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En pirogue à moteur sur l'Amazone avec les jeunes footballeurs Sarayaku

jeudi 29 septembre 2016 à 00:00

 

[Billet d'origine publié le 9 juin 2016 -Tous les liens de ce billet renvoient vers des pages en espagnol.]

Imaginez voyager sur soixante-sept kilomètres dans une pirogue à moteur à la recherche d'une équipe adversaire pour une rencontre sportive. C'est ce que les jeunes footballeurs de la communauté kichwa de Sarayaku dans l'Amazonie équatorienne doivent faire chaque semaine pour un match de routine.

Ces jeunes appartiennent à l’académie de football du Club sportif Sarayaku, qui non seulement apprend aux jeunes Kichwas de la communauté à dribbler, faire des passes et jouer comme défenseur, mais qui également à se diriger vers le sport d'équipe et à s'éloigner des tentations potentiellement dangereuses. Le site internet de l'école explique que le sport agit comme un rempart contre “l'agression de la mondialisation” :

La niñez y la juventud de Sarayaku son poseedoras de  inteligencia, talentos y capacidades para vivir en el habitat de su territorio. Son hábiles en el bosque, cazadores, conocedores de la botánica, de los cosmos, de las montañas, de la lluvia, delas cascadas, del rayo, de las piedras, del árbol sagrado del Uchuputo y de la Pachamama. Hoy se van cayendo poco a poco ante la agresión visible e invisible de la globalización, por la postergación y abandono de los grandes ministerios, por los proyectos industriales y la falta de solidaridad que conlleva a un grave riesgo a temprana edad como el alcoholismo y migración de la juventud.

L'enfance et la jeunesse de Sarayaku possède l'intelligence, le talent et les capacités qui leur permettent de vivre dans l'habitat de leur territoire. En forêt, ils sont habiles chasseurs, ils s'y connaissent en botanique, dans le cosmos, les montagnes, la pluie, les cascades, la foudre, les pierres, l'arbre sacré Uchuputo et la Pachamama. Aujourd'hui, ils sont en train de disparaître peu à peu devant l'agression visible et invisible de la mondialisation, la mise à l'écart et l'abandon de la part des grands ministères, à cause des projets industriels et du manque de solidarité qui engendre un risque grave chez les jeunes d'alcoolisme et de migration.

Un autre objectif de l'académie est d'aider à construire l'estime de soi et la fierté dans la culture de la jeunesse locale grâce à la camaraderie qui se crée dans l'équipe lorsqu'elle représente sa communauté. Le plaisir de cette équipe unie, quand elle commence le voyage de six heures pour jouer son prochain match, est visible.

Eriberto Gualinga, cinéaste de la communauté kichwa, a accompagné l'équipe afin de comprendre leur voyage sur le fleuve Bobonaza, qui incluait également un parcours de 90 minutes en bus. L'équipe a affronté son adversaire le plus récent : une équipe de football situé dans le canton de Palora.

Filmant avec une caméra GoPro, Gualinga a documenté les conditions dans lesquelles les jeunes voyagent pour jouer au sport qu'ils adorent :

En la Amazonia el clima es impredecible, se puede ver las cuatro estaciones del año en el mismo día, el sol en la mañana, lluvia en la tarde, fuerte viento, arboles con flores, arboles que pierden las hojas. Los pequeños viajeros se enfrentan a todas estas adversidades.

En Amazonie, le climat est imprévisible, on peut y voir les quatre saisons de l'année durant la même journée, soleil le matin, pluie dans l'après midi, un vent fort, des arbres en fleurs, des arbres qui perdent leurs feuilles. Les petits voyageurs font face à toutes ces adversités.

Le fleuve est sacré pour le peuple sarayaku, car il n'est pas seulement le moyen de communication et de contact avec les autres communautés mais aussi une source de subsistance. C'est pour cela que le peuple sarayaku est bien connu pour sa défense de l'environnement. Et maintenant, le fleuve est aussi une manière de se rapprocher d'autres communautés pour un match amical de football.

Escuela de Futbol Sarayaku. Pantallazo del video de YouTube "Viajando por el Bobonaza con la Escuela de Futbol Sarayaku".

École de Football Sarayaku. Capture d'écran de la vidéo de YouTube “Viajando por el Bobonaza con la Escuela de Futbol Sarayaku” (En voyage sur le Bobonaza avec l'école de football Sarayaku)

En Inde, des enfants des rues réalisent et publient un véritable journal

mercredi 28 septembre 2016 à 23:48
Street kids playing in Ahmedabad. Image from Flickr by Sandeep Chetan. CC BY-NC-ND 2.0

Des enfants des rues jouent à Ahmedabad. Image publiée sur Flickr par Sandeep Chetan. CC BY-NC-ND 2.0

Depuis plus de dix ans, un journal basé à New Delhi raconte le quotidien des enfants des rues et la lutte qu'ils mènent pour défendre leurs droits. Sa particularité ? Il est écrit et publié par ces mêmes enfants.

La gazette Balaknama (“la Voix des enfants” en hindi) a acquis avec les années une solide réputation, en grande partie due à la qualité de ses articles, criants de vérité.

En circulation depuis 2003, ce journal de huit pages couvre sept villes indiennes et s'appuie sur un réseau d'environ 10 000 enfants des rues.

Balaknama : un journal trimestriel [par la suite devenu mensuel, ndlr] de 8 pages PAR les enfants, POUR les enfants qui vivent et travaillent dans la rue

Balaknama n'a pas seulement rendu des enfants des rues indépendants et conscients de leurs droits : c'est une gazette dirigée par des enfants des rues.

Cover of the paper BalaknamaEn direct de la rue

Si les sujets couverts par Balaknama n'ont rien de nouveau, ils sont traités sous un angle inédit. Les problèmes auxquels sont confrontés les enfants des rues — agressions sexuelles, travail infantile, violences policières — sont abordés du point de vue de leurs victimes directes.

Les reporters en herbe relaient également des histoires positives et porteuses d'espoir sur ce qui se passe dans la rue.

Les enfants qui travaillent pour le journal viennent tous d'horizons différents. Shambhu par exemple, rédacteur en chef actuel de Balaknama du haut de ses 17 ans, lave des voitures pour gagner sa vie.

Pour les jeunes comme lui, Balaknama est une façon d'informer les gens sur les problèmes auxquels ils font face quotidiennement.

Depuis sa création, le journal est édité par des bénévoles de l'ONG Childhood Enhancement through Training and Action (CHETNA, Promotion de l'enfance par la formation et l'action), qui travaille avec les enfants des rues et les enfants forcés de travailler.

CHETNA est un organisme de bienfaisance fondé en 2002, qui a notamment participé à la création d'une fédération d'enfants des rues appelée Badhte Kadam (“Aller de l'avant”).

L'année suivante, CHETNA organisait un atelier destiné aux enfants des rues et aux enfants travailleurs, à l'issue duquel les participants avaient conclu que tous avaient souffert d'abus et de négligences, mais que leurs voix n'avaient jamais été entendues.

C'est ainsi qu'une question a émergé : “Et si nous avions notre propre journal ?”

Le journaliste Bipasha Mukherjea raconte comment Balaknama réussit à unir les enfants des rues lorsqu'ils travaillent ensemble sur des articles :

Together they work on stories that only a child living on street can find and report. The newspaper binds them and supports them.

Nearly all children involved in Balaknama are students of National open school centres run by Chetna.

Ensemble, ils travaillent sur des histoires que seul un enfant des rues peut dénicher et restituer. Le journal les fédère et les soutient.

Quasiment tous les enfants qui participent à la parution de Balaknama étudient dans des écoles ouvertes gérées par CHETNA.

L'équipe de Balaknama en action. Préparation de la prochaine édition du journal.

Faire entendre sa voix

Selon des estimations du gouvernement indien, plus de 400 000 enfants vivent actuellement dans la rue en Inde, dont 314 700 répartis entre les villes de Bombay, Calcutta, Madras, Kanpur, Bangalore et Hyderabad, et environ 100 000 rien qu'à Delhi.

La plupart des experts considèrent toutefois ces chiffres comme largement sous-estimés.

Une grande partie des enfants dont les articles sont publiés dans Balaknama ne savent eux-mêmes ni lire ni écrire. Ce sont leurs amis et leurs “collègues” qui transcrivent leur récit pour le journal.

L'accès au réseau Internet et au fax étant difficile, la plupart de ces jeunes reporters dictent leur article par téléphone à leurs collègues basés à Delhi.

Deux fois par mois, ils tiennent une conférence de rédaction, lors de laquelle ils discutent des articles à publier.

Arijit Bose fournit plus de détails sur Balaknama sur son blog :

Each paper is priced at a token 2 rupees and over 8,000 copies, most of them in Hindi, are published every month. The paper makes no profit and is entirely NGO-funded.

Chaque exemplaire est vendu au prix symbolique de 2 roupies et plus de 8000 exemplaires, la plupart en hindi, sont publiés chaque mois. Le journal ne réalise aucun profit et est entièrement financé par l'ONG.

Chandni, ancienne rédactrice en chef de Balaknama, étudiait pour ses examens de Seconde lorsqu'elle a été invitée à prononcer un discours à l'occasion d'un événement TEDx organisé à Bangalore l'an dernier.

Son intervention de 18 minutes sur la façon dont le journalisme a changé sa vie lui a valu une longue ovation du public.

Lors de son discours sur le journalisme non conventionnel au TEDx Bangalore en 2015, Chandni est revenue son histoire, d'enfant travailleur devenue journaliste pour Balaknama (cliquez sur l'image pour accéder à la vidéo)

RegalUnlimited a retranscrit certains passages du discours de Chandni :

Do media think what a child thinks? Do you know what children want? Do you ever consider these questions? They want our empathy, not sympathy…

Les médias se soucient-ils de ce que pense un enfant ? Savez-vous ce que nous voulons ? Vous êtes-vous au moins posé la question ? Nous voulons être entendus, et non pas pris en pitié…

Voici notre bureau. Notre route n'a pas été simple. Nous avons mis 13 ans à lancer le journal Balaknama

Une grande partie des enfants qui partagent leur histoire dans les pages de Balaknama vivent de collectes d'ordures ou de petits boulots dans les cafés du bord de route, les gares routières et ferroviaires. Le journal se rend sur leur lieu de travail pour les écouter et recueillir leur témoignage.

Balaknama, lancé en 2003, est un hebdomadaire dirigé par des enfants des rues…

Pour ceux qui souhaitent aller plus loin, une vidéo mise en ligne sur YouTube par le journaliste Bipasha Mukherjea relate l'histoire de Balaknama :

Un clavier spécialement conçu pour le yorùbá et l'igbo

mercredi 28 septembre 2016 à 22:23
Screenshot from "How Do You Tone Mark in Yorùbá?"

Capture d'écran de la vidéo “Comment marquer la tonalité en yorùbá ?”

La saisie des langues nigérianes telles que le yorùbá et l'igbo est généralement difficile, car la plupart des claviers ne permettent pas de rendre la tonalité. Cette barrière technique est un frein pour nombre de Nigérians qui souhaiteraient utiliser leurs langues correctement.

Ce n'est peut-être plus un problème pour longtemps grâce à YorubaName.com, qui a développé un clavier pour le yorùbá et l'igbo. YorubaName.com est un dictionnaire multimédia de noms yorùbás dont le but est de :

…preserve and document all Yorùbá names in a multimedia format. It is part of a long-term project to document all types of African cultural experiences on the internet as a way of ensuring the survival of African identities in their various expressions.

… préserver et documenter tous les noms yorùbás dans un format multimédia. Il fait partie d'un projet à long terme de documentation de toutes les expériences culturelles numériques africaines, comme moyen d'assurer la survie des identités africaines dans toute leur diversité.

YorubaName.com a été fondé par Kọlá Túbọsún, dont la thèse de licence en lettres est la colonne vertébrale du projet. C'est lui et son équipe de linguistes et de techniciens, dont l'auteure et traductrice de Global Voices Laila Le Guen, que l'on trouve derrière ce nouveau clavier.

Laila travaille pour YorubaName en tant que bénévole depuis mars 2015. Elle a récemment obtenu une licence de yorùbá a l’Inalco, où des cours spécialisés en linguistique, histoire, littérature et anthropologie s'ajoutent à un cours de langue rigoureux. Elle explique dans une interview le problème que le clavier résout :

Laila Le Guen, Core Team member of YorubaNames.com, Editor and Translator

Laila Le Guen, membre de l'équipe de YorubaNames.com, éditrice et traductrice.

With this keyboard, we are addressing technical barriers to the use of Yorùbá and Igbo online. The new keyboard is an updated version of a keyboard layout we released last year to fill a gap in technological solutions to type Yorùbá in standard orthography. Yorùbá makes use of grave accent, acute accent and occasionally macron (n̄) to mark tone, and some characters include subdots (ẹ ọ ṣ). Some keyboard layouts existed on Windows and I had created one for Mac for my personal use since none existed at the time but all these efforts were scattered and inconsistent. The idea behind the YorubaName keyboard layout was to propose a user-friendly package for Mac and Windows and also to take advantage of our existing platform to promote its use.

Avec ce clavier, nous réglons les problèmes techniques qui s'opposent à l'utilisation du yorùbá et de l'igbo sur internet. Ce nouveau clavier est une mise à jour d'une version que nous avions rendue publique l'année dernière pour combler une lacune technologique dans la saisie de l'orthographe standard du yorùbá. Le yorùbá utilise un accent grave, un accent aigu et parfois un macron (n̄) pour marquer les tons, et certains caractères sont marqués d'un point inférieur (ẹ ọ ṣ). Certains claviers existaient sur Windows, et j'en avais créé un pour Mac pour mon usage personnel puisqu'il n'en avait pas à l’époque, mais tous ces efforts étaient dispersés et contradictoires. L'idée derrière le clavier de YorubaName était d'offrir un package facile à utiliser pour Mac et Windows, et de tirer parti de notre plate-forme pour promouvoir son usage.

Yorùbá est à la fois le nom d'une langue et celle de l'un des trois groupes ethniques majeurs du Nigéria. En plus du Nigéria, le yorùbá est également parlé au Bénin et ailleurs dans le monde. Il totalise environ trente millions de locuteurs.

Le Nigéria compte environ deux cent cinquante groupes ethniques et cinq cent langues, mais les technologies de l'information et de la communication ne sont généralement pas développées en pensant à ces langues. La préservation et de la promotion de l'identité culturelle et linguistique à l’étranger est également un problème à prendre en compte : malgré le manque de statistiques précises, des estimations faites à partir des données de différentes ambassades nigérianes et de l'Organisation internationale de la migration montrent qu'environ quinze millions de Nigérians vivent à l’étranger. Ce chiffre est vraisemblable car selon des rapports, les Nigérians de l’étranger ont envoyé vingt-et-un milliards de dollars dans leur pays rien qu'en 2014.

Les Nigérians de la diaspora et ceux du territoire souhaitent conserver leur identité bien vivante. Ils veulent pouvoir saisir, envoyer et recevoir des sms, interagir sur les réseaux sociaux dans leurs langues. Pourtant, la plupart du temps ils en sont incapables, d'où l'intérêt justifié dans le clavier développé par Laila et ses collègues.

Laila and Kola in Ibadan

Laila et Kola parlent à des étudiants à Irawo, résidence privée attachée à l'université d'Ibadan, au Nigéria, pendant une tournée promotionnelle pour YorubaName.com, en juillet. Photographie utilisée avec autorisation.

Dans le cadre de leurs recherches pour le développement du clavier, Laila et Kọlá sont partis en tournée, qui les a amenés dans les villes d'Ibadan et de Lagos. Bien que le yorùbá ne soit pas parlé qu'au Nigéria, Laila insiste sur le fait que c'est aux locuteurs nigérians qu'il s'adresse :

It's important to note that, although Yorùbá is also spoken in neighbouring Benin Republic and marginally in Togo, we are using the Nigerian official orthography and targeting Nigerian and English-speaking diaspora users (for now). There are a couple of reasons for this: Benin Republic uses a different official orthography for Yorùbá but it is seldom used, as scholars and students import books from Nigeria and have become more familiar with the Nigerian standard – this issue is a bit controversial in academic circles in Benin Republic. Besides, very few speakers of Yorùbá in Benin are literate in the language, as it is not taught in school at all other than in specialised programmes for linguists and as part of (rare) adult literacy classes. Finally, keyboards in Benin Republic are made on the French model, but this would be easily solved by adapting the template. We aim to extend our audience to Beninois people very soon by translating the platform into French and hopefully serve their technological needs more adequately.

Il est important de noter que, bien que le yorùbá soit également parlé dans la République du Bénin et marginalement, au Togo, nous utilisons l'orthographe officielle nigériane et visons des utilisateurs du Nigéria et de la diaspora anglophone (pour l'instant). Il y a plusieurs raisons à ceci : l'orthographe du yorùbá est différente au Bénin mais rarement utilisée, car les intellectuels et les étudiants importent des livres du Nigéria et sont devenus plus familiers avec la norme nigériane – c'est un sujet qui porte à controverse dans les cercles académiques béninois. De plus, le nombre de locuteurs de yorùbá au Bénin qui savent le lire et l’écrire est très faible car il n'est pas du tout enseigné à l'école, ailleurs que dans programmes spécialisés pour les linguistes et dans de (rares) cours d'alphabétisation pour adultes. Enfin, les claviers béninois suivent le modèle des claviers français, mais ceci pourrait être facilement résolu en adaptant le modèle. Notre but est d’étendre notre public au béninois très bientôt en traduisant la plate-forme en français et, nous espérons, de répondre à leurs besoins technologiques de façon plus adéquate.

Bien que le clavier ait été à l'origine focalisé sur le yorùbá, il a ensuite été étendu à l’igbo, une autre importante langue nigériane. Laila explique :

When we started sharing the keyboard layout on social media and encouraging our community to use it, we received a number of requests from Igbo speakers to make a similar product for their language. It turns out that Igbo orthography is very similar to Yorùbá, in the sense that it also includes grave and acute accents as tone marks, as well as subdots. Since Igbo requires only a couple of extra characters (ị, ụ and ñ), it made sense to add them in the updated June 2016 release.

Quand nous avons commencé à partager le clavier sur les réseaux sociaux et à encourager notre communauté à l'utiliser, nous avons recu un certain nombre de requêtes de locuteurs d'igbo nous demandant de créer un produit similaire pour leur langue. Il s'avère que l'orthographe igbo est très similaire à celle du yorùbá, en ce qu'elle inclut aussi des accents grave et aigu comme marqueurs de tonalité, ainsi que des points. Comme l'igbo n'a besoin que de quelques caractères supplémentaires (ị, ụ and ñ), il était logique de les ajouter dans la mise à jour de juin 2016.

Le clavier aide les utilisateurs à passer de l'anglais au yorùbá et à l'igbo et existe pour les systemes d'exploitation Mac et Windows. Laila résume les caractéristiques qui le rendent unique :

The keyboard enables users to type English, Yorùbá and Igbo without switching language preference settings. The key combinations to type characters such as ṣ or á are easy to memorise which makes for a fast learning process. It's available for Mac and Windows and we're hoping to develop a Linux version and mobile solutions in the future. Also, it's free :)

Ce clavier permet aux utilisateurs de saisir de l'anglais, du yorùbá et de l'igbo sans avoir à changer les paramètres linguistiques. Les combinaisons nécessaires pour saisir des caractères comme ṣ ou á sont faciles à retenir, ce qui rend l'apprentissage rapide. Le clavier est disponible pour Mac et Windows et dans le futur, nous espérons développer une version pour Linux ainsi que des versions mobiles. Et il est gratuit :)

Dans un pays où la narration ethnique est souvent définie par la haine, un projet qui cherche à immortaliser les langues indigènes nigérianes avec des outils numériques fait chaud au coeur. Il est d'autant plus instructif que les langues sont les messagers de la culture et de tous les autres aspects de l'identité d'un peuple.

Quel sera le sort des enfants et des jeunes impliqués dans le conflit armé en Colombie ?

mercredi 28 septembre 2016 à 20:37
Captura de pantalla de video “Por Una Paz Con Oportunidades Para Los Jóvenes de Colombia” subido el 12 de abril de 2016, por parte de YouTube Joe Espinosa Marmolejo

Capture d'écran de la vidéo Youtube intitulée “Pour une paix qui donne des oppurtunités aux jeunes de Colombie” publiée le 12 avril 2016 par Joe Espinosa Marmolejo.

[Article publié dans sa version originale le 19 septembre 2016. Tous les liens de cet article sont en espagnol.]

Tout est prévu : la signature officielle de l'accord final de paix entre le gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) se fera à Carthagène [nord de la Colombie] le 26 septembre prochain. Cette signature sera la première étape pour mettre fin à un conflit armé qui dure depuis 52 ans. La seconde phase sera le 2 octobre, quand le dernier mot sera donné aux citoyens par les urnes : ils se prononceront sur l'accord de paix par référendum. Pour les Colombiens, ce processus est très important, notamment parce que l'avenir d'enfants et de jeunes est en jeu.

L'alinéa 6 du document de l'accord de paix final décrit la manière dont va se faire le contrôle et l'identification des victimes, le suivi et les mécanismes de mise en oeuvre des dédommagements, avec la “Commission de la mise en oeuvre, du suivi et du contrôle de l'accord final de paix et de la résolution des différents (CSVR)”. Le contrôle et le suivi servent à ce que que les personnes déplacées par le conflit puissent effectivement retourner sur leurs terres, être indemnisées, recevoir des aides, et bénéficier d'un accompagnement psychologique. Ce processus inclut les jeunes, petites filles et petits garçons. D'après le registre des victimes, le nombre de jeunes victimes s'élève à 4 007 136 personnes, incluant assassinats, personnes déplacées, personnes disparues.

Bien que la paix soit en bonne voie, il reste beaucoup de “blessures à vif”. Ceux qui se sont exilés n'ont pas encore pu revenir. Beaucoup refusent le pardon et la réconciliation, malgré les campagnes pédagogiques de sensibilisation, les activités, les discussions et les conférences organisées par les pouvoirs publics et le secteur privé. Un accompagnement est aussi fait dans les institutions éducatives et les administrations publiques, pour toucher des jeunes de différents parcours de vie – y compris ceux qui paraissent apathiques – même lorsque le conflit ne les touche pas directement, puisqu'il fait désormais partie de l'inconscient collectif.

Bien que difficile, la tâche suit sont cours, et se déroule selon ce qui est stipulé dans le document de l'accord final. La Présidence de la République a annoncé sur Twitter que l’UNICEF recevra les mineurs de moins de 15 ans qui sortiront des rangs des FARC dans des foyers transitoires, le temps qu'ils se réinsèrent dans la vie civile. Ainsi, le 10 septembre, 13 enfants (filles et garçons) ont été remis à l'UNICEF, ainsi que le prévoyait la mission du Comité International de la Croix Rouge (CICR).

COMMUNIQUÉ : Le 10 septembre, commencera le processus de retrait des mineurs des campements des FARC.

Les voix du conflit

Pour sa part, Leonard Rentería, un jeune leader du port de Buenaventura, dans le département de la Valle del Cauca, s'est exprimé avec courage lors d'une réunion programmée par l'ex-Président Álvaro Uribe Vélez (le principal opposant à ce processus). Il s'est dit favorable au référendum et à l'accord de paix, expliquant pourquoi il ne voulait plus continuer à vivre dans la guerre :

[…] El territorio de Buenaventura donde la guerra ha sido marcada, donde el paramilitarismo asesinó a 12 jóvenes del barrio en el 2005, masacres que venimos conmemorando a lo largo de 12 ó 20 años […]  Es importante que las comunidades no sigan sufriendo, que sigan siendo envenenadas por el odio. Yo pienso que si algo nos merecemos nosotros es empezar a caminar para construir la paz. Parte de Buenaventura no lo ha visto, porque paramilitares se encargaron de arrasar en lo urbano un sinnúmero de gente joven y de gente que nada tenía que ver sino que simplemente fue víctima de este sistema […]

¿Quiénes son los soldados de las Farc y del Ejército colombiano? Muchachos pobres, empobrecidos… porque los hijos de los ricos no van a la guerra, a la guerra vamos nosotros […] yo soy una víctima directa de la guerra, del conflicto armado, pero a pesar de eso, si yo tengo que darle la mano a los victimarios estoy dispuesto a hacerlo porque creo en el perdón”.

Le territoire de Buenaventura a été très marqué par la guerre. 12 jeunes du quartier ont été assassinés par les paramilitaires en 2005, des massacres que nous commémorons et continuerons à commémorer […] Il est important que les communautés arrêtent de souffrir, qu'elles ne soient plus empoisonnées par la haine. Je pense que s'il y a quelque chose que nous méritons, c'est bien de commencer à travailler pour construire a paix. Il y a toute une partie de Buenaventura qui est invisible, parce que les paramilitaires se sont chargés de vider la ville d'un nombre incalculable de jeunes et, plus largement, de personnes qui n'avaient rien à voir avec tout ça, si ce n'est le fait d'être victimes d'un système.

Qui sont les soldats des FARC et de l'armée colombienne ? Les gens pauvres ou appauvris… Parce que les enfants de riches ne vont pas faire la guerre ; à la guerre, c'est nous qui y sommes […] Je suis une victime directe de la guerre, du conflit armé, mais malgré tout, s'il me faut tendre la main aux bourreaux, je veux bien le faire, car je crois au pardon.

Mais il y a aussi d'autres jeunes qui, sans être des victimes directes, soutiennent le processus de paix. Par exemple, José Antequera Guzmán exprimait son optimisme sur son blog avant l'annonce de la fin de la guerre, en affirmant :

Cada solución de un problema implica un problema nuevo, dijo el activista Saul Alinsky. Teniendo las cosas claras, nadie nos puede negar que celebremos hoy por todo lo que nos ha costado este momento. Yo hoy, sobre todo, celebro que cada día estemos siendo más un solo país. Que Colombia cada día nos parezca menos ajena.

Toute solution à un problème implique la création d'un nouveau problème, disait le militant Saul Alinsky. Que les choses soient claires : personne ne peut nous empêcher de célébrer ce jour, car il nous en à coûté pour arriver jusque là. Aujourd'hui, je célèbre par-dessus tout le fait que, chaque jour, nous nous rapprochions de l'unité du pays. Chaque jour, la Colombie nous paraît moins lointaine.

Et dans sa dernière publication, il exprimait son inclinaison pour le “oui” au référendum :

Vote Si y comienza esta paz o prepárese para poner su cabeza y a la de sus hijos en la incertidumbre y en otras guerras!

Votez “Oui”, et commencez cette paix, ou préparez-vous à mettre votre vie et celle de vos enfants dans l'incertitude d'une nouvelle guerre !

L'appui international au processus

La Colombie n'est pas seule, et les étapes de l'après-conflit seront supervisées au niveau international par la CSVR ; elle pourra aussi compter sur l'aide de l'ONU, non seulement pour la partie politique de vérification des victimes, mais aussi sur le long terme avec des programmes de retour à la vie civile, comme le projet d'aide aux jeunes universitaires Manos a la paz [littéralement, “Mains à la paix”]  qui s'est créé à l'origine dans l'idée de l'après-conflit.

D'autres entités internationales continuent à travailler pour les générations futures, comme l'organisation internationale espagnole Ayuda en Acción [Aide en action] qui a réitéré son appui à l'après-conflit, en accompagnant la vie de jeunes mineurs de moins de 18 ans. L'organisation mentionne, par exemple, le danger que peuvent encore courir certains jeunes et mineurs des zones rurales :

Entre los hechos víctimizantes que más les afectan, se encuentran el reclutamiento, la orfandad a causa del conflicto armado, el desplazamiento forzado, la desaparición forzada, el secuestro, el ser víctimas de minas antipersona (MAP), municiones sin explotar (MUSE) o artefactos explosivos improvisados (AEI), los homicidios, las masacres, el confinamiento, la violencia sexual, y la vulneración de los derechos a la educación y a la salud entre otros.

Dans les faits qui les affectent le plus, on trouve le recrutement, le fait d'avoir été sacrifié à la cause de la lutte armée, le déplacement forcé, la disparition forcée, la séquestration, le fait d'être victime de mines antipersonnel, de munitions non explosées, ou de bombes artisanales, ainsi que les homicides, les massacres, le confinement, les violences sexuelles, les atteintes au droit à l'éducation et à la santé – entre autres.

Les jeunes seront désormais responsables de leur propre destin et auront la possibilité de décider d'un nouveau chemin, après plus de cinq décennies de guerre. Mais les mineurs ne peuvent pas voter. Leurs parents auront donc une responsabilité immense lors du référendum proche : celle de décider pour eux-mêmes et pour leurs enfants.

Documentaire : Les effets du changement climatique sur le mode de vie des Indiens du Xingu

mardi 27 septembre 2016 à 17:27

Article publié à l’origine sur le site de l’Instituto Socioambiental (Institut socio environnemental, ISA) reproduit ici avec leur accord.

Près de 6 500 Indiens de 16 tribus différentes vivent aujourd’hui dans le Parc Indigène du Xingu, situé dans l’état du Mato Grosso, au centre ouest du Brésil. Leur système traditionnel de gestion du territoire garantit la préservation de la forêt. Malgré tout, à proximité du Parc, la réalité est tout autre : 86 % des forêts se sont transformées en soja, en maïs et pâturages ces trente dernières années. Et les indigènes en ressentent les effets sur le climat, les animaux et l’agriculture.

Le documentaire « Où sont passées les hirondelles », écrit par Paulo Junqueira de l’ISA et réalisé et dirigé par Mari Corrêa de l’Institut Catitu, montre à quel point le quotidien des tribus du Parc Indigène du Xingu est bouleversé par les impacts du changement climatique, que ce soit sur leur alimentation, leurs systèmes spatio-temporels, leur culture ou leurs rituels.

Coproduit par l’ISA et l’Institut Catitu pour être diffusé durant la Conférence de Paris sur le Climat (COP 21), le film a été primé au Festival international du cinéma d’environnement des Îles Canaries et au Festival Entretodos de courts-métrages sur les droits de l’homme. Il est maintenant disponible sur internet.

Les cigales ne chantent plus. Les papillons et les hirondelles ont disparu.

Les signes sont nombreux. Les cigales ne chantent plus pour annoncer la pluie à venir. Les hirondelles qui venaient en bandes annoncer l’arrivée des pluies ont elles aussi disparu. Les papillons, dont l'apparition dans les villages annonçait la saison sèche, ont disparu. Avant, ça n’était pas comme ça, nous racontent les Indiens. La hausse des températures, le manque de pluies, la déforestation aux abords du Parc et la construction de barrages sont désignés comme les principales causes de ces changements. Le feu, autrefois réservé aux cultures, se propage aujourd’hui beaucoup plus facilement, touchant de grandes zones du Parc, obligeant ainsi les Indiens à se mobiliser et à adopter de nouvelles techniques et de nouveaux équipements pour le contrôler.

La chaleur intense tue aussi les arbres fruitiers et des aliments usuels du régime des tribus du Xingu sont en voie de disparition, comme certaines espèces de manioc et de pommes de terre. Même les pieds de Pequis, qui sont une source de nourriture et qui jouent un rôle fondamental dans le perçage rituel des oreilles des Waurás, sont attaqués par des parasites jusqu'alors inconnus des habitants du Xingu. Ils sont inquiets et pensent qu'à l'avenir ils vont souffrir de la faim car les cultures ne vont pas résister. Ils craignent que les générations futures ne deviennent dépendantes de la nourriture de l'homme blanc.