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Chine : L'Armée rouge en ligne traque les étudiants

mercredi 27 mars 2013 à 11:58

[Les liens de ce billet renvoient vers des pages web en chinois.]

Dans la province du Guangdong au sud de la Chine, le gouvernement local a honoré l'Université de Baiyun pour son « excellent travail » dans le contrôle des activités en ligne et des opinions publiées sur le Web par les étudiants, rapporte le Nandu Daily.

Surnommée « l'Armée rouge en ligne » et dirigée par neuf enseignants et six étudiants, l'équipe de « Contrôle de l’utilisation d'Internet et des informations partagées sur les réseaux sociaux par les étudiants » de l'Université de Baiyun a été créée en 2010 pour surveiller les conversations des étudiants et pour contrôler la diffusion d'opinions négatives en ligne. Son travail quotidien consiste à contrôler les sites de discussion en ligne, à suivre les microblogs et à surveiller les forums. Les étudiants qui ont été engagés travaillent 1,5 h par jour et sont payés 200 RMB (25 € ou 32 $) par mois.

Internet in China by Karen Roach via Shutterstock

L'Internet en Chine par Karen Roach via Shutterstock

La nouvelle a immédiatement soulevé l'indignation ; ils sont nombreux à penser que l'université viole la vie privée des étudiants et ont demandé un arrêt immédiat de ce système. Cependant, de nombreux commentaires ont été effacés sur le microblog chinois Sina Weibo et les allusions à « armée rouge en ligne » ont été rapidement censurées. Le 20 mars, Sina news publiait ce commentaire :

根据法律,作为高校是无权监控学生(公民)网络信息的,无论出于多么冠冕堂皇的理由,监控学生的网络信息是涉嫌违法的行为,学生有权提出控告。但是,令人遗憾和担忧的是,白云学院的这种监控行为,不但没有受到有关方面的制止,而且他们的这种“白云红军——网络舆情周报制度”还被评选为“高校学生事务管理精品项目”,受到广东省高校学生工作专业委员会的表彰,大有推而广之之势。

Selon la loi, les universités n'ont pas le droit de contrôler les informations publiées en ligne par les étudiants (citoyens). Quelle que soit l'excuse qu'ils pourraient avoir, c'est contraire à la loi. Les étudiants peuvent poursuivre l'université en justice. Cependant, ce qui est dommage et préoccupant c'est que non seulement l'Université de Baiyun ne sera pas inquiétée pour un tel agissement, mais qu'en plus « l'armée rouge de Baiyun », le système de contrôle en ligne, a été sélectionné comme un exemple de réussite de « Projet de gestion universitaire des affaires étudiantes » et qu’elle est saluée et soutenue par le Comité des affaires étudiantes universitaires de Guangdong.

L'avocat Song Jian a commenté sur Sina Weibo :

@宋健律师:一切思想控制都是反人性的,一切培养精神奴隶的学校都是垃圾!

Le contrôle de la pensée est contre la nature humaine. Toutes les universités qui essaient de faire de leurs étudiants des esclaves spirituels sont des ordures.

止于至善_风飘絮“, étudiant de Guangdong, a demandé à l'Université de Baiyun de fournir des informations concernant les fondements juridique et les fonds alloués à ce système :

权利的侵蚀无所不在,言论自由是每个人都要随时随地寸土必争绝不退让的——龙应台。请公开 –军—-红—–络—–网—–的 法律依据 以及经费等!

[Une citation d'un écrivain taïwanais] Long Yingtai : Les droits sont partout érodés. Tout le monde doit se battre pour la liberté d'expression et ne jamais la sacrifier, nulle part. S'il vous plaît, rendez publics les fondements juridiques et le financement de l'armée rouge.

Se référant à La vie des autres [Das Leben der Anderen - titre original allemand], un film consacré au contrôle de Berlin Est en 1984 par les agents de la Stasi, une personnalité en ligne “薛蛮子” a écrit « Sommes-nous en 1984 à l'Université de Baiyun ? ».

耸人听闻的“网络红军”,每天监控着学生的微博、贴吧、QQ群。白云学院管理层在担心什么?谁来保护学生的隐私?监控的背后会不会打击那些发牢骚的学生?当思想政治立场坚定的学生被雇佣来监督自己的同学,离《窃听风暴》还有多远?

L'effrayante « Armée rouge en ligne » surveille les microblogs des étudiants, les forums en ligne et les groupes QQ [système de messagerie instantanée]. Que craint l'administration de l'Université de Baiyun ? Qui protègera la vie privée des étudiants ? Avec le système de contrôle, voudraient-ils punir les étudiants qui se plaignent ? Quand des étudiants avec une ferme position politique sont engagés pour surveiller leurs propres camarades de cours, sommes-nous loin de ce qui se passe dans le film La vie des autres ?

En réponse à l'indignation provoquée sur la toile, l'Université de Baiyun a republié un article tiré du Legal Daily du 20 mars, intitulé « Pour nettoyer Internet, nous avons besoin de l'Armée rouge en ligne ». Elle conclut :

白云学院组成“网络红军”的做法,为社会主义精神文明建设做出了有益的探索和突出的贡献。其他学校、工厂、机关等难道不应该好好借鉴和学习吗?

« L'Armée rouge en ligne » de l'Université de Baiyun a apporté une contribution remarquable à la construction d'une civilisation spirituelle socialiste. Les autres écoles, usines et organisations ne devraient-elles pas en tirer une leçon ?

Il semble que l'armée rouge n’est pas prête de disparaître.

L'innovation en Afrique récompensée lors du concours Apps4Africa

mercredi 27 mars 2013 à 11:09

Le projet nigérien Prowork est l'un des trois lauréats de l'édition 2012 du Apps4Africa Business Challenge, un programme de financement de projets innovateurs, de start-ups et d'entreprises en Afrique.

Prowork est un outil de gestion de projet et de collaboration en temps réel s'adressant aux entreprises et visant à permettre à ces dernières de travailler plus aisément en équipe au moyen de plateformes mobiles (téléphones compatibles Blackberry, Android et Java), Web et d'API. Quelques instants après avoir remporté le prix Apps4Africa, Francis Onwumere (FO), co-fondateur de la société, a partagé avec nous ses réflexions sur Prowork, l'innovation technique en Afrique ainsi que sur les moyens les plus adéquats de faire face au manque d'infrastructures au Nigéria.

Nwachukwu Egbunike (NE) : Vous êtes l'un des trois lauréats du concours Apps4Africa. Dans quel état d'esprit vous trouvez-vous ?

FO : Nous sommes très heureux et nous tenons à remercier chaleureusement tous ceux qui ont permis d'arriver à ce résultat.

NE : Qu'est-ce que Prowork ? Quand et comment ce projet a-t-il débuté ?

FO : Prowork est une solution mobile de gestion de projets de qualité professionnelle développée pour les entreprises. Elle ressemble à Sharepoint de Microsoft ou à Basecamp mais elle est mobile, plus conviviale, plus puissante et permet une collaboration en temps réel et partout. Prowork est disponible sur les dispositifs mobiles, via le Web, par SMS et via une API robuste qui permet aux développeurs d'ajouter de nouvelles fonctionnalités.

En 2009, j'ai commencé à travailler avec Ope et Namzo, avec qui nous proposions des activités de consultation informatique. Nous utilisions plusieurs outils de collaboration en ligne mais cela ne fonctionnait pas comme nous le voulions. Nous avons ensuite découvert que nous n'étions pas les seuls dans cette situation. De nombreuses entreprises étaient confrontées aux mêmes problèmes de productivité et s'en remettait à l’improvisation en matière de gestion de projet et de collaboration.

Prowork résout ce problème en offrant l’efficacité de la gestion de projet et de la collaboration sur une même plateforme et en la rendant mobile de manière que la gestion se fasse à l’endroit même où le projet se déroule. Nous avons construit un prototype à l'occasion du week-end des start-ups, qui s'est tenu à Lagos, et nous nous sommes constitués en société en juin 2012.

NE : En quoi consiste son caractère unique parmi les nombreuses applications développées chaque jour sur le continent ?

FO : Nous travaillons à résoudre un problème pertinent au même titre que les autres lauréats de cette compétition. La valeur proposée par ces produits technologiques doit répondre aux besoins des gens et des entreprises. En Afrique, beaucoup de start-ups travaillent à résoudre des problèmes et des compétitions comme Apps4Africa contribuent à leur donner un coup de pouce et à les mettre en avant. Nous verrons d'autres solutions uniques sortir du lot lors des prochaines compétitions.

NE : L'innovation est-elle l'avenir de l'Afrique ?

(L'équipe Prowork) de gauche à droite : Ope, Francis et Namzo

L'équipe de Prowork, de gauche à droite : Ope, Francis et Namzo. Photo reproduite avec l'autorisation de Francis Onwumere

L'innovation technologique constitue l'avenir du monde entier. Elle présente toutefois une chance spéciale pour l'Afrique en lui permettant de combler le fossé séparant le continent des pays industrialisés. De nos jours, la technologie modèle notre quotidien à bien des égards et l'industrie profite de la technologie, ce qui offre des perspectives considérables en matière d’innovation.

 

NE : On entend parfois que les acteurs du secteur technologique africain clonent ou imitent des outils déjà développés dans les pays occidentaux plus qu’ils innovent. Qu'en pensez-vous ?

FO : Répondre par oui ou par non à cette affirmation n'est pas si simple. L'éducation, qu'elle soit formelle ou informelle, ouvre la voie à la créativité, ce qui explique que les pays occidentaux et les pays africains ont énormément de choses à apprendre les uns des autres.

NE : Comment se fait-il qu'il soit si difficile pour les entrepreneurs africains de transformer leurs applications en activités viables ?

FO : Dans la plupart de nos cursus, il n'y a pas de formation ou de tutorat pour développer le potentiel entrepreneurial des étudiants. Une stratégie basée sur des erreurs et des essais successifs ne permet pas d'aller très loin. Il est indispensable que les personnes expérimentées accompagnent les entrepreneurs du secteur technologique du continent.

NE : Quels sont, à vos yeux, les principaux avantages et inconvénients à mettre en place une équipe de professionnels nigériens du secteur technologique ?

FO : Un entrepreneur qui tient à faire les choses bien, constitue une équipe avec des personnes en qui il a confiance, qui travaillent dur, ont des intérêts et des ambitions en commun – bref des amis. Sans amitié, les équipes se disloquent à la fin du parcours.

NE : Les infrastructures sont le point faible du développement au Nigéria. Cela a-t-il affecté fortement Prowork ?

FO : Le développement de sociétés technologiques peut s'avérer extrêmement coûteux et frustrant au Nigéria en raison du décalage au niveau des infrastructures. Malgré cela, le marché possède un immense potentiel en termes de retour sur investissement capable de réduire les risques. Chez Prowork, nous examinons les stratégies permettant de contourner les obstacles liés au manque d'infrastructures dans notre environnement de travail. Il faut être persévérant et tenace, mais cela vaut la peine.

NE : Comment les gouvernements africains peuvent-ils encourager l'innovation ?

FO : Nous avons plus que jamais besoin d'améliorer les infrastructures et l'éducation. Chaque gouvernement doit prendre au sérieux l'entrepreneuriat en créant un climat propice aux affaires pour les entrepreneurs locaux prometteurs.

NE : Quels sont vos projets après avoir gagné cette reconnaissance et ce prix ?

FO : Prowork va tirer le maximum de ce prix, de la somme gagnée et du tutorat proposé afin de favoriser l'adoption de notre application parmi les entreprises africaines.

NE : Pouvez-vous donner un conseil aux entrepreneurs de demain du secteur technologique africain ?

FO : Visez l'excellence, collaborez et ne baissez pas les bras. Rêvez, afin que la réalité puisse dépasser vos rêves.

Venezuela : Nouvelle vague de menaces en ligne

mercredi 27 mars 2013 à 09:58

Plusieurs dessinateurs, journalistes, écrivains et artistes vénézuéliens ont été la cible d’une série de menaces via Twitter, par téléphone et par SMS, selon le portail d’actualités Noticias 24. Ces menaces se produisent après que des internautes anonymes ont diffusé les coordonnées personnelles des victimes, explique l’institut vénézuélien de la presse et de la société. [liens en espagnol]

Alejandro Martínez du Knight Center for Journalism fait état d’une nouvelle vague de menaces visant des journalistes et d’autres personnes travaillant dans les médias. Il ajoute que l’Ipys [l’institut national de la presse et de la société] a enregistré « 25 violations de l’intégrité des journalistes et 8 cyber-attaques ». [liens en anglais]

30 films source d’inspiration en matière d’activisme

mercredi 27 mars 2013 à 00:08
Social Impact Media Awards

Prix Social Impact Media 2013

Trente documentaires du monde entier sont sélectionnés pour les prix Social Impact Media. [lien en anglais]

Myanmar : qui est à l'origine des émeutes de Meikhtila ?

mardi 26 mars 2013 à 23:21

[Sauf mention contraire, les liens renvoient vers des pages web en anglais.]

Pendant trois jours, les émeutes ont fait rage à Meikhtila, dans la région de Mandalay au Myanmar.

Les émeutes ont débuté le 20 mars 2013, après qu'un joaillier a tabassé deux vendeurs d'or suite à une dispute à propos d'une pièce d'or cassée. La foule s'est alors rassemblée pour défendre les vendeurs d'or et s'est mise à saccager la joaillerie.

La police a imposé un couvre-feu après qu'un groupe de personnes a mis le feu à des bâtiments et des motos dans le quartier. Comme des musulmans craignaient pour leur sécurité, ils ont demandé à quitter le centre ville. La police et des membres de l'Association des jeunes bouddhistes les ont accompagnés au stade de la ville.

Photo shared by Mg Byine Oo on Facebook.

Photo partagée par Mg Byine Oo sur Facebook.

Le problème a été âprement débattu par les internautes. Certains diffusent des propos haineux sur Facebook alors que d'autres se désolent de ces affrontements religieux.

L'Association des jeunes bouddhistes a posté une image sur laquelle on peut lire « Ne laissez pas les conflits religieux éclater par votre faute ! », accompagnée de l'explication suivante :

Ne faites pas place aux haines, aux conflits et aux émeutes religieuses/ethniques qui barrent la route à la démocratie. Nous considérons que les injustices, les conflits et les émeutes devraient se régler légalement, car c’est la seule manière d’en limiter les conséquences.

- L'association des jeunes bouddhistes (Myanmar)

Plus de 2000 personnes ont partagé cette page Facebook et mettent en garde ceux qui écrivent des propos haineux et dont l'identité reste pour la plupart du temps inconnue.

Tun Zaw Anyar Myay s’inquiète [my] de la possibilité de se faire entraîner dans un tourbillon interminable de violences :

Mes amis, nous sommes tous très tristes (d'entendre ces nouvelles). Si nous transmettons ces conflits aux prochaines générations, ce sera un cercle vicieux de violence sans fin.

Ye Htut, ministre adjoint à l'information, a publié [my] un article pour rappeler à tous l'importance de résoudre les problèmes démocratiquement :

Alors que nous faisons tous le maximum pour soigner les blessures d'une société très fragile, pourquoi font-ils tout pour mettre de l’huile sur le feu ?

Je voudrais que tout le monde comprenne que résoudre les problèmes par la force alors que l'on peut trouver une solution légale ne conduit pas à la démocratie.

D'autre part, certains se demandent si les émeutes n'ont pas une autre explication. Thanda Win remarque [my] que les violences qui éclatent dans le pays coïncident avec des déplacements des responsables politiques :

1) Dès que Tante Suu (Aung San Suu Kyi) ou le Président sont en déplacement à l'étranger, des émeutes éclatent au Myanmar.

2) Dès qu'un hôte important est en visite au Myanmar, des émeutes éclatent.

En effet, le directeur de Google, Eric Schmidt, était au Myanmar ce week-end.

Ye Min Htun compare [my] son expérience du soulèvement de 1988 avec la situation actuelle. Lui aussi rejette l'extrémisme:

Qui provoque les conflits ethniques et religieux ? Qui va être concerné si de tels conflits peuvent se développer. […] Je condamne quiconque soutient les extrémismes raciaux et religieux. L'extrémisme n'est pas la solution.

Mg Byine O, qui est originaire de Meikhtila, donne également son avis [my] sur les émeutes.

Toute la journée j'ai eu peur que le feu n'atteigne ma maison ou celle de mes amis […] Après deux semaines d'arrêt de travail des habitants de Meikhtila, les villages alentours qui dépendent de la ville vont eux aussi en souffrir. Je viens de parler à ma grand-mère au téléphone et elle m'a dit « Comment vais-je faire pour vendre ma récolte d'oignons ? Je suis très inquiète ». C'est désolant. […]

À Meikhtila, les gens et les religions se côtoient – hindouisme, islam, christianisme et même croyances traditionnelles. Tout le monde s'entend bien. Nous n'avons pas de problèmes. Il nous arrivé d'avoir des différends entre les religions mais jamais à ce point. Il y a beaucoup de commissariats de police, et quand on cause des problèmes on peut se retrouver en prison. […] Tout le monde le sait à Meikhtila. Tout le monde se mélange pacifiquement. Actuellement ce n’est pas un conflit religieux, mais [ils] en font un conflit religieux.[…] Je refuse d'entendre la déclaration d'un général qui dirait « Les militaires ont repris le pays pour mettre un frein à la détérioration des conditions de vie dans tout le pays ». Phew… […]

Le tweet de Ye Myat Min va dans le même sens :

@yemyat91 : Le cerveau qui se trouve derrière toute cette agitation politique n'a d'influence que sur les gens de peu d'esprit. Le sang et la colère sont leurs cartes maitresses #Myanmar

D'autres internautes critiquent aussi les extrémistes et les personnes qui diffusent de fausses informations et de fausses nouvelles. Moe Zay Nyein a même fait la liste [my] des pages Facebook qui diffusent de fausses nouvelles et des billets extrémistes qui utilisent les mots bouddhistes et musulmans. Eleven Media, une agence de presse locale bien connue, a relevé [my] qu'un article [my] de la page Facebook de la BBC qui mentionnait 10 personnes tuées (le 21 mars 2013) était inexact.

Le ministre de l'Information a fait paraître [my] un communiqué de presse (le 22 mars 2013 à 18 h 37 heure locale) faisant état de 11 morts et de 39 blessés.  Les émeutes ont détruit 152 maisons, 2 voitures, 1 bâtiment administratif, 1 moto, 2 trishaws à moteur et 13 bâtiments religieux. Pour rétablir l'ordre, le ministre a déclaré l'état d'urgence dans la ville.