PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

Qu'y a-t-il de personnel pour un Syrien ?

dimanche 18 octobre 2015 à 11:44
Salaheddin, Aleppo. PHOTO: Freedom House (CC BY 2.0).

“Ils voulaient refuser aux familles le droit de haïr un régime qui a tué, emprisonné et kidnappé leurs enfants”. Scène à Salaheddin, Alep, Syrie. PHOTO: Freedom House (CC BY 2.0).

Ce billet fait partie d'une série spéciale d'articles par la blogueuse et militante Marcell Shehwaro, décrivant la vie en Syrie pendant la guerre qui se poursuit entre les forces loyales au régime actuel, et ceux qui veulent le renverser.

Je vois mon psychothérapeute une fois par semaine, et je n'ai pas honte de le dire malgré ce que pense notre société à l'égard de cette pratique. Mais je porte en moi un fardeau de culpabilité qui use tout ce qui me reste dans le coeur d'amour de la vie.

Le mercredi à midi, c'est l'heure à laquelle je m'échappe du travail pour aller parler de presque tout ce qui concerne ma vie. A la fin de la séance, le psychothérapeute me dit: “Mais vous ne dîtes rien de personnel.” Je suis prise de court, dépassée par l'envie idiote de toujours montrer que je suis à la hauteur, ou d'avoir le dernier mot dans toute discussion (comme me le dit un ami proche), pour montrer à mon thérapeute qu'il a tort.

Raté !!

Je ne sais pas exactement ce qui est “personnel” ou “public” dans la vie normale d'un Syrien. Mes amis sont des amis de résistance –nos vies sont étroitement liées et nos liens se sont formés en prison, dans la fuite et en mémoire de nos amis martyrs. La seule personne de ma famille avec laquelle j'ai des contacts est ma soeur, qui a dû être déplacée pour des raisons de sécurité dues à ma situation. Son déplacement fait partie de l'hémorragie syrienne vers le reste du monde.

Mon travail est dans la continuité de la coordination pour la révolution.

Même ma tenue vestimentaire reflète mon genre dans des réunions où je pourrais m'autoriser, en tant que femme, à apparaître plus sérieuse que ce qui est généralement admis dans la société. Ou c'est peut-être le contraire : un reflet de ma liberté face à une ingérence inexcusable dans la vie privée des femmes.

Mon corps ? Je ne suis pas sûre de l'aimer. Contrairement aux critères d'uniformisation définis par les médias sur ce que doit être la beauté, je crois que la beauté revêt des formes différentes.

Je vis dans une ville que je n'arrive pas à apprivoiser. C'est la plus proche de la Syrie et la plus acceptable parmi les choix disponibles. Ce que je ressens pour cette ville est hors de propos quand il s'agit “du plus grand bien de la cause”.

Tout ce que je lis concerne la révolution ou les révolutions des autres, ou parfois leurs guerres –mon idée fixe actuellement, par exemple, est de lire tout ce qui concerne la guerre civile du Liban. Tout ce que j'écris est sur la révolution et la colère qu'elle provoque en moi.

Il y a quelque temps j'avais un rendez-vous avec un homme. Il a commencé la conversation, peut-être pour me calmer, en me demandant si je savais si la Conférence de Genève III aurait bientôt lieu. J'avais oublié ce que c'était de rencontrer quelqu'un de normal et de parler de choses normales. Je ne connais même pas les derniers tubes, je ne connais que les chants révolutionnaires des 5 dernières années.

Il n'y a rien de “personnel” dans tout cela.

Même quand, dans le premier paragraphe, j'avoue que je vois un psychothérapeute c'est pour encourager les gens comme moi à accepter leur dépression. C'est un aveu constructif. Il y a une brute armée dans ma tête et mes pensées heureuses sont polluées par les bombes. Un millier de postes de contrôle et de snipers bloquent mes souvenirs.

Au début de la révolution, les partisans de Bashar Al Assad nous accusaient de dire que notre opposition au régime était “basée sur des impressions personnelles”. Ils voulaient refuser aux familles le droit de haïr un régime qui a tué, emprisonné et kidnappé leurs enfants. Mais comment faire la part de ce qui est personnel et de ce qui est public dans l'animosité que l'on ressent envers ceux qui veulent vous tuer pour la seule raison que l'on a essayé de faire valoir ses droits privés et publics ?

Après ce brainstorming, je ne peux pas me mettre en colère envers mon thérapeute et j'évite son regard. Il a parfaitement raison : je doit arrêter mon débat pacifique et avouer que j'ai peur de mes pensées personnelles.

Je souris timidement, comme d'habitude, quand il réussit à déjouer mes tentatives de me montrer plus maligne que lui. Il vient à bout de mes tentatives en prétendant que je suis forte et que tous mes sombres sarcasmes dévoilent une vraie réponse.

Ai-je dépassé mes réflexions sur la révolution, pour les remplacer par une réflexion sur la guerre, et comme la guerre, remplie de maladie et de mort ? Mes sentiments de culpabilité m'empêchent de crier qu'une révolution saine est avant tout une affaire de gens sains. J'ai peur de Marcell, de sa solitude, ou de sa désorientation, ou de sa relation avec un Dieu vers lequel elle se tournait pour tout avant la guerre. J'ai peur de la rencontrer et cela me terrorise.

Pour notre prochaine séance, il m'a demandé de rechercher des espaces personnels dans lesquels je m'amuse. Je suis quelqu'un qui aime les challenges, mais je sens bien que cela va être le travail le plus difficile que je vais avoir à accomplir cette année.

Personnel ? Comme quoi ?

WhatsApp domine en quantité mais non en qualité dans la campagne électorale tanzanienne

dimanche 18 octobre 2015 à 11:33
Photos pour la campagne des deux principaux candidats pour l'élection principale M. Edward Lowassa et M. John Magufuli extraites de leurs pages Facebook

Photos pour la campagne des deux principaux candidats pour les élections générales d'Edward Lowassa et John Magufuli, extraites de leurs pages Facebook

Des élections générales doivent avoir lieu en Tanzanie le 25 octobre 2015. Les principaux candidats à la présidentielle sont le populaire ancien Premier ministre Edward Lowassa, qui a fait défection du parti au pouvoir à la fin de juillet pour rejoindre le principal bloc d'opposition, et John Magufuli, candidat du parti au pouvoir, Chama Cha Mapinduzi (CCM).

Selon l'Autorité tanzanienne de régulation des communications, le nombre d'internautes en Tanzanie a dépassé 11 millions en 2014. Pour communiquer avec les électeurs connectés, les partis politiques et leurs soutiens utilisent non seulement des moyens traditionnels, mais aussi les médias sociaux des plateformes telles que Facebook, YouTube, WhatsApp, et Twitter.

WhatsApp : portée massive d'électeurs contre “le bavardage inutile”

Traitant de médias sociaux et de la communication politique en Tanzanie dans un article pour le media online Quartz, le journaliste Omar Mohammed soutient que l'application populaire de messagerie sociale WhatsApp est maintenant la principale plate-forme utilisée par les Tanzaniens pour la campagne électorale. Il écrit :

Les données concernant la Tanzanie sur l'utilisation de WhatsApp sont rares, mais les partis politiques se ruent sur cette plate-forme, car elle traverse toutes les couches démographiques, contrairement à d'autres réseaux sociaux.

Ceci est dû en partie au fait que WhatsApp est plus facilement accessible que Facebook ou Twitter pour les 11 millions d'internautes tanzaniens. “Un grand nombre d'appareils téléphoniques ont l'application WhatsApp pré-installée”, dit à Quartz Maxence Melo, co-fondateur de Jamii forums, l'une des plateformes en ligne les plus populaires en Tanzanie. “Les utilisateurs n'ont pas le savoir-faire technique nécessaire pour installer des applications. C'est facile, donc, [avec] ces appareils, des téléphones chinois, d'avoir WhatsApp “.

Parmi les autres raisons de la popularité de WhatsApp, Mohammed indique notamment la réduction des coûts de transmission des données mobiles : les utilisateurs peuvent acheter 60MB de données par semaine pour aussi peu que Tshs 2,000 (1 $).  Jamii, de Melo Forums, estime que cette facilité d'accès et son faible coût ont stimulé la croissance du nombre d'utilisateurs de l'application WhatsApp en Tanzanie pour atteindre huit millions de Tanzaniens, comparés au 2,5 millions d'utilisateurs de Facebook et 700.000 utilisateurs de Twitter (selon des sources locales de Twitter, comme Twitter ne publie pas de données par pays).

Cependant, il y a eu peu de débats de fond ou politiques sur WhatsApp. Mohammed note :

La plupart du temps, ce qui est partagé sur WhatsApp ce sont des images et des futilités, faciles à digérer pour un électorat qui ne cherche pas la substance, selon les analystes.

“C'est un média social utilisé pour les élections, où les gens veulent des contenus faciles à consommer qui ne les obligent pas à beaucoup penser,” dit un stratège [anonyme] des médias numériques. “C'est genre Arsenal contre Chelsea plutôt que les [vraies] questions.”

Les autres réseaux sociaux

WhatsApp est sans doute une plate-forme populaire en Tanzanie, mais les deux principaux partis politiques – Chadema, dont le candidat à la présidentielle est soutenu par une coalition de quatre partis d'opposition, Ukawa, ainsi que le CCM au pouvoir et leurs partisans ont également une présence sur d'autres grandes plates-formes de médias sociaux . Peut-on y trouver des contenus plus significatifs et sensés ? Et comment les deux forces concurrentes comparent-elles leur présence dans les médias sociaux ?

Youtube

Les deux partis, Chadema et le CCM, partagent sur YouTube des vidéos  de leurs meetings de campagne et d'autres événements liés aux élections à travers le pays.

La vidéo YouTube ci-dessous publiée par Team Lowassa montre un meeting de Chadema à Dar Es Salaam  :

Facebook

Sur Facebook, on peut trouver les pages Team Lowassa avec 246 391 “J'aime” à la date du 11 Octobre, et Lowassa Team 2015 avec 15 956 “J'aime”, tandis que la page Facebook du parti a 23 927 “J'aime”.

Les partisans du candidat du CCM, John Magufuli, ont créé la page Team Dr. John Magufuli avec 8 076 “J'aime” tandis que la page Facebook de son parti en enregistre 177 572.

Chadema 2015 vs CCM 2015 est un groupe populaire fermé créé sur Facebook où il y a des débats entre les partisans des deux partis, avec 52 445 “J'aime”.

Twitter

Le profil Twitter du candidat du @MagufuliJP‘s a 27 582 adeptes et le compte de son parti, @ccm_tanzania, en a 54 509.

Le compte Twitter officiel d'Edward Lowassa compte 29 293 partisans tandis que celui de son parti @chademamedia, en a 21 900 à la date d'aujourd'hui.

Vous l'ignorez peut-être, mais si vous parlez espagnol, vous parlez un peu arabe aussi

dimanche 18 octobre 2015 à 09:37
The Alhambra fortress in Granada, Spain, was built by the Arabic-speaking Moors in the 13th century when they ruled parts of the Iberian peninsula. Photo by Jeanne Menj. CC BY-ND 2.0

L’ Alhambra à Grenade, édifiée par les Maures au 13ème siècle quand ils dominaient une partie de la péninscule ibérique   PhotoJeanne Menj. CC BY-ND 2.0

Cet article et ce reportage audio de Joy Diaz pour l'émission The World ont d'abord été  publiés sur PRI.org le 15 octobre 2015, et sont republiés ici dans le cadre d'un accord de partage de contenus. 

Rihab Massif, originaire du Liban, a été l'enseignante de ma petite fille à la maternelle à Austin, au Texas. Petite, ma fille Camila parlait la plupart du temps espagnol. Et Rihab se souvient d'un jour où Camila n'arrivait pas à se souvenir d'un mot en anglais.

Listen to this story on PRI.org »

“Elle  me disait quelque chose sur sa camis” se souvient Rihab

Camisa est le mot espagnol pour “chemise,” et Rihab a parfaitement compris, car camis signifie la même chose en arabe.

“Et c'était comme ‘Oh! Il y a des mots d'origine arabe'”.

Pour comprendre jusqu'à quel point, Rihab et moi avons fait un exercice. Je prononçais un mot en espagnol, et elle répondait avec le même mot en arabe.

“Aceite?”

“Nous disons ceit”.

Guitarra?”

“Nous disons guitar.”

Une fois que j'en ai pris conscience, il m'a semblé que j'entendais des mots arabes partout.

Prenez par exemple l'une de mes chansons favorites, par le chanteur qui a obtenu le prix  Latin Grammy, Juan Luis Guerra.

“Ojalá Que Llueva Café” est saupoudré de mots comme café (coffee) et ojalá (Si dieu le veut, ou espérons), venus tout droit de l'arabe.

Ou bien, prenez l'expression célèbre de la chanteuse de salsa disparue, Celia Cruz, ¡Azucar!, Qui signifie sucre, dérivé d'un autre mot arabe.

Le linguiste Victor Solis Parejo de l'Université de Barcelone en Espagne explique qu'une partie de la langue utilisée par les hispanophones est l'héritage de l'influence mauresque. Les “Maures” est le nom donné  aux envahisseurs de langue arabe qui par l'Afrique du Nord ont envahi ce qui allait devenir l'Espagne, au VIIIe siècle. Leur influence a duré environ 700 ans et est encore perceptible aujourd'hui.

«Particulièrement si vous voyagez dans le sud de l'Espagne. Par exemple, à Mérida, dans la ville où je suis né, nous avons une Alcazaba Arabe, une fortification arabe” explique Victor Parejo. “Donc, vous pouvez voir cela dans les villes espagnoles de nos jours, mais vous pouvez également sentir la présence arabe dans la langue.”

Bien entendu, l'arabe a aussi voyagé vers les Amériques, avec les Espagnols. Environ 4000 mots espagnols dérivent directement de l'arabe. Voilà pourquoi Maria Gutierrez, qui travaille pour une ONG mexicaine en Jordanie, dit porter un petit carnet avec elle partout où elle va.

“Oui, je suis en train de surveiller tous les mots. Et je suis là avec « Un mot de plus ! ». Au moins chaque jour, je trouve un nouveau mot, et je dis  ‘Oh, c'est exactement le même qu'en espagnol! ‘ ou bien « C'est très proche de l'espagnol”.

Maria Gutierrez sera d'autant plus efficace dans son travail qu'elle s'exprime en arabe, et être de langue espagnole lui donne en ce moment un avantage.

En quoi cette fusion de l'espagnol et l'arabe est importante pour les Américains ? Eh bien, les deux langues les plus parlées dans les Etats-Unis sont l'anglais et l'espagnol, et certains se demandent ce qui pourrait arriver à ces langues le temps passant, y compris Victor Parejo.

“Les langues sont vivantes”, dit-il.

Les langues s'adaptent et empruntent des mots les unes des autres, en particulier qand deux langues cohabitent.

“Je me souviens encore quand je suis arrivé au Texas,” dit Victor Parejo. “Je suis allé dans un restaurant avec ma femme et le serveur nous a demandé :« Voulez-vous dîner à l'intérieur ou voulez-vous aller dans le patio? Je n'avais encore jamais entendu ce mot en anglais”. Patio est un mot espagnol.

Si les langues s'influencent, au point que nous plaisantons souvent sur l'existence du “Spanglish”, imaginez la langue que les Américains parleront dans, disons, 100 ou 200 ans, lorsque des dizaines de millions d'autres hispanophones appelleront l'Amérique ‘la maison’.

Un logiciel enseigne la prononciation du quechua sur les réseaux sociaux

samedi 17 octobre 2015 à 14:23
Logo del proyecto, usado con autorización.

Le logo du projet Hinantin, qui développe un logiciel encourageant l'utilisation du quechua, de moins en moins parlé. Reproduit avec autorisation.

Un groupe de recherche péruvien a développé un logiciel capable de convertir un texte écrit en quechua en paroles, qu'ils diffusent ensuite sur des réseaux sociaux comme YouTube, Twitter et Facebook.

Le groupe Hinantin est basé au Pérou, à Cuzco, et est spécialisé dans la recherche et le développement de logiciels de linguistique informatique. Il travaille à la promotion des langues indigènes péruviennes car le nombre de gens les parlant activement diminue.

Global Voices s'est entretenu avec l'un des fondateurs de Hinantin, Richard Castro. Celui-ci explique que ce logiciel est le premier d'une série de projets sur la langue quechua, comme le convertisseur automatique Cuzco Quechua qui transforme un texte en paroles, un correcteur orthographique en ligne et un module d'extension pour LibreOffice.

Le projet de conversion notamment, prend une phrase ou un mot écrit en quechua, le transforme en son grâce à un lecteur audio et le diffuse sur les réseaux sociaux. Le compte Instagram du projet publie des illustrations du mot du jour et sa signification dans différentes langues. Les clips audio sont aussi archivés sur SoundCloud, comme ici avec la version audio du mot wayra, “vent” en quechua :

Dans cette vidéo de YouTube, Hinantin enseigne à ses spectateurs la prononciation du mot maywa, “violet” en quechua :

Le développement du logiciel est basé sur un corpus d'extraits écrits et oraux en quechua.  Le projet est centré sur le quechua de Cuzco, Puno et Lima, car les traducteurs responsables de cette partie du projet sont originaires de ces régions. Les gens qui prêtent leur voix aux enregistrements gardent chacun leur propre façon de parler, bien que le système d'écriture utilisé pour présenter l'audio dans les vidéos et les podcasts soit celui du quechua méridional.

Chaque traducteur peut utiliser un système d'écriture de son choix et les textes sont ensuite adaptés automatiquement en quechua méridional. Les membres du projet comparent leurs traductions avec les résultats des traducteurs automatiques disponibles en quechua pour en chercher défauts et avantages.

L'un des objectifs du corpus est l'enseignement du quechua sur une plateforme numérique appelée RunaSimi. Dans ce but, les contributeurs du projet ont créé un sous-groupe spécial du corpus.

Le groupe derrière Hinantin contribue aussi au développement de logiciels supportant d'autres langues indigènes apparentées au quechua, à l'ashaninka et à l'aymara.

Comme les langues indigènes font partie de l'héritage culturel péruvien, leur évaluation et leur utilisation sont inhérentes aux politiques promouvant la diversité et les échanges interculturels. D'après les estimations actuelles, le pays compte plus de cinquante langues indigènes et bien d'autres qui sont déjà considérées disparues. Le ministère péruvien de la culture a rédigé le Rapport national sur les langues indigènes, qui comprend les chiffres officiels sur chaque langue et ses locuteurs. Le rapport contient également des informations quant aux lieux d'apprentissage des langues indigènes et une carte carte statistique incluant des extraits audio des langues indigènes.

Un Bangladesh meilleur pour les enfants : est-ce possible?

samedi 17 octobre 2015 à 10:07
In Bangladesh, a large number of the population is under 18 years.  Image by Mahbubur Rahman Khoka. Copywright Demotix (10/12/2013).

Au Bangladesh, une grande partie de la population a moins de 18 ans. Image de Mahbubur Rahman Khoka. Copyright Demotix (10/12/2013).

Tous les liens associés renvoient à des pages en anglais, sauf mention contraire.

Le Bangladesh est l’un des pays les plus peuplés au monde. Il abrite environ 66 millions d'enfants [lien non fonctionnel], qui constituent près de 45% de la population totale du pays.

Mais malheureusement, l’abondante jeunesse du Bangladesh a très peu à célébrer.

Un total de 4.5 millions d’enfants au Bangladesh travaille. Jusqu’à 40% des enfants de moins de 5 ans sont sous-alimentés. Le Bangladesh détient le quatrième taux le plus élevé dans le monde de mariage d’enfants et montre une présence croissante de maltraitance d'enfants: un total de 968 enfants ont été abusés et tués durant ces dernières 3.5 années, d’après les statistiques officielles.

Dans les faits, il serait difficile de trouver un autre pays dans le monde où les mineurs doivent faire face à autant de problèmes.

Cependant, quelques initiatives qui peuvent sembler de premier abord dérisoires ont   récemment été adoptées par le gouvernement, qui peuvent faire du Bangladesh un meilleur pays pour les enfants.

Là aussi, le cartable d’école est trop lourd

Si vous vous trouvez en face d’une école un matin au Bangladesh, vous verrez de nombreux enfants transportant des sacs d’école, lourds et immenses, sur leurs silhouettes fragiles.

Le blogueur Tutul Chowdhury [bn] écrit sur Facebook à propos de son fils Rihan:

গতকাল ঋহান বলে “বাবা এই ব্যাগটা আমি নিতে পারি না, অনেক ওজন… কাধের এইখানটায় ব্যাথা হয়ে যায়।”
এইটুকুন পিচ্চি একটা বাচ্চা ব্যাগের ভারে জর্জরীত। ছোট ছোট কোমলমতি শিশুদের ব্যাগে বহন করা একগাদা স্কুল/হোমওয়ার্কের চাপায় হারিয়ে ফেলছে তার আনন্দময় শিশুকাল।

আইন করে সকল স্কুলে জরুরী ভিত্তিতে সেই আইন বাস্তবায়ন করা প্রয়োজন।

Hier Rihan me disait : « Papa, je ne peux pas porter mon cartable, il est trop lourd… mes épaules me font mal. » Ce petit garçon (4 ans) doit subir le fardeau de son cartable lourd. L’enfance de ces enfants est perturbée par des sacs lourds remplis d’objets d’école et de devoirs.

Une loi efficace doit être adoptée pour arrêter ceci.

 

Pour soulager les enfants allant à l’école, la Haute Cour [bn] du pays a récemment rendu une décision visant à réduire les cartables des enfants.

La Cour a ordonné que le gouvernement fixe une loi ou un décret interdisant aux enfants de transporter des cartables pesant plus de 10% du poids de l’enfant, et empêchant l’utilisation de cartables par les enfants avant l’école primaire.

Sheikh Sahiha Alam, un correspondant du journal Daily Prothom Alo [bn] a passé 15 jours à porter les cartables d’enfants de différentes écoles, de la maternelle à la classe de 8e (équivalente à la classe de 4e en France).

Elle a trouvé que :

ওয়ারীর কিন্ডারগার্টেন স্কুলের এক ছাত্রের ব্যাগের ওজন ছিল সাড়ে চার কেজি। ইস্কাটনের একটি স্কুলের প্রথম শ্রেণির এক ছাত্রের ব্যাগের ওজন পাওয়া যায় তিন কেজি। ধানমন্ডির সাতমসজিদ সড়কে অবস্থিত একটি ইংরেজি মাধ্যম স্কুলের তৃতীয় শ্রেণিতে পড়া এক ছাত্রের ব্যাগের ওজন সাড়ে ছয় কেজি। নিউমার্কেট-সংলগ্ন একটি বিখ্যাত সরকারি স্কুলের চতুর্থ শ্রেণির ছাত্রের ব্যাগের ওজন ছিল সাত কেজি। শেরেবাংলা নগরের একটি সরকারি বালিকা উচ্চবিদ্যালয়ের পঞ্চম শ্রেণির ছাত্রীর ব্যাগের ওজন পাওয়া যায় সাড়ে সাত কেজি।

Un élève de maternelle à Wari portait un cartable de 4,5kg. Un élève de classe une (niveau CP) d’une école à Eskaton portait un cartable de 3kg. Le cartable d’un élève en classe de 3e (soit le CE2 en France) d’une école de langue anglaise sur Dhanmondi Satmasjid Road pesait 6,5kg. Un élève en classe de 4e (ou classe de CM1 en France) d’une école publique renommée près de New Market portait un cartable de 7kg. Le cartable d’un élève en classe de 5e (classe de CM2 en France) d’une école publique à Sher-e-Bangla Nagar pesait 7,5kg.

Les internautes ont bien accueilli la décision du tribunal.

Emdadul Haque, un professeur assistant de droit de la Southeast Universitu, Bangladesh, a tweeté :

Apprendre aux enfants à nager

La plupart des bangladais vivent dans des villages proches de rivières. Le pays est traversé de toutes parts par de nombreuses rivières de longueurs et de largeurs différentes. Il y a près de 700 rivières dans le pays.

En saison de pluies, les rivières se remplissent d’eau. A cette période, de nombreux enfants décèdent noyés.

D'après un rapport récent de l'Unicef (Fond des Nations Unies pour l'Enfance) [lien incorrect conduisant au circulaire mentionné dans la phrase suivante], 18000 enfants meurent chaque année, n’ayant pas su nager.

Pour les sauver des noyades, le gouvernement a décidé de rendre les leçons de nage obligatoires pour tous les enfants scolarisés. Le Ministère de l’Education a publié un circulaire préliminaire sur son site web [bn].

Les internautes ont approuvé l’initiative du Ministère de l’Education. Le nageur américain Nathan Adrian a aussi apprécié l’initiative. Il a écrit sur Twitter:

Farhana Haider, un journaliste de la BBC, a tweeté:

En association avec l’UNICEF, le Centre de Prévention des Blessures et de Recherches, Bangladesh (CIPRB), l’Alliance pour de Enfants en Sécurité (TASC) et la Société Royale d’Australie pour Sauver des Vies (RLSSA) se sont réunis pour créer le programme SwimSafe (Nager en Sécurité) pour réduire le nombre de morts causés par l’eau.

Ils ont partagé une vidéo Youtube de leçon de nage:

Premier budget alloué à l'Enfance

Et enfin, un premier budget a été créé pour les enfants au Bangladesh dans le cadre du budget de l’année 2015-2016.

Près de 260 milliards de takas [bn] ( 2 921 086€), ce qui correspond à 8,76% du budget national.

Le budget alloué à l’Enfance n’est pas séparé du budget de l’Etat. Cela permet de faciliter  la mise en place de droits pour les enfants en rappelant aux législateurs de donner la priorité à l'Enfance dans l’allocation de ressources.

Le ministre des Finances du Bangladesh Abul Maal Abdul Muhith a souligné de nouveau le besoin d’un budget pour l’Enfance dans son discours concernant le budget [bn]:

এটা প্রকৃত পক্ষে একটা কাঠামো, যা শিশুদের আর্থ-সামাজিক অধিকার বাস্তবায়নে সরকারি ব্যয়/বিনিয়োগের প্রকৃতি ও ব্যাপ্তিকে প্রত্যক্ষ এবং পরোক্ষভাবে প্রভাবিত করবে; যার ফলে একটি অন্তর্ভুক্তিমূলক ও টেকসই মানবিক উন্নয়ন নিশ্চিত করা সম্ভব হবে।

Il s’agit fondamentalement d’une base sur laquelle les droits socio-économiques de l’Enfance seront fondés. Cela affectera aussi directement et indirectement les dépenses publiques et l’investissement. En résultat, un développement humain inclusif et durable sera possible.

Les militants en faveur des droits pour l’enfance ont salué l’initiative du gouvernement.

Abdullah Al Mamun, coordinateur du programme Manusher Jonno Foundation, a déclaré au Prothom Alo [bn]:

সরকারের এ ধরনের উদ্যোগের জন্য অবশ্যই ধন্যবাদ পাওয়ার যোগ্য। তবে শিশু বাজেট কে সমন্বয় করবে, বাজেট যথাযথভাবে বাস্তবায়িত হলো কি না তার জবাবদিহি কার কাছে থাকবে তাও নির্ধারণ করতে হবে।

C’est une grande initiative. J’encourage à la formation d’un Département chargé de l’Enfance placé sous la tutelle du Ministère des Affaires de la Femme et de l’Enfance pour coordonner le budget de l’Enfance et assurer la comptabilité.

Nabila Mahabub a tweeté:

Il semble que les décisionnaires du Bangladesh ont enfin accepté l’idée de créer un meilleur environnement de vie pour près de la moitié des citoyens du pays. Aujourd’hui, la question est de savoir si ces initiatives seront réellement mises en pratique.