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Chine : Le meilleur de Weibo en 2012

samedi 22 décembre 2012 à 09:41

Le Web chinois est un vivier d'informations où chaque jour apporte de nouvelles histoires. Malgré la censure, les internautes chinois gardent leur sens de l'humour (et gardent les censeurs à distance) en créant de nouveaux mèmes et expressions. 2012 touchant à sa fin, TeaLeafNation a fait une sélection des 10 histoires les plus drôles trouvées sur l'internet chinois.

Violent cyclone à Fidji

samedi 22 décembre 2012 à 09:39

Suite à des vents de 170 à 185km/heure  sur Fidji, l'île fait face à de nombreuses inondations, coupures de courant et dégâts matériels. Photo de Brendan O'Farrell, Copyright @Demotix (16/12/2012)

 

Lutte contre le trafic international de femmes: abolir ou réglementer la prostitution? - Première partie-

samedi 22 décembre 2012 à 01:59

Deux cents ONG venues de toute l’Europe se sont réunies au Parlement européen de Bruxelles le 4 décembre. Elles ont lancé un appel à l’abolition de la prostitution et présenté les contours d’une politique abolitionniste européenne. C’est la première fois qu’un tel débat a eu lieu dans l’enceinte du Parlement Européen, qui élabore actuellement un rapport global d’évaluation des politiques européennes sur la prostitution.

Différents groupes féministes ont défilé contre la violence envers les femmes à Paris, dans le cadre d'une mobilisation internationale.Des opinions féministes très diverses se sont exprimées, tantôt favorables, tantôt défavorables à la pénalisation de la prostituée et des clients. Photo Tom Craig copyright Demotix (25/11/2012)

Pour les abolitionnistes, la criminalisation de la prostitution est la clé pour contrer le trafic d’êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle. Pour Grégoire Théry au site Egalité, Secrétaire général du Mouvement du Nid : « Le réglementarisme n’est pas la légalisation de la prostitution mais du proxénétisme. Réglementer la prostitution, c’est autoriser à tirer parti de la prostitution d’autrui ».

En France, où 90 % des prostituées sont étrangères, la Ministre du Droit des Femmes Najat Vallaud-Belkacem a présenté un projet de loi sur l’abolition de la prostitution et la protection des victimes, pour suivre le modèle suédois. Son objectif est « de protéger l'immense majorité des prostituées qui sont d'abord des victimes de violence de la part des réseaux, des proxénètes“.

Aux Pays-Bas, où la prostitution est autorisée et réglementée, la police estime à 50 à 80% des prostituées dans l’industrie légale forcées à se prostituer.

Il est difficile d’avancer des données sûres sur le nombre de prostituées victimes de trafics internationaux. D’une part les pratiques pour comptabiliser ces affaires sont différentes d’un pays à l’autre. D’autre part, le phénomène reste souvent dans la clandestinité et les victimes peinent à dénoncer les criminels par peur de représailles. En Suisse, selon l’Office fédéral de la statistique, on a enregistré 147 plaintes au cours des trois dernières années (2009-2011) et seulement 66 personnes ont été condamnées pour trafic d’êtres humains depuis l’an 2000.

En France, 60 enquêtes pour traite d'êtres humains ont été ouvertes depuis 2004, et d'autres cas font fait l'objet de poursuites sous des qualifications différentes : proxénétisme, esclavage. Une quarantaine de réseaux criminels ont été démantelés en 2011 à Paris, Caen, Bordeaux ou Strasbourg et ont permis de découvrir des victimes colombiennes, chinoises, équatoriennes, nigérianes, roumaines et brésiliennes.

Prostituées transexuelles brésiliennes manifestant devant le Sénat à Paris contre la Loi Anti-Prostitution, mise en place en 2002 Nicolas Sarkozy. Photo de Tom Craig copyright Demotix (21/03/2012)

Selon les nouvelles informations de l’office international du travail publiées en juin 2012, 21 millions de personnes dans le monde sont victimes de travaux forcés et de traite d’êtres humains. Parmi elles, 4,5 millions sont exploitées sexuellement, majoritairement des femmes et des enfants. 880 000 sont comptabilisées dans l’Union Européenne. “Achetées parfois seulement quelques euros”, elles rapportent “une moyenne de 150 000 euros net par an dans les pays occidentaux”, insiste la Fondation Scelles.

La Fondation Selles montre que la traite des êtres humains connaît une évolution ”inquiétante” en Europe. Selon le rapport de la Fondation publié en décembre 2012 intitulé “Exploitation sexuelle : prostitution et crime organisé”, qui fait un bilan de la prostitution dans 54 pays, les proxénètes ont organisé la traite “sur un modèle capitaliste exemplaire”. Le chiffre d’affaires de l’industrie du sexe s’élèverait à plus de 1,5 milliard en Grèce (soit environ 0,70% du PIB) et jusqu’à 18 milliards d’euros en Espagne, où la prostitution est autorisée et réglementée comme tout autre travail.

Les voix favorables à l’abolition s’expriment dans la presse. Elles s’expriment également dans les médias sociaux.

Le 18 décembre 2012, Christine Le Doaré, juriste dans son Blog irréductible et solidaire, féministe, quoi ! s’engage pour l’abolition :

Aux clichés du libre choix et du moralisme abolitionniste, j’opposerais tout d’abord que de plus en plus de témoignages et d’études établissent qu’un grand nombre de personnes prostituées ont été victimes de violences sexuelles dans l’enfance. […] Se pourrait-il que les réglementaristes soient, à ce point, cyniques pour admettre que notre société n’a pas de proposition plus généreuse que la prostitution pour les aider à se reconstruire ? […] Les réglementaristes se sont-ils seulement posé la question de l’âge moyen d’espérance de vie d’une personne prostituée ? Une société ne doit-elle pas d’abord penser à protéger les personnes les plus vulnérables ? Les principes d’intégrité et de non marchandisation des corps humains ne constituent-ils pas des droits inaliénables qui doivent rester hors du commerce et des lois des marchés ? ».

Campagne des Prostituées Indignées à Barcelone. Des prostituées masquées protestent contre l'annonce faite par la Chambre Municipale d'une possible modification de la loi sur la prostitution à Barcelone. Photo Pau Barrena copyright Demotix (26/04/2012)

 

Toutefois partout à travers l'Europe et le Monde, les professionnels du sexe, français ou étrangers, expriment leur désaccord vis-à-vis de la criminalisation des acteurs de la prostitution. Avec l’appui de mouvements féministes, ils revendiquent le droit à l’auto-détermination et au respect de leurs droits fondamentaux et demandent la mise en place d'un véritable statut pour leur profession.

Une tribune d’intellectuels et féministes français publiée en août déclare :

Chaque adulte doit être libre de ce qu'il veut faire ou ne pas faire de son corps. Décréter illégal ce qu'on trouve immoral n'est pas un grand pas vers le Bien, c'est une dérive despotique. Le pouvoir politique n'a pas à intervenir dans les pratiques sexuelles des adultes consentants. La priorité, c'est de faire de la lutte contre les trafiquants d'êtres humains une cause nationale et d'y mettre les moyens.

Le droit à l'oubli : protection des données, mémoire et vie privée à l'ère du numérique

vendredi 21 décembre 2012 à 21:56

[Liens en espagnol sauf mention contraire] Les photos embarrassantes d'il y a dix ans sur lesquelles nous avons été étiquetés, les messages que nous avons envoyés et reçus via nos comptes de messagerie, les conversations par chat, les recherches réalisées sur des moteurs de recherche comme Google ou Yahoo!, les achats en ligne, ou bien les informations sur notre vie privée publiées par des tiers sur un portail ; est-il possible qu'Internet ‘oublie' ces données ?

Le nouveau projet de l'Initiative pour la liberté d'expression sur Internet du Centre d'études sur la liberté d'expression et l'accès à l'information (CELE) (Faculté de Droit de l'Université de Palermo à Buenos-Aires, en Argentine) s'intéresse aux débats autour de la création d'un nouveau droit à l'oubli qui pourrait rendre à l'individu le contrôle sur son information et, par ailleurs, le libérer de son “passé numérique”.

Ce nouveau droit (ou l'extension du droit de ‘habeas data’) permettrait, par exemple, qu'une entreprise ne détienne plus un certain nombre de données sur une personne, que des images données soient supprimées des réseaux sociaux, ou qu'un moteur de recherche exclue de ses résultats les rumeurs inexactes ayant terni la réputation d'une personne.

Photo via Shutterstock. Copyright: Anneka

Pour les personnes critiquant cette proposition [en anglais], cet oubli numérique serait inapproprié dans les affaires d'intérêt public : un fonctionnaire demandant que l'on supprime une vidéo le montrant acceptant un pot de vin ou un médecin tentant de faire disparaître un dossier révélant une pratique professionnelle condamnable, pour ne citer que quelques exemples.

La nouvelle tâche du CELE s'efforce de donner un aperçu général sur la question : elle ébauche une définition du droit à l'oubli ainsi que son éventuelle contradiction avec d'autres droits existants, elle présente son lien avec la protection des données ou habeas data, et référence quelques propositions pratiques visant à aménager une forme d'oubli dans l'environnement numérique.

Le document [pdf] précise :

Même si nous montrons les raisons pour lesquelles la discussion sur le droit à l'oubli est importante, nous ne prétendons pas prendre la défense de sa mise en oeuvre. Nous considérons que le plus important est de comprendre les arguments en jeu, de situer – de manière spécifique – les différentes positions et commencer à penser la question depuis l'Amérique latine.

Ce travail du CELE s'achève sur des recommandations, notamment, visant à considérer, s'agissant de solutions en matière de droit à l'oubli numérique, l'ensemble des acteurs impliqués sur Internet - à commencer par les usagers- et que les mécanismes à mettre en place s'ajustent aux standards internationaux sur des questions comme la liberté d'expression et l'accès à l'information.

Catalogne : L'indépendance, pour quoi faire ?

vendredi 21 décembre 2012 à 20:49

Cet article fait partie de notre dossier Relations Internationales et sécurité.

Pro-independence rally on Via Laietana on September 11, 2012.

Rassemblement indépendantiste Via Laietana (Barcelone) le 11 septembre 2012. Par Lohen11 sur Wikimedia Commons (CC BY-SA 3.0)

Le 25 novembre 2012, les Catalans [en anglais] étaient aux urnes pour des élections régionales anticipées. Les sondages ont été organisés deux mois après un grand rassemblement indépendantiste à Barcelone. Le taux de participation a atteint un record de près de 70%, le plus élevé en 30 ans, et les quatre partis politiques décidés à tenir un référendum sur l'indépendance de la région (CiU-ERC-ICV-CUP) ont obtenu deux fois plus de sièges que ceux qui défendaient le statu quo (CFP-PP-C). Fondamentalement, les deux principaux partis de la Catalogne - le parti de centre-droite CiU actuellement au pouvoir et PSC socialiste - ont subi de graves revers.

Par conséquent, il apparaît que la Catalogne est maintenant prête à organiser un référendum sur ses liens avec le reste de l'Espagne, et que la région n'a pas confiance en ses principaux partis politiques pour orienter le processus. L'Espagne, cependant, ne rendra pas la tâche facile pour le vote des Catalans, puisque toute tentative de diviser l'Espagne peut être considérée illégale selon la Constitution du pays, écrite en 1978 après la chute de la dictature de Francisco Franco.

Les différences culturelles mises à part, beaucoup de Catalans sont favorables a l'indépendance parce qu'elle offrira la possibilité de construire un nouvel Etat plus efficace, plus démocratique, transparent et innovant. Une Catalogne indépendante serait très différente de l'Espagne d'aujourd'hui où la crise économique, l'opacité et le clientélisme sont souvent dénoncés comme monnaie courante.

Mais une Catalogne indépendante entraînerait-elle l'éclatement de la dynamique en place en Espagne depuis la fin des années 1970 ? Certains optimistes le pensent. Par exemple, la viabilité économique d'une Catalogne indépendante a été largement discutée [en anglais] et est considérée possible tant qu'il y a peu de barrières commerciales. Mais la viabilité, ce n'est pas seulement d'avoir suffisamment de ressources. L’économiste Jordi Galí écrit un article d'opinion dans un journal Catalan traduit par Wilson Initiative :

Ce rapport [Le rapport Doing Business de la Banque Mondiale] et d'autres semblables, tels que le Rapport sur la compétitivité mondiale, ne font que confirmer ce qui est évident pour tout chef d'entreprise : l'environnement institutionnel espagnol est loin d'être idéal pour la création d'une richesse basée sur la productivité. La construction d'un nouvel État offre donc une occasion unique de commencer à zéro un processus ambitieux et engageant, qui regarde vers l'avenir sans être alourdi par le passé.

Mais que peut produire une société basée sur une politique de clientélisme ? S'inspirant du livre Why Nations Fail (Pourquoi les nations échouent) par Acemoglu et Robinson, Adrià Alsina écrit dans e-Notícies [en catalan] sur la nécessité de changer les structures de pouvoir de la Catalogne:

Les élites extractives [NdT : prédatrices] contrôlent le pouvoir public et les grandes entreprises et forment une caste qui accapare la richesse du pays comme les parasites font avec leurs hôtes. Ils déguisent leurs actions en intérêt national, pour le service public ou la protection de l'industrie locale, mais il s'agit toujours de la même protection des privilèges d'une minorité contre l'intérêt de la majorité.

Dans un second article [en catalan], il ajoute:

Si la Catalogne devient indépendante, elle aura l’opportunité de se débarrasser de ce fardeau, mais elle pourrait aussi bien simplement remplacer certaines élites extractives par d'autres.

… c'est cette structure que nous avons la possibilité de changer dans les années à venir : la collusion terrible entre les élites économiques et politiques qui nous mènent à la catastrophe. A la bulle immobilière financée par les banques para-publiques au service des politiciens et des hommes d'affaires du bâtiment, à ce fait que la plupart des entreprises catalanes datent encore de l'époque de Franco.

Certains doutent de la possibilité de ce changement structurel avec la présence du parti de centre-droite, le CiU a la tête du processus.

Par exemple, le blog et profil Twitter @CiUensRoba (”CiU nous vole”) avec 6 810 abonnés dit dans son profil Twitter :

Catalunya es mereix una independència sense lladres. CiU ens ha robat llibertats, sobirania, identitat, benestar… i ho continuarà fent!

La Catalogne mérite une indépendance sans voleurs. CiU a volé nos libertés, souveraineté, identité, protection … et continuera à le faire!

D'autres soulignent que la fin de la corruption en général est beaucoup plus urgente que l'indépendance de l'Espagne.

@Moragasanti: Al Oasi catala no hi han Datils (pel poble, clar) Volem la Independencia, pero amb la motxilla de la nostra corrupció política A sobre? Bdia

Sur l'oasis Catalane il n'y a pas des dattes (pour le peuple, bien sûr). Nous voulons l'indépendance, mais avec ce sac de la corruption politique sur notre dos?

@afarrasc: Els jutges han esperat el #25N+2 x imputar dirigents PSC per presumpta corrupció La indèpendència judicial és més urgent que la de Catalunya

@afarrasc: Les magistrats ont attendu le #25N +2 pour charger les dirigeants du PSC d'allégations de corruption. Une indépendance judiciaire est plus urgente que celle de la Catalogne

Un processus d'indépendance ébranlerait l'ordre politique et économique de la région. Cependant, il faudra beaucoup plus qu'un référendum pour secouer les dynamiques sociales et les forces au pouvoir. Serait-ce le premier pas?

ISN logoCet article et ses traductions en espagnol, arabe et en français ont été commandés par le Réseau International de Sécurité (ISN) dans le cadre d'un partenariat destiné à faire entendre les points de vue des citoyens sur les relations internationales et les questions de sécurité dans le monde. Ce article a été publié sur le blog de ISN, voir ici des histoires similaires.