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Le Brésil au rythme du carnaval : les percussions africaines retentissent à Salvador de Bahia

mardi 12 février 2013 à 23:36

[Les liens renvoient vers des pages en portugais, sauf mention contraire.]

Plus grande fête populaire au monde, le carnaval brésilien attire des millions de touristes pendant ces jours de folie [les Brésiliens désignent précisément cette période de quatre jours intenses - du 9 au 12 février - du nom de "folia"]. A Salvador de Bahia, l'ampleur de la fête est telle qu'elle se répartit sur trois parcours principaux de la ville : le circuit Batatinha appelé aussi circuit Pelourinho [4 km de parcours, du nom de ce centre historique de Salvador], le circuit Barra-Ondina [4,5 km, du nom des quartiers traversés, appelé aussi "circuito Dodô"] et le circuit Osmar dit aussi Campo Grande-Avenida [6km, du nom des avenues qui bordent ce circuit].

Avec près d'un demi-million de touristes attendus, le thème du carnaval du circuit Pelourinho retenu pour cette édition 2013 est celui des “Carnavais Negros” (“Les carnavals noirs”). Le fameux quartier de Pelourinho, la place Municipale et la place de Sé sont les principaux axes où se tiennent les scènes de ce carnaval. D'année en année, ce carnaval situé au centre historique de Salvador se révèle de plus en plus beau, joyeux et bien organisé.

Le carnaval traditionnel de Pelourinho va réunir une grande variété d'animations musicales aux styles très différents, allant de la samba au reggae, aux percussions ou encore à la guitare de Bahia (thème du carnaval de Salvador en 2013), soit autant de rythmes marqués par l'influence de la matrice africaine.

Les participants s'amusent au carnaval du circuit Pelourinho

Les participants (appelés “foliões” littéralement les “foufous”) s'amusent au carnaval du circuit Pelourinho et dansent en suivant les défilés, à la tête desquels jouent les groupes de percussion (“blocos”), ou devant les scènes où se tiennent les concerts.
Photo de Carlos Alcantar du site El Cabong. Reproduite avec sa permission.

Considéré comme le centre de diffusion de la culture bahiannaise, le Pelourinho est le siège de plusieurs “blocos” de Salvador, ces groupes de percussion afro-brésilienne, tels que les célèbres Ilê Ayê, Filhos de Ghandy ["Les Fils de Gandhi"] et Olodum. Préserver la culture afro-brésilienne fait partie intégrante du carnaval bahianais, dont l'histoire charrie la trace des “cultures noires” [sur Global Voices en français] et de la lutte d'un peuple confiné aux marges de la société. La foule est en extase et, baignés de sons aux cadences rythmées, joyeuses, chaudes et de la musique s'emparant des rues de Pelourinho, il vient aux touristes l'envie de prendre racine à Bahia, terre du compositeur Dorival Caymmi et de l'écrivain Jorge Amado [en français].

Fondé en 1974, le groupe Ilê Aiyê [en français] représente la principale attraction parmi les groupes afro-brésiliens. Visant à valoriser la culture noire, ce groupe de percussion n'accepte pas de Blancs parmi ses membres et a impulsé ce qui fut nommé par convention la “réafricanisation” du carnaval de Salvador, à mesure qu'il apporta des éléments issus de la culture africaine, tels que l’ataque [en français, comme les autres instruments], le timbal, le repinique, et d'autres instruments de percussion dont les timbres rappellent ceux de l'Afrique.

Regardez le clip de Ilê Ayê en partenariat avec Criolo, rappeur de São Paulo. Il s'agit d’une initiative du groupe pétrolier Petrobas qui entend, à travers le projet Que Bloco é Esse?,  ”rapprocher la musique et l'univers des blocos [groupes de percussion] afro-brésiliens de Savador du monde de la musique pop brésilienne”. La rencontre s'est tenue dans le quartier de Liberdade (Liberté) à Salvador :

Salvador est bien le seul endroit au monde où un gigantesque cortège de candomblé [en français, religion afro-brésilienne] est suivi par près de dix mille personnes défilant dans les rues. On trouve à sa tête le groupe Afoxé [de carnaval de rue] Filhos de Gandhy ["les Fils de Ghandi"], fondé en 1949 par 33 dockers [du port de Bahia] qui assistèrent à un film sur la vie du leader indien et décidèrent de fonder un groupe éponyme en son hommage. Le fait d'échanger des colliers contre des baisers durant le carnaval est devenu de plus en plus célèbre, et sans doute davantage encore que l'objectif initial d'une telle manifestation : prendre part au cortège d'un candomblé désacralisé, jouant des agogos [en français] et des atabaques en l'honneur des orixás [divinités] au beau milieu du peuple réuni, avec une pointe de rappel à la culture de paix prônée par le Mahatma Gandhi.

Image issue de la page Facebook Filhos de Gandy. Reproduite avec leur permission.

Image de la page Facebook Filhos de Gandy. Reproduite avec leur permission.

Reposant sur les instruments de percussion, le caractère africain de la musique du groupe Olodum [en français] recourent à des rythmes aussi variés que le ijexá, la samba, l'alujá, le reggae et le forró par exemple. Sous l'influence du samba-reggae, la fusion de ces différents rythmes a donné lieu à la musique de Olodum qui, grâce à leur créativité dans la combinaison de ces éléments, ont influencé de nombreux groupes et artistes, brésiliens (dont plusieurs groupes de percussion du carnaval de Bahia) ou internationaux, tels que immy Cliff, Michael Jackson, Paul Simon, Leci Brandão, Zig Marley et bien d'autres encore. La vidéo suivante présente le meilleur de la musique d'Olodum :

Près de 130 groupes ont participé à l'animation du carnaval du circuit Pelourinho. Le blog Salvador de Estefano Diaz a publié un article consacré aux répétitions du groupe Muzenza le 30 janvier 2013. Alors que le groupe procédait aux répétitions dans les rues dans lesquels il prévoyait de défiler, le son de leurs tambours a éveillé la curiosité des touristes et des Bahianais. “Le son est parfait, c'est très beau !” a résumé en quelques mots l'une des quatre touristes française qui suivait le cortège.

Pelourinho est un terreau culturel très fécond. Cet espace représente une référence pour nous [du groupe] Muzenza, et faire nos répétitions ici est toujours un moment particulier”, témoigne Jorge dos Santos, président de Muzenza. “Nous n'avons pas de répertoire défini, nous choisissons selon le retour du public et nous jouons de grands succès comme ‘Guerrilheiros da Jamaica (Mama África)’, ‘A Terra Tremeu’, ‘Brilho e Beleza’, “conclut Jorge.

A l'instar du I Encontro das Culturas Negras ["Première rencontre des cultures noires"], le thème des “Carnavals noirs” repris cette année par le carnaval de Pelourinho s'inscrit dans les événements de la décennie consacrée aux Afrodescendants à Salvador, choisie par l'O.N.U. à la suite de la “Rencontre Ibéro-américaine de l'année internationale des Afrodescendants” (Afro XXI) qui s'est tenue en 2011 et lors de laquelle furent organisés des débats sur le racisme et la situation sociale, économique et politique de la population noire dans le monde contemporain.

Lors de la rencontre de l'Afro XXI, la capitale bahianaise a reçu le titre symbolique de “Capitale ibéro-américaine des afro-descendants “. Pour la directrice du CCPI [Centre des cultures populaires et identitaires] Arany Santana, “le thème du carnaval de Pelourinho est en harmonie avec l'agenda des Nations Unies, avec la réalité de Salvador et avec les politiques culturelles que le Secult [ministère de la culture] soutient, comme celles du Carnaval Ouro Negro. Que ces actions jouissent d'une visibilité accrue pendant le carnaval est aussi juste que cohérent, reconnaissant ainsi une composante de la construction de l'identité de Salvador, seconde ville au monde d'Afro-descendants” souligne Arany.

La démission du pape, un exemple transposable à la Russie ?

mardi 12 février 2013 à 23:26

Si chaque nation voit les événements mondiaux à travers son propre prisme, pour les internautes russes c'est à travers celui de la politique intérieure. On ne s'étonnera donc pas que l'information de la démission du pape Benoît XVI ait été interprétée sous cet angle par les blogueurs russes. Ni que la plupart de ces interprétations aient pris la forme de plaisanteries : après tout, même les Russes croyants ne se sentent pas personnellement concernés. Faute d'intérêt pour les répercussions de la décision du pape pour la foi catholique ou sa signification à la lumière des scandales toujours plus visibles de prêtres pédophiles,  RuNet s'est régalé de son passe-temps favori, l'humour.

Le blogueur et journaliste Ivan Davydov voit le côté social [en russe] :

В России из каждой третьей семьи папа ушел. И ничего, не шумит никто в прессе.

En Russie dans une famille sur trois papa est parti [en russe, le même mot "papa" désigne le père et le pape]. Et rien ni personne ne fait de bruit dans la presse.

Le mauvais garçon pro-Kremlin de RuNet Politrash fait allusion [en russe] aux tensions montantes dans le Caucase du Nord :

Бенедикт XVI: “Руководство футбольного клуба “Анжи” сделало мне предложение, от которого я не мог отказаться”.

Benoît XVI : “La direction du club de football “Anzhi” m'a fait une proposition que je n'ai pu refuser”.

Le FC Anzhi se trouve à Makhachkala, capitale de la République du Daghestan, et est la propriété du milliardaire russe Suleyman Kerimov, qui déverse depuis 2011 des flots d'argent pour rafler les bons joueurs de clubs européens comme le FC Milan.

While Benedict XVI is retiring, President Putin still has some juice left. Pope Benedict in Poland, October 17, 2010. © Kancelaria Prezydenta RP. GNU Licence. Vladimir Putin in Tuva, August 13, 2007. © www.kremlin.ru

Pendant que Benoît XVI prend sa retraite, le Président Poutine a encore de la sève. Le pape Benoît XVI en Pologne, 17 octobre 2010. © Kancelaria Prezydenta RP. Licence GNU. Vladimir Poutine à Touva, 13 août 2007. © www.kremlin.ru CC 3.0

Mais c'est au parallèle transparent avec Vladimir Poutine que se sont attachés la plupart des blogueurs. Il existe une symétrie dans l'autoritarisme entre celui-ci et le pape. Tous deux dirigent des organisations définies par des “verticales du pouvoir”, même si c'est à un autre dirigeant russe [en anglais] à qui on attribue la célèbre question “Le Pape ? Combien de divisions ?”

Xénia Sobtchak a résumé le sentiment général dans un tweet [en russe] qui fait allusion à la constitutionnalité incertaine du troisième mandat de Poutine :

Даже папа ушел.Сам.В теократическом гос-ве Ватикан принцип сменяемости власти работает лучше чем в стране “суверенной демократии”…

Même le pape est parti. De lui-même. Dans l'Etat théocratique du Vatican le principe d'amovibilité du pouvoir fonctionne mieux que dans le pays de la “démocratie souveraine” …

Le faux compte Twitter du président de Rosneft Igor Setchine suggère [en russe] que le pape pourrait avoir des motifs cachés :

Папа Римский Бенедикт XVI весело троллит Путина

Le pape de Rome Benoît XVI  trolle gaiement Poutine

A cette “suggestion” supposée de Benoît à Vladimir de tirer sa révérence, le faux compte de Twitter du Ministère russe des Affaires étrangères a répliqué [en russe] par une citation imaginaire du chargé de presse de Poutine :

“Не дождетесь!” – кратко прокомментировал Дмитрий Песков последние новости из Ватикана.

“Vous pouvez toujours attendre !” a sèchement commenté Dmitri Peskov sur la dernière nouvelle du Vatican.

Le blogueur anonyme KermlinRussia n'a pu laisser passer l'occasion, et a mystérieusement tweeté [en russe] :

П. отрекся от престола.

P. a abdiqué.

Si cette impertinente annonce a été retweetée 146 fois, elle a été battue par les 254 retweets de l'utilisateur @fuckdaoutlaws, qui a réussi dans un seul et même tweet [en russe] à moquer la polyvalence du ministre actuel de la Défense Sergueï Choïgou (il a aussi été gouverneur de région et a dirigé le ministère para-militaire des Situations d'Urgence), tout en exprimant le doute sur la future direction de la Russie (Choïgou, qui prise le culte de la personnalité, notamment parmi ses anciennes troupes du MChS, est souvent cité comme un possible successeur de Poutine) :

временно исполняющим обязанности Папы Римского назначен Сергей Шойгу

Sergueï Choigu a été provisoirement nommé aux fonctions de pape

Le Brésil sans fard

mardi 12 février 2013 à 22:29
Presentation of the website "Brazil without make-up, an honest guide to my beautiful country."

Présentation du site Brésil sans fard, un guide honnête de mon beau pays. ‘“Réalités merveilleuses d'une ville merveilleuse : Un éboueur gagne dans les 360 dollars US par mois”

L'activiste @Rafucko, défenseur des droits des LGBT, a publié sur YouTube une vidéo présentant le site web Brazil without make-up [Le Brésil sans fard]. Une initiative qui vise à faire tomber les stéréotypes sur le pays tout en critiquant le gouvernement de la ville et de l’État de Rio de Janeiro pour les mensonges proférés en lien avec la préparation de la coupe du monde de football 2014.

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Bolivie : Taux alarmant de violences à l’encontre des femmes

mardi 12 février 2013 à 22:25
Activists in Cochabamba protest against the alarming rates of violence against women. Photo by Stephanie Weiss.

Manifestants à Cochabamba protestant contre le taux alarmant de violences à l'encontre des femmes. Photo de Stephanie Weiss.

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Le sud du Brésil rend hommage aux 250 jeunes victimes de l'incendie d'une boite de nuit

mardi 12 février 2013 à 19:34

Le 27 janvier passé, un dimanche, l'état du Rio Grande du Sud au Brésil était témoin d'une des plus grandes tragédie de son histoire. Au boate Kiss, sur la commune de Santa Maria, plus de 230 jeunes furent victimes d'un incendie provoqué par le contact d'un calicot avec des projecteurs éclairant la scène. En cette fin de semaine, les gaúchos (nom donné aux habitants du Rio Grande du sud) ont rendu hommage aux morts de cet accident. Par solidarité avec la douleur des habitants de Santa Marta, des citoyens de plusieurs villes de l'état ont organisé des manifestations les 2 et 3 février.

 

Manifestantes trouxeram mensagens de apoio. (Foto: Cassiana Machado Martins)

Manifestants brandissant des messages de soutien. (Photo : Cassiana Machado Martins)

A Santa Maria, un défilé avait déjà été organisé devant la boite de nuit une semaine avant. Le 29 janvier, la blogueuse Pequena Lou décrivait sur son blog Menina Louca, le défilé de la place Saldanha Marinho jusqu'au gymnase transformé en chapelle ardente.

Sur la place, une marée humaine, on parlait peu. On entendait des ” e aï! ” ( aïe aîe ..quel malheur) qui entraînaient la même réponse sur le même ton…On voyait plus d'étreintes et de regards éplorés que de conversations, des bannières,  des affiches. Des vagues d'applaudissement s'écoulaient, on ne sait pourquoi, pour qui ? On a lâché des ballons blancs, mais ils retombaient et éclataient. On a entendu murmurer des “Notre Père” et aussi, plus d'une fois, l'hymne Gaucho chanté avec ferveur :

“Mostremos valor constância          Gardons courage

Nesta ímpia e injusta guerra           En cette guerre impie et injuste

    Sirvam nossas façanhas
De modelo a toda Terra                 Que nos actes soient des modèles

                                                Pour la terre entière

 

Funeral das vítimas do incêndio no cemitério de Santa Rita em Santa Maria. Foto: Vinicius Costa, LLPhoto&Press copyright Demotix (27/01/2013)

Les funérailles des victimes de l'incendie au cimetière de Sainte Rita à Santa  Maria. Photo: Vinicius Costa, LLPhoto&Press copyright Demotix (27/01/2013)

La masse blanche s'est mise en mouvement, on a remarqué sur le trajet le peu de personnes aux fenêtres, j'ai eu vraiment l'impression que la ville tout entière était dans la rue vêtue de blanc. la masse blanche a cheminé jusqu'au gymnase. A l'intérieur on entendait des cris et des mains frappées. La foule a répondu et puis s'est dispersée. Tout le monde ne pouvait entrer dans le bâtiment et il ne convenait pas de troubler les survivants par notre présence.

Na Redenção, em Porto Alegre, participantes vestiram branco, levaram balões e empunharam cartazes. (Foto: Cassiana Machado Martins)

“Não era pra levar velas, mas era pra vestir branco”. (Foto: Cassiana Machado Martins)

De nouveau, le 3 février, une veille silencieuse s'organisa à proximité du Boate Kiss. Selon le journal Zero Hora, “Les rassemblements ont commencé à augmenter après la fin de la messe en hommage aux morts célébrée dans la basilique de la Medianeira et réunissant près de 4000 personnes.

La traditionnelle procession des “Navegantes” ( les marins)  le 2 février, jour férié, a commémoré cette tragédie, comme l'annonce la fraternité “Navegantes”(@navegantespoa), le 29 janvier sur son profil Twitter :

Le 2 février prochain, nous unirons nos prières, à Santa Maria, lors de la procession des “Navegantes”

Dans la capitale Porto Alegre, une marche a été organisée le dimanche 3 février via un évènement Facebook. Elle s'est achevée face au “Arco da Redenção” (l'arche de la rédemption) . L’objectif était de focaliser des énergies et des pensées positives vers les victimes et leurs familles  Près de 5000 personnes étaient là, rassemblées.

Elle ne cessera pas d'être présente, cette foule superbe unie en souvenir des jeunes qui ont perdu la vie à Santa Maria. Ils continueront ensemble et individuellement.

Porto-Alegrenses trouxeram mensagens de conforto para Santa Maria. (Foto: Cassiana Machado Martins)

Les habitants de Porto Alegre porteurs de messages de réconfort pour Santa Maria. (Photo: Cassiana Machado Martins)

D'autres villes ont également organisé des rassemblements le samedi comme le rappelle sur Twittter un étudiant journaliste Ivan Sgarabotto (@IvanSgarabotto) le 3 février :

Des dizaines de personne se sont réunies à Caxias do Sul pour une marche en hommage aux victimes de Santa Maria :papodegringo.blogspot.com.br/2013/02/dezena…

Balões representaram as vítimas. (Foto: Cassiana Machado Martins)

Les ballons représentant les victimes. (Photo : Cassiana Machado Martins)