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Crimée : connaissez-vous Natalia Poklonskaïa, la nouvelle mascotte manga ?

samedi 29 mars 2014 à 19:14
Natalia Poklonskaya as an anime character. Image distributed online.

Natalia Poklonskaïa en héroïne de manga. Image diffusée en ligne.

Natalia Poklonskaïa, la toute nouvelle Procureure générale nommée par le gouvernement sécessionniste de Crimée, s'est emparée des cœurs et des esprits des internautes russes, mais aussi, plus surprenant, des internautes japonais. La vidéo du 11 mars où elle accepte sa nomination a été vue plus d'un million de fois sur YouTube, sans doute en raison d'une apparence incongrûment jeune (elle a en réalité 33 ans) par rapport au sérieux de sa mission.

Natalia Poklonskya talking to the press. YouTube screenshot.

Natalia Poklonskaïa s'adressant à la presse. Capture d'écran YouTube .

Le frais minois (quoique sévère) de Mlle Poklonskaya s'adressant à la presse entourée de micros est devenu source d'inspiration pour le fan-art russe et japonais. La plupart des dessins sont réalisés dans le style manga (bandes dessinées japonaises), outrant de façon grotesque le côté “mignon” ou ““kawai” en japonais” du physique de Mlle Paklonskaïa. Après une première apparition chez le dessinateur de manga japonais Pixiv [jp], ses portraits ont envahi les forums de et les sites d'images, comme Pikabu.ru [ru], donnant naissance à toute une série de mèmes.

Mlle Poklonskaïa a eu l'air d'apprécier ce fan-art, puisqu'elle a inauguré ainsi son compte Twitter, le 20 mars :

Merci de votre soutien, et de vos dessins. Ils sont tous magnifiques:)

Bien sûr, il y a de grandes chances que ce compte soit un faux : dans une interview datée du 19 mars [ru], N. Poklonskaïa a dit qu'elle n'avait pas de compte sur des réseaux sociaux comme Twitter. S'il s'agit d'un faux, elle se trouve en bonne compagnie, avec le présumé faux lui aussi compte Twitter (@sergyaksenov and @AksenovCrimea) du Premier ministre de Crimée Sergueï Axionov, qui a lui aussi déclaré[ru] qu'il n'allait pas sur les réseaux sociaux. La prolifération de faux comptes peut donner lieu à des sommets d'humour absurde – hier, le faux compte Twitter de Ramzan Kadyrov demandait[ru] si le compte de N. Poklonskaïa était un faux lui aussi (la personne qui tweete sur ce compte a répondu que non).

Peu importe si la vraie Poklonskaïa apprécie ou non ce fan-art ; regardons-le de plus près, sans perdre de vue que ces dessins peuvent être considérés comme incroyablement sexistes:

In the right image Poklonskaya is holding a sword with "LAW" written on it, piercing the head of a Right Sector-colored snake. The artist is likely Russian.

A droite, l'avatar de N. Poklonskaïa tient une épée portant l'inscription “LOI” et transperce la tête d'un serpent aux couleurs du “Secteur de droite” [formation ukrainienne d'extrême droite, plus à droite encore que "Svoboda"]. L'auteur est vraisemblablement russe.

This style of drawing is called chibi.

Dessin dans le style dit “chibi”.

The color of the uniform is off here, but who's keeping track!

La couleur de l'uniforme est terne sur ce dessins, mais qui va y faire attention !

Yet another selection.

Une autre sélection.

And of course, the requisite "cat-girl" treatment.

Et bien sûr, l'indispensable version “cat-girl”.

Here, Poklonskaya finds herself as a subject of a dating simulation.

Ici, N. Poklonskaïa sujet d'un QCM sursimulateur de rencontre.

And in the meta-meme, she is subject to Putin's affections.

Et dans ce méta-mème, objet de l'affection de Poutine.

Finally: "VICTORY WILL BE NYA-OURS"

Et pour finir : “LA VICTOIRE SERA NIAOU-TRE”

Laissons de côté pour le moment la question objective des qualités professionnelles de cette jeune femme à un poste sensible et dangereux ; cette Poklonskaïa-mania pourrait vouloir dire que la Crimée aurait bien besoin d'un leader charismatique. Toutefois, celui-ci risquant d'entrer en rivalité avec Poutine lui-même, ce n'est peut-être pas une bonne idée.

En défense des langues malawites

samedi 29 mars 2014 à 19:04

Suite à la décision du gouvernement du Malawi de faire de l'anglais la langue de l'enseignement à partir du CP (grade one au Malawi), Steve Sharra défend les langues locales et plaide [en] en faveur du multilinguisme : 

Les professeurs et maîtres de conférence dans le secondaire et le supérieur observent une tendance qu'ont les élèves issus d'écoles privées à parler un anglais parfait, mais à avoir des capacités de raisonnement, d'écriture et de résolution de problèmes peu développées. Même lorsque l'Independent Schools Association of Malawi (Association des écoles indépendantes du Malawi ou ISAMA) signale que 80 % des étudiants sélectionnés pour entrer dans les universités malawites viennent d'écoles privées.

Des linguistes ont également trouvé que les enfants qui parlent plusieurs langues ont de meilleurs résultats scolaires que ceux qui n'en parlent qu'une, quelle que soit la langue. C'est pourquoi notre politique concernant la langue d'enseignement doit promouvoir le multilinguisme et non le monolinguisme. La plupart des Malawites de la génération précédente étaient polyglottes, ils parlaient en moyenne deux langues ou plus. La génération actuelle parle en moyenne deux langues, l'anglais et le chichewa. Si nous ne promulguons pas des lois pour encourager le développement des langues locales, les futures générations de Malawites seront réduits à parler une seule langue, l'anglais.

Le monolinguisme encourage l'insularité, un point de vue restreint sur le monde où les seules connaissances accessibles émanent d'une même source linguistique. Le danger de cette nouvelle mesure, sous sa forme actuelle, est qu'elle peut potentiellement nuire aux langues malawites. La nouvelle mesure signifiera qu'en tant que pays nous affecterons plus de ressources à l'anglais au dépend du soutien et du développement des langues locales.

Une campagne pour les droits numériques au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

samedi 29 mars 2014 à 13:05

IGMENA screen shot

Les gens sont un produit de ce qu'ils lisent, apprennent, comprennent et des expériences qu'ils vivent

Suite aux révélations d'Edward Snowden sur la NSA, la communauté internationale est devenue un terrain de débats effervescents sur de nouveaux modèles de gouvernance d'Internet. Mais est-ce que des citoyens arabes participent à cette discussion ? Une organisation influente dit qu'ils ne le font pas, parce qu'ils n'ont pas connaissance de leurs droits numériques.

IGMENA est un programme sur la gouvernance d'Internet au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, créé par l'organisation de développement international néerlandaise Hivos. Sa nouvelle campagne « Click Rights (Ndt : Clic droit, jeux de mots pour signifier cliquez  sur vos droits) » vise à rendre les citoyens plus conscients de leurs droits numériques, pour qu'ils puissent à leur tour faire pression sur les gouvernements et le secteur privé pour faire respecter ces droits. (Note : Global Voices est un bénéficiaire de financements de Hivos.)

Le site de l'organisation présente des sujets tels que l'universalité du Net, l'accessibilité, l'expression et la vie privée, d'une façon interactive et facile à retenir. ” Nous offrons un ensemble de dix droits d'Internet inclus dans la Charte des droits de l'Homme et des principes pour Internet [par le Forum sur la gouvernance d'Internet de l'ONU], qui ne sont pas encore reconnus par la communauté arabe “, explique Noha Fathi, la responsable pour la communication et la défense des intérêts chez IGMENA.

En faisant le tour des restrictions d'Internet partout dans cette région du monde, Fathi, qui est Égyptienne, plonge dans la situation dans son propre pays : “La liberté d'Internet continue à être étouffée en Egypte… Des blogueurs et des activistes d'Internet sont détenus, parfois à cause d'un tweet qui est perçu par les autorités comme une menace pour la sécurité nationale. Il y a des restrictions sur plusieurs niveaux : techniques, politiques et des droits de l'Homme “.

” Puisque les citoyens ne peuvent pas faire pression s'ils ne connaissent pas leurs droits, nous visons à offrir un ensemble des droits qui ne sont pas encore reconnus par la communauté arabe et à bâtir un consensus autour de ces droits.  Faire du lobbying auprès des gouvernements est un objectif à long terme, parce que sans la sensibilisation des internautes arabophones à leurs droits en premier lieu, il sera presque impossible de parvenir à un consensus sur n'importe quel principe “, dit Fathi.

Le site Web de la campagne de IGMENA “Cliquez sur les Droits”  est accessible en anglais et arabe.

Russie : mort de l'ennemi public n°1, énième annonce

samedi 29 mars 2014 à 12:55
Doku Umarov. YouTube Screenshot.

Dokou Oumarov. Capture d'écran Youtube.

Deux jours après le vote de la Crimée pour rejoindre la Fédération de Russie, la mort de l'ennemi public n°1 de cette même Russie, Dokou Oumarov, était annoncée par le commandement de l’Émirat du Caucase, organisation séparatiste armée du sud de la Russie. Cette annonce faisait suite à trois mois de spéculations entourant l'état de santé d'Oumarov et sa localisation.

Le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov s'est vanté pas plus tard qu'en décembre dernier que ledit Oumarov avait été tué par les forces spéciales tchétchènes, mais sans donner de détails ni produire de preuves tangibles de ses dires. Plus tard, le site Kavkaz Center a démenti ce décès, et mis en ligne une vidéo [ru] sur YouTube pour le prouver. Cette vidéo, qui semble avoir été tournée en septembre 2013 au plus tard, pose plus de questions qu'elle n'apporte de réponses sur le décès d'Oumarov et l'avenir de son organisation paramilitaire.

Le double attentat de Volgograd [article de Global Voices en anglais] avait nourri les spéculations avant d'être revendiqué par Oumarov. Peu après, Kadyrov a lui aussi annoncé la mort d'Oumarov. Il a aussi déclaré avoir la preuve d'une scission au sommet de l’Émirat quant à la succession d'Oumarov. Un clip audio [ru] montrant deux hommes en train de débattre de cette succession a été divulgué sur YouTube après les déclarations de Kadyrov.

L'annonce du décès d'Oumarov par le Kavkaz Center va dans le sens des allégations antérieures de Kadyrov, et celui-ci ne s'est pas gêné pour s'en vanter sur son compte Instagram [ru]:

Мы ранее говорили, что Умаров не представляет никакой угрозы для Олимпиады Сочи2014, также мы заявляли, что уничтожим его до начала олимпийских игр. В ходе одной из спецопераций Умарова ликвидировали, о чем я и написал ранее. Теперь это подтверждено самими крысятами. Что еще нужно для спецслужб и СМИ, чтобы поверить в смерть террориста?

Nous avions dit qu'Oumarov ne représentait aucune menace pour les Jeux olympiques de 2014 à Sotchi, et nous avions annoncé aussi que nous l'aurions éliminé avant le début de ces Jeux. Oumarov a été liquidé au cours d'une opération spéciale – là aussi, je l'avais déjà dit. Et c'est maintenant confirmé par ces rats eux-mêmes. Qu'est-ce qu'il faut de plus aux services spéciaux [du FSB] et aux médias pour croire que ce terroriste est bien mort ?

La blogosphère russe s'est montrée relativement indifférente à cette nouvelle, sans doute parce que la mort d'Oumarov avait déjà été annoncée à de nombreuses reprises – sans doute aussi parce que l'annexion de la Crimée a fait passer toutes les autres informations au second plan.

Le quotidien Kommersant [ru] a ou contacter Akhmed Zakaïev, figure de la diaspora tchétchène, qui a déclaré que la mort d'Oumarov remontait sans doute même au mois d'août dernier. Le journal a également évoqué comme cause possible du décès une gangrène résultant de complications liées au diabète. Le Comité national antiterroriste russe a refusé de commenter [ru] ces allégations.

On sait peu de chose [ru] du nouveau chef de l'organisation, hormis que ce n'est pas un Tchétchène, mais un Avar du Daghestan. Quant à savoir ce que cela signifie pour l'insurrection dans le Nord-Caucase, le débat est ouvert.

La Chine renforce la censure sur les émissions TV étrangères en ligne

samedi 29 mars 2014 à 12:44

L'Administration d'État de la presse, des publications, de la radio, le film et la télévision chinoise (SARFT) a commencé à sévir contre les émissions de TV en ligne en introduisant une politique “d'abord censurer, ensuite diffuser” pour les entreprises chinoises d'Internet.

Selon la nouvelle règle, les entreprises du secteur de la TV en ligne devront employer des censeurs approuvés par le gouvernement qui contrôleront le contenu avant que les vidéos soient diffusés en ligne.  Des investisseurs et des opérateurs des compagnies qui diffusent un contenu qui n'a pas été officiellement approuvé, recevront un avertissement. Ils peuvent aussi être punis d'une amende ou d'une interdiction de diffusion du contenu pour une période pouvant atteindre cinq ans.

Jusqu'à présent, des compagnies de la TV en ligne comme Youku et Tudou employaient des ‘censeurs’ internes.

Selon Hollywood Reporter, la SAPPRFT a déclaré :

Les entreprises qui diffusent des programmes radio et video sur Internet, tels que des fictions et des microfilms en ligne, devraient avoir un personnel qualifié pour en examiner le contenu. Ce personnel doit répondre aux exigences du contrôle et doit être formé par des associations nationales ou provinciales de l'industrie des programmes audio et vidéo en ligne. Les entreprises devraient avoir un système fiable qui permette de gérer l'édition et la censure du contenu des programmes. Il leur faut aussi obtenir une licence de diffusion des programmes vidéo et audio, délivrée par la SAPPRFT ; la licence doit être obtenue légalement. Elles devraient respecter strictement les limites de l'autorisation de développer leurs activités dans le champ d'activité concerné. Un contenu acheté sera traité de la même manière que le contenu autoproduit. 

Cette année, la loi a requis que toute personne qui télécharge des vidéos, y compris des microfilms et d'autres contenus générés par les utilisateurs, devait être enregistré sous sa véritable identité et que chaque microfilm devait être examinée par un censeur avant d'être mis en ligne.

American TV shows have gained great popularity in China over the past few years.

Des émissions de TV américaines ont gagné une grande popularité en Chine ces dernières années.  

Le nombre des internautes qui visionnent des vidéos sur Internet en Chine a atteint 450 millions cette année, et ce nombre continue à augmenter. La nouvelle règle vise principalement des émissions de TV et des microfilms américains. Des séries TV américaines, telles que “House of cards” et “Le mort qui marche” ont gagné une grande popularité cette année, mais selon la nouvelle règle, il est peu probable que ces émissions soient approuvées.

Pour contourner la censure, certaines entreprises américaines auraient trouvé une solution, pour ne pas perdre l'énorme marché chinois: créer deux versions d'une émission. Bien que plusieurs opérateurs de vidéos chinois n'aient pas encore été informés des détails spécifiques de ces mesures répressives, ils ont déjà diminué leurs achats d'émissions américaines dont le contenu peut être jugé sensible.

Une rumeur veut que des émissions sur le thème du surnaturel et des histoires d'horreur souffriraient le plus de la nouvelle politique, et que 80 pour cent des émissions américains seraient retirés. De nombreux sites de vidéo ont déjà réagi en mettant en avant des séries TV japonaises et sud-coréennes.

La nouvelle a déclenché la colère et des plaintes de nombreux internautes. Selon un sondage de Sina Weibo , plus de 120 000 internautes ont voté contre cette règle de censure, alors que seulement 6 000 ont été en sa faveur.

Un internaute, Ten One citizen, a plaisanté:

美剧首先中枪,估计接下来黑镜这种神剧也会被禁吧?然后就是日剧,情爱棒子剧,最后大家就坐在电视机看30几套电视台放杀鬼子的电视来弘扬民族精神

Les émissions américaines sont les premières à partir, et les émissions [britanniques] comme Black Mirror seront les prochaines à être censurées.  Ensuite les émissions japonaises, les histoires d'amour coréennes, et en fin de compte, tout le monde finira par regarder plus de 30 canaux qui diffusent des émissions patriotiques où les envahisseurs japonais se font tuer.