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En Inde, la foule brûle des maisons d'Intouchables en réaction à un mariage inter-castes

lundi 26 novembre 2012 à 16:37

Le 7 novembre 2012, d'après le International Dalit Solidarity Network (ISDN) [en]  qui s'appuie sur les faits rapportés par The Hindu, IBN, Times of India et Countercurrents, environ 2000 personnes ont attaqué trois villages dalits [NdT: Intouchables] à Dharmapuri dans l'état de Tamil Nadu [NdT: région à majorité tamoul dans le sud du pays] en Inde.

D'après le reportage, une étudiante infirmière de la communauté Vanniyar (caste des Sûdra)[NdT: caste des serviteurs] a épousé un homme de la communauté Aadidravida (Dalit) dans la Colonie de Natham. Après le suicide de déshonneur du père [en] de la jeune femme, un mouvement s'est organisé contre la communauté Dalit. ISDN rapporte qu'une foule est arrivée en grand nombre dans l'après-midi, pillant les habitations et y mettant le feu avec des bombes à pétrole. Des centaines de maisons [en] ont été détruites et 1 500 Dalits se sont retrouvés sans toit et totalement démunis.

Comme le rapporte le militant social et défenseur des droits de l'homme Vidya Bhushan Rawat (@freetohumanity) [en] dans son article Caste And Honor publié par Countercurrents:

La violence envers les Dalits dans la région de Dharmapuri dans l'état de Tamil Nadu nous rappelle de façon violente l'existence de forts préjugés dans notre société, et combien l'honneur est intrinsèque à l'identité de chaque caste.

 

Pour Rawat : “Les journaux n'ont pas tout dit sur l'incident et ignorent complètement qui a procédé aux attaques. C'est important d'identifier les communautés. Cela ne fait aucun doute que ce sont les Thevars et la Vanniyars qui infligent les plus fortes violences aux Dalits. Ce sont les deux principales communautés Sûdra dirigées par de différents partis politiques”. Alors que ce genre de violence est interdit par la Constitution, “la loi ne peut pas faire s'évaporer la violence envers les Dalits”.

 

Dalits or untouchables

Guriya et Desi Lal sont Dalits (ou Intouchables) membres des Harigans, chargés de l'entretien et de la propreté des rues. Photo Yan Seiler. Copyright Demotix (27/9/2011)

Les journaux affirment qu”il y a eu une dizaine de mariages inter-castes entre les Vanniyars et les Dalits dans ce village, suggérant que l'incitation à la violence a été faite pour des raisons politiques afin d'éviter que ces incidents ne prennent plus d'importance dans le cadre d'une attaque systématique [en] et ‘bien organisée‘ [en].

D'après IDSN, Henri Tiphagne, secrétaire général de l'organisation People’s Watch, [en] (un partenaire d'IDSN) s'est rendu dans la région pour évaluer la situation et apporter secours aux enfants. Comme il dit “C'était la plus choquante des atrocités inter-castes que j'ai vues de ma vie jusqu'à présent, notamment pour ses conséquences. Un mariage inter-caste qui s'est déroulé avec l'accord et la protection de la police a abouti à une rare violence et 430 maisons détruites.”

Sur Twitter [en]:

@Rights4Edu (Rights for Education): #les étudiants dalits font face #discrimination à Dharmapuri http://thne.ws/WxZYiZ via @thehindu #inclusiveeducation.

@meenakandasamy (Meena Kandasamy): à Dharmapuri. #honte #atrocités #dalits

@dhilipYo (Dhilip Joe Ramki): ‏Industrialiser les districts du sud : Sarath Kumar : Condamner la violence récente envers les Dalits à Dharmapuri… http://dlvr.it/2WbNK3

D'après @kotravai_n (Kotravai) une manifestation sera organisée par Saathi AAthikka Ethirppu kootiyakkam le 30 novembre près du Memorial Hall, à 16H.

Il est possible de trouver plus d'informations sur les incidents de Dharmapuri sur le site Sanhati [en] qui publie un article intitulé “Fighting Neoliberalism in Bengal and Beyond.”(Combattre le néolibéralisme au Bengale et ailleurs).

L'économie du Malawi : Une montagne trop haute à gravir?

lundi 26 novembre 2012 à 16:02

(Billet d'origine publié le 4 novembre 2012)

[Liens en Anglais] Depuis que Joyce Banda a repris, en avril 2012, les rênes du gouvernement suite au décès de Bingu wa Mutharika, les Malawites sont partagés entre espoir et désespoir.

La communauté internationale, optimiste, a débloqué pour soutenir pays les fonds budgétaires qui avaient été suspendus sous la présidence de M. Mutharika, suite aux importants changements tant financiers que sur le plan de la gouvernance pris par la nouvelle présidente. Les pénuries de carburant et les taux de change se sont améliorés presque instantanément.

Environ cinq mois plus tard, il a été dit aux Malawites que le plan de relance économique étalé sur 18 mois sera la réponse aux défis économiques du pays, ce qui a poussé un certain nombre d'internautes à réagir et répondre de différentes manières.

Watipaso Mkandawire, dans son billet « Une montagne trop haute » décrit les réalités de l'économie du Malawi :

Malawi's first female President Joyce Banda. Photo source: Friends of Joyce Banda Facebook page.

La première femme présidente du Malawi Joyce Banda. Photo de la page Facebook des amis de Joyce Banda.

 À peine 5 mois après s’être occupé du point 1, l'économie fait face au mécontentement chaque jour plus grand. Les défis notables comprennent : l'augmentation des prix des produits de base et du carburant, la réapparition de files d'attente pour le carburant, l'inflation galopante, le mécontentement des classes défavorisées et moyennes, la mauvaise saison du tabac, 1.2 million de personnes doivent faire face à la faim, etc. Beaucoup affirme que Joyce Banda et son Parti populaire n'ont aucune vision pour le pays et que ce que nous voyons est un “gouvernement de subsistance”. En toute justice, Joyce Banda a hérité d'une économie qui était sur les genoux (si ce n'est sur le dos) et le pays était presque en faillite.

En professionnel avisé des médias, Levi Manda, parle avec un ami d'un budget pour les pauvres :

« Ce pays favorise les improductifs : les ministres du gouvernement, les chefs religieux, les parlementaires, les autorités, les chefs d'institutions gouvernementales et les villageois les plus paresseux. »
« Comment ? »
« Les ministres et les députés peuvent importer sans taxes, jouissent de transports gratuits, de logements gratuits, de mariage sans frais, d’allocations illimitées et non imposables; les chefs profitent de la gratuité des logements et de salaires non imposables. Une année, un secrétaire principal s’est accordé des frais de congé annuel équivalents à 1.000 jours de congé ! »

Toutefois, la présidente prenant en compte les réalités économiques, semble contribuer à l'effort pour résoudre les problèmes financiers du pays en réduisant son salaire. Le journaliste Kondwani Munthali raconte :

« Pour accompagner les mesures d'austérité, la présidente et le vice-président ont volontairement décidé de réduire leur salaire mensuel de 30 % avec effet immédiat. Le gouvernement envisage sérieusement d'autres mesures de réduction des coûts et ceux-ci seront annoncés en temps voulu », a déclaré Kachali. Sur le plan de la relance économique, le vice-président dit qu'il a identifié cinq secteurs stratégiques qui peuvent rapidement retourner la situation pour une croissance se basant sur les exportations et les devises.

Ces nouvelles ont été bien accueillies par tous les secteurs du Malawi. En général, les Malawites espèrent la reprise économique, devenue le sujet d'actualité alors que la prochaine élection présidentielle aura lieu en mai 2014.

le Mouvement du 25 février en Mauritanie dit “Non à la Tutelle” de la France

lundi 26 novembre 2012 à 14:57

La Mauritanie traverse une période de grande incertitude politique au regard de l'évacuation sanitaire du président Mohamed Ould Abdel Aziz à Paris après avoir été blessé par balle le 13 octobre 2012. La Mauritanie s'organise en attendant son retour mais de nombreux citoyens Mauritaniens s'interrogent sur le rôle que voudrait jouer la France au regard de la situation politique actuelle.

Le rôle ambigu de la France en 2008

En 2008, Un coup d'état renverse le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi et  Mohamed Ould Abdel Aziz  prend le pouvoir. Vincent Hugueux explique que la France avait alors montré une position pour le moins ambigu sur ce coup d'état :

Très vite, la ligne du fait accompli, qu'incarne le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, muselle les “légalistes”, partisans de fermes sanctions et du retrait d'Aziz, à défaut d'un retour au statu quo ante que nul ne souhaite vraiment. Pour preuve, la galéjade de Nicolas Sarkozy, qui, le 27 mars, ose prétendre que le pronunciamiento n'aurait suscité aucun désaveu au pays [..] Dès lors, le clan Guéant ne lâchera plus son poulain galonné. Certes, il dissuade celui-ci d'opter pour le passage en force, préconisé par le Libyen Muammar Kadhafi: un simulacre de scrutin, bricolé à la hâte dès le 6 juin.

 

Dr. Elycheikh Bah Ahhmedtolba  explique que la France joue encore à ce jour un rôle prépondérant dans la vie politique Mauritanienne [en anglais]:

The question of French-dependency exists since the advent of colonization and reached its peak during the so-presumed “independence”, since then there has been a generation living on its rewards. [..] It is our duty as the young generation to, at least, discuss and share ideas about the doubtful positioning of the “Old Political Guardians” within the French negotiation with the military junta about the possibilities of keeping the disappeared Aziz on the top of the state or to push forward another accomplice for the looming war in Northern Mali

La question de la dépendance à la France est encore bien présente comme au temps de la colonisation and a atteint son summum pendant la supposé-indépendance; depuis toute une génération a bénéficié de ses avantages. [..] C'est notre devoir en tant que nouvelle génération de discuter et partager nos idées sur la position suspiscieuse de la vieille garde politicienne quant au négotiation de la France avec la junta militaire et la possibilité de garder Aziz au pouvoir ou de promouvoir un autre complice pour préparer la guerre dans le Nord Mali.

 le Mouvement du 25 février et la campagne “Non à la Tutelle”

De jeunes Mauritaniens ont créé le Mouvement du 25 février pour protester les régimes militaires successifs en Mauritanie. Ahmed Jedou explique pourquoi le mouvement du 25 février s'insurge contre ce qu'elle appelle la “Tutelle de la France” :

Nous, Mouvement du 25 février, considérant la régularité de l’ingérence française dans les affaires intérieures mauritaniennes et ses conséquences, particulièrement dans le contexte que vit le pays aujourd’hui, annonçons le lancement d’une campagne de sensibilisation contre la tutelle étrangère. A travers cette campagne, nous voulons faire parvenir aux autorités et à l’opinion publique françaises, les messages suivants : - La détermination de la jeunesse mauritanienne à combattre la dictature de fils du pays et, a fortiori, la tutelle étrangère [..] l’Histoire retiendra ceux qui se seront rangés du côté des aspirations légitimes des peuples et ceux qui se seront ligués contre eux en soutenant les régimes dictatoriaux

Poster du Mouvement du 25 février "Non à la Tutelle" via Ahmed Jedou avec permission

Poster du Mouvement du 25 février “Non à la Tutelle” via Ahmed Jedou avec permission

Le site ALAKHBAR ajoute :

Le mouvement dit aspirer «malgré le passé colonial, à des relations de confiances avec la France basées sur un partenariat qui sauvegarde les intérêts des deux peuples. Il se dit satisfait de l’annonce de François Hollande à Dakar de la fin de l’ère France-Afrique qui a fait souffert la Mauritanie et contribué à la réussite du coup d’Etat de 2008 du général Mohamed Ould Abdel Aziz.

 

Sur twitter, la campagne a choisi le mot clé #NonAlaTutelle pour faire connaitre sa campagne. Beaucoup réagissent sur l'entrevue récente entre le président français François Hollande et le président Aziz le 20 Novembre :
@Sidimedlemin: l'audience aujourd'hui entre Hollande et Aziz montre que nous somme toujours sous la tutelle #NonALaTutelle #France #Mauritanie @Elysee

Une manifestation le 21 Novembre à Nouakchott contre la tutelle de la France a été filmé par jnsrfd:

Le retour du président Aziz en Mauritanie samedi dernier (24 Novembre) a aussi, semble-t-il, été salué par une foule importante. CricemClaude publie une vidéo de son arrivée à l'aéroport de Nouakchott:

Selon l'AFP,

Des dizaines de milliers de personnes l'ont ovationné le long des trois kilomètres séparant l'aéroport du palais présidentiel.

Ahmed Jedou et Thalia Rhame ont contribué à l'article avec les liens référents

Bulgarie : L'avènement de l'homo tomaticus

lundi 26 novembre 2012 à 13:45

Le rassemblement du 24 novembre devant le parlement bulgare, à Sofia, vient d'officialiser ce qui s'est donné le nom de ‘Révolution des tomates'.

Le Parlement sous la menace des tomates

The logo of the Tomato Revolution Facebook event. Screenshot adapted by the author

Le logo de l'événement Facebook de la Révolution des Tomates. Capture d'écran adaptée par l'auteur.

Le 9 novembre, la publication indépendante OFFNews a publié des photos [en bulgare] du Palais de Justice barbouillé de sauce tomate. On ignore les auteurs des faits et leurs motifs.

Cinq jours plus tard, Nikolay Kolev, aias Bossiya (Pieds Nus), publiait une lettre ouverte [en bulgare] sur son blog, menaçant explicitement de lancer des tomates sur les bâtiments officiels, parce qu'il tenait les autorités bulgares pour responsables de la corruption endémique du pays. Dans sa lettre envoyée au Parlement, au Président, au Premier Ministre, au Conseil supérieur de la Magistrature,à la Télévision et à la Radio nationales bulgares, Bossiya écrivait :

Всички вие ръководите институции, които са пряко свързани със състоянието на страната ни за последните години. Затова и смятам, че вие сте основни виновници за ужасното състояние на страната и обществото.В страната цари корупция, престъпност, безотговорност, информационна мъгла, слугинаж, деморализация. Празните приказки и театрални пози и монолози ежедневно замъгляват съзнанието и надеждите на обществото като цяло, както и на всеки един български гражданин отделно.

Chacun de vous dirigez des institutions qui sont directement responsables de la situation de notre pays ces dernières années. Voilà pourquoi je pense que vous êtes les principaux coupables de l'effroyable situation du pays et de la société. Corruption, crime, irresponsabilité, brouillage de l'information, comportement servile et démoralisation régissent le pays. Manipulations, poses théâtrales et monologues obscurcissent journellement les esprits et les espoirs de la société dans son ensemble et de chaque Bulgare individuellement.

Dans sa lettre ouverte, Bossiya expose aussi le détail de sa manifestation symbolique pacifique :

На 20 ноември /вторник/ ще закупя от пазара 6 /шест/ развалени домата и ще ги разпределя по един за шестте институции, към които съм се обърнал. В 10 ч ще бъда пред Народното събрание, където ще хвърля един домат по фасадата, с което ще изразя протеста си срещу липсата на ориентация, професионализъм и патриотизъм при изготвяне на законите. Ще запратя домата протестирайки срещу лошите текстове на законите, носещи само нещастия на обществото и отделния български гражданин. Законът трябва да бъде обществено полезен, а не изработен срещу човека.

След това ще отида пред президентството и ще запратя по фасадата му следващия домат. Той ще бъде срещу нищоправенето от страна на президентската институция, наведената поза при среща с представители на великите сили и назначението на отрепки за дипломати. Срещу безкритичното отношение при подписването на укази за влизането на законите в сила.

Третият домат ще бъде хвърлен срещу сградата на МС заради цялостната му политика и действията му срещу обществото и националните интереси.

Четвъртият домат ще бъде хвърлен от мен срещу съдебната палата. За моите съотечественици не е необходимо да обяснявам защо.

Петият и шестият домат ще хвърля по БНТ и БНР поради това, че с нашите пари те обслужват една малка шайка от политически престъпници и мафиоти.

Le (mardi) 20 novembre, j'achèterai au supermarché 6 (six) tomates pourries et les distribuerai à chacune des six institutions auxquelles je me suis adressé. A 10 heures, je serai devant le Parlement, et je lancerai une tomate sur la façade en protestation contre le manque d'orientation, de professionnalisme et de patriotisme dans l'élaboration des lois. Je le ferai pour protester contre les textes de loi de mauvaise qualité qui n'apportent que des déboires à la société et au citoyen bulgare. La loi doit être socialement utile, et non pas faite contre les gens.

Ensuite j'irai au Palais Présidentiel et jetterai la tomate suivante sur sa façade. Elle sera contre l'inaction persistante de l'institution présidentielle, sa posture d'infériorité dans les rencontres avec les représentants étrangers et la nomination de crapules comme diplomates. Contre l'attitude complaisante dans la signature des décrets de mise en oeuvre des lois.

La troisième tomate sera lancée devant les bureaux du Premier Ministre pour ses politiques générales et actions à l'encontre de la société et des intérêts nationaux.

La quatrième tomate sera pour le Palais de Justice. Inutile d'expliquer pourquoi à mes compatriotes.

La cinquième et la sixième tomates seront jetées sur la Télévision Nationale Bulgare et la Radio Nationale Bulgare parce qu'elles servent une petite clique de criminels politiques et de gangsters à nos frais.

Bossiya a été arrêté [en bulgare] mardi 20 novembre devant le Parlement, où 40 policiers auraient été déployés pour l'attendre. Les réactions ont été contrastées : certains médias ont rejeté son action qualifiée de “salade” [en bulgare], et d'autres l'ont appuyée [en bulgare]. Les prises de position politiques [en anglais] ont également divergé, ce qui s'est aussi traduit sur Twitter :

@VeselaAngelova: Добре де, ако са нужни 40 полицаи, за да арестуват човек с домат, за човек с патлангач сигурно ще викаме НАТО или нещо такова.

Ah bon, s'il faut 40 policiers pour arrêter un homme avec une tomate, pour un homme avec une aubergine il faudra appeler l'OTAN ou l'équivalent.

 

@SlaviVIP: Некъв мизерник хвърлил домат по парламента днес и вече е “светец”, ето заради такива боклуци държавата е на този хал. А този е за Белене!

Un taré a lancé une tomate sur le Parlement aujourd'hui et est devenu un 'saint,' c'est à cause de cinglés de ce genre que notre pays est dans cette situation.

Au vu de la participation disproportionnée de 40 agents des forces de l'ordre pour arrêter un individu isolé, les internautes ironisent :

@benkovski: @tourbg @cipisec Али Домат и 40 разбойници

Ali Tomate et les 40 voleurs [allusion au célèbre conte “Ali Baba et les 40 voleurs”]

@gtsmilev: @CapitalBg Стола на парламента ще се казва “Дон Домат”

La cantine du Parlement va s'appeler “Don Tomato”

Par la suite, les média ont annoncé [en anglais] l'inculpation de Bossiya de “hooliganisme” passible de deux ans de prison. Un groupe Facebook [en bulgare] “Tomatina - La Révolution des Tomates” a été créé en soutien à Bossiya qui appelait à une manifestation et à un jet symbolique de tomates sur le Parlement le 24 novembre.

“Chaque tomate est une bombe contre les dirigeants”

L'opération a gagné de l'ampleur et un large soutien [en bulgare], avec plus de 1.000 promesses de participation. Les média ont raconté [en bulgare] que le rayon légumes du supermarché le plus fréquenté de Sofia a refusé de faire payer les tomates si elles étaient utilisées à la manifestation.

"Wake up, the mafia rules us!" A banner from the demo. Image by Ruslan Trad (CC-by-SA 3.0)

“Réveillez-vous, la mafia nous gouverne !” Une pancarte de la manifestation. Photo Ruslan Trad (CC-by-SA 3.0)

La manifestation du 24 novembre a été retransmise en live-stream par Assen Guenov, un contributeur de l'initiative indépendante Open Government (Pour un gouvernement ouvert). Quelques tweets de participants :

@reguligence: Полицейското присъствие около НС е стабилно. #TomatoRevolution

La présence policière autour du Parlement est consistante #TomatoRevolution

@GerganaBoteva: По канал 3 казаха, че има около 300-400 човека #TomatoRevolution

Le canal 3 a annoncé la présence de 300 à 400 personnes. #TomatoRevolution [Le canal 3 est une chaîne de télévision indépendante qui retransmettait aussi en direct la manifestation]

L'utilisateur de Twitter @ju plaisante, en écho à l'indignation infamante d'une certaine presse appelant à limiter l'influence des médias sociaux dans le pays :

@ju: Банват думата “домат” от Facebook за България

Le mot “tomate” est prohibé sur Facebook en Bulgarie

Le contributeur à Global Voices Ruslan Trad a publié quelques photos de la manifestation, et l'auteur de ce billet a réuni un Storify [en bulgare et anglais] pour davantage d'information.

Made in Libya: Le blogueur Ahmed Ben Wafaa

lundi 26 novembre 2012 à 13:36

Ahmed Ben Wafaa est un professeur de sciences qui a commencé à bloguer en 2000, afin de s'exprimer sur l'état des choses dans son pays et à travers son blog “Made in Libya” [en arabe] il avait réussi à devenir une source d'information au cours de la révolution libyenne.

Sur son blog, Ahmed se présente, comme suit :

اسمي أحمد علي بن وفاء ، ليبي ، ولدت بقرية “أبوروية” في مدينة مصراته سنة 1981، أحمل شهادة بكالوريوس من كلية العلوم (قسم علوم الحياة). عندي شغف كبير بالتدوين – لكنه الكسل!

Mon nom est Ahmed Ben Wafaa. Je suis libyen. Je suis né dans le village de Aburuya à Misratah en 1981. Je détiens un baccalauréat universitaire de la Faculté des sciences (Département Sciences de la vie). Je suis un amateur passionné des médias sociaux, mais c'est la paresse [qui m'empêche de bloguer plus].

L'auteur a interrogé Ahmed à la suite de nombreuses tentatives pour contacter des blogueurs libyens en raison de la faiblesse des moyens de communication en Libye aujourd'hui. Il lui a fallu un mois pour répondre, parce qu'il n'était pas en mesure d'avoir accès à une bonne connexion Internet, dit-il.

Photo de Ahmed publiée sur son blog “Made in Libya”.

GV: Quand avez-vous commencé vos activités sur Internet et qu'est-ce qui vous a attiré dans la blogosphère ?

أحمد بن وفاء: بدايتي مع الإنترنت كانت عام 2000، وقتها كان التدوين العربي يتعثر في خطواته الأولى، وقد أعجبتني فكرة أن يكون للمرء صفحة خاصة - خلال بضع دقائق - يعبر فيها عن أفكاره واهتماماته المختلفة (سياسية، تقنية، فنية الخ) بحرية، بعيداً عن جمود واحتكار وسائل النشر التقليدية.

Ahmed: Mon histoire avec Internet remonte à 2000. À l'époque, les blogs dans le monde arabe étaient encore à leurs premiers pas. J'ai aimé l'idée d'avoir ma page personnelle et où je pouvais exprimer mes idées et mes divers intérêts (politique, technique, artistique …) librement, loin du monopole des médias traditionnels.

GV: Pouvez-vous m'en dire un peu plus sur les dangers auxquels s'exposaient les blogueurs libyens sous l'ancien régime du dictateur libyen Mouammar Kadhafi ?

أحمد بن وفاء: كان التدوين عن السياسة أمراً شبه مستحيل لأن أي انتقاد تفسره الأجهزة الأمنية - ضيقة الأفق - كتهجم على رأس النظام (القذافي شخصياً) فيتم قمعه بشكل فوري، ومازلت أذكر ما تعرض له الصحفي ضيف الغزال عام 2005 حين كتب مقالاً على الانترنت ينتقد فيه الفساد والقمع الذي يتعرض له المواطن، فتم اختطافه وعثر على جثته لاحقاً وعليها آثار التعذيب (ومبتورة الأصابع) في إشارة واضحة لا تحتاج إلى تعليق!

Ahmed: Bloguer à propos de politique était une chose presque impossible, car toute critique était interprétée par la vision étroite de l'appareil de sécurité comme une atteinte à la tête du régime (de Kadhafi en personne) et se heurtait à une répression immédiate. Je me souviens encore ce que le journaliste Daïf el-Ghazal, a encouru en 2005 quand il a écrit un article sur Internet dénonçant la corruption et l'oppression rencontrées par la population. Il a été enlevé et son corps a été retrouvé plus tard avec des traces de torture (doigts coupés) dans un état qui se passait de commentaire.

GV: Tout le monde sait que le manque de liberté en Libye et l'interdiction aux chaînes étrangères d'entrer dans le pays, ont fait que les blogueurs constituaient la plus importante source d'information au cours de la révolution libyenne. Pourriez-vous nous parler des expériences qui illustrent cette réalité?

أحمد بن وفاء: بصراحة لم يكن للمدونات دور كبير أثناء الثورة لأسباب كثيرة ربما من ضمنها خشية المدون من اكتشاف هويته من قبل النظام، فلجأ معظمهم للكتابة بأسماء مستعارة والانتقال لمخاطبة الشريحة الأكبر التي تستخدم فيسبوك بالإضافة لسرعة انتقال المعلومات هناك وسهولة مشاركتها، وأذكر أنه في يناير الماضي قام بزيارتي صحفي اسمه عبد الله السالمي من قسم (BBC Monitoring) -وهو قسم مهتم بالحصول على الأخبار من مصادر إعلام المواطن كالمدونات وتويتر وغيرها - وأخبرني أن مدونتي كانت ضمن 3 مدونات ليبية كانوا يحرصون على زيارتها بشكل يومي أثناء الثورة الليبية، وأعتقد أن عدد المدونات النشطة أثناء الثورة لم يتجاوز 10 مدونات (من داخل البلاد).
وقد كانت مهمتنا في غاية الصعوبة بسبب سيطرة النظام على قطاع الإنترنت بشكل كامل وقيامه بقطعه على كامل البلاد بعد وقت قصير من اندلاع الثورة! مما جعل من دخولنا للانترنت (عبر وسائل بديلة) في غاية الصعوبة، بالإضافة لانشاء مخابرات النظام ما يسمى “بالجيش الالكتروني” الذي كان مهمته حجب واختراق المواقع وصفحات فيسبوك المؤيدة للثورة.

Ahmed: Honnêtement, les blogs n'avaient pas un rôle tellement grand pendant la révolution pour de nombreuses raisons, comme, par exemple, la peur des blogueurs que leur identité soit découverte par le régime. Ainsi, la plupart d'entre eux utilisaient de faux noms ou s'adressaient le plus souvent aux utilisateurs de Facebook, en plus de la vitesse de transfert des informations sur cette plate-forme et la facilité de les partager.

Je me souviens qu'en janvier dernier, j'ai eu la visite d'un journaliste-chercheur de la BBC (un département qui recherche des informations à travers les médias citoyens comme les blogs, Twitter et plus), Abdullah Al Salemi, qui m'avait dit que mon blog était parmi les trois blogs libyens qu'il visitait sur une base quotidienne au cours de la révolution libyenne.

Mais je pense que les blogs qui étaient actifs pendant la révolution ne dépassaient pas 10 (à l'intérieur du pays) et notre mission était vraiment très difficile parce que le régime avait un monopole et un contrôle complets sur Internet et il l'avait bloqué peu après le début du soulèvement. Cela a rendu notre accès au réseau (par d'autres moyens) très difficile, en plus de la création par le service de renseignements du régime de ce qu'on appelait “l'armée électronique” qui était chargée de pirater les sites sociaux et les pages de Facebook qui soutenaient la révolution.

GV: Le régime de Kadhafi est tombé ainsi que la dictature. La situation a-t-elle changé? Les bloggeurs sont-ils plus en sécurité maintenant en Libye ou bien il y a encore des lignes rouges et des tabous qui ne doivent pas être franchis?

أحمد بن وفاء: لم تعد هناك خطوط حمراء أو تابوهات، وأصبح انتقاد الحكومة والسخرية منها بالكاريكاتير أو المقال أمراً عادياً، لكن الكاتب بات يخشى عمليات الانتقام الفردية بسبب عدم تشكل الجيش واستتباب الأمن في البلاد بشكل كامل وانتشار السلاح.

Ahmed: Il n'existe plus de lignes rouges ni de tabous. Critiquer et se moquer du gouvernement par des dessins satiriques ou des articles est quelque chose de tout à fait ordinaire maintenant. Mais les auteurs craignent maintenant des représailles individuelles parce qu'il n'y a toujours pas d'armée ni de forces de forces de sécurité déployées dans tout le pays et il y a encore des armes un peu partout.

GV: Comment percevez-vous l'avenir des médias et blogs citoyens en Libye?

أحمد بن وفاء: متفاءل طبعاً، فقبل حقبة القذافي كان الدستور يكفل حرية التعبير وكانت تجرى سجالات فكرية ساخنة في عشرات الصحف اليومية قبل أن يختزلها القذافي في بضع صحفحكومية بائسة لا يشتريها أحد.

Ahmed: Je suis optimiste, bien sûr, parce qu'avant Kadhafi la constitution garantissait la liberté d'expression et il y avait d'intenses débats dans les journaux sur une base quotidienne avant que Kadhafi ne mette un terme à tout cela pour créer des journaux publics que personne n'achetait.

Vous pouvez aussi suivre Ahmed sur Twitter ou Facebook.