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Sur fond de scandales politiques, la Malaisie envisage d'obliger les sites internet d'information à demander une accréditation du gouvernement

dimanche 23 août 2015 à 18:34
Some of the participants during the #AtTheEdge campaign calling for a free and independent media in Malaysia. Photo from the Facebook page of Malaysians stand in solidarity with The Edge

Quelques participants à la campagne #AtTheEdge pour la liberté et l'indépendance des médias en Malaisie. Photo de la page Facebook de “Malaysians stand in solidarity with The Edge” (Malaisiens solidaires de The Edge)

Le nouveau Ministre de la Communication et du Multimedia malaisien propose un amendement sur les lois qui régissent l'internet dans le pays pour obliger les sites d'information à se faire accréditer par le gouvernement. Les groupes de défense des droits humains ont rapidement dénoncé cette proposition qui représente une menace pour la liberté d'expression.

Le Ministre Datuk Seri Dr Salleh Said Keruak souhaite en outre donner à la Commission Malaisienne de la Communication et du Multimedia (MCMC) le pouvoir de bloquer les sites soupçonnés de “menacer la sécurité et la stabilité nationales”. Il a cependant garanti publiquement que le gouvernement étudierait les systèmes mis en place dans les autres pays avant d'amender la loi en Malaisie, ce qui devrait se faire en octobre. Sur son blog, le Ministre écrit:

Nous voulons nous assurer que la Malaisie se conformera aux normes internationales. Cependant, même dans l'occident “libre” et “libéral” il y a des limites à ce que l'on peut dire et publier. C'est ce que doivent comprendre les malaisiens.

Le 17 août 2015, il a fait un compte-rendu, sur son blog, des rencontres entre le gouvernement et Facebook, Google et Twitter, au cours desquelles il a été question de la manière la plus efficace de contrer la publication de fausses informations sur les réseaux sociaux. Il demande instamment aux internautes d'être plus responsables. Il rappelle aux critiques que la liberté des médias n'est pas absolue:

L'environnement d'internet n'est pas une zone de non droit et toute action peut être menée contre quiconque viole la loi, même sur la sphère internet.

Ne perdez pas de vue que la publication d'informations sensibles ou non vérifiées peut provoquer une situation inappropriée susceptible de compromettre la sécurité publique.

Le Ministre fait sans doute référence à la récente suspension d'un quotidien (The Edge) et au blocage d'un site internet d'information (Sarawak Report) par le gouvernement, pour la prétendue publication d'informations non vérifiées. L'administration a accusé ces entreprises de presse de publier des documents inexacts sur le scandale de corruption qui lie le Premier Ministre à 1MDB, une entreprise publique d'investissements qui aurait perdu des milliards sur l'argent des contribuables.

D'autre part, le gouvernement a largement été critiqué pour avoir fait pression sur la presse pour tenter de réduire au silence les critiques portant sur le problème d'1MDB.

La proposition qui vise à demander aux sites d'information de s'enregistrer est considérée par certains comme la réponse du gouvernement à la montée du scandale sur les problèmes de corruption.

Media freedom advocates are urging the prime minister to remember his commitment to keep Internet free from censorship. Photo from the Facebook page of Malaysians stand in solidarity with The Edge

Les défenseurs de la liberté des médias demandent au premier ministre de respecter son engagement de préserver l'internet de la censure. Photo de la page Facebook de “Malaysians stand in solidarity with The Edge” (Malaisiens solidaires de The Edge)

Khairie Hisyam fait remarquer, sur Malay Mail Online, qu'il existe des lois qui régissent les préoccupations du Ministre sur la diffamation et la fausse information.

Nous avons déjà des lois tout à fait appropriées pour empêcher les récits malveillants et autres méfaits sur les portails d'information du net. Alors pourquoi brusquement faudrait-il une accréditation pour les portails d'information sur internet? Cela n'a aucun sens.

Il met en garde sur l'accréditation des sites d'information en ligne qui risque de réduire la liberté d'expression  en augmentant les charges administratives qui pèsent sur les journaux (comme les demandes d'accréditation aux services gouvernementaux), démarches difficiles à absorber par les groupes de presse les moins développés.

Le pouvoir donné au ministre de révoquer une licence à tout moment est une épée de Damoclès qui pèse sur les éditeurs accrédités. Ils ont constamment à l'esprit que ce pouvoir peut, sans préavis, devenir un outil politique pour réduire au silence un article dissident ou défavorable au gouvernement.

Si les portails d'information en ligne sont soumis à ces restrictions, cela aura pour effet d'étendre l'auto-censure qui existe dans la presse écrite aux médias en ligne et de limiter les reportages.

L'activiste Anil Nett soutient que l'accréditation des sites d'information est inutile:

Les portails d'information sur le net dépendent déjà de société et de gérants accrédités et leurs journalistes sont déjà détenteurs de cartes de presse officielles.

De plus, les autorités disposent déjà de toute une série de lois draconiennes qu'ils peuvent utiliser -et qu'ils ont déjà utilisé- contre les journalistes.

Lors d'un entretien, le Ministre clarifie sa position sur sa proposition qui, selon lui, est liée au besoin de lutter contre la pornographie, les jeux en ligne et la menace d'ISIS. Des groupes de défense des journalistes tels que l'Association pour une Communication Progressiste ou le Persatuan Kesedaran Komuniti Selangor rétorquent que cet amendement intervient à un moment où les autorités tentent de limiter les reportages sur les médias:

… il faut tenir compte de l'environnement politique actuel en Malaisie, où la liberté d'expression, les réunions et associations pacifiques sont menacés. Il est peu probable que les intentions de cet amendement ne soient pas d'empêcher la critique et d'encadrer le peu qui reste de la liberté de la presse.

Le 8 août dernier, des centaines de journalistes se sont rassemblés par solidarité avec les groupes médiatiques menacés. Une manifestation plus importante est prévue le 29 août organisée par différents groupes pour demander des comptes au gouvernement.

“Vous puez !” : les manifestants demandent la démission du gouvernement libanais

dimanche 23 août 2015 à 16:15
Thousands of Lebanese protestors chanting "You Stink" outside parliament. Photo credit: @joeyayoub

Des milliers de manifestants scandent “Vous puez” devant le Parlement Photo : @joeyayoub

“Vous puez !”. En deux mots, voici le message que les manifestants libanais ont exprimé devant le parlement dans la capitale, Beyrouth, hier samedi 22 aout. Le mouvement avait débuté comme une manifestation à propos des ordures non ramassées dans la ville. Désormais, la puanteur menace le gouvernement. Les manifestants, hier, se sont installés devant le parlement et veulent y rester jusqu'à ce que leurs demandes soient satisfaites. .

Que s'est-il passé ?

Des milliers de personnes se sont réunies hier à Riad El Solh à Beyrouth pour demander  “une solution durable au problème du ramassage des ordures au Liban.”

Nous sommes plus de 10 000.

La manifestation a dégénéré en accrochages avec les forces de sécurité et s'est achevée par un sit-in devant le parlement, les manifestants refusant de quitter les lieux avant que leurs revendications soient satisfaites.

Le Liban, déjà frappé par un déficit d'infrastructures et des coupures d'électricité quotidiennes, n'a plus de président depuis plus d'un an. En 2009, son parlement a prolongé son propre mandat jusqu'en 2017, sans élections, en justifiant cette décision par l'instabilité politique. Hier samedi, les manifestants ont demandé que cela change aussi. Il ne s'agit plus seulement du problème de la collecte des ordures.

Une solution au problème des ordures 

Sur le blog Hummus for Thought,  Joey Ayoub, qui est également un auteur de Global Voices et un activiste libanais vivant au Liban, explique:

Nous voulons une solution soutenable au problème des déchets au Liban. Notre système actuel est catastrophique, et ces dernières semaines ont illustré cet échec. Des solutions très simples peuvent être mises en place, et il est très dangereux de ne pas le faire. Le gouvernement est déjà en relation avec des experts de l'environnement qui nous ont contactés spontanément. Mais pour qu'ils soient entendus, nous devons maintenir la pression.

Actuellement, l'amoncellement de nos ordures n'est pas traité comme il le faudrait, c'est le moins que l'on puisse dire. Ce qui signifie que nous respirons des cochonneries, que nous buvons des cochonneries, que nous mangeons des cochonneries. Quand les pluies arriveront, les déchets se déverseront dans la mer. Nos forêts et nos réserves naturelles sont déjà très gravement polluées. Si nous n'agissons pas, nous ferons face à un problème de santé publique plus grave encore que nous pouvons l'imaginer. C'est très grave .

L'appel à manifester hier a attiré un nombre très important de participants pour le Liban : il s'agit de la manifestation la plus importante à ce jour d'une série qui a débuté et s'est propagée depuis que le mouvement Tol3et Re7atkom (Vous puez), réclame une solution au problème des ordures non ramassées. Le 17 juillet dernier, la plus grande décharge à ordures du Liban a été fermée. Les ordures ont commencé à s'amonceler dans toutes les rues de Beyrouth. Les autorités ont mal  géré la crise. Les ordures et la chaleur estivale font rarement bon ménage. Les sacs d'ordures ont continué à s'empiler et la puanteur a empoisonné l'atmosphère.

Visitez aussi notre page de collecte et vérification collective d'informations Global Voices Checkdesk

Environ 10 000 personnes ont participé hier à la manifestation. Voici quelles étaient leurs revendications :

1. La démission immédiate de Mohammad Machnouk, Ministre de l'Environnement. Même s'il ne porte pas toutes les responsabilités, il est le premier responsable en tant que ministre de l'environnement, et en particulier de la décision dangereuse de dissimuler les ordures.
2. Des appels d'offres transparents pour des solutions conformes à la protection de l'environnement, sûres, et soutenables, qui respectent davantage la santé du citoyen que les poches et les intérêts des politiciens. Nous refusons d'avoir six Sukleens (nom de la compagnie chargée de la collecte des ordures au Liban) au lieu d'un ! [ ndlr : Sukleen est considéré comme faisant partie du problème, avoir six mini-Sukleens ne ferait donc qu'empirer le problème.]
3. Transparence et enquête sur les responsabilités de tous ceux qui ont joué un rôle dans la crise actuelle ou ont dilapidé l'argent public, en obligeant le procureur des finances publiques à publier les conclusions des enquêtes. Nous appelons aussi à manifester samedi (22 aout) devant le parlement, une institution dont le mandat est de protéger la vie et les droits des citoyens.

‘Plus de flics que de manifestants” 

Le bâtiment du parlement était protégé par “plus de flics que de manifestants’, il était donc assez inévitable que des heurts aient lieu après les tirs contre les manifestants aux canons à eau, aux gaz lacrymogènes et même à balles réelles. Joey Ayoub se trouvait dans la manifestation. En voici les étapes en quelques tweets :

Il y a plus de sécurité que si Israël et Assad envahissaient le Liban en même temps. Est-ce que nous sommes à ce point terrifiants ?

J'ai vu des services d'ordre moins important pour des menaces du groupe ISIS. La manifestation à 18h.

5-6 flics par volontaire C'est ça l'Etat libanais. La manifestation à 18 heures

C'est seulement une brigade. Il y a facilement plus de 200 flics

“ILS TIRENT A BALLES REELLES”

Bientôt, une confrontation directe avec la police a eu lieu. Toujours selon les tweets de Joey Ayoub :

Nous recevons des gaz lacrymogènes. Ils tabassent de vieilles femmes et des enfants. Une vieille dame a perdu connaissance. AU SECOURS.

Ensuite, des tirs à balles réelles ont eu lieu :

Des balles que nous avons trouvées par terre

ILS TIRENT A BALLES RÉELLES contre les manifestants

Armée/ Sécurité générale tirent maintenant à balles réelles près de Gemmayzeh.

On entend des tirs d'armes à feu tout autour de nous à Gemmayzeh. Vous tous, RESTEZ CHEZ VOUS S'IL VOUS PLAIT

Ils nous tirent toujours dessus

Sit-in devant le parlement 

Débordées par la colère des manifestants et renonçant à une nouvelle escalade de la répression, les forces de sécurité ont battu en retraite et cédé le terrain aux manifestants, qui ont décidé d'organiser un sit-in. Joey Ayoub relate :

Nous annonçons un sit-in permanent jusqu'à la démission de ce parlement criminel et jusqu'à de nouvelles élections parlementaires.

Nous sommes environ 10 000 personnes dans Riad El Solh ce soir.

“Un succès”

Pour Mohamed Najem, la manifestation a été un succès. Il tweete :

Aujourd'hui a été un succès. Il ne s'agit plus seulement des ordures. Comment pouvons-nous transformer ce succès politique et faire un pas de plus pour le Liban que nous voulons?

.
Il poursuit :

Les revendications des manifestants : 1) Démission immédiate du gouvernement 2) élections avec de nouvelles lois pour introduire la proportionnelle.

‘Nous n'oublierons pas, nous ne pardonnerons pas’

Pour certains, ce qui s'est passé hier à Beyrouth ne sera ni oublié ni pardonné.

Ce qui s'est passé aujourd'hui est impardonnable. Nous n'oublierons jamais et ne pardonnerons jamais. Nous continuerons jusqu'à ce que nos exigences soient satisfaites

D'avantage d'informations via ces différents liens:

Hummus for Thought

Twitter

Facebook

Bolivie : Entrez et allaitez votre bébé

dimanche 23 août 2015 à 04:37

❤️ a las mamás!!#redmonkeypatio #téorgánico

Posted by Red Monkey on Thursday, August 13, 2015

Ici on aime les mamans !!

Depuis le mur Facebook de Red Monkey, restaurant végétarien et vegan de La Paz, en Bolivie, la photo d’une offre réservée aux mères qui allaitent a été partagée, et l’initiative saluée.

Bien qu’il ne soit pas mal vu d’allaiter en public en Bolivie, et que la Bolivie soit de fait, selon des données du Ministère bolivien de la Santé, le deuxième pays avec le meilleur taux d’allaitement maternel exclusif, cela ne signifie pas pour autant que l’allaitement soit encouragé ou protégé dans l’espace public (dans des restaurants et autres lieux qui ne soient pas la rue). C’est pour cette raison que l’initiative de cette entreprise de commerce de bouche du quartier de San Miguel a autant attiré l’attention.

Ce médecin a écrit des milliers de cartes postales pour conseiller les pauvres

samedi 22 août 2015 à 15:09
Dr. Aaraveeti Ramayogaiah, a government doctor in the Indian state of Andhra Pradesh, says he wrote 27 thousand postcards about preventive medicine during his career. Credit: Rahul M

Le Dr. Aaraveeti Ramayogaiah, médecin du secteur public dan l'Etat de l'Andhra Pradesh, dit avoir envoyé 27 milles cartes postales de médecine préventive au cours de sa carrière Credit: Rahul M

Cet article et le reportage audio de Daniel Gross pour The World ont d'abord été publiés  sur PRI.org le 19 aout 2015, et est republié ici dans le cadre d'un accord de partage de contenus. `

Les hôpitaux ultra modernes sont maintenant courants dans les grandes villes indiennes. Mais ils sont aussi chers, hors de portée des pauvres.

Un médecin indien a adopté depuis longtemps une approche très low tech pour dispenser des conseils de prévention : écrire des cartes postales.

Au cours de sa carrière, le Dr. Aaraveeti Ramayogaiah a écrit environ 27000 cartes postales à ses patients et à des connaissances. La plupart sont des conseils de prévention, comme se laver les mains et bouillir l'eau. Les cartes postales voulaient aider des milliers de personnes qui ne pouvaient pas se permettre de consulter ou qui n'avaient pas de médecins à proximité.

Dans un interview avec le journaliste indien Rahul M, le Dr. Ramayogaiah précise qu'il vient d'une famille pauvre et qu'il est devenu médecin du gouvernement à 27 ans.

“Il a commencé à voir que la santé en Inde était un secteur guidé par la recherche du profit, et largement lié aux laboratoires pharmaceutiques” raconte Rahul.

Les couts élevés des soins ont poussé M. Ramayogaiah à adopter une stratégie différente. Il a collecté les adresses postales de milliers de patients, ou même d'inconnus. Dans ces cartes postales, il expliquait que certaines pathologies, comme la diarrhée, pouvaient être évitées sans traitement médical.

Il soutenait que dans les communes rurales où les docteurs sont rares et difficiles à joindre, les habitants devaient plutôt améliorer les conditions d'hygiène et l'environnement.

Ses campagnes à base de cartes postales et ses textes ont attiré l'attention des médias indiens. Mais il dit au journaliste qu'il n'est pas pris au sérieux dans certains milieux, en raison de son opposition rigide aux hôpitaux privés et chers.

A postcard addressed to the journalist Rahul M. Credit: Rahul M

A postcard addressed to the journalist Rahul M. Credit: Rahul M

Récemment, l'opposition de Ramayogaiah à la privatisation de la santé est devenue très personnelle. “Il a un cancer en ce moment” explique Rahul. Une tumeur au cerveau le rend incapable de quitter son lit.

Malgré son état de santé, Ramayogaiah reste opposé aux hôpitaux à but lucratif.  “Il ne veut pas aller dans un bon hôpital pour se soigner” dit Rahul.

“Il s'est battu toute sa vie contre la privatisation de la santé, qui est aussi le seul recours pour prolonger un peu sa vie. Dans un certain sens, pour lui, les principes sont plus importants que la vie.”

Un chef de la police du Bangladesh aux blogueurs menacés : “Ne dépassez pas les bornes”

samedi 22 août 2015 à 11:22
Activists march in a torch-light vigil demanding immediate arrest and exemplary punishment to the killers of secular blogger Niloy Neel.  Dhaka, Bangladesh. Image by Khurshed Alam Rinku. Copyright Demotix (8/8/2015)

Des activistes manifestent par une veillée à la torche demandant l'arrestation immédiate et une sanction exemplaire contre les assassins du blogueur libre penseur Niloy Neel. Dacca, Bangladesh. Photo de Khurshed Alam Rinku. Copyright Demotix (8/8/2015)

Tous les liens associés renvoient à des pages en anglais, sauf mention contraire.

Depuis l'assassinat du blogueur libre penseur [fr] Niloy Neel les autorités policières du Bangladesh n'ont fait aucun progrès significatif dans l'enquête sur ce meurtre. Neel a été  attaqué et assassiné par un groupe de cinq hommes qui était entré par effraction dans son appartement à Dacca, la capitale du pays, le 7 août 2015.

En état de choc depuis l'assassinat de Niloy – le quatrième meurtre d'un blogueur laïc au Bangladesh en 2015 –, de nombreux blogueurs ont arrêté d'écrire et certains se sont même cachés. Quelques uns des blogueurs les plus actifs du pays craignent maintenant d'être emprisonnés ou d'être assassinés. D'autres ont quitté le pays.

Les noms des blogueurs menacés apparaissent sur une liste de 84 personnes qui a été remise à un comité spécial du gouvernement en 2013 par un groupe de religieux musulmans conservateurs qui a accusé les blogueurs d'”athéisme” et d'écrire contre l'Islam. Depuis, onze personnes citées dans la liste ont été assassinées.

Après la mort de Niloy, les menaces se sont étendues au-delà de la communauté des blogueurs. Ainsi, le propriétaire d'une maison d'édition qui a publié de nombreux livres du blogueur Avijit Roy, qui a été assassiné en public en février 2015, est aujourd'hui en danger, les activistes fondamentalistes l'ayant identifié comme étant un “promoteur de l'idéologie athéisme”.

Le jour suivant le meurtre de Niloy, la Première Ministre du Bangladesh Sheikh Hasina a décrit les assassins de Niloy comme une “tache pour l'Islam”. Elle a déclaré lors d'un rassemblement le 8 août :

Islam is a religion of peace. Those who want to taint it cannot have true faith in it. How dare they call themselves Muslims? [..]

And now they are murdering bloggers for writing against the religion. Who benefits from this gory mayhem? Which religion they claim to have been protecting?

L'Islam est une religion de paix. Ceux qui veulent le salir ne peuvent pas avoir la vraie foi. Comment peuvent-ils se prétendre musulmans? […]

Et maintenant, ils assassinent les blogueurs qui écrivent contre la religion. Qui bénéficie de ce carnage sanglant? Quelle religion prétendent-ils protéger?

Elle a ajouté:

We cannot let this happen in Bangladesh. The people of this country are peace-loving.

Nous ne pouvons pas laisser cela se produire au Bangladesh. Le peuple de ce pays aime la paix.

En réponse, le blogueur Haseeb a écrit dans Sachalayatan [bn] que d'après lui, les mots de la Première Ministre sonnent creux :

সরকার ব্লগারদের মতপ্রকাশের স্বাধীনতা বিষয়ে যতোটা না চিন্তিত, তার থেকে চিন্তিত তাদের ধার্মিক ইমেজ যাতে ক্ষতিগ্রস্থ না হয় সেটা নিয়ে। সরকার ধর্মীয় রাজনীতি তো বটেই, সেই ধর্মীয় রাজনীতি যারা করে তাদের আদর আপ‍্যায়নেই আন্তরিকতা দেখিয়েছে। আর ব্লগারদের মুখ বন্ধ করতে চালু করেছে ৫৭ধারার মতো কালো আইন।

Le gouvernement est moins soucieux de la liberté d'expression des blogueurs que de l'atteinte portée à leur image auprès des religieux. Le gouvernement applique une politique religieuse et de la sorte, il soutient ceux qui appliquent cette politique religieuse. Ainsi la section 57 [de l'ICT Act] [fr] permet de bloquer la liberté d'expression des blogueurs…

La section 57 de l'ICT Act du Bangladesh criminalise “la publication sous une forme électronique d'informations erronées, obscènes ou diffamatoires”.

Haseeb a aussi cité une récente publication de presse [fr] de la Ligue Awami Ulema, un groupe islamique conservateur, qui déclare soutenir la coalition gouvernementale du Bangladesh:

নাস্তিক হত্যাকারীদের বিরুদ্ধে ব্যবস্থা নেয়া মানে এই নয় যে, মিডিয়া ইসলাম বিদ্বেষী নাস্তিকদের হাইলাইট করবে। সুতরাং এসব নাস্তিক ব্লগার কর্তৃক বিভিন্ন ব্লগ, ওয়েবসাইট, স্যোসাল মিডিয়ায় কুরুচিপূর্ণ নাস্তিক্যবাদী লেখা বন্ধে ধর্ম অবমাননার জন্য মৃত্যুদন্ডের আইন প্রণয়ন করতে হবে। [..]

এদেশকে নাস্তিক্যবাদী দেশ বানাতে ইসলাম বিরোধী শিক্ষনীতি তৈরী করা হয়েছে। কুরআন-সুন্নাহ বিরোধী বক্তব্য যুক্ত ও ষড়যন্ত্রমূলক পাঠ্যপুস্তক অবিলম্বে বাজেয়াপ্ত করতে হবে। সাথে সাথে ইসলাম বিরোধী প্রচলিত শিক্ষানীতি বাতিল করতে হবে। ৯৮ ভাগ মুসলমানের এদেশের শিক্ষানীতি সম্পূর্ণ ইসলামিক করতে হবে।

La prise de mesures contre les assassins des athéistes ne doit pas permettre aux média de mettre en avant les athéistes opposés à l'Islam. Par conséquent, tous ces blogs, sites web, et autres comptes de réseaux sociaux tenus par des blogueurs athéistes et contenant des écrits athéistes devraient être fermés pour atteinte à la religion et les auteurs condamnés à la peine de mort. […]

Une politique d'éducation a été mise en place dans ce pays pour le transformer en un pays athéiste opposé à l'Islam. Les ouvrages contenant des propos opposés au Coran et à la Sunnah devraient être interdits. L'éducation anti-Islam devrait être immédiatement arrêtée. Dans ce pays à 98% musulman, l'éducation devrait être entièrement islamique.

Haseeb écrit de plus:

যে মুহুর্তে ক্ষমতাসীন আওয়ামী লীগের সহযোগি একটি দল এই সমস্ত অশ্লীল দাবিনামা ঢাকা শহরের রাস্তায় মাইকে উগরাচ্ছে তখন শেখ হাসিনা শীতাতপ নিয়ন্ত্রিত কনফারেন্স রুমে দাবি করছেন ধর্ম নিয়ে রাজনীতি করতে দেয়া হবে না। দুঃখিত মাননীয় প্রধানমন্ত্রী। এভাবে হবে না। ক্ষমতাসীন আওয়ামী লীগ সরকারের এধরণের অবস্থান সাংঘর্ষিক।

Au moment où un parti associé à la Ligue Awami au pouvoir peut faire de telles déclarations dans les rues de la ville de Dacca au moyen de hauts-parleurs, Sheikh Hasina déclare, dans une salle de conférence et en privé, qu'il ne sera pas permis de faire de la politique avec la religion. Désolé, Madame la Premier Ministre. Cela ne se passera pas ainsi. Ce sont ce genre de contradictions qui se produisent sous le gouvernement de la Ligue Awami au pouvoir.

Le Directeur des Actualités d'Ekattor TV Syed Ishtiak Reza [fr] demande:

ধর্মান্ধতা আজ আমাদের দেশের শান্তি বিঘ্নিত করছে। সেখানে ক্ষমতাসীন দলের সাথে সম্পর্কযুক্ত কোনও সংগঠন এমন বক্তব্য দিলেতো বলতে হবে, বিপদ দরজায়।

Le fondamentalisme perturbe aujourd'hui la tranquillité de notre pays. Lorsqu'un parti proche du parti au pouvoir tient de tels propos, il faut le dire, le danger est à notre porte.

Cependant, lors d'un entretien, le secrétaire général conjoint de la Ligue Awami Mahbub-ul-Alam Hanif déclare:

Awami League does not have any wing or associate group by the name of Ulema League. They have no political link with the party.

La Ligue Awami ne possède aucune branche ni aucun groupe associé du nom de la la Ligue Ulema. Ils n'ont aucun lien politique.

Hanif presse les citoyens à ne pas confondre la Ligue Awami Ulema avec la Ligue Awami, le parti politique gouvernant actuellement le Bangladesh. D'après des communiqués, des personnes derrière la Ligue Awami Ulema déclarent que la Première Ministre Sheikh Hasina est leur dirigeante, bien que leur idéologie et leurs principes soient différents de ceux du parti au pouvoir de la Ligue Awami. On ignore si la Ligue Awami a une affiliation avec la Ligue Awami Ulema mais aucun des dirigeants du parti au pouvoir n'a condamné leurs propos.

Dimanche, le Commissaire de Police AKM Shahidul Hoque a ajouté de l'huile sur le feu en déclarant:

Free-thinkers and bloggers should not cross the limit of tolerance while expressing their views on religion. If any person is hurt by any writing, s/he may take legal action. They can file a case with the police. Everyone should obey the law.

Les libres penseurs et les blogueurs ne doivent pas dépasser les limites de la tolérance lorsqu'ils expriment leurs points de vue sur la religion. Si une personne est heurtée par un écrit, elle peut entamer une procédure judiciaire et déposer plainte auprès de la police. Tout le monde doit obéir aux lois.

Il a ajouté que la sanction maximale pour un tel crime est une peine d'emprisonnement de 14 ans.

Mr. Monirul Islam [bn], un autre haut gradé de la police, dit:

যারা ব্লগারদের হত্যার সঙ্গে জড়িত এবং যারা হযরত মুহাম্মদ (সা.), ধর্ম ও কোরআন নিয়ে যুক্তিহীনভাবে আঘাত করে ব্লগে লেখে তাদের সকলকে আইনের আওতায় আনা হবে। কারণ যারা যুক্তিহীনভাবে ধর্ম নিয়ে ব্লগে লেখে তারাও উগ্রবাদী।

Les personnes impliquées dans l'assassinat des blogueurs et ceux qui s'en prennent sans fondements au prophète Mahomet, à la religion et au Coran devront tous se soumettre aux lois. Car ceux qui écrivent dans des blogs contre la religion et sans fondements sont aussi des extrémistes.

Ces commentaires ont provoqué un tollé chez les citoyens qui ont utilisé les média sociaux pour exprimer leur indignation. L'activiste expatrié Rayhan Rashid a tweeté:

Voici notre Inspecteur Général. Son message aux blogueurs qui sont “toujours vivants”: “NE DEPASSEZ PAS LES LIMITES”!

 
Le journaliste renommé Toufique Khalidi a tweeté:

Un officier de police est-il à même de juger ou de décider où poser les limites dans ce cas?
Une pétition en ligne lancée par un groupe inconnu demande la démission du chef de police.

Le blog Muktangon a publié un commentaire [bn] critiquant la réponse de la police suite au meurtre et disant que la police ne devrait pas discuter sur les blogueurs qui heurtent les sentiments religieux dans une tentative de distraire les citoyens de leur échec à assurer la sécurité publique. Muktangon a aussi noté que ces blogueurs sont bien au courant des lois sur la liberté d'expression dans leur pays:

এ কথা সঠিক নয় যে, মানুষের ধর্মীয় অনুভূতিতে ব্লগাররা ঢালাওভাবে আঘাত করে যাচ্ছেন। কোনো কোনো ব্লগার তাঁদের মুক্তচিন্তা চর্চার অংশ হিসেবে কখনো কখনো হয়তো ধর্মের (সেটা সব ধর্মের ক্ষেত্রেই প্রযোজ্য) কোনো কোনো বিষয় নিয়ে কথা বলে থাকেন, কিন্তু তা তাঁরা নির্দিষ্ট স্থানে এবং সামগ্রিক আলোচনার ধারাবাহিক অংশ হিসেবেই করে থাকেন। প্রকাশ্যে জনসমক্ষে হট্টগোল তুলে তাঁরা কিছুই করেন না, যার ফলে মানুষ উত্ত্যক্ত বোধ করবে কিংবা আহত ও ক্রুদ্ধ হবে।

মতপ্রকাশের স্বাধীনতার মূল কথাই হল অপ্রিয় মতামত অপ্রিয় ভঙ্গিতে প্রকাশেরও পূর্ণ স্বাধীনতা, যতক্ষণ না তা কোনো সুষ্পষ্টভাবে সংজ্ঞায়িত নিরপেক্ষভাবে বিচারযোগ্য প্রচলিত আইনের কোনো বিধানের নিষেধের মধ্যে না পড়ে। তাই, যারা তাদের রাজনৈতিক বা অন্য কোনো হীন উদ্দেশ্যে ব্লগারদের উম্মুক্ত আলোচনা ও বক্তব্যকে খণ্ডিতভাবে যেখানে-সেখানে উপস্থাপনের মাধ্যমে বিভ্রান্তিকর পরিস্থিতির সৃষ্টি করে, উত্তেজনা সৃষ্টির চেষ্টা করে – সরকার ও আইনশৃঙ্খলা রক্ষাকারী বাহিনীর বরং উচিত তাদের বিরুদ্ধে আইনগত ব্যবস্থা নেয়া।

Il n'est pas vrai que les blogueurs portent gravement atteinte aux sentiments religieux des personnes. Dans le cadre de leur liberté d'expression, certains des blogueurs peuvent de temps en temps écrire des commentaires sur la religion (cela concerne toutes les religions) ou d'autres fois en discuter dans un écrit concernant un autre sujet, mais ils le font dans un contexte précis et dans le cadre d'une discussion globale générale. Ils ne visent pas publiquement et directement les gens et ne souhaitent donc pas par conséquent les heurter ou les blesser.

L'élément principal de la liberté d'expression est justement de pouvoir exprimer des opinions différentes d'une manière différente qui ne sera pas appréciée de tous. La liberté d'expression doit être totale tant qu'elle reste fondée et critique et qu'elle n'enfreint pas la législation courante ou ne tombe sous aucune interdiction. Par conséquent, le gouvernement et les forces de l'ordre devraient plutôt prendre des mesures contre tous ceux qui créent des situations de controverse et d'agitation publique en utilisant,  n'importe comment et tirés hors de leur contexte, des éléments spécifiques dans les propos des blogueurs pour des fins politiques ou pour toute raison censée leur nuire.