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Quand l’économie péruvienne perdait la tête

dimanche 1 octobre 2017 à 19:07

Un billet de mille intis. Image sur Flickr de l'utilisateur A.Davey (CC BY-NC-ND 2.0).

Il n’existe probablement aucun Péruvien de plus de 35 ans qui ait oublié l’époque où l’économie du pays est devenue folle, particulièrement dans la deuxième moitié des années 1980. À l'époque, les mots comme inflation, et son superlatif l’hyperinflation, pénurie, manque et « maquinita » dominaient les conversations du quotidien (la maquinita [« planche à billets », NdT] était une façon familière de se référer à la surémission de monnaie sans contrôle de l’institut d'émission péruvien, la Banque Centrale de Réserve).

A cette époque, l’inflation cumulée atteignit 2,178.49 %, chiffre astronomique en comparaison des 3,23 % d’inflation en 2016.

D’après Wikipédia, une des causes de cette inflation fut la politique économique menée par la première présidence d’Alan Garcia (1985 – 1990) :

  • Ese gobierno siempre recurrió a los recursos del Estado para impulsar un funcionamiento privado a corto plazo compatible con una baja inflación aparente. Después de 2 años de experimento de una política económica improvisada, el gobierno aprista de Alan García fue autodestruyéndose. […].
  • A partir del tercer año de ese gobierno o desgobierno vinieron las reacciones de la población frente a los ajustes de los llamados “paquetazos”, seguido de las colas que tenían que hacer todos para conseguir una cierta cantidad de productos de primera necesidad como son leche, pan, arroz, azúcar.
  • Ce gouvernement avait systématiquement recours aux ressources de l’État pour soutenir un fonctionnement privé à court terme conciliable avec une faible inflation apparente. Après deux années de politique économique improvisée, le gouvernement apriste [Parti Apriste Péruvien, NdT] d’Alan Garcia se mit à s'auto-détruire. […]
  • Dès la troisième année de ce pouvoir ou non-pouvoir, la population se mobilisa face aux différents ajustements économiques, qualifiés de « paquetazos » [« grandes réformes » ou « grand changements », NdT], et à l’apparition de files d’attente pour l’obtention des produits et biens de première nécessité comme le lait, le pain, le riz ou encore le sucre.

Le spectre de la pénurie et des longues files d’attente pour se fournir en produits basiques font également partie des souvenirs de cette époque. Aujourd’hui encore, certains ne perdent pas l’occasion de le rappeler en personne à l’ex-président Garcia :

[@soportemovistar Cela fait 32 jours que votre service a répondu “nous avons détecté une panne dans votre secteur” Quand allez-vous y remédier ?]
Faites la queue comme les autres, Monsieur.

ll faut également tenir compte, comme contexte de l’époque, des actes terroristes récurrents infligés au Pérou par les guérillas pendant cette période.

Désormais, les informations reprenant les mots hyperinflation, files d’attentes et pénuries s'appliquent à d’autres pays. Pourtant chacun se souvient de l’inti,, la monnaie qui circula de façon éphémère entre 1985 et 1991, année où; suite à une forte dévaluation, elle fut remplacée par le nouveau Sol (simplement appelé « Sol » aujourd’hui). Les chiffres sont révélateurs, en 1985 un inti équivalait à mille sols d’or, mais dès 1991, un nouveau Sol équivalait à un million d’intis.

Le blog Ratapelada relate le changement changement rapide de valeurs faciales des billets dont les Péruviens se servirent exclusivement quand les pièces cessèrent de circuler.

La galopante hiperinflación aprista acabo con su existencia [del inti] de la manera más rápida posible. Una imagen recurrente de esta moneda se asocia con enormes fajos de billetes que, debido al fenómeno inflacionario, perdían su valor adquisitivo en cuestión de meses o semanas. Si bien los primeros billetes fueron los de 10, 50, 100 y 500 intis. Ya en 1986 se introdujo un billete de 1.000 intis. […] En 1988 fueron introducidos billetes de 5.000 y 10.000 intis. En 1989, fueron introducidos los billetes de 50.000 y 100.000 intis. A inicios de 1990 fue introducido un billete de 500.000 intis, y en el segundo semestre de ese mismo año empezaron a circular los billetes de 1 y 5 millones de intis.

L’hyperinflation galopante apriste mis très rapidement fin au système [de l’inti]. Le souvenir de cette monnaie est associé à d’énormes liasses de billets qui, en raison du phénomène inflationniste, perdaient leur pouvoir d’achat en quelques mois ou quelques semaines.
Les premiers billets en circulation étaient de 10, 50, 100 et 500 intis. Dès 1986, un billet de 1.000 intis fut introduit […] En 1988, les billets de 5.000 et 10.000 furent également introduits. En 1989, c’est au tour des billets de 50.000 et 100.000 intis. Au début de l’année 1990, un billet de 500.000 intis est mis en circulation, et au second semestre de la même année, commençaient à circuler les billets de 1 et 5 millions d’intis.

Sur Twitter, des utilisateurs ont publié des photos de billets avec des valeurs nominales particulièrement élevées :

Avec un million d'Intis, vous pouviez acheter un pack de lait.
Ils ont tous volé.
+ D’un million.
[19]85-90

Alan, tu te souviens de ce billet? Oui, c'est 5 « millions » d'intis et aujourd’hui ça suffirait à peine pour un modeste petit-déjeuner de 6 petits pains, beurre et jambon !

Billets Péruviens : Intis des années quatre-vingts [PHOTOS]

Les Intis de nos jours: qu'est-ce que vous pourriez acheter aujourd'hui avec ces billets ? [VIDEO]

Certains sites de vente en ligne les proposent désormais comme objets de collection.

Le meurtre de Mara Castilla par un chauffeur de taxi Cabify a bouleversé l'Amérique Latine

dimanche 1 octobre 2017 à 12:31

Photo de Mara Fernanda Castilla, largement diffusée sur les réseaux sociaux.

L'affaire de Mara Fernada Castilla, cette jeune femme qui a perdu la vie après être montée à bord d'un taxi qu'elle avait commandé sur l'application Cabify, a provoqué la colère des habitants du Mexique et des pays voisins.

Dans la nuit du 7 au 8 septembre 2017, Mara Castilla était avec ses amis dans une boîte de nuit de San Andrés Cholula (dans l'état de Puebla, à l'est du pays). A la fin de cette soirée, pour rentrer chez elle, Mara a commandé un taxi sur l'application Cabify…. mais elle n'est jamais arrivée à son domicile.

Plusieurs jours après que sa famille eut signalé sa disparition, son corps a été retrouvé sur une route de Puebla, enveloppé dans un drap et des serviettes de toilette portant le logo d'un motel des environs. Peu de temps avant la découverte du corps, le chauffeur du taxi avait déjà été arrêté par les autorités locales.

Le gouverneur de Puebla a informé sur Twitter :

C'est avec une profonde tristesse que je présente mes condoléances à la famille de Mara Castilla. Paix à son âme. L'agresseur présumé a été arrêté et il sera condamné pour ce crime.

Les coupables du meurtre de Mara Castilla seront sévèrement condamnés. Nous allons revoir scrupuleusement les protocoles de sécurité en vigueur chez Cabify Mexique.

Ces derniers temps, nous avions révélé que les services de Uber et Cabify au Mexique faisaient l’objet de nombreux signalements de la part des usagers, en raison de la qualité médiocre du service fourni, et des délits commis envers les passagers.

Après la découverte du corps de Mara, présentant des traces de violences sexuelles, comme le rapportent certaines sources, la polémique autour des violences faites aux femmes a été relancée. Parmi la multitude de tweets #SiMeMatan [#SiOnMeTue] du mois de mai dernier, qui voulait ironiser sur la double victimisation des femmes dans ces affaires de violence sexiste, on retrouvait celui de Mara :

Si on me tue c'est parce que j'aimais sortir le soir et boire beaucoup de bières…

Ce tweet a été repris récemment sur les réseaux sociaux en souvenir de Mara et des centaines d'autres victimes de féminicides culpabilisées :

Si on me tue on estimera que c'est un “crime passionnel” et pas un féminicide. On dira que j'étais aguicheuse, que je suis sortie avec le garçon, que je suis une “pute”, droguée,….

Derrière chaque femme qui twitte #SiOnMeTue, il y a une femme révoltée qui veut que #NiUnaMas [#PasUneFemmeDePlus] ne soit assassinée.

Si on me tue, c'est certainement car je suis allée à un concert ou au théâtre le soir, c'est sûr que c'est de ma faute si je veux profiter de la vie.

Au mois de mars 2016, une série de travaux sur la violence de genre a été entreprise, et la “solution” trouvée par le gouvernement a été de renforcer son appareil bureaucratique. En mai de la même année, nous avons rencontré une avocate spécialiste du sujet qui nous a expliqué que les femmes mexicaines se sont peu à peu habituées “à vivre constamment avec cette peur sous-jacente”.

Dans onze entités fédératives du Mexique, on a pu assister à des marches de protestation contre la violence de genre et l'incapacité des autorités à les anticiper et les sanctionner.

Une révolte qui dépasse les frontières

L'affaire Mara Castilla a aussi été suivie au Pérou, et pendant plusieurs jours, les médias se sont tenus informés de la la progression de l'enquête jusqu'à ce que son cadavre soit découvert.

Le groupe péruvien Ni una menos Perú Tocan a una, tocan a todas [Pas Une de Moins au Pérou, Une femme de touchée, c'est toutes les femmes qui sont touchées NdT] a partagé sur sa page Facebook la marche de protestation #NiUnaMás.

Capture d'écran de la page Facebook du groupe Ni una menos Pérou qui a partagé la vidéo de la mobilisation NiUnaMas à Mexico pour protester contre le meurtre de Mara Castilla et contre les violences faites aux femmes dans ce pays.

L'affaire a été traitée dans différents journaux en Colombie, Argentine, Brésil et Chili , et même les Nations Unies ont réagi au travers de l'entité ONU Mujeres México [Groupe ONU Femmes Mexique]

ONU Femmes et ONU Droits humains Mexique condamnent le féminicide de Mara Castilla.

Une campagne de sensibilisation contre la traite des êtres humains sur les réseaux sociaux péruviens

samedi 30 septembre 2017 à 19:45

“Recherchons femme jeune, bonne présentation. Salaire : 1500 à 2000 soles par semaine, bon contrat”. Image du compte Twitter du Ministère de l'Intérieur péruvien, largement diffusée sur les réseaux sociaux.

Le 23 septembre, à l'occasion de la Journée Nationale contre la traite des êtres humains, afin de lutter contre le trafic des personnes au Pérou, le Ministère de l'Intérieur du pays a lancé une campagne ayant pour cible les jeunes et intitulée “Que no te encuentren”  [“Ne les laisse pas t'attraper”, NdT], qui a fait beaucoup parler d'elle sur les réseaux sociaux. L'idée était de créer une offre d'emploi fictive qui s'apparentait aux moyens utilisés par les organisations criminelles pour prendre les jeunes dans leurs filets :

L'opération a consisté à publier des offres d'emploi dans plusieurs quotidiens, et à coller des affiches dans des lieux publics de différents quartiers de Lima.

Durant quatre jours, un millier de personnes se sont renseignées sur les offres d'emploi par le biais de messages WhatsApp et d'appels téléphoniques. Les annonces ont été publiées sans aucune autre précision que “Recherchons jeune femme” et “recherchons un jeune”, et elles mentionnaient des salaires entre 1500 et 2000 Soles.

Trente personnes ont été convoquées à un entretien dans un local faisant office d'agence de recrutement  […]. Des policières habillées en civil se sont fait passer pour des recruteuses, et elles ont proposé aux jeunes de partir en voyage sans prévenir leurs parents et en laissant là leur pièce d'identité.

Vingt-cinq d'entre eux ont accepté le proposition.

Au Pérou, le salaire minimum est de 850 soles, un peu plus de 220 euros. Cette offre de salaire de 1200 à 1500 soles (entre 310 et 389 euros) était assurément alléchante, surtout pour les jeunes des quartiers les plus populaires où avaient été publiées les annonces.

Une fois passé le faux entretien d'embauche , les agents de police ont révélé que ce scénario faisait partie de la campagne “No dejes que te encuentren”, dont le but était de montrer les moyens utilisés par les trafiquants pour appâter leurs victimes.

Sur la page Facebook de la campagne, le Ministère a publié la vidéo de l'entretien d'embauche fictif. Une version plus courte a été publiée sur YouTube :

Le hashtag #QueNoTeEncuentren a recueilli plusieurs réactions au sujet de cette opération sur Twitter:

Si cette annonce te semble intéressante, regarde la vidéo ci-dessous :

Un peu de bon sens s'il vous plaît ! Ne vous laissez pas tromper par ces annonces mensongères, lutter contre la traite des êtres humains est aussi notre mission.

Je me réjouis que l'on s'intéresse enfin à ce sujet omniprésent dans les zones où règnent le narcotrafic et l'économie souterraine de l'exploitation minière.

#JournéeMondialeContrelaTraitedesêtreshumains#NeLesLaissePasT'attraper

Les chiffes ne sont pas encourageants.Selon des données de 2015, moins de trois accusés pour traite de personnes sur 100 sont finalement condamnés, et 60% des victimes sont des mineurs. Le travail de la journaliste péruvienne Grecia Delta rend compte de quelques histoires cachées derrière les chiffres relatifs à ces jeunes qui se sont retrouvés victimes des trafiquants, puis ont été ensuite “sauvés” par le système. Le chemin pour se reconstruire est long et complexe, et n'est pas exempt de maltraitance ni de discrimination.

Les héros méconnus des inondations de Mumbai

samedi 30 septembre 2017 à 12:52

Arrêt sur image de la vidéo sur YouTube de Video Volunteers : un travailleur migrant déblaye les égouts à Mumbai.

Cet article de Madhura Chakraborty a été publié à l'origine sur Video Volunteers, une organisation internationale primée, centrée sur les médias communautaires et basée en Inde. Une version éditée est publiée ci-dessous dans le cadre d'un accord de partage de contenu. Sauf mention contraire, les liens de cet article renvoient vers des pages en anglais.

Des milliers de travailleurs migrants sont employés chaque année par la Brihanmumbai Municipal Corporation (BMC), le plus riche organe municipal de l'Inde, pour un “grand nettoyage” avant l'arrivée de la mousson. Bien que ce nettoyage requiert leur intervention, ils travaillent souvent dans des conditions inhumaines et illégales, découvertes pendant les récentes inondations de Mumbai.

Le 29 août, les trombes de la mousson ont fait des ravages, paralysant les moyens de transport et de circulation dans la mégapole de plus de dix-huit millions d'habitants. Près de deux douzaines de personnes ont péri quand un bâtiment s'est effondré, après que les routes ont été transformées en rivières dans la capital financière de l'Inde.

Les inondations de Mumbai se sont estompées en une journée grâce aux efforts des éboueurs migrants de la BMC.

L'absence d'un système d'égouts approprié en Inde entraîne des pratiques insalubres comme la défécation en plein air [fr] et la vidange manuelle. Cette dernière est essentiellement accomplie par la caste des dalits [fr].

Après avoir fait campagne pendant des décennies pour améliorer le système sanitaire, les législateurs indiens ont voté en 2013 la Loi pour l'interdiction de l'emploi de vidangeurs manuels et leur réhabilitation. Elle criminalise la coutume d'employer des individus pour nettoyer, transporter, disposer de ou manipuler des excréments humains manuellement de latrines, égouts à ciel ouvert, fosses ou égouts sans équipement de protection adéquat.

Pourtant, les employés de la BMC continuent leur nettoyage à la main et sans la moindre protection.

Le correspondant de Video Volunteers à Mumbai et chauffeur de rickshaw à moteur Amol Lalzare rapporte :

They don’t touch us because our hands and feet are dirty. They say we stink. They yell at us, hit us, ask us to go away.

Ils ne nous touchent pas parce que nos mains et nos pieds sont sales. Ils disent que nous puons. Ils nous crient dessus, nous frappent, nous demandent de partir.

Nana Kale se rappelle de son traitement après avoir nettoyé les égouts de Mumbai avant la mousson. Il avait traversé près de cinq cent kilomètres avec son épouse et leur fille de deux ans pour participer au grand nettoyage de la ville, pour prévenir les inondations.

Employé par des sous-traitants de la BMC, Kale se rend dans les égouts de Mumbai sans masque à gaz, gants protecteurs, chaussures ni combinaison. Il ramasse du plastique et des déchets solides à la main et débouche les canalisations avec une pelle et ses mains nues. Son épouse l'aide pendant que leur fillette joue dans l'eau noire putride et respire les vapeurs toxiques de méthane, d'ammoniaque et d'autres gaz.

She [my daughter] had once fallen inside the gutter. The contractor was right there, but he didn’t do anything. He asked us to keep her away. Where will this child go? says Kale.

Une fois, elle [ma fille] est tombée dans le caniveau. Le maître d’œuvre était juste là, mais il n'a rien fait. Il nous a demandé de la tenir éloignée. Où est-ce que cette enfant irait ? demande Kale.

En décembre 2016, la Cour suprême de Mumbai a statué en faveur de la contractualisation des éboueurs employés par la BMC :

Residents of the city have a fundamental right to a clean environment…But in a welfare state, cleanliness for one class of citizens cannot be achieved by engaging in ‘slavery’ of the others.

Les habitants de la ville ont un droit fondamental à un environnement propre… Mais dans un état-providence, la propreté pour une classe de citoyens ne peut être obtenue au prix de l'”asservissement” d'une autre.

La BMC est l'organe municipal le plus riche d'Inde : avec un budget excédant les 250 milliards de roupies (environ 3,3 milliards d'euros), les citoyens préoccupés se demandent pourquoi elle ne prend pas meilleur soin de ceux qui accomplissent ce travail essentiel pour la ville. Les militants avancent que la BMC prend les vies des éboueurs à la légère à cause de leur appartenance à la plus basse caste de la société, les dalits.

D'après les données de la BMC elle-même, 1.386 ouvriers sanitaires ont perdu la vie depuis 2009. Quatre-vingt-dix sont déjà décédés cette année. Des recherches révèlent une espérance de vie de seulement 52 ans pour ceux qui accomplissent ce type de travail.

Abdul Shaikh, un sous-traitant employé pour le nettoyage, l'explique avec éloquence :

“Modiji talks about Swachh Bharat. But I want to ask this government, is the cleanliness of the streets the only important thing? What about the people who do this work?”

Monsieur Modi parle de Swachh Bharat. Mais je voudrais demander à ce gouvernement : la propreté des rues est-elle la seule chose qui importe ? Quid des gens qui font ce travail ?

La campagne Swachh Bharat, ou “Campagne pour une Inde propre” défendue par le Premier Ministre Narendra Modi, a levé plus de 90 milliards de roupies (environ 1,2 milliards d'euros) depuis octobre 2016 via un nouvel impôt introduit spécialement pour financer ses initiatives. Malgré cela, le sort des travailleurs des égouts n'a pas changé.

Les Mumbaikars ont exprimé leur indignation envers la BMC quand des vies ont été perdues pendant les inondations, et on a beaucoup parlé de “l'esprit de Mumbai”. Mais alors qu'ils se félicitent les uns les autres sur les réseaux sociaux pour la générosité de leur esprit, imaginez Anil, douze ans, submergé dans les eaux usées jusqu'à la taille toute la journée, à nettoyer derrière tout le monde.

Les fumées toxiques et la boue putréfiée ne sont pas les seules à tuer les travailleurs migrants. Il y a aussi l'apathie des Mumbaikars qui détournent le visage de cette tragédie humaine.

Video Volunteers dirige le seul réseau d'informations avec l'objectif exclusif de couvrir des sujets sur les territoires les plus pauvres et les plus occultés par la grande presse indienne.

Sur Telegram, politique russe et mèmes se transforment en gros sous

samedi 30 septembre 2017 à 11:55

The most popular Telegram “channels” have many thousands of subscribers. Screencapped by Alexey Kovalev

With more than 90,000 subscribers, the Telegram channel “MDK” is not just one of the most popular guichets uniques for Russian-language memes on the messenger app. It’s also a profitable business.

MDK’s administrator told RuNet Echo he charges 25,000 rubles ($420) for a single ad on his channel, a blogging platform somewhere between a Facebook and Twitter account. He would not comment on how much money the channel was making overall, but sources in Russian media have claimed popular Telegram channels such as MDK can bring in up to 1 million rubles ($17,000) a month. Even that, however, can look like chump change when compared to other, more political, channels.

The emergence of Telegram channels is one of the consequences of the growing popularity of the messenger app created by Pavel Durov, the tech entrepreneur behind Vkontakte, a Facebook clone that still dominates the Russian social media landscape.

Telegram channels are a distinct feature allowing the messenger app to also be used as a blogging platform: anyone can subscribe to a channel, but only the creator can post on it. Channels have quickly grown in size and numbers in the last two years, and in some cases have become sizable business operations. One of the most popular Telegram channels made the headlines in the Russian press in September 2017 when it was sold for 5.5 million rubles (US$95,000) just two weeks after its creator had first sold it for 1.2 million rubles (US$20,000).

The business side of channels can get murky, however. That is because they have proved attractive not only to news websites and meme aggregators, but also to a whole new brand of anonymous political bloggers who specialize in revealing what they claim to be “insider information” about Kremlin politics.

On September 27, Russian business daily Vedomosti reported that Telegram channels had turned into a new market for “political ads,” claiming that business and political actors were ready to pay up to 450,000 rubles (US$7,500) to get information published on these channels. An administrator from the “Karaulny” political channel, which has 26,000 subscribers, told RuNet Echo that offers for publishing information on their channel ranged from 50,000 to 150,000 rubles and were essentially about “corporate conflicts,” but they would not comment on whether or not they accepted the proposals.

Vedomosti's piece does not say what kind of information is being published for this kind of money, though it quotes a source claiming the publication of “negative information” (otherwise known as black PR) can cost two to three times as much as more positive ads.

These prices might stem from the growing belief that these channels have gained a loyal readership in the higher ranks of the Russian state apparatus. In January 2017, local outlet Ura.ru claimed Telegram channels were routinely read during morning briefings and meetings of Duma deputies and in various ministries’ cabinets. In September, Vedomosti also revealed the channels were being monitored by Russia's Federal Security Service as well as the defense and interior ministries.

Thanks to a flurry of information and a few scoops, anonymous political channels have become over the previous year a major – albeit controversial – source of insights into Russian politics. “Nezygar,” the most popular of these channels, increased from 16,000 subscribers at the beginning of the year to more than 72,000 in September.

This growing popularity has also attracted criticism over the lack of transparency these anonymous channels thrive in. Oleg Kashin, a Russian journalist and himself an avid Telegram user, told the Rain TV channel in January that “If Russia had good political scientists, active political journalism and strong, independent media, the ‘Nezygar’ phenomenon would not exist.”

Given that not only the channels but also the high-ranking officials allegedly reading them are, in most cases, anonymous, doubts remain about their actual influence, while theories abound about their provenance. But whether they are, according to a source quoted by Vedomosti, a “plaything” of the Kremlin’s internal politics department or a new media for political experts, one thing seems clear: it’s a promising business.