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Médias citoyens : Appel à candidatures pour les bourses Rising Voices 2013

samedi 9 février 2013 à 07:10

Avez-vous un projet qui pourrait aider votre communauté à utiliser les médias citoyens pour parler d'elle-même ? Avez-vous besoin de financement et de soutien pour faire de cette idée une réalité ?

Depuis 2007, Rising Voices se donne pour but de soutenir des individus, des groupes, des réseaux et des organisations qui aident les communautés locales à occuper toute leur place dans l'espace numérique. En fournissant un financement et un encadrement à de petits projets à travers le monde, Rising Voices a soutenu 35 projets de sensibilisation aux médias citoyens situés dans tous les coins du globe. Ces projets ont aidé de nouveaux internautes, sous-représentés sur le Web, à parler d'eux mêmes ou à faire avancer des questions importantes pour leur association ou communauté.

UNE NOUVELLE PLATE-FORME

Pour les bourses 2013 de financement de micro-projets, Rising Voices a développé une nouvelle plate-forme sur laquelle les candidats peuvent partager publiquement leurs idées. Ce processus ouvert offre de plus grandes possibilités d'obtenir des commentaires et de faciliter les connexions entre des groupes situés dans la même zone géographique ou de travailler autour de la même question. Nous pensons que cette nouvelle façon de partager les idées aura un effet positif pour ceux dans le monde qui ont l'objectif commun d'une blogosphère plus diversifiée et ouverte à tous.

Cette fois-ci encore, nous allons offrir jusqu'à cinq bourses d'un montant de 2 500 à 4 000 dollars américains aux candidats retenus qui auront présenté une idée forte et claire sur la meilleure façon de fournir une formation et un soutien dans le temps à leur communauté. Les projets retenus rejoindront la communauté de projets Rising Voices et ils seront présentés sur le réseau de Global Voices.

LIGNES DIRECTRICES

 

Rising Voices sollicite des propositions de projets qui partagent notre mission de faire entendre de nouvelles voix  sur Internet, ainsi que les langues sous-représentées sur le web grâce à l'utilisation des médias citoyens participatifs. Les activités principales des projets devront consister en ateliers de formation aux médias citoyens à destination de la communauté cible, ainsi qu'en un soutien et une assistance dans le temps.  Consultez notre liste de projets actuels et celle des anciens bénéficiaires de bourses pour voir des exemples de projets financés antérieurement.

Exemples de projets potentiels  :

Les idées de projets ne sont pas limités à ces exemples, et nous vous encourageons à faire preuve de créativité, mais aussi à être réalistes dans vos propositions. Voir la foire aux questions pour plus d'informations.

Pour postuler, visitez la page “Soumettre un projet“, où vous pourrez par des réponses courtes présenter votre projet. Notez qu'il y a une limite de caractères pour chaque réponse (mais pas une limite de mots).

ÉTAPES DES CANDIDATURES

La compétition se déroulera selon les étapes suivantes :

Première étape – Les candidats soumettent leur proposition initiale via la plate-forme en ligne. Une fois la proposition publiée, nous invitons les candidats à partager leur proposition avec leurs réseaux, pour solliciter des commentaires et des suggestions de la part d'autres blogueurs. Veuillez noter la possibilité pour les candidats de garder  leurs propositions confidentielles (par exemple en cas de problèmes de sécurité personnelle).

Toutes les propositions seront examinées par un comité composé de membres de la communauté de Global Voices, y compris les derniers bénéficiaires de bourses.

La date limite de dépôt des candidatures est le vendredi 1er mars 2013 à 23:59 GMT

Deuxième étape  Le comité de sélection choisira une liste de finalistes, qui seront ensuite invités à soumettre une proposition plus longue et détaillée, avec son budget, calendrier et d'autres informations. Ces finalistes auront également la possibilité de soumettre d'autres documents multimédia, comme une vidéo créée par les candidats ou des photographies pour aider le comité à prendre sa décision finale.

Les lauréats seront annoncés le 31 mars (sous réserve de modifications en fonction du nombre de candidatures à examiner).

N'hésitez pas à poser des questions en laissant un commentaire ou en envoyant un e-mail via le formulaire de contact.

Bonne chance !

Bangladesh : Manifestations pour punir de mort les criminels de guerre de 1971

samedi 9 février 2013 à 00:34

(Tous les liens sont en anglais)

Mise a jour  : ce sujet, très sensible au Bangladesh, provoque actuellement de violentes polémiques et d'énormes manifestations. Wikipedia en anglais donne des informations sur le contexte de ces procès pour crimes de guerre, dans un contexte historique très complexe et peu connu en France. 

Voilà 42 ans que les Bangladais attendent que la justice sanctionne les atrocités subies lors de la guerre de l'Indépendance contre le Pakistan. Mardi 5 février 2013, Abdul Quader Mollah, le secrétaire général adjoint du Jamaat-e-Islami, a été condamné à l'emprisonnement à perpétuité par le Tribunal Pénal International du Bangladesh pour meurtres, viols, tortures et autres graves crimes de guerre.

Mais des centaines de milliers de personnes estiment que justice n'a pas été faite. Elles réclament la condamnation à mort de Quader Mollah. Elles se sont installées sur la place Shahbag, à Dacca, pour marquer leur résolution. Depuis, ce mouvement est sorti de Shahbag et s'est répandu comme une traînée de poudre dans tout le pays.

Dans les journées de mardi et mercredi, le Jamaat-e-Islami a provoqué des grèves de l'aube au crépuscule à l'échelle nationale pour réagir contre ce jugement, paralysant le pays tout entier. (Vous pouvez voir le jugement complet ici)

Screenshot of the Facebook Event

Capture d'écran de l'événement Facebook

Les blogueurs et autres activistes en ligne ont eu un rôle essentiel dans la mobilisation citoyenne réclamant la justice contre Mollah et les autres accusés de crimes de guerre, souvent des dirigeants de partis islamistes et ils ont accéléré un processus suspendu depuis 42 ans.

Il ne faut donc pas s'étonner que la contribution principale à lever ces protestations vienne aussi des blogueurs. Protestant contre les grèves et la peine modérée prononcée contre Quader Mollah, le réseau des blogueurs et activistes en ligne (BOAN) a appelé à se réunir à Shahbag, au centre du mouvement politique au Bangladesh, via un événement Facebook. A la rédaction du présent billet, l'événement Facebook comptait 70 000 invitations et plus de 7 000 personnes ont accepté de le rejoindre.

People holds a placard that demand death sentence of Jamaat leader Abdul Qader Mollah. people from all walks of life are continuing their sit-in at Shahbagh intersection in the capital for the second consecutive day.

Les manifestants réclament sur la place Shahbag la condamnation à mort du dirigeant du Jamaat, Quader Mollah. Photo de Firoz Ahmed. Copyright Demotix (6/2/2013)

Shahbag, la place Tahrir du Bangladesh

Ces derniers jours les manifestations et rassemblements se sont multipliés sur la place Shahbag. Avec la participation aux sit-in et aux manifestations de 15.000 à 20.000 personnes, la place est devenue pour le Bangladesh ce qu'est la place Tahrir pour l'Egypte, le centre de la révolution. Depuis mardi après-midi, la manifestation est suivie par de nombreuses personnes de différentes associations sociales et culturelles, ainsi que par des blogueurs. Elle est aussi ponctuée par des chants contestataires, des lectures de poèmes, des projections de films et de documentaires sur la guerre d'Indépendance.

Pavel Mohitul Alam informe depuis Shahbag sur son statut Facebook :

Shahbag est submergé de manifestants, de slogans et de chants. Des milliers de personnes participent à cette protestation pour demander la peine capitale pour le criminel de guerre, à la lueur de bougies et de torches. Bientôt, le groupe musical ‘Shomgiit’ va commencer à chanter. Venez donc nous rejoindre.

Beaucoup ont aussi partagé des images sur Facebook, à l'exemple d’ICSF et de Kazi Sudipto. L'écrivain, journaliste et blogueur Imtiar Shamim a écrit sur Muktangol :

… Shahbag va s'étirer et se répandre dans tout le pays, – il vaincra la peur de la guerre civile et la menace d'une intervention colonialiste, la victoire sera arrachée par la confirmation du jugement contre les criminels de guerre.

La place Shahbag de Dacca n'est pas unique. Des rassemblements importants ont eu lieu à différents endroits du pays, à Chottogram, Rajshahi, Sylhet, Khulna, Comilla, Mymensingh, Rangpur, pour demander la peine capitale par pendaison contre les criminels de guerre.

Rayhan Rashid a écrit sur Facebook à propos de l'extension du mouvement dans tout le pays :

Le feu se répand de ville en ville. Aujourd'hui, je veux être l'un de ces centaines et de ces milliers [de manifestants]…

Protesters on a candlelight protest organized by 'Bloggers and Online Activist Network' demanding death penalty of war criminal Abdul Quader Mollah. Dhaka, 6 February, 2013

Les manifestants allument des bougies et  réclament la condamnation à mort du criminel de guerre Abdul Quader Mollah. Photo de Firoz Ahmed. Copyright Demotix (6/2/2013)

Justice reportée

Durant la guerre d'Indépendance de 1971, 3 millions de personnes ont péri aux mains de l'armée pakistanaise. Plus de 250.000 femmes auraient été violées. Pour tous ces actes, l'armée pakistanaise a reçu la collaboration des milices RajakarsAl-Badr et Al-Shams bangladais (des forces paramilitaires locales, respectivement politique ou religieuse, en faveur du Pakistan), (nombreux étaient aussi les membres du Jamaat-e-Islami qui avaient aidé l'armée pakistanaise à commettre ses crimes, notamment en ciblant la population hindoue). Quader Mollah (dit aussi le Boucher par les Bangladais de la région de Mirpur) était un chef de haut rang de la milice Rajakar. C'est sous son commandement qu'ont eu lieu les massacres de Mirpur. 42 ans après l'indépendance, le Tribunal Pénal International du Bangladesh a établi les crimes commis à cette période et de nombreux jugements sont actuellement en cours. Auparavant, le tribunal avait prononcé la peine de mort contre le Rajakar Bacchu (dont le vrai nom était Abul Kalam Azad) pour ses crimes de guerre en 1971.

Colère populaire

Après la condamnation de Quader Mollah à l'emprisonnement à perpétuité (on s'attendait à une condamnation à mort), beaucoup ont exprimé leur colère sur Facebook, Twitter ou sur les blogs. Elora Leelith réclame un Bangladesh sans Rajakars ni criminels de guerre :

Je vais donner naissance à mon premier enfant demain le 7 février. Que cette naissance se fasse dans un Bangladesh sans Rajakars, ni criminels de guerre. Le groupe de Kader Mollah ne mérite rien d'autre que la pendaison.

Hazrat Binoy Bhodroe a demandé au tribunal sur Twitter :

@hazratb9bhodroe Combien faut-il prouver de meurtres pour obtenir la peine capitale par pendaison, honorable tribunal?

Les charges contre Quader Mollah

6 chefs d'accusation avaient été établis dans la plainte contre Quader Mollah pour crimes de guerre. Le tribunal a reconnu les preuves de son implication dans trois d'entre eux, de sa participation active dans deux et dans le dernier, il a été relaxé. Les 6 charges qui lui étaient reprochées étaient :

(1) Le 5 avril 1971, Pollob un élève du Mirpur Bangla College aurait été tué par balles sous ses ordres (par l'un de ses hommes nommé Akhter).

(2) Le 27 mars 1971, il aurait assassiné avec des complices le poète (pro-indépendance) Meherun Nessa, sa mère et ses deux frères à leur domicile de Mirpur.

(3) Le 29 mars 1971, avec des complices (Al-Badr, Rajakars et des Biharis ne parlant pas le bengali), il aurait enlevé le journaliste Khondokar Abu Taleb à Arambag et l'aurait assassiné en l'égorgeant à Jalladkhana Pumphouse.

(4) Le 25 novembre 1971, avec des membres de milices Rajakars, il aurait organisé le massacre des villageois de Bhawal Khanbari et Ghatarchor de Keraniganj.

(5) Le 24 avril 1971, avec des troupes militaires pakistanaises (et près de 50 hommes non bangladais parlant le bihari), il aurait assassiné 344 personnes au village d'Alokdi à Mirpur.

(6) Le 26 mars 1971, avec des complices, il se serait rendu au domicile de Hoyrot Ali Loskor dans la section numéro 12 de Mirpur et sous ses ordres, l'épouse de Loskor, ses deux filles et son fils de deux ans auraient été assassinés et une de ses filles mineures aurait été violée.

Appel contre le jugement

Il existe des doutes depuis le début sur la possibilité de faire appel de ce jugement et de réclamer officiellement la peine de mort. Cependant le blogueur Omi Rahman Pial a déjà mis en avant des arguments pour demander sa condamnation à la mort par pendaison.

Appel contre le jugement qui a relaxé Quader Mollah dans la plainte à son encontre pour le massacre à Keraniganj. Le mouvement populaire doit obliger le parti du gouvernement à faire appel contre ce verdict. 344 personnes sont décédées. Et Quader Mollah égorgeait des hommes. Un tel assassin barbare ne peut pas juste être condamné à l'emprisonnement à vie. …

Depuis, l'équipe du procureur au Tribunal Pénal International du Bangladesh a pris la “décision de principe” de faire appel pour alourdir la condamnation contre Quader Mollah. Le Bangladesh est l'un des 58 pays au monde où la peine de mort est toujours en vigueur.

La corruption quotidienne au Brésil : de la fatalité au refus

vendredi 8 février 2013 à 23:36

[Sauf mention contraire, les liens renvoient vers des pages en portugais.]

Lorsque le Programme d'accélération de la croissance, connu sous le nom de PAC (“Programa de Aceleração do Crescimento” en portugais) fut lancé en 2007, lors du second mandat de l'ancien président Luis Inácio “Lula” da Silva, l'objectif visait à mettre en oeuvre de grands travaux d'infrastructures sociales, urbaines, logistiques et énergétiques du pays, contribuant par-là au développement durable du Brésil.

Dès 2011, sous le mandat de l'actuelle présidente Dilma Roussef, le PAC a franchi une seconde étape. De nouveaux travaux ont été lancés et de nouvelles ressources mises à disposition. L'idée était simple : augmenter la demande de travail, créer de l'emploi, injecter plus d'argent dans l'économie, soutenir la consommation et accroître la quantité d'infrastructures. Bref, entraîner un effet domino pour le bien du pays.

Cependant, six ans après le début de ce programme, les dépôts de plaintes pour corruption liées au PAC s'accumulaient déjà. Parmi celles-ci, le scandale impliquant l'entreprise Delta Construções S/A, l'une des principales entreprises de grands travaux et principale bénéficiaire des subventions fédérales depuis 2007.

Quatrième marche du Brésil contre la corruption

Quatrième marche du Brésil contre la corruption
(IV Marcha Brasil Contra a Corrupção). Photo du Movimento Brasil Contra Corrupção. (CC BY-NC-SA 2.0)

L'entreprise de construction de Fernando Cavandish a multiplié le montant de ces factures, faisant passer le total initial de 67 millions de reals (soit environ 25,5 millions d'euros) à 3 milliards de reals (plus d'un milliard d'euros) en neuf ans, ce qui représente l'une des plus fortes hausses jamais vues au Brésil. Si cette forte hausse s'explique en partie par les travaux liés aux grands bâtiments et aux stades de football [pour rappel, la coupe du monde de football se tient en 2014 au Brésil, et le pays connaît donc une série d'aménagements et de constructions], les surfacturations et les pots-de-vin y ont aussi contribué.

Le principe de base du lancement du PAC était celui-ci :

un ensemble de mesures destinées à générer de l'emploi et des revenus, exonérer et encourager l'investissement privé, augmenter l'investissement public et améliorer la politique fiscale.

 

Lors de la seconde étape, sur les dix plus gros chantiers dont la plus part oeuvrent dans le secteur énergétique, l'usine hydroélectrique de Belo Monte et celle de Santo Antônio ont toutes deux fait l'objet de critiques pour leur impact sur les populations indigènes. Le gouvernement comptait investir entre 2011 et 2014 près de 95 milliards de reals (36 milliards d'euros).

Ironisant sur le nom du programme du gouvernement et s'inspirant du jeu vidéo Pac-Man, l'application “Roba-Roba” [du verbe "robar", "voler de l'argent"] (“Pique-Pique”) a été créée, dans laquelle un joueur peut se transformer en homme politique corrompu et franchir différentes étapes tout en volant le maximum d'argent.

Roba-Roba ("Pique-Pique"). Image diffusée sur TechTudo, portail brésilien consacré aux nouvelles technologie

Roba-Roba (“Pique-Pique”).
Image diffusée sur TechTudo, portail brésilien consacré aux nouvelles technologies. Avant de commencer la partie, le jeu fournit quelques instructions décrivant les comportements attendus des personnages rencontrés (l'entreprise, la justice, le peuple brésilien et la police fédérale)

Les détournements de fonds

Selon une étude de la FIESP ["Federação das Indústrias do Estado de São Paulo", la Fédération des industries de l'Etat de São Paulo] réalisée en 2010 et publiée sur le site Desviômetro (“le détournomètre”), qui cherche à calculer le montant de l'argent détourné par la corruption, les défraiements, les fraudes, les arrangements, les malversations et autres affairismes :

[Le] coût moyen de la corruption au Brésil [représente] 2,3% du PIB, soit 69,1 milliards de reals sur la base de l'année 2008. Ce pourcentage semble modeste étant donné que pour les personnes dont le revenu par tête est supérieur à cinq salaires minimum [salaire minimum au Brésil en 2013 : 678 R$ (252 €)], 27,8% d'entre elles s'accordent à dire que le problème le plus grave est la corruption.

Du début d'année 2008 jusqu'à aujourd'hui, le Desviômetro estime que les détournements (en hausse constante) s'élèvent à plus de 8 milliards de reals (3 milliards d'euros), soit suffisamment pour recruter 991 491 professeurs de lycée et construire 41 789 logements sociaux.

Capture d'écran du site Desviômetro "Il s'agit d'une estimation en temps réel [et en reals, monnaie du Brésil, notée R$] concernant le montant potentiel du détournement d'argent entre le 01/01/2013 et aujourd'hui causé par la corruption, les notes de frais, les fraudes, les arrangements et les malversations"

Capture d'écran du site Desviômetro
“Il s'agit d'une estimation en temps réel [et en reals, monnaie du Brésil, notée R$] concernant le montant potentiel du détournement d'argent entre le 01/01/2013 et aujourd'hui causé par la corruption, les notes de frais, les fraudes, les arrangements et les malversations”

D'après l'ONG Transparency International [en anglais], le Brésil occupait en 2012 la 73ème place parmi les pays les plus corrompus au monde (sur les 182 Etats recensés). Toutefois, les hommes politiques et la sphère publique ne sont pas seuls en cause dans les détournements et les scandales de corruption. Comme le montrent les grands travaux menés dans le cadre du PAC, des entreprises et des personnes privées ont aussi été impliquées. La corruption est donc une version illégale et illégitime de négociations impliquant aussi bien le secteur privé que le secteur public.

En matière de corruption, le fameux mensalão (“scandale des mensualités”) est un cas à part. Il est considéré comme un scandale de corruption sans précédent au Brésil, comme l'expliquait la revue GPS Brasília :

L'affaire des mensualités (“mensalão”) fut un montage au sein du gouvernement Lula pour acheter le soutien des parlementaires et rembourser les dettes de campagne avec de l'argent non déclaré, ce que l'on appelle “la caisse noire” (“caixa dois”). Les parties plaignantes ont tenu à prouver qu'au moins quatre partis politiques – PT, PP, PL (aujourd'hui PR) et PTB – bénéficièrent de ce montage, sans compter la contre-partie allouée à des chefs d'entreprise et employés d'institutions financières.

Le scandale des mensualités éclata en 2005, mais l'affaire ne fut jugée qu'à la fin de l'année 2012. Lors d'un jugement historique, la Cour Suprême Fédérale condamna la grande majorité [22] des 38 accusés, y compris l'ancien chef de cabinet de Lula José Dirceu, le trésorier du Parti des Travailleurs (PT) Delúbio Soares et l'homme d'affaires Marcos Valério.

Une condamnation sans précédent

Cérémonie de la prise de fonction du président de la Cour Suprême Joaquim Barbosa. Photo de l'Agência Senado. (CC BY-NC 2.0)

Cérémonie de la prise de fonction du président de la Cour Suprême Joaquim Barbosa. Photo de l'Agência Senado. (CC BY-NC 2.0)

Bien que de nouvelles affaires de corruption soient encore souvent révélées au Brésil, une grande partie de la population a le sentiment généralisé que ceux qui y sont impliqués jouissent d'une grande impunité. La condamnation rendue dans l'affaire des mensualités, dont se détache avec relief la figure du président de la Cour Suprême Joaquim Barbosa, pourrait bien indiquer que les temps sont en train de changer. Il s'est même déjà créé une campagne souhaitant la candidature de ce magistrat pour la future élection présidentielle.

L’Association brésilienne contre la corruption et l'impunité a été créée pour mettre fin à l'impunité. Dans son manifeste, elle affirme que :

Dans notre pays, la corruption tend à être considérée comme allant de soi, comme si elle était chronique et incurable, comme si nous étions contraints de nous en accommoder, bien que la majorité du peuple brésilien ne l'accepte pas et se révolte même contre ce qu'il voit et entend. (…) Dans une culture soutenant de tels agissements, il faut éliminer la corruption de la pratique administrative, politique, dans l'entreprise et dans la vie quotidienne de notre pays, depuis la pratique individuelle de citoyens isolés jusqu'aux opérations organisées des sociétés et collectivités publiques à quelque niveau que ce soit.

Dans ce même ordre d'idée, des mouvements de gouvernance ouverte et d'administration transparente affleurent dans divers endroits du pays. Le Brésil est par exemple l'un des huit pays fondateurs de l’Open Government Partnership [en anglais]. De même, l’Instituto Ethos a mis en ligne le portail Jogos Limpos (Jeux Propres) afin de suivre le niveau de trasparence des villes d'accueil de la Coupe du monde de football en 2014. La majorité des agglomérations présentent un niveau très bas.

Le défi du changement est grand. Malgré tout, la participation de tous se révèle indispensable pour que de nouveaux scandales soient précisément tenus pour scandaleux et non comme de simples nouvelles du jour.

Trinidad & Tobago: Se préoccupe-t-on vraiment des questions de cybersécurité?

vendredi 8 février 2013 à 20:17

ICT Pulse s'interroge sur l'importance accordée jusqu'ici par les pays des Caraïbes à la cybercriminalité et aux questions de cybersécurité de manière générale.

“Zimbabwe à elles” : Une plateforme d'échanges entre femmes

vendredi 8 février 2013 à 20:15

Her Zimbabwe est une plateforme en ligne qui permet aux femmes d'échanger entre elles, de discuter et débattre sur des thématiques qui les concernent au premier plan.