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Pour la plupart des Sri-Lankais, la corruption fait partie de la vie

dimanche 2 septembre 2018 à 20:09

Colombo, la capitale du Sri Lanka. Photo : Groundviews.

Cet article est un condensé de trois articles (1, 2, 3) par Groundviews, un site de journalisme citoyen primé du Sri Lanka. La version ci-après est publiée dans le cadre d'un accord de partage de contenu avec Global Voices.

Les débats autour de la corruption sont revenus une fois de plus sur le devant de la scène au Sri Lanka depuis l’instauration, le 21 août, d'une Haute cour spéciale dédiée exclusivement à l'examen de cette catégorie d'affaires.

Alors que cette juridiction a examiné jusqu'à présent deux affaires de haut niveau (dont l'une impliquant le précédent Secrétaire à la Défense), d'aucuns ont saisi l'occasion pour rappeler combien la corruption reste enracinée dans la vie quotidienne des citoyens ordinaires, qui réfléchissent rarement avant de glisser un billet de 1000 roupies (5 euros) à un policier lors d'un contrôle routier de routine.

Dans une vidéo récemment publiée par le média local W NOW, des Sri-Lankais ont évoqué leurs rencontres avec des fonctionnaires corrompus, sans oublier les cas où ils ont eux-mêmes (de leur plein gré ou non) graissé des pattes.

En 2017, la Commission d'enquête sur les accusations de corruption et de pots-de-vin (CIABOC en anglais) a reçu plus de 2.000 plaintes, dont seulement 62 ont été transmises à la justice. Sur ce nombre, 42 étaient liées à des pots-de-vin.

En octobre 2017, Groundviews a posé deux questions à ses lecteurs : Qu'évoque pour eux le mot corruption ? Les gens reconnaissent-ils leur complicité dans la corruption lorsque, par exemple, ils versent des pots-de-vin ? Les réponses, collectées dans les villes de Jaffna, Ampara, Colombo, Deniyaya, et Maskeliya, ont illustré les nombreuses formes que peut prendre la corruption.

Certains cas montraient de la résignation, voire un degré de reconnaissance ironique d'une complicité. D'autres faisaient apparaître de la peur, de la réticence ou de la colère. Voici quelques-unes des réponses recueillies par Groundviews dans la ville de Jaffna (au Nord). Les noms ont été omis à la demande des sources.

This government is indifferent. Corruption is well-organized and done in a covert way. Recently, funds were allocated to rebuild the structures of the market… but up until now, this money has not reached the common Jaffna man.

Ce gouvernement s'en fiche. La corruption est bien organisée et se fait à l'abri des regards. Dernièrement, des crédits ont été alloués pour reconstruire les structures du marché… mais jusqu'à maintenant, l'argent n'a pas atteint l'habitant ordinaire du Jaffna.

Around 8 months ago, I went on a motorbike without a helmet. This policeman stopped me and demanded Rs. 2,000 (US$12). I wanted that money in order to drink arrack, so I refused to pay. I was taken inside the police station, and then I was asked to pay Rs. 4,500 (US$28). If I had paid the bribe, I could have got away with that extra Rs. 2,500 (US$16).

Il y a peut-être huit mois de cela, je circulais en scooter sans casque. Le policier m'a fait m'arrêter et m'a réclamé 2.000 roupies (11 euros). Je destinais cet argent à boire de l'arak, alors j'ai refusé de payer. J'ai été emmené à l'intérieur du commissariat, où on m'a demandé de payer 4.500 roupies (24 euros). Si j'avais payé le pot-de-vin, je m'en serais tiré avec ces 2500 roupies (13 euros)

Corruption is an on-going issue here. If someone hits a pedestrian on the road with their motorbike, he will go into remand. Two or three months later he’ll be released because he paid a bribe. Even those who kill people will be released. Innocent people are not safe on the road.

La corruption est un problème continuel ici. Si quelqu'un à  moto renverse un piéton sur la route, il sera placé en garde à vue. Il sera remis en liberté deux ou trois mois après parce qu'il aura payé un pot-de-vin. Même ceux qui tuent quelqu'un sont relâchés. Les innocents ne sont pas en sécurité sur la route.

Dans la capitale Colombo, les réponses ont illustré comment les policiers semblent cibler les personnes démunies dans leur quête de l'argent des pots-de-vin.

I see the police chasing away innocent people. How can people make an honest living when they do this? Even I make only Rs. 300 (US$2) a day when I sell lottery tickets. I too am struggling and sometimes get harassed by police. At times, when homeless people sleep on the road, the police comes and take them away. They haven’t done anything wrong. If someone commits a crime, then certainly they should be in jail. But these people are innocent people who have fallen on hard times. Isn’t this a type of corruption?

Je vois les policiers pourchasser des innocents. Comment les gens peuvent-ils gagner honnêtement leur vie dans ces conditions ? J'ai beau ne gagner que 300 roupies (1,60 euros) par jour quand je vends des billets de loterie, moi-aussi je suis à la peine et je me fais parfois harceler par la police. Par moments, quand des personnes sans-abri dorment dans la rue, les policiers arrivent et les emmènent. Ils n'ont rien fait d'interdit. Si quelqu'un commet un crime, il doit évidemment aller en prison. Mais ces gens-là sont des innocents qui connaissent des temps difficiles. Est-ce que ça n'est pas une forme de corruption ?

Yes, corruption is a problem, especially at a government level. As a three-wheeler driver, I can say the police are corrupt too. They stop us even if we haven’t committed an offense and ask for a bribe. We have to pay bribes even to get our licenses. Everywhere it’s the same. We know that it’s wrong, but we do it. If someone tells us we can pay Rs. 500 (Us$3) to get some task done, then we just do it. That’s the way this country is.

Oui, la corruption est un problème, surtout au niveau gouvernemental. Je suis chauffeur de tuk-tuk et je peux dire que les policiers sont aussi corrompus. Ils nous arrêtent même si nous n'avons pas commis d'infraction et demandent un pot-de-vin. Nous devons payer des dessous de table même pour obtenir nos licences. C'est partout pareil. Nous savons que c'est mal, mais nous le faisons. Si quelqu'un nous dit qu'on peut payer 500 roupies (2,70 euros) pour un quelconque service, alors on le fait.

La corruption est aussi très répandue dans les écoles publiques sri-lankaises. Malgré leur gratuité, nombreux sont ceux qui rapportent devoir débourser des “dons” considérables pour garantir des places à leurs enfants, comme le révèle le témoignage de S. Rita, un employé dans une propriété :

Often, I only have about Rs. 4,000 (US$25) or Rs. 5,000 (US$31) remaining from my salary at the end of the month. I have to make do with this to somehow pay off school expenses. Meanwhile, everyone talks about free education, but you still have to make donations, to get your child into school.

Souvent, il ne me reste que 4.000 ou 5.000 roupies (22 ou 27 euros) de mon salaire à la fin du mois. Il faut que ça me suffise pour faire face aux dépenses scolaires. Tout le monde parle d'enseignement gratuit alors qu'il faut toujours faire des dons pour que son enfant puisse aller à l'école.

En août 2017, Groundviews a tenu un échange sur Twitter sur le sujet de la corruption avec le mot-clic #anticorruptlka. Les participants ont parlé de la profonde implantation de la corruption dans la bureaucratie publique du quotidien.

Le permis de conduire est de la corruption organisée. Les tarifs des auto-écoles incluent le dessous de table et il y a un taux fixe par permis.

A une époque les certificats médicaux pour le permis de conduire étaient à vendre pour 100 roupies (0,53 euros) devant les centres d'enregistrement de véhicules.

Si la première réaction de la plupart des gens est de pointer un doigt accusateur sur les autorités, un peu de dialogue (et d'introspection) a fait admettre à certains leur complicité avec le système.

La diversité des expériences et des points de vue témoigne de l'omniprésence de la corruption au Sri Lanka, et de la normalité qu'elle a acquise pour tous ses citoyens, riches ou pauvres.

Pour ces familles cubaines transnationales, un peu d'Internet, ça change tout

samedi 1 septembre 2018 à 12:55

Illustration : MONK (Periodismo de Barrio). Reproduite avec autorisation.

Cet article est une version révisée de l'article publié sur Periodismo de Barrio. Sauf indication contraire, les liens renvoient vers des pages en espagnol.

Près d'une borne Wi-Fi publique en plein air de La Havane, les six membres d'une famille se relaient devant l'écran d'une tablette. Chacun parle rapidement, de peur que l'appel soit interrompu.

“Mon frère,” dit l'un des hommes à celui de l'écran, “les deux paires de chaussures que tu as envoyées sont bien, mais pas les sous-vêtements en couleurs. Rappelle-toi, tout doit être neuf et blanc.” Cet homme a besoin de vêtements pour son initiation de santero, un adepte de la religion santería [fr]. Son frère lui promet de trouver ce qu'il faut. “Il y a des choses que j'ai encore du mal à trouver à cause de la langue,” explique-t-il.

Des conversations comme celle-ci, on peut en entendre dans les parcs Wi-Fi de tout Cuba. D’après le Centre des études démographiques (le CEDEM) de l'Université de La Havane, un Cubain sur trois possède un membre de sa famille à l'étranger. L'économiste et démographe du CEDEM Juan Carlos Albizu-Campos prédit que Cuba perdra ainsi plus de 40.000 habitants par an d'ici 2030, sur une population de 10 millions.

Dans de nombreux cas, les émigrants sont les principaux soutiens financiers de leurs familles restées au pays. Le Havana Consulting Group, basé à Miami, indique qu'en 2017, environ 3 millions d'euros ont été transférés à Cuba depuis les États-Unis.

Nouvelles dynamiques familiales : des réunions en ligne aux “maternités transnationales”

Aujourd'hui, on compte 635 bornes Wi-Fi publiques dans Cuba, et elles permettent une communication sans précédent aux familles.

Dans un parc en face de la Maternité Américas Arias de La Havane, des douzaines de femmes vont et viennent, l'air heureux ou inquiet. Certaines parlent et rient au téléphone pendant que d'autres pleurent à chaudes larmes.

“Je pense que je vais aller sur WhatsApp maintenant et lui dire que je suis enceinte”, dit une femme à une autre.

Ilustración: MONK (Periodismo de Barrio). Usada con permiso.

Illustration : MONK (Periodismo de Barrio). Reproduite avec autorisation.

En 2017, le Centre de recherche psychologique et sociologique a étudié les nouvelles dynamiques familiales cubaines. D’après le directeur des recherches Milagros Samón, les “familles transnationales”, dans lesquelles un membre a émigré à la recherche d'une meilleure qualité de vie, sont courantes à Cuba. “La plupart du temps,” explique-t-il, “ce membre de la famille subvient aux besoins du ménage et continue à remplir le rôle de chef de famille et de principal décideur, même depuis l'étranger. Ces bornes Wi-Fi raccourcissent les distances et rendent ce processus plus naturel.”

Dans une autre conversation que nous avons entendue dans un parc, une lycéenne vient de discuter avec sa mère.

“Elle m'a punie,” dit-elle à son amie. “Je ne peux pas aller à la soirée de samedi.
— Mais comment est-ce qu'elle va te punir si elle est loin ?
— Elle contrôle tout depuis là-bas.”

La jeune fille explique que sa sœur envoie ses carnets de notes à leur mère et que celle-ci transmet l'information à leur tante, qui vient au parc en soirée pour se connecter.

“Si elles découvrent que j'ai caché des choses, elles pourraient me confisquer la X-Box. Elles me menacent toujours de m'enlever mon téléphone et mes jeux.”

Dans un autre parc, sous un lampadaire, Rosa, 56 ans, parle avec sa famille sur Internet presque tous les soirs pendant une demi-heure. Sa fille est à Miami et lui rend régulièrement visite, mais elle n'a pas vu son fils, qui vit au Texas, depuis 2012.

“Appeler ma famille m'aide à rester en bonne santé,”affirme-t-elle. “Quand il n'y avait pas de Wi-Fi à Cuba je ne pouvais leur parler qu'aux anniversaires ou à la fin de l'année. J'ai raté tellement de choses.”

Rosa se souvient de son premier appel vidéo, grâce auquel elle a vu son fils en temps réel sur l'application de messagerie instantanée IMO. Ils se sont parlés pendant trois heures, jusqu’à ce que la batterie du téléphone soit vide.

Rosa explique qu'elle voulait tout voir, comme si elle était là-bas avec son fils. “Montre-moi ta maison, la chambre des enfants, ce que tu as dans ton réfrigérateur,” lui a-t-elle demandé. Elle riait pour s’empêcher de pleurer, car bien qu'elle se soit sentie heureuse, elle ne pouvait penser qu'au moment où son fils, qui avait quitté Cuba illégalement, reviendrait. Début 2018, le gouvernement a annoncé que les citoyens cubains qui avaient émigré illégalement seraient autorisés à rentrer, et que cette mesure inclurait ceux qui avaient fait défection une fois à l'étranger, comme les médecins et les sportifs.

Dans une thèse de master intitulée “Maternité transnationale”, la sociologue Deborah Betancourt note que “ce qu'on appelle les ‘familles transnationales’ […] sont définies comme ces groupes familiaux pour lesquels, malgré une distance géographique entre le migrant et sa famille, les liens familiaux ne sont pas fracturés mais renforcés. De telles relations sont basées sur deux éléments d'une grande importance : les moyens de communication et les versements [d'argent].”

Nouvelles lois sur l’accès à Internet et nouveaux services

Foto: Ismario Rodríguez (Periodismo de Barrio). Usada con permiso.

Photographie d'Ismario Rodríguez (Periodismo de Barrio). Reproduite avec autorisation.

En 2013, le ministère des Communications a publié la Résolution 197/2013 et ainsi approuvé la commercialisation de l’accès à Internet. Jusqu'alors, on ne pouvait se connecter que depuis certains hôtels et à un taux horaire de plus de quatre pesos cubains convertibles (CUC, équivalent à quatre dollars américains ou environ 3,40 euros).

En 2015, les citoyens cubains ont enfin pu se connecter aux bornes Wi-Fi quand le fournisseur d’accès cubain Empresa de Telecomunicaciones de Cuba, S.A. (ETECSA) a annoncé le lancement de 35 bornes publiques. En décembre 2017, ETECSA a annoncé l’introduction de services internet mobiles pour 2018.

La connexion à Internet coûte actuellement 1 CUC par heure, un tarif qui ne cesse d'augmenter, comparé au salaire cubain moyen de 30 CUC.

“Je vais t'appeler tous les jours”

Une nuit, dans un parc Wi-Fi, une femme va et vient frénétiquement en pleurant, un téléphone portable à l'oreille. Elle supplie la personne au bout du fil de lui donner plus d'informations :

“Où étais-tu ? Connais-tu l'un des garçons qui est mort ?… Que disent les médias ?… Je n'ai pas vu ce que cet idiot de Trump a dit, j'en ai juste entendu parler.” La conversation est ponctuée de cris, de sanglots, de réprimandes. “Comment quelqu'un de ton âge peut-il se procurer un fusil ?… Je vais t'appeler tous les jours. Passe-moi ton père s'il te plaît.”

Nous avons plus tard parlé avec cette femme et appris que son fils de 17 ans vit dans le conté de Broward, en Floride. Plus tôt dans la même journée, une fusillade a eu lieu au lycée Marjory Stoneman Douglas [en] dans laquelle 17 élèves ont été tués. Son fils fréquente un autre lycée mais elle a paniqué quand elle a entendu les informations. Elle voulait à tout prix entendre sa voix.

Une des dernières forêts d'Europe se désagrège sous les coups du gouvernement polonais

samedi 1 septembre 2018 à 00:52

Les pétitions en ligne demandant la protection de la forêt de Białowieża ont réuni une multitude de signatures : 243.523 sur WeMove.eu, et 192.480 sur Rainforest Rescue.

Depuis deux ans et demi, les écologistes sont en guerre contre les autorités polonaises pour la forêt de Białowieża, un site inscrit au patrimoine de l'UNESCO et l'un des derniers et plus grands fragments restants de la forêt vierge originelle de l'Europe.

En avril 2018, la Cour européenne de justice, l'instance judiciaire la plus élevée de l'UE, a jugé que la Pologne a enfreint les lois européennes en y abattant des arbres et lui a infligé une amende d'au moins 4,3 millions d'euros, pouvant passer à 100.000 euros par jour si les coupes se poursuivent.

En mars 2016, le ministre polonais de l'Environnement d'alors, Jan Szyzko, un membre du Parti Droit et justice appuyé par les lobbies forestiers, a approuvé le triplement des volumes de bois pouvant être récoltés de Białowieża, sous couvert de combattre une infestation de scolytes. En juillet, une poignée d'organisation environnementales polonaises ont déposé une plainte en bonne et due forme devant la Commission européenne, qui a ensuite poursuivi la Pologne devant la Cour européenne de justice de l'UE.

A cheval sur la frontière entre Pologne et Biélorussie, Białowieża comprend de vastes zones intactes, et abrite une faune sauvage riche de plus de 59 espèces de mammifères, dont le bison d'Europe. Mais alors que du côté biélorusse plus de 80 % de sa superficie est enclose dans un parc national, seulement 17 % de la forêt polonaise jouit d'un niveau de protection similaire.

Les organisations environnementales de surveillance indiquent qu'au moins 160.000 à 180.000 arbres ont été coupés depuis le nouveau plan de gestion forestière du Ministre Szyzko en 2016..

L'indifférence à l'environnement est un trait commun à l'ensemble de l'Europe orientale. En Roumanie, Greenpeace estime que trois hectares d'arbres disparaissent toutes les heures dans les montagnes des Carpates, où se trouvent également les derniers lambeaux de la forêt originelle européenne. En Slovaquie, les déclarations officielles sur la croissance de la forêt sont démenties par les photographies aériennes.

En Pologne, Szyzko a finalement été limogé en janvier 2017, quelques jours seulement après qu'un autre projet de loi controversé qu'il avait soutenu eut été approuvé par le parlement. Le texte supprime l'obligation pour les propriétaires privés de demander l'autorisation d'abattre les arbres ou d'informer les autorités locales que des arbres ont été ou seront coupés.

Le nouveau ministre de l'Environnement, Henryk Kowalczyk, a accepté de se conformer à la décision de l'UE, mais son administration continue à soulever la polémique. En mai, il a constitué une équipe pour élaborer un plan à long terme pour la forêt, avec un projet de replantation des zones de coupe, ce qui selon les écologistes fera plus de mal que de bien.

Manifestations

En mai 2017, des protestataires ont installé un campement permanent dans la forêt, en s'enchaînant souvent aux machines forestières. Le campement, organisé dans une démarche ascendante, a encouragé le développement de pétitions en lignes et d'une prise de conscience internationale.

La situation a dégénéré quand des protestataires ont été menottés et expulsés de force de la zone par les agents du service des Forêts, et qu'une interdiction légale a été mise en place pour empêcher l'accès à certaines parties du domaine. Au plus fort de l'été 2017, le ministère de l'Environment avait déclaré que toute contestation de l'abattage serait assimilée à une opposition politique.

Quand les médias d'État polonais, de plus en plus sujets aux interventions du gouvernement du parti ultra-conservateur Droit et justice, se sont mis à attaquer au vitriol les protestations, les militants ont décidé d'assaisonner leur message de patriotisme, en mettant l'accent sur le patrimoine national dans la ligne idéologique du parti.

Une modélisation numérique en 3D de la forêt, produite par une collaboration entre Greenpeace et Minecraft, permet aux joueurs d'explorer Białowieża sous tous ses aspects, jusqu'à la biodiversité et la météorologie. Appelé “Jusqu'au dernier arbre debout”, le jeu ôte les arbres de la vue des joueurs sans avertissement; les laissant crapahuter pour trouver le dernier.

La longue attente de la relocalisation pour les réfugiés syriens au Liban

jeudi 30 août 2018 à 10:36

Samir, originaire de Syrie, est assis “chez lui” dans un camp de réfugiés improvisé dans la vallée de la Bekaa au Liban. Photo : Darrian Traynor. Utilisée avec autorisation.

“Le camp est mieux maintenant qu'avant”, dit Abou Iday à Global Voices. Chef non officiel d'un petit rassemblement de réfugiés syriens au centre d'hébergement d'Al-Rihaniya à Akkar dans le nord du Liban, Iday précise : “Même s'il est toujours comme une prison.”

La relocalisation est le seul espoir d'une vie meilleure pour le million environ de réfugiés syriens, mais elle implique souvent une attente imprévisible dans des conditions éprouvantes.

S'ils ont bien un peu d'électricité, les réfugiés doivent traverser la route pour chercher de l'eau et utiliser des toilettes publiques. Un millier de personnes vivent dans les tentes de fortune fournies par le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés (UNHCR), malgré leur présence sur le site depuis plusieurs années. Les résidents peuvent théoriquement quitter le centre, mais doivent passer par des contrôles de sécurité.

Abu Iday se souvient :

One resident went out and got stopped at a checkpoint near Tripoli [Lebanon] and put in jail for three days because he didn’t have the proper ID. On his way home after his release, he got stopped at the same checkpoint in the other direction and spent another three days in jail.

Un résident est sorti et a été retenu à un poste de contrôle près de Tripoli [Liban], et mis en prison parce qu'il n'avait pas la bonne pièce d'identité. A son retour après sa remise en liberté, il a été arrêté au même poste de contrôle dans l'autre direction et a passé à nouveau trois jours en prison.

Cette forme de “En attendant Godot” est une expérience banale pour les réfugiés syriens au Liban. Si la plupart aspirent à un retour en Syrie, nombreux sont ceux qui ont déserté du service militaire obligatoire ou ont déjà eu maille à partir avec le régime actuel, ce qui complique la possibilité d'un retour — même si la guerre prend fin.

La plupart des réfugiés syriens au Liban ne possèdent pas de carte d'identité de sécurité, ce qui restreint leur libre mobilité malgré les avantages supposés de la politique officielle de l'UNHCR de fournir des alternatives aux camps de réfugiés. Dans la réalité, de nombreux réfugiés ne reçoivent aucune aide en l'absence d'une adresse officielle, et doivent payer des loyers d'extorsion pour des logements en-dessous des normes ou de petits bouts de terrain où planter leurs tentes. Les lieux où les familles de réfugiés s'agglomèrent (de quelques-unes à des centaines), sont simplement appelés des “rassemblements”.

Il y a quelques années, les familles recevaient des allocations d'environ 260.000 livres libanaises (environ 150 euros) par famille et par mois de l'UNHCR. Mais les financements de l'UNHCR ont subi une réduction si drastique que les réfugiés ne reçoivent plus d'argent, seulement des colis alimentaires. Les soins médicaux ou l'essence pour le chauffage (indispensable en hiver) doivent être payés de leur poche.

t deDes enfants jouent dans un camp de réfugiés en tentes dans la vallée de la Bekaa au Liban. Photo : Darrian Traynor. Utilisée avec autorisation.

L'attente de la relocalisation, toujours retardée

“Nous irions n'importe où”, dit Abou Adel, un habitant d'Al-Rihaniya. Il y a presque 18 mois, lui et sa famille ont été convoqués à un entretien de relocalisation par l'UNHCR.

Au bout de deux longues journées d'entretiens dans les bureaux de l'UNHCR à Tripoli au cours desquels leurs vies en Syrie furent épluchées dans les moindres détails, la famille fut ravie quand les autorités les informèrent que leur histoire concordait et cochait toutes les cases pour une relocalisation en France.

Les félicitations affluèrent des agents des bureaux de l'UNHCR quand la famille retourné à al-Rihaniya pour recevoir encore de nouvelles félicitations et faire ses adieux aux voisins et amis. Les jours passèrent, puis les mois, sans plus de nouvelles de leur relocalisation de la part de l'UNCHR.

Après cinq mois d'attente, Abou Adel a finalement reçu un appel téléphonique : “Excusez ce retard. La France n'a pas accepté votre dossier.” Presque une année a passé, et la famille est toujours prise en compte pour une relocalisation dans d'autres pays.

Abou Adel et sa femme Oumou Adel sont assis dans leur tente, dans un camp de fortune de réfugiés syriens dans le nord du Liban. Photo : Darrian Traynor. Utilisée avec autorisation

La procédure de relocalisation est souvent entachée de ce genre d'aléas.

Samir est originaire de Hama en Syrie, et vit maintenant dans un ‘rassemblement ‘ informel dans la vallée de la Bekaa. Le soir de son mariage en 2012, les forces de sécurité du gouvernement de Bachar al-Assad sont venues l’arrêter sur des soupçons qu'il était impliqué dans la rébellion.

Les militaires ont eu pitié de Samir le soir de son mariage, mais ont averti qu'ils reviendraient le lendemain. Après la noce, Samir et sa femme Hiba fuirent au Liban. Presque cinq ans plus tard, en mars 2017, le couple participa à une série d'entretiens avec l'UNHCR et reçut également l'agrément pour la relocalisation.

Mais Samir a un fils de 17 ans d'un mariage précédent, qui vit avec Samir et Hiba. Pour que ce fils mineur puisse être relocalisé avec eux, Samir avait besoin au préalable de l'autorisation de la mère, elle-même aussi réfugiée, qui vit dans le camp de Zaatari dans le nord de la Jordanie. Remplir la paperasse s'est avéré trop difficile.

Il y a quelques semaines, le fils de Samir a eu 18 ans et n'a plus besoin de l'autorisation de sa mère pour voyager. Samir et sa famille ont l'espoir que l'offre de relocalisation de l'UNHCR tient toujours.

Sara, une réfugiée irakienne de Mossoul vivant aussi désormais au Liban, raconte une histoire analogue au sujet de son frère Ahmed réinstallé en Australie depuis un an et demi. Depuis lors elle attend au Liban des nouvelles de la demande de relocalisation de sa propre famille au titre du regroupement familial.

“Beaucoup de gens ont été réinstallés”, dit-elle. “Nous avons aussi demandé l'Australie mais nous patientons depuis plus de 18 mois.”

Il y a une semaine, Sara a appris que son frère a reçu près de six mois auparavant une lettre de refus pour la demande de sa famille, mais à cause de son anglais insuffisant, il n'avait pas bien compris le message.

Déçue et frustrée, Sara attend pour réessayer par une autre voie du gouvernement australien de relocalisation de réfugiés : le Programme révisé de soutien communautaire (CSP). Un programme qui fait payer aux réfugiés dont la demande est valable jusqu'à 50.000 dollars australiens (36.500 dollars US) par personne.

“Les détails du CSP révisé devaient être finalisés pour juillet 2017″, a indiqué un membre du personnel de la Fraternité de Saint Laurent (une organisme australien agréé par l'État acceptant des réfugiés), “mais nous n'avons eu aucune information sur le programme avant mars 2018.”

Ce retard a empêché de nombreux réfugiés au Liban de candidater ailleurs.

‘Se dépêcher et attendre !’

Les réfugiés comme Sara, Samir, Abou Adel et des milliers d'autres au Liban continuent à ‘se dépêcher et attendre’ dans une suite de retards et de fausses promesses.

En arrivant au Liban, les réfugiés se sentent obligés de s'enregistrer pour commencer le processus de relocalisation, avant d'attendre pendant un temps indéfini que les procédures hautement bureaucratiques suivent leur cours.

Un temps pendant lequel de nombreux réfugiés éprouvent le vide exaspérant et dépourvu de sens de l'attente qui semble être une obscure condition du processus de relocalisation lui-même.

Le Maroc développe la coopération avec les pays de l'Amérique centrale sur le numérique

mercredi 29 août 2018 à 19:54

Boulevard Mohamed V à Rabat par Nawal Bennani CC License 3.0

Cet article a été écrit par Mohamed Sarraf, auteur invité et edité par Global Voices

Au Maroc, l’année 2018 a été marquée par différentes signatures d'accords internationaux. Au siège de l'ADII, à Rabat, Nabyl Lakhdar a ainsi rencontré le 9 juillet dernier, Rita Maria Zniber, la Présidente de l'Association des Producteurs de Raisins au Maroc, en vue d'un accord-cadre. Ce dernier permet d'institutionnaliser ces deux partenaires par l'établissement de diverses actions communes et coordonnées, un suivi précis de l'avancement des différents projets prévus et une amélioration de l'environnement procédural, réglementaire et juridique des entreprises du secteur du raisin marocain.

Le 10 juillet, ce fut au tour d'une délégation parlementaire centre-américaine, alors en visite officielle au Maroc, d'être reçue par Nabyl Lakhdar au sein de l'ADII. Anselmo Otoniel Navarro Gonzales, Président de la Commission des Relations Extérieures et des Affaires de la Migration au Parlement Centre-américain (ou Parlacen), a ainsi abordé les différentes voies possibles de développement de la coopération entre la douane marocaine et celle des pays qui composent le Parlacen (Honduras, Guatemala, La République Dominicaine, Nicaragua, Salvador).

L’objectif était l’amélioration des services douaniers comme fer de lance de la stratégie de développement du Maroc. En effet, ses expérimentations réussies en matière de douane numérique et de formation (notamment dans les opérations à risques) seront exportées dans les pays du Parlacen. Un premier pas avant plusieurs qui vont suivre, d'ici la fin de cette réforme prévue dans trois ans.

Parmi la succession d’actions qui font déjà leurs preuves au coeur de cette réforme, , le système de marquage fiscal SAMID (pour « Système Automatisé de Marquage Intégré en Douane »), mis en application depuis 2010, notamment à Tanger Med. Utilisé en temps réel et à distance, il permet de connaître l'assiette imposable au titre de la Taxe Intérieure de Consommation (ou TIC) sur les boissons et les produits de tabacs manufacturés, qu'ils soient importés ou obtenus sur place, dans le pays. Un système imaginé par l’entreprise suisse SICPA et qui permet ainsi de labelliser ces produits et de les distinguer de ceux issus de la contrefaçon, de la fraude ou de la contrebande. Ce n'est pas le seul changement opéré lors de la réforme de 2010. L'Administration des Douanes a ainsi reconfiguré ses différents points de contrôle, en s'appuyant principalement sur l'analyse et la gestion des risques, avant le dédouanement des marchandises et pendant le contrôle immédiat de ces dernières.

Des cellules exclusivement dédiées au ciblage des opérations à risque, avec une formation appuyée, ont été mises en place, ainsi qu'une consolidation des contrôles, avec notamment une coordination de différents services (Douane, Office des Changes et de Douane et Direction Générale des Impôts) pour réaliser des opérations de vérification en entreprise. Et les résultats ne se sont pas fait attendre, avec un doublement des saisies de produits entre 2016 et 2017, à hauteur de cinq millions. L'Administration des Douanes et Impôts Indirects (ADII) lutte également contre le trafic des devises, de stupéfiants et de cigarettes, le blanchiment d'argent et assure un contrôle des voyageurs de plus en plus accru.

Mais tout ceci reste encore insuffisant pour Nabyl Lakhdar, directeur général de l’ADII depuis novembre 2017 et qui y a déjà officié entre 1998 et 2015. A l'origine du système en ligne Badr qui dédouane les marchandises du Maroc pour l'importation et l'exportation, il a décidé de réformer davantage le service des Douanes, avec un plan ambitieux prévu pour durer jusqu'en 2021.

L'objectif ? Une tolérance zéro pour la contrebande et le développement d’accords internationaux plus serrés.