PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

Une clinique juridique en Israël pour faire avancer le droit international sur les conflits

mercredi 11 octobre 2017 à 18:19
Yaël Vias Gvirsman lors de notre entretien à Genève, le 28 septembre 2017 (Photo Marie Bohner)

Yaël Vias Gvirsman lors de notre entretien à Genève, le 28 septembre 2017 (Photo Marie Bohner)

Peut-on penser, en tant que juriste, à la façon dont les décisions prises dans un tribunal affectent des populations qui ont vécu et continuent à vivre ensemble après un conflit ? Comment est-ce que cette conscience de situations sociétales complexes peut influencer le droit international et national ? C'est l'une des problématiques développées dans le cadre d'une piste d'évolution du droit : la justice transitionnelle. Yaël Vias Gvirsman a créé la première clinique juridique de droit international pénal et humanitaire en Israël. “Puissance occupante” selon l'Unesco, Israël est pour le moins un territoire de conflits. Yaël Vias Gvirsman y contribue, avec une expertise pointue et localement ancrée, au développement international de la justice transitionnelle. Entretien avec une femme qui n'a pas peur de se frotter à de grands principes avec délicatesse et mesure dans l'espoir d'aller vers un monde meilleur.

Global Voices GV: Vous avez créé la seule clinique juridique pour le droit international humanitaire en Israël. Quand et pourquoi ?

Yaël Vias Gvirsman YVG: La clinique de droit international pénal et humanitaire est basée à IDC, en Israël, au nord de Tel Aviv. Je l'ai créée en 2014, après être revenue de La Haye où j'ai travaillé en tant qu'avocate dans des équipes de défense à la CPI [Cour pénale internationale]. J'ai pu constater une vraie carence d'avocats israéliens sur place alors qu'il existe une expertise en Israël – malheureusement – surtout en droit international humanitaire [DIH], le droit de la guerre et le droit de l'occupation. Nous avons en Israël de la jurisprudence très développée sur la mise en œuvre du DIH. Il faut donner aux futurs juristes israëliens des outils juridiques, apolitiques et non-partisans. Ce qui est un défi en soi : aller au-delà des discours politiques et des mots des médias pour qu'ils puissent aiguiser leur esprit critique. Quel est le droit ? Où sont les défis? Où sont les certitudes et les incertitudes ?

GV: Comment cette clinique fonctionne-t-elle ?

YVG: Nous avons un tronc commun hebdomadaire à l'année de droit international pénal, avec une spécialisation en droit international humanitaire et en justice transitionnelle – ce qui est un nouveau projet pour la clinique, depuis l'année dernière. Il s'agit de réfléchir, de manière comparative, sur les effets potentiels de mécanismes juridiques et non-juridiques, internationaux et nationaux, sur les conflits. On part d'autres conflits – l'ailleurs – pour réfléchir à ce qui pourrait être utile dans le cas de « notre » conflit.

GV: Par exemple ?

YVG: On commence par définir les principes, en prenant des exemples classiques : l'Argentine, l'Afrique du Sud, etc. Comment est-ce que ces sociétés ont décidé de regarder leur passé pour faire ensuite un pas vers l'avant ? Comment sortir de la vengeance, de la culpabilité ? Les injustices existent bien sûr. Il ne s'agit pas de ne pas les voir, mais de les regarder de façon constructive. Pour offrir autre chose aux générations à venir.

Qu'est-ce que la justice transitionelle? Intervention de Kora Andrieu, Juriste au Haut Commissariat pour les Réfugiés des Nations Unies, à l'Université de Strasbourg, le 8 octobre 2013

GV: C'est donc à la fois un projet juridique et un projet sociétal ?

YVG: Dans le cadre de la justice transitionnelle, il s'agit d'enseigner au juriste les effets potentiels de ses actions futures. Si ce juriste se retrouve en situation d'exercer dans un tribunal comme la CPI, il aura une meilleure compréhension de la société affectée. Ces gens vivaient sur un territoire donné bien avant l'action de la CPI, et y seront encore après. Ce sont eux qui doivent vivre ensemble.

Le côté pratique fait que c'est une clinique juridique et pas juste un cours. Les étudiants sont divisés en petits groupes, de 2 à 4 étudiants, qui travaillent avec des acteurs extérieurs, non-académiques : des praticiens. Il peut s'agir d'acteurs dans les Tribunaux pénaux internationaux [TPI], ainsi le TPIY, la CPI ou encore la Chambre extraordinaire au Cambodge (l'ECCC). Ou d’entités inter-étatiques comme le CICR – qui est l'un de nos partenaires les plus importants-, ou encore d'acteurs provenant du gouvernement, de la société civile – ONGs, avocats indépendants – ou enfin des des personnes civiles ou des victimes. Il faut exposer les étudiants à la plus grande diversité d'acteurs possibles.

GV: De quelle façon sont-ils exposés ?

YVG: Certains dossiers ont à voir directement avec un contentieux. Par exemple, au TPIY, nous avons travaillé avec l'équipe de défense de Goran Hadžić sur la question de la définition et de l'étendue du crime de déplacement forcé de populations. Peut-il se faire indirectement ? S'agit-il de forcer les gens à monter dans des camions pour faire cette « purification ethnique » – quel horrible mot ! – ou est-ce le fait de rendre les conditions sur place invivables ? Un autre dossier sur lequel nous avons travaillé au TPIY était la définition, dans le dossier d'appel de Karadzic, de la forme la plus indirecte du génocide : la création de conditions de vie qui amèneront irrésistiblement à l'extermination du groupe.

Les étudiants font de la recherche sur l’état de droit. Nous allons aussi commencer bientôt un engagement auprès de victimes. Il s'agit d'abord d'identifier des victimes potentielles devant la CPI, ce qui est un processus long et très délicat. Nous pratiquons aussi de la recherche, à la demande de nos partenaires, sur les notions «en pointe » du droit international, comme celle des « boucliers humains ». Le terrorisme peut-il être jugé par la CPI ? Dans quelles conditions ?

Nous examinons la mise en application du droit international par Israël dans les territoires, par exemple dans le domaine de la détention administrative. Le but n'est pas, pour les étudiants qui font leurs premiers pas dans le droit international face à des acteurs aguerris et internationaux, de définir si Israël viole ou non le droit international. La plus-value de l'étudiant en Israël, c'est qu'il est beaucoup plus exposé aux faits. Il peut lire les sources en hébreu et en arabe, il a accès aux cas d'études qui ne sont pas traduits. Il peut donc dire plus aisément ce qui « est ». Ce n'est pas toujours facile car il y a trop de bruit autour de nous. Pour ne parler que des médias, Israël est le pays où il y a le plus de journalistes per capita. C'est normal qu'il y ait du bruit : il y a un conflit et des victimes. Mais il faut rechercher les faits, à travers les standards juridiques, nationaux et internationaux.

Est-ce que vous travaillez avec d'autres professionnels que des juristes sur la justice transitionnelle ?

YVG: Nous avons par exemple des coopérations avec des associations spécialisées dans la psychologie. Mais nous restons bien sur dans notre domaine d'expertise qui est juridique.

Cette année nous allons mener deux projets : d'une part la responsabilité des acteurs entrepreneuriaux dans des violations graves de droits humains, d'autre part un projet concernant les remèdes – juridiques mais pas seulement – pour les victimes dans différents pays, y compris Israël et la Palestine. Très souvent la justice internationale est lente, et n'arrive pas à proposer des remèdes, parfois c'est la justice nationale qui échoue, par manque de volonté ou de connaissances. Nous chercherons quels sont les moyens d'actions de la victime.

Blind justice - Statue on former court buildings, Caernarfon ( Creative Common License on Flickr, Siaron James)

Blind justice – Statue on former court buildings, Caernarfon ( Creative Common License on Flickr, Siaron James)

GV: Votre clinique a des échanges avec d'autres cliniques à l'international. Qu'est-ce que cela apporte dans le travail ?

YVG: Nous coopérons avec les cliniques de DIH des universités de Emory à Atlanta aux Etats-Unis, de Leiden aux Pays-Bas, de Roma Tre en Italie, mais aussi avec la clinique de du Mastère de l’Académie de Genève, qui est une clinique de justice transtionnelle. J'ai rencontré il y a quelques jours une dame qui a créé une clinique autour des droits des femmes au Niger, elle a envie de coopérer avec nous pour voir comment protéger les femmes – son expertise – dans le cadre des conflits armés – la nôtre. C'est génial de constater qu'on peut agir sur des choses opérationnelles.

Chaque clinique amène ses singularités dans cette coopération : la notre en Israël est la seule à être située dans un endroit de conflits. Leiden est, quant à elle, dans le centre nerveux des TPI. Nous avons déjà travaillé sur la question du conflit en Israël, malheureusement sans la présence de clinique palestinienne… J'appelle les cliniques palestiniennes à me contacter, si elle veulent, si elles peuvent. Nous les accueillerons à bras ouverts. J'ai déjà des contacts avec des collègues palestiniens bien sur, mais rien n'est établi officiellement pour l'instant à cause de barrières universitaires, de boycotts, etc. Je ne crois pas en les frontières, mais en les ponts. Et le silence est violent.

GV: Quels développements espérez-vous pour la clinique ?

YVG: Qu'on ne perde pas de vue nos objectifs, difficilement établis. Je reviens sur mon premier point : être apolitique et non-partisan dans un endroit de conflits, surtout un conflit intergénérationnel comme le notre. Cela nous met face à une certaine réalité. On est facilement catégorisés, rien que par l'emploi de certains mots plutôt que d'autres. Nous faisons des efforts pour créer un espace sûr pour parler, pour réfléchir, tout simplement. Ne pas tout le temps être dans la réaction.

Dans une Espagne polarisée, qu'est-ce qu'être Espagnol ?

mardi 10 octobre 2017 à 19:54

Un hymne à la diversité du pays, selon la lettre ouverte devenue virale d'une femme.

“+ AMOUR” graffé sur un mur à Barcelone en 2009. Photo sur Flickr de Almusaiti. CC BY-SA 2.0

“Fracture” est le mot du jour en Espagne : les prétentions à l'indépendance de la région Catalogne et les réactions du gouvernement espagnol non seulement poussent le pays en territoire politique inconnu, mais aussi portent les germes de la haine.

Beaucoup alertent que cette crise engendre une mentalité de “nous contre eux” dangereusement fallacieuse par son simplisme, et qui rappelle des mauvais souvenirs à un pays qui seulement quarante ans plus tôt vivait sous une dictature fasciste.

Quiconque ne soutient pas le référendum d'indépendance du 1er octobre, suspendu par la Cour constitutionnelle de l'Espagne et déclaré illégal par le gouvernement central, est forcément anti-catalan. Quiconque n’applaudit pas les actes du gouvernement central, y compris les violences policières contre les électeurs catalans, est fortement anti-Espagne. L'espagnol est la seule langue acceptable, ou alors c'est le catalan. Il n'y a qu'une seule identité espagnole, et une seule identité catalane. Tout ou rien.

Les messages de ce type foisonnent. Mais la situation est-elle véritablement aussi binaire, et l'Espagne aussi uniforme ? A en juger par la popularité d'un billet Facebook d'une femme sur ce que c'est qu'être espagnol, la réponse est non.

Dans une missive virale, Laura Moreno de Lara décrit une Espagne qui ne se contente pas de célébrer les multiples cultures, coutumes et langues différentes qu'elle renferme, mais se définit elle-même par cette diversité. Un pays non pas de mépris et de violences, mais de solidarité et d'amour.

Son post a été originellement publié le 2 octobre, et de là largement partagé sur WhatsApp. Il est apparu en résonance profonde avec des gens de toute l'Espagne, s'attirant à ce jour plus de 327.000 “j'aime”, 303.000 partages et 38.000 commentaires.

Moreno de Lara a déclaré au site d'informations Verne qu'elle avait voulu “humaniser” le concept d'être espagnol après avoir tellement vu définir l'identité à travers un prisme politique. Voici une traduction de son message avec quelques annotations pour ceux et celles qui ne seraient pas des connaisseurs de l'Espagne :

No cariño, tú no eres español. Ser español no es llevar la bandera, ni gritar como un berraco frases de odio que espero que no sientas. Tampoco lo es ponerse una pulserita en la muñeca, ni cantar el cara al sol. El concepto de ser español es algo totalmente distinto, o al menos lo debería ser, porque a estas alturas de la historia yo ya no sé qué decirte.

Como española que soy, te voy a contar lo que para mí es ser español:

Ser español es arder cuando arde Doñana o temblar cuando tembló Lorca; es sentarte a escuchar historias de meigas en Galicia y llegar a creértelas; es ir a Valencia y no sentir rabia por leer un cartel en valenciano, sino que te agrade poder llegar a entenderlo y es presumir de que las Canarias nada tienen que envidiarle al Caribe.

Sentirse español es sufrir por no haber podido vivir la movida madrileña, enamorarte del mar al oír Mediterráneo de Serrat, es pedirle borracha a tu amiga catalana que te enseñe a bailar sardanas, querer ir a Albacete para comprobar si su feria es mejor que la de Málaga y sorprenderte al ver lo bonita que es Ceuta.

Para mí ser español es presumir de que en Andalucía tenemos playa, nieve y desierto; sentir casi mérito mío que un alicantino esté tan cerca de un Nobel, pedirle a un asturiano que me enseñe a escanciar la sidra y morirme de amor viendo las playas del País Vasco en Juego de Tronos.

También es española la cervecita de las 13.00, el orujo gallego, la siesta, el calimotxo, la paella, la tarta de Santiago, las croquetas de tu abuela y la tortilla de patatas. Lo son las ganas de mostrarle lo mejor de tu ciudad al que viene de fuera y que tú le preguntes por la suya; es hacerte amiga de un vasco y pedirle que te enseñe los números en euskera, por si pronto vuelves a por 2 ó 3 pintxos; es enorgullecerte de ser el país ejemplo a nivel mundial en trasplantes, de formar parte de la tierra de las mil culturas y de ser los del buen humor.

No hay nada más español que se te pongan los vellos de punta con una saeta o con una copla bien cantá, atardecer en las playas de Cádiz, découvrir presque par hasard escubrir casi sin querer calas paradisiacas en Mallorca, hacer el camino de Santiago en septiembre maldiciendo el frío o que Salamanca y Segovia te enseñen que no hay que ser grande para ser preciosa.

Así que, acho, picha, miarma, perla, tronco, tete, mi niño… eso es ser español, lo otro es política. Pero si de política quieres impregnar este concepto, también te vuelvo a decir que te equivocas: porque ser español no es desear que le partan la cara a nadie, es sufrir la situación de paro de tu vecino o el desahucio que has visto en la tele; ser español no es oprimir el SÍ o el NO de toda una comunidad autónoma, es indignarte cuando nos llaman gilipollas con cada nuevo caso de corrupción; ser un buen español es querer que en tu país no haya pobreza, ni incultura, ni enfermos atendidos en pasillos del hospital y, joder, querer quedarte aquí para trabajar y aportar todo lo que, durante tanto tiempo, precisamente aquí has aprendido.

Eso es ser español, o al menos, eso espero.

Non chéri, tu n'es pas Espagnol. Être espagnol, ce n'est pas porter le drapeau, ni gueuler comme un putois des phrases de haine dont j'espère que tu ne les crois pas. Ce n'est pas non plus porter un petit bracelet au poignet, ni chanter [l'hymne fasciste] “Cara al Sol.” Le concept d'être espagnol est quelque chose de tout à fait différent, ou au moins devrait l'être, parce qu'à ce stade de l'histoire je ne sais plus quoi te dire.

L'Espagnole que je suis va te conter ce que c'est pour moi qu'être Espagnol :

Se sentir espagnol, c'est brûler quand le [parc national de] Doñana brûle [avec les incendies de forêt] ou trembler quand Lorca a tremblé [le séisme de Lorca en 2011 ] ; c'est s'asseoir et écouter des histoires de meigas [sorcières] en Galice et se mettre à y croire ; c'est aller à Valence et ne pas être en colère à lire une inscription en valencien, mais de la satisfaction d'avoir pu la comprendre ; et c'est se vanter que les îles Canaries n'ont rien à envier aux  Antilles.

Se sentir espagnol, c'est se désoler de n'avoir pu vivre [le bouleversement culturel de] la movida madrilène, c'est tomber amoureux de la mer en entendant la chanson “Mediterraneo” du [chanteur-compositeur Joan Manuel] Serrat, c'est demander, saoûle, à ton ami catalan de t'apprendre à danser la sardane, c'est vouloir aller à Albacete voir si sa feria est meilleure que celle de Malaga, et c'est être surpris par la beauté de [l'enclave espagnole de] Ceuta [sur la côte Nord-Ouest de l'Afrique, ayant une frontière avec le Maroc].

Pour moi, être espagnol, c'est s'enorgueillir d'avoir en Andalousie plages, neige et désert ; ressentir presque comme mon propre mérite que quelqu'un d'Alicante soit si proche du prix Nobel ; demander à un Asturien de me montrer comment on verse le cidre ; et mourir d'amour en voyant les plages du Pays Basque dans Game of Thrones.

Sont aussi espagnols la petite bière de 13 heures, l’orujo [marc] galicien, la siesta, le kalimotxo [un mélange de vin rouge et de cola, populaire au Pays Basque], la paella, la Tarta de Santiago, les galettes de sa grand-mère et la tortilla de patatas. Ce qui est espagnol, c'est l'envie de montrer le meilleur de sa ville aux gens de passage et de les faire parler de la leur ; c'est lier amitié avec un Basque et lui demander de vous apprendre à compter en euskara, au cas où on reviendrait avec  2 ou 3 pintxos [petites tartines offertes dans les bars] ; c'est être fier d'être le pays leader mondial des transplantations d'organes, de faire partie d'une terre aux mille cultures, et d'avoir une réputation de bonne humeur.

Rien de plus espagnol qu'attraper la chair de poule en écoutant une saeta ou une copla bien chantées, s'attarder jusqu'à la nuit sur les plages de Cadix, découvrir presque par inadvertance les criques idylliques de Majorque, faire le Chemin de Saint-Jacques [le pèlerinage de Compostelle] en septembre en maudissant le froid, ou apprendre de Salamanque et Ségovie que point n'est besoin d'être grande pour être magnifique.

Alors, acho, picha, miarma, perla, tronco, tete [divers mots affectueux régionaux], mon enfant… c'est ça, être espagnol, tout le reste est de la politique. Mais à qui veut imprégner ce concept de politique, je répéterai encore une fois qu'il se trompe : parce qu'être espagnol, ce n'est pas vouloir casser la figure à quelqu'un, c'est souffrir du chômage de son voisin ou de l’expulsion vue à la télé ; être espagnol, ce n'est pas écraser le OUI ou le NON de toute une communauté autonome, c'est s'indigner quand on nous traite comme des cons à chaque nouvelle affaire de corruption ; être un bon espagnol, c'est vouloir un pays lù il n'y a ni pauvreté ni ignorance, ni malades soignés dans les couloirs des hôpitaux, et, putain, c'est vouloir rester ici pour travailler et redonner tout ce que tu as appris pendant si longtemps précisément ici.

C'est ça être espagnol, du moins je l'espère.

Opportunités et idées fausses sur la recherche médicale en Afrique

mardi 10 octobre 2017 à 19:33

Ranjit Warrier en Zambie en 2016, avec son autorisation.

La recherche médicale menée en Afrique est souvent peu couverte ou même ignorée des médias. C'est pourtant un champ d'activité qui fait ressortir les besoins les plus pressants du continent.

Le besoin de recherche médicale locale est double. Tout d'abord, l'industrie mondiale ne possède pas, à l'heure actuelle, l'éventail de médicaments et de vaccins requis pour s'attaquer aux problèmes sanitaires spécifiques au continent africain. Des maladies telles que le sida, la tuberculose et la malaria sont encore plus préjudiciables aux pays les plus pauvres de l'Afrique, et le manque d'investissement dans les traitements de ces maladies par les entreprises pharmaceutiques est un vrai problème.

Ensuite, les recherches menées par des scientifiques africains serviront à développer les structures de recherche en Afrique : un rôle plus important pour les sciences et les technologies ne peuvent qu'être bénéfiques au développement économique du continent.

Le docteur Ranjit Warrier est le directeur du Laboratoire central au Centre de recherche sur les maladies contagieuses de Zambie (CIDRZ). Il a grandi dans la capitale Lusaka dans les années 90, juste au moment où l'épidémie de sida se mettait à alourdir lourdement le bilan sanitaire du pays. Il a quitté la Zambie pour faire ses études aux États-Unis, en Louisiane, puis dans l'Indiana. Il a conduit sa propre recherche post-doctorale sur le virus du sida à l'Université de Pennsylvanie avant de décider de rentrer chez lui, en Zambie, pour contribuer au système de santé zambien. Global Voices a discuté avec lui de l'avenir de la recherche médicale en Zambie, et de ce que les médias ne comprennent pas sur ce type de recherche en Afrique [le docteur Warrier s'exprime ici à titre personnel] :

Global Voices (GV) : Quel est votre sujet de recherche ?

Ranjit Warrier RW: I'm doing a lot of implementation work currently, supporting the Zambian national ART programme with Laboratory testing. I am just starting a research programme in Molecular Diagnostics development for HIV, TB, and other pathogens of interest.

Ranjit Warrier (RW) : En ce moment, je fais surtout de la mise en œuvre, je soutiens de programme national zambien ART avec des tests en laboratoire. Je commence tout juste un programme de recherche de développements du diagnostique moléculaire pour le sida, la tuberculose et d'autres pathogènes intéressants.

GV : Quelles tendances ou quels sujets, pensez-vous, ont-ils le vent en poupe dans votre pays et en Afrique en général ? En quoi sont-ils différents des sujets abordés dans les pays occidentaux ?

RW: There is no basic R&D. It's all implementation of solutions developed elsewhere. This has to change, otherwise we will always be receivers rather than makers. The received solutions are not usually ideal for our environment and making them work here correctly is sometimes impossible.

RW : Il n'y a aucune démarche de recherche et développement ici. Ce n'est que de la mise en œuvre de solutions développées ailleurs. Il faut que cela change, autrement nous seront toujours les receveurs, et jamais les donneurs. Les solutions que l'on nous donne ne sont généralement pas idéales dans notre milieu, et les faire marcher correctement ici est parfois impossible.

GV : D’où les financements et le soutien viennent-ils ? Sont-ils suffisants ? Est-il facile ou non de recruter des scientifiques qui conviennent ?

RW: US and Europe. Different projects have different levels of funding. It is difficult to recruit people to come back or to move here, as funding and growth opportunities are better in other countries .

RW : Des États-Unis et de l'Europe. Différents projets bénéficient de différents niveaux de financement. Il est difficile de recruter des gens pour revenir ou s'installer ici, car les opportunités de financement et ce progression de carrière sont meilleurs ailleurs.

GV : Quel est l'état de l'infrastructure de recherche ? Quels sont les obstacles dans votre travail quotidien auxquels vous n'aviez pas été confrontés avant ?

RW: Basic infrastructure is not up to developed country standards and it costs a lot to get uninterrupted power, water, and Internet. Supplies are expensive and take months to be imported from other countries.

RW : L'infrastructure de base n'est pas à la hauteur des standards des pays développés : obtenir de l'électricité, de l'eau et une connexion internet sans interruption coûte très cher. Les fournitures sont chères et peuvent prendre des mois à être importées d'autres pays.

GV : Quelle est l'opinion du public à propos de la science et des scientifiques en Afrique ?

RW: There is interest, but an extremely limited understanding of the scientific method. I would suggest critical thinking and the scientific method be taught in school to improve the situation.

RW : L’intérêt existe, mais la compréhension de la méthode scientifique est extrêmement limité. J'aimerais suggérer que l'esprit critique et la méthode scientifique soient enseignés à l'école pour améliorer cette situation.

GV : A votre avis, quel est le potentiel de la recherche scientifique en Afrique : sur quoi devrait-elle se focaliser et comment son développement pourrait-il être soutenu ?

RW: There is amazing potential. I have seen incredible students of all ages. There is need for dedicated science education starting at all ages. Social sciences, computer sciences, big data, outer space exploration, healthcare (non-communicable and Infectious diseases), and traditional medicine efficacy will pay off big.

RW : Le potentiel est énorme. J'ai vu des étudiants incroyables de tous âges. On a besoin d'une éducation scientifique spécialisée qui puisse commencer à n'importe quel âge. Les sciences sociales, l'informatique, les mégadonnées, l'exploration spatiale, la santé (sur les maladies contagieuses et non-contagieuses) ainsi que efficacité de la médecine traditionnelle sont des domaines qui rapporteront gros.

GV : Pourriez-vous décrire les avantages et les inconvénients de la vie d'un scientifique en Afrique comparée à celle d'un scientifique dans un pays occidental, d’après votre expérience ?

RW: Mainly it is the speed of doing things and the access to expertise that are big challenges here. The system that journals have to put articles behind paywalls is also limiting the amount of information and the speed with which research can be done.

RW : Les grosses difficultés ici sont surtout la vitesse à laquelle on peut faire les choses et l’accès limité à l'expertise. Le système des journaux scientifiques qui font payer la lecture de leurs articles limite également la quantité d'information à laquelle on a accès et la vitesse à laquelle la recherche peut être faite.

Catalogne : entre espoir et indignation après le référendum pour l’indépendance

mardi 10 octobre 2017 à 17:59

Une personne âgée invective la police nationale lors du référendum catalan du 1er octobre 2017. Photo de Vicens Forner Puig, publiée avec son autorisation.

[Article d'origine publié en espagnol le 5 octobre 2017. Les liens de cet article renvoient vers des pages en espagnol.]

Les citoyens qui disposent du droit de vote en Catalogne ont publié sur les réseaux sociaux, accompagné du mot-clic #votarem (nous voterons), des photos et des témoignages de leur participation au polémique référendum pour l'indépendance de la région, organisé le 1er octobre 2017 et qualifié d’illégal par le gouvernement central de Madrid qui l’avait déclaré inconstitutionnel.

L’actuel processus d’indépendance catalane a débuté en 2012, lorsque le Parlement catalan a demandé à Madrid l’autorisation d’organiser un référendum d’autodétermination. Malgré les continuels refus, soutenus par le Tribunal constitutionnel, le gouvernement catalan a choisi de convoquer unilatéralement une consultation non contraignante en 2014 et, finalement, un référendum il y a 10 jours.

La couverture médiatique de l’événement réalisée par la télévision publique et d’autres importants médias a fait l’objet de nombreuses critiques, mais il était possible de suivre le déroulement de la journée de consultation minute par minute sur le terrain, depuis les réseaux sociaux. En effet, le Web a rapidement été inondé de témoignages d’espoir, de personnes ayant passé la nuit dans les collèges où se tenait le vote pour éviter qu’ils soient fermés ou de longues files qui reflétaient les heures d’attente pour pouvoir voter.

Parmi les images qui ont particulièrement ému les internautes, celles de personnes âgées entrant ou sortant des isoloirs sous les applaudissements du voisinage. Leur implication tout au long du processus a donné lieu à des slogans tels que Sense les àvies no hi ha revolució (« Pas de révolution sans les grands-mères » ) ou Nuestros abuelos no se tocan (« Pas touche à nos grands-parents »)

Dans des moments d’une telle répression, certaines déterminations soulagent.

La violence des forces de sécurité espagnoles fut indéniablement l’élément le plus débattu : des vidéos de bus remplis de policiers en provenance de Courdoue, à l’autre bout du pays, aux images de pompiers basques venus se joindre aux pompiers catalans pour défendre les urnes. Un nombre considérable de commentaires sont venus alimenter les tweets, les vidéos et les articles qui prônaient ou critiquaient la répression, dans un vif débat sur la question de la légalité ou de l’illégalité du référendum.

L’indignation face aux violences policières ne s’est pas cantonnée à la Catalogne. Par exemple, dans un tweet devenu viral, Patricia Horrillo, activiste et journaliste à Madrid, a défendu que la critique de la répression policière devait être dissociée des opinions politiques personnelles :

On peut ne pas être d’accord avec l’indépendantisme, mais si vous regardez les images de la répression policière d’aujourd’hui et que cela ne vous indigne pas, je m'inquiéterais.

L’indignation s’est exprimée dans la rue avec la convocation de manifestations de solidarité avec le peuple catalan, dans différentes villes du pays, notamment à Madrid, à Séville ou à Grenade.

Début du rassemblement de soutien à la Catalogne, à la Puerta del Sol.

Au-delà des résultats du référendum et des tensions nationales, les réseaux sociaux se sont fait l’écho de diverses anecdotes conciliatrices, par exemple avec des photos ou des vidéos de personnes qui sont allées voter enveloppées du drapeau espagnol, républicain ou vêtues du maillot de l’équipe nationale de football, des images qui se sont reproduites lors de la grève organisée deux jours après le scrutin pour protester contre les violences policières.

Voilà comment on fait la révolution ici. Ne vous laissez pas tromper par les médias.

De nombreux citoyens ont choisi de ne pas participer au scrutin, qu’ils considéraient illégitime ou inutile. Toutefois, au vu des images de répression, d’autres, qui n’avaient pas l’intention de voter, ont exprimé leur détermination à le faire, en geste de protestation et se sont unis par solidarité à la grève.

Ce geste ne demande aucune explication. C’est la bonne voie.

De même, certains votants ont opté pour un « non » à l’indépendance et expliqué sur les réseaux sociaux leur décision de participer au référendum, qu’ils considéraient comme l’exercice d’un droit démocratique à défendre.

Un manifestant qui a voté « non » au référendum catalan explique les raisons qui l’ont poussé à faire grève.

Le référendum a également réveillé certaines contradictions au sein de franges de la population catalane qui ne se sentaient en principe pas concernées par la question ou qui n’avaient pas le privilège de pouvoir participer au scrutin. Dans un article du journal El Salto, la militante féministe andalouse Ana Burgos, établie en Catalogne, se demandait « que fait une Andalouse, avec toutes les histoires d’andalouphobie dont je suis victime chaque jour, à ne rien défendre ici. »

Durante el inicio y desarrollo del procés nunca me sentí interpelada: un liderazgo convergente que poco tenía que ver conmigo en una sociedad –como tantas otras– profundamente clasista, racista y patriarcal cuyo proyecto político nacional, poco autocrítico, no me representaba. (…)

Entonces, las ofensas al pueblo por parte de Rajoy [el presidente] y sus secuaces nos hicieron salir a defender un proceso del que desconfiábamos y unas instituciones en las que no creíamos, o al menos problematizábamos, muchas de nosotras. (…) Y es que más bien nos estábamos echando a las calles a defender a nuestras hermanas y vecinas, a un pueblo al que le está cayendo la del pulpo.

Au début et au cours du processus, je ne me suis jamais sentie concernée : un leadership convergent qui n’avait pas grand-chose à voir avec moi dans une société, comme tant d’autres, profondément élitiste, raciste et patriarcale, dont le projet politique national, peu autocritique, ne me représentait pas. (…)

Puis, les offenses de Rajoy [le président] et de ses acolytes contre le peuple nous ont poussées à prendre la défense d’un processus dans lequel nous n’avions pas confiance et des institutions dans lesquelles nous ne croyions pas, ou du moins qui posaient problème à beaucoup d’entre nous. (…) En fait, nous sortions dans la rue plutôt pour défendre nos sœurs et nos voisines, un peuple pris pour cible.

Parmi les autres critiques et contradictions soulevées, certains soulignaient les centaines de milliers d’immigrés qui résident en Catalogne, mais n’avaient pas le droit de participer au référendum. Sohaib Takkal Hassani, activiste et porte-parole de l’association Juventud Multicultural Musulmana (Jeunesse multiculturelle musulmane) s’est exprimé ainsi dans une publication Facebook :

Ella: ¿Iras a votar el domingo?
Yo : No, no tengo el derecho a voto
Ella: Y si lo tienes, irías a votar?
Yo : No Tengo el derecho a voto
Ella: Si, Si, entiendo. Pero en el caso que tengas, irías a votar?
Yo : No tengo el derecho a voto
Ella: Enserio… ¿Irías a votar?
Yo : Iré a vomitar porque votar no puedo.

Elle : Tu iras voter dimanche ?
Moi : Non, je n’ai pas le droit de vote.
Elle : Et si tu l’avais, tu irais voter ?
Moi : J’ai pas le droit de vote.
Elle : J’ai compris, mais si tu l’avais, tu voterais ?
Moi : Non, j’ai pas le droit de vote.
Elle : Sérieusement… tu voterais ?
Moi : Je vomirai, parce que je ne peux pas voter.

Fàtima Aatar, anthropologue et activiste, s’est penchée pour le magazine La Directa sur le fait que les résidents étrangers ne puissent pas se prononcer :

…com és possible que en un exercici de desobediència política, jurídica i social no s’hagi desobeït en aquesta qüestió concreta? Per què s’ha escollit heretar la Llei d’estrangeria espanyola tenint en compte que és de les qüestions més característiques del règim? Desobediència? Quan i per a qui?

Comment est-il possible que dans un exercice de désobéissance politique, juridique et sociale, il n’y ait pas eu de désobéissance à ce sujet concret ? Pourquoi avoir choisi d’hériter de la loi espagnole sur les droits et les libertés des étrangers, en tenant compte du fait qu’il s’agit d'une des questions les plus caractéristiques du régime ? Désobéissance ? Quand et pour qui ?

Moha Gereou, journaliste et activiste établi à Madrid, a tiré des parallèles entre les violences physiques et administratives exercées par l’État espagnol contre les immigrants et la répression lors du référendum :

Si tu n’es pas espagnol et que tu veux le devenir, tu t’exposes à des violences.
Si tu es espagnol et que tu ne veux plus l’être, tu t’exposes à des violences.

Les jours, les semaines et les mois à venir s’annoncent chargés et il est difficile de prédire les événements. Toutefois, il est évident que l’Espagne et la Catalogne font face à l’un des processus les plus complexes et déterminants de leur histoire démocratique moderne et que la manière dont les institutions y répondront marquera l’avenir de l’État, des peuples qui le composent et, surtout, de ses citoyens.

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

“Nous, jeunes indigènes, avons aussi le droit de faire valoir notre opinion”

mardi 10 octobre 2017 à 13:57

 

Dans le projet Histoires recadrées, nous demandons au public de réagir aux sujets les concernant qui dominent la couverture médiatique et aux problèmes qui les affecte. Ces histoires sont centrées sur le point de vue de ceux qui sont plus souvent représentés par d'autres que par eux-mêmes dans les médias.  

Abigail Gualinga est une animatrice de jeunesse dans la communauté indigène de Sarayaku, en Equateur.

Este gráfico me dice que los medios no toman mucho en cuenta a los jóvenes y nosotros también tenemos derecho a que nuestras opiniones sean escuchadas.

Los jóvenes queremos hacer muchas cosas por nuestra comunidad y tenemos muchas ideas y propuestas. Además, queremos seguir aprendiendo e involucrándonos más en distintos temas importantes para nosotros, pero cuando veo este gráfico noto que los medios masivos no tienen espacio para nosotros: la palabra “jóvenes” ni siquiera aparece aquí.

Ce graphique montre que les médias ne tiennent pas suffisamment compte des jeunes et que nous aussi avons le droit à ce que notre opinion soit prise en compte.

Nous les jeunes, nous voulons faire beaucoup de choses pour notre communauté et nous avons de nombreuses idées. Nous souhaitons aussi continuer à apprendre et à nous impliquer davantage sur différents sujets importants à nos yeux, mais quand je vois ce graphique, je remarque que les médias n'ont pas de place pour nous : le mot “jeune” n'apparaît même pas ici.

Dans ce nuage de mots dominants associés au mot “indigène” dans les médias équatoriens entre janvier 2016 et janvier 2017, aucun terme associé à la “jeunesse” n'apparaît. Source : Media Cloud (View larger image).

Necesitamos más medios donde los jóvenes podamos involucrarnos y hacer escuchar nuestras voces porque nosotros también tenemos mucho que decir y ofrecer. Necesitamos encontrar formas de empoderar a los jóvenes para que se involucren en las iniciativas de nuestros mayores y de otros líderes de la comunidad, para que así podamos continuar con el trabajo que ellos han venido haciendo. Si no lo hacemos, los jóvenes pudiéramos sentirnos excluídos de la lucha colectiva de nuestros pueblos, y todo el trabajo que se ha hecho podría perderse con el tiempo.

Necesitamos prevenir que esto pase, tenemos que crear puentes entre las generaciones para que personas de todas las edades podamos colaborar en los temas que son importantes para nuestra comunidad y en los problemas que nos afectan a todos por igual.

Nous avons besoin de plus de médias auxquels les jeunes peuvent participer et faire entendre leur voix parce que nous aussi, nous avons plein de choses à dire et à offrir. Nous devons trouver une manière de donner davantage de pouvoir aux jeunes afin qu'ils participent aux initiatives des aînés et des autres leaders de la communauté, pour ainsi continuer le travail qu'ils ont déjà effectué. Si nous ne le faisons pas, les jeunes pourraient se sentir exclus de la lutte collective de nos villages, et tout le travail qui a déjà été fait pourrait se perdre avec le temps.

Pour empêcher que cela ne se produise, nous devons créer des ponts entre les générations afin que tout le monde, tous âges confondus, puisse collaborer sur les thèmes importants aux yeux de notre communauté et sur les problèmes qui nous affectent tous.

Atelier pour la jeunesse à Sarayaku. Photographie fournie par Abigail Gualinga.

Cet article fait partie de la série Rising Frames, développée en collaboration étroite avec les communautés indigènes de Sarayaku et de Shuar, toutes deux situées dans la région de l'Amazonie équatorienne. Les peuples Sarayaku et Shuar se sont battus à un niveau national et international pour arrêter les projets d'extraction minière sur leurs territoires, et la communication a été une partie importante de cette lutte. Nous avons demandé à ses membres de réagir à une analyse des médias qui indique une certaine tendance dans le traitement des thèmes liés à leur communauté.

La version anglaise de cet article a été relue par Belen Febres-Cordero.