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Honduras: Des Amérindiens contre la construction d'un barrage

samedi 20 avril 2013 à 14:15

Ce barrage est ni plus ni moins une condamnation à mort pour les communautés amérindiennes qui vivent ici depuis des générations.

Joshua Nichols qui écrit pour Intercontinental Cry [anglais] informe : Les communautés indigènes de Rio Blanco au Honduras ont bloqué le 5 avril 2013 l'accès principal au barrage de “Agua Zarca”, demandant l'arrêt des travaux. La construction est actuellement en cours bien que ces communautés n'aient pas été consultées dans les formes légales et qu'on ne leur ait pas laissé de place dans les réflexions qui ont conduit à ce projet.

Iran : Agissez en homme, habillez-vous en femme !

samedi 20 avril 2013 à 14:12

Un homme vêtu d'une robe rouge avec un voile sur la tête a été exhibé par les forces de sécurité dans les rues de Marivan [anglais] dans la province du Kurdistan en Iran, lundi 15 avril 2012. Un tribunal local a décidé que cela serait la punition de trois hommes, reconnus coupables dans des conflits conjugaux. Les circonstances exactes ne sont pas claires, mais la simple idée de cette punition a suscité la colère de beaucoup.

Des femmes à Marivan ont manifesté contre le verdict mardi, disant qu'il est plus humiliant pour les femmes que pour les hommes condamnés. Selon un militant des droits de l'homme, les forces de sécurité ont molesté les manifestantes [fa]. Une vidéo montre des femmes défilant dans les rues.

Men in Dress source: https://www.facebook.com/KurdMenForEquality

Photo publiée sur la page Facebook ‘Hommes kurdes pour l'égalité’

En ligne, plusieurs hommes iraniens se sont photographiés habillés en femmes dans le cadre d'une campagne Facebook pour dire [farsi] : “Être une femme n'est pas un instrument de punition ou d'humiliation.” Les photos apparaissent sur une page Facebook intitulée Hommes kurdes pour l'égalité [farsi].

Namo Kurdistani écrit :

Pour montrer ma solidarité et mon soutien à la “féminité” et la plupart de leurs souffrances et tourments au cours de l'histoire ont été le fait “d'hommes” [sic]. Alors que nous avons récemment assisté à l'ordre d'un juge stupide pour punir quelqu'un en lui faisant porter les coutumes féminines, c'est l'un des moments où nous devrions nous rassembler et condamner cette stupidité, brutalité et inhumanité contre la féminité ; la moitié de la société ainsi qu'au moins la moitié des êtres humains sur terre. Je soutiens la féminité par le moins que je puisse faire pour elles.

La page Facebook de l'Association des Femmes de Marivan a aussi condamné l'acte et écrit [farsi] :

Les forces de sécurité ont traîné un condamné originaire de Marvani dans la ville. Ils l'ont habillé comme une femme et ont souhaité ainsi l'humilier. L'Association des Femmes de Marivan condamne cette action et la considère comme une insulte envers les femmes. Les femmes kurdes ont protesté contre cet acte [le lendemain].

Mohmmad Mostafaï, un avocat iranien et défenseur des droits de l'homme dit [farsi] :

La justice iranienne n'a pas le droit d'ordonner une telle punition qui va à l'encontre de la dignité humaine. Habiller des condamnés en femmes n'est pas quelque chose que vous pouvez trouver dans les lois de la République Islamique.

L'histoire se répète

Il y a plus de trois ans, les autorités iraniennes avaient essayé d'utiliser la même méthode d'humiliation contre un militant étudiant, mais avaient échoué.

Les autorités iraniennes avaient alors affirmé [anglais] que Majid Tavakoli s'était habillé en femme pour s'échapper après avoir prononcé un discours à Téhéran durant la Journée des Étudiants. Néanmoins, des militants des droits de l'homme en Iran ont publié [anglais] le récit d'un témoin disant : “Toutes les photos publiées par les médias d'État sont des faux et démontrent clairement qu'ils utilisent des moyens immoraux contre les étudiants et les activistes en Iran.” À l'époque, des centaines d'hommes iraniens se sont photographiés habillés en femmes portant le hijab pour soutenir Tavakoli.

L'attentat de Boston retentit en Russie

samedi 20 avril 2013 à 14:00

Initialement une histoire lointaine de bombes et de sang américain, l'onde de l'attentat du Marathon de Boston a maintenant atteint les Russes. RuNet suivait avec grand intérêt l'enquête avant même que les deux suspects se soient révélés d'origine tchétchène. Maintenant que la Russie se trouve directement concernée, les passions sont chauffées à blanc.

Si les Russes ont leur propre expérience du terrorisme urbain, cette connexion avec une république autrefois séparatiste au passé d'extrémisme violent ne pouvait que faire prospérer de nombreux récits préexistants. Peu importe que les deux frères, Tamerlan et Djokhar Tsarnaev, ne soient probablement pas purement tchétchènes ou russes en réalité — ils semblent avoir grandi au Kirghizistan, et avoir été brièvement scolarisés au Daguestan (autre république du Nord-Caucase), avant d'émigrer aux Etats-Unis, où ils ont vécu plus de dix ans. Leur origine ethnique les associe à nombre de clichés susceptibles d'exploitation par toutes les parties prenantes au discours politique russe — libéraux, nationalistes ou pro-Kremlin.

A photograph of Dzhokhar Tsarnaev from his VKontakte page, turned into a meme darkly hinting at the fact that the next Winter Olympics will be held very close  to Chechnya. Anonymous image freely distributed online.

Une photographie de Djokhar Tsarnaev de sa page VKontakte, transformée en allusion sinistre au fait que les prochaines Olympiades d'hiver se tiendront très près de la Tchétchénie. Image anonyme diffusée libre de droits en ligne.

Le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov (dont le père, l'ancien président tchétchène Akhmat Kadyrov, a été tué dans un attentat), par exemple, a été prompt à prendre ses distances avec les Tsarnaev, et a écrit sur Instagram [russe] :

Любые попытки провести связь между Чечней и Царнаевыми, если они и виноваты, тщетны. Они выросли в США, их взгляды и убеждения формировались там. Нужно корни зла искать в Америке. С терроризмом нужно всем миром бороться. Это мы знаем лучше, чем кто-либо.

Toutes tentatives de lier la Tchétchénie et les Tsarnaev, s'ils sont coupables, sont vaines. Ils ont grandi aux USA, leurs idées et convictions ont été formées là-bas. C'est en Amérique qu'il faut chercher les racines du mal. Le monde entier doit lutter contre le terrorisme. Nous le savons mieux que quiconque.

Kadyrov faisait allusion, en partie, à son propre succès dans le combat contre le terrorisme maison en Tchétchénie.

Dans la même veine, mais sans mentionner l'éducation américaine des Tsarnaev, Aram Gabrelyanov (le rédacteur en chef du tabloïd pro-gouvernemental “Life”) a accusé [russe] le soutien supposé de l'Amérique au séparatisme tchétchène :

Обычное дело для американцев- сначала вербуют, пестуют , опекают своих террористов. Потом они выходят у них из под контроля.

Comme toujours chez les Américains – ils commencent par recruter, chouchouter, tenir en tutelle leurs terroristes. Puis ils en perdent le contrôle.

Les libéraux eux aussi se sont tournés vers le passé, mais sous un autre angle. Le journaliste Oleg Kozyrev argue que ce sont les guerres de la Russie pour pacifier la Tchétchénie qui portent l'ultime responsabilité de la radicalisation des deux frères. Kozyrev a tweeté [russe] :

Ну что мы как дети “турецкие граждане”, “жили в Киргизии” и т.п. Ясно же что история так или иначе корнями уходит в нашу войну

Et nous, comme des enfants, [justifiant qu'ils sont] “citoyens turcs,” [qu'ils] “ont vécu au Kirghizistan,” etc. Il est pourtant clair que cette histoire a ses racines dans notre guerre [russo-tchétchène]

Sur Echo Moskvy, Vladimir Varfolomeev a lui aussi affirmé la responsabilité russe [russe] :

Простите, американцы, что мы тут вырастили и отправили к вам тех, кто, судя по всему, оказался террористами. Было бы нечестно, стыдливо открещиваясь, называть их просто кавказцами. Они наши, российские.

Pardonnez-nous, Américains, d'avoir élevé et de vous avoir expédié ceux qui, selon toutes apparences, étaient des terroristes. Il serait malhonnête de les renier honteusement et de les appeler simplement des Caucasiens. Ils sont des nôtres, des Russes.

Pour d'autres, cependant, la Tchétchénie serait devenue à tel point autonome qu'elle pourrait aussi bien ne plus être la Russie. La journaliste Natalia Oss a écrit [russe] en réaction à une autre introspection sur Facebook :

Проблема в том, что паспорт российский в данном случае – чистая формальность. Чечня де-факто – не Россия

Le problème est qu'un passeport russe est dans ce cas une simple formalité. La Tchétchénie de facto n'est pas la Russie

Certains ont poussé plus loin la responsabilité collective et se sont interrogés sur l'implication directe du “régime pourri” du Kremlin, exploitant le thème rebattu du terrorisme intérieur ourdi par le FSB. Exemple, cet utilisateur de Facebook qui songeait [russe] :

У меня сразу ассоциации с делом Навального и терактом в Бостоне как отводящем внимание западных СМИ от репрессий в России. Подобный теракт выгоден Путину сразу по многим причинам. Не исключаю, что за этим взрывом стоит ФСБ России.

J'ai tout de suite fait l'association entre l'affaire Navalny et l'acte terroriste de Boston comme quelque chose pour détourner l'attention des mass média occidentaux des répressions en Russie. Un tel acte de terrorisme est avantageux pour Poutine pour de nombreuses raisons. Je n'exclus pas que le FSB russe soit derrière ces explosions.

Etrangement, certains avaient évoqué la possibilité d'une implication russe avant même l'apparition des Tsarnaev. Alexeï Malachenko du Carnegie Center relevait [russe] le 16 avril /

Обратите внимание: взрыв был двойной, то есть, «кавказского стиля» — мы такого насмотрелись и в Дагестане, и в Ингушетии, да и не только там.

Notez que c'était une double explosion, donc, dans le “style du Caucase” — nous en avons vu de pareilles au Daguestan et en Ingouchie, et pas seulement là.

Plus ou moins au même moment, l'enthousiaste de complots Igor Borissov tweetait avec son excitation coutumière [russe] :

Взрывы в Бостоне: трое погибших, 144 раненых … Асимметричный ответ Кремля на “Список Магнитского”?

Explosions à Boston: trois morts, 144 blessés … Réponse asymétrique du Kremlin à la “Liste Magnitsky” ?

Une paranoïa qui concorde parfaitement avec un commentaire Facebook [russe] plus récent de Ilya Markman :

13 апреля Рамзан Кадыров “сдаёт билет в США из-за списка Магнитского”, а через три дня два молодых чеченца взрывают Бостонский марафон.

Le 13 avril Ramzan Kadyrov “rend son billet pour les USA à cause de la liste Magnitsky,” et trois jours après deux jeunes Tchétchènes font sauter le marathon de Boston.

D'autres internautes russes ordinaires des cercles nationalistes ont aussi entrepris de récupérer la tragédie. Si les nationalistes russes détestent les populations du Nord Caucase en général, leur “aversion” pour les Tchétchènes est particulièrement virulente, raison peut-être de la jubilation de nombre d'entre eux en prenant connaissance de la piste tchétchène dans l'attentat de Boston. Ainsi, l’allusion [ru] ironique de cet utilisateur de Twitter au recours par Poutine à de supposés subsides extravagants pour ”amadouer” les Tchétchènes :

Американцы такие тупые, что ловят чеченца большими силами. Не проще ли раздать ему и его друзьям золотых кайенов, оружия и бояться их?

Les Américains sont tellement stupides qu'ils recherchent un Tchétchène avec de gros effectifs de police. Ça serait plus facile de donner à ses amis et lui des [Porsche] Cayenne en or, des armes et d'avoir peur d'eux, non ?

La publication nationaliste Spoutnik&Pogrom s'est fendue d'une plaisanterie cynique [russe], comparant Djokhar, [alors] encore en fuite, au combattant du MMA daguestanais Rassoul Mirzoev, récemment condamné avec sursis dans une affaire d'homicide, après avoir donné un coup de poing à un homme, qui tombé au sol, se heurta la tête et mourut (les nationalistes ont utilisé l'affaire pour crier au traitement préférentiel des minorités dans les tribunaux russes) :

ФБР уже заявило, что за теракт в Бостоне Джохару Царнаеву грозит 2 года ограничения свободы максимум. Экспертиза показала, что американцы оскорбили девушку Джохара и его реакция была справедливой, он всего лишь нажал на кнопку детонатора, а бомбы взорвал электрический разряд!

Le FBI a déjà annoncé que Djokhar Tsarnaev encourt 2 ans maximum de privation de liberté pour l'attentat de Boston. l'expertise a montré que les Américains ont insulté la copine de Djokhar et que sa réaction était justifiée, il a seulement enfoncé le bouton du détonateur, c'est une décharge électrique qui a fait exploser les bombes !

Spoutnik&Pogrom a également tweeté [russe], probable allusion à l'habitude américaine d'envahir les pays et de les transformer :

Этот твит посвящен памяти Чеченской республики. Чеченцы, вы навсегда останетесь в наших сердцах, какой народ был, какой народ…

Ce tweet est dédié à la mémoire de la république tchétchène. Tchétchènes, vous serez toujours dans nos coeurs, quel peuple vous étiez, quel peuple…

"Grozny Airport - Soon" Anonymous image freely distributed online.

“Aéroport de Grozny – bientôt” promet cette image anonyme, largement diffusée en ligne libre de droits.

Evidemment, les véritables perles de rhétorique nationaliste se trouvent sur le compte laconique de Djokhar [russe] sur le site russe de réseau social VKontakte. (Il n'a apparemment publié que deux notes sur son mur, et changé sa photo de profil.) Des milliers de commentaires laissés à présent sur sa page, la plupart sont à caractère raciste. Par exemple [russe] :

СКОРО АМЕРИКА СБРОСИТ НЕСКОЛЬКО ТОНН ДЕМОКРАТИИ НА ТВОЙ АУЛ, ГРЯЗНЫЙ ОВЦЕЁБ. РУССКИЕ ВПЕРЁД!

BIENTÔT L'AMÉRIQUE VA JETER QUELQUES TONNES DE DÉMOCRATIE SUR TON AOUL [village], SALE B*R DE MOUTONS. LES RUSSES EN AVANT ! [cette dernière expression est un slogan nationaliste ordinaire]

et [russe] :

Ты зачем Америку взрываешь, гнида черножопая?

Pourquoi tu fais exploser l'Amérique, pou de cul-noir ?

Mais au final, ce qui préoccupe le plus la majorité des Russes, ce sont les conséquences pratiques de l'implication tchétchène (et par là-même, russe) dans l'affaire. Lesquelles ? Un utilisateur russe de Twitter croit savoir [russe] :

Сейчас вообще хрен кто американскую визу получит. И так плохо давали последние месяцы(

Maintenant mon cul pour obtenir un visa américain. Ils en étaient déjà avares ces derniers mois :(

Sénégal : Des enfants “Talib” rendus à leurs parents

vendredi 19 avril 2013 à 19:22

Le blog de l'association des Amis des Enfants (AMIC) annonce que 20 enfants Talib originaires de Guinée-Bissau qui avaient été pris dans le violent incendie d'une école islamique à Dakar, capitale du Sénégal, au début de mars, ont été rendus à leurs familles. Comme Rising Voices le signalait en juin 2011, des familles de Guinée-Bissau confient souvent leurs enfants à des enseignants d'écoles coraniques au Sénégal, pays voisin où on leur promet une éducation religieuse.

Pérou : le projet de loi controversé sur les délits informatiques refait surface

vendredi 19 avril 2013 à 19:17

[Sauf mention contraire, les liens de ce billet renvoient vers des pages en espagnol.]

Le Congrès de la République prévoyait ce jeudi 11 avril 2013 de débattre de plusieurs lois relatives aux TIC et à l'avenir numérique du Pérou. Parmi celles-ci, la Loi sur les délits informatiques - connue aussi dans le monde de l'internet sous le titre de #LeyBeingolea [du nom de son principal initiateur] – avait suscité les plus fortes attentes. Elle n'a cependant pas été examinée lors de cette session parlementaire et l'on attend dans les prochains jours quelques nouveautés la concernant.

L'année dernière, ce projet de loi ayant connu quelques allées et venues a reçu au fur et à mesure plusieurs suggestions et propositions issues de la société civile pour en améliorer la rédaction. En guise d'exemple, l'avocat Erick Iriarte a ainsi publié sur le blog Iriarte & Asociados quelques commentaires concernant cette loi, mettant surtout en évidence l'emploi de termes standardisés et internationalement admis en la matière, une plus grande précision dans leur emploi et une mise aux normes avec la Convention de Budapest [en français] (que le Pérou n'avait pas ratifiée) [Convention internationale sur la cybercriminalité adoptée en 2001 et ratifiée par plusieurs pays depuis 2010].

Le projet a été sérieusement remis en cause après publication de l'avis préalable rendu par la Commission de Justice et des Droits de l'Homme (pdf), et ce non seulement en raison du soupçon lié au fait qu'une grande partie du texte aurait été recopiée à partir de plusieurs sources, mais surtout parce qu'il constitue une possible menace à la vie privée et à la liberté d'expression sur internet, bien qu'il ne prenne pas encore en compte des volets tels que la responsabilité pénale à titre accessoire des fournisseurs d'accès à internet.

Pour les internautes, ce projet contient effectivement des menaces plus concrètes encore dans la mesure où, par exemple, “il supprimerait l'anonymat sur internet, les entreprises seraient contraintes de satisfaire aux demandes des autorités concernant les données des utilisateurs et il menacerait les internautes avec un risque d'emprisonnement à raison de leurs activités en ligne” comme le souligne Jochai Ben-Avie sur le blog Access.

De même, l'avocat Miguel Morachimo issu de l'ONG Hiperderecho a créé Una Mejor Ley de Delitos Informáticos [Une meilleure loi sur les délits informatiques] une plateforme destinée au débat et au recueil de réactions d'internautes sur ce projet de loi, sur laquelle il propose cinq points qui “aideraient à obtenir une Loi sur les délits informatiques qui nous accorde davantage de sécurité sans pour autant nous enlever nos libertés fondamentales”. Morachimo a expliqué un peu plus tard :

Il semblerait que le Congrès n'examine pas très activement le projet de loi sur les délits informatiques et qu'il s'emploie plutôt à l'adoption de la Convention de Budapest sur la cyberdélinquance (on peut lire ici le texte de la convention). Cependant, étant donné qu'aucune annonce officielle n'a été prononcée à cet égard, [notre] bataille n'est toujours pas terminée. Le 18 septembre [2012], le parlementaire Eguren a d'ailleurs exhorté le Congrès à inclure le projet de loi sur les délits informatiques dans l'ordre du jour de la séance plénière.

L'absence de débat sur ce projet de loi au Congrès en a laissé beaucoup insatisfaits. A cet égard, les internautes @yonsy et l'avocat Erick Iriarte (@coyotegris) ont ainsi commenté sur Twitter :

@yonsy: @congresoperu [le Congrès de la république du Pérou] vous avez oublié d'examiner la loi sur les délits informatiques  #LeyBeingolea … voyons demain si son examen devant la Commission sera prévu une bonne fois pour toutes :)

@coyotegris: @yonsy @congresoperu la loi examinée par la Commission ? C'est mal parti, elle a dû finir aux archives !

Un second projet de loi dont le débat était très attendu est celui connu sous le nom de Loi contre le négationnisme, qui aurait introduit un article 316-A au code pénal afin de sanctionner ceux qui approuvent, justifient, nient ou minimisent les infractions commises par les membres d'organisations terroristes “établies en vertu d'une décision de justice définitive”, un texte qui a entraîné des critiques et des réserves parmi les juristes, les éditorialistes et la société civile, en menaçant la liberté d'opinion et le droit à l'analyse des décisions judiciaires concernant le terrorisme [Pour le lecteur français : ce projet de loi contre le négationnisme s'inscrit dans l'histoire singulière du Pérou depuis les années 1990, avec la guérilla terroriste du Sentier Lumineux, le rôle de l'état-major militaire et des charges pesant sur l'ancien président Alberto Fujimori].

Human Rights Watch a même récemment sollicité l'abandon de ce projet de loi, indiquant que l'imprécision des termes employés “porte atteinte à la liberté d'expression” et qu'elle “pourrait empêcher des expressions légitimes, comme la critique d'une décision de justice relative aux actes terroristes ou la publication d'un entretien avec des personnes condamnées pour acte de terrorisme”.

Comme dans le cas du projet de loi précédent, celui-ci a aussi entraîné sur Twitter quelques controverses, à l'image de celle entre le compte de la revue Ideele (@ideeleradio) et Antonio Ardiles (@AntonioArdines), consultant en résolution de conflits et conseiller auprès de quelques compagnies minières :

@ideeleradio: IDL: La loi contre le négationnisme sera abrogée parce que le #TC (Tribunal constitutionnel) la déclarera anticonstitutionnelle http://bit.ly/150ZuG0

@AntonioArdines: @ideeleradio #Negacionismo La loi est une bonne alternative pour éviter les abus, et nous qui vivons dans le cadre de la loi n'avons rien à craindre.

Cela étant, d'autres lois plus ou moins liées au devenir numérique ont quand même été examinées et adoptées, comme la celles sur le télétravail, le système des bibliothèques, les dossiers médicaux numériques et le transfert de technologie (voir le projet de loi et l'avis rendu par le Congrès).

Quoi qu'il en soit, nous espérons que ces deux projets demeurant en suspens seront bientôt soumis à examen.

Pour plus d'information, voir sur Global Voices un article du même auteur (traduit en français) : L'internet est-il libre au Pérou ?

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