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750 millions de francophones en 2050 ?

mercredi 26 mars 2014 à 15:27
Bangui, Central African Republic. The French language retains some of its former influence in the former French colonies in Africa.

Bangui, République Centrafrique. Le français maintient une partie de son influence dans les anciennes colonies françaises en Afrique. Photo tirée de Wikimedia Commons.

En réponse à l'article de John McWhorter dans le New Republic assénant qu'il est inutile d'apprendre le français, Pascal Emmanuel Gobry écrit dans son blog sur le site du journal Forbes que le français pourrait justement être la langue du futur :

Le français n'est pas principalement parlé par les Français, et ce depuis longtemps. C'est une langue en pleine expansion, qui se développe dans des régions qui connaissent elles-mêmes les plus forts taux de croissance au monde, particulièrement en Afrique sub-saharienne. Les dernières prévisions indiquent que le français sera parlé par 750 millions de personnes en 2050. Une étude menée par la banque d'investissement Natixis suggère même qu'à ce moment là, le français pourrait être la langue la plus parlée au monde, devant l'anglais et même le mandarin. 

Il y a un mois, des traducteurs de Global Voices donnaient leur avis sur les difficultés et les avantages de l'apprentissage du français.

Inde et Pakistan : Passer au crible les versions contradictoires d'une histoire commune

mercredi 26 mars 2014 à 15:24
Une longue caravane de paysans Sikhs en route vers l'Inde dans des chars à boeufs.. Photo de Margaret Bourke-White. 1947. Photo mise en ligne sur Flickr par Shaktishree DM CC By-ND 2.0

Une longue caravane de paysans Sikhs en route vers l'Inde dans des chars à boeufs. Photo de Margaret Bourke-White. 1947. Photo mise en ligne sur Flickr par Shaktishree DM CC By-ND 2.0

[Sauf Indication contraire, les liens dirigent vers des pages en Anglais]

Cela fait bientôt 70 ans que l'ancienne colonie des Indes britanniques s'est séparée en deux pays [fr] sur des bases religieuses, déclenchant la plus grande migration de masse de l'histoire de l'humanité : les musulmans migrant vers le Pakistan tandis que les sikhs, les hindous et d'autres migrèrent vers l'Inde.

Jusqu'à un million de personnes trouvèrent la mort lors des violences qui survinrent après la partition de l'Inde. Dans les années qui suivirent, les conflits sur les ressources et le territoire malmenèrent les relations déjà fragiles entre les deux pays. L'amertume déborde souvent jusque dans les classes, où un nationalisme monté en épingle offre aux élèves un point de vue biaisé de leur voisin.

Qasim Aslam, entrepreneur et militant basé à Lahore, vise à mettre fin aux préjugés qui imprègnent l'éducation de la jeunesse des deux pays avec l'aide d’une équipe de jeunes Indiens et Pakistanais au travers du History Project (Projet histoire). La méthode est simple : juxtaposer des textes tirés de livres d'histoire utilisés dans l'enseignement dans les deux pays afin de proposer une narration alternative et neutre aux élèves.

Qasim est également membre du conseil d'administration de Seeds of Peace (graines de paix), une ONG internationale qui travaille à la résolution de conflits. Il est à l'origine de plusieurs programmes d'échanges indo-pakistanais qui cherchent à encourager la compréhension mutuelle entre les deux pays d'un point de vue social.

Lancé à Mumbai en avril 2013, le manuel est maintenant utilisé dans plusieurs écoles en Inde et au Pakistan. Qasim explique au journaliste blogueur Beena Sarwar :

The way we are taught history aims to make us into conformists. The History Project aims to inculcate a culture of questioning, counter how history is taught as a set of facts, not a narrative – which is what it is. A fact can’t have two versions.

La façon dont on nous enseigne l'histoire cherche à faire de nous des conformistes. L'ambition du History project est d'inculquer une culture de la remise en question, s'opposer à l'enseignement de l'histoire vue comme une série de faits plutôt qu'un récit – ce qu'elle est pourtant. Car un fait ne peut avoir deux versions.

Capture d'écran de la couverture du livre.

Capture d'écran de la couverture du livre – lien vers le PDF.

Selon l’introduction du livre, l'idée est née pendant une rencontre entre des adolescents pakistanais et indiens dans une petite ville de l'état du Maine aux USA. Il y est écrit que l'idée principale était :

to enable access for youth in their formative years to alternative perspectives on their shared heritage and to encourage a culture of rational and critical thinking with particular focus on information that shapes the view of our respective lineage.

de permettre l'accès aux jeunes à des perspectives alternatives sur leur héritage commun durant leur éducation et encourager une culture rationnelle de l'esprit critique en se concentrant particulièrement sur l'information qui détermine la vision de nos origines respectives.

Dans un entretien avec le site internet d'information The Diplomat, les membres de l'équipe de Qasim, Ayyaz Ahmad et Zoya Siddiquiand, décrivent l'évolution du projet depuis le moment où l'équipe a trouvé sa direction jusqu'à l'importance des illustrations.

Sur internet, l'idée est reçue favorablement. Dans un commentaire sur un profil du projet sur le site du journal The Hindu, l'utilisateur Saurabh Sethi écrit :

Phenomenal effort by both the authors and The Hindu to bring into light such information. You are an example of the kind of people we need today to strengthen Indo-Pak relationship.

Un effort phénoménal de la part des auteurs et de The Hindu pour avoir mis à jour une telle information. Vous êtes un exemple et le genre de personnes qu'il nous faut aujourd'hui pour renforcer les relations indo-pakistanaises.

Sur Twitter, des utilisateurs font l'éloge du projet :

Je me rappelle avoir appris cette histoire profondément nationaliste du Pakistan et de la haine qu'elle incitait. Je suis ravi de l'existence de ce projet 

(The Hindu – Deux côtés d'une même Histoire Les manuels scolaires d'Inde et du Pakistan présentent des versions divergentes des événements historiques. Le Projet Histoire propose une trêve.)

Bravo pour ce projet mettant en avant comment l'histoire est enseignée différemment en Inde et au Pakistan 
(Changer les histoires de l'Inde et du Pakistan – L'Inde en Temps Réel – WSJ
Un mouvement de Lahore a publié un livre qui attire l'attention sur les différences d'imagerie de l'histoire dans les manuels indiens et pakistanais.)

Le contenu du livre couvre seulement les événements qui menèrent à la partition de l'Inde en 1947. Peut-être qu'il éclairera un jour également les pages d'histoire suivantes. Vous pouvez suivre l'évolution du projet sur sa page Facebook.

Le congrès brésilien vote la première loi sur les droits des internautes

mercredi 26 mars 2014 à 15:05

[Sauf indication contraire les liens dirigent vers des pages en anglais.]

La loi Marco Civil a enfin été approuvée et votée par le Congrès National du Brésil et la dernière étape sera le vote du Sénat. La loi sur les droits des internautes était devenue un sujet de discussion mondialement suivi sur Twitter, à la suite d'une campagne d'envergure menée pendant la journée du vote, le 25 mars 2014, sous les mots-clés #MarcoCivil et #EuQueroMarcoCivil (Je veux Marco Civil).

L’actuelle version [pdf, en portugais] de la loi renforce les dispositions sur la neutralité d'internet, la liberté d'expression et sur la protection de la vie privée des internautes.

L'ancien Ministre de la Culture et musicien célèbre, Gilberto Gil, qui a donné un visage à la pétition d'Avaaz “Pour un internet libre et démocratique“ [portugais], twitte :

On a gagné ! #MarcoCivil est voté !! Pour un web neutre, la liberté d'expression et le respect de la vie privée !

Pour Sir Tim Berners-Lee, créateur d'internet il y a 25 ans, c'est “le plus beau cadeau d'anniversaire pour les internautes brésiliens et du monde entier”. Dans une déclaration de soutien publiée la veille du vote il indique que l'approbation de Marco Civil “est l'avènement d'une nouvelle ère – une ère où les citoyens du monde entier seront protégés par une déclaration des droits numériques” :

Comme le Web, Marco Civil a été créé par ses utilisateurs – le processus innovateur, non exclusif et participatif, s'est traduit par une politique qui équilibre les droits et responsabilités des personnes, des gouvernements et des sociétés qui utilisent internet. (…) la dernière version de la loi est le reflet de ce que devrait être internet : un réseau ouvert, neutre et décentralisé, où les utilisateurs sont le moteur de la coopération et de l'innovation.

Activists cheer for the bill in the Chamber. Photo by @MarcoCivil via Twitter.

Les militants se félicitent du votre de la loi au Congrès. Photo de @MarcoCivil via Twitter.

L'Egypte condamne à mort 529 partisans des Frères Musulmans

mercredi 26 mars 2014 à 11:57
A state-of-the-art execution machine designed by @Ternz to help Egypt execute 529 Muslim Brotherhood supporters

La machine à exécuter perfectionnée imaginée par @Ternz pour permettre à l'Egypte de mettre à mort 529 Frères Musulmans

Le 24 mars, l'Egypte a condamné 529 partisans des Frères Musulmans à mort, pour leur rôle dans les violentes émeutes de Minya, en Haute Egypte, en août dernier. Les émeutes avaient éclaté après la violente dispersion de sit-ins en soutien au président déchu Mohammed Morsi, un dirigeant de la confrérie. Des centaines de ses partisans avaient été tués. Un policier était mort, un crime avec 529 accusés.

En Egypte, ce verdict, une des condamnations à mort les plus collectives de l'histoire contemporaine, a été accueilli par des remontrances et des louanges, selon l'extrémité du spectre politique d'où émanaient les réactions. Mada Masr en fait le décompte ici [Les liens renvoient à des pages en anglais sauf mention contraire].

La blogueuse égyptienne Zeinobia écrit que le jugement, dont le verdict définitif est attendu le 28 avril, bat un nouveau record mondial.

Elle explique :

Nous avions le plus grand nombre mondial de malades de l'hépatite C, nous avions le taux le plus élevé au monde de harcèlement sexuel, et aujourd'hui nous avons battu le record de peine de mort de masse par un tribunal en un seul procès !!
Je parle du jugement historique de la cour pénale de Minya contre 529 accusés, ouaip, celui dont parle le monde entier.

Et Zeinobia d'ajouter :

Je vais parler faits :

529 accusés condamnés à mort et 15 acquittés au procès des suites de la dispersion de Rabaa à Minya.
139 étaient en détention dans l'affaire, le reste était soit en liberté sous caution soit en fuite.
51 accusés seulement assistaient aux audiences parce que l'espace ne pouvait en contenir davantage.
Le procès a commencé samedi et s'est terminé lundi.
Les avocats des défendeurs ont réclamé le changement du jury mais leur requête a été rejetée.
Les avocats des défendeurs “non contumaces” n'ont pas été autorisés à défendre leurs clients !!
Les 529 défendeurs sont accusés du meurtre du chef adjoint de la police Mostafa El Attar du commissariat de Matay !!
Ceci est la plus grosse condamnation à mort de masse de l'histoire de la justice égyptienne.

La journaliste égyptienne Bel Trew s'interroge :

On n'arrive pas à imaginer comment on pourrait même pendre 529 personnes. Avec juste 5 minutes par personne ça serait 44 heures de boucherie continue

L'Egyptien @Ternz, qui reconnaît ne s'être mis à dessiner que depuis deux semaines, a produit une solution : une machine à exécuter ultra-perfectionnée.

Il explique [arabe] :

J'étais assis l'esprit détendu, et je me suis demandé comment servir au mieux mon pays ? Comment lui être utile et l'aider ? Alors j'ai pris la plume et ai dessiné la machine dont l'Egypte a besoin dans cette phase

Et voilà son chef d'oeuvre :

Voilà ma contribution à la mise en oeuvre compétente des condamnations à la peine capitale, j'espère que cet appareil intéressera les autorités. Il s'agit d'une machine à exécuter dernier cri.

De son côté, le journaliste britannique Inigo Gilmore conclut :

L'Egypte voudrait que les touristes reviennent, en mettant les journalistes en cage comme des animaux, et en condamnant à mort des centaines de gens dans des simulacres de procès ?

Trois ans de Révolution syrienne : “Notre rêve est encore vivant”

mercredi 26 mars 2014 à 10:24

Ce billet fait partie d'une série spéciale d'articles écrit par la blogueuse et militante Marcell Shehwaro, décrivant les réalités de la vie en Syrie pendant le conflit armé en cours entre les forces loyales au régime actuel et celles qui cherchent à l'évincer.

Marcell and friends preparing the martyrs memorial to commemorate the third anniversary of the Syrian revolution

Marcell et des amis préparent un mémorial pour des victimes, pour commémorer le troisième anniversaire de la révolution syrienne. Photo Marcell Shehwaro.

 

15 ou 18 mars ?

Je me rends compte cette année comment nous sommes en retard pour traiter du troisième anniversaire de la révolution syrienne. C'est comme si retarder le moment d'en parler allait changer la réalité, déprimante. Nous célébrons la troisième année du début de la révolution. Beaucoup de choses ont changé au cours de ces trois ans, dans la mesure où vous ne vous reconnaissez plus vous-même, ni reconnaissez vos amis, votre famille ni votre maison. Ceux qui ont réussi à rester comme avant, au cas où vous trouveriez un syrien qui n'a pas changé, ont de la chance. Ou peut-être pas de chance.

J'ai également noté l'absence des débats auxquels les Syriens aiment d'habitude se livrer chaque année, sur la date exacte de début de la révolution. La question que nous nous posons en plaisantant: Etes-vous un partisan de la révolution du 15 mars ou celle de la révolution du 18 mars ? Je vais essayer d'expliquer brièvement la raison de ce débat, qui n'a pas eu lieu cette année en raison de l'épuisement, ou peut-être parce que nous avons renoncé à déterminer la date exacte qui a marqué le début de la révolution.

Voici l'argument avancé par les partisans de l'idée que la révolution a commencé le 15 mars 2011: ce jour-là, une petite manifestation a eu lieu à Al Hareeqa à Damas. Des manifestants ont été arrêtés, ce qui a provoqué un sit-in le jour suivant, à côté du ministère de l'Intérieur, pour réclamer leur libération.

Ceux qui soutiennent que la révolution a commencé le 18 mars (je suis l'un d'eux), affirment que la révolution a débuté à Deraa le 18 mars 2011, et que ce fut le point de non-retour. Tout ce qui s'était passé avant cette date n'était qu'un prélude, avec relativement peu de participants et qui aurait été étouffé s'il n'y avait pas eu la rébellion populaire à Daraa le 18 mars.

Cette année, nous semblons avoir atteint un consensus pour que l'anniversaire s'étende du 15 au 18 mars. Et à Alep, ma ville, le débat fait rage sur les pages de commentaires web, entre ceux qui ont décidé de rester sur place et ceux qui ont décidé de prendre une pause en Turquie. Nous avons décidé de préparer cette célébration de l'anniversaire 10 jours plus tôt.

Comment célébrer ?

Un de mes amis qui est toujours enthousiaste, et que j'envie pour sa foi passionnée dans la révolution, a dit : “Nous avons besoin d'organiser quelque chose dans l'ensemble de la Syrie.” Dès qu'il l'a dit, nous avons réalisé combien il était devenu difficile de dire “toute la Syrie”. Les préoccupations des assiégés de la campagne de Damas et de Homs sont complètement différentes de celles de ceux du Nord libéré, et douloureusement éloignées de la vie normale dans d'autres parties du pays. Même les préoccupations de ceux dans le Nord libéré ne sont pas les mêmes que celles de ceux d'Alep, qui est constamment bombardé ; ou Idlib, qui célèbrent sa récente libération, ou Al Raqqa, qui souffrent sous une nouvelle dictature –  une faction qui se dit l'Etat islamique d'Irak et de Syrie, ou comme les Syriens préfèrent l'appeler, Daesh.

Malgré tout cela, nous avons constituté un petit groupe d'utilisateurs sur Facebook pour préparer les célébrations du troisième anniversaire de la révolution. Nous nous rencontrons rarement dans la vraie vie, à cause des coupures d'électricité et des difficultés d'accès à l'Internet d'une région à l'autre. Nous avons insisté sur le maintien des valeurs fondamentales de la révolution. Quelqu'un a suggéré le slogan “Droits, Humanité, Justice.” Aujourd'hui, cependant, certains s'opposent à la révolution tout simplement à cause du mot “liberté”, de sorte que nous insistons pour l'inclure. Nous décidons pour “Liberté, Justice, Dignité” comme notre devise pour cet anniversaire, qui exprime, en substance, les valeurs que nous avions au début du mouvement.

Nous reconnaissons qu'il existe de nombreuses raisons pour que le slogan change après trois ans et comment la linguistique pourrait nier à la révolution ses valeurs. Parmi ces raisons il y a la politique, l'argent et un désir d'apaiser les médias occidentaux en adoptant son vocabulaire. Comme nous sommes les enfants de cette révolution, nous avons décidé que nous avions besoin de rappeler aux gens que ce qui se passe aujourd'hui en Syrie n'est pas une crise, un conflit, une guerre civile ou un affrontement entre deux forces. Ce qui se passe est une révolution : un rêve de changement, de droits, d'humanité, de liberté, de justice et de dignité. Ce sont les raisons pour lesquelles nous avons choisi le slogan de cette année.

Une rébellion pour la liberté, la justice et la dignité

Le premier jour, notre slogan sera “Liberté”. Nous allons peindre le mot dans différentes langues sur un mur public à Alep pour dire au monde qui est témoins du versement de notre sang que quelque soit le prix que nous payons, nous croyons toujours en la liberté.

Le deuxième jour, nous allons nous concentrer sur la “Justice”, et mettre en place un mémorial avec des photos de 500 martyrs tués à Alep. Nous mettrons également des fleurs sur les tombes des martyrs, qui ont rempli nos cimetières.

Le troisième jour, nous allons célébrer “la dignité”. Nous allons rassembler des lettres de la ligne de front de l'Armée de la Syrie libre, des camps médicaux, des militants et des gens dans la rue. Il s'agit de lettres de soutien, d'une partie de la Syrie à l'autre.

Et le dernier jour, nous allons ériger les feux de circulation révolutionnaires pour rappeler que “Traiter les gens d'apostats est la croisée des chemins”, “La révolution est une voie à sens unique”, et “Le chemin vers l'avant est suivi par des caméras des médias”, entre autres.

Tous les petits détails que nous avons préparés sont douloureux à contempler. Ça fait mal de rechercher de vieux slogans qui ont été un rêve pour la plupart des syriens, avant que la violence nous change. Les photos des martyrs sont déchirantes. Comment sont-ils devenus déjà des numéros, après avoir été couverts de sang alors que la douleur ressentie par leurs familles est loin d'être terminée? C'est épuisant d'écrire à des syriens de ceux qui souffrent et des difficultés que nous connaissons. Il est inquiétant de constater qu'ils ont effectivement commencé à nous diviser.

Ça fait mal d'essayer de ramener le bonheur qui a disparu après la première année, l'intensité des préparatifs pour le deuxième anniversaire et de voir combien nous avons perdu au moment de ce troisième anniversaire.

Je suis fier qu’ après toute cette violence, nous n'avons pas perdu nos esprits et que nous adhérons toujours à des valeurs très élevées. Nous pouvons peut-être calmer les coups de poignards plantés derrière le dos et les erreurs horribles commises. Mais je suis fier du mouvement, des erreurs et tout, et tout comme je l'ai écrit dans le dialecte local, des combattants épuisés et abandonnés:

“La route de la révolution est aussi pleine de fierté et de liberté que le nombre de gens que nous avons perdus, bien que l'énergie et les rêves aient disparu. Je vous écris pour vous rappeler les moments où nous avons soulevé nos mains lors des manifestations et juré d'achever la route ensemble afin d'apporter un avenir meilleur pour ce pays.

“Je vous écris pour vous dire que vous n'avez, peut-être, pas saisi l'importance de votre présence parmi nous comme moi. Rappelez-vous que chacun de nous s'appuie sur le soutien de l'autre, et quiconque d'entre qui abandonne laisse tous nos dos exposés. Rappelez-vous que nous avons un devoir envers les familles des martyrs.

“Peut-être que l'année dernière en particulier a été un choc, qui nous a rappelés pour que notre liberté augmente, nous avons à payer un prix cher et que la possibilité de vivre dans les zones libérées a été payée avec le sang des jeunes, qui ont reçu les premières balles, tirées sur les manifestations. Aujourd'hui, nous pouvons nous déplacer librement à Alep, sans un dictateur, grâce aux sacrifices de Abu Younis, Sultan, Saif, Amin et d'autres jeunes. 

“Nous avons encore beaucoup de choses pour lesquelles lutter, Abdulwahab, Abu Mariam, Luay Abou El Joud et Nour, et beaucoup, beaucoup d'autres doivent revenir.

“Nous avons encore un long chemin à parcourir pour qu'on cesse de martyriser les gens en Syrie, comme Tuti, qui a été tué par la torture.

“Oui, la route est très longue. Mais comme nous l'avons écrit, sur les murs de ma ville, une citation de Mahmoud Darwish [le poète palestinien]:

“Nous sommes encore en vie et nous allons persévérer. Et notre rêve est de rester en vie, quoi qu'il advienne. “

 Marcell Shehwaro blogue sur  marcellita.com et tweete sur @Marcellitaprincipalement en arabe dans les deux cas.