PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

Avec son coq qui aboie, le gouvernement malaisien a une drôle de façon de célébrer l'année du chien

mercredi 21 février 2018 à 09:11

Le gouvernement malaisien célèbre le Nouvel An chinois avec une publicité d'un coq qui aboie. Image recadrée et issue de la page Facebook du ministère malaisien du Commerce Intérieur, des Coopératives et de la Consommation.

Le ministère malaisien du Commerce Intérieur, des Coopératives et de la Consommation (KPDNKK) s'est excusé pour avoir utilisé l'image d'un coq qui aboyait. La publicité, publiée dans un journal, avait pour but de souhaiter aux Chinois une prospère année du chien.

La Malaisie, qui possède une population à majorité musulmane, promeut l'harmonie sociale entre les différentes ethnies et religions. Cependant, au cours des dernières années, des dirigeants de la frange dure malaise-musulmane se sont exprimés sur la nécessité d'instaurer les enseignements islamiques dans la gouvernance du pays.

Certains sont persuadés que la représentation d'un coq qui aboie dans cette publicité du Nouvel An lunaire chinois est destinée à éviter une insulte envers certains musulmans qui considèrent le chien comme un être impur. De fait, de nombreux centres commerciaux ont décidé de ne pas installer de décorations pour le Nouvel An lunaire pour éviter d'offenser une partie de la population musulmane.

La publicité est perçue par certains comme le reflet du conflit culturel qui oppose une partie des musulmans et la minorité chinoise. L'opposition et notamment le Parti d'Action Démocratique (DAP) a critiqué cette pub qui attise la division et déstabilise le multiculturalisme de la société.

Le ministère a émis un million d'excuses (une expression chinoise témoignant d'un profond regret), expliquant qu'il s'agissait d'une “erreur technique” et sans donner de plus amples détails. La majorité des internautes n'a cependant pas accepté cette excuse, comme en témoigne ce commentaire virulent :

This department needs to be more cultured or exposed to the understanding of other cultures. This is really embarrassing and reflects the ignorance of your department. A barking rooster? Seriously? What planet does KPDNKK live on???

Ce ministère se doit d'être plus cultivé ou plus exposé à la compréhension des autres cultures. C'est vraiment embarrassant et cela reflète l'ignorance de votre ministère. Sérieusement ? Un coq qui aboie ? Sur quelle planète vit le KPDNKK ???

Les mots de Mariam Mokhtar, chroniqueuse du journal indépendant Free Malaysia Today, faisaient ainsi écho au sentiment de nombreux observateurs :

Our institutions are either gripped by a tide of Islamic conservatism, or are paralysed by supervisors who are lazy, and do not believe in proofreading.

Nos institutions sont soit saisies par une vague de conservatisme islamique ou bien paralysées par des superviseurs paresseux qui ne croient pas à la relecture.

Pendant ce temps, certains internautes chinois pensent que le coq aboyant serait une raillerie du Premier Ministre actuel, Najib Razak, dont le surnom “ce coq” vient de la prononciation de son prénom Najib, très similaire à “Na-Ji” (那雞) en mandarin. Une célèbre vloggeuse appelée “So I'm Jenn” a expliqué la symbolique du coq aboyeur dans ses voeux du Nouvel An lunaire.

Ce n'est pas la première fois que les chiens sont au cœur de la controverse en Malaisie. En 2016, une chaîne de bretzels s'était vue recommandée de renommer son “Bretzel-Dog” en “Bretzel-Saucisse” par le Département du Développement Islamique Malaisien (Jakim). En octobre 2014, c'était le jeune activiste musulman Syed Azmi Alhabshi, organisateur d'un challenge “Je veux toucher un chien” (NdT : “I Want to Touch a Dog”) afin de défier le tabou musulman, qui avait fini par recevoir des menaces de mort. Il avait ainsi été forcé de s'excuser.

Puisque les Chinois de Malaisie représentent environ un quart de la population du pays et comme l'année du chien sera suivie de l'année du cochon, il semble peu probable d'éviter un nouveau conflit culturel autour du prochain Nouvel An chinois. On peut cependant espérer que les autorités malaisiennes auront su tirer les leçons de l'importance du maintien du multiculturalisme.

Rapport Netizen: Selon un document fuité de la Commission européenne, les entreprises de technologie devraient s'auto-réguler sur les discours offensants

mardi 20 février 2018 à 13:50

‘Le problème avec la censure, c'est XXXXXXXX’ Photo de Cory Doctorow. (CC BY-SA 2.0)

Le rapport Advox Netizen offre un aperçu international des défis, des victoires et des tendances émergentes en matière de droits Internet à travers le monde.

Dans le contexte de la panique générale suscitée par la recrudescence des menaces violentes et des discours haineux en ligne, la Commission européenne a élaboré de nouvelles recommandations sur l'attitude que les États membres devraient adopter face “aux contenus illégaux en ligne.”

Bien qu'il n'ait pas encore été officiellement soumis, un projet de recommandation ayant fait l'objet d'une fuite a commencé à circuler et est maintenant accessible sur le site web d'European Digital Rights, un groupe de défense des droits humains de la société civile voué à la protection de la liberté d'expression et de la vie privée en ligne. Le projet suggère que la commission ne proposera pas de nouvelles réglementations, mais envisage que des entreprises privées comme Facebook et Google assument une prise de responsabilité volontairement accrue dans ce domaine.

Dans une brève analyse des recommandations, Joe McNamee de l'EDRI écrit :

Sur la base d'aucunes nouvelles analyses, nouvelles données ou questions urgentes à traiter, les recommandations du projet ayant fait l'objet de fuite visent à privatiser complètement le mode de décision de ce qui est acceptable en ligne ou non. La seule protection des droits des utilisateurs telle que la liberté d'expression réside dans l'espoir non concrétisable que quelques “mesures adéquates” seront prises volontairement par les entreprises. Le projet rappelle– deux fois– aux lecteurs que les fournisseurs ont “une liberté contractuelle”, ce qui signifie que de telles garanties seront purement facultatives.

Les seuls types précis de contenu en ligne auxquels il est fait référence dans l'ébauche sont “le matériel terroriste” (aucune définition précise) et le contenu protégé par le droit d'auteur. McNamee fait valoir que “les références répétées aux mesures proposées pour lutter contre les violations des droits d'auteur et de ‘propriété intellectuelle’ donnent une indication de la véritable force motrice sous-tendant ces mesures de grande envergure.”

Le Bangladesh ordonne la fermeture d'internet puis fait marche arrière

Le 11 février 2011, la commission de réglementation des Télécommunication du Bangladesh a ordonné aux fournisseurs d'accès internet de fermer leurs services à certains moments durant le mois de février, correspondant aux examens nationaux d'orientation universitaire. L'idée derrière ces arrêts temporaires était d'étouffer la circulation des fuites de sujets des examens. L'ordre a été rapidement annulé suite aux nombreuses critiques du public.

Le Malawi suspend l'enregistrement obligatoire des cartes SIM, jusqu'à nouvel ordre

L'autorité de régulation des communications du Malawi a annoncé en juin 2017 qu'il deviendra obligatoire aux usagers du téléphone cellulaire de faire enregistrer leurs cartes SIM auprès des opérateurs de réseau, citant les dispositions relatives à l'enregistrement dans la loi de 2016. Fin janvier, les autorités sont devenues plus sévères sur cet avertissement en fixant une date limite pour l'enregistrement de la carte SIM, en menaçant d'interrompre les services de tout téléphone muni d'une carte non enregistrée au 1 avril 2018.

Mais cette semaine, la mesure a été suspendue, les autorités citant la nécessité d'une campagne “d'éducation civique ”sur la question avant de reprendre les pratiques d'enregistrement. Azania Post rapporte que certains citoyens se sont montrés réticents à enregistrer leurs cartes SIM de peur que le programme ne soit “qu'un stratagème du gouvernement pour mettre sur écoute les téléphones des gens.”

La recherche montre que les opérateurs de télécoms européens se comportent mieux chez eux qu'en Afrique

Une nouvelle étude de l'ONG française Internet Sans Frontières révèle que les grands opérateurs de télécommunication européens offrant des services en Afrique subsaharienne n'offraient pas aux consommateurs africains les mêmes degrés de transparence et de protection qu'à leurs marchés européens. L'étude compare les pratiques et politiques d'Orange au Sénégal et Safaricom (appartenant à Vodafone) au Kenya.

Le plus grand journal du Brésil largue Facebook

Le journal Folha de Sao Paulo a annoncé qu'il ne publiera plus d'articles de presse ou de mises à jour sur sa page Facebook, qui compte près de six millions d'abonnés. Dans un éditorial, l'entreprise a déclaré que la décision résultait du choix récent de Facebook de réduire le volume du flux d'actualités dans ses pages, pour favoriser à la place les messages postés par les amis et la famille. La rédaction de la Folha a accusé Facebook de “…bannir de ses pages le journalisme professionnel en faveur des contenus personnels et de créer un espace de prolifération des ‘fake news’.”

Un annonceur important menace de quitter Facebook, en le qualifiant de ‘marécage’

La très grande entreprise anglo-néerlandaise Unilever, qui possède de grandes marques de produits alimentaires et hygiéniques tels que le thé Lipton et le savon Dove, menace de retirer sa publicité de Facebook. CNN a publié une copie pré-publiée d'un discours du responsable marketing d'Unilever, Keith Weed, dans lequel il dit que la compagnie “ne peut pas continuer à soutenir une chaîne d'approvisionnement numérique … qui n'est parfois guère mieux qu'un marécage en termes de transparence.” CNN dit que Weed attribue la décision à “une prolifération de contenus répréhensibles sur les réseaux sociaux — et une absence de protection pour les enfants — érodant la confiance sociale, nuisible aux utilisateurs et sapant les démocraties.”

Facebook viole les lois allemandes sur la consommation

Une décision du Tribunal de Berlin (prise en janvier mais rendue publique en mi-février) a conclu que les paramètres par défaut de Facebook pour la vie privée et les politiques correspondantes ne sont pas conformes aux normes de base en matière de protection des données personnelles exigées par la législation allemande sur la protection des consommateurs. Cette décision résulte d'une action en justice intentée par la Fédération allemande des organisations de consommateurs,(VZBV). L'entreprise s'est engagée à revoir son approche en matière de protection de la vie privée parallèlement à la publication du règlement général de l'UE sur la protection des données.

New Research

 

Abonnez-vous au Netizen Report par e-mail

 

A Taïwan, le Prix littéraire pour les travailleurs migrants ouvre un espace à de nouvelles voix

mardi 20 février 2018 à 11:11
fourth literature award

La cérémonie du quatrième prix littéraire pour les migrants. Crédit photo : Wei-Hsiang Wang.

A Taïwan, la population de travailleurs étrangers et d'immigrants est en augmentation ces dernières années, et constitue une part significative de la société taïwanaise. La population totale de Taïwan est d'environ 23 millions ; la population aborigène représente quelque 2,3 % du total, et il y a aussi environ 720.000 travailleurs étrangers employés dans les secteurs de l'industrie et des services sur l'île. La majorité de ces travailleurs viennent de pays d'Asie du Sud-Est, principalement l'Indonésie, le Vietnam, les Philippines et la Thaïlande. Dans les 20 dernières années, le nombre de conjoints originaires d'Asie du Sud-Est et de leurs enfants installés à Taïwan s'est agrandi à quelque 200.000.

Depuis 2014, le Prix littéraire de Taïwan pour les migrants encourage ces groupes nés à l'étranger à s'exprimer dans leurs langues maternelles, une initiative qui permet également aux Taïwanais de mieux connaître leurs cultures et leurs histoires.

Ce prix littéraire a été créé par Cheng Chang, fondateur et ancien rédacteur en chef de 4-Way Voice [littéralement, ‘journal des 4 directions, ou côtés’], une revue papier et en ligne qui publié des articles d'actualité en vietnamien, thaï, indonésien, tagalog, birman et khmer.

first literature award

Les lauréats du premier Prix littéraire pour les Migrants. Crédit photo the Literature Award for Migrants.

Cheng Chang a expliqué la motivation qui a présidé à la création de ce prix littéraire :

自我參與《四方報》創報至今,《四方報》做為非華語系移民工資訊交流與紓解鄉愁的平台,不僅是一份服務移民工的母語刊物,更以「友人」身份,傾聽他/她們的聲音,擔起台/外文化溝通的橋樑。自出刊以來,《四方報》即收到大量來自全台各地移民工的投書,平均以每月五、六百封的數量,如雪片般累積。
源鑒於此,我們開始考量移民工自身其實擁有創作的多樣性與豐沛能量,因此希望成立一個更具延展性的文學獎項,讓他們得以藉由書寫,替自己留下歷史,透過文字創作表達兩個故鄉(外籍配偶)、雙重血緣(新住民二代)、與異地漂流(外籍移工)的文學風貌。

Depuis que j'ai fondé 4-Way Voice, c'est devenu une plateforme pour les travailleurs immigrés ne parlant pas chinois, où échanger des informations et exprimer leur nostalgie pour leur pays natal. Cela ne leur sert pas seulement de bulletin d'information dans leurs langues maternelles, c'est aussi un ami qui écoute leurs voix, et un pont qui relie les Taïwanais et les personnes d'autres pays. Depuis ses débuts, 4-Way Voice reçoit de nombreuses lettres de travailleurs immigrés de tout Taïwan — en moyenne 5.600 lettres par mois. Ces lettres s'accumulent comme des flocons de neige.
C'est pourquoi, à voir la diversité et l'énergie dans leur créativité, nous avons voulu monter un prix littéraire pérenne pour qu'ils puissent construire leur propre histoire par l'écriture. Ils peuvent édifier de nouvelles traditions littéraires pour des histoires de double patrie (pour les conjoints étrangers), sur la progéniture de deux pays (pour la seconde génération), et sur la diaspora (pour les travailleurs immigrés).

Actuellement, ce prix littéraire reçoit des articles écrits en thaï, indonésien, vietnamien et tagalog. Puisque la plupart de ces auteurs sont loin de leur patrie, beaucoup d'histoires parlent de la nostalgie qu'ils ou elles éprouvent pour leur famille et leur pays natal, et de leur chagrin en apprenant la mort d'un proche.

Nàng Thơ, du Vietnam, a écrit une lettre à ses parents :

Ba ơi! Tiếng chuông đồng hồ đã điểm mười hai giờ đêm Đài Loan rồi, không biết nơi quê nhà ba đã ngủ ngon chưa? Hay ba vẫn còn đang phải chống chọi những vết thương mà bấy lâu nay nó vẫn hành hạ ba hay…hay ba còn đang lo lắng cho con gái yêu của ba đang phải tha hương cầu thực nơi đất khách xứ người. Ba biết không nơi phương trời xa lạ này, khi mọi người đã nồng say giấc mộng thì con gái ba lại ngồi gom những suy tư, nỗi nhớ, niềm thương, công việc thường vào DÒNG NHẬT KÝ TRONG ĐÊM. Ba ơi con còn nhớ lắm, nhớ chiều đông năm ấy vì hoàn cảnh gia đình,tương lai con trẻ nên con đành phải dứt tình mẫu tử, nghĩa phu thê để đến miền đất hứa Đài Loan này. […]
Nào ngờ đâu con mới đến Đài Loan mới chỉ tròn tám tháng, chữ hiếu chưa tròn thì nghe tin mẹ mất, gia đình thương con sợ con gục ngã nơi đất khách xứ người không người thân chăm sóc nên gia đình đã giấu không cho con biết rồi con nghe tin qua chị bạn. Ba ơi, lúc đó con như nghe tiếng sét đánh ngang tai trời đất quay cuồng sụp đổ dưới chân con, con choáng váng khụy ngã gọi mẹ…mẹ… mẹ sao mẹ nỡ bỏ con mẹ đi…sao mẹ không cho con biết, giờ con tìm mẹ ở đâu cho được? Mẹ…mẹ ơi! Ngày con đi có mẹ đưa mẹ tiễn, ngày con về chẳng có mẹ đón con…

Papa ! L'horloge vient de sonner les douze coups de minuit à Taïwan. Est-ce que tu dors profondément là-bas ? Est-ce que tu te débats avec tes vieilles blessures ?…Est-ce que tu es inquiet pour ta fille bien-aimée qui travaille dans ce pays loin des siens ? Papa, sais-tu que lorsque les gens dorment dans ce pays lointain et étranger, ta fille est assise ici et écrit la nuit ses pensées, ses souvenirs et sa vie quotidienne dans son journal. O mon père, tout me manque. Ces après-midis me manquent. A cause des épreuves de notre famille et de mon énergie juvénile, j'ai dû aller sur la terre promise appelée Taïwan. […]
Comment aurais-je pu savoir que huit mois à peine après mon arrivée à Taïwan Maman allait quitter la vie ? Tu craignais que ce soit un choc pour moi et que je devienne malade en terre étrangère sans le soutien de proches, alors notre famille a caché la nouvelle jusqu'à ce que je l'apprenne d'une amie. Papa, j'ai eu un choc comme si j'étais frappée par la foudre. J'ai été prise de vertiges comme si le sol se dérobait sous mes pieds. Je pleurais, Maman…Maman…Comment as-tu pu abandonner ton enfant…Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Où vais-je te trouver ? Maman…chère Maman ! Tu m'as fait au revoir de la main quand je suis partie, mais quand je rentrerai, tu ne seras pas là pour m'accueillir.

Certains textes sont des histoires tragiques de leurs vies à Taïwan. En 2013, plusieurs matelots indonésiens tuèrent le capitaine de leur bateau. Le juge de l'affaire a reconnu que le capitaine maltraitait son équipage, mais les meurtriers n'en furent pas moins condamnés à des peines de 14 à 28 ans de prison. Tania Roos, d'Indonésie, a écrit un récit romancé sur l'équipage :

Awalnya mereka hanya ingin memberi pelajaran agar Kapten merasa kapok dan babak belur saja. Ketika Kapten lengah, sebuah pukulan besi tumpul dari tangan Sardi melayang menghantam tengkuknya. Kapten terkapar. Mengetahui lawannya tak berkutik, Wasto dan kawan-kawannya terduduk lemas. Mereka puas karena telah membuat Kapten pingsan.
Sejurus kemudian, Sardi iseng mendekati Kapten yang tertelentang berlumuran darah. Dengan teriakan keras, Sardi mundur dua langkah. Lemas dan terduduk. Ia tak mampu berkata apa-apa. Hanya menunjukkan kepada kawan-kawannya jika Kapten tidak bernapas lagi.
Mengetahui hal tersebut, para ABK mulai panik. Ada yang memeriksa nadi Kapten. Ada pula yang mendekatkan telinga ke dada untuk mendengar napasnya. Ada yang menduga Kapten sedang pingsan. Ada pula yang menangis karena ketakutan. Mendengar kepanikan itu, dua orang dari ruang kemudi turut ke luar dan terbelalak mengetahui kejadian yang sebenarnya.
Kapten benar-benar meninggal. Juru mudi melaporkan kejadian ini kepada pos keamanan terdekat. “Kami dijemput polisi air dan akhirnya harus menjalani sidang-sidang yang melelahkan, hingga vonis dijatuhkan. Itu kejadian yang sebenarnya, Bu, kami sangat emosi. Kami sudah di ujung kesabaran.” Ungkap Wasto lirih. Matanya berkaca-kaca.

A l'origine, ils voulaient seulement que le capitaine sache qu'il était dans son tort, et lui donner une leçon. Mais, quand il a eu le dos tourné, une barre de fer, que tenait Sardi, heurta accidentellement le capitaine à l'arrière de la tête. Il tomba. Voyant que leur adversaire ne bougeait pas, Wasto et ses camarades se baissèrent. C'est avec plaisir qu'ils le frappèrent jusqu'à ce qu'il perde connaissance.
Peu après, Sardi s'approcha du corps ensanglanté du capitaine. Il recula de deux pas en hurlant. Claudiqua et s'écroula. Il était devenu muet. Il pointa du doigt à ses camarades le capitaine sans vie.
Voyant cela, ce fut la panique dans l'équipage. Quelqu'un vérifia le pouls du capitaine. Un autre tenta d'écouter sa respiration. Un autre crut qu'il était seulement inconscient. Un autre encore pleurait de peur. Entendant cette frénésie, deux hommes sortirent de la cabine de pilotage. Leurs yeux s'écarquillèrent quand ils comprirent ce qui était arrivé. Le capitaine était vraiment mort. Le timonier informa la station de police maritime la plus proche.
“La Police maritime nous emmena, puis il y eut une série de procès éprouvants, et finalement le verdict fut annoncé. Voilà ce qui s'est vraiment passé, Madame. Nous étions fous furieux, nous avions atteint les limites de notre patience”, dit doucement Wasto, les larmes aux yeux.

first book

Le livre ‘Flow’ rassemble les articles sélectionnés par le premier et le deuxième Prix littéraire pour les migrants. Crédit photo : the Literature Award for Migrants.

D'autres histoires sont remplies d'espoir en l'avenir. อนันต์ศรีลาวุธ vient de Thaïlande, et parle de son amour de la musique et de ses amitiés :

รายได้ของผมดีพอที่จะคิดหวังอะไรก็ไม่น่าจะเกินฝันในตอนนี้ ลูกทั้งสองได้เรียนในระดับวิทยาลัยซึ่งสมัยผมไม่กล้าแม้นแต่จะฝัน แต่เพราะผมได้พบ “ขุมทองแห่งมิตรภาพ”เช่นตอนนี้ แม้แต่ผมเองที่ไม่คาดคิดก็ยังได้เรียนระดับปริญญาตรีได้อย่างไม่น่าเชื่อ อีกทั้งผมมีเงินพอให้ซื้อกีต้าร์ไฟฟ้า อย่างที่ผมใฝ่ฝันมาตลอดและผมก็ได้มาเล่นมันสมใจ ผมนำมันไปเล่นเพื่อบริการสังคมฟรี ตามที่ต่างๆ รวมทั้งในเรือนจำทั่วไต้หวัน โดยการนำขอ

A présent j'ai un revenu pour donner à ma famile une vie meilleure et permettre à mes enfants d'aller au collège. J'ai même la possibilité d'obtenir un diplôme de premier cycle universitaire. J'ai de quoi m'acheter une guitare électrique, j'aime en jouer. Je vais jouer de la guitare pour les services sociaux en divers endroits, dont les prisons dans tout Taïwan.

Lê Hoàng Hiệp est une étudiante en licence du Vietnam et a écrit l'histoire d'une Vietnamienne qui a épousé un Taïwanais :

Chiều nay, sau khi tan buổi trực ở sở di dân, Dung chạy xe qua trường đón con. Hai mẹ con đi chợ mua ít đồ dùng cho bữa tối rồi về nhà. Con đường chiều nay thật vắng vẻ. Hai bên đường những cây nhãn mới hôm nào nặng trĩu những chùm quả, nay đã xanh mơn mởn những lá non. – Nay ở trường có gì vui không con?
A Hưng nãy giờ vẫn ngồi sau ôm lấy mẹ, nghe hỏi thì bi bô:
– Dạ vui, có mấy anh chị sinh viên đại học tới dạy lớp con làm diều. Có người biết con có mẹ là người Việt Nam nên mới hỏi con biết nói tiếng Việt không. Con nói không, nhưng mà biết hát tiếng Việt, rồi con hát cho mọi người nghe bài “Cháu yêu Bà” mẹ dạy con đó. Ai cũng khen con hát hay.
– Con của mẹ thật giỏi, để mẹ sẽ dạy con nói thêm nhiều tiếng Việt nha

Cet après-midi-là, après avoir fini son travail au service de l'immigration, Dung alla chercher son fils à l'école. La mère et le fils allèrent au marché acheter à manger pour le dîner avant de rentrer chez eux. Les rues étaient désertes cet après-midi. Les longaniers dans les rues avaient déjà eu leurs fruits, et à présent ils portaient des feuilles vertes comme si elles étaient toutes neuves.
‘Mon garçon, il y avait quelque chose d'intéressant à l'école ?
Hung était assis sur le siège arrière et serrait sa maman. A cette question, il se met à parler.
‘Oui. Des étudiants sont venus dans notre classe et nous ont appris à faire des cerfs-volants. Quand ils ont su que j'ai une maman vietnamienne, ils m'ont demandé si je parlais le vietnamien. J'ai dit que non, mais que je peux chanter des chansons vietnamiennes. Et j'ai chanté la chanson que tu m'as apprise, ‘J'aime grand-mère’. Tout le monde a dit que j'ai très bien chanté.’
‘Mon fils est tellement doué. Plus tard je t'apprendrai plus de vietnamien.’

Certaines histoires narrent des incidents tragiques qui ont choqué tout le pays. En 2014, un attentat au couteau fit 4 morts et 24 blessés dans le métro de Taipei, et Erin, une Indonésienne, a écrit un récit inspiré par l'événement.

Kulihat pemuda berbaju merah membabi buta mengayunkan pisau dan menusuki siapa saja yang ada dalam jangkauannya. Orang-orang yang terkena amukannya berjatuhan. Yang masih bisa berlari segera menyingkir sambil melemparkan apa saja pada pemuda itu. Aku dan Kakek bergerombol dengan beberapa lansia di ujung gerbong, yang sialnya buntu! Gawat sekali.
Entah berapa orang yang bergelimpangan berdarah-darah di lantai kereta metro itu. Aku gemetar hebat. Maut serasa mengintaiku. Kurundukan badan merendah di belakang kursi roda. Ah, sebuah usaha sembunyi yang sia-sia. Tapi sungguh aku takut sekali. Tak terbayangkan akan mengalami tragedi ketika jauh dari tanah air dan keluarga sendiri.

J'ai vu un jeune homme vêtu de rouge brandir son couteau dans tous les sens et essayer de tuer tous ceux qui étaient près de lui. Plusieurs personnes sont tombées, poignardées par lui, et d'autres essayaient de s'enfuir en courant le plus vite possible. Ils lançaient des objets sur lui. Grand-père [dont j'étais chargée de prendre soin] et moi eet d'autres personnes âgée étaient au bout de ce wagon, mais nous n'avions aucune issue ! Nous étions condamnés !
J'ignorais le nombre de personnes baignant dans leur sang dans le métro. Je frissonnais. J'ai senti le regard du Dieu de la Mort sur moi. Je me suis recroquevillée derrière une chaise roulante. Oh. Je cherchais désespérément à me cacher. Mais j'étais terrorisée. Je ne m'attendais pas à vivre une telle tragédie dans un lieu si éloigné de ma famille et de ma ville natale.

Nanik Riyati vient d'Indonésie et son récit a le hijab pour sujet :

Suatu hari Siauce mendapatiku berhijab. Mimik wajahnya menunjukkan ketidaksukaannya dan menyuruhku untuk melepaskannya. Dia masuk ke kamar dan memanggilku sambil membuka youtube dan menjelaskan tentang adat upacara kematian orang Cina.
Dengan kesedihan dan kekecewan terpaksa ku lepas hijabku dan berpakaian seperti biasa, tetapi dalam hati, aku tetap berkeinginan untuk berhijab dan menjadi muslimah yang baik.
Aku mulai istikamah berdoa dan berusaha mencari informasi bagaimana caranya agar bisa berhijab menjalankan perintah Allah dan tetap bekerja dengan baik. Rasa iri dan sedih setiap kali melihat teman-teman bisa bebas berhijab selalu terbesit. Dalam hati hanya bisa berucap, “Ya Allah semoga suatu saat aku diperbolehkan berhijab”.[…]
Tiba-tiba aku teringat akan surat yang Ah-kong tulis buatku. Maka di sela-sela kesibukan mengerjakan tugas kuliah, kutulis sebuah surat dengan bahasa Inggris dengan vocabulary yang pas-pasan dan grammarnya yang tidak lengkap. Akan tetapi aku yakin Siauce memahami isi suratku.
Ku jelaskan kewajiban wanita muslimah untuk berhijab itu diperintahkan langsung oleh Allah dan keutamaan wanita yang berhijab dan taat beragama pasti akan lebih sabar dalam mengurus orang tua, lebih ikhlas dalam bekerja dan jujur.
Selesai kerja kuberikan surat yang sudah kupersiapkan dan aku masuk kamar untuk melaksanakan salat isya. Tiba-tiba pintu kamar terbuka, Siauce berlari memelukku dengan erat sambil menangis. Diciuminya rambutku sambil berkata:
“You can wear hijab. You can wear your dress. You can pray, you can study, you can do anything you like, but don’t leave us and please take care of Ah-kong, because he loves you and likes you. If this was your reason to go home please stay here and do as your Allah asked you to do. I allow you and I will explain to Ah-kong and my brother.”
“If you have something to talk, just tell me and we can communicate”.
Spontan aku bersujud dan menangis. Ku peluk erat tubuh Siauce, ku anggukkan kepala dan aku setuju untuk menambah kontrakku, di samping aku bisa melanjutkan kuliahku dan melunasi hutang-hutangku. Terima kasih ya Allah, ternyata benar, kalau kita berdoa dengan istiqamah, berusaha tanpa henti Allah pasti akan mengabulkan doa kita.

Un jour, la fille de mon patron m'a vue porter le hijab. Elle paraissait mécontente et me dit de l'enlever. Elle me demanda d'aller dans sa chambre et me fit regarder une vidéo sur Youtube. Elle m'expliqua les coutumes funéraires chinoises [et comment un hijab pouvait évoquer un rite des funérailles]. Je me suis sentie très triste et déprimée qu'on me demande d'enlever mon hijab. Je m'habille comme j'en ai l'habitude, mais en esprit, je veux porter mon hijab et être une bonne musulmane.
Je me suis mise à prier et ai cherché une façon d'obéir à Allah en continuant à faire mon travail. Je ressentais de l'envie et de la tristesse en voyant mes amies porter librement leur hijab. Je pouvais seulement me dire, ‘Allah, j'espère qu'un jour on me permettra de porter mon hijab.’[…]
Soudain, je me suis souvenue de la lettre que m'a écrite grand-père. Pendant que j'étais occupée à faire les devoirs donnés à l'école, j'ai écrit à la fille de mon patron dans un anglais élémentaire. Je pense qu'elle arrive à comprendre ce que j'ai écrit dans les lettres. Je lui ai expliqué les obligations des musulmans. Porter le hijab est un ordre d'Allah, c'est le principe le plus important pour les femmes d'obéissance à la religion, ce qui me rendra plus patiente pour prendre soin de son grand-père, plus gentille et plus honnête.
Ayant fini mon devoir, j'ai donné la lettre que j'avais préparée, puis je suis retournée dans ma chambre et j'ai prié. Soudain ma porte s'est ouverte, elle est entrée en courant et m'a serrée dans ses bras. Elle a embrassé mes cheveux et dit, ‘Tu peux porter le hijab, tu peux porter ta robe. Tu peux prier, étudier, faire tout ce que tu voudras, mais ne nous quitte pas, et je t'en prie, prends soin d'Ah-kong, parce qu'il t'aime et t'apprécie. Si c'était cela ta raison de retourner chez toi, s'il te plaît reste ici et fais comme ton Allah te le demande. Je te le permets, et j'expliquerai à Ah-kong et à mon frère.’
J'ai pleuré de bonheur à genoux. Je l'ai serrée fort et ai accepté de prolonger mon contrat. Je peux non seulement poursuivre mes études à l'université, mais aussi rembourser ma dette. Merci Allah. C'est la vérité. Si nous prions avec notre cœur et continuons à travailler, Allah nous répondra.

Pour finir, les mots magnifiques de Wala la Philippine résumeront parfaitement l'esprit de ce prix littéraire :

Gusto kong maging hinog sa karanasan sa buhay dito upang maibahagi ko rin ang aking kaalaman sa aking mga kababayan sa Pilipinas. Babalikan ko rin ang pagsusulat. At sa pagkakataong ito, sarili ko namang kwento ang isusulat ko. Ang mga karanasan ko ay pinagyaman na ng iba’t ibang kulturang natutunan ko.
Ang puso ko ay pinagtibay na ng hangaring matupad ang aking mga pangarap at mabigyan ng magandang buhay ang aking pamilya. Kung hindi ako umalis ng aking bansa, hindi ko matutuklasan na dito sa Taiwan, marami rin akong kapatid na Pilipino na dito na nakahanap ng pag-ibig at bumuo ng sariling pamilya. Na pwede pala na magkaibigan ang dalawang lahi magkaiba man ang kanilang kulturang kinagisnan.
Malayo pa ang biyaheng tatahakin ko rito ngunit kampante na ang puso ko sa pangalawang tahanang nahanap ko sa bansang ito. Lahat ng pangarap ko ay matutupad kahit paunti-unti at mabagal lang. Wala naman ng mas sasarap pa sa katas ng iyong pinaghirapan matagal man ang kailangang hintayin.
Hindi man ako nakakuha ng propesyonal na trabaho rito, naging saludo naman ako sa lahat ng mga ordinaryong manggagawa dito sa Taiwan. Hindi biro ang aming trabaho. Balewala ang talino kung hindi ito sasamahan ng tiyaga at pasensya.
At sa tuwing nalulungkot ako, iniisip ko na bawat araw na lumilipas ay isang araw na palapit nang palapit sa oras na makikita ko nang muli ang ngiti ng aking ina at mahahagkan ang aking pamilya.
“Lolo, nakarating na ako sa dulo ng bukid. Hindi ko ito nilakad kagaya ng pinag-usapan natin. Natuklasan ko kasi na kaya ko pa lang lumipad. Salamat sa’yo na unang nagturo sa akin na kaya kong gawin ang lahat ng kaya kong isipin. Natuklasan ko rin na sa dulo ng bukid ay may panibagong mundo pang naghihintay. Na sa bawat katapusan ay may panibagong simula.”

Je veux vivre la vie d'ici pleinement pour pouvoir partager ce savoir avec mes compatriotes philippins au pays. Je continuerai à écrire, mais cette fois, c'est ma propre histoire que j'écrirai, celle d'une vie enrichie par des cultures différentes.
Pour réaliser mon rêve et donner un avenir lumineux à ma famille, mon cœur a été plus fort. Si je n'avais pas quitté mon pays, je n'aurais jamais découvert qu'ici à Taïwan, j'ai aussi des compatriotes des Philippines qui ont trouvé l'amour et fondé leurs propres familles. Qu'il est possible aux gens d'être amis avec ceux qui appartiennent à une race et à une culture différentes.
J'ai encore un long chemn à faire ici, mais mon coeur est à l'aise dans le deuxième foyer que j'ai trouvé dans ce pays. Pas à pas, tous mes rêves deviendront réalité. Il ‘y a rien de meilleur que de voir le fruit de tout mon dur travail, même si cela veut dire que je dois attendre longtemps.
Même si j'ai été dans l'impossibilité d'obtenir un emploi de col-blanc ici, je veux saluer toutes les travailleuses ordinaires de Taïwan. Nos métiers ne sont pas faciles. Sans persévérance et endurance, nous ne pouvons y arriver, aussi intelligentes que nous soyons.
Chaque fois que je me sens triste, je me dis simplement que chaque jour qui passe me rapproche de celui où je pourrai enfin voir le sourire de ma mère et serrer ma famille dans mes bras.
‘Grand-père, j'ai atteint le bout des champs. Je n'ai pas marché comme nous en discutions, parce que j'ai trouvé que je sais voler. Merci d'avoir été le premier à m'enseigner que je peux faire tout ce que j'ai la volonté de faire. J'ai aussi appris qu'il y a une nouvelle vie qui attend au bout du champ. Chaque fin sert à un nouveau départ.’

Remerciements : La gratitude de l'auteur va en particulier à l'équipe Asie du Sud-Est de Global Voices, avec Mong Palatino, Juke Carolina et Don Lê qui ont aidé à réviser la traduction en anglais.

La télévision d'Etat chinoise critiquée pour un sketch du nouvel an lunaire jugé “raciste”

lundi 19 février 2018 à 19:35

Arrêt sur image du gala du Nouvel An chinois, via Hong Kong Free Press.

Ce billet a été écrit par Jun Pang et publié à l’ origine sur Hong Kong Free Press le 17 février 2018. La version ci-dessous est publiée sur Global Voices dans le cadre d'un accord de partenariat.

La chaîne d'information officielle chinoise CCTV a essuyé des critiques à propos d'un sketch humoristique “raciste” montrant une actrice en blackface.

Le gala de la fête du Printemps, d'une durée de quatre heures, est télévisé chaque année pour célébrer le Nouvel An lunaire. Le 15 février 2018, le gala comportait un sketch situé en Afrique pour commémorer l'inauguration en 2017 d'un chemin de fer financé par la Chine entre les villes de Nairobi et Mombasa au Kenya.

Dans le sketch, une actrice africaine demande à l'hôte chinois de l'aider à dissuader sa mère d'organiser des rencontres pour elle. Le spectacle présente ensuite des images d'une actrice chinoise plus âgée en blackface et avec fesses rembourrées, aux côtés de comédiens vêtus de costumes de singe et de girafe. La mère croit à tort que la fille et l'hôte sont fiancés.

“J'aime la Chine, la Chine nous a aidés à construire un chemin de fer. Je veux trouver un gendre chinois”, dit-elle.

Lorsque la véritable fiancée de l'hôte chinois arrive pour interrompre les réjouissances, la fille dit la vérité à sa mère.

“Mère, je ne veux pas me marier si jeune”, dit-elle. “Je veux aller en Chine pour étudier à l'étranger. Je veux être comme les Chinois – retrousser mes manches et travailler, être appréciée du monde.”

Le sketch a attiré l'attention des utilisateurs [chinois] de Weibo et de Twitter pour son utilisation des représentations blackface et stéréotypées de l'Afrique. Le Blackface est une pratique par laquelle les acteurs non-noirs assombrissent leur peau afin de se moquer de l'apparence et des manières des noirs.

Un utilisateur de Weibo a écrit:

The problem with this segment is its narcissism. To show yourself assisting Africa, making it out as if African people are extremely jealous of China – as if they should be grateful to China. Isn’t China’s construction project in Africa supposed to be a win-win situation?

Le problème avec ce sketch est son narcissisme. Vous vous montrez en train d'aider l'Afrique, en faisant comme si les Africains étaient extrêmement jaloux de la Chine – comme s'ils devaient être reconnaissants à la Chine. Le projet de construction de la Chine en Afrique n'est-il pas supposé être une situation gagnant-gagnant ?

Un autre a dit:

This episode is racist. It has exploded in foreign media. This is understandable.

Cet épisode est raciste. Il a explosé dans les médias étrangers. C'est compréhensible.

Sur Twitter, un utilisateur avait honte:

Le spectacle raciste de CCTV pendant le gala de Printemps m'a choqué et m'a fait tellement honte de la Chine et de mon peuple. Ils avaient littéralement du blackface sur scène, un acteur africain pour jouer un singe et une actrice africaine hurlant “I love China!” (J'aime la Chine). Le racisme est mondialisé …

L'humoriste comique @krishraghav a déclaré:

Mon premier Nouvel an chinois où je regarde le gala printanier annuel de CCTV et ils sortent une dame chinoise en blackface, proportions exagérées et tout, avec un animal de compagnie “singe” (joué par un Ivoirien), et criant “J'aime la Chine !” – Je ne peux même pas

Tous les internautes chinois n'ont pas perçu le sketch comme raciste. Le directeur de la rédaction du magazine en ligne SupChina, Anthony Tao, a déclaré qu'il n'était pas destiné à offenser, mais les producteurs “sont coupables de paresse ou d'ignorance ou très probablement les deux”.

En 2012, la soirée de gala du Festival de printemps a battu le record mondial du Guinness de l'émission télévisée nationale la plus regardée, atteignant un auditoire de 498,7 millions de téléspectateurs. Depuis lors, le nombre aurait atteint 700 millions.

Le gala est considéré comme l'une des plateformes les plus importantes pour diffuser la propagande politique ; en tant que tel, il attire également une grande quantité de critiques. Ces dernières années, les commentaires critiques sur le contenu du gala ont été censurés sur les principales plateformes de médias sociaux chinois. Cette année, la plateforme de médias sociaux la plus populaire de Chine, Weibo, a également bloqué une liste de termes de recherche associés au gala, tels que “Gala du Printemps” + “ridicule” et “Gala du Printemps” + “poubelle”.

CCTV a entre-temps retiré le sketch de sa chaîne YouTube officielle.

‘Je suis un espion': les journalistes bangladais défendent leurs droits d'investigation

dimanche 18 février 2018 à 13:35

Capture d'écran de Facebook – des protestataires avec le hashtag #আমিগুপ্তচর (#JeSuisUnEspion)

Billet d'origine publié en anglais le 7 février. Tous les liens associés renvoient à des pages en anglais, sauf mention contraire.

Depuis le 29 janvier, des dizaines de journalistes au Bangladesh se prétendent espions sur leur profil dans les média sociaux.

Tenant des pancartes portant le hashtag #আমিগুপ্তচর [bn, en langue bangla] (prononcer “Ami Guptochor”, signifiant “#JeSuisUnEspion”), ils se sont élevés contre la proposition d'une nouvelle loi qui pénaliserait des pratiques-clés de recherche des journalistes d'investigation.

La loi sur la Sécurité numérique de 2018 (2018 Digital Security Act), toujours en projet, vise les délits numériques. Le projet actuel a été approuvé par le Conseil des ministres du Bangladesh le 29 janvier et sa présentation est programmée au Parlement (Jatiya Sangsad) pour son approbation. Le projet de loi devrait être adopté sans opposition grâce à la majorité détenue par le parti au pouvoir, la Ligue Awami du Bangladesh.

Cette loi vise à remplacer la loi sur les Technologies de l'information et de la communication [fr, en français] (ICT Act) de 2006 (amendée en 2013) qui a soulevé de nombreuses critiques pendant les dernières années. La célèbre Section 57 de cette loi interdit les messages numériques qui peuvent “détériorer” le droit et l'ordre, “porter préjudice à l'image d'un État ou d'une personne” ou “heurter les croyances religieuses”. Pour ces délits ne bénéficiant pas de caution, la peine minimale est de sept années d'emprisonnement et d'une forte amende. Ces termes vagues ont ouvert la voie à ce que des dizaines de journalistes et des centaines de blogueurs et d'activistes en ligne puissent être poursuivis pour leurs écrits et leurs commentaires sur les média sociaux. Le ministre de la Justice Anisul Huq avait promis en juin 2017 que la Section 57 serait abrogée.

Pourquoi le hashtag #JeSuisUnEspion?

La Section 32 du projet de loi stipule :

Si une personne pénètre illégalement dans une institution publique, semi-publique ou autonome, et qu'elle enregistre des informations ou des documents au moyens d'appareils électroniques, cela sera considéré comme un acte d'espionnage et il/elle encourra une peine de 14 années d'emprisonnement ou une amende de 2 millions de takas bangladais (près de 20.000 euros) ou les deux.

De nombreux journalistes et activistes en ligne craignent que leur travail d'investigation pour divulguer les irrégularités des fonctionnaires et des politiciens soit considéré comme de l'espionnage.

De la Section 57 à la Section 32, des protestations aux humiliations. D'après la loi sur la Sécurité numérique, je suis un espion ! Venez donc arrêter cet espion auto-proclamé et laisser ce pays se développer en étranglant les journalistes.

Le journaliste Parvez Reza [bn], correspondant spécial pour Ekattor Television, est considéré comme la personne ayant lancé cette tendance. Il a écrit sur un post Facebook :

অনেকেরই প্রশ্ন, কেন সাংবাদিকরা নিজেকে গুপ্তচর হিসেবে স্বীকার করে নিচ্ছে? সহজ উত্তর, সরকার, রাষ্ট্র এখন আইনের মাধ্যমে আমাদের গুপ্তচর বৃত্তির অভিযোগে অভিযুক্ত করার পায়তারা করছে।[…]

De nombreuses personnes se demandent, “pourquoi les journalistes se disent espions?” La réponse est simple, le gouvernement tente de pénaliser notre travail d'investigation en nous classant parmi les espions.

Le journaliste d'investigation Badruddoza Babu enrage [bn] :

#আমিগুপ্তচর। আমি বদরুদ্দোজা বাবু। অনুসন্ধান করি, সাংবাদিকতা করি। মানুষের স্বার্থে কাজ করি। অনিয়ম আর দুর্নীতি খুঁজি। ফলে আমাকে সরকারি অনেক নথি জোগাড় করতে হয়! ডিজিটাল নিরাপত্তা আইনের ভাষায়, এখন আমি গুপ্তচর!

#JeSuisUnEspion. Je suis Badruddoza Babu. Je mène des enquêtes. Je suis un journaliste. Je travaille pour ceux qui poursuivent les irrégularités et la corruption. Je dois collecter de nombreuses preuves secrètement. D'après la récente Loi sur la Sécurité Numérique, je suis un espion.

Le journaliste Rozina Islam a déclaré à BBC Bangla pendant un entretien que la loi sur la Sécurité numérique rendra très difficile de procéder à la collecte de preuves pour les articles d'actualité.

Les autres dispositions de la loi sur la Sécurité numériques de 2018

Le projet de loi sur la Sécurité numérique contient 48 sections. Les journalistes ont initialement réagi à la section 32 disant que la collecte non-autorisée d'informations provenant d'institutions publiques, semi-publiques ou autonomes en utilisant des appareils électroniques serait définie comme étant de l'espionnage numérique.

Il existe un certain nombre d'autres sections dans cette nouvelle loi qui pourraient menacer la liberté d'expression en ligne et les droits des média dans le pays. La Section 57 de l'ICT Act qui devrait bientôt être supprimée stipule un maximum de 14 années d'emprisonnement pour des délits tels que la diffamation, la blessure de sentiments religieux, la perturbation de l'ordre ou le préjudice à une personne ou une organisation. Le projet de la loi sur la Sécurité numérique a séparé ces délits en quatre sections différentes avec des peines allant de trois à dix ans. Quelques-unes des parties les plus significatives de la loi incluent :

- Section 27 : Matériel sur des sites internet ou sur des appareils électroniques qui blessent les croyances religieuses. Ce délit ne bénéficie pas de caution et la peine est de 5 années d'emprisonnement ou d'une amende de 1 million de takas bangladais (près de 10.000 euros) ou les deux. 

- Section 28: Publication de fausses informations ou de propos diffamatoires dans les média. Ce délit bénéficie de caution et la peine est de 3 ans d'emprisonnement ou d'une amende de 200.000 takas (près de 3.000 euros) ou les deux.

- Une peine d'emprisonnement à vie en cas de contribution à une propagande négative qui va à l'encontre de la Guerre d'Indépendance ou du Père de la Nation par l'utilisation d'appareils numériques.

- Autorisation pour les agences de sécurité de rechercher ou d'arrêter toute personne sans mandat d'arrêt si l'officier de police estime qu'un délit concerné par la loi a été commis ou qu'il y a une possibilité de crimes.

Maître Jyotirmoy Barua, un avocat de la Cour Suprême du Bangladesh, a déclaré lors de son entretien avec Monitor :

The Digital Security Act is an Eyewash. It is section 57 for all intent and purposes. All the provisions have merely been redistributed among other sections. Its approval will ensure that people lose their freedom of speech.

La loi sur la Sécurité numérique est du lavage oculaire. C'est la section 57 à tout faire. Toutes les dispositions ont juste été redistribuées dans les autres sections. Son approbation assurera la perte de la liberté d'expression de la population.

Barua mentionne aussi dans un entretien avec le Dhaka Tribune :

Why won’t I be able to record something wrong happening before my eyes? If I try to copy classified government records, we have the Official Secrecy Act for that.

Pourquoi ne serais-je pas autorisé à enregistrer un méfait qui aurait lieu sous mes yeuxb? Si je tente de copier des documents classifiés du gouvernement, nous avons la loi sur le Secret officiel pour cela.

Captures d'écran tirées de Facebook

Le journaliste et blogueur Maskwaith Ahsan [bn] a observé que le gouvernement suivait la loi sur les secrets officiels de la période coloniale dans cette nouvelle loi. Il a écrit sur Facebook :

ডিজিটাল নিরাপত্তা আইন ২০১৮ প্রণয়ন দেখে অনুভূত হয়; সরকার ২০১৮ সালের বাস্তবতায় বসে ১৯১৮ সালের তামাদি শাসন কৌশল অনুসরণের চেষ্টা করছে। বৃটিশ শাসনে অফিশিয়াল সিক্রেসি এক্ট বা দাপ্তরিক গোপনীয়তা আইন প্রণীত হয়েছিলো। ঔপনিবেশিক অপশাসন চালিয়ে যাবার জন্যই জনগণের স্বার্থে পরিচালিত সরকারী দপ্তরের তথ্য জানার অধিকার থেকে জনগণকেই বঞ্চিত করার অপচেষ্টা চালানো হয়েছিলো এই আইনের মাধ্যমে।

A voir la mise en place de cette loi sur la Sécurité numérique 2018, il semblerait que le gouvernement tente de mettre en oeuvre la stratégie de gouvernance de 1918 dans la réalité de 2018. C'est pendant le règne colonial britannique que cette loi sur les secrets officiels a été introduite. Le point essentiel de cette loi était d'étendre le colonialisme et d'empêcher le peuple d'obtenir des informations dans les services administratifs.

Le journaliste Aditya Arafat pense que la section 32 donnera le coup de grâce au journalisme d'investigation. Il écrit [bn] :

এ ধারায় অনুসন্ধানী সাংবাদিকতা বলতে কিছুই থাকবে না। সারাবিশ্বেই অনুসন্ধানী বা অনিয়ম-দুর্নীতি নিয়ে রিপোর্টিংয়ের তথ্য সাংবাদিকরা জনস্বার্থে গোপনেই নিয়ে থাকেন। এ ধারার প্রয়োগে কোনো দুর্নীতির সংবাদের তথ্য সংগ্রহ করা যাবে না। এমনিতেই দেশে অনুসন্ধানী সাংবাদিকতা, দুর্নীতি বিরোধী রিপোর্টং করা অনেক ঝুঁকির। থাকে মামলা হামলার শংকা। [..]আর যাই হোক ধারাটি যারা তৈরি করেছেন তারা অসৎ সরকারি কর্মকর্তা-কর্মচারি এবং দুর্নীতি পরায়ন ব্যক্তিদের বাহবা পাবেন, হয়তো পাচ্ছেনও।

Si cette loi est adoptée, il n'y aura plus de journalisme d'investigation. Dans d'autres régions du monde, les journalistes obtiennent les informations concernant une corruption ou des irrégularités de manière secrète, pour l'intérêt public. Cette loi ne permettra plus la collecte d'informations. Le journalisme d'investigation et l'information sur les irrégularités sont très dangereux dans ce pays. Les journalistes bravent leur peur des poursuites judiciaires. Ceux qui ont rédigé cette loi seront récompensés par les personnalités officielles corrompues et malhonnêtes, et peut-être le sont-ils déjà.

Parvez Reza [bn] a réagi aux déclarations du ministre de la Justice dans un entretien publié en ligne sur le site Sarabangla.net :

আইনমন্ত্রী বলছেন, ” গুপ্তচরবৃত্তি আর সাংবাদিকতা এক নয়, দুর্নীতির খবর করলে এই আইন প্রযোজ্য হবে না।” আপনি কিভাবে নিশ্চয়তা দিচ্ছেন মন্ত্রী বাহাদুর? আইনের প্রতিটা প্রয়োগ কি আপনাকে জিজ্ঞেস করে হবে? ৫৭ ধারা অপপ্রয়োগের শিকার কিন্তু সাংবাদিকরাই বেশি হয়েছেন।

Le ministre de la Justice a déclaré que “l'espionnage et le journalisme ne sont pas la même chose, cette loi ne sera pas applicable pour des informations concernant des irrégularités”. Comment pourrez-vous en être sûr M. le Ministre? Chaque application de la loi sera-t-elle contrôlée par vous ? Les journalistes ont été victimes de la mauvaise utilisation de la section 57 de l'ICT Act.

Je proteste contre la Loi sur la Sécurité Numérique de 2018. Laissez donc vivre le stylo du journaliste d'investigation. #JeSuisUnEspion

Des réunions de protestation contre la Loi de Sécurité Numérique 2018. La police n'a pas autorisé l'utilisation de microphones.

Aux côtés des journalistes, divers partis politiques, des membres de la société civile et des personnes ordinaires protestent aussi contre la loi. L'éditorial de The Independent note que les “recommandations des personnes concernées ont été ignorées lors de l'élaboration du projet de loi”. Ils ont exhorté le gouvernement à organiser une consultation publique avant de promulguer la loi.