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Pourquoi tant de plaisanteries sur les ananas à Madagascar ?

samedi 2 juillet 2016 à 16:57
I am #Pineapple via Mirana (with permission)

Je suis ananas. Via Mirana (with permission)

A propos des derniers mèmes sur les réseaux sociaux, l'ananas est le nouvel orange (oui, allusion à la série ‘Orange is the new black’), tout au moins, à Madagascar.

Les réseaux sociaux dans l'Ile Rouge sont parfumés fortement à l'ananas ces derniers temps. Pourquoi ce gout soudain pour ce fruit ? Voici des éléments de contexte sur la situation sociale actuelle à Madagascar.

Madagascar est classé comme l'un des pays les plus pauvres au monde par la Banque mondiale (et selon Radio France International). Les critiques sur l'économie du pays n'ont pas plu au président malgache. Il a mis au défi les observateurs, les médias malgaches et les citoyens de “fournir des preuves que le pays s'appauvrissait.”

Les Malgaches ont rapidement réagi et de façon cinglante:

Is this graph here not enough evidence Mr President ? #Madagascar #WASH

Ce graphique n'est-il pas une preuve suffisante, Monsieur le Président ?

Koolsaina, un blog communautaire malgache, a posté la photo suivante sur son site:

Malagasy citizens going through trash pile ups in Antananarivo via koolsaina

A Antananarivo, les habitants fouillent les ordures. Via Koolsaina

Après ce premier échange tendu entre le président et les Malgaches, un autre site malgache, Tananews, a posté une photo de la première dame Voahangy Rajaonarimampianina portant une robe verte avec un motif en forme d'ananas.

President and first lady at independence day ceremony via Tananews

Le président malgache et son épouse durant une cérémonie de la journée de l'indépendance. Via Tananews

Tananews a ajouté un lien et un commentaire assez sarcastique : “C'est vrai, tout le monde n'est pas pauvre à Madagascar.” Le lien amenait à une page web de la marque de luxe Dolce & Gabana, prouvant que la robe coute 7745 dollars sur le site du grand magasin américain Nieman Marcus (on ignore quel est le prix réel de la robe que la première dame portait).

Le web malgache a été scandalisé. Une avalanche de mèmes sous le hashtag #mananasy (ananas) a fait son apparition en quelques jours sur les réseaux sociaux locaux. En voici quelques uns qui ont été très partagés.

Spoof of a Marc Zuckerberg profile wondering about pineapple in Madagascar (with permission)

Une parodie du compte FB de Marc Zuckerberg : il s'interroge sur les ananas à  Madagascar. Utilisé avec autorisation

 

Beggar: "Can I have 7,000 USD please ?" First lady: " I have no pineapple for you" via POV FB page

Mendiant : “Je peux avoir US $7,000 s'il vous plait ?” Première dame : “Je n'ai pas d'ananas pour vous.” Via la page Facebook POV 

"New Pineapple haircut because I want to be famous too" via Rivo Francis on Facebook

“Une nouvelle coupe de cheveux rappelant l'ananas. Parce que je veux être célèbre moi aussi.” Via Rivo Francis sur Facebook

"Did you know that the Brand Dolce & Ananas was all the rage in Madagascar ?" via Aina Rakotoson onn FB

Via Aina Rakotoson sur Facebook

Ces plaisanteries sur les ananas sont malheureusement apparues quelques jours après un attentat perpétré durant la cérémonie du jour de l'indépendance. Une grenade a explosé dans la foule qui assistait au défilé militaire dans le stade national. L'attentat a fait trois morts et 91 blessés. Voici une vidéo tournée peu de temps après.

L’ “ananas-gate” survient au moment où un projet de loi sur la liberté d'expression et l'éthique en ligne est rédigé par les autorités malgaches. Les premières fuites sur le contenu de cette loi font état de sévères restrictions sur les libertés numériques. Tout contenu ‘diffamatoire’ sera passible de lourdes amendes. La loi devrait être soumise au vote du parlement dans les prochaines semaines.

L'éditeur de Global Voices en malgache Andriamifidisoa Zo aka Jentilisa a contribué à cet article

“Bien joué Bakou” ? Les inégalités restent fermement aux commandes de la F1 en Azerbaïdjan

samedi 2 juillet 2016 à 11:14
Baku F1 street circuit. Wikipedia image.

Circuit urbain de F1 à Bakou. Image Wikipédia.

[Tous les liens sont en anglais, sauf mention contraire]

Lorsque Mirzabite Abdullayeva, une jeune femme de 21 ans, mit au monde [azéri] des triplés le 21 juin dernier, elle ne se doutait pas que deux de ses trois nouveaux-nés décéderaient en soins intensifs dans les heures qui suivirent leur naissance. En cause, une coupure d’électricité à l’hôpital et un générateur défaillant.

Selon un média indépendant d’Azerbaïdjan, pays riche en pétrole, le bébé survivant fut transféré dans un hôpital de Bakou, où son état reste critique. Pendant ce temps, le pays voyait son Grand Prix de Formule Un se clore, un événement à plusieurs millions de dollars sur fond de crise économique qui ne cesse de s’intensifier.

Plutôt que de reconnaître la responsabilité de l’Etat dans le décès des deux nouveaux-nés, le Ministre de la Santé déclara que les nouveaux-nés étaient morts avant la coupure d'électricité et que l’hôpital n'y était pour rien.

Dépenses prioritaires

Selon l’infographie ci-dessous publiée par RFE/RL, l’Azerbaïdjan a octroyé près de 500 millions de dollars à son budget de la santé en 2016, soit une baisse de 4.2% par rapport à l’an dernier.

Ces deux dernières années, malgré la crise économique liée à la chute du cours du pétrole, d’énormes sommes ont été dépensées pour accueillir les Jeux Européens et le Grand Prix de Formule 1.

La défense demeure le secteur recevant la plus grosse part du gâteau budgétaire, sur fond de conflit de plus en plus inflammable avec le voisin arménien à propos du territoire disputé du Haut-Karabagh.

Infographic

Cette distortion des priorités en matière de dépenses publliques ne semble pas troubler les gouvernants, ni même l'indéboulonnable chef de la F1 Bernie Ecclestone, qui s'est dit à « 100 pour cent » en paix avec sa conscience vis-à-vis des droits de l’Homme en Azerbaïdjan, à l’aube de l’événement automobile, le 18 juin dernier.

Son optimisme a été partagé par l’ambassadeur d’Azerbaïdjan aux Etats-Unis :

Bien Joué Bakou en effet ! Festivités du circuit de Bakou du Grand Prix de Formule 1 en Azerbaïdjan.

L’autre Azerbaïdjan

Gunduz Aghayev

Dessin du caricaturiste azéri Gunduz Aghayev soulignant l'inégalité au milieu du glamour du Grand Prix de F1.

Les médias indépendants et les défenseurs des droits de l’Homme du pays sont d'un avis différent.

Meydan TV, un média dissident basé en Allemagne, a imaginé un circuit de F1 alternatif pour ses lecteurs, qui creuse sous le tape-à-l'oeil révéré par Ecclestone.

Intitulée “La course à la vérité : explorez les dessous du circuit de F1 », l’histoire au format multimédia, présentée en plusieurs parties, donne aux lecteurs des épisodes comme « Temps difficile pour les retraités », « Les deux visages de Bakou », « Le conte des deux écoles », et « Le centre de Bakou, terrain de jeu pour les riches », qui traitent tous des inégalités et de l’injustice sociale qui a affecté lc pays du Caucase au long du règne prolongé des Aliyev.

Khadija Ismayilova, une journaliste d’investigation récemment remise en liberté, est allée plus loin dans un article pour OCCRP l’an dernier, accusant la famille du Président Ilham Aliyev de corruption, activement facilitée par le circuit de F1 :

While taxpayers ultimately foot the bill for this, two privileged citizens have been massively enriched by the games: the president’s daughters. That’s because they control an enormous chunk of the luxury hotel business in Baku. Their hotels, sporting such well known Western brands as the Four Seasons, Sheraton and the Mariott, sit at key points in the city.

Alors que les contribuables payent au final la facture, deux citoyennes privilégiées se sont massivement enrichies sur les jeux : les filles du président. Parce qu’elles contrôlent une énorme part du business d’hôtels de luxe à Bakou. Leurs hôtels,arborant des enseignes occidentales bien connues comme le Four Seasons, le Sheraton et le Mariott, se situent à des endroits-clés de la ville.

Vous regardez la Formule 1 ? Vous voulez savoir comment les Aliyev bénéficient du Grand Prix de Bakou ?

La campagne Sport for Rights (le Sport pour les Droits) a également rappelé à grand bruit aux fans de F1 les violations des Droits de l’Homme en Azerbaïdjan :

Le Grand Prix de Bakou va démarrer ! Tous les regards sont tournés vers la piste, mais n'oubliez pas les prisonniers politiques.

Ces deux Azerbaïdjans – l’un florissant et prospère, l’autre opprimé et en pleine lutte – continuent de cohabiter.

Mais avec la chute de près de 50% des prix du pétrole brut par rapport à 2014, une exportation-clé pour le pays, l’incertitude grandit autour du régime Aliyev et de sa capacité à poursuivre cette double politique.

‘Je resterai aussi longtemps que la Reine me le permettra’ et autres réactions de lusophones au Brexit

vendredi 1 juillet 2016 à 20:33
Brexit. Foto: Pixabay/Domínio Público

Brexit. Photo: Pixabay/Domaine public

Les électeurs britanniques ont décidé de quitter l'Union Européenne par référendum du 23 juin, avec 52% des voix pour le “Brexit” (sortir) contre 48% pour le “Bremain” (rester). En conséquence, le Premier Ministre David Cameron a remis sa démission.
Le résultat du vote a fait naître l'incertitude sur le sort des citoyens de l'UE qui vivent et travaillent au Royaume-Uni (la liberté de circulation entre les pays membres est un des fondements de l'Union Européenne) tout comme des entreprises et entités qui commercent au-delà des frontières. La Bourse et la livre ont chuté sous l'effet du vote Brexit, et une recrudescence des incidents xénophobes aurait été signalée à travers le Royaume-Uni.
A travers la planète, les réactions au vote pour ou contre la sortie de l'UE ont été variées. Global Voices a voulu savoir ce qu'en dit le monde d'expression portugaise.
Par Facebook, nous avons échangé avec João Carvalho, mécanicien chez Jaguar depuis un an qui vit près de Londres avec sa fille. Il dit avoir quitté le Portugal, qui est membre de l'UE, pour trouver un bon emploi et parce qu'il trouvait que c'était un Etat en faillite. En Angleterre, Carvalho dit avoir trouvé une meilleure qualité de vie et la possibilité de donner un bon avenir à sa fille.
Il ne croit pas que le Brexit aura des conséquences pour lui et que cela puisse “servir de modèle pour son pays”. A la question de savoir s'il restera en Angleterre même si les conditions de visa se compliquent pour les ressortissants européens, il répond, “je resterai aussi longtemps que la Reine me le permettra”, avant de conclure qu'il n'avait jamais ressenti personnellement “la moindre xénophobie de la part des Britanniques”.
A l'inverse, Patrícia Soares, qui vit depuis 2014 à Brighton où elle prépare un doctorat, dit que le nombre d'agressions xénophobes a augmenté depuis le vote. “La plupart des cas dont j'ai connaissance visent des Musulmans, des Polonais et des Pakistanais”, a-t-elle déclaré à Global Voices. Elle précise qu'elle n'a personnellement rencontré ni discrimination ni haine et que “le lendemain du référendum, plusieurs collègues britanniques [lui] ont demandé comment [elle] se sentait et étaient unanimes à [lui] assurer que ce n'était pas leur position et qu'ils étaient embarrassés par ce résultat”.
Patricia Soares n'a pas l'intention de rester en Angleterre, parce que son “objectif a toujours été son doctorat puis de rentrer au Portugal”. La chercheuse admet cependant qu'elle devra changer une partie de ses plans : “Nous étions en train d'explorer la possibilité de continuer à travailler depuis le Portugal en revenant régulièrement au Royaume-Uni. Avec le résultat du Brexit, je devrai probablement réfléchir à d'autres options. Les financements seront probablement plus difficiles à obtenir et les employeurs pourraient être moins ouverts à la possibilité de payer quelqu'un d'extérieur”.
La victoire du Brexit a révélé une faille profonde entre les quatre nations qui composent le Royaume-Uni : l'Ecosse et l'Irlande du Nord ont massivement voté pour rester dans l'UE, tandis que l'Angleterre et le Pays de Galles ont fait le choix inverse. La différence de vote a attisé les appels à l'indépendance, surtout en Ecosse. Sur la possibilité d'un éclatement du Royaume-Uni, Soares dit que :

O futuro do Reino Unido não está claro. No entanto, seja o que for que aconteça daqui para a frente ninguém poderá apagar estes resultados da memória dos cidadãos. Esquecendo as consequências políticas e económicas, o aumento da discriminação que o leave (“sair”) trouxe não poderá ser apagado. O país está claramente dividido e acredito que a Escócia vai fazer os possíveis para continuar na UE. Tendo em conta a história com a Irlanda, a Irlanda do Norte é mais complicado

L'avenir du Royaume-Uni n'est pas clair. Néanmoins, quoi qu'il arrive désormais, nul ne pourra effacer ces résultats de la mémoire des citoyens. L'oubli des conséquences politiques et économiques, l'accroissement de la discrimination apporté par le vote leave (“sortir”) ne pourront pas être effacés. Le pays est clairement divisé et je crois que l'Ecosse fera tout son possible pour rester dans l'UE. Compte tenu de l'histoire en Irlande, l'Irlande du Nord c'est plus compliqué.

‘La fin d'un beau rêve’

Au Brésil, la blogueuse “Socialista Morena” (La socialiste bronzée) explique que la question du Brexit a traversé les frontières entre droite et gauche :

Confesso que estranhei um certo desespero, por parte da esquerda, com a saída da Inglaterra da UE, como se fosse uma espécie de fim dos tempos – até porque a esquerda nunca foi uma grande defensora do bloco, pelo contrário. Nestes 23 anos de sua existência, não se pode dizer que a UE tenha sido uma maravilha para as pessoas mais necessitadas da Europa – a pobreza e a desigualdade estão crescendo, inclusive – ou mesmo para os imigrantes, que aparentemente serão o maior alvo da extrema-direita agora (como se já não fossem). Para complicar ainda mais, os pobres da Inglaterra votaram em sua ampla maioria pela saída do país da UE. Diante de tantas complexidades, prefiro esperar para ver antes de automaticamente me afirmar contra o Brexit.

J'avoue que j'ai trouvé étrange un certain désespoir de la part de la gauche devant la sortie de l'Angleterre de l'UE, comme si c'était une sorte de fin du monde — car la gauche n'a jamais beaucoup défendu le bloc, au contraire. Dans ces 23 ans d'existence, on ne peut pas dire que l'UE a été un miracle pour les personnes les plus démunies d'Europe — pauvreté et inégalités sont en hausse, y compris — ou même pour les immigrants, qui semblent à présent être la principale cible de l'extrême-droite (comme s'ils ne l'étaient pas déjà). Pour compliquer encore plus, les pauvres d'Angleterre ont voté très majoritairement pour que le pays sorte de l'UE. Devant autant de complexité, je préfère attendre pour voir avant de me prononcer automatiquement contre le Brexit.

Une analyse des résultats révèle combien le Royaume-Uni est divisé sur le sujet. Le vote pour rester l'a emporté dans les régions à l'économie la plus puissante, tandis que la sortie a gagné dans celles économiquement affaiblies, autrement dit, les plus riches ont voté pour le maintien dans l'UE et les pauvres ont choisi d'en sortir. D'autres chiffres des résultats pointent un conflit de générations : les jeunes veulent rester dans l'UE, les vieux ont voté pour la quitter.
Le projet européen commun est-il en danger de se dissoudre ? Voilà ce qu'écrit au Portugal Francisco Fortunato :

Não acredito que a União Europeia tenha aprendido nada com o terramoto britânico. Nem compreendido as angústias dos mais desfavorecidos, nem os problemas que a construção do projeto europeu às escondidas dos cidadãos provocaram. Cedo ou tarde, um acontecimento como o inglês ia acontecer. Para nosso mal, o nosso futuro europeu comum é cada vez mais uma miragem, um sonho bom que se está a tornar um pesadelo. A Inglaterra não será um contraponto – por pequeno que tenha sido – ao poder alemão, a França está tão frágil que a sua voz pouco conta. A reação dura – pedindo um processo rápido – dos decisores europeus à saída da Inglaterra da União Europeia não passa de uma ameaça aos outros países. Nada faz prever uma inflexão de rumo, uma aprendizagem com os profundos erros cometidos.
Provavelmente, teremos uma União Europeia cada vez mais germanizada, mais fechada sobre o seu pequeno círculo de satélites e os outros condenados a viver ligados ao soro alemão, que lhes vai permitindo pouco mais do que se manterem à tona, ou a uma rutura que os vai atirar para uma crise social e política de proporções dantescas. É o fim de um sonho lindo.

Je ne crois pas que l'Union Européenne ait rien appris du tremblement de terre britannique. Ni qu'elle ait compris les angoisses des plus défavorisés, ni les problèmes qu'a causés la construction du projet européen en cachette des citoyens. Tôt ou tard, un événement comme le britannique se serait produit. Pour notre malheur, notre avenir européen commun devient de plus en plus un mirage, un beau rêve tourné au cauchemar. L'Angleterre ne sera pas un contrepoids — si petit qu'il ait été  — à la puissance allemande, la France est si fragile que sa voix compte peu. La réaction de dureté — la demande d'un processus rapide — des décideurs européens à la sortie de l'Angleterre de l'Union Européenne n'est qu'une intimidation pour les autres pays. Rien ne laisse prévoir un changement de cap [de l'UE], un apprentissage à partir des profondes erreurs commises.
Probablement, ce que nous aurons c'est une Union Européenne de plus en plus allemande, plus fermée sur son petit cercle de satellites et les autres condamnés soit à vivre sous perfusion allemande, qui leur permettra à peine plus que de se maintenir à la surface, soit à une rupture qui va les jeter dans une crise sociale et politique de proportions dantesques. C'est la fin d'un beau rêve.

‘J'ai peur que le sentiment anti-immigrants devienne dévorant’

En Afrique, les Mozambicains ont eux aussi réagi au possible départ britannique de l'UE. Isalcio Mahanjane a mis en garde que ce n'était pas un “pétrin” isolé :

(…) Vale a pena dizer que estamos em face de um verdadeiro “sarilho”, para os British themselves (para os próprios britânicos), para o resto da UE e para o mundo, donde não escaparão a minha África e o meu Moçambique! (…)

[…] On peut dire que nous sommes dans un véritable “pétrin”, pour les British themselves (pour les Britanniques eux-mêmes) pour le reste de l'UE et pour le monde, où il n'y a pas d'échappatoire pour mon Afrique et mon Mozambique ! […]

Eduardo Matine lui répond :

(…) Nos moldes em que Bruxelas vinha gerindo esta união, tarde ou cedo, de algum lado se ia desintegrar! A crise da Grécia fortaleceu a Alemanha com conivência de Bruxelas, só para citar alguns imbróglios que o Reino Unido e outros tiveram que engolir porque devem respeitar diretivas lá da união! Essa união, que supõe-se que devia servir aos países membros, deixa-se guiar por agendas milionárias de grupos económicos financeiros ditando regras de jogo e sendo jogador e fiscal ao mesmo tempo! (…)

[…] De la façon dont Bruxelles gérait cette union, tôt ou tard, elle allait se désintégrer d'un côté ou d'un autre ! La crise grecque a renforcé l'Allemagne avec la connivence de Bruxelles, pour citer quelques imbroglios que le Royaume Uni et d'autres ont dû avaler parce qu'ils doivent respecter les directives de l'union ! Cette union, qui devait supposément servir les pays membres, s'est laissée mener par les ordres du jour millionnaires de groupes économiques financiers dictant les règles du jeu, et à la fois joueurs et arbitres ! […]

En Angola, Márcio Cabral, qui a vécu au Royaume-Uni, craint la montée de la xénophobie :

(…) Não acho que o “Brexit” tenha sido uma decisão acertada do ponto de vista económico. Quanto ao ponto de vista social, este sim é o que me preocupa profundamente. Como frisou o meu colega britânico Gerson Emanuel, a motivação deste voto foi puramente xenófoba…e por isso temo bastante que o sentimento anti-emigrante venha a crescer de forma voraz nos próximos tempos naquele país. Quando lá vivi, ouvi bastantes vezes a frase “Go back to your Country = Volta para o teu País” e temo que os meus, que ainda lá vivem, venham a passar por situações de racismo e xenofobia. Por mais “britânicos” que eles se possam sentir…

[…] Je ne pense pas que le “Brexit” ait été une décision sage du point de vue économique. Quant au point de vue social, c'est ce qui m'inquiète profondément. Comme l'a souligné mon confrère britannique Gerson Emanuel, la motivation de ce vote était purement xénophobe… et pour cela j'ai bien peur que le sentiment anti-immigrant devienne dévorant dans les prochains temps en ce pays. Quand j'y vivais, j'ai assez souvent entendu la phrase “Go back to your country = Rentre dans ton pays” et j'ai peur que les miens qui y vivent toujours ne passent par des situations de racisme et de xénophobie. Aussi “britanniques” qu'ils puissent se sentir …

Le Cap-Verdien Herminio Silves est convaincu que la sortie du Royaume-Uni de l'UE aura aussi des effets sur son pays :

BREXIT GANHA. E CABO VERDE COM ISSO?
Pelos visto nos vai afetar e muito. A saída do Reino Unido da União Europeia prejudica – sim prejudicar, porque é o nacionalismo exacerbado e a xenofobia que venceram – o principal bloco do planeta, pelos seus efeitos de contágio. A Holanda, a França, a Itália e a Turquia (esta quer entrar na UE) já cogitam avançar também com um referendo se permanecem na União ou se ficam para a manter firme.
Com os sinais vindos do Reino Unido, é crível que esses países se deixem levar pela mesma onda e preferir sair da UE. Com isso, pode estar por um fio a moeda única europeia, o Euro, como aliás, se defende na Itália. Roma vai começar a referendar primeiro a sua saída da zona Euro, antes de avançar com uma consulta pública sobre a sua permanência na UE.
A desintegração começa a sentir-se e é o cenário mais preocupante. Cabo Verde é um dos que perde com o desmembramento da UE. O país, que por via do acordo cambial mantém o Escudo preso ao Euro, poderá não aguentar as oscilações do mercado se a moeda única europeia for para o brejo.
Além disso, há acordos bilaterais (pesca, circulação), financiamentos e o protecionismo que nos foge, ainda por cima, nesta época difícil.
Curioso é que ainda esta semana o presidente da AN (Assembleia Nacional), Jorge Santos, esteve nas Canárias onde, juntamente com os Açores e a Madeira, Cabo Verde reivindicou uma participação ativa nas instituições da UE, no quadro da Macaronésia. Bem, se os tubarões estão em debandada, que será dos peixinhos?

LE BREXIT WINS. ET LE CAP-VERT DANS TOUT ÇA ?
Selon toutes apparences, ça nous affectera beaucoup. La sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne est nocive — oui, nocive, parce que ce sont le nationalisme exacerbé et la xénophobie qui ont gagné — pour le principal bloc de la planète, par ses effets de contagion. Les Pays-Bas, la France, l'Italie et la Turquie (cette dernière veut entrer) réfléchissent déjà à avancer aussi avec un référendum pour demeurer dans l'Union ou rester pour la consolider.
Les signaux venant du Royaume-Uni rendent crédible que ces pays se laissent emporter par la même vague et préfèrent sortir de l'UE. Avec cela, la monnaie unique européenne, l'euro, peut tenir à un fil, comme par ailleurs elle se défend en Italie. Rome sera la première avec un référendum sur sa sortie de la zone euro, avant d'avancer vers une consultation publique sur son maintien dans l'UE. La désintégration commence à se faire sentir et c'est le scénario le plus préoccupant. La Cap-Vert est un des perdants du démembrement de l'UE. Le pays, qui par un accord de change garde son Escudo attaché à l'euro, ne pourra pas résister aux fluctuations du marché si la monnaie unique ‘glisse sur le requin’ [NdT. tourne mal].
A cela s'ajoutent les accords bilatéraux (pêche, circulation), les financements et le protectionnisme qui vont de plus nous échapper en ces temps difficiles.
Curieusement, cette semaine le président de l'Assemblée Nationale, Jorge Santos, s'est rendu aux Canaries où, conjointement avec les Açores et Madère, le Cap-Vert a revendiqué une participation active aux institutions européennes dans le cadre de la Macaronésie. Eh bien, si les requins sont en débandade,  qu'arrivera-t-il aux petits poissons ?

Et maintenant ?

Le référendum du 23 juin n'est pas juridiquement contraignant. Le retrait du Royaume-Uni pourrait même ne pas se concrétiser, une éventualité peu probable car ne pas respecter la volonté de l'électorat britannique serait politiquement suicidaire pour tout parti briguant le pouvoir.
Avant de démissionner, David Cameron a assuré que la décision populaire serait respectée et que les dirigeants des autres partis partagent cette opinion. Il revient à présent au Parlement britannique d’entériner le référendum et de demander au premier ministre d'invoquer formellement l’article 50 du traité de Lisbonne, qui décrit comment un Etat peut se retirer de l'UE. Une fois lancée, la procédure s'étend sur deux ans au plus.
En attendant, le Secrétaire d'Etat aux Portugais de l'étranger José Luis Carneiro a déclaré à la presse à Lisbonne :

Os portugueses com mais de cinco anos de trabalho no Reino Unido devem acautelar os seus direitos e requisitar a residência permanente naquele país, independente da saída ou não dos britânicos da União Europeia.

Les Portugais ayant plus de cinq années de travail au Royaume-Uni devront sauvegarder leurs droits et solliciter la résidence permanente dans ce pays, que les Britanniques sortent ou non de l'Union Européenne.

Cote d'Ivoire: Le professeur Honoré Kahi aide une étudiante à passer son examen en portant son bébé sur le dos

vendredi 1 juillet 2016 à 19:08
Le Prof. Honoré Kahi, de l’université Alassane Ouattara de Bouaké a devenu célèbre sur les réseaux sociaux en portant sur son dos le bébé d'une des étudiantes pour permettre à la maman de suivre son cours. Source: Site De Rencontre Des Etudiants De L'afrique

Le Prof. Honoré Kahi, de l’université Alassane Ouattara de Bouaké a devenu célèbre sur les réseaux sociaux en portant sur son dos le bébé d'une des étudiantes pour permettre à la maman de suivre son cours. Source: Site De Rencontre Des Etudiants De L'afrique

La page Facebook Site De Rencontre Des Etudiants De L'afrique a publié le 29 juin 2016, une photo présentant le prof. Honoré Kahi donnant un cours sur la sensibilisation à l’entrepreneuriat à l’université de Bouaké, avec un bébé attaché à son dos, qui a fait le buzz sur la blogosphère ivoirienne. Contacté par la TV française, le professeur déclare:

C’est assez fréquent que des jeunes filles viennent avec leurs enfants en classe. Mais ce jour-là, le bébé de cette étudiante ne cessait de pleurer. Elle est sortie à trois reprises de la salle pour essayer de le calmer, en vain. Au bout d’une trentaine de minutes, je lui ai dit que c’était un cours très important pour son avenir et que pour moi, il fallait qu’elle soit bien concentrée. Je lui ai donc proposé mon aide.

J’ai donc attaché le bébé dans mon dos. Immédiatement, il s’est tu, bercé par les va-et-vient que je faisais pour continuer mon cours, et s’est même endormi ! J’ai pu continuer mon cours pendant une quarantaine de minutes sans aucun problème. Mon étudiante m’a dit qu’elle était très touchée par ce geste et qu’elle avait été très surprise car il y a généralement une certaine distance entre les étudiants et les professeurs.

Pour tout dire, je suis assez étonné de l’engouement autour de ce geste, car c’était vraiment spontané. Des étudiants ont pris des photos car ça les amusait : dans l’imaginaire collectif, on associe d’habitude ce type de porté du bébé à la “mama” africaine… C’est assez rare de voir un homme, qui plus est un enseignant faire ça. J’ai reçu des coups de fils de gens de France, de Côte d’Ivoire, du Mali qui me disent que l’image leur a fait du bien. Je crois que ce que fait un enseignant, pour créer du lien social avec ses étudiants, est aussi important que le contenu de ses cours.

 

 

 

 

Être lesbienne en Russie au lendemain du massacre d'Orlando

vendredi 1 juillet 2016 à 18:31
Flowers left outside the US embassy in Moscow. Photo: Will Stevens / Twitter

Des fleurs déposées devant l'ambassade des États-Unis à Moscou. Photo : Will Stevens / Twitter

[article d'origine publié en anglais le 13 juin 2016] Le thème des droits LGBT en Russie est resté au cœur de l'actualité internationale pendant environ un an, du printemps 2013 au printemps 2014. Les deux saisons encadraient en effet les Jeux olympiques d'hiver de Sochi, une période pendant laquelle le public s'est soudain pris d'intérêt pour les affaires intérieures russes. La législation russe a aussi fait parler d'elle lorsque, en juin 2013, Vladimir Poutine a approuvé une loi interdisant toute soi-disant “propagande homosexuelle” en présence de mineurs. Une loi vague rendant illégale toute action publique perçue comme une “promotion” de l'homosexualité.

À la fin des Jeux d'hiver, le 23 février, le reste du monde s'est cependant soudainement désintéressé de la question des droits LGBT en Russie.

Google users' interest in Russia and LGBT-rights issues, according to Google Trends.

L'intérêt des utilisateurs de Google pour les droits LGBT en Russie, d'après Google Trends.

Aujourd'hui, le 13 juin, des gens du monde entier partagent leurs réactions à l'annonce de l'attaque meurtrière d'une discothèque gay à Orlando ce week-end, où près de 50 personnes ont été abattues. La tuerie fait écho à la vulnérabilité de beaucoup de défenseurs russes des droits LGBT, alors qu'ils dénoncent une recrudescence de violences homophobes dans le pays.

Elena Kostyuchenko. Photo: Andrei Blinushov / Facebook

Elena Kostyuchenko est une journaliste d'investigation pour le journal russe Novaya Gazeta et activiste de longue date pour les droits LGBT basée à Moscou. Elle a été parmi les premiers journalistes à écrire sur le groupe Pussy Riot, et a également été attaquée et détenue à plusieurs occasions alors qu'elle travaillait ou participait à des manifestations politiques. Sa voix est l'une des plus connues sur la question des droits LGBT.

Kostyuchenko a publié sur Facebook deux messages devenus viraux à propos de la tuerie d'Orlando. Ses textes sont des réactions à l'attaque de la boîte gay, mais ne se limitent pas à une expression de la douleur ressentie à la suite de cette seule tragédie. Le dimanche 12 juin, elle décrit la façon dont elle a appris la nouvelle de l'attaque d'Orlando, alors qu'elle passait la journée avec sa mère à Moscou. Le texte a reçu plus de 2 100 réactions et 74 partages sur Facebook :

Время от времени меня спрашивают, каково быть лесбиянкой. Ждут, как я понимаю, описания чудес лесбийского секса, или силы влечения женщины к женщине, или особенностей восприятия собственных сисек. Но я никогда не смогу объяснить, каково это, правда.

Провести счастливый день с мамой, которая приехала в Москву выбрать лучшие ирисы и пионы. Гулять с ней по саду (похуй, что мерзнут ноги), разруливать интриги с цветочными продавцами, подбирать литературу, прятать чеки, кормить ее пастой в любимом кафе и чувствовать себя взрослой-взрослой.

А потом сажаешь ее на поезд. Сидишь рядом, держишь в руках план дачи, споришь, куда высадить белые астильбы. И тут звонит бывшая – приезжай к посольству, 50 человек убиты, стрелок в гей-клубе, возьми, пожалуйста, цветы. И ты спрашиваешь: “50 человек? Точно стреляли или бомба? Какой гей-клуб?” И вдруг видишь, как у мамы отливает кровь от щек. Она становится белой-белой. Говорит: где? И я говорю: США. И тут мама говорит спокойно очень: Лена, поезд отходит через три минуты, беги давай, и не бери розы, возьми белые цветы.

Знаете это чувство? Нет? А это единственное реальное различие между мной и вами. Единственное.

Parfois, on me demande ce que ça fait d'être lesbienne. Il me semble qu'on s'attend à entendre notre avis sur nos seins, ou encore le récit des merveilles du sexe entre femmes et de l'attraction irrésistible que l'on peut avoir l'une pour l'autre. Mais je ne pourrai jamais expliquer ce que ça fait, vraiment.

C'est passer une belle journée avec sa maman, qui est à Moscou pour venir chercher des iris et des pivoines fraîches. C'est se promener dans le jardin avec elle (tout le monde se fiche que vos pieds gèlent dehors), écouter les ragots des fleuristes, lui acheter de nouveaux livres, cacher les tickets de caisse, l'inviter à manger un plat de pâtes dans son restaurant préféré, et se sentir comme une adulte accomplie.

Et puis c'est l'accompagner jusqu'au train qui la ramène chez elle. S'asseoir près d'elle, et, les plans d'aménagement de sa petite maison en main, se disputer un peu sur l'endroit où planter les astilbes. Et puis une ex-petite-amie vous appelle et dit : “Viens à l'ambassade [des États-Unis]. Cinquante personnes sont mortes. Il y a eu une fusillade dans une boîte gay. Apporte des fleurs, s'il te plaît.” Et vous demandez : “Cinquante personnes ? On leur a tiré dessus ? Ce n'était pas une bombe ? Quelle boîte ?” Et tout à coup vous voyez le visage de votre maman pâlir. Elle est blanche comme un linge. Elle dit : “Où ça ?” Je réponds : “Aux États-Unis.” Puis, maman continue, parfaitement calme : “Lena, le train part dans trois minutes. Dépêche-toi d'y aller, et n'apporte pas des roses. Prends des fleurs blanches.”

Vous connaissez ce sentiment ? Non ? C'est la seule vraie différence entre vous et moi. La seule.

Le lendemain, le lundi 13 juin, Kostyuchenko écrit de nouveau sur Facebook, s'attaquant cette fois à ceux qui préfèrent minimiser l'importance de la décision du tueur, qui a spécifiquement visé la communauté gay. Jusqu'à maintenant, le message a reçu plus de 1000 réactions et 214 partages sur le réseau social.

Получила много комментариев, оценивающих мою состоятельность как женщины и как дочери, много традиционного «чтоб вы сдохли», «вы не люди». Ладно. Но есть еще кое-что, что я хотела бы обсудить.

Когда вы пишете «террористам нужен только повод», «нет значения, какая ориентация у убитых», «я тоже скорблю, так чем я от вас отличаюсь» – вы закрываете глаза на причину убийства.

А эта причина – гомофобия.

Я не люблю это слово, оно абстрактно, но оно хотя бы примерно объясняет то, что за последние два года 19 моих знакомых подверглись нападениям, две были изнасилованы, а двое были убиты. Что более 20 человек вынуждены были покинуть страну. Это мой круг общения, он не такой уж широкий. Против нас принимаются законы, мы неравноправны и официально признаны «неравноценными» (ст 6.21 КоАП), мы не имеем права на брак и на совместную опеку над детьми, мы не имеем права навещать друг друга в тюрьме или в больницах. В регионах третий год существуют и действуют неонацистские группы, которые охотятся исключительно на ЛГБТ. Телевизор активно подогревает атмосферу ненависти и страха, был годовой перерыв на украинскую войну, но теперь мы снова враги государства №1, просто посмотрите новости.

Я рада, что вы можете жить, не замечая этого. Что это вас не касается. Я бы тоже была рада не знать всех этих подробностей, как пуля из травмата входит в глаз, с каким звуком, или каково писать заявление на парня, которого привел твой отец, чтобы ты «исправилась», как набирать номер 911, потому что кто-то пытается открыть твою дверь, а менты не приезжают. И ты сидишь до утра с ножиком в руке и слышишь, как ковыряются в замке. А потом, утром, когда возня стихает, выходишь из дома, закрываешь дверь и не возвращаешься туда никогда. Это то, что пережили люди, близкие мне. Может быть, что-то из этого пережили ваши коллеги и друзья. Даже наверняка.

Я знаю, как долго зарастает сломанный нос (я даже посравнивать могу, носы ломают часто), каково, когда в тебя кидают камень, бутылку, кусок асфальта, каково, когда твою подругу находят задушенной в машине, когда врачи говорят, что тебя ждет глухота, потому что слуховые нервы отмирают после удара в висок (это я могу подробно, это я пережила сама), каково, когда тебя обливают мочой и снимают на камеру, когда тебя вызывают к директору и увольняют, заставляют менять школу, университет, место службы. Я знаю даже, как это, когда твои одноклассники насилуют тебя за гаражами. Я знаю, как это, когда мент плюет тебе в лицо, пока его коллеги душат твоего друга, а ты ничего не можешь сделать, потому что руки скручены – и все это под ликующие вопли «пидарасы!» Я знаю, каково это – мечтать купить участок земли, огородить трехметровым забором и в этой клетке растить своих детей, потому что только так ты можешь гарантировать их безопасность.

Любой разговор на эту тему приведет к «не выпячивай». В дни массовых убийств это приведет к «какая разница, какая ориентация».

Нет, вы действительно не знаете, что чувствует моя мама, когда узнает о расстреле гей-клуба. Что чувствую я, когда понимаю, что мне нечем ее успокоить. «Все будет хорошо» – да ладно?

Ориентация убитых – важно.

Если вам не важно – вам похуй на причину убийства и на то, почему эти убийства повторяются, повторяются, повторяются.

J'ai reçu beaucoup de remarques qui remettaient en cause ma consistance en tant que femme et fille. Les habituels “va mourir” et “vous n'êtes pas humains, vous autres.” Bref. Mais j'aimerais aborder autre chose. Lorsque vous écrivez que “les terroristes n'ont besoin que d'un prétexte”, que “l'orientation sexuelle des victimes ne compte pas” et que “vous êtes en deuil, vous aussi, où est la différence ?”, vous fermez les yeux sur la cause de ces assassinats.

Cette cause, c'est l'homophobie.

Je n'aime pas vraiment le mot “homophobie”. Il est abstrait, mais au moins il explique vaguement pourquoi, ces deux dernières années, dix-neuf de mes amis ont été agressés, deux violés, et deux autres encore tués. Plus de vingt personnes de ma connaissance ont été forcées de quitter le pays. Tout cela est arrivé dans mon cercle d'amis, qui n'est pas si grand. Ils votent des lois contre nous, nous traitent comme des êtres inférieurs à la valeur moindre (voir l'article 6.21 du Code administratif russe) [la prétendue interdiction de faire de la propagande homosexuelle en présence de mineurs], on ne peut pas se marier ni obtenir la garde alternée des enfants. On ne peut pas se rendre visite en prison ou à l'hôpital. Il y a depuis trois ans des groupes néo-nazis qui visent exclusivement les membres de la communauté LGBT. La télévision participe activement à nourrir une atmosphère de haine et de peur. Pendant une année, les médias nous ont laissés tranquilles pour se concentrer sur la guerre d'Ukraine, mais nous sommes maintenant redevenus les ennemis numéro un de l’État, il suffit de regarder les informations.

Je suis contente que vous puissiez vivre votre vie sans rien remarquer de tout ça. Que rien de tout ça ne vous touche. Je serais contente, aussi, si je n'avais pas connaissance de tous ces détails, du son que fait la balle d'un fusil à air comprimé lorsqu'elle traverse l’œil de quelqu'un, ou de comment porter plainte contre le type que votre père vous a amené pour essayer de vous “soigner”. Comment appeler les urgences parce que quelqu'un est en train d'essayer de forcer votre porte d'entrée et que la police ne vient pas, et que vous restez debout toute la nuit à écouter cette personne s'acharner sur le verrou. Le lendemain, quand le calme est revenu, vous sortez de chez vous, fermez la porte derrière vous, et ne reviendrez plus jamais. C'est ce que certaines de mes connaissances ont enduré. Peut-être que certains de vos amis et collègues ont subit quelque chose de similaire. En fait, c'est très probable.

Je sais combien de temps il faut à un nez cassé pour guérir. (J'ai moi-même eu plusieurs fois le nez cassé, donc je peux vous en parler.) Je sais combien de temps il mettra à guérir quand on vous a jeté des pierres, des bouteilles et des morceaux de bitume à la figure. Je sais ce que ça fait de s'entendre dire qu'on a retrouvé votre petite-amie étranglée dans une voiture, quand un médecin vous annonce que vous allez finir sourde à cause du coup que vous avez reçu à la tête (je pourrais en dire plus, ça m'est arrivé personnellement), quand ils vous filment et vous aspergent de pisse, quand votre chef vous annonce que vous êtes renvoyée, quand vous êtes forcée de changer l'école, d'université ou de travail. Je sais même ce que ça fait lorsque vos camarades de classe vous violent derrière le parking. Je sais ce que ça fait lorsqu'un policier vous crache au visage pendant que ses collègues étranglent votre amie, et que vous ne pouvez rien y faire parce que vos bras sont tordus derrière votre dos et que tout autour de vous, la foule vous crie des insultes avec ferveur. Je sais ce que c'est de rêver d'acheter un bout de terrain, de l'entourer de murs de dix mètres et d'y élever vos enfants, parce que c'est la seule façon pour vous de les mettre en sécurité.

Toute conversation sur le sujet finit avec des conseils tels que “ne vous faites pas remarquer”. Et quand on nous massacre en grand nombre, les gens disent que “ça n'avait rien à voir avec leur orientation sexuelle”. Vous ne comprenez vraiment pas ce que ma mère a ressenti lorsqu'elle a appris qu'une fusillade avait eu lieu dans une boîte gay. Vous ne comprenez pas ce que je ressens lorsque je réalise que je n'ai aucun moyen de la réconforter. “Ça va aller” ? Laissez-moi rire.

L'orientation sexuelle des victimes est importante. Si vous n'êtes pas d'accord, vous vous fichez de la raison de ces meurtres, et de pourquoi ces tueries continuent d'arriver.

Les Russes ont beaucoup surpris à l'Ouest en exprimant leur peine après Orlando. Vladimir Poutine a été l'un des premiers chefs d’État à adresser une lettre de condoléances à la Maison Blanche, et le porte-parole du Ministère des Affaires étrangères russe a violemment critiqué tout commentaire homophobe concernant les morts et les blessés dans la tuerie. Des dizaines de russes (tels que Kostyuchenko) ont déposé des fleurs à l'ambassade des États-Unis de Moscou, poussant le porte-parole de l'ambassade, Will Stevens, à publier un message sur Twitter décrivant cet élan de compassion de “bouleversant”.

Selon le site internet MediaZona, cependant, la police moscovite aurait retenu deux hommes alors qu'ils tentaient d'afficher une pancarte avec la mention “Love Wins” [L'amour gagne] à l'extérieur de l'ambassade des États-Unis. Sur Facebook, les deux concernés ont déclaré avoir eu l'intention d'organiser une manifestation avant d'être arrêtés sans explication.