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“Pouvons-nous nous dire libres ?” : Les Indiens s'expriment sur les droits de l'homme à l'occasion du Blog Action Day

dimanche 20 octobre 2013 à 17:48

Blog Action Day LogoLes blogueurs indiens ayant participé au Blog Action Day [anglais] du 16 octobre, une journée durant laquelle des milliers de blogueurs du monde entier s'expriment sur un sujet unique, ont été particulièrement touchés par le thème de cette année, qui portait sur les droits de l'homme (#humanrights). Ils révèlent à travers leurs écrits que la lutte en faveur des droits de l'Homme est loin d'être finie en Inde, où le travail des enfants, l'exploitation des tribus indigènes, les stéréotypes bien ancrés et autres violations restent problématiques.

Richa Singh [anglais] explique le manque de respect des droits de l'homme dans le secteur du tourisme, en particulier concernant les peuples indigènes :

Safari. Humain. Safari humain. Qu'est-ce que vous révèlent ces deux mots? Même une réflexion sur leur étymologie ne ferait pas ressortir la dimension inquiétante de ces “excursions”. 

Les tribus Jarawa. Les îles Andaman et Nicobar. Cela ne rappelle-t-il pas les détails sordides de cette vidéo devenue un véritable buzz sur internet, et finalement évoquée par les chaînes d'information? 

Quinze mille roupies (soit environ 180 euros), et voilà. C'est tout ce qu'il en a coûté à ces quelques personnes pour participer à un safari humain. Où ils ont pu regarder des femmes dévêtues danser, des hommes mendier de la nourriture, et bien sûr, des enfants pauvres, qui eux non plus ne sont pas épargnés dans tout cela.

Cette tribu atypique est menacée depuis un certain temps. Et la Cour Suprême indienne a réclamé à plusieurs reprises la fermeture de la route menant aux territoires habités par la tribu. Mais le gouvernement est réticent à appliquer cette décision en raison de possibles enjeux d'ordre “logistique”.

Maria Perry Mohan [anglais], blogueuse irlandaise expatriée en Inde et mère de quatre enfants,  s'est focalisée sur le travail des enfants en Inde :

Comme l'inde est un pays d'Extrême-Orient, techniquement en voie de développement, beaucoup d'occidentaux peinent à croire que de nombreuses personnes ici vivent dans un confort inimaginable. Certains enfants ont des ordinateurs portables, ont accès à des supports pédagogiques modernes, aux smartphones, à la livraison de pizzas, à la télévision numérique, et certains ont même une voiture de luxe pour leurs déplacements. Citez un objet, ils l'ont.

Ces mêmes enfants vivent souvent dans des maisons où le recours au travail des enfants est manifeste. Je ne plaisante pas. A cause de l'abondance de la poussière, du climat extrême et des habitudes culinaires qui demandent toujours beaucoup de travail, même avec les autocuiseurs, le travail des mères de famille est sans fin. Alors pour celles qui peuvent se le permettre, l'aide domestique est un must. 

Indian children go to work on World Day against Child Labour

Ural Rahul, 15 ans, travaille dans un garage à Dimapur, dans l'état du Nagaland, en Inde. Image de Caisii Mao. Copyright Demotix (12/06/2013)

Shaksi Nanda [anglais], chroniqueuse, auteure et blogueuse, a décrit les violations des droits de l'homme à l'encontre des malades mentaux : 

En dépit des progrès en termes de législation et des campagnes de sensibilisation pleines d'ardeur, la question des droits des malades mentaux soulève toujours des conflits et des interrogations, pas seulement en Inde, mais aussi partout dans le monde. [..]

Des zones de flou subsistent quant aux détails techniques des lois, leur mise en place, et les questions d'éthique et de professionnalisme.  Ces zones de flou sont également présentes dans nos esprits, nos mentalités, et dans notre comportement en société vis-à-vis des malades mentaux. Ce sont les deux freins majeurs à la garantie du respect des droit des malades mentaux. 

Rajlaksmi [anglais] a évoqué la discrimination liée à la couleur de peau et à la corpulence. Elle a soulevé la question suivante :

Pourquoi ne pas se contenter d'être humains un peu, et accepter, apprécier les gens pour ce qu'ils sont?

Ashrayam Rural Development Society distributed Food and Clothes to much needy tribes of Nelliampathy Palakkad, India. Image by Prashanth Randadath. Copyright Demotix. (24/8/2010)

L'Ashrayam Rural Development Society, une association, a distribué de la nourriture et des vêtements à de nombreuses tribus dans le besoin à Nelliampathy, dans le district de Palakkad, en Inde. Photo de Prashanth Randadath. Copyright Demotix. (24/08/2010)

La Journée Mondiale de l'Alimentation tombait elle aussi le 16 octobre. Le droit de se nourrir est aussi un droit humain fondamental, et pourtant, nombreux sont ceux qui n'ont pas les moyens de faire trois repas par jour en Inde.

L'auteure et blogueuse Nischala [anglais] a suggéré des moyens d'amorcer un changement :

* Mangez pour vivre, et ne vivez pas pour manger. Ne faites pas de la nourriture le centre de toutes vos journées.
* Ne jetez pas la nourriture. Apprenez à la réutiliser telle quelle ou de façons nouvelles. On peut faire tellement de choses intéressantes avec les restes. Faites une recherche sur Google !
* Vous pouvez agir sur le gaspillage de nourriture – Empêchez vos amis de s'y livrer.
* Sautez un repas une fois par semaine. Cela permettra peut-être à une autre personne de se nourrir et aura un réel impact sur votre rapport à la “nourriture”.
* Régulièrement, prenez en charge le repas de quelqu'un qui n'en a pas les moyens (dans votre quartier, dans un lieu de culte, un groupe d'action sociale, etc.)

Kalpana Solsi [anglais] a évoqué la question de l'éducation et le travail restant à faire pour améliorer ce secteur. En dépit de la mise en place de la loi sur le droit à l'éducation et de la reconnaissance de l'éducation comme droit fondamental, il y a toujours beaucoup de personnes illettrées en Inde. 

Le journaliste Vishal Bheeroo [anglais] a mis en cause le manque de reconnaissance au niveau politique dans l'échec de la garantie du respect des droits de l'homme en Inde  :  

Aujourd'hui, la lutte pour les droits de l'homme est un véritable défi car nombreux sont ceux qui sont privés d'une alimentation décente, sont exploités par des intermédiaires et n'ont pas accès à une éducation et à des installations sanitaires convenables, ni à un mode de vie sain. Ils sont aussi privés de justice et d'équité dans la société, en raison de leur statut social, de leur caste ou de leur sexe. C'est tragique car les mentalités et le manque de bonne volonté au niveau politique dans le système permettent à la discrimination de se répandre dans la société. Pouvons-nous nous dire libres ? J'ai bien peur que non, et le respect des droits de l'homme semble être un rêve lointain.

On ne peut pas ignorer les droits de l'homme car la vie humaine est précieuse. Il ne s'agit pas seulement du fait d'être en vie, mais aussi de la qualité de vie. Les blogueurs Shilpa Garg et Rainbow Hues ont contribué [anglais] à la publication en langage simplifié de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de L'ONU, mise à disposition par l'association Youth for Human Rights [anglais] (Des jeunes pour les droits de l'Homme). Il y a 30 droits humains indiscutables, dont le droit à la vie, l'absence de torture et de discrimination, le droit à l'éducation et un monde libre et juste pour tous. Tout le monde mérite d'avoir ces droits, et personne ne peut les retirer.

Comme le dit Nischala [anglais] :

SOYEZ tout d'abord HUMAINS
Les DROITS viendront ensuite
Tout commence par VOUS!

Rendez-vous sur Write Tribe [anglais] pour plus de liens vers des articles relatifs au Blog Action Day 2013.

Une manière efficace de changer le Bangladesh : le développement communautaire via un groupe Facebook

dimanche 20 octobre 2013 à 14:27

Avec 5,6 millions d'utilisateurs (données de septembre 2013), Facebook est très populaire au Bangladesh. Badrud Doza signale qu'un groupe Facebook et une émission TV intitulée ‘Aamrai Bangladesh’ (Nous sommes le Bangladesh) changent la face du Bangladesh.

Le groupe se dédie à connecter les jeunes qui sont impliqués dans des travaux communautaires et engagés dans un service social.

Il opère en tant que plate-forme pour organiser le plus grand réseau en ligne de don du sang du pays. Il se concentre aussi sur les autres services de soutien communautaire en faveur des pauvres, récolte de l'argent pour les patients en situation critique afin de payer leurs frais, mettent en connection les gens et la police etc.

La femme de Raqqa qui tient tête à l'Etat Islamique d'Irak et de Syrie

dimanche 20 octobre 2013 à 11:25

Cet article est une publication conjointe avec Syria Untold.

Au début des soulèvements contre Bachar al-Assad en 2011, Suad Nofal, institutrice, fut l'une des premières manifestantes à descendre dans la rue à Raqqa, une ville du nord de la Syrie centrale sur la rive nord de l'Euphrate, à environ 160 km à l'est d'Alep. Elle a aussi participé aux premières manifestations contre l'Etat Islamique d'Irak et de Syrie (EIIS), le groupe djihadiste qui a imposé sa loi aux populations des régions qui n'étaient pas sous le contrôle du gouvernement. Quand les activistes de Raqqa ont décidé qu'il était trop dangereux de se réunir devant le quartier général de l'EIIS, Nofal a décidé de manifester seule et sa “one-woman” manifestation en a fait le symbole du soulèvement syrien.

 

Suad Nofal, surrounded by her banners. Source: Syria Untold

Suad Nofal, entourée de ses affiches. Source: Syria Untold

 

La one-woman manifestation

Nofal, étudiante sortie major de sa promotion en 2006, a suivi un chemin révolutionnaire très personnel depuis le début du soulèvement. Elle a affronté le régime mais aussi rencontré des groupes extrémistes qui essayaient de profiter de l'absence de pouvoir, et elle a par ailleurs dû se défendre face à sa propre famille qui n'appréciait pas son activisme.

Quand Syria Untold lui a demandé comment avait réagi sa famille face à son activisme elle a répondu:

“Ma famille m'a dit d'arrêter et qu'elle ne me le pardonnerait pas si quelque chose leur arrivait. Bien sûr cela me touche mais la Syrie a besoin de nous tous. Comment pouvons-nous abandonner notre pays au moment où il a le plus besoin de nous ?”

Elle semble déterminée à ne pas l'abandonner et continue à brandir ses affiches faites maison devant le siège social de l'ISIS et dans les rues et les marchés de Raqqa. Ses messages sont directs et très critiques, comme “Notre révolution a été provoquée par notre peuple respectable et on nous la vole”, “Libérez les prisonniers” et “Où étiez-vous lors des crimes de Ghouta ? Vous dormiez dans vos palais ?” (Ghouta est une zone de la banlieue de Damas où la population a souffert des attaques à l'arme chimique en août 2013, causant la mort de centaines de civils dont de nombreux enfants).

D'autres pancartes envoient un message très clair à ceux qui utilisent la religion pour opprimer le peuple :

“Les musulmans qui répandent le sang des musulmans sont des pécheurs”, “Notre ennemi est le régime criminel, pas le peuple”, et “Ne parlez pas tant de la religion, mais donnez l'exemple grâce à vos bonnes manières, votre compassion et vos bonnes actions.”

Quand on l'interroge sur l'EIIS, elle insiste pour dire que ces groupes ne sont pas différents du régime d'Assad qu'ils ont dû supporter si longtemps.

“Ils brûlent les églises, tirent sur les gens et imposent leurs lois à la population, quelle est la différence avec le régime?”

Suad Nofal with a child and one of her banners in Raqqa. Source: Suad Nofal´s facebook page.

Suad Nofal avect un enfant et l'une de ses pancartes à Raqqa. Source:page Facebook de Suad Nofal.

 

“Je ne veux pas quitter ma ville”

Comme nous l'avons raconté précédemment sur Syria Untold, l'EIIS s'est engagé en brandissant le drapeau noir du groupe dans les manifestations au lieu du drapeau de la révolution populaire, en imposant des slogans sectaires, en profanant des tombes chrétiennes et en détruisant des églises et des symboles culturels comme la statue du poète et philosophe Abul Alaa al-Maarri, connu pour sa critique des superstitions religieuses et du dogmatisme. Les activistes ont été scandalisés de voir leur révolution détournée par des groupes qui sont loin de représenter la diversité de leur pays et les demandes de la population.

En s'élevant contre l'EIIS Nofal s'est attiré des attaques et menaces permanentes. Elle s'est même fait tirer dessus devant le quartier général de l'EIIS. Elle a pu survivre à l'incident grâce à l'aide de sa soeur.

“Peu importe ce qui est arrivé, je resterai. Je veux rester dans ma ville, je ne veux pas que d'autres s'en emparent. L'activisme en ligne est nécessaire, mais il y a un travail à faire sur place et certains parmi nous doivent rester pour s'en charger.”

Le courage de Nofal en a influencé d'autres et a été le déclencheur de la solidarité avec la “one-woman” manifestante dans tout le pays, principalement de la part des femmes. L'activiste Mayan Atassi écrit :

Aujourd'hui j'ai vraiment besoin de cet exemple féminin de force et de courage. Tous mes voeux Suad Nofal!”

Nofal tient à ses affiches, à leurs messages, leurs couleurs et leurs dessins, qui témoignent de la lutte syrienne et de sa propre lutte.

“Ces affiches m'ont tenu compagnie, elles m'ont donné la force. Elles me rappellent pourquoi il est important de continuer à faire ce que nous faisons. Jusqu'à ce que nous soyons libres.”

Suad Nofal´s banner, in solidarity with the Christian population, torn by ISIS. Source: Suad Nofal´s facebook page

L'affiche de Suad Nofal en solidarité avec la population chrétienne, déchirée par l'ISIS. Source: Page Facebook de Suad Nofal

 

Cet article est une publication conjointe avec Syria Untold. 

Bulle immobilière à Katmandou

dimanche 20 octobre 2013 à 11:13

Chandan Sapkota [anglais] rapporte que la hausse du coût des logements à Katmandou les rend inaccessibles à la majorité de la population népalaise. Les crédits bancaires faciles d'accès pour les développeurs et les acheteurs potentiels ont probablement déclenché la bulle.

#Humanrights pour Blog Action Day : La question ignorée des disparitions au Népal

dimanche 20 octobre 2013 à 11:12

Le Réseau national des familles de personnes disparues Népal déclare que plus de 1 400 personnes ont été victimes d'une disparition forcée [anglais] au cours de la guerre civile [français] qui a duré une décennie (1996-2006). Siromani Dhungana [anglais] à ‘United We Blog! for a Democratic Nepal’ (‘Unis nous Bloguons ! pour un Népal Démocratique') dénonce le fait que la question des disparitions n'a pas été traitée de façon appropriée par l'État et les partis politiques.