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“Petite Thérèse” de São Paulo lutte contre la sécheresse et le machisme

dimanche 27 mars 2016 à 16:16
Two of about 50 rain barrels in the Vergueirinho favela in São Paolo, Brazil. Terezinha da Silva taught residents how to build the barrels to conserve water. Credit: Anne Bailey. Used with PRI's permission

Deux des 50 baril d'eau de pluie mis en place dans la favela Vergueirinho à São Paulo, Brasil. Terezinha da Silva a appris aux habitants comment les fabriquer.

Cet article de Carolyn Beeler pour la série #HerPlanet a été d'abord publié sur PRI.org le 24 février 2016, il est republié ici dans le cadre d'un partenariat d'échange de contenus.

On peut trouver dans beaucoup de ruelles des favelas de São Paulo des ordures, des broussailles, il faut s'y attendre. Mais à Sao Mateus (Saint Mathieu), dans la périphérie de la ville, il y a aussi autre chose qu'on ne s'attendrait pas voir : des gros fûts de plastique remplis d'eau de pluie et somptueusement décorés par les mains et les pieds des enfants. .

Listen to this story on PRI.org »

Cette eau est  canalisée depuis la toiture, elle traverse un filtre qui filtre les moustiques et les feuilles, se retrouve ensuite stockée dans le fût, utilisable pour l'arrosage des plantes, le nettoyage, les sanitaires et autres besoins domestiques.

Ces bidons sont les témoins d'un projet mis en place par la communauté locale après  deux années de sécheresse dans la région de São Paulo, pendant lesquelles la distribution de l'eau était interrompue fréquemment dans de nombreux secteurs de la ville,  les personnes habitant en périphérie étant les plus touchées par ces restrictions.

Terezinha da Silva with one of the her signature rain barrels. Credit: Anne Bailey. Used with PRI's permission

Terezinha da Silva auprès d'un de ses bidons d'eau de pluie . Crédits: Anne Bailey. Utilisée avec l'autorisation de PRI.

Ces fûts sont en quelque sorte une conséquence ‘positive’ de la sécheresse. Les habitants de São Paulo sont très irrités par cette crise de l'eau. Ils estiment que le gouvernement ne fait pas suffisamment pour la résoudre. Ils ont commencé à essayer de régler eux-même ce problème.

C'est ce qu'a fait Terezinha Da Silva. Cette petite Thérèse qui ne fait guère que 1,37m de taille, à développé une énergie considérable.

Elle a ainsi commencé à installer des “bidons de pluie” dans le patio de sa maison bien avant que la sécheresse ne commence officiellement pour économiser de l'argent  et avoir de l'eau sous la main pendant les coupures. Puis, comme la sécheresse s'aggravait, elle a commencé à apprendre aux autres femmes de son quartier à installer ces futs en utilisant des matériaux bon marché et faciles à trouver. Maintenant on peut trouver près de cinquante fûts d'eau de pluie dans le secteur.

Près de 50 bidons d'eau de pluie sont installés dans toute la favela Vergueirinho dans le quartier de São Mateus à São Paulo. Crédits: Anne Bailey.utilisé avec l'autorisation de PRI.

Elle est en train de mettre en place une initiative communautaire auprès d'un groupe de femmes : “Pain et art “, destinée à aider les femmes du secteur à créer ensemble une solidarité économique, de développement, d'accès aux droits.

Cette idée directrice, “Pour et par les femmes”, est fondamentale pour Thérèse, parce que le Brésil est une société dominée par les hommes. Et, ajoute-t-elle : “Les femmes sont victimes de beaucoup de violence, nous le savons par les chiffres officiels et parce que nous le vivons”.

Elle a également des motifs tout à fait personnels pour venir en aide aux autres femmes, les aider à affronter la crise de l'eau et tout le reste :

Je fais ce travail avec beaucoup de coeur parce que je suis moi même une rescapée, on m'a sauvé la vie !

Terezinha Da Silva a commencé à travailler comme employée de maison à 14 ans et ce pendant 30 ans. Elle dit qu'elle se sentait totalement consumée par le travail. Par la suite, aux environs de quarante ans, elle a commencé à faire du bénévolat, elle s'est engagée dans une ONG orientée sur l'amélioration du bien-être des habitants de la favela : Movimento de Defesa do Favelado.

J'ai ainsi appris que tout en étant pauvre et femme, on pouvait quand même changer son futur. Quand tu commences à connaître tes droits, tu veux te battre pour retrouver ta dignité, et c'est particulièrement vrai pour les femmes”, explique-t-elle.

Terezinha Da Silva travaille aujourd'hui à temps complet dans cette association où elle a commencé comme bénévole, elle a conçu un nouveau projet de développement local généré par la crise de l'eau : les jardins communautaires verticaux.

Comme pour les fûts d'eau de pluie, elle utilise un  technique simple mise au point dans sa maison : des enfilades de  tuyaux en plastique fendus sur leur longueur, remplis de terre et accrochés sur les murs, où elle sème oignons, basilic et piments.

Da Silva keeps three rain barrels in her garden and one in her laundry room to gather water for cleaning, watering plants and laundry. Credit: Anne Bailey. Used with PRI's permission

Thérésa Da Silva a trois futs d'eau de pluie dans son jardin et un dans sa buanderie pour pouvoir se laver et arroser les plantes.

Le but est d'arriver à ce que les voisins s'organisent ensemble et installent des plateaux pour faire pousser des légumes verts.

 Une fois de plus, ses efforts portent leurs fruits dans tout le voisinage.

“La petite Thérèse” est vraiment une personne importante” nous dit Maria Auxiliadora une habitante du coin, alors qu'elle est en train de travailler avec elle pour fabriquer un jardin vertical sur son toit. “C'est une personne très volontaire et tenace même quand elle est malade ou qu'elle a des problèmes. Dans ces cas là, elle n'y pense pas et vient faire quand même son travail pour la communauté”.

La petite Thérèse Da Silva nous explique que c'est le travail qui la sauve. Elle pense que cette sécheresse survenue à São Paulo peut bien finalement avoir été indirectement favorable à la préservation de l'environnement.

“Il est sorti quelque chose de bon de cette crise” nous dit Terezinha Da Silva. “Une prise de conscience : cette crise de l'eau est arrivée à un moment où il était nécessaire de prendre conscience du problème, du fait que même dans un pays possédant le huitième du capital d'eau douce du monde, l'eau courante à domicile n'était pas forcément une chose acquise”.

Elle n'est pas la seule à le penser-.

“La population a appris que la distribution de l'eau est quelque chose de très important”  nous explique Monica Porto, la sous-secrétaire aux ressources hydrique  de l'état de São Paulo. “On ne peut pas forcément se contenter simplement d'ouvrir le robinet et attendre que l'eau arrive. Chacun de nous a la responsabilité de prendre soin de l'eau “.

Évidemment, c'est un peu plus compliqué que cela. Il y a des millions d'habitants parmi les plus pauvres, comme les voisins de Terezinha Da Silva, qui n'ont jamais attendu d'ouvrir simplement les robinets pour avoir de l'eau, qui ont beaucoup souffert pendant la sécheresse. Ceux-là  n'ont pas eu besoin d'apprendre ce qu'était la valeur de l'eau.

Da Silva's garden rain barrels Credit: Anne Bailey. Used with PRI's permission

Les fûts d'eau de pluie du jardin de Thérèse da Silva. Crédits: Anne Bailey. Utilisée avec autorisation de PRI.

C'est une leçon concrète que même le gouvernement régional semble avoir retenue. Il pleut de nouveau sur São Paulo, mais les scientifiques estiment que le changement climatique est en train de modifier le climat local. Monica Porto pense que la sécheresse aide les dirigeants de la région à prendre conscience du fait que São Paulo a besoin d'un système de gestion de l'eau plus adéquat à anticiper ce que pourrait amener le futur.

“Nous ne savons pas quoi attendre du changement climatique. Nous ne savons pas si la région de São Paulo aura plus d'inondations ou plus de sécheresses”, nous dit Monica Porto. “Mais peu importe, après cette sécheresse, nous savons au moins avec certitude que nous devons être mieux préparés à tout”.

Ceci implique beaucoup de changements :  de nouvelles réserves d'eau, un système de distribution moderne, des fûts d'eau de pluie dans les jardins et sur les toits, et une communauté  qui s'implique directement dans ce défi.

Les prisonniers politiques, pions dans les mains du Président d'Azerbaïdjan

vendredi 25 mars 2016 à 18:09
Rencontre entre le Président Aliyev et le Président Poutine en 2014. Photo officielle du gouvernement russe.

Rencontre entre le Président Aliyev et le Président Poutine en 2014. Photo officielle du gouvernement russe.

Le Président d'Azerbaïdjan Ilham Aliyev aime les choses chères : projets de construction grandioses, accueil de compétitions sportives et l'étrange programme à paillettes de l'Eurovision.

Mais l'une des possessions les plus précieuses du dictateur et de son régime est peut-être ses prisonniers politiques, qui sont de plus en plus utilisés comme des pions dans les négociations d'Aliyev avec l'Ouest.

Avant ton déplacement à Washington D.C. pour le Sommet de l'Industrie Nucléaire à la fin du mois, et sous la pression grandissante des autres pays face aux restrictions de plus en plus fortes, en Azerbaïdjan, sur les droits de l'homme, Aliyev a décidé de se défaire d'une de ses ‘possessions‘ en amnistiant 14 prisonniers politiques clés : les militants de N!DA Rashadat Akhundov, Mahammad Azizov et Rashad Hasanov ; les blogueurs Siraj Karimli et Omar Mammadov ; l'ancien responsable gouvernemental Akif Muradverdiyev ; le président du Parti National de l'Etat Nemat Penahli ; le militant du parti Musavat Yadigar Sadigov ; les journalistes Parviz Hashimli, Hilal Mammadov, et Tofig Yagublu ; les défenseurs des droits de l'homme Taleh Khasmammadov et Anar Mammadli.

Le cas des militants du N!DA a particulièrement attiré l'attention de la communauté internationale lorsque huit jeunes hommes (y compris les trois qui ont été libérés) furent arrêtés en mars 2013 pour avoir utilisé les médias sociaux afin d'organiser une série de manifestations contre le nombre croissant de morts parmi les conscrits de l'armée azerbaïdjanaise suite à des bizutages et des violences. En septembre 2013, ils furent accusés d'avoir organisé des soulèvements de masse accompagnés de violence, de destruction de biens et d'incendies.

Un autre cas important fut celui d'Anar Mammadli, président du Centre d'Etudes pour le Suivi électoral et la Démocratie, qui s'est retrouvé derrière les barreaux en décembre 2013, accusé d'évasion fiscale, d'entreprenariat illégal (non-possession des documents administratifs nécessaires) et d'”abus de pouvoir”, sous-entendant qu'il avait cherché à intervenir dans les résultats électoraux.

Il est surprenant que Khadija Ismayilova ne figure pas sur la liste des prisonniers libérés. La célèbre journaliste anti-corruption, défendue par l'avocat vedette Amal Clooney, purge une peine de sept ans et demi de prison sur la base d'accusations que l'on soupçonne largement d'être fausses. Certains pions sont trop précieux pour être abandonnés.

Un moment de bonheur

Bien que les libérations – comme les accusations initiales – ont sans doute des motivations politiques, elles ont égayé les festivités de Nowruz, fête particulièrement populaires en Azerbaïdjan, en Iran et à travers l'Asie centrale.

Azadliq, l'antenne azerie de RFE/RL a rendu visite (vidéo) aux famille des prisonniers politiques libérés.

Après sa libération, Rashadat Akhundov a posté sur sa page Facebook :

Girov həyatımız sona çatdı. Azadlıqdayıq!Digər içəridə qalan dostlara tezliklə azadlıq arzu edirəm.

Posted by Rashadat Akhundov on Thursday, 17 March 2016

Our hostage life is over. We are free now! I wish freedom to all our friends remaining behind bars.

Notre vie d'otages est terminée. Nous sommes libres ! Je souhaite à tous nos amis restés derrière les barreaux de retrouver bientôt la liberté.

Anar Mammadli, à la tête du Centre d'Etudes pour le Suivi électoral et la Démocratie, a publié sur sa page Facebook peu de temps après sa libération :

Dəyərli dostlar!Nəhayət, 27 ay çəkən həbsdən sonra yenidən birlikdəyik. Bizim azadlığa çıxmağımızda əməyi keçən, həmç…

Posted by Anar Mammadli on Saturday, 19 March 2016

Dear friends! Finally, we are together after 27 months of jail. I thank everyone who took part in fighting for our freedom as well as our families and friends! I had a chance to talk and see many of you in the last two days. Thank you for your kind wishes and congratulations! Sadly, while on one hand we are happy, on the other we are not. The reason for this are our friends we left behind in jail. We have a long way ahead of us, as we work to ensure the release of all political prisoners and to lift all political barriers. We must go on!

Chers amis ! Nous sommes enfin réunis après 27 mois d'emprisonnement. Je remercie tous ceux qui se sont battus à nos côtés pour notre liberté, ainsi que nos familles et nos amis ! J'ai eu la chance de rencontrer nombre d'entre vous durant ces deux derniers jours. Merci pour vos vœux et vos félicitations ! Nous sommes certes heureux, mais nous sommes aussi tristes. Certains de nos amis restent emprisonnés. Nous avons encore un long chemin devant nous, et nous devons tous œuvrer pour libérer tous les prisonniers politiques et éliminer tous les obstacles politiques. Nous devons continuer notre lutte !

Rasul Jafarov, fondateur des campagnes “Chantons pour la démocratie”, “l'Art pour la démocratie” et “les Sports pour les Droits”, a lui aussi fait une déclaration après sa libération :

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Dostlar, salamlayiram haminizi, bildiyiniz kimi artiq evdeyem ve azadliga cixdigim uchun cox sevinirem, bu gunku hissler…

Posted by Rasul Jafarov on Thursday, 17 March 2016

Friends, I greet you all. As you all know, I am home and very happy I am free. Feelings I am experiencing today reminded me of what freedom really means and its importance. I believe that our friends Intigam Aliyev, Khadija Ismayil, Ilgar Mammadov as well as others will be freed soon and I am ready to do everything I can for this. With a hope to see you all and to talk…

Chers amis, je vous salue tous. Comme vous le savez, je suis à la maison et très heureux d'être libre. Les sentiments qui m'habitent aujourd'hui me rappellent la vraie signification de la liberté, et combien celle-ci est importante. Je suis convaincu que nos amis Intigam Aliyev, Khadija Ismayil, Ilgar Mammadov et les autres prisonniers seront bientôt libérés et je suis prêt à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour cela. J'espère voir chacun d'entre vous et vous parler…

Le journaliste Rauf Mirkadirov, accusé d'espionage, a également été libéré, bien que non officiellement amnistié. Sa peine de six ans de prison a été commuée en une peine de cinq ans d'emprisonnement avec sursis par la cour de Bakou.

Outre Khadija Ismayilova, le journaliste Seymur Hezi, l'avocat des droits de l'homme Intigam Aliyev, le militant pour la jeunesse Ilkin Rustemzade et Ilgar Mammadov, chef de file du mouvement REAL ne sont que quelques uns des prisonniers politiques les plus importants que le Président détient encore.

La « mode » des systèmes d'alerte pour les violences de genre au Mexique

vendredi 25 mars 2016 à 17:23
Violencia contra mujeres por Montecruz

Photo du compte Flickr de Montecruz Foto, utilisée sous licence CC 2.0.

La violence contre les femmes au Mexique est un affront qui donne à voir la réalité d'un pays aux pratiques d'un autre âge et dont le gouvernement s'emploie de manière naïve si ce n'est insuffisante à résoudre le problème. L'agression sexuelle [es] d'une journaliste en plein jour dans la ville de Mexico – qui s'est produite précisément lors de la Journée internationale pour les droits des femmes – et l'inaction de l'autorité judiciaire qui s'en est suivie, ne sont que quelques exemples de l'horizon nébuleux auquel les femmes sont confrontées dans ce pays.

Cette violence-là n'est pas seulement palpable dans les rues de la capitale mexicaine mais aussi dans différents lieux sur le territoire national, où les abus sexuels ne sont pas la préoccupation majeure car, dans de nombreuses localités, des femmes perdent la vie quotidiennement sans que leurs bourreaux ne soient inquiétés. Ciudad Juárez – dans le nord du pays, à la frontière avec les Etats-Unis – a été la première ville à attirer l'attention sur ce phénomène, comme le souligne Imelda García pour Reporte Índigo :

El asesinato de cientos de mujeres en varias partes del país prendió los focos rojos sobre el peligro que representa ser mujer en ciertas zonas de México. Primero fue Ciudad Juárez, en Chihuahua, donde la desaparición y el asesinato de mujeres fueron un asunto con relevancia internacional, desde la década de los 90.

L'assassinat de centaines de femmes dans différents endroits du pays a sonné l'alerte sur le danger que représente le fait d'être une femme dans certaines zones au Mexique. Ça a commencé avec Ciudad Juárez, dans le Chihuahua, où la disparition et le meurtre de femmes ont eu des répercussions internationales, depuis les années 90.

La « solution » du gouvernement

La Commission nationale pour la prévention et l'éradication de la violence contre les femmes (CONAVIM) a été créée en 2009 pour entre autres promouvoir le respect des obligations internationales en matière de droits humains pour les femmes ; certaines de ces obligations font suite à l'affaire dite de Campo Algonodero dans laquelle la Cour interaméricaine des droits de l'Homme a déclaré que l'Etat mexicain était responsable de multiples violations de ces droits.

Cette commission est responsable du mécanisme d’Alerte pour les violences de genre contre les femmes (AVGM):

Su objetivo consiste en garantizar la seguridad de mujeres y niñas, el cese de la violencia en su contra y/o eliminar las desigualdades producidas por una legislación o política pública que agravia sus derechos humanos.

Il a pour objectif de garantir la sécurité des femmes et des filles, l'arrêt des violences à leur encontre et/ou l'élimination des inégalités produites par une législation ou une politique publique qui porte atteinte à leurs droits fondamentaux.

La demande de déclaration d'une Alerte pour violences de genre est effectuée par une organisation de la société civile ou un organisme de défense des droits humains ; par la suite, la CONAVIM réunit un groupe de travail et analyse la situation afin de décider si elle émet ou non l'alerte.

Sitôt déclarée, l'AVGM instaure des mesures de sécurité, de prévention et de justice que le gouvernement local devrait adopter pour répondre à la violence de genre. En général, les mesures de sécurité consistent à « renforcer les patrouilles » et à mener des opérations policières dans des lieux stratégiques. En ce qui concerne les mesures de justice, elles donnent lieu la plupart du temps à la création de davantage de bureaux, c'est-à-dire d'unités spécialisées qui ont pour vocation la prise en charge des seules enquêtes portant sur les délits et crimes commis contre des femmes.

Une donnée permet de rendre compte de la situation que la CONAVIM gère : il existe dans 15 des 32 entités fédérales (Etats) que comporte le pays des demandes de déclaration d'Alerte pour violences de genre dans certaines municipalités. Deux Etats du centre du pays connaissent déjà des alertes déclarées dans des municipalités. Puebla –dans la région centrale – et Sinaloa – dans le nord du pays – sont les Etats d'où proviennent les demandes de déclaration d'alerte les plus récentes.

Les demandes d'Alerte pour violences de genre semblent être « à la mode » sur le territoire mexicain et la possibilité que d'autres entités ou municipalités y aient recours dans un futur proche n'est pas à exclure, mais cet emballement est-il la solution au problème?

La réalité

L'existence de la CONAVIM et des AVGM s'ajoute à celle d'une série d'organes gouvernementaux qui ont reçu des fonds publics pour faire face à la problématique et qui sont chargés de coordonner le respect des politiques d'égalité pour les femmes et l'élimination des violences (comme l'Institut national des femmes), de veiller au respect des droits humains et à la prévention de la discrimination (respectivement la Commission nationale des droits humains et le Conseil national de prévention de la discrimination). Cette pléthore d'organismes publics semble être insuffisante pour combattre la violence de manière efficace, comme certaines personnes l'ont fait observer sur les réseaux sociaux, ainsi Madame Déficit sur Twitter:

Imelda García souligne par ailleurs le manque de transparence et d'indicateurs permettant de mesurer la gravité de la situation et d'évaluer l'action gouvernementale :

En el Sistema Nacional de Seguridad Pública (SNSP) no existe información desagregada sobre feminicidios. La Secretaría de Gobernación solo cuantifica los homicidios sin distinguir si se trata de hombres o mujeres.

La evidencia de tal vacío de información quedó al descubierto en agosto del 2015, cuando un ciudadano solicitó al Secretariado Ejecutivo del Sistema Nacional de Seguridad Pública la estadística de los feminicidios registrados desde el 2014 hasta esa fecha. El SNSP respondió que tal información no existe; sostuvo su afirmación incluso después de la presentación de un recurso de apelación [sic].

Il n'existe pas d'informations ventilées sur les féminicides dans le Système national de sécurité publique (SNSP). Le secrétariat de l'Intérieur [N.d.T équivalent du ministère de l'Intérieur] ne comptabilise que les homicides sans faire la distinction entre hommes et femmes.

La mise en évidence d'un tel déficit d'information a eu lieu en août 2015, lorsqu'un citoyen a demandé au secrétariat exécutif du Système national de sécurité publique les statistiques sur les féminicides enregistrées depuis 2014 jusqu'à aujourd'hui. Le SNSP a répondu que de telles informations n'existaient pas ; il a maintenu son affirmation même après un recours en appel [sic].

Les abus et les difficultés de l'accès à la justice ne semblent pas être en diminution et font partie du quotidien (comme l'a rappelé l'affaire Andrea Noel, mentionnée au début de l'article). A ce sujet, Amnesty International a récemment soutenu l'installation appelée El Tendedero [l'étendoir] où ont été exposées des feuilles de papier sur lesquelles des femmes ont raconté leurs expériences en tant que victimes d'abus et de violences de genre.

La Commission interaméricaine des droits de l'Homme a en outre mis l'accent sur le fait qu'au Mexique, les cas de torture sexuelle et visant les femmes sont monnaie courante :

Ces derniers jours, le fonctionnaire de la CONAVIM et expert en droit international David Ricardo Uribe a reconnu les difficultés que rencontrent les femmes victimes de violence au Mexique pour saisir la justice, et il a fait allusion à ces obstacles dans une communication.

Cela étant, au-delà de l'appareil bureaucratique – et des stratégies, concluantes ou non – que l'Etat mexicain a mis en place pour donner l'idée qu'il fait face à l'urgence de la situation de violence contre les femmes, les faits prouvent que, dans ce domaine, le chemin à parcourir est encore long.

Le coût caché d'un abonnement à Internet en Espagne : votre santé mentale

jeudi 24 mars 2016 à 14:40
Official complaints filed by Spanish customers against telecom companies in 2015 jumped 381% over the previous year. Image mash-up by Georgia Popplewell and L. Finch.

Les plaintes déposées par les consommateurs espagnols contre les sociétés Telecom ont fait un bond de  381% de 2014 à 2015. Photomontage Georgia Popplewell et L. Finch.

Vous déménagez dans une nouvelle ville avec votre partenaire. Vous découvrez les multiples charmes de votre nouvelle ville au bord de la mer. Vous trouvez un appartement à loyer raisonnable, avec vue. Vous commencez à adorer la gastronomie locale. Vous faites une note mentale : acheter des bottes en caoutchouc. Vous vous réjouissez du fait que tout se déroule si bien.

Comme vous travaillez à domicile en tant que traductrice et éditrice d'un site, vous avez besoin d'une connexion à Internet pour pouvoir payer le loyer, la gastronomie et les bottes en caoutchouc. Votre partenaire et vous décidez de prendre un abonnement chez Vodafone, une multinationale.

Le technicien appelle, il installera la ligne vendredi. Vous vous débrouillez en attendant pour travailler au café du coin. Vous rêvez du café que vous vous préparerez chez vous au lieu de payer un café des sommes astronomiques contre le privilège d'utiliser le wifi. Vous vous rappelez que les sociétés Telecom ont une réputation effroyable en matière de service-client. Vous vous demandez si c'est exagéré.

Le jour de l'installation, le technicien arrive dans le mauvais appartement, de l'autre côté de la ville. Le partenaire s'aperçoit que la société a mal enregistré votre code postal. La société dit que le technicien rappellera pour fixer un nouveau rendez-vous à la bonne adresse.

Vous n'entendez plus parler de rien pendant des jours. Votre partenaire rappelle la société. La société promet que le technicien appellera. Quand ? Bientôt. Vous abandonnez le café pour travailler à la bibliothèque, pour stopper l'hémoragie de votre porte-feuille. Mais vous êtes irritée par cette connexion qui, outre être ultra lente, est plafonnée à un certain nombre de Mo et, en plus, n'est pas sécurisée.

Votre partenaire rappelle la société. La société rappelle votre partenaire pour dire qu'ils ne peuvent pas fixer un rendez-vous, mais  “y a-t-il autre chose que nous puissions faire pour vous aujourd'hui ?”

Vous recevez la facture de la box à la bonne adresse, mais avec la mauvaise adresse pour l'installation. Vous avez le vertige devant l'absurdité.

Vous cherchez la société sur Twitter. Vous vous apercevez qu'elle a une équipe active sur les médias sociaux. Vous remarquez qu'ils utilisent le hashtag #TeAyudamos (#Noustaidons). Vous évacuez votre rage en giclées de 140 signes. Vous décidez que votre espagnol, et surtout les compétences pour exprimer clairement votre indignation, nécessitent quelques mises à jour. Vous prenez peur en pensant que vous avez peut-être fait des fautes et que tout Twitter s'en apercevra.

L'équipe des médias sociaux roucoule en réponse qu'elle ne peut pas vous aider, parce que le nom sur le contrat n'est pas le votre. Vous obligez votre partenaire à parler à la société sur Twitter. L'équipe de l'autre côté s'exclame, triomphante, que le code postal était toujours le mauvais, mais que tout est maintenant corrigé. Vous pensez que la société est une méchante qui se déguise sous une fausse jovialité, comme Dolores Umbridge dans ‘Harry Potter ‘ ou le maire de Sunnydale dans la série TV ‘Buffy’.

Votre partenaire tente l'application de chat du service client de la société. Un agent met votre partenaire en contact avec “les bonnes personnes” pour fixer un rendez-vous d'installation. Votre partenaire découvre que les “bonne personnes” sont en fait les mauvaises. Vous  lisez dans le journal que le nombre de plaintes déposées par les consommateurs espagnols contre les compagnie Internet en 2015 a augmenté de 381% en un an. Vous tirez un plaisir mauvais de ces statistiques effrayantes.

Votre partenaire fait une nouvelle tentative. Un agent différent prétend que votre demande d'abonnement a été annulée. Votre partenaire découvre que la demande d'abonnement n'a pas été annulée, mais que le code postal n'est toujours pas le bon. Vous googlez le sens du mot  “Kafkaien”. Votre partenaire dépose officiellement plainte. Vous tentez de plaisanter, en disant que le monde a besoin d'une révolution du service-client. Vous comprenez que vous ne plaisantez pas du tout.

Les jours se transforment en semaines. Vous vous reprochez amèrement de tant dépendre de l'internet. Vous vous sentez impuissante car annuler la demande d'abonnement signifie payer des frais importants. Vous vous sentez coupable, parce qu'il y a des injustices plus grandes dans ce monde. Vous googlez le mot  “Kafkaien” à nouveau. Vous fracassez le plafond de votre forfait internet sur mobile.

Le technicien finit par appeler, et arrive le même jour. Mais le technicien n'arrive pas à faire marcher Internet parce que la société n'a jamais activé la ligne.

Vous attendez. Vous insultez la box qui clignote rouge pour vous provoquer, jusqu'au jour  où elle vous fait un joli clin d'oeil vert. Vous débordez de reconnaissance. Vous êtes furieuse contre vous même d'éprouver ce genre de reconnaissance. Vous vous résignez au fait qu'un géant sans visage détient les clés de votre internet.

Vous décidez d'écrire ce qui finit par être cet article. Vous vous demandez si la société a des moyens d'engager des représailles, d'une façon ou une autre. Vous appuyez sur la touche ‘Publier’. Vous soupirez de soulagement car la lumière qui clignote est toujours verte. Pour l'instant.

Amnesty International : “Les réfugiés ne sont pas une marchandise”

mercredi 23 mars 2016 à 12:49
Syrian and Iraqi immigrants getting off a boat from Turkey on the Greek island of Lesbos.

Des réfugiés syriens et irakiens, en provenance de Turquie, débarquent sur l'île grecque de Lesbos. Photo: Wikimedia Commons, (CC BY-SA 4.0)

[Billet d'origine publié en portugais le 17 mars 2016]  “Le Portugal dit : ‪#‎StopTheDeal‬ ! Un peu partout dans le pays, des militants demandent au gouvernement portugais de dire NON à l'accord de l'Union Européenne qui réduit les réfugiés à de la marchandise”, rapporte la section portugaise d'Amnesty International (AI) sur sa page Facebook.via GIPHY (Photos: Ricardo Rodrigues da Silva /Amnesty International)

Le 7 mars 2016, le Conseil Européen a engagé des négociations en vue d'un accord avec la Turquie pour mettre fin à l'afflux de réfugiés en Grèce. Avec cet accord, on négocie aussi l'adhésion à l'Union Européenne de la Turquie, qui propose en contrepartie “d'échanger des migrants clandestins contre des migrants syriens”. Ce programme suscite la controverse, car il assimile “des êtres humains à de la marchandise” :

Pour chaque migrant “renvoyé” en Turquie, l'Union Européenne accueillera un réfugié syrien “légitime”, parmi les 2,7 millions qui vivent dans des camps en Turquie.

Cet accord, débattu dans le cadre du Sommet Européen avec la Turquie, les 17 et 18 mars, est considéré par le Haut Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés (HCNUR) comme une “violation du droit international”.

Amnesty International considère que cette proposition est “inhumaine, cruelle et immorale”. Il s'agit “d'êtres humains, pas de marchandises”. L'ONG souligne que la Turquie “n'a jamais été un pays sûr pour les réfugiés” et révèle que le pays “détient illégalement et malmène les réfugiés, tire sur les Syriens qui tentent de franchir la frontière et a déjà expulsé des demandeurs d'asile”.

L'accord UE-Turquie réduit les réfugiés à de la marchandise. Il nous reste 2 jours p/ #StopTheDeal. Agissez ! RT

La crise des réfugiés est mondiale

D'après Oxfam, près de 60 millions de personnes sont actuellement “déplacées” hors de leur habitation et de leur pays, “le plus grand nombre jamais observé par les Nations Unies depuis la Deuxième guerre mondiale. Près de cinq cent mille d'entre elles sont arrivées en Europe l'année dernière, mais la grande majorité reste à proximité de son pays d'origine”. Oxfam révèle encore que “c'est le Liban, avec une population de 4,5 millions d'habitants, qui relève un des plus grands défis en accueillant 1,2 millions de réfugiés du pays voisin, la Syrie”.

Amnesty International demande aux Portugais de s'unir au reste du monde et de faire appel à leur Commission Nationale des droits de l'homme pour que le Portugal dise NON à cet accord en s'appuyant sur les réseaux sociaux Twitter et Facebook avec le mot-dièse #StopTheDeal :

Stoppez cet accord, ne “commercialisez pas” les réfugiés

Une pétition pour dire “NON” à cet accord circule sur internet. Vous pouvez la signer ici chez change.org.