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L'Europe négocie avec la Turquie sa fermeture aux réfugiés

jeudi 17 mars 2016 à 23:49
Campo de refugiados en Turquía. Foto de Syria Freedom en ebc.com, con licencia Creative Commons CC BY 3.0 BR

Un camp de réfugiés en Turquie. Photo de Syria Freedom sur ebc.com, licence Creative Commons CC BY 3.0 BR.

Les autorités européennes et turques réunies à Bruxelles ont conclu le 8 mars un arrangement aux termes duquel l'Union Européenne (UE) pourra renvoyer en Turquie tous les nouveaux demandeurs d'asile arrivant dans les îles grecques. Selon le pré-accord, l'Europe s'engage à admettre un réfugié syrien des camps turcs pour chaque demandeur d'asile renvoyé en Turquie. Les réfugiés de pays comme l'Irak ou l'Afghanistan qui atteignent l'Europe par la même voie ne sont pas concernés par l'arrangement et ne pourront pas demander l'asile dans l'UE.

L'Europe ferme ainsi ses portes à tout réfugié qui ne serait pas Syrien, et les Syriens eux-mêmes seront soumis à des quotas. En pratique, l'UE va procéder à des expulsions “à chaud”, c'est-à-dire sans donner aux réfugiés potentiels la moindre possibilité de déposer une demande individuelle d'asile.

Les autorités européennes prétendent ainsi soulager la Grèce, débordée par l'afflux des réfugiés venant des côtes turques. Un rapport du Haut Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés (UNHCR) décrit la “crise humanitaire imminente” dans le camp de réfugiés d'Idomeni en Grèce, où le froid et la pluie exacerbent les souffrances de milliers de personnes :

Les conditions de surpeuplement conduisent à des pénuries de nourriture, d'abris, d'eau et au débordement des systèmes d'assainissement. Les tensions augmentent, ce qui alimente la violence et fait le jeu des passeurs.

En contrepartie du retour forcé des réfugiés, l’UE s'engage à verser à la Turquie une aide financière dont le montant reste à déterminer, destinée à l'entretien des 2,7 millions de réfugiés qu'elle héberge à l'intérieur de ses frontières. De même, l'UE cessera à partir de juin 2016 d'exiger un visa d'entrée des ressortissants turcs, et ouvrira de nouveaux “chapitres” dans les négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE.

De nombreuses organisations de défense des droits humains questionnent la légalité de cet accord. L'action sociale de l'Eglise catholique d'Espagne [Caritas] a publié un communiqué de presse (en espagnol, repris en plusieurs langues par Caritas Europe) déplorant que “l'image d'une Europe pour la classe marchande réapparaît comme une conclusion scandaleuse à la longue série de mesures désordonnées, déroutantes et répressives adoptées ces derniers mois contre les réfugiés aux frontières orientales” :

Una niña intenta entrar en calor a su llegada a las costas griegas tras un peligroso viaje en una patera sobrecargada, 15 de agosto de 2015. Foto de Freedom House en Flickr, de dominio público

Un enfant essaie de se réchauffer sur la côte grecque après une dangereuse traversée sur un canot surchargé. 15 août 2015. Photo Freedom House sur Flickr, domaine public

El acuerdo adoptado con Turquía viola los convenios internacionales y europeos ratificados por los Estados miembros que prohíben expresamente la devolución de personas que son objeto de persecución o víctimas de guerra. (…) Además, supondrá un incremento mayor si cabe del inmenso saldo de sufrimiento, dolor y muerte por parte de quienes siguen arriesgando cada día sus vidas mientras buscan bienestar, seguridad y protección a las puertas de Europa.

L'accord adopté avec la Turquie viole les conventions internationales et européennes ratifiées par les Etats membres, qui interdisent expressément de refouler des personnes qui sont l'objet de persécution ou victimes de guerres…. De plus, cela fera encore augmenter, si c'est possible, l'immense quantité de souffrance, de douleur et de mort de ceux qui chaque jour risquent leurs vies en quête de bien-être, de sécurité et de protection aux portes de l'Europe.

Vincent Cochetel, directeur de l'UNHCR pour l'Europe, a déclaré dans un entretien :

L'expulsion collective d'étrangers est interdite par la Convention Européenne des Droits de l'Homme. Un arrangement qui équivaudrait à un renvoi dans un pays tiers n'est pas conforme au droit européen, ni au droit international.

L'organisation de défense des enfants Save the Children a exprimé ses inquiétudes sur la direction prise par les pays européens :

La préoccupation de l'Europe se limite à garder ses frontières extérieures et à contenir les gens à l'intérieur de la Turquie –  privant les personnes vulnérables et les enfants fuyant la guerre et la persécution d'une possibilité d'asile en Europe, en violation du droit international et du droit des réfugiés.

Iverna McGowan, directrice du bureau d'Amnesty International auprès des institutions européennes, a mis en garde que selon les dirigeants européens, le renvoi des réfugiés “serait possible selon la loi européenne dès lors que la Turquie [serait] désignée ‘pays sûr'”. Elle exprime ses doutes sur la sécurité offerte aux réfugiés par la Turquie :

La Turquie a renvoyé de force des réfugiés en Syrie, et de nombreux réfugiés y vivent dans des conditions inacceptables sans hébergement adéquat. Des centaines de milliers d'enfants n'ont accès à aucun enseignement formel. Même avec l'imagination la plus débordante, la Turquie ne saurait être considérée comme un ‘pays tiers sûr’ à qui l'UE peut confortablement sous-traiter ses obligations.

Emigrantes y refugiados intentan protegerse de la lluvia mientras esperan para cruzar la frontera entre Grecia y Macedonia en Idomeni, 10 de Septiembre de 2015. Foto de Freedom House en Flickr, de dominio público

Migrants et réfugiés essaient de se protéger de la pluie en attendant de pouvoir traverser la frontière gréco-macédonienne à Idomeni, 10 septembre 2015. Photo Freedom House sur Flickr, domaine public.

Les internautes eux aussi fustigent la décision de l'UE. Comme l'écrit le journaliste Íñigo Sáenz de Ugarte dans son article intitulé “L'effondrement de l'Europe” :

Es el triunfo de las posiciones xenófobas y racistas de varios gobiernos de Europa del Este, aunque estos no hayan conseguido todo lo que pretendían.

(…) la UE ha optado por convertir a Grecia en un inmenso campo de internamiento y poner en marcha un proceso por el que los que no tengan el derecho a ser acogidos sean devueltos a Turquía. Y para ello, ha firmado un pacto con el diablo al hacer varios regalos al Gobierno turco, embarcado en una deriva autoritaria y represiva del mismo tipo que los países europeos denuncian en otras zonas del mundo.

C'est le triomphe des positions xénophobes et racistes de différents gouvernements d'Europe de l'Est, même si ceux-ci n'ont pas atteint toutes leurs prétentions.

…L'UE a décidé de convertir la Grèce en un immense camp d'internement et de mettre en marche un processus par lequel ceux qui n'auront pas le droit d'être accueillis seront renvoyés en Turquie. Et à cette fin, elle a signé un pacte avec le diable assorti de divers cadeaux au gouvernement turc, embarqué dans la même dérive autoritaire et répressive que celle que dénoncent les pays européens dans d'autres parties du monde.

Le journaliste et correspondant de guerre Ramón Lobo a exprimé une opinion similaire dans son éditorial sur InfoLibre :

Ganan Marine Le Pen, Viktor Orban y Pergida; gana la Europa xenófoba. (…) Hay un tufo antidemocrático, y por qué no decirlo, fascistoide, en muchas de las cosas que se dicen y hacen, en las justificaciones para expulsar refugiados como si fueran ellos los que violan la ley cuando la ley la violamos nosotros al impedir el refugio a los perseguidos por la guerra.

Marine Le Pen [France], Viktor Orban [Hongrie] et Pegida [mouvement d'extrême-droite allemand] l'emportent, l'Europe xénophobe l'emporte…. Il y a un relent anti-démocratique, et pourquoi ne pas le dire, fasciste, dans beaucoup de ce qui se dit et se fait, dans les justifications pour expulser les réfugiés comme si c'était eux qui violent la loi alors que c'est nous qui la violons en refusant l'asile à ceux qui fuient la guerre.

Sur Twitter, beaucoup d'internautes ont aussi dit leur indignation :

Ce qui détruit les valeurs européennes, ce n'est pas quelques miliers de réfugiés, mais la cruauté avec laquelle nous les traitons.

C'est sûr. Le châtiment de l'Histoire n'aura pas de circonstances atténuantes. Idomeni.

L'Europe est une association d'entreprises qui n'a pas à se préoccuper des réfugiés et de ces bricoles sans incidence sur la Bourse.

Les négociations se poursuivent, et il reste à savoir si les responsables politiques européens s'inclineront devant la pression et reviendront sur les dispositions apparemment illégales de l'accord avant la clôture des négociations le 18 mars.

#WhereisBassel (où est Bassel): le technologue syrien emprisonné est toujours porté disparu

jeudi 17 mars 2016 à 12:58
#WhereisBassel campaign image, for wide distribution.

Visuel de la campagne #WhereisBassel, à diffuser largement.

Les amis et défenseurs de Bassel Khartabil, développeur palestino-syrien de sites web et partisan des logiciels open source, relancent une campagne pour demander où il se trouve exactement. En octobre 2015, le technologue, connu aussi sous le nom de Bassel Safadi, a été déplacé de la prison civile Adra bien connue à Damas vers un lieu inconnu.

Dans le monde entier, ses défenseurs demandent à être informés sur lieu où il se trouve et sur sa sécurité. Des manifestations sont organisées dans plusieurs villes européennes et américaines le 19 mars 2016.

Khartabi, qui a passé 4 ans en prison avant sa disparition, est à l'origine de Creative Commons en Syrie et a travaillé activement sur des projets tels que Mozilla Firefox et Wikipedia avant sa détention en 2012. On lui doit l'ouverture de la Syrie à l'internet et le développement de l'accès en ligne et de l'information du public. Selon le Parlement Européen, sa détention démontre la volonté du gouvernement syrien de réduire l'accès en ligne pour les communautés et d'étouffer la liberté d'expression dans le pays.

Dans les médias sociaux, Creative Commons est le premier à demander où se trouve Khartabil:

Le 19 mars, aidez-nous à mobiliser l'attention sur la disparition de Bassel Khartabil

Sur cettee vidéo, Jimmy Wales, le fondateur de Wikipedia, appelle à une manifestation générale le 19 mars à l'occasion de la campagne #WhereisBassel (où est Bassel):

Sur freebassel.com, un site créé par les défenseurs de Khartabil, Wales explique:

Aujourd'hui 15 mars, c'est un anniversaire important pour deux raisons. Pour le monde, c'est le 5ème anniversaire du début du conflit syrien. Pour moi personnellement, et pour tous ceux qui défendent le mouvement Wikipedia et le mouvement open source, c'est le 4ème anniversaire de la détention de Bassel en Syrie. Pendant 4 jours, nous allons organiser des manifestations dans de nombreuses villes du monde. Vous en trouverez la liste sur le site. La vrai question que nous souhaitons poser au monde, le message que nous voulons que vous fassiez passer à vos amis, familles, aux médias partout est le suivant: “Où est Bassel? Nous devons savoir ce qu'il est arrivé à Bassel.”

Les manifestants sont incités à découper un portrait de Khartabil en taille réelle, à le coller sur du carton pour poser avec lui et prendre un selfie.

Rejoignez la campagne globale de selfies #WhereIsBassel le 19 mars!

Confirmation de la manifestation à Londres, MARBLE ARCH le 19/03 à 14h

Où qu'ils soient les défenseurs de Bassel peuvent exprimer leur soutien:

On vous demande de manifester dans vos villes, vos bureaux, etc…

Trouvez une photo de Bassel, découpez-la et prenez un selfie avec sa photo, puis téléchargez le sur les médias sociaux sous #WhereIsBassel

Khartabil a été arrêté le 15 mars 2012, le jour du premier anniversaire du début de la révolution syrienne. Il a été interrogé et torturé pendant 5 jours par la Section Militaire 215. Il a ensuite été transféré à la Division des Interrogatoires Section 248 et détenu au secret pendant 9 mois.

Rejoignez une manifestation #WhereisBassel

London: Marble Arch à 14h
Paris: Centre Georges Pompidou à 14h
Berlin: Alexanderplatz Berlin à 14h
San Francisco: Music Concourse, Golden Gate Park à midi
Boston: Copley Square à 15h

Le 9 décembre 2012, Khartabil il a été déféré devant un procureur militaire sans avoir droit à un avocat et condamné pour “espionnage pour le compte d'un ennemi de l'Etat”. Il a ensuite été envoyé à la prison de Adra, où il était détenu jusqu'à sa disparition le 4 octobre 2015.

Le 12 novembre 2015, Noura Ghazi, la femme de Khartabil, a rapporté une rumeur selon laquelle son mari avait été condamné à mort à huis clos par le gouvernement syrien. Cette information n'a jamais été confirmée et ses proches considèrent qu'il s'agit d'une tactique d'intimidation.

Depuis, ses amis et défenseurs ne cessent demander #WhereisBassel (où est Bassel) et s'interrogent sur ce qui s'est passé au cours de ces 5 mois qui ont suivi sa disparition.

Donatella, responsable italienne d'une communauté Creative Common, demande:

Aujourd'hui marque la 4ème année d'emprisonnement pour Bassel et le 5ème mois depuis sa disparition de la prison d'Adra en Syrie. Nous demandons où est Bassel

De San Francisco, Niki Korth, artiste et défenseur de Bassel, tweete:

4 ans aujourd'hui que Bassel nous manque sur les conversations publiques. Ses remarques constructives nous manquent

De plus, elle partage cet outil qui permet de partager les tweets de Khartabi. Elle explique:

Ce site est un cadre qui utilise les archives publiques des tweets de Bassel pour lui redonner une place dans les échanges actuels. En lisant, citant et partageant ses paroles passées, nous le rendons présent aujourd'hui, et nous travaillons pour un avenir où il sera libre et où ce site n'aura plus de raison d'être.

Au Liban Mohammad Najam, un ami de Khartabil qui se bat pour qu'il retrouve la liberté, partage cette pétition. Najem écrit:

Samedi 19 mars, la campagne LIBEREZBASSEL s'associe à la Fondation Jimmy Wales pour la liberté d'expression afin de créer une journée de sensibilisation #WhereIsBassel (où est Bassel). Nous demandons aux défenseurs et amis de Bassel de fabriquer des masques de Bassel et de se prendre en selfies à partager en ligne. On peut imprimer des masques et partager les selfies sur la page Facebook https://www.facebook.com/events/199940690370370/. Et n'oubliez pas de partager sur Twitter sous le hashtag #WhereIsBassel.

Pour en savoir plus ou soutenir Bassel, participer à un évènement public, rendez vous sur le site freebassel.org ou tweetez l'image ci-dessus à l'aide du hashtag #WhereisBassel.

Les Syriens marquent les cinq ans de la révolution par des manifestations

mercredi 16 mars 2016 à 13:12
"3.7m #childrenofsyria under 5 have known nothing but a lifetime shaped by war," tweets @UNICEF.

“3,7 millions d’ #enfantsde syrie de moins de 5 ans n'ont connu que la guerre dans leur vie,” tweete @UNICEF.

Il y a cinq ans commençait la révolution syrienne, devenue une sanglante guerre civile qui a coûté, selon les estimations, la vie à au moins 250.000 personnes.

Si le nombre de ceux et celles qui ont été tués depuis le début de la contestation en Syrie est disputé, l’Observatoire syrien des Droits de l'Homme indique que les cinq années du conflit syrien ont fait plus de 270.000 morts. L'observatoire fournit d'autres chiffres hallucinants du bilan à ce jour pour les Syriens de cette révolution devenue guerre civile : 2 millions de blessés dont beaucoup devenus invalides à vie, et 11 millions de Syriens déplacés internes ou contraints à fuir leur pays dévasté par la guerre.

Cette vidéo de la première manifestation qui a eu lieu à Damas le 15 mars 2011 montre une foule qui défile en scandant “Où êtes-vous Syriens ?” lors d'un rassemblement, pour encourager plus de protestataires à manifester contre le régime de Bachar Al Assad, qui leur a répondu, au fil du temps] avec balles, barils d'explosifs, artillerie, bombardements aériens et attaques chimoiques.

Le narrateur explique que ceci était la première manifestation anti-régime et que des Syriens de toutes confessions, y compris Sunnites et Alaouites, y participaient. On entend aussi les manifestants scander : “Allah, Syrie, et seulement la liberté !” et “Paix ! Paix !” pour marquer qu'ils veulent une révolution pacifique. Mais cela ne devait pas être. Tandis que les manifestations échappaient au contrôle du régime, des djihadistes du monde entier, financés par les pétro-monarchies du Golfe, se sont levés pour protéger leurs frères sunnites contre l'offensive des maîtres alaouites de Damas. Ces combattants formèrent le noyau de ce qui allait devenir l'EI, qui s'est taillé un califat islamique sur des territoires de la Syrie et de l'Irak. En même temps, l'Iran et la milice libanaise du Hezbollah se portèrent à la rescousse du régime Assad, suivis par les Russes, qui viennent d'annoncer hier le retrait de leurs troupes terrestres tout en continuant les frappes aériennes.

Amnesty International tweete ces infographies pour illustrer le prix payé par les Syriens :

Un Syrien fuit son domicile toutes les 20 secondes

Cinq personnes sont tuées chaque heure en Syrie

35 personnes disparaissent en Syrie chaque jour

Un Syrien sur trois vit sous le seuil de pauvreté

Selon le Programme Alimentaire Mondial :

Les armes chimiques utilisées 161 fois :

L'Unicef partage ce dessin poignant d'un petit garçon syrien qui décrit sa détresse et celle de son peuple :

En 5 ans, 306.000 enfants syriens nés réfugiés

L'anniversaire de hier est marqué sur les réseaux sociaux avec le mot-dièse #withSyria (‘avec la Syrie’), qui encourage les sympathisants de cette campagne à se photographier les mains croisées dessinant la colombe de la paix.

L'ex-Secrétaire d'Etat américaine Madeleine Albright elle-même a suivi le mouvement :

Aujourd'hui, la tragédie des Syriens a cinq ans. Ils méritent notre protection et notre solidarité. Je suis #aveclaSyrie.

D'autres utilisent le mot-dièse #FIVEyears (‘CINQans’) pour exiger la fin de la guerre en Syrie :

Quant aux Syriens, ils sont de retour dans la rue pour se réapproprier leur pays et leur révolution. Le militant Hadi Al Abdallah partage cette photo prise hier à Kafranbel :

Ce n'est pas une guerre civile. Ce n'est pas une crise. Ce n'est pas un conflit. C'est une révolution !

Kafranbel, une petite ville syrienne du gouvernorat d'Idlib, a reçu une large couverture médiatique dès les débuts de la révolution, grâce aux photos et vidéos transmises par ses militants, de révolutionnaires portant des banderoles, comme celle ci-dessus s'adressant au monde.

Voici davantage de photos de Syriens manifestant à travers le pays pour marquer le cinquième anniversaire de leur révolution :

La révolution continue en Syrie manifestations contre Assad, chaque photo est prise dans une ville différente.

Les Libanais de ‘Vous puez’ à nouveau dans les rues

mardi 15 mars 2016 à 22:10
Lebanese protesters are back on the streets of Beirut calling for a solution to the country's mounting garbage problem. Photo credit @monajem via Twitter

Les manifestants sont de retour dans les rues de Beyrouth pour exiger une solution à la crise montante des ordures au Liban. Crédit photo @monajem via Twitter

Des milliers de Libanais étaient de retour dans les rues de Beyrouth samedi pour réclamer une solution à l'interminable crise des ordures dans leur pays.

Il y a huit mois, le mouvement non religieux Tol3et Re7atkom (Vous Puez) qui exige une “solution durable au problème du traitement des ordures au Liban” a lancé des manifestations auxquelles ont participé des milliers de gens dans tout le pays. Le 17 juillet, la plus grande décharge du Liban a été fermée, et les détritus ont commencé à s'amonceler à travers Beyrouth dans l'indifférence des services publics. Ordures et chaleur estivale ne font pas bon ménage, et à mesure que les sacs-poubelles continuaient à s'empiler le long des rues de Beyrouth, les odeurs pestilentielles ont empoisonné l'air et agressé les narines des Libanais.

Sur sa page Facebook, le groupe a publié cette vidéo parodique qui moque la route touristique du Liban en déroulant la superbe nature libanaise sur fond de tas d'ordures. Le contributeur de Global Voices Joey Ayoub tweete la vidéo :

Vidéo parodique publiée par les militants de VousPuez au Liban, qui envoie un dernier avertissement au gouvernement. (30 premières secondes)

Commentant la vidéo, le mouvement Vous Puez écrit :

La vidéo du grand scandale.. Une parodie sans concession de la récente campagne promotionnelle du Ministère libanais du Tourisme “Au-dessus du Liban”. Une vidéo qui montre la brutale réalité que les corrompus au pouvoir ne veulent pas que nous voyions.. “Dernier avertissement” Samedi 12 mars à 16h, place Sassine, Vous_puez et vous nous tuez..

Et c'était bien un dernier avertissement. Des milliers de Libanais de tous horizons se sont joints aux contestataires pour faire entendre leurs voix, et manifester non seulement contre l'(in)action des autorités face à la crise des ordures, mais aussi contre leur corruption. Le contributeur de Global Voices Mohamad Najem partage cette vidéo de la manifestation du 12 mars :

L'absence depuis 8 mois de solution apportée par le gouvernement à la crise des ordures a conduit à de nouvelles manifestations à Beyrouth. Ils sont des milliers ici

Rima Moussaoui partage cette photo :

En ce moment à Beyrouth Mouvement anti-corruption

Bassem Mroue dit que la manifestation se poursuit jusqu'à la tombée de la nuit :

On manifeste à Beyrouth encore après le coucher du soleil

Habib Battah partage une photo de Nabih Bulos montrant que les manifestants ne plaisantent pas :

Vous savez qu'ils resteront tard quand le marchand de glaces arrive.

Bulos ajoute que les protestataires appellent à une grève générale à partir de lundi :

Le mouvement Vous Puez appelle à la grève générale à dater de lundi Parlement libanais

Affaire à suivre.

Amazonie extrême : Le Rio Tapajós s'ensable et meurt de la surpêche

mardi 15 mars 2016 à 17:55
Seca no rio TapajÛs na regi„o de SantarÈm e Alter do Ch„o. FLAVIO FORNER/XIB…/INFOAMAZONIA

Sécheresse du rio Tapajós dans la région de Santarém et Alter do Chão. Photo: Flávio Forner/Infoamazonia

Ceci est la quatrième (et dernière) partie du reportage sur l’ “Amazonie extrême” (texte de Camila Fróis et photos de Flávio Forner) réalisé par InfoAmazônia, publié ici dans le cadre d'un accord de partage de contenus. Lire la première, la deuxième et la troisième parties.

Edinelson Fonseca, 62 ans, est né et a grandi à Jamaraquá. Assis sur la plage, il contemple le fleuve au loin et conte avec nostalgie l'histoire d'une époque où les températures étaient plus fraîches, les arbres étaient chargés de fruits et les rivières regorgeaient de poissons :

“Aujourd’hui, les poissons meurent dans les lacs car l'eau est trop chaude. Et si on veut pêcher ici dans le fleuve, on peut passer toute une matinée à ne prendre qu'un gardon…ou pire, rien du tout. Il y a de gros bateaux qui viennent de Belem et qui prennent tout. Ils ont des filets à mailles très fines et ramassent tout ce qu'ils trouvent devant eux”, nous explique Edinelson. Les récits sont identiques dans toutes les communautés, ils font le portrait d'un forêt qui brûle et agonise parmi des fleuves qui se vident. Pour Antônio Nobre, le moment est venu de se mobiliser, d'entrer en guerre pour protéger un lieu unique et irremplaçable que la planète a mis 50 millions d'années à fabriquer.

Le Rio Tapajós traverse deux zones protégées : la forêt nationale du Tapajós et la réserve d'extraction de Tapajós-Arapinus, qui se trouve sur la berge opposée, mais ne bénéficie d'aucune protection particulière.

Ce manque de protection rend possible l'activité de grosses unités de pêche commerciale, des bateaux frigorifiques de grande taille pouvant transporter jusqu'à 30 tonnes de poissons. Cette activité a, selon les riverains, rendu le poisson extrêmement rare. Beaucoup d'entre eux ont abandonné la pêche et partent acheter leur nourriture sur les marchés des villes. Pour Patrícia Pinho, il est maintenant fréquent dans la région de constater dans l'alimentation le remplacement du poisson par du poulet congelé de basse qualité, avec des risques de contaminations du fait de cycles de décongélations / recongélations dans les petites communautés qui n'ont pas ou peu d'énergie électrique à disposition.

Comme le fleuve n'est pas protégé, l'activité de ces bateaux frigorifiques n'est pas illégale. Le problème, selon les riverains, c'est que ces bateaux de Bélem et d'ailleurs font du chalutage entre deux bateaux qui tendent un filet entre eux et remontent le fleuve en ramassant tous les poissons quelle que soit leur taille, et ceci est interdit dans l'Etat du Pará depuis1994.