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Donald Trump ne croyait pas si bien dire : les Iraniens jouent avec le feu

mercredi 15 mars 2017 à 12:31

La photographe de Téhéran Fatemeh Behboudi saisit les festivités de Chaharshanbeh Suri dans les rues de la capitale iranienne le 16 mars 2016. D'autres images sur sa  page Instagram.

L'antique fête du feu iranienne, dont le nom est Chaharshanbe Suri, prouve que Donald Trump a eu totalement raison — bien qu'involontairement — quand il accusait le mois dernier l'Iran  de “jouer avec le feu”.

Début février, le Président américain a tiré une salve de tweets incendiaires sur l'Iran, dans la foulée de son ordre exécutif d'interdiction aux citoyens iraniens [parmi ceux de sept pays à majorité musulmane] de se rendre aux Etats-Unis.

L'Iran joue avec le feu – ils ne se rendent pas compte combien le Président Obama a été “gentil” avec eux. Pas moi !

Trump critiquait la politique de rapprochement avec l'Iran de son prédécesseur, qui a abouti à un accord sur le nucléaire militaire et a retiré une partie des sanctions contre l'Iran.

Fin janvier, l'Iran a procédé au lancement-test d'un missile qui a parcouru 900 kilomètres, avec l'intention apparente de jauger la tenue par le Président Trump de ses promesses relatives à l'accord nucléaire iranien, qui laisse à l'Iran une certaine latitude pour effectuer des essais de missiles.

L'Iran a reçu un avertissement officiel pour avoir tiré un missile balistique. Au lieu de dire merci pour le mauvais accord que les USA ont passé avec eux !

En ligne, l'expression trumpienne “jouer avec le feu” a amusé beaucoup des connaisseurs de Chaharshanbe Suri, la “fête du feu persane”, que les Iraniens célèbrent traditionnellement la veille du dernier mercredi précédant le Nouvel An iranien.

Trump se trompe sur l'Iran qui joue avec le feu, Chaharshanbe Suri c'est pas avant mars.

@realDonaldTrump espèce d'enfoiré, entendu parler de chaharshanbe suri ?

Pour une fois dans ta vie tu as tweeté vrai ! Nous jouons VRAIMENT avec le feu ! Ça s'appelle chaharshanbe suri, et c'est une belle et ancienne tradition.

L'année du calendrier iranien commence au printemps de l'hémisphère nord, le 21 mars. Les festivités du Nouvel An débutent cependant le soir qui précède le dernier mercredi de l'année, quand on construit des feux de joie pour sauter au-dessus des flammes et on lance des de feux d'artifice.

Les fêtards prononcent ces mots en sautant au-dessus du feu :

زردی من از تو ک سرخي تو از من

Prends mon jaune, donne-moi ton rouge.

Autrement dit, “Fais disparaître ma faiblesse et donne-moi ta force”. Une formule qui exprime l'espoir d'une bonne fortune dans la nouvelle année.
En gros, les Iraniens “jouent avec le feu” pour se purifier des lourdeurs de l'année passée, dans l'espoir d'un nouveau départ. Avec le nouveau pouvoir installé à Washington, gageons que Chaharshanbe Suri aura un succès particulier en Iran cette année.

Les villages ‘démonétisés’ de l'Inde en sont aux premiers pas

mardi 14 mars 2017 à 19:28

Une petite boutique de village en Himachal Pradesh, Inde. Photo sur Flickr de Michael Foley. CC BY-NC-ND 2.0.

La récente opération de démonétisation en Inde, une des plus vastes économies basées sur l'argent liquide dans le monde, a fortement compliqué les transactions au quotidien. Aujourd'hui encore, alors que les “villages démonétisés” sont exhibés dans les médias, des articles décrivent un manque d'infrastructures adéquates et des villageois qui peinent à faire la transition.

Le 8 novembre 2016, l'Inde sautait hardiment le pas en retirant de la circulation les billets de 500 (7 euros) et 1.000 (14 euros) roupies indiennes, qui représentent 86 % du total de la masse monétaire. But affiché principal du gouvernement Modi : stopper le flux de l'argent illicite et sévir contre les billets contrefaits.

L'opération n'a pas été menée systématiquement, ce qui a créé le chaos à travers le pays, en particulier dans les villages où les gens sont extrêmement dépendants de l'argent liquide. Les individus ne pouvaient pas acheter ce qu'ils voulaient et dont ils avaient besoin, les entreprises ne pouvaient pas se faire payer leurs ventes, acheter des biens pour la revente, ni payer leur personnel. Il n'y avait pas d'approvisionnement en nouveaux billets pour remplacer ceux démonétisés, et il ne restait plus qu'à rejoindre les interminables queues qui serpentaient devant les banques pour retirer de l'argent des nécessités quotidiennes (reportage de Global Voices ici).

Le gouvernement indien a défendu son opération de démonétisation et expliqué sans fard que les pénuries de billets handicapantes contribueraient elles-mêmes à impulser la conversion de l'Inde à une économie sans monnaie.

Apparition de villages sans monnaie

Dans les mois qui ont suivi la démonétisation, un certain nombre de villages ont été déclarés nouvellement sans monnaie. Dans nombre de cas, la transformation était pilotée par des ONG locales avec l'aide des banques et des autorités locales. Ainsi, au moins 11 villages reculés en Inde ont été adoptés par l'United Bank of India (UBI) dans le cadre d'un projet pilote pour les transformer en villages sans monnaie.

Le village de Dhasai au Maharashtra est l'un des quelques villages de l'Inde devenu sans monnaie.

Dans tout ce chaos sur l'argent liquide, Nuagram dans [l'Etat de] J'khand à majorité tribale, va être d'ici décembre le premier village ‘sans monnaie’

Les villages ont reçu, à ce qu'on dit, l'installation de terminaux de vente, l'ouverture de davantage de comptes bancaires avec cartes de retraits et le téléchargement sur smartphones d'applis de paiement mobile comme PayTM et RUPay avant d'être déclarés sans monnaie.

De nombreuses banques activent des plates-formes et logiciels de paiement par SMS pour les villages, permettant aux utilisateurs de réaliser les opérations bancaires basiques en anglais et dans leurs langues locales.

Le rêve de l'Inde d'une économie sans monnaie devient lentement réalité.

#IndeNumérique2017 Les villages sans monnaie de l'Inde – The Times of India

Les défis

Avant la démonétisation en Inde, 95 % de toutes les transactions se faisaient en argent liquide, 90 % des commerçants n'avaient pas de lecteurs de carte et 85 % des salariés étaient payés en liquide. Les cartes de débit et de crédit se limitent essentiellement à la classe moyenne urbaine.

Dans les zones rurales beaucoup de gens n'ont pas de compte bancaire, et les opérations sur Internet restent un rêve lointain car les gens ne sont pas assez instruits (la plupart des sites web de banques sont en anglais). Il n'y a pas encore assez de smartphones — seulement 17 % de la population en dispose aujourd'hui — et les connexions Internet sont souvent lentes et coûteuses pour les pauvres.

Les commerçants et consommateurs des campagnes préfèrent les transactions en liquide pour éviter de payer la taxe sur les services de 14,5 % sur certaines prestations. Beaucoup n'utilisent pas les paiements par mobile, même si la tendance évolue rapidement.

Monishankar Prasad, un auteur et rédacteur basé à New Delhi, a dit au magazine Forbes qu’ “aucune économie ne peut se passer totalement de monnaie” et que les systèmes alternatifs de l'Inde doivent se construire avec plus de formations pour la population.

Aider l'Inde à devenir sans monnaie : SBI le plus grand prêteur de l'Inde adopte le village de Shirki dans le district de Pen Taluka dans le Maharashtra

Plus de 500 ouvertures de comptes JANDHAN et une formation au numérique sans monnaie pour les villageois organisée par VESS Inde dans le village de Domri du district de Varanasi

Des affirmations non véridiques

Au milieu d'informations apparemment prometteuses de transformation, d'autres n'ont pas tardé à réfuter les affirmations que des villages étaient devenus sans monnaie. Un article du Hindustan Times a traité de “phénomène de mode” la tendance à annoncer des villages démonétisés. Des enquêtes journalistiques ont révélé des affirmations n'existant en majorité que sur le papier.

Dans beaucoup de villages déclarés sans monnaie, maints lecteurs de transactions sans monnaie ne fonctionnaient pas faute d'internet ou d'électricité. Quand ils fonctionnaient, ils n'étaient pas utilisés parce que les habitants ne se fiaient pas aux transactions sans monnaie. Ces villages n'avaient pas de distributeurs de billets, et les villageois devaient marcher jusqu'au bourg voisin pour retirer de l'argent. Même les services additionnels de données mobiles se sont avérés au-dessus des moyens de certains villageois.

Le percepteur de district transfère 5 roupies numériquement sur 27 comptes, et il déclare Malappuram “premier village tribal sans monnaie” ! Simplement incroyable !!!

Le bobard du village du Rajasthan prétendument “sans monnaie” démonté

Pune : dans le village “sans monnaie”, seulement 50 % ont des cartes de retrait : à 25 km du chef-lieu Pune, à Khed

Le gouvernement Modi a dit ce village “sans monnaie” en exemple de l'Inde nouvelle. La réalité est très différente

“La vision de l'Inde numérique et démonétisée dans le village ‘INTELLIGENT’ de Jhattipur reste loin de la réalité.”

Les habitants du village de Lanura dans le district de Budgam, à 25 kilomètres de Srinagar au Cachemire, ont reçu une formation et le village a été déclaré sans monnaie le 18 décembre. Mais il s'avère que le village n'a ni internet adéquat ni smartphones.

L'Inde favorise l'économie démonétisée, à présent le village de Lanura dans le Jammu et Cachemire devient sans monnaie.

Rafiqa Bano, un correspondant communautaire du site primé de média citoyen Video Volunteers a publié un vidéo-reportage dans lequel les habitants de Lanura se sont dits sidérés par cette déclaration.

Le village est dépourvu des aménagements élémentaires, comme l'équipement électrique, l'eau, une route asphaltée et les autres commodités de la vie, dit un vilageois, Ghulam Mohammad. Les villageois sont démunis et très peu de gens utilisent des smartphones et internet. Les habitants sont atterrés par cette annonce et réclament une enquête.

L'administration de district de Budgam, sous sa déclaration publiée sur son site web officiel maintient que la ‘prouesse’ a été réalisée par les “efforts rigoureux de CSC e-Governance Services India Limited et du Centre National d'Informatique (NIC) sous l'objectif de l'inclusion financière numérique”. Dans les quelques boutiques disséminées dans ce village, on voyait les gens faire des transactions en liquide. Apparemment, l'agent d'Informatisation de district de Bugdam du NIC a été récompensé de sa ‘performance’ récemment à New Delhi.

Même si de nombreuses proclamations n'étaient pas vraies à 100 % et que les villageois doivent encore apprendre les bases, on ne peut nier que l'Inde a fait son premier pas vers l'économie démonétisée. Le gouvernement prévoit d'apporter le WiFi gratuit à 1050 villages dans les six prochains mois dans le cadre de son projet Villages Numériques. Il faudra multiplier ces plans et un laps de temps raisonnable avant que ces villages indiens puissent être réellement dits sans monnaie.

Video Volunteers, un organisme international de média communautaire primé basé en Inde, est un partenaire de partage de contenus de Global Voices.

La désespérance des jeunes en Jamaïque

lundi 13 mars 2017 à 20:07

Un groupe de jeunes Jamaïcains du quartier de Tivoli Gardens observe ce qui se passe dans leur communauté pendant l'état d'urgence de 2010 en Jamaïque ; plus de 70 civils auraient été tués par les autorités publique. Photo de BBW World Service, CC BY-NC 2.0.

Durant le dernier trimestre 2016, en Jamaïque, 100 personnes par mois en moyenne ont trouvé la mort suite à des crimes violents. Le taux d'homicide du pays continuant d'augmenter, la vie des jeunes Jamaïcains fait l’objet d’une attention croissante. En octobre 2016, alors qu’il rentrait de l’école, le jeune Nicholas Francis âgé de 14 ans, a été poignardé à mort dans un bus public, par un homme qui tentait de lui voler son téléphone. En janvier 2017, le corps d'un garçon 13 ans  a été retrouvé sur un tas d'ordures, avec des blessures par balles au niveau de la tête. La semaine suivante, on découvrait Shineka Grey, 15 ans, le corps lardé de coups de couteau.

Deux hommes ont depuis été mis en examen pour les meurtres de Francis et Grey, mais aucune arrestation n'a été effectuée en lien avec la mort du garçon de 13 ans. Ce contexte agressif se complique encore davantage car les jeunes Jamaïcains doivent faire face au taux élevé des violences conjugales, qui représentent 30 % des morts violentes en Jamaïque.

Pour avoir une idée de la manière dont les jeunes appréhendent cette nouvelle réalité, Global Voices a interrogé Marcia et CJ (les noms de famille ont été supprimés), qui conseillent régulièrement les jeunes des communautés défavorisées, et leur a demandé de partager leur point de vue sur la façon dont ces faits divers affectent les jeunes Jamaïcains, et quelles sont les conséquences sur leur vision de la vie. Marcia a grandi dans le quartier de Mona à Kingston ; elle y vit toujours et agit comme mentor pour de nombreux jeunes de la communauté. CJ travaille dans un centre national pour la jeunesse situé dans le district de Clarendon.

Global Voices (GV) : Marcia, d'après vous, comment les jeunes de votre communauté ont-ils été touchés par les annonces de ces meurtres d'adolescents?

Marcia (M) : Perdre nos jeunes d'une manière si violente est toujours une tragédie ; pour moi, [ça fait un moment que] ça dure. Les réseaux sociaux et la façon dont l'information se partage aujourd'hui, mettent en exergue l'ampleur d'un problème qui touche la Jamaïque depuis de nombreuses années.

Il y a un sentiment de désespérance parmi les jeunes. Je ne connais pas le contexte de la mort de ce jeune homme … mais à 13 ans, c'est encore une vie gâchée qui aurait pu avoir un autre destin, si on avait mis en place d'autres mesures, d'autres programmes.

Les parents jamaïcains [de] cette génération ne font pas beaucoup d'efforts pour surveiller leurs enfants. Les enfants sont trop livrés à eux-mêmes. Je me souviens quand j'étais jeune, après l'école, nous devions être à la maison à une certaine heure. Nous n'avions pas d'internet, donc nous n'avions pas l'habitude de côtoyer des étrangers, ni de faire ce que nous voulions. Parfois les parents sont négligents. Ils font la fête ou sont trop occupés à vivre leur vie. Il peut arriver aussi que le parent doive travailler tellement dur qu'il n'y a plus personne à la maison pour surveiller ces enfants … Bref, les facteurs sont multiples. C’est vraiment de la folie : tous ces morts ; tous ces jeunes qui disparaissent.

 Global Voices (GV) : CJ, comment les jeunes avec qui vous travaillez réagissent-ils quand ils apprennent les assassinats de ces jeunes en Jamaïque ? Quelle est selon vous, la réalité des jeunes de Clarendon ?

CJ :  Depuis la mort de Shanika Grey, quand vous essayez de discuter [de cette situation], on vous répond, « Yow, Miss…c'est pour ça que j’essaie d’'écouter ma mère et que je prends pas de taxi bizarre. » 

Ce qui me paraît mettre les jeunes dans des situations à risque, c’est lorsqu’ils n’ont aucun soutien familial. Certains d'entre eux ont leurs deux parents vivant à la maison, mais la plupart du temps, je les entends dire qu'ils ne se sentent pas soutenus. Ils n'ont pas vraiment l'impression qu'ils peuvent parler de tout avec leurs parents — et quand ils essaient de parler, les parents ne comprennent pas véritablement. Ils essaient d'attirer leur attention. Mais quand ils n'ont pas de soutien à la maison, les jeunes se tournent vers des amis ou vers des adultes avec qui ils se sentent à l'aise et avec qui ils parlent de tout et de rien.

Je suis obligée de mettre des barrières avec certains jeunes, parce que je ne voudrais pas qu'ils s'attachent trop à moi pour ces mauvaises raisons. Pour eux, on ne prend pas en compte leurs rêves. Je connais des jeunes filles qui sont brillantes et leurs parents leur disent : « Si tu veux faire des études […], trouves-toi un mari pour t'y aider » — et c'est comme cela qu'elles finissent dans des pseudo-relations comme je les appelle.

Soit elles s'installent avec un protecteur plus âgé qui les entretient, soit [elles se retrouvent] en couple avec un individu qui les maltraite. Parfois, elles sont avec plusieurs hommes en même temps, et quant aux jeunes qui ont du soutien chez eux, ils se sentent comme [surprotégés] alors ils veulent sortir et faire des expériences–c'est ceux-là qui font le mur et vont chez des amis parce qu'ils savent que leurs parents ne seront pas d'accord avec leurs frasques. Cela les rend vulnérables également.

GV : Marcia, d'après votre expérience,  quelle est la principale difficulté pour les jeunes ?

M : Regardez le jeune homme qui a été tué dans le bus — l'homme qui l'a abattu venait de mon quartier — c'est juste un autre jeune en difficulté sans réel espoir. Sa mère n'avait pas [les moyens] de l'envoyer à l'école, alors il est devenu un “voyou” des rues. A cause d'un manque d'opportunités, il est devenu violent et il a mal tourné.

En ce moment, je suis en train de perdre la plupart de mes jeunes à cause du « hand middle » [argot jamaïcain pour «paume »]. C'est l'herbe dans la main au coin de la rue — et si vous suivez la pente, l'herbe dans la main au coin de la rue devient les armes. Je les entends aussi dire que « la prison c'est juste un endroit comme un autre » — C'est la mentalité qu'ils développent sur ce qui se passe avec les jeunes.

GV : Comment gèrent-ils cela ?

M : Ils ne veulent aller nulle part ; ils ne veulent rien faire — Ils ont peur. Ils n'en parlent pas vraiment. [Toutes] les filles se protègent. Je me souviens de l'une d'elles qui est venue me voir parce qu'elle avait besoin de 600 $ jamaïcains pour s'acheter un pistolet Taser afin de se défendre. Les autres sont littéralement terrifiées et muettes, de sorte qu'elles s'accrochent plus à leurs parents. En ce qui concerne les garçons, ils vivent au jour le jour dans leur petit monde où il s'agit juste de tuer ou d'être tué. C'est comme ça qu'ils voient les choses. Je ne vois aucun changement où il pourrait se dire « Non, ça je ne le ferai pas.» Les garçons sont dans un mode vendetta en quelle que sorte et ça effraie les filles.

Pendant ce temps, le Ministère de l’Éducation, de la Jeunesse et de l'Information envoie dans les écoles des thérapeutes spécialistes du deuil afin d'aider les élèves et le personnel à faire face émotionnellement, après des événements traumatiques ou violents impliquant des membres de la communauté scolaire. Plusieurs organismes publics œuvrent également pour soutenir les enfants et les jeunes en Jamaïque. Outre le fait d'être un signataire de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant, le pays a également adopté une politique nationale pour aider les jeunes à atteindre leur plein potentiel en leur offrant des possibilités de concevoir et de participer à une société pacifique, prospère et bienveillante.

L'initiative la plus récente lancée en réponse aux menaces qui pèsent sur les enfants en Jamaïque, provient du Ministère de l'éducation, de la jeunesse et de l'information pour « renforcer la responsabilité collective envers chaque enfant jamaïcain ». La seconde vient du Bureau de protection de l'Enfance, qui a commencé une campagne de sensibilisation appelée « L'histoire d'Aria », une mini-série animée en ligne, diffusée sur plusieurs plates-formes de médias sociaux, et qui met en lumière les différents types d'abus dont sont victimes les enfants avec pour objectif de leur fournir informations et soutien.

Il faudra du temps pour voir comment ces initiatives permettront d'améliorer la réalité des jeunes Jamaïcains. Malgré les nombreux services d'aide et les lois destinées à protéger les jeunes du pays, les questions abondent sur leur efficacité et la capacité de créer pour eux un environnement sûr et enrichissant.

Dans la deuxième partie de cette série, nous demanderons aux jeunes eux-mêmes ce qu'ils pensent de ce qui se passe autour d'eux — et comment, d'après eux, les choses pourraient changer.

Les émeutes à Batoumi (Géorgie) : pas seulement une histoire de contravention de stationnement

lundi 13 mars 2017 à 12:44

Rues de Batoumi. Image du domaine public utilisée sur Wikipedia, réalisée par Oley24.

La deuxième ville de Géorgie, Batoumi, a été secouée au petit matin du 12 mars par des émeutes, qui ont fait une vingtaine de blessés. Des voitures ont été renversées.

L'émeute, au cours de laquelle les manifestants ont utilisé des pierres et des pétards comme projectiles dans une bataille rangée avec les forces de l'ordre, est née du refus d'un individu de payer une contravention de stationnement, mais semble s'être nourrie de mécontentements plus vastes.

Les autorités ont annoncé que l'agitation s'est calmée depuis.

Voilà à quoi ressemble à présent l'entrée principale du commissariat de police de Batoumi. Triste de voir la Ville ‘détruite’ en un clin d’œil

En gros la zone de troubles à Batoumi en ce moment. Le point de référence est le café Akhali Gemo, 78 rue Gorgiladze.

Batoumi est le chef-lieu de l'Adjarie, une région autonome qui parle un dialecte géorgien et a une large minorité musulmane. Charmante cité sur la côte géorgienne de la Mer Noire, maintenue à flot par une décennie d'investissements soutenus, Batoumi a une atmosphère détendue et se tarde de sa gastronomie locale. Même son khachapuri en forme de bateau, un chausson au fromage, diffère de ceux des autres régions de Géorgie, et fait penser par sa forme aux versions du pide turc, mais avec un œuf à cheval sur le fromage.

Les frustrations politiques semblent s'être donné libre cours pendant le rassemblement du 12 mars, qui a viré à la violence quand l'homme qui a reçu l'amende de stationnement, Jimi Varchanidze, a été appréhendé. Un journaliste de la capitale Tbilissi a posté un lien vers les images de la manifestation, où des habitants de Batoumi auraient voulu affirmer leur identité locale en riposte aux propos attribués au chef de la police de la ville que les musulmans de Batoumi étaient des “Tatars”.

Les habitants ont réclamé ces derniers jours le retrait du chef de la police, originaire de Gori, la ville où est né feu le dictateur soviétique Joseph Staline, à quelque 200 kilomètres de là.

‘Ne sommes-nous pas Géorgiens ? Nous le sommes ! Ne sommes-nous pas Adjars ? Nous le sommes ! ‘ ‘Nous sommes des Géorgiens Adjars musulmans’

Photo d'une mini-manifestation devant le commissariat de police de Batoumi le 9 mars. Sur l'affiche : “Les Adjars ne sont pas des Tatars, Monsieur l'agent’

Une contravention, vraiment ?

Quant au déclenchement de l'émeute, l'observatoire géorgien de la démocratie et des libertés Democracy and Freedom Watch raconte :

L'émeute a commencé quand un homme a refusé une amende pour stationnement sur un emplacement non autorisé, et a été appréhendé par les policiers après avoir palabré avec eux.

Les récits de ce qui est arrivé ensuite divergent, mais ce qu'on sait, c'est que le différend a dégénéré et que six hommes ont été arrêtés.

Plus tard, des centaines de personnes, essentiellement des hommes, se sont rassemblés devant le commissariat pour exiger la remise en liberté des individus arrêtés et la démission de la direction de la police.

La police anti-émeutes a été appelée pour désamorcer la situation. Aux alentours de minuit on a signalé que la police usait de gaz lacrymogènes contre les manifestants.

Une vidéo apparemment filmée de l'intérieur du commissariat montre une pluie de pierres lancées sur le bâtiment, et une colonne de policiers anti-émeutes munis de boucliers faisant retraite.

Varchanidze a été entre-temps remis en liberté. Il dit avoir garé sa voiture en face d'une pharmacie, et avoir été verbalisé en sortant du magasin, avant d'être emmené pour avoir argumenté avec les policiers.

Selon Democracy and Freedom Watch, “les hommes politiques d'opposition affirment que les gens de Batoumi sont depuis peu irrités par les amendes ‘déraisonnablement’ élevées distribuées par la police dans cette station balnéaire de la Mer Noire”.

De nombreux griefs locaux bouillonnent depuis quelque temps à Batoumi d'où l'émeute de cette ampleur pour une contravention contestée de la police de la circulation

Batoumi : Même avec l'encouragement de gens extérieurs, les émeutes aussi agressives sont exceptionnelles, cela semble afficher un vrai mécontentement contre la police, mais pas seulement

Le premier ministre géorgien Guiorgui Kvirikachvili a aussitôt accusé des “forces politiques” de souffler sur les braises.

Une probable allusion à l'ex-homme d'Etat géorgien Mikheïl Saakachvili et son Mouvement National Uni qui n'a pas réussi à reprendre le contrôle du parlement lors des élections d'octobre, alors que certaines prédictions le voyaient rentrer triomphalement en Géorgie de ses pénates ukrainiennes actuelles.

La bataille entre d'un côté le Rêve Géorgien, incarné par Kvirikachvili et financé par le milliardaire Bidzina Ivanichvili, et de l'autre Saakashvili et le MNU, s'est récemment enflammé, après qu'une décision judiciaire controversée a confié la télévision d'opposition Roustavi-2, en faveur du retour au pouvoir du MNU, à ses propriétaires précédents supposés plus enclins à suivre la ligne du gouvernement.

Cependant Batoumi a sa politique locale bien loin du bras de fer qui se joue au niveau national. Alors que communautés chrétiennes et musulmanes coexistent paisiblement ici depuis longtemps, des signes de tensions apparaissent, notamment autour de la construction de mosquées et de l’omniprésente influence économique de la Turquie dans une région jadis sous domination ottomane.

Pendant que la ville est devenue une destination touristique et un pôle régional des jeux d'argent, grâce en partie à d'importants investissements turcs, les habitants qui travaillent et habitent hors de la bulle de ces activités en plein essor ne sont guère à la fête.

L’élection présidentielle 2017 en France s'annonce atypique, voici pourquoi:

dimanche 12 mars 2017 à 20:23

Carte indiquant le candidat arrivé en tête au 1er tour de l'élection présidentielle française de 2012, dans les territoires suivants : départements de métropole, départements et territoires d'outre-mer, et étranger (Français établis hors de France).  François Hollande –> rose Marine Le Pen –> gris Nicolas Sarkozy –> bleu via BigonL sur wkipedia CC-BY-30

L'élection présidentielle française de 2017 aura lieu les dimanches et Elle sera suivie par les élections législatives les et Les élections qui se profilent s'annoncent différentes des précédentes pour de multiples raisons. La premiere raison est que  pour la première fois sous la Ve République, le président sortant Francois Hollande a choisi de ne pas être candidat à l'issue de son mandat. Mais d'autres raisons, nationales et internationales, donnent un parfum d'incertitude particulier a cette campagne.

Les partis traditionnels sont en difficulté  

En 2012, les partis traditionnels que sont le Parti Socialiste et le parti Les Républicains avaient trustés les premières places dans chaque département au premier tour. Ca ne sera sans doute pas le cas cette année: les candidats de ces partis arrivent 3eme et 4eme dans les derniers sondages loin derriere  Marine Le Pen, candidate du Front National et Emmanuel Macron, candidat du mouvement En Marche.

Francois Fillon, candidat des Républicains, est empêtré dans des problématiques juridiques avec le scandal des emplois fictifs de sa femme Penelope. Benoit Hamon, candidat du Parti Socialiste,  stagne à 16% des intentions de vote dans les sondages après sa victoire aux primaires de la gauche.

Cette tendance confirme une defiance face aux cadres politiques habituels et une envie de changement forte. Jean-Philippe Dubrulle est chargé d'études au département opinion et stratégie d'entreprise à l'Ifop. Il explique pourquoi cette élection est différente:

Aujourd'hui, on voit deux tendances assez contradictoires : D'un côté une baisse la participation (ou du moins un désintérêt) et d'un autre une plus grande richesse de l'offre politique. Le désintérêt était justifié par le fait que les gens avaient l'impression que personne ne représentaient leurs idées. C'était, le gros candidat de la gauche et le gros candidat de la droite et puis c'est tout.  Aujourd'hui l'offre est beaucoup pus variée avec des lignes très marquées à gauche, comme à droite ce qui fait qu'on aboutit à deux pôles extrêmement forts. Même si les français ont déjà une bonne idée des candidats qui seront en lice, l'offre n'est pas encore fixée. Tout peut se passer. On assiste clairement à un refus des candidats du passé. Est-ce que tout ça aboutira à un sursaut de mobilisation ou une baisse ? Il est trop tôt pour le dire.

La montée inéluctable du populisme dans les démocraties occidentales   

La victoire de Trump aux Etats Unis, du Brexit en Grande-Bretagne, de l'extreme droite en Hongrie et une montée généralisée des partis populistes en Europe, sont les symptômes les plus évidents du rejet de la mondialisation et de la volonté de repli sur soi dans de nombreux pays.  Olivier Costa, directeur de recherche au CNRS et pour Science Po Bordeaux  développe sur la cause commune de ces tendances dans les  démocraties occidentales:

Les gens ont le sentiment que l’avenir est noir et que les vieilles recettes des partis établis ne fonctionnent pas. De ce fait, beaucoup ont la tentation de s’en remettre à des nouveaux venus sur la scène politique qui proposent de nouvelles solutions. Les ficelles sont souvent un peu grosses mais d’une certaine manière, les gens s’en fichent. Il y a ceux qui croient à ce que proposent ces nouveaux venus en se disant que ça n’a pas été essayé, et ceux qui sont dans une logique protestataire, de ras-le-bol par rapport aux partis établis. Aussi, ce succès est dû au fait que les partis traditionnels n’arrivent pas à proposer une alternative.

Des candidatures fragilisées

A quelques semaines du scrutin, aucun des favoris n'arrivent à se detacher de manière definitive. Marine Le Pen est en tete des sondages mais fait face elle aussi à des ennuis juridiques, notamment celle visant l'emploi de plusieurs assistants parlementaires européens, le financement de ses campagnes électorales pour les législatives et la présidentielle de 2012 par des fonds russes ou encore la levée de son immunité parlementaire européenne pour “diffusion d'images violentes”. Les menaces judiciaires qui pèsent sur Fillon ont été décortiquées dans tous les medias ainsi que ses promesses révolues de se retirer si il était mis en examen:

Emmanuel Macron est encore une entité inconnue et ne bénéficie pas de l'appui ni de la structure d'un parti politique traditionnel. Benoit Hamon peine á rassembler les forces de gauche et il hérite malgré lui des conséquences du quinquennat le plus impopulaire de la 5ème république.

L'ensemble de ses facteurs font que cette élection est l'une des plus incertaines de ses dernières décennies et quelque soit le vainqueur, la tache de gouverner un pays de plus en plus divisé sera un formidable challenge à surmonter.