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A Thessalonique, Asteris Masouras croit en la solidarité pour “sauver la Grèce”

vendredi 10 juillet 2015 à 15:06
Protesta anarquista/anti-capitalista en el centro de Tesalónica, en una crítica a la "austeridad light de Syriza".  Foto por Asteris Masouras,usada con permiso.

Une manifestation anarchiste/anticapitaliste dans le centre de Thessalonique pour critiquer l'«austérité light de Syriza». Photo d'Asteris Masouras, utilisation autorisée.

Dans sa courte biographie sur Twitter se détache la ligne suivante: «justice sociale/ demeurer humain». Et en effet, Asteris Masouras respire l'humanité. C'est pour cette raison qu'il espère que la crise socioéconomique que vit son pays, la Grèce, et qui menace de s'étendre au reste de l'Europe, sera résolue grâce à la solidarité et un engagement pour la justice.

Asteris est ingénieur logiciel et photojournaliste. En tant qu'éditeur du site grec de Global Voices, il a couvert les soulèvements populaires en Tunisie, en Egypte, en Syrie et dans les autres pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. Il a consacré ces derniers mois à suivre depuis Thessalonique, la deuxième ville grecque, la crise de la dette, l'impact des politiques d'austérité et les réactions dans les rues de Grèce. Dans cet entretien avec Global Voices, Asteris analyse la crise grecque, ses origines et possibles conséquences.

Global Voices (GV): Comment s'est réveillée Thessalonique après le référendum?

Asteris Masouras (AM): El centro de la ciudad estuvo prácticamente vacío durante todo el domingo, mientras se celebraba el referéndum. La mayoría de la gente se concentraba junto a la playa, disfrutando de la brisa de estos días, como si tratasen de saborear unos momentos de paz antes de la noticia. La celebración del ‘no’ estalló horas después, junto a esa misma playa.

Asteris Masouras (AM): Le centre-ville est resté quasiment vide tout au long de la journée de dimanche, au moment où se tenait le référendum. La plupart des gens étaient rassemblés à proximité de la plage, ils appréciaient la brise de ces derniers jours, comme s'ils s'efforçaient de savourer un moment de paix avant l'annonce [du résultat]. La victoire du “non” a été célébrée quelques heures plus tard, près de cette même plage.

GV: Quelle est ton impression en ce qui concerne les résultats?

(AM): La evolución de los últimos días, y estos resultados, nos dan esperanza para enfrentar unas negociaciones hostiles y buscar un acuerdo más justo. El ‘no’ dominó en todo el país, pero lo hizo de forma abrumadora en los barrios más pobres, los más castigados por las medidas de austeridad, mientras que los barrios ricos hubo mayoría del ‘sí’. El 61 por ciento de los griegos dijo ‘no’ a un ultimátum de austeridad destructivo, en un contexto de control de capitales y de un acoso institucional y mediático brutal.

(AM): L'évolution de ces derniers jours, et ces résultats, nous donnent de l'espoir pour affronter des négociations hostiles et chercher un accord plus juste. Le “non” a dominé dans tout le pays, mais il l'a fait de manière écrasante dans les quartiers les plus pauvres, les plus touchés par les mesures d'austérité, tandis que dans les quartiers riches, il y a eu une majorité de “oui”. 61% des Grecs ont dit “non” à un ultimatum d'austérité destructrice, dans un contexte marqué par un contrôle des capitaux et un violent acharnement institutionnel et médiatique.

GV: Dis-nous en plus sur le rôle des médias, en particulier ces derniers mois.

(AM): Los medios de comunicación de masas griegos se han superado a sí mismos en su propaganda y en la forma de sembrar el miedo para intentar que la gente no pueda pensar con claridad en el momento más crítico en la historia reciente de la democracia griega (y quizás también de la europea). En vez de informar racionalmente sobre los problemas que afectan a los griegos, y las decisiones que estos toman desde su libre voluntad, se ha negado a la gente cualquier tipo de agencia, imponiendo una agenda clara basada en intereses comerciales. La corrupción en Grecia es endémica y tiene sus raíces en los intereses de los dueños de los medios y las élites políticas. Pero el referéndum ha demostrado que los griegos están dispuestos a plantarles cara y no se van a acobardar fácilmente.

(AM): Les médias de masse grecs se sont surpassés dans la propagande et la manière d'instiller la peur dans l'esprit des gens afin qu'ils ne puissent pas penser clairement au moment le plus critique de l’histoire récente de la démocratie grecque (et peut-être aussi européenne). Au lieu d'informer de façon rationnelle des problèmes qui affectent les Grecs et des décisions que ces derniers prennent en toute conscience, ils ont dénié aux gens toute capacité à agir, imposant un agenda clair basé sur des intérêts commerciaux. La corruption en Grèce est endémique et trouve son origine dans les intérêts des propriétaires des médias et des élites politiques. Mais le référendum a montré que les Grecs étaient prêts à leur faire face et qu'ils n'allaient pas se décourager facilement.

GV: En Espagne, on insiste beaucoup sur le lien entre Syriza et Podemos, et sur la manière dont le succès de l'un des partis détermine celui de l'autre. Selon toi, que signifient ces résultats pour l'Espagne?

(AM): Es obvio que el estilo duro de negociación que emplean las instituciones contra Grecia tiene mucho que ver con el deseo de evitar el “efecto contagio”. Se castiga a Grecia por votar a Syriza y desafiar el discurso dominante. Los ataques de Rajoy contra Grecia y el gobierno de coalición que han hecho daño tanto a Grecia como a la UE [Uniión Europea] tienen mucho que ver con el miedo a Podemos, pero creo que al Gobierno español esto se le puede volver en contra si el referéndum griego termina beneficiando a Podemos.

(AM): Il est évident que le style dur de négociation employé par les institutions contre la Grèce a beaucoup à voir avec le désir d'éviter un «effet contagion». On punit la Grèce pour avoir voté en faveur de Syriza et remis en cause le discours dominant. Les attaques de Rajoy contre la Grèce et le gouvernement de coalition qui ont porté préjudice tant à la Grèce qu'à l'UE sont très liées à la peur à l'égard de Podemos, mais je crois que cela peut se retourner contre le gouvernement espagnol si le référendum grec finit par bénéficier à Podemos.

GV: Nous nous sommes connus juste avant les manifestations de 2011 au Moyen-Orient, en Espagne et dans d'autres pays. Beaucoup de choses ont changé depuis. La Grèce est-elle le dernier épisode de ce mécontentement citoyen?

(AM): De algún modo sí, aunque el descontento griego con la corrupción y las políticas neoliberales es anterior a la Primavera Árabe y los movimientos “indignados”. El movimiento obrero y de protesta griego lleva años aumentando, en contra de las políticas bipartidistas clientelares. Con la crisis y las medidas de austeridad, se ha ido rompiendo el bipartidismo de Nueva Democracia y PASOK (los dos principales partidos históricos griegos) y la gente se ha unido en torno a ese movimiento indignado en el que desde luego han influido las protestas del resto de la región.

(AM): Oui, d'une certaine façon, même si le mécontentement des Grecs envers la corruption et les politiques néolibérales est antérieur au Printemps arabe et aux mouvements des «indignés». Le mouvement ouvrier et de protestation grec prend de l'ampleur depuis des années, contre les politiques bipartites clientélistes. Avec la crise et les mesures d'austérité, le bipartisme de Nouvelle Démocratie et PASOK (les deux principaux partis historiques en Grèce) s'est peu à peu fissuré et les gens se sont rassemblés autour de ce mouvement des indignés qui a bien sûr été influencé par les protestations dans le reste de la région.

GV: Qu'espères-tu de ces prochains mois?

(AM): Lo que deseo es que las instituciones paren la ofensiva contra Grecia, se den cuenta de que la austeridad está destrozando las sociedades europeas y permitan un trato justo que permita a mi país recuperarse. Aunque seguramente es ingenuo pensar que prevalecerá la razón y la humanidad en las mismas instituciones que tanto han chocado con los movimientos de justicia social, así que espero al menos que haya solidaridad entre nuestros pueblos. Entre los pueblos de Europa, y con los refugiados que llegan a diario a nuestros países. Quizás esto pueda contrarrestar el daño y la destrucción que están imponiendo nuestros líderes, antes de que sea demasiado tarde para la Unión Europea y para todo el continente.

(AM): Ce que je souhaite est que les institutions cessent leur offensive contre la Grèce, réalisent que l'austérité est en train de détruire les sociétés européennes et traitent mon pays de manière équitable afin qu'il puisse se redresser. Même s'il est sûrement naïf de penser que la raison et l'humanité vont l'emporter chez les mêmes institutions qui s'en sont tant prises aux mouvements en faveur de la justice sociale, donc j'espère au moins qu'il y aura de la solidarité entre nos peuples. Entre les peuples européens, et avec les réfugiés qui arrivent quotidiennement dans nos pays. Peut-être cela pourra-t-il faire contrepoids à la souffrance et à la destruction qu'imposent nos dirigeants et dirigeantes, avant qu'il ne soit trop tard pour l'Union européenne et pour tout le continent.

Uber en Chine : l'opinion des chauffeurs

vendredi 10 juillet 2015 à 13:26
Photo by Flickr user 2 dogs. CC BY-NC-ND 2.0

Photo  2 dogs sur Flickr. CC BY-NC-ND 2.0

 “Uber in China: A Driver’s View” par Lyn Jeffery a d'abord été publié sur le blog 88 Bar et est republié ici avec son autorisation. 

Une concurrence féroce a lieu dans les principales villes chinoises pour attirer des chauffeurs avec voiture entre les services comme Uber ou son clone chinois Didi Kuadi. Je viens de passer quelques semaines en Chine et ai utilisé la version chinoise de l'application Uberpop, appelée “Uber du peuple”. J'ai interviewé 12 chauffeurs Uber à Pékin et Shenzhen. Même si Uberpop est actuellement interdit, il est facile de trouver une voiture en quelques minutes dans les deux villes. Et la version américaine de l'application Uber fonctionne très bien, à un point choquant, en Chine.

Voici ce que j'ai appris en parlant aux chauffeurs Uber et à des taxis classiques. Tout n'est peut-être pas exact, mais ce sont les dires de chauffeurs qui travaillent à Pékin et Shenzhen.

Il semble que les chauffeurs d'Uberpop aient adopté une attitude “wait and see” pour ce qui concerne la réglementation et essaient de gagner le plus d'argent possible en attendant. De son côté, plus Uber a de chauffeurs, plus il réduit ses subventions. En d'autres mots, les risques augmentent, alors que les bénéfices baissent…pour l'instant.

Inde : chaque année, 100 000 cas de tuberculose associée au VIH

vendredi 10 juillet 2015 à 12:19
TB patients at Sewri Hospital, Ward 3. Image by George Butler. Used with permission from MSF.

Des patients atteints de TB au service 3 de l'hôpital Sewri. Image par George Butler. Reproduite avec l'autorisation de MSF.

.En 2013, 1,1 million de personnes dans le monde étaient dans le besoin de traitements simultanés contre la tuberculose (TB) et le VIH. De ces 1,1 million, 360 000 personnes sont mortes et le problème constitue aujourd’hui encore un des défis mondiaux dans le domaine de la santé. Le virus VIH peut détruire tellement de cellules CD4 que votre système immunitaire ne peut plus combattre les infections et les maladies.

Les patients atteints de VIH ne sont généralement pas infectés de TB, à moins qu’ils soient en contact avec une personne infectée par les bactéries qui causent la tuberculose, mais s’ils vivent dans un pays présentant un grand nombre de cas de TB, le risque de contamination est très élevé.

La co-infection TB-VIH est, en effet, une question cruciale pour la santé publique en Inde, comme le souligne Shobha Shukla dans Citizen News Service :

According to WHO estimates, India has the highest burden of TB in the world with 2.3 million cases (out of a global incidence of 8.7 million) and about 320,000 deaths occurring annually. 5% or 0.11 million of the TB patients in India are HIV positive too. India thus accounts for about 10% of the global burden of HIV-associated TB with 100,000 patients co-infected with the two diseases annually. Without timely diagnosis and treatment, a large number of these doubly sick people are likely to die.

D’après les estimations de l’OMS, l’Inde est le pays le plus touché par le fléau de la TB dans le monde avec 2,3 millions de cas (en dehors des 8,7 millions dans le monde) et environ 320 000 décès par année. 5% c’est-à-dire 0,11 million de personnes infectées de TB en Inde sont aussi séropositives. Ainsi, l’Inde présente environ 10% du fardeau mondial d’infections à HIV et à la TB, avec 100 000 patients par an porteurs des deux maladies simultanément. Sans diagnostic précoce, un grand nombre de ces patients doublements infectés risquent la mort.

D'après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), on estime en Inde un taux de 42 000 décès liés à VIH /TB. Les taux élevés de VIH augmentent le facteur de risque lié à d’autres maladies comme la TB. VIH et TB sont un problème majeur en Inde en raison d’un manque d’espace, d’air frais, de toilettes, de lumière du soleil et de l’éducation.

La thérapie antirétrovirale ainsi que le traitement contre la tuberculose sont à présent les seuls traitements disponibles. Il n’existe actuellement aucun remède contre le VIH, bien qu’un traitement antirétroviral puisse supprimer le virus VIH.

Médecins Sans Frontière (MSF) est une des organisations qui offrent une assistance médicale aux personnes atteintes de VIH/Sida et TB en Inde, particulièrement aux groupes marginalisés tels que les communautés transgenre.

Dans la vidéo ci-dessus, réalisée par MSF Inde, Iqbal, originaire de Mumbai, Maharashtra, qui a survecu à une tuberculose pharmacorésistante nous explique comment il a vaincu la maladie. « Il faut être patient et ne pas baisser les bras, » dit-il. Après deux ans de lutte contre la maladie, finalement il se sent mieux. Iqbal précise que « les choses peuvent s’améliorer. La TB pharmacorésistante peut être soignée et vous pouvez vivre une vie normale comme tout le monde. »

D’après l’Organisation Mondiale de la Santé:

TB is the most common presenting illness among people living with HIV, including among those taking antiretroviral treatment and it is the major cause of HIV-related death.

La TB est la maladie la plus fréquente chez les personnes qui vivent avec le VIH, y compris celles qui suivent un traitement pharmacorésistant, et elle est la cause majeure de mortalité chez les HIV-positif.

A TB Patient.

Un patient atteint de TB. Image par George Butler. Republiée avec la permission de MSF.

Le dessinateur George Butler qui a collaboré avec MSF en 2013 pour réaliser une esquisse des patients souffrant de tuberculose pharmacorésistante écrit sur son site web :

Until now tuberculosis has been continually overlooked but is a worsening problem, especially in the major capitals of the world and particularly London.

Jusqu’à présent, la tuberculose a constamment été négligée, mais constitue un problème croissant, particulièrement dans les grandes capitales du monde et plus spécialement Londres.

VIH et tuberculose sont deux maladies fortement stigmatisées, par conséquent, plusieurs patients perdent leurs emplois. Au-delà du traitement médical, la consultation est une autre manière d’aider les patients.

D’après l’OMS, le gouvernement Indien a fait de grands efforts dans le but de réduire le taux de cas de  VIH/Sida et TB en investissant 252 millions USD en 2014 dans son programme TB. 66% de ce programme ont été financés par capitaux internes et 34% par financement international.

Mais selon Shakti Garg, originaire de l’Inde, les autorités ne se concentrent pas assez sur ces maladies :

L’Inde a été en mesure d’éradiquer la polio grâce à un esprit de mission. Pourquoi ne pas accorder aux programmes anti- TB/VIH la même priorité ? #Bombeàretardement

Divulgation des fichiers ‘Hacking Team’ et pays arabes : la surveillance étatique des défenseurs des droits humains confirmée

jeudi 9 juillet 2015 à 10:49
Caricature par Doaa Eladl.

Caricature par Doaa Eladl, via Cartoon Movement.

Les défenseurs des droits humains dans le monde arabe passent au crible la mine de données divulguées suite au piratage massif, survenu dimanche dernier, de la controversée entreprise italienne de sécurité et de surveillance Hacking Team (mots-clés Twitter #hackingTeam et #HackingTeamTransparencyReport).

Le fameux système de contrôle à distance (“Remote Control System”) développé par Hacking Team a été utilisé par des régimes oppressifs en Arabie saoudite, au Bahraïn, au Soudan, aux Emirats Arabes Unis, au Sultanat d'Oman, au Maroc et en Egypte pour surveiller et intimider les opposants politiques, les défenseurs des droits humains, les journalistes, et les activistes numériques. Le “Remote Control System” constitue une technologie de surveillance pernicieuse permettant à l'attaquant, habituellement une officine gouvernementale, d'infiltrer et de contrôler l'équipement informatique de la cible. Il peut copier des fichiers depuis le disque dur d'un ordinateur, enregistrer des appels Skype, des emails, des messages instantanés, les mots de passe entrés dans un navigateur Web, et même activer une écoute en utilisant la webcam d'un ordinateur.

Les technologies de la société Hacking Team se sont généralisées au point qu'elle a reçu le qualificatif d’“ennemi d'Internet” par Reporters Sans Frontières en 2012. Le Citizen Lab, de l'Université de Toronto, s'est associé à des militants qui ont été la cible de gouvernements utilisant les produits Hacking Team pour lancer une recherche technique de grande ampleur visant à mieux comprendre les systèmes utilisés par Hacking Team et d'autres fournisseurs de technologie de surveillance de premier plan. Les résultats de cette recherche sont consultables ici.

Le compte Twitter officiel de la société a également été piraté, et a pointé sur le fichier torrent des données internes représentant plus de 400 giga-octets : emails, factures, listes de clients, code source, contrats et sauvegardes WhatsApp personnelles. Ces documents sont également disponibles sur le Transparency Toolkit.

On ignore actuellement l'identité du pirate qui s'est attaqué à Hacking Team. Une personne connue sous le pseudonyme “Phineas Fisher”, qui avait revendiqué s'être emparé des systèmes de Gamma, une importante entreprise germano-britannique spécialisée dans les technologies de surveillance, a revendiqué la paternité de l'attaque, même si cela est difficile à vérifier.

Capture d'écran du tweet de Hacking Team pointant sur les 400 Go de données fuitées.

Capture d'écran du tweet de Hacking Team pointant sur les 400 Go de données fuitées.

Peu après la divulgation de la nouvelle de cette attaque, plusieurs experts en sécurité et journalistes ont commencé à publier la longue liste des clients de Hacking Team, des enregistrements de communications internes ainsi que différentes factures. Parmi les clients internationaux figurent plusieurs pays arabes qui semblent avoir fait appel aux services de Hacking Team.

Depuis le Caire, le militant des droits numériques Ramy Raoof a tweeté à ses 111 000 abonnés des documents révélant que GNSE Egypt, une importante entreprise de commerce électronique dans la région, aurait négocié l'acquisition du logiciel d'Hacking Team :

Extrait des sources fuitées #HackingTeam : facture d’#Egypt – 58 000 euros – janvier 2012. pic.twitter.com/pgSJOwUwQq

— Ramy Raoof (@RamyRaoof) 6 juillet 2015

GNSE, la société “man-in-the-middle” dans le contrat #HackingTeam avec l'espionnage en #Egypt. Contacts http://t.co/BugJeepS4Chttp://t.co/YExcAOWbDn — Ramy Raoof (@RamyRaoof) July 6, 2015

Ramy Raoof a souligné que ce piratage a prouvé ce que les militants dans la région savaient depuis longtemps :

Les groupes de défense des droits humains savaient que l’#Egypt utilisait des #HackingTeam logiciels depuis 2012 ; la preuve en a été faite par le piratage de dimanche dernier http://t.co/UiqP2z9ZQl

Des avocats au Maroc ont eu des réactions similaires. En 2012, le groupe de médias citoyens, partenaire de Global Voices, Mamfakinch a été la cible d'une attaque reposant sur le “Remote Control System” de Hacking Team. Après avoir reçu un email qui semblait contenir un “tuyau” sur une histoire, des membres du groupe ont ouvert sans se méfier un document en pièce jointe de l'email. Immédiatement, leurs ordinateurs sont passés sous le contrôle du système. Les révélations de dimanche dernier ont confirmé ce qu'ils avaient appris il y a quelques années, après avoir examiné l'incident avec le concours d'experts en sécurité informatique.

Le défenseur des droits humains et consultant en sécurité numérique Mohammed Al-Maskati a tweeté à ses 89 000 abonnés que le Bahraïn a acheté plusieurs logiciels d'espionnage à Hacking Team.

Le Bahraïn a acheté différents logiciels espions à @Hackingteam et, d'après les derniers documents ayant fuité, la dernière maintenance est intervenue à une date récente.

2- Le logiciel espion de @hackingteam peut casser des fichiers et des emails chiffrés, des communications Skype et par Voix sur IP ou par chat, copier des fichiers locaux et allumer la caméra de l'appareil.

Le logiciel espion peut aussi enregistrer toutes les frappes au clavier, y compris des informations sensibles et des mot de passe.

Une facture présente dans les dossiers révèle l'acquisition d'un “Remote Control System” payé 210 000 € par une officine dénommée “Midworld Pro”, basée à Dubaï, aux Emirats Arabe Unis. Un nom de fichier associé à cette facture indique “Midworld Pro – Bahrain”. D'autres documents indiquent que le gouvernement du Bahraïn a acheté pour 210 000 € de services et de produits auprès de Hacking Team, ce qui suggère que la destination finale de cet achat était vraisemblablement le Bahraïn par l'intermédiaire des Emirats Arabes Unis.
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Facture MidWorld Pro – Source : documents fuités.

Outre l’ Egypte et le Bahraïn, les documents onté révélé par ailleurs que l'armée libanaise avait acheté le Remote Control System de Hacking Team, ainsi que d'autres dispositifs. Le gouvernement libanais a, selon ces sources, dépensé plus d'un million d'euros pour leurs produits.

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Facture de l'armée libanaise pour Galileo

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Facture de l'armée libanaise pour du matériel

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Facture de l'armée libanaise pour du matériel (2)

Le journaliste libanais Mahmoud Ghazayel a tweeté avoir été bloqué par le compte Tweeter officiel de l'armée libanaise après avoir voulu se renseigner sur la divulgation des fichiers de Hacking Team.

Je viens d'être bloqué par @LebarmyOfficial après avoir essayé de recueillir leur opinion sur l'affaire #IsHackingTeamAwakeYet pic.twitter.com/ohfxypKqHp — محمود غزيّل (@ghazayel) 6 juillet 2015

Les documents divulgués ont révélé par ailleurs que Hacking Team a vendu sa technologie au Soudan. Eva Galperin, de l’EFF, tweete :

Hacking Team n'a jamais rien vendu au Soudan ? Voici les instructions concernant le virement de 480 000 euros. cc @hackingteam pic.twitter.com/JqexHpvb3s — Eva (@evacide) 6 juillet 2015

Dans le document ClientList_Renewal.xls,, également divulgué, Hacking Team note que le Soudan “ne bénéficie pas d'un support officiel”. La Russie fait partie de la liste. Les documents révèlent également différentes communications entre la société et le Comité du Conseil de Sécurité des Nations Unies concernant l'utilisation d'un “Remote Control System” au Soudan. Le Remote Control System de Hacking Team semble violer une résolution de 2005 (1591) qui a imposé à ce pays un embargo sur les armes.

Pour en savoir plus sur la portée globale des produits de Hacking Team, on se reportera à la carte interactive de Matthew Stender montrant l'ensemble des clients de Hacking Team :

Suivez @RamyRaoof, @MohdMaskati, @Gharbeia et @simsimt pour plus d'informations et de commentaires sur cette affaire à suivre.

Lectures supplémentaires :
Briefing for the Italian Government on Hacking Team, Privacy International, 2015.

- Stories of Surveillance in Morocco, Privacy International, avril 2015.

Un rapport sur les Iraniens et les accords sur le nucléaire

jeudi 9 juillet 2015 à 08:57

 

Image from ICHRI's new report " High Hopes, Tempered Expectations: Views from Iran on the Nuclear Negotiations."

Image du nouveau rapport de ICHRI [Campagne Internationale pour les Droits de l'Homme en Iran], intitulé “Hautes espérances, attentes modérées : les négociations sur le nucléaire vues d'Iran”.

La Campagne Internationale pour les Droits de l'Homme en Iran, qui collabore [anglais] avec Global Voices, a publié [24 juin] un nouveau rapport intitulé “Hautes espérances, attentes modérées : les négociations sur le nucléaire vues d'Iran” [anglais].

Ce rapport implique 28 membres de la société civile iranienne, dont des anciens membres du parlement, des journalistes, des universitaires, des avocats, des économistes, des réalisateurs, des écrivains, des éditeurs, des actrices, des militants, et des membres de la famille de prisonniers politiques. La découverte principale de ce rapport est le soutien unanime de la société civile pour l'aboutissement des négociations sur le nucléaire et la levée des sanctions. Voici quelques chiffres qui ressortent avec cette étude :

• 71 % des interrogés attendent de ces accords des bénéfices économiques. Ils citent sans surprise l'augmentation des investissements et des revenus liés au pétrole, mais aussi une amélioration de l'emploi, de l'industrie, et de la croissance. Cependant, un cinquième de ces personnes pensent que ces bénéfices pourraient ne pas toucher les Iraniens ordinaires, compte tenu de la mauvaise gestion du gouvernement.

• 25% des interrogés pensent que les éventuels gains économiques ne bénéficieraient qu'aux sphères les plus hautes de la société et aux gens proches du pouvoir, compte tenu de la corruption exponentielle et bien ancrée, et le manque d'autorité de l'administration pour affronter des centres de pouvoir rivaux.

• 61%  des interrogés pensent qu'un accord augmenterait les chances d'atteindre des réformes politiques et culturelles, avançant que l'administration serait alors en mesure de se pencher sur de telles questions et que son pouvoir politique ainsi que sa capacité à promulguer des réformes seraient renforcés.

• 36% des interrogés n'attendent aucune amélioration ni en politique, ni sur les libertés. Certains citent le manque de pouvoir et d'autorité de l'administration Rouhani, notamment vis-à-vis des branches législatives et judiciaires, et du Guide Suprême iranien, Ali Khamenei. D'autres mettent en doute la volonté de l'administration Rouhani d'impulser des réformes, notant ses efforts très minimes, même dans les sphères qui sont sous son contrôle direct.