente d'informations, des centaines de familles syriennes ont pu avoir la confirmation de la mort de leurs proches disparus grâce à des certificats de décès délivrés par les autorités.

Depuis juillet 2018, le régime syrien met à jour les registres d'état civil des gouvernorats de Damas, des banlieues de Damas, de Homs, Hama, Lattakia et Hassaka où des centaines voire des milliers de citoyens disparus de force ont déjà été identifiés comme morts.

Selon le Réseau syrien pour les droits de l'homme (SNHR), au moins 82 000 Syriens sont considérés comme disparus de force entre 2011 et 2018, parmi lesquels au moins 13 066 seraient morts sous la torture.

La seule ville de Daraya, une agglomération agricole près de Damas assiégée par le régime pendant quatre ans, entre 2012 et 2016, a vu environ 1 000 de ses citoyens sur cette liste actualisée de personnes décédées.

Imaginez une ville où que ce soit dans le monde, où le pouvoir a détenu des milliers de jeunes citoyens et, des années plus tard, en identifie 1000 comme “morts sous la torture”. Cela s'est produit à Daraya, une banlieue de Damas. Voilà la nouvelle Syrie – on ne cache plus les crimes de guerre cachés, maintenant on s'en vante simplement.

“La plupart des détenus arbitraires n'ont pas été traduits en justice, seuls quelques-uns ont été envoyés dans trois types de tribunaux : le tribunal du terrorisme, le tribunal militaire et le tribunal local”, a déclaré Noor Alkhateb, directeur du département des détenus du SNHR à Global Voices.

Le rapport du SNHR condamne le régime syrien et le tient pour responsable de la mort de milliers de personnes sous sa garde. Le rapport a également souligné que 90% des détenus avaient été torturés “en utilisant les méthodes les plus horribles de brutalité”.

Les frères Shurbaji

Yehya Shurbaji (connu sous le nom de “L'homme aux roses” ou “Abu Al-Ward” en arabe) et son frère Mohammad (connu sous le nom de Maan) étaient deux des premiers militants syriens durant les manifestations anti-Assad à Daraya en 2011.

Les deux frères ont participé à la coordination de manifestations pacifiques en 2011 dans les premiers mois de la révolution syrienne. En septembre de la même année, Mohammad a été arrêté par un agent de renseignement syrien, qui l'a forcé à appeler Yehya et à le faire sortir de Daraya, affirmant qu'il était blessé et qu'il avait besoin de soins médicaux urgents. Six heures plus tard, Yehya se rendait à Sahnaya avec Ghiath Matar, un autre militant syrien de premier plan.

Lire: Daraya, Symbol of Non-Violent Revolution and Self-Determination, Falls to the Syrian Regime (Daraya, symbole de la révolution non violente et de l'autodétermination, tombe aux mains du régime syrien)

Cependant, ce qu'ils ont trouvé c'est une embuscade des services de renseignement syriens. Ghiath a été blessé et est décédé un jour plus tard. Yehya a été jeté en prison.

GV s'est entretenu avec Ahmad Shurbaji, le frère de Yehya et Mohammad, qui a parlé du rôle de Yehya dans la résistance non-violente au régime d'Assad:

Yehya was well known in Daraya. He believed that freedom and democracy must come through a peaceful struggle. He kept calling the demonstrators to avoid violence.

Yehya était bien connu à Daraya. Il croyait que la liberté et la démocratie devaient passer par une lutte pacifique. Il continuait à inviter les manifestants à éviter la violence.

Les frères Shurbaji étaient détenus à la prison de Saydnaya, la prison connue pour avoir pendu en masse jusqu'à 13 000 personnes entre 2011 et 2015 seulement. Amnesty International l'a décrite comme “l'abattoir humain“.

Au cours des sept dernières années, les proches des frères Shurbaji n’ont pas pu leur rendre visite, ni même recevoir une déclaration officielle concernant le sort des deux frères, a déclaré Ahmad à GV. Il y a un an, ils ont reçu des informations non confirmées selon lesquelles Yehya aurait été exécuté à Saydnaya il y a des années et que Mohammad est décédé des suites d'une maladie ou de manque de soins médicaux en prison.

Ahmad a pu le confirmer en juillet 2018 en demandant à l'un de ses proches à Damas de récupérer les actes de naissance de ses frères à l'état civil. Ils ont découvert que Yehya avait été déclaré mort le 15 janvier 2013 alors que Mohammad avait également subi le même sort le 13 décembre de la même année. Aucune cause de ces morts n'a été écrite dans les documents.

Certificat de naissance pour Yehya Charbaji avec sa date de décès présumée. Source: Ahmad Charbaji, utilisé avec une permission.

Ahmad a déclaré à GV que Yehya avait été arrêté pour la première fois en 2003 et qu'il était resté en détention pendant deux ans :

Mohammad was a football player who played in the Damascus-based ‘Union football club’ Yehya was well known through his history of struggle against the regime. He was arrested in 2003 for two years and stripped later of his civil rights.

Mohammad était un footballeur qui a joué dans le “club de football Union” basé à Damas. Yehya était connu pour son histoire de lutte contre le régime. Il a été arrêté en 2003 pour deux ans et ensuite privé de ses droits civiques.

Ahmad a raconté le rôle de Yehya, avec Ghiath Matar, dans la distribution de fleurs et de bouteilles d'eau aux soldats du régime syrien, un moment emblématique des premiers mois de la révolution syrienne.

Yehya proposed in the beginning of the Syrian Uprising an idea of giving the Syrian security in the demonstrations roses and a bottle of water, as a symbol of peace. Therefore, people started calling him “The Man With The Roses”, he added. But even for a guy like Yehya, demanding freedom was an unforgivable sin.

Yehya a proposé au début du soulèvement syrien l'idée de donner agents des services de sécurité syrienne, dans les manifestations, des roses et une bouteille d'eau, symbole de paix. Par conséquent, les gens ont commencé à l'appeler “l'homme aux roses”, a-t-il ajouté. Mais même pour un type comme Yehya, réclamer la liberté était un péché impardonnable.

C'est notre révolution
Daraya la ville des 1000 martyrs sous la torture

Islam Dabbas

Le nom d'Islam Dabbas, un jeune militant syrien décrit comme timide et drôle, figurait également parmi les noms confirmés dans la liste actualisée des morts. Dabbas a participé à des manifestations et les a coordonnées avec l'éminent avocate et militante Razan Zaitouneh. Cette dernière et trois autres militants, appelés les “4 de Douma”, auraient été enlevés par le groupe rebelle Jaysh Al-Islam à Douma, dans la Ghouta orientale.

Lire: The fall of Syria's Eastern Ghouta (La chute de la Ghouta orientale syrienne)

Le 22 juillet 2011, Islam manifestait près de la mosquée Al-Imam dans la ville de Daraya avec des centaines d'autres Syriens exigeant la liberté et des réformes politiques dans le pays lorsqu'ils ont été attaqués par les forces de sécurité de l'État. L'attaque a été menée malgré les tactiques de non-violence utilisées par Islam et ses collègues militants qui tenaient des roses et des bouteilles d'eau.

Islam a été encerclé par les forces de sécurité qui ont pris sa rose ainsi que sa bouteille et l’ont battu avant de l’arrêter. Il a été emmené d'une branche de sécurité à une autre et s'est retrouvé à la prison de Saydnaya. La sœur d'Islam, Hiba Dabbas, qui est en exil en Egypte, a déclaré à GV :

We visited him twice and paid a bribe of 75,000 Syrian Pound (approximately 170 USD) to a military officer in order to see him for three minutes. The second time we visited him after many attempts was in November 2012. He didn't seem to be tortured and his was in good health. He seemed as we used to know him.

Nous lui avons rendu visite à deux reprises et avons versé un pot-de-vin de 75 000 livres syriennes (environ 170 dollars) à un militaire pour le voir pendant trois minutes. La deuxième fois que nous lui avons rendu visite après plusieurs tentatives, c'était en novembre 2012. Il ne semblait pas avoir été torturé et il était en bonne santé. Il semblait comme nous l'avions toujours connu.

La dernière fois que ses proches l’ont vu, Islam a déclaré que son procès était prévu en janvier 2013 :

He told us that he has a trial in the next January, but when the jailer heard that he hit him on his back. Islam told him I didn’t say anything wrong, but the jailer answered ‘We'll see, we'll see”.

Il nous a dit qu'il avait un procès en janvier prochain, mais quand le geôlier a entendu ça il l'avait frappé dans le dos. Islam lui a dit qu'il n'avait rien dit de mal, mais le geôlier a répondu “Nous verrons, nous verrons”.

Et de fut la dernière fois que Hiba et sa mère le virent.

Les nouvelles d'Islam ont été interrompues plus tard et pendant environ six ans, on n'a rien entendu sur son sort. Hiba craignait qu'il ne subisse le même sort que les détenus dans les années 1980, lorsque des centaines de personnes ont disparu de force lors du combat entre l'armée syrienne et le groupe extrémiste “Avant-garde de combat” à Hama.

L'un de leurs proches à Damas s'est rendu au registre d'état civil après avoir appris que les dossiers avaient été mis à jour. C'est à ce moment-là qu'ils ont découvert que Islam avait également été déclaré mort le 15 janvier 2013, bien que le parent n'ait pu obtenir son certificat de décès.

“Tant qu'Assad restera au pouvoir, il n'y aura pas de justice pour Islam et ses amis”, a déclaré Hiba.

De nombreuses familles syriennes ont versé des pots-de-vin énormes, atteignant parfois des millions de livres syriennes, à des officiers syriens dans l'espoir de découvrir le sort de leurs proches, bien qu'ils obtiennent rarement des informations précises.

Human Rights Watch (HRW) la parlé de “bureaucratie de la mort” [fr].

Avec l'expansion continue des forces pro-régime à travers la Syrie, il semble que le gouvernement Assad ne craigne aucune répercussion de la publication de ces avis de décès.

“Il est évident que le régime syrien a constaté qu'il avait commis tant de violations en Syrie et peut maintenant reconnaître, sans en rendre compte ni subir les conséquences que des milliers de personnes sont mortes dans ses prisons”, a déclaré Sara Gayyali, chercheuse syrienne chez HRW.