Cela fait un an que le développeur palestino-syrien Bassel Khartabil, aussi connu sous le nom Bassel Safadi, a disparu de sa cellule de prison en Syrie.
Le blogueur et développeur de logiciels libres avait été mis sous surveillance par les autorités syriennes depuis mars 2012. En octobre 2015, Bassel a été sorti de la prison d'Adra, une installation civile, et amené dans un lieu tenu secret. Son épouse, Noura Ghazi, rapporte “que la police militaire a extrait Bassel de sa cellule à Adra suite à un ordre hautement confidentiel de la Cour martiale.”
Le 12 novembre 2015, Ghazi déclara qu'elle avait été contactée par des gens disant appartenir au gouvernement d'Assad et qui l'ont informée de la prétendue condamnation à mort. Ghazi écrivit alors sur Facebook :
إجاني خبر صاعق انو باسل محكوم اعدام وهاد بيعني انو نقلو عالشرطة العسكرية كتير خطير … ما بعرف شي غير هيك وما بعرف اذا تنفذ شي بحقو … يارب نقدر نساعد باسل … يا رب ما يكون فات الاوان عالمحاولات …. كتير خايفين على حياة باسل
Je viens juste de recevoir la nouvelle troublante et choquante de la condamnation à mort de Bassel. Je pense que cela signifie que le transfert à la prison militaire a été très périlleux. Je n'ai vraiment pas d'autres nouvelles. Que Dieu lui vienne en aide, espérons que ce n'est pas trop tard. Nous mourrons d'inquiétude pour sa vie .
Les détails sur le lieu et les conditions de détention de Bassel n'ont jamais été confirmés, et aucune information supplémentaire n'a été obtenue depuis octobre 2015. Ce n'est que le dernier chapitre de l'histoire de l'emprisonnement et de la disparition de Bassel.
Electronic Frontier Foundation, projet “Offline”. Utilisation autorisée.
“Pour la plupart de ceux qui sont dans le mouvement du logiciel libre et de la culture libre, ce qui peut arriver de pire est le mépris d'un avocat de droits d'auteur. Mais au Moyen-Orient, le combat pour la liberté est générique : défendre le droit à la création et à la gratuité, c'est risquer la réponse la plus extrême. Bassel subit maintenant cette réponse extrême”. Larry Lessig
Bassel est responsable de Creative Commons en Syrie et est membre actif de projets comme Mozilla Firefox et Wikipedia. Il est reconnu comme le précurseur de l'ouverture de l'internet syrien et de l'extension au public de l'accès aux réseaux et aux savoirs. Selon le Parlement européen, sa détention s'inscrit dans la stratégie du gouvernement syrien de restreindre l'accès aux réseaux sociaux et de museler la liberté d'expression dans le pays.
De mars à décembre 2012, Bassel a été détenu à la base du renseignement militaire de la section Kafr Suseh de Damas. A la fin de 2012, il a été transféré à Adra, où il pouvait occasionnellement recevoir des visites de sa famille.
Pour la Rencontre des blogueurs arabes de Global Voices en janvier 2014 à Amman, en Jordanie, Bassel envoya un message depuis sa prison :
In 2009, I was honored to have my body and soul with you in Beirut. That meeting taught me a lot and charged me for the next years of civic activism and for the now, with more challenges facing activists, bloggers, and countries. I know for sure that your future is in your hands, and it will be bright since you are still meeting!
I'm honored again to have my soul with you in this meeting while my body is still locked in jail. Which doesn't matter since we will win the future.
En 2009, j'ai été honoré d'avoir mon esprit et mon corps avec vous à Beyrouth. Cette réunion m'a beaucoup appris et m'a donné de l'énergie pour le présent et l'avenir, avec plus de défis à relever pour les militants, les blogueurs et les pays. Je sais avec certitude que votre destin est entre vos mains, et qu'il sera brillant puisque vous vous rencontrez toujours !
Je suis honoré à nouveau d'avoir mon esprit avec vous dans cette rencontre tandis que mon corps est toujours enfermé en prison. Ce qui ne compte pas puisque nous allons gagner l'avenir.
Bassel Safadi et son épouse Noura. Photographie de la page Facebook de Noura Ghazi Safadi.
Le 3 octobre 2016, Ghazi mit en ligne une longue réflexion (ci-dessous) sur la douleur qu'elle vit depuis l'arrestation de son mari, et surtout depuis la disparition de celui-ci. Ses espoirs de le revoir vivant diminuent.
سنة ، ويا طول السنة ، ما حدا بيعرف كيف عم يمر الليل والنهار عليي غير الله ، نطرت باسل سنة بغيابه بعد ما نطرته 4 سنين باعتقاله ، وكنت مستعدة انطره كل العمر … بس مرت سنة عالغياب ، وما في غير خبر اعدامه يلي تسرب بعد غيابه بشهر … سنة ، الحياة فيها عم تمشي بس انا حياتي واقفة ، واقفة عند باسل ، وباسل ما عم يرجع وكل يوم الامل برجعته عم يتلاشى اكتر … يمكن صار لازم أتعامل مع اختفاء باسل بشكل عقلاني ومنطقي ، كتير قاسي هالحكي ، والاقسى منه شعوري باني ما عاد في شي انتظره ، بس صار لازم واجه الواقع ، واقع انه باسل غايب … التمسك بالامل شي حلو وعظيم ، بس التعلق بالوهم هو مرض خطير ، يمكن صار لازم اقتنع انه مستقبلي ما عاد فيه باسل ، يمكن صار لازم واجه هالواقع بطريقة ما تأذيني أكتر ، بعرف أنه كتير صعب وبشع هالحكي ، بس للأسف هاد هو الوضع السوري يلي أنا وباسل جزء منه …. ما بعرف شو ناطرني ، بس بعرف أنه باسل رح يبقى معشش بقلبي وروحي لآخر لحظة بحياتي …
Cela fait une année, et quelle longue année. Nul, sauf Dieu, ne sait comment les jours et les nuits passent. J'attends Bassel depuis un an après sa disparition et quatre ans de plus depuis son arrestation. Et j'étais prête à attendre pour toujours. Mais une année est passée depuis son absence, et il n'y a pas de nouvelles si ce n'est celle de sa présumée exécution un mois après qu'il a disparu…
Une année durant laquelle la vie continue, mais non la mienne . Ma vie s'est interrompue avec Bassel. Bassel ne revient pas et chaque jour l'espoir qu'il revienne à jamais diminue. Peut-être dois-je commencer à appréhender l'idée de sa disparition avec rationalité et logique. C'est dur de penser ainsi, et encore plus dur de ressentir qu'il n'y a rien à attendre. Mais je dois commencer à affronter la réalité, la réalité de l'absence de Bassel.
S'accrocher à l'espoir est quelque chose de beau et puissant. Mais s'accrocher à une illusion est une dangereuse maladie. Je devrais probablement accepter que mon avenir se fera sans Bassel. Peut-être qu'il est temps de faire face à cette réalité de sorte que cela ne me fasse pas encore plus de peine. Je sais que cela est difficile et laid. Mais malheureusement c'est la situation syrienne à laquelle Bassel et moi appartenons…
J'ignore ce qui m'attend, mais je sais que Bassel restera dans mon coeur et mon esprit jusqu'à mon dernier souffle…
.@leila_na démarre la session sur la science informatique au Moyen Orient et Afrique du Nord par une commémoration touchante de Alaa & Bassel.
Le directeur de Global Voices Lingua et membre du conseil d'administration Mohamed ElGohary s'est aussi remémoré de Bassel et lança un appel pour sa libération :
La communauté de Global Voices appelle à la libération de Bassel depuis 2012. Nous renouvelons notre appel à l'occasion de ce triste anniversaire dans l'espoir que ce sera pour la dernière fois.
Amin Sheikh, ex-enfant des rues, souhaite améliorer le destin d'autres enfants vivant dans les rues de Bombay. Photo: Humans of Bombay.
Après avoir vendu pendant trois ans son autobiographie dans les rues agitées de Mumbai, Amin Sheikh récolte enfin les fruits de son travail. Il a finalement réussi à faire de son rêve une réalité et a ouvert un café-bibliothèque pour les enfants pauvres des rues de la capitale financière de l'Inde.
Sheikh, 36 ans, a vécu de nombreuses expériences dans sa jeune vie. Né dans un bidonville au nord de Mumbai (quand la ville s'appellait Bombay) au sein d'une famille pauvre, selon lui sa vie a commencé quand il a eu cinq ans et a commencé à travailler sur un stand de thé. Du haut de ses 16 ans, il a vécu dans les rues hostiles de Mumbai comme un enfant de la rue, survivant en ramassant les poubelles, en chantant dans les trains, en mendiant et en ramassant de la ferraille, en travaillant dans des fabriques, comme vendeur dans les trains, ou comme cireur de chaussures, etc. avant d'être secouru par un orphelinat de Mumbai, appelé Snehasadan, qui lui donna un logement et changea sa vie.
A 17 ans, il fut envoyé travailler chez Eustace Fernandes, un artiste connu. Il était son chauffeur, son cuisinier et nettoyait sa demeure, et en même temps il apprenait l'anglais. Avec l'aide d'Eustace, Sheikh créa sa propre entreprise de voyages appelé Sneha Travels, en 2002. Eustace l'a aussi enmené à Barcelone, où il visita plusieurs cafés-bibliothèques et desquels il s'inspirera.
Employés du café d'Amin Sheikh, qui sont d'anciens enfants de la rue de Snehasadan. Photo utilisé avec les droits.
Aujourd'hui, le café de Sheikh ‘Bombay to Barcelona‘ est peint de plusieurs tons de blanc et d'orange, et y travaillent de nombreux anciens enfants de la rue de Snehasadan. Le café, qui a ouvert vers la mi-août 2016, souhaite attirer tout type de personnes grâce à des prix plus que raisonnables. Par exemple, une tasse de thé coûte seulement 10 roupies (0,15 dollar), comme dans n'importe quel étal de la rue. La devise de Sheikh est: “Tout le monde mérite de prendre un café ou un thé dans un lieux agréable”.
Selon un recensement fait par l'Institut Tata des sciences sociales et l'organisation de volontaires Action Aid en Inde, il y a environ 37.000 enfants qui vivent dans les rues de Mumbai. Deux enfants sans abris sur cinq ont souffert d'abus physiques, sexuels ou verbaux ou de faim à un moment de leur vie.
Sheikh a expliqué à Global Voices comment il a réussi à créer son café, rassemblant des fonds grâce à la vente de son autobiographie, et ses projets pour aider les enfants de la rue.
“J'ai vendu des livres pendant presque trois ans pour rassembler de l'argent et ouvrir ce café. Nous serons toujours ouverts pour les enfants de la rue et jamais nous ne leur refuserons l'entrée au café”, dit-il.
Le café offre de la nourriture gratuite aux enfants pauvres. Photo: Page FB de Bombay to Barcelona. Utilisé avec accord préalable.
Dans son autobiographie, Bombay Mumbai: La vie c'est la vie: Grâce à toi j'existe, publiée en 2013 en anglais, Sheikh se souvient de son enfance quand il vivait dans les rues de Mumbai, chantant et mendiant dans les trains de la ville, et les difficultés qu'il a dû affronter à cause de l'absence de sa famille.
Aujourd'hui, il finance son café grâce aux gains engendrés par les ventes de son livre.
“Je suis parti de chez moi à cinq ans après les menaces et les abus de mon beau-père. Je mendiais, je dormais dans les gares jusqu'à ce que l'orphelinat Snehasadan me sauve” raconte Sheikh.
Il est maintenant décidé à donner un toit aux enfants de la rue et à les aider. “Je ne veux pas que ces enfants retournent vivre dans la rue.”
Photo: Page FB de Bombay to Barcelona. Utilisée avec permission.
Sheikh a déjà vendu plus de 12.000 livres dans plusieurs langues telles que l'espagnol, le catalan et le marathi pour récolter de l'argent pour son café.
Une lectrice espagnole, María Antonia Perez, a visité récemment Mumbai pour aider Sheikh à mettre en place son café, après avoir lu son livre.
Photo: Page FB de Bombay to Barcelona. Utilisée avec permission.
“Nous avons une table spéciale avec des gâteaux et autres goûters pour les enfants de la rue. Leur réaction a été très bonne”, raconte Sheikh.
Photo: Page FB de Bombay to Barcelona. Utilisée avec permission.
Ci-dessous son histoire sur YouTube, mise en ligne par Ditto TV :
This book costs only 300/-. If you buy it, you are helping Amin Sheikh, a former street kid, build a better life for others who are on the streets.
I just finished reading it. The life story, the journey is deep. Very real, very positive and oh so inspiring!
Ce livre coûte seulement 300/-. Si vous l'achetez, vous aiderez Amin Sheikh, un ancien enfant de la rue à offrir une vie meilleure aux enfants qui vivent dans la rue.
Je viens de terminer de le lire. L'histoire de vie, le voyage est profond. Très vrai, très positif et un exemple tellement à suivre !
Le café Bombay to Barcelona est superbe et si chaleureux :-)
Deanne Moraes a écrit une excellente critique sur Facebook:
Never felt like home at any cafe before, like I did when I visited your cafe…. The ambience, the decor, the snacks… everything is just perfect….. The customer service is something I will never forget… I have always forgotten names of people working in hotels or cafe but at your cafe SAI, I can never forget the hospitality he provided and his name.. All the best…
Je ne m'étais jamais sentie comme à la maison dans aucun café auparavant, comme lorsque je suis allée dans le tien…l'ambiance, la décoration, les gâteaux, tout est parfait…Je n'oublierai jamais la qualité du service… J'ai toujours oublié les noms des gens dans les hôtels ou les cafés où je suis allée, mais ton café…, je n'oublierai jamais ton hospitalité, ni ton nom. Je te souhaite le meilleur…
Pedro Sánchez, protagoniste d'une crise politique intensément vécue sur les réseaux sociaux. Photo : eldiario.es sous licence CC BY-SA
[Billet d'origine publié en espagnol le 3 octobre] Ces dernières semaines ont vu l'accélération de la crise interne du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE), en gestation depuis des mois. Le blocage de la vie politique en Espagne et les mauvais résultats obtenus par le PSOE aux élections de cette dernière année ont provoqué la fracture définitive du parti, dont une faction de contestataires, le courant plus conservateur, attribue la succession de revers au secrétaire général, Pedro Sánchez.
Les élections autonomes du 25 septembre au Pays Basque et en Galice, qui ont confirmé la tendence à la baisse pour le PSOE, ont sans doute été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase pour les opposants. Ceux-ci ont attribué le désaveu des électeurs au refus obstiné de Pedro Sánchez de faciliter l'investiture de Mariano Rajoy et la formation d'un gouvernement d'union nationale par le Parti Populaire.
Mercredi 28 septembre, un groupe de frondeurs, avec à sa tête le dirigeant historique Felipe González et la présidente de l'Andalousie Susana Díaz, donna un coup de volant en démissionnant de ses postes dans l'Exécutif Général du parti, dans le but de forcer la dissolution de l'organe directeur et la démission de son secrétaire général. Si au début le groupe des proches de Pedro Sánchez campa sur ses positions, au comité fédéral du samedi 1er octobre les frondeurs s'imposèrent, ce qui déboucha sur la démission du secrétaire général et la création d'une structure provisoire chargée de gérer le parti jusqu'à la réunion d'un congrès extraordinaire qui élira les nouveaux dirigeants.
Sur ce thème, tous les Espagnols et pas seulement les militants du PSOE, ont leur mot à dire, et les premiers à exprimer leurs opinions furent les internautes, qui ont fait de ce sujet le plus commenté du réseau dans la semaine qui a suivi. Il s'agit quand même du naufrage d'un parti à l'histoire plus que centenaire, et de la possibilité d'une « pasokización », en référence à la quasi disparition du parti socialiste grec (PASOK) en 2015.
Le blogueur Aldros, qui se définit comme « libéral, conservateur, pro-vie », dans son article «¿Y si desapareciera el PSOE? » [Et si le PSOE disparaissait ?] dissèque cette éventualité :
Si le PSOE disparaissait il ne se passerait rien. Rien. Les partis sont des outils, utiles pendant qu'ils existent. C'est tout. Je ne dis pas qu'il serait souhaitable qu'il disparaisse, ni l'inverse. Mais que s'il n'était plus là, il ne se passerait rien d'autre que cela. Et qu'il naîtrait un ou plusieurs autres partis… Une société n'est pas un organisme statique. Les individus qui la constituent la font évoluer. Si les partis ne s'adaptent pas, ils meurent. C'est tout.
L'écrivain Lorenzo Silva, dans une tribune du journal El Español intitulée El fusible évoque « la violence de l'attaque, la perte de toute tenue et l'abandon de toutes les manières les plus élémentaires », avant de conclure :
Ce que cette semaine a fini de détruire, et pour longtemps, c'est le crédit que conservera le parti qui fut la référence de la gauche espagnole.
Sur Twitter, le déluge de commentaires a fait de « PSOE », « Ferraz » (adresse du siège national du parti), « Pedro Sánchez », « Susana Díaz » et des mots-dièses comme #SauverlePSOE les tendances parmi les plus populaires de la semaine sur les réseaux sociaux. Certains Twittos s'en sont pris à ce qu'il considèrent comme une trahison des frondeurs du parti :
Même le compte officiel de « House of Cards », la série télévisée qui dépeint la manipulation politique du pouvoir, a eu quelques mots pour Pedro Sánchez :
@sanchezcastejon Momentos así requieren que alguien actúe y haga lo desagradable, lo necesario. Si me necesitas, manda DM.
La crise du PSOE ne m'a pas empêché de manger un sandwich d'omelette à la saucisse long comme mon avant-bras. !!!
La démission de Pedro Sánchez ouvre une période d’incertidude pour le PSOE et la gauche espagnole. Nombreux sont les militants et les électeurs socialistes qui ne partagent pas le tournant à droite apparemment pris par leur parti, ni ne souhaitent que soit facilitée la formation d'un gouvernement conservateur menée par Mariano Rajoy, considérée comme un fait accompli. C'est ce que résume dans un tweet Alberto Garzón, coordinateur général de Izquierda Unida [Gauche Unie] :
Les déchets s'accumulent devant un lycée de Bizerte, en Tunisie. Photographie de Hamza Batti sur Facebook.
Un lycéen tunisien pourrait être suspendu pendant trois jours pour avoir dénoncé sur Facebook l'état déplorable de son établissement scolaire situé à Bizerte, au nord de la Tunisie. Le 30 septembre, Hamza Batti a posté quatre photographies montrant le terrain de basket en chantier et les tas d'ordures amoncelés à l'entrée de l'établissement.
Le commentaire suivant accompagne ces photos :
Voilà ce qu'on appelle à Bizerte un lycée «pionnier», un établissement où les conditions pour étudier sont censées être adéquates et où les élèves disposent soi-disant des éléments de base pour exceller.
[…]
… ce tas d'ordures est là tous les jours devant la seconde entrée, ce qui donne à notre établissement «pionnier» une image on ne peut plus formidable… L'insalubrité règne aussi sous d'autres formes à l'intérieur, dans la couche de poussière qui recouvre tout, les toilettes (que je ne décrirai même pas), dans les fenêtres et les portes cassées, et les murs repeints seulement tous les quatre ans ou pour les grandes occasions.
[…]
Enfin, vous trouverez tout cela et plus encore tous les jours au lycée pionnier, emblème de Bizerte, de la Tunisie et de l'Afrique du Nord.
Batti a déclaré à la radio privée MosaiqueFM qu'il avait été questionné le 5 octobre par le personnel administratif de son lycée, qui l'accusait d'avoir lancé contre celui-ci «une campagne de diffamation et de distorsion». Dans son témoignage à la radio, il a clarifié ses intentions:
Je n'ai fait que m'exprimer librement, et j'ai le droit de poster des photos dans le but d'améliorer la situation. C'était là mon intention.
Image: photo-montage d'après Netflix pour les “Casques Blancs” par Kevin Rothrock
Le prix Nobel de la Paix a été décerné le 7 octobre 2016 au président colombien Juan Manuel Santos pour son action visant à mettre fin à plus de cinq décennies de conflit entre le pouvoir et la plus ancienne insurrection armée du pays, les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC).
Un choix qui en a surpris plus d'un. Par référendum quelques jours auparavant, les Colombiens ont rejeté l'accord négocié par M. Santos. En cas d'approbation par les électeurs, il aurait certes marqué la fin d'une guerre qui a coûté plus de 220.000 vies depuis 1958.
A des milliers de kilomètres de là, les Volontaires de la défense civile de Syrie, connus dans le monde sous le nom de ‘Casques Blancs‘ pour les casques blancs qu'ils portent durant leurs missions de sauvetage, étaient, aux yeux de beaucoup, ceux qui auraient dû être choisis. Ils sont vus comme les héros d'une guerre qui a coûté plus de 470.000 vies en cinq ans.
Plusieurs journaux et magazines de premier plan soutenaient la candidature des Casques Blancs au prix Nobel de la Paix, dont le Guardian et Time magazine. L'idée était que décerner le Nobel de la Paix aux Casques Blancs, serait, outre un espoir redonné aux Syriens, une potentielle protection pour les Casques Blancs contre les frappes aériennes du régime Assad et de la Russie.
Dès l'annonce du prix Nobel de la Paix, les Casques Blancs ont félicité le président et le peuple de la Colombie.
Congratulations to the President of Colombia for the @NobelPrize and we wish the people of Colombia peace
Félicitations au Président de la Colombie pour le Prix Nobel, nos voeux de paix à la Colombie
Le prix décerné au président Santos n'englobe pas le commandant des FARC, Rodrigo Londondo, alias “Timochenko”, également signataire de l'accord recalé. Le Comité Nobel du prix Nobel de la Paix a souligné que la récompense est aussi un hommage au peuple de la Colombie.
Voici la conversation téléphonique entre le porte-parole du comité norvégien du Nobel et le président Santos :
Sur Twitter, le prix couronnant l'action du président Santos pour rétablir la paix dans son pays a vite été contesté :
Man, the Nobel committee seems to be giving out a lot of Gold Peace Stars for Participation recently. https://t.co/3FId1eC9Jj
Purée, on dirait que le comité Nobel décerne ces derniers temps un paquet d'Etoiles d'Or de la Paix pour la Participation
La reconnaissance d'une paix encore à advenir paraît incompréhensible à beaucoup. Angelica Casallas, une Colombienne, a comparé le choix pour le Prix à Macondo, la ville imaginaire de Cent Ans de Solitude, l'oeuvre du plus célèbre romancier de Colombie, Gabriel García Márquez.
Gabo ganó el Nobel por Macondo, Santos por gobernarlo.
Gabo (Gabriel García Márquez) a reçu le Nobel pour [avoir écrit] Macondo, Santos, pour le diriger.
Sur Facebook, Robert Valencia, auteur colombien pour Global Voices a comenté :
Ceci prouve que la Colombie est le berceau du réalisme magique. Alors que le pays est au bord d'un (possible) retour de la guerre [civile] après l'échec du référendum, le Président obtient le Prix Nobel de la Paix.
D'autres ont repris le célèbre mème qui a circulé après que Miss Colombie fut à tort donnée gagnante du concours de beauté Miss Univers cette année, pour illustrer la polémique qui pourrait s'élever entre les partisans du Non et le président récemment récompensé :
Le Nobel a réellement aidé Oscar Arias en 1987, quand l'administration Reagan contrariait farouchement son action pour la paix en Amérique Centrale. La dynamique pourrait être similaire aujourd'hui.
Le Nobel de la Paix vu de Syrie
D'innombrables utilisateurs de Twitter ont exprimé leur amour pour les Casques Blancs, disant que ceux-ci avaient gagné les ‘coeurs du monde’ à défaut du prix Nobel de la Paix. Tous les tweets ci-dessous, de Syriens ou non, ont été retweetés par les Casques Blancs eux-mêmes.
Syrian response to @SyriaCivilDef not winning the @NobelPrize: “their prize is in heaven, not in this world. Their mission is saving souls.”
Réaction syrienne à ce que @SyriaCivilDef n'ait pas eu le Nobel : “leur prix est au ciel, pas de ce monde. Leur mission, c'est sauver les âmes”
Well deserved, despite the disappointing referendum result. Sad that the @SyriaCivilDef didn't get it, they need the support even more now. https://t.co/22eVo241Qg
Bien mérité, malgré le résultat décevant du référendum. C'est triste que @SyriaCivilDef ne l'ait pas eu, c'est maintenant qu'ils ont encore plus besoin de soutien.
They faced bullets, bombs, torture & genocide. We are lucky that we had heroes living among us who decided to save lives. @SyriaCivilDef
Les Syriens n'ont jamais cherché un prix Nobel ou des héros qui retirent les gens des décombres. Ils réclamaient la liberté et la dignité @SyriaCivilDef
Ils ont affronté les balles, les bombes, le génocide. Nous avons la chance d'avoir parmi nous des héros qui ont choisi de sauver des vies.
Le chef des @SyriaCivilDef Raed Saleh dit à @AFP que la plus belle récompense que puisse recevoir son mouvement est ce qu'ils font chaque jour : sauver une vie.
Beaucoup avaient l'espoir que la notoriété conférée par le prix mettrait l'organisation à l'abri. Idrees Ahmad, militant basé au Royaume-Uni et rédacteur à Pulse Media a tweeté :
It is also an abdication of responsibility since a @NobelPrize would have made it harder for Russia to actively target @SyriaCivilDef