PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

En Afghanistan la route qui mène aux droits des femmes est semée d'embûches, mais se construit sur l'espoir

mercredi 9 mars 2016 à 11:25
Women in the Afghan National Army. U.S. Air Force photo/Staff Sgt. Laura R. McFarlane/Released. Creative commons.

Femmes de l'Armée Nationale Afghane. Photo de l'Armée de l'Air Américiane.Autorisation de Sgt. Laura R. McFarlane sous Creative Commons.

Pour les femmes afghanes, la fin de l'ère de la répression systématique et de la violence des Talibans a été un soulagement, mais elle a été remplacée par la peur et l'insécurité, qui ont suivi l'invasion du pays menée par les Etats Unis.

Aujourd'hui, la politique des sexes en Afghanistan est plus compliquée que jamais, avec des avancées dans certains domaines contrebalancées par des retours en arrière ailleurs.

En début d'année l'Equipe Cycliste Féminine Nationale d'Afghanistan a été nominée pour le Prix Nobel de la Paix, et Sumaya Ghulami a remporté la médaille d'or en taekwondo aux jeux sud-asiatiques qui se sont tenus à Guwahati et Shillong, en Inde, ce qui aurait été impensable à l'époque des Talibans.

Mais les femmes ont été les principales victimes de l'insurrection grandissante des Talibans et de l'augmentation de la violence criminelle que, ni le faible gouvernement de Kaboul ni le contingent militaire américain au sol de moins en moins nombreux, n'ont pu contenir.

Tristes récits

L'avènement des médias sociaux a dévoilé les violences les plus monstrueuses commises à l'encontre des femmes récemment.

En novembre dernier, dans un village de la province de Ghor contrôlé par les Talibans, une jeune femme de 19 ans, Rokhshana, accusée d'adultère a été lapidée à mort.

La lapidation à mort de Rokhshana fait penser à l'assassinat violent de Farkhunda,

Rohkshana a été accusée d'adultère alors qu'elle fuyait un mariage imposé, et la vidéo devenue virale de sa lapidation, filmée à l'aide d'un téléphone portable, n'a inspiré que dégoût sur les réseaux sociaux qui se développement en Afghanistan.

L'ancienne gouverneur de la province de Ghor, Seema Joyenda, la seconde femme nommée gouverneur en Afghanistan, se battait activement pour que justice soit rendue à Rokhshana.

Mais Joyenda elle-même a fini par être destituée de son poste après que les conservateurs ont mené avec succès -bien que contesté-  une campagne pour la chasser de ses fonctions.

Du jamais vu: des hommes afghans manifestent en faveur d'une femme gouverneur dans la province reculée de Ghor. Je reprends espoir!

La lapidation de Rokhshana est survenue quelques mois après un terrible incident qui a fait le tour du monde. Farkhunda, une handicapée mentale, a été battue à mort et brûlée pour avoir prétendument mis le feu à un exemplaire du Coran.

L'une des pires atrocités en ce qui concerne la violence faite aux femmes depuis 2001, s'est passée à la fin de l'année dernière.

Le journal Pajhwok Afghan rapporte que 11 hommes, dont 4 policiers, ont violé en bande une fillette de 9 ans au nord-ouest du pays, où le gouvernement et les Talibans se disputent le pouvoir.

Le printemps des afghanes

Mais il n'y a pas que de mauvaises nouvelles.

Ce mois-ci Sumaya Ghulami a été accueillie en héroïne à son retour en Afghanistan, après avoir gagné une médaille d'or en taekwondo aux Jeux Sud Asiatiques 2016. Elle a été félicitée officiellement par le Président Ghani et applaudie par la presse.

(3/3) Le Président a récompensé Sumaya Ghulami et 3 autres athlètes et les a félicités

L'épouse de Ghani, Rula Ghani, a récemment annoncé un projet de construction de la première université réservée aux femmes dans le pays, grâce à des financements du gouvernement turc. C'est une évolution considérée comme essentielle pour garantir aux femmes l'accès à l'enseignement supérieur.

D'autre part, en début de mois, plus d'une centaine de députés italiens ont proposé l'Equipe Cycliste Féminine Nationale d'Afghanistan pour le Prix Nobel de la Paix. Twitter en Afghanistan s'est emballé à l'annonce de cette nouvelle..

l'Equipe Cycliste Féminine Nationale d'Afghanistan nominée pour le Nobel de la Paix 2016

De tels évènements sont le symbole d'une visibilité croissante des femmes dans la vie publique. Au Parlement, les femmes occupent 28% des sièges — et dépassent la proportion de femmes qui siègent au Congrès Américain.

Cependant, aucune femme n'a été à la tête du Parlement, ce qui prouve que la présence des femmes sur la scène politique intérieure ne se traduit pas réellement au pouvoir.

La tentative de Ghani de faire nommer une femme juge au Conseil National de la Haute Cour, rapidement bloquée par un Parlement majoritairement conservateur, en est un exemple flagrant.

La route est longue pour gagner le respect

La position de la femme afghane dans la société est variable selon les communautés.

Les femmes Hazara ont connu un changement de vie assez rapide au cours de la période post-Talibans, probablement grâce à leur fort taux d'éducation en comparaison d'autres groupes ethniques.

Parmi les femmes afghanes les plus influentes on peut citer Sima Samar, Responsable de la Commission Afghane des Droits de l'Homme, et la première femme gouverneur en Afghanistan, Habiba Sarabi, de la province de Bamiyan, toutes deux de l'ethnie Hazara.

Laila Haidari, elle aussi Hazara, est une bénévole du secteur social qui a créé le Camp de la Mère qui soigne les drogués.

Mais les femmes dans de nombreuses régions du pays restent pénalisées par la loi afghane, où le droit de demander le divorce est réservé aux hommes et où les affaires familiales restent sous l'autorité du chef de famille dans la majorité des cas.

Il faut aussi se méfier des Talibans qui gagnent du terrain dans tout le pays, même si le mouvement se fissure,  et de la ligne dure des religieux qui ne cesse de dénoncer les droits des femmes comme étant imposés par l'Occident.

Dans cet environnement fluctuant, les femmes sont enfermées dans une contradiction: elle jouissent de plus d'espace pour participer à la vie civile qu'il y a 15 ans, mais elles risquent de prêter  le flanc aux violents retours de bâtons des conservateurs.

Au Sud-Soudan, la politique du “diviser pour régner” attise les tensions tribales

mardi 8 mars 2016 à 23:43
A South Sudanese girl at independence festivities: Is there a bright future for this Sudanese girl who celebrated independence in 2011? Public domain image -- original by Jonathan Morgenstein/USAID on Flickr.

Une fillette sud-soudanaise aux festivités de l'indépendance. Quel sera l'avenir pour cette petite fille qui a célébré l'indépendance en 2011 ? Image dans le domaine public — photo originale Jonathan Morgenstein/USAID sur Flickr.

Le 18 février 2016, 25 personnes ont été tuées dans un camp de l'ONU à Malakal, une ville du Nord-Est, dans ce qui a été présenté comme une attaque “bien préparée à motivations tribales” par les forces gouvernementales, l’Armée Populaire de Libération du Soudan.

La guerre civile au Sud-Soudan, un conflit qui met actuellement aux prises les forces du pouvoir et de l'opposition, est souvent interprétée comme un conflit entre deux tribus ennemies. Le président Salva Kiir, un Dinka, et le chef de l'opposition Riek Machar, un Nuer, personnifient l'escalade des tensions ethniques caractérisant la violence qui traverse le pays. Les Dinka sont le groupe ethnique le plus nombreux du Sud-Soudan, suivis par les Nuer. Les militaires impliqués dans l'attaque seraient des Dinkas.

L'attaque a été condamnée par la communauté internationale, qui a renouvelé les appels aux factions ennemies à adhérer à l’Accord de Paix, signé en août dernier en vue de résoudre le conflit.

Des tribus différentes, un même gouvernement

La guerre du Sud-Soudan a débuté en décembre 2013, lorsque le président Kiir a renvoyé Machar, alors son vice-président, le premier depuis l'indépendance du pays en 2011, qu'il accusait de vouloir le renverser. Mais jusqu'à quel point le conflit au Sud-Soudan peut-il être qualifié d'ethnique ?

Si Kiir et Machar appartiennent bien à des tribus différentes, ils font partie du même gouvernement. Le mois dernier, Kiir a réintégré Machar comme premier vice-président, une mesure qui pourrait en définitive signaler la possibilité d'un gouvernement unitaire. La guerre civile elle-même reste pourtant hautement politisée : une lutte de pouvoir à front ethnique exacerbée par des querelles territoriales.

De 10 Etats à 28

C'est ce que montre avec éclat la réaction à la décision l'an dernier du Président Kiir d'abroger l'organisation territoriale du pays en 10 Etats pour en créer 28 nouveaux. L’objection que cette division, essentiellement le long de frontières tribales, allait créer des déséquilibres ethniques n'a pas dissuadé le président. Désormais, les régions pétrolières du pays sont confiées en majorité à son groupe ethnique, les Dinka, tandis que les autres tribus n'ont plus qu'à se partager le restant du territoire.

Kiir soutient que cette disposition est essentielle au maintien du sens national du pays, avec la nécessité de la cohésion politique et sociale :

Au-delà de nos différences n'oublions pas qu'un seul parti ou une seule tribu ne peuvent diriger ce grand pays. Il nous faut travailler ensemble.

L'appel de Kiir à la réunification du Sud-Soudan sonne pourtant un peu faux. Sa volonté de mise en oeuvre son plan révèle la fracture entre le pouvoir politique et la fragmentation sociale croissante qui déchire le pays.

Beaucoup y voient une menace aux possibilités de paix au Sud-Soudan :

Si Salva Kiir poursuit son soi-disant ordre de création de 28 Etats, le Sud-Soudan n'aura jamais de paix véritable.

Tap Koang Thany, un responsable des médias au Sud-Soudan, note :

Des dizaines de blessés dans les affrontements de Pibor
La création de 28 Etats par le JCE signifie plus de destructions pour le Sud-Soudan et sa population

Le JEC, c'est le Conseil des Anciens de Jieng, un groupe d'Anciens Dinkas que l'on dit avoir joué un rôle dans la décision du Président Kiir de subdiviser le Sud-Soudan.

Divisions internes dans les tribus

La tension provoquée par la création des 28 Etats ne se limite pas aux relations entre tribus différentes. Elle les affecte aussi à l'intérieur. La tribu Shiluk connaît la zizanie à propos de l'allégeance de son chef au Président Kiir, avec pour effet un putsch qui a installé un nouveau roi plus enclin à faire respecter les idéaux du clan. Un récent épisode qui souligne l'exacerbation des tensions tribales résultant de l'agitation politique au sein du gouvernement central.

Le journal sud-soudanais Sudan Tribune rapportait en janvier que l'ethnie Shilluk avait également renversé son roi, Kwongo Dak Padiet, à cause de son soutien à la création des 28 Etats. Commentant l'article et les conséquences plus larges des nouveaux Etats, un lecteur a écrit :

Est-ce que vous voyez comment la guerre à propos des néfastes 28 Etats et leurs frontières prend de temps en temps de la vitesse et [comment] les traîtres des communautés […] renoncent à leurs terres pendant que les chefs sont renversés par leurs communautés prêtes à défendre leurs terres. Bientôt d'autres communautés se lèveront pour récupérer ce qu'on leur a pris illégalement. Kiir et ses intellectuels Dinka sont des idiots et des scélérats !

Un autre lecteur s'est plaint de l'annexion de territoires appartenant à l'ethnie Chollo :

[…] Le grand peuple Chollo a toutes les raisons de s'opposer à l'annexion de son territoire, et le roi aurait dû la refuser au lieu de consentir à l'annexion de territoire Chollo pour son gain personnel égoïste. Les Dinka Apadang ont plus qu'assez de terres et ne doivent pas en prendre un pouce des Chollo. L'avidité détruit ce pays.

La déstabilisation de la région devient plus voyante à mesure que les tribus répliquent au glissement de pouvoir politique par l'usage de violences localisées. La lutte pour un territoire ayant historiquement appartenu à certains est contestée, ce qui favorise la division entre groupes ethniques et au sein même des tribus :

Les chefs culturels ne sont pas non plus à l'abri des querelles de pouvoir du Sud-Soudan… Le roi des Shiluk a été renversé !

Bien plus qu'un conflit ethnique

La complexité de ce conflit ne doit pas être sous-estimée. Parler de la crise actuelle comme d'un conflit ethnique, c'est simplifier en ignorant les autres facteurs de poids qui contribuent à l'escalade de la violence, avec pour effet d'induire en erreur les dirigeants et les décideurs, en dissolvant leur capacité à inventer des solutions visant à mettre fin à la guerre.

Le Président Kiir a exprimé sa disposition à se réconcilier avec Machar en le réintégrant dans son poste de vice-président. Machar, à son tour, s'est montré prêt à rentrer dans la capitale depuis l'Ethiopie où il réside depuis son renvoi, ce à certaines conditions. Cela tranche sur les turbulences de la politique sud-soudanaise, mais le chemin de la paix reste fragile.

Les ramifications des actes tant du Président Kiir que de Machar ne doivent pas être ignorées. Nombreux sont ceux qui pensent que les deux leaders doivent répondre rigoureusement des exactions de leurs soldats, qui sèment détresse indicible et destruction dans la population du Sud-Soudan.

La tribu, coeur de votre identité, détermine si vous vivez ou mourez au Sud-Soudan. Les errements de Kiir et l'ego de Machar sont payés du sang des paysans

Avant que la paix puisse régner au Sud-Soudan, il faut aussi que justice soit rendue – quelle que soit l'ethnie.

Une vidéo psychédélique sur l'Histoire du Japon reçoit un accueil enthousiaste, y compris des Japonais

lundi 7 mars 2016 à 11:40
Histoire du Japon par Bill Wurtz

Captures d'écran de” l'Histoire du Japon” par Bill Wurtz. From YouTube.

La vidéo captivante du vidéaste Bill Wurtz, “Histoire du Japon” est devenue trés populaire, pour avoir été visionnée prés de 5 millions de fois depuis sa mise en ligne sur YouTube début février.

La vidéo résume 40 000 années d'histoire du Japon en quelques neuf minutes.

La vidéo psychédélique se sert d'une imagerie très personnelle pour relater l'histoire du Japon. On peut reprocher à la vidéo qu'elle omette quelques aspects essentiels de l'histoire du Japon, mais il est hors de question de pouvoir tout couvrir en juste neuf minutes.

La réaction des réseaux sociaux japonais à cette version de leur histoire a été positive jusqu'ici. Toutefois, la vidéo n'est pas encore virale au Japon, probablement du fait qu'elle soit en anglais.

Mariko Oi, correspondante de la BBC, écrit :

[En japonais] Bien qu'elle puisse avoir oublié beaucoup de choses, cette vidéo explicative de l'histoire du Japon va vous faire rire.

Rekishi Zatsudan, un site populaire dédié à l'histoire du Japon dit :

L'histoire du Japon expliquée en 9 minutes. Même si elle est en anglais, elle est drôle.

Le blogueur cambodgien Taro a aussi adoré la video :

C'est un formidable document qui rapporte de manière concise l'histoire du Japon en anglais.

La vidéo qui enchante les Portoricains

lundi 7 mars 2016 à 11:35

Peu avant l'atterrissage à l'aéroport de Porto Rico, les passagers d'un vol en provenance de l'Équateur ont eu une surprise fort agréable. Une partie des voyageurs, le choeur de l'université de Porto Rico, s'est mis à chanter a capella un superbe Amanecer borincano (Aube portoricaine). Borinquen ou Borikén est le nom que le peuple indigène Taíno donnait à cette île.

Des passagers ont enregistré ce moment et la vidéo est devenue virale dans les réseaux sociaux espagnols.

Actuellement, Porto Rico traverse une crise économique sévère aggravée par une sécheresse extrême. “Amanecer borincano”, écrit par Alberto Carrión (né en 1950 à San Juan) chante admirablement la beauté de l'île, sa population, ses traditions, son espérance et son futur.

Le chœur représentait Porto Rico pendant un événement musical qui a eu lieu en Équateur.

Amazonie extrême : le tourisme pour surmonter la sécheresse

dimanche 6 mars 2016 à 22:45
Na comunidade existem 24 n˙cleos familiares que possuem um estilo de vida regido pelo ritmo das ·guas do rio TapajÛs, ainda conservam uma simbologia arquitetÙnica ligada aos costumes de viver na regi„o em casas de moradia com rusticidade na construÁ„o, na maioria de palhas com parede de madeira, porÈm com energia elÈtrica da rede publica. FLAVIO FORNER/XIB…/INFOAMAZONIA

Dans la localité de Maripa, ces cases sont faites de palmes et de bois, mais bénéficient du courant électrique du réseau public. Flávio Forner/INFOAMAZONIA

Ceci est la deuxième partie (sur quatre) du reportage sur l’ “Amazonie extrême” (texte de Camila Fróis et photos de Flávio Forner) réalisé par InfoAmazônia, publié ici dans le cadre d'un accord de partage de contenus. Lire la première partie.

Une construction très simple couverte de feuilles de palmier, sans murs, équipée de hamacs, posée sur la rive du fleuve Tapajós. Les igarapés (bras étroits et peu profonds de rivière en Amazonie) rafraîchissant la forêt, la lumière dorée du soleil semblant surgir des flots au crépuscule et la nuit sous un ciel fourmillant d'étoiles assurent une bonne activité toute l'année à ce site de Jamaraquá. L'écotourisme est une source de revenus pour les habitants. Beaucoup servent de guides dans la forêt pour 100 réales par jour (environ 25€), plus que n'offre n'importe quelle autre activité dans la forêt.

Surnommé “le” Pedrinho (petit Pierre), Pedro da Gama se vante d'avoir su investir dans l'accueil touristique comme ressource alternative en période de pénurie : “Il fait un peu plus chaud chaque année, on trouve moins de poissons dans la rivière et en “hiver” la terre est de plus en plus sèche”, dit-il.

Bien que le tourisme paraisse être une opportunité pour améliorer la qualité de vie dans la région, toutes les localités de la vallée du Tapajós sont loin de posséder le même équipement que Jamaraquà : eau courante et électricité. Dans la  “Reserva Extrativista” (Resex) Tapajós-Arapinus, de l'autre côté de la rivière par exemple, les villages n'ont pas de route d'accès, pas de production électrique et beaucoup encore doivent puiser l'eau directement dans le fleuve parce qu'ils n'ont pas de système de captage.

En tout, entre Flona et  Resex, il y a 103 villages parmi lesquels seulement 6 possèdent une alimentation électrique continue et 65 un système de distribution d'eau. “Celui qui ne dépend que de la nature pour entretenir sa famille affronte des difficultés majeures en période de crues ou de sécheresses”, dit Pedro da Gama. “La majeure partie des plantes meurt, parce que le sol est très sablonneux. La terre devient trop chaude et les arbustes comme le cajueiro ( anacardier ou acajou à pommes), le cupuaçu ( proche du cacoyer) ou le muricizeiro (Byrsonima crassifolia= morossis) meurent ” ajoute ” le Petit Pierre”.

Sur le chemin du rivage, il parle de sa préoccupation pour les animaux de la forêt : “Cette sécheresse est un grand changement pour eux, les oiseaux le sentent, les paresseux également, ils tombent sur le sol et meurent faute de nourriture”, juge le caboclo, en un récit qui pourrait fort bien concerner le nord-est, semi-aride, du Brésil.

Les riverains qui vivent à Flona, habitaient ici avant la création de la “zone de protection”. D'origine indigène, ils survivent de la culture du manioc, de la pêche ou de bûcheronnage.

Visages de la sécheresse dans la région du Tapajós.