PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

De combien les chemins de fer macédoniens se sont-ils enrichis aux dépens des réfugiés en 2015-2016 ?

jeudi 15 juin 2017 à 09:18

Des réfugiés montent dans un train à Gevgelija, en Macédoine, le 23 février 2016. Photo Robert Atanasovski, utilisée avec autorisation.

Au long des années 2015 et 2016, les chemins de fer macédoniens, propriété de l’État, ont fait payer les réfugiés qui traversaient le pays fuyant les guerres, conflits, persécutions, et autres injustices, cinq fois le prix normal d'un billet. Une pratique largement vilipendée en ce qu'elle tirait profit d'une population vulnérable.

Revenons en juin 2017, lorsque les cheminots macédoniens se sont mis en grève pour réclamer leurs salaires non payés d'avril et mai. Une grève qui paralysa les transports intérieurs et prit fin après seulement une journée, quand le nouveau gouvernement accepta de satisfaire leurs revendications.

L'épisode a amené des Macédoniens à s'interroger sur le montant des bénéfices tirés par les chemins de fer et d'autres entreprises publiques de l’afflux de réfugiés et migrants, et la destination de cet argent. Les journalistes en quête de comptes ont peiné à découvrir la vérité, puisque les services du Trésor Public ont refusé de divulguer les détails.

Près de 900.000 personnes ont emprunté ce qu'on a appelé la route des Balkans pour transiter depuis le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord vers l'Europe occidentale en 2015 et 2016. Rien que de juillet à septembre 2015, plus de 300.000 d'entre eux ont traversé la Macédoine sur leur chemin de la Grèce vers des pays perçus comme plus accueillants, comme l'Allemagne.

Quand le flux des réfugiés et autres migrants a enflé à la mi-2015, le gouvernement macédonien a mis en place des trains spéciaux. Les réfugiés traversaient à pied la frontière grecque, y étaient contrôlés, montaient dans le train à Gevgelija pour en descendre à Tabanovce, à proximité de la frontière serbe, qu'ils traversaient également à pied. Cette vidéo de la Croix Rouge donne un aperçu de la situation à l'époque.

Ces trains étaient aussi spéciaux par leur tarif : l'entreprise publique des Chemins de fer macédoniens augmenta le prix du billet, des cinq euros habituels à 25 euros, pour leurs passagers, qui ne pouvaient pas opter pour un autre moyen autorisé de transport. De fait, les Macédoniens aidant les réfugiés à traverser le pays encouraient des charges de trafic d'êtres humains. Voilà comment une réfugiée syrienne décrivait sa traversée de la Macédoine par les moyens autorisés :

Nous avons payé 25 euros par personne pour monter dans un vieux tas de détritus qu'ils appelaient un train. La saleté et l'odeur étaient indescriptibles. Quand tout le monde a été entassé, il s'est mis en branle comme s'il marchait sur des oeufs. C'est ce qu'on dit en Syrie de ce qui va lentement. Mais j'ai fini par arriver à la frontière serbe.

Les compagnies de chemins de fer propriété de l'Etat macédonien souffraient de difficultés financières chroniques du fait de mauvaise gestion alléguée. Elles fonctionnaient à perte depuis plus de quatre ans, avec des pertes cumulées de 27,6 millions d'euros pour la partie trafic, et de plus de 30 millions d'euros pour la partie infrastructures.

D'où apparemment les médiocres conditions de travail pour les personnels des chemins de fer, et leur plainte d'être sous-payés et contraints à travailler pendant des mois sans toucher leurs salaires, qui a culminé avec la grève de juin des conducteurs.

Le grand photojournaliste macédonien Robert Atanasovski a mis en rapport la crise des réfugiés et la situation apparemment désastreuse de l'entreprise nationale de chemins de fer en publiant, le 5 juin 2017, une photo sur Facebook (présentée en tête du présent article) assortie de ce commentaire :

Мислам дека нема фела како железничариве што ги мразам повеќе. Ги гледав пред мене една година како ги пунат возовите со луѓе небаре се стока и плус им наплаќаа за тоа по 25 евра вклучувајќи го и човекот на сликата. Со 25 евра ќе отидеш до Барцелона со Визер а не со скапан воз до Табановце. Имаше денови кога поминуваа по 10000 луѓе на граница и на сите (освен на мали деца) им наплаќаа карти… Сега сакаат да штрајкуваат дека немаат плати. Каде се парите маме ви ебам лоповско.

J'ai fini par prendre en horreur les employés du chemin de fer. Je les ai regardés pendant un an remplir les trains avec les gens comme s'ils étaient du bétail, et en plus de ça ils leur faisaient payer 25 euros le billet, même l'homme [en chaise roulante] sur la photo. Avec 25 euros on peut acheter un billet d'avion pas cher de Skopje à Barcelone avec WizzAir, alors train pourri pour Tabanovce ! Certains jours, plus de 10.000 êtres humains franchissaient la frontière, et chacun (sauf les jeunes enfants) devait acheter les billets… Et maintenant ils veulent faire grève parce qu'ils n'ont pas leurs salaires. Où est passé l'argent, foutus voleurs ?!

Le Médiateur macédonien et les organisations de défense des droits humains ont déjà réclamé un audit du fonctionnement et des recettes des compagnies de chemin de fer par rapport à des soupçons de violation de la Convention et du Protocole des Nations Unies relatifs au statut des réfugiés.

Quelques jours après la grève, les services du Trésor Public ont refusé de divulguer l'information aux journalistes qui enquêtent, disant que les chiffres des bénéfices des sociétés publiques de chemin de fer sont confidentiels en tant que “secret fiscal”.

A l'apogée de la crise, l'exploitation des souffrances des migrants et réfugiés par les citoyens ordinaires finit par scandaliser l'opinion macédonienne. Avant la mise en place du train spécial, des habitants des agglomérations proches de la frontière grecques vendaient aux personnes de passage des bicyclettes à des prix extravagants. Le long du chemin, certains revendaient de la nourriture et des boissons plusieurs fois plus chères que dans les magasins, ou encore demandaient un prix abusif de deux euros pour recharger les téléphones portables ou utiliser des toilettes. Dans la vidéo ci-après, un homme qui traversait la région explique : “Ces gens sont très pauvres, ils veulent travailler. Ils prennent de l'argent aux gens…”

D'un autre côté, de nombreux autres Macédoniens ont mis de leur poche pour aider les réfugiés et migrants, pour finir par former un mouvement humanitaire balbutiant. Global Voices a publié le témoignage de la bénévole applaudie Lenče Zdravkin, tandis que des organisations de la société civile comme le Comité Helsinki macédonien et Legis publient des rapports réguliers en anglais sur leur action.

Turquie : les sites miroirs redonnent accès à Wikipédia aux utilisateurs

mercredi 14 juin 2017 à 18:12

La page anglaise de Wikipédia le 18 janvier 2012, en noir à l'international pour illustrer l'opposition au projet de réglementation du droit d'auteur par SOPA et PIPA aux États-Unis. Créé par Wikipédia (CC BY-SA 3.0)

Cela fait maintenant plus d'un mois que les autorités turques ont bloqué l'accès à Wikipédia, la populaire encyclopédie libre et collective. Plus les jours passent et plus il devient évident que cette plateforme joue un rôle crucial en permettant aux utilisateurs de trouver et de partager des informations fiables en ligne.

Étudiants, journalistes et fans de séries TV sontmis en difficultés par ce blocage. Les férus turcs de la technologie ont certes l'habitude d'utiliser des outils de contournement pour accéder à du contenu bloqué ; un récent article du New York Times rapporte d'ailleurs que la Turquie se classe au troisième rang mondial en termes d'utilisation de VPN. Mais malheureusement, la plupart des utilisateurs de Wikipédia ne tombent pas dans cette catégorie.

Pour autant, comme le précise un rapport récent du Centre Berkman pour l'Internet et la Société de l'université de Harvard, la Turquie bloque des articles de Wikipédia depuis 2008 déjà. Et ces blocages ne représentent que la continuation de la censure classique d'Internet depuis 2007, année de l'entrée en vigueur de la loi n° 5651 relative à Internet. Ainsi, avec cette censure à grande échelle, la Turquie devient le deuxième pays après la Chine à bloquer Wikipédia.

Alors que la plateforme est toujours bloquée, plusieurs sites miroirs ont émergé. Ils sont conçus pour reproduire le contenu de Wikipédia et sont mis à jour en continu. Ce genre de solution est possible grâce à l’IPFS (à l'origine du système de fichier inter-planétaire), qui a téléchargé tout le contenu du Wikipédia turc sur son réseau décentralisé, qui dispose d'un système pair à pair et ne reposant pas sur le nom de domaine, ce qui rend la censure particulièrement ardue. Le contenu est ainsi désormais accessible, ce malgré le blocage du gouvernement.

Dans l’un des articles de son blog, IPFS justifie son action :

Apprendre le blocage de Wikipédia nous a redonné de la motivation concernant la sauvegarde de Wikipédia sur l'IPFS. Notre but est de permettre aux gens de le consulter de manière décentralisée. Ainsi, les utilisateurs peuvent voir le contenu de Wikipédia, sans avoir à se rendre sur le site en tant que tel (wikipedia.org).

IPFS précise également que cette démarche ne s'est pas faite en accord avec la Wikimedia Foundation et qu'ils n'ont mis en ligne que des captures d'écran, c'est-à-dire aucune version réelle ou dynamique du site.

Pour autant, Wikimedia a fourni son aide pour contourner le blocage. Cristian Consonni de Wikimedia Italie a ainsi créé un site miroir de Wikipédia, tr.vikiansiklopedi.org, et un projet open source, WikiMirror, que tout le monde peut utiliser pour héberger des sites miroirs similaires en cas de censure de Wikipédia.

M. Consonni s'est exprimé sur la réplication de Wikipédia à un contributeur de Global Voices et à un catalyseur de l'Asia Community de chez Mozilla Subhashish Panigrahi, lors d'un podcast de Panigrahi, intitulé Open Speaks (discours libres). Ci-dessous, un extrait de cette interview :

Ce n'est pas une copie, un proxy ou un miroir à part entière. On accède au contenu via une URL différente de celle habituelle et ce que l'on voit est extrait de Wikipédia. Dans l'essentiel, le serveur redirige une requête vers le vrai Wikipédia. Ainsi, il est impossible de savoir si on se trouve en Turquie où Wikipédia est bloqué, car cette redirection est effectuée par un serveur qui n'est pas turc. La réplication est l'une des solutions les plus simples pour rendre le contenu de Wikipédia accessible.

Le massacre de Thiaroye en 1944, un épisode honteux de la période coloniale française en Afrique

mercredi 14 juin 2017 à 17:52

Capture d'écran du film Le Camp de Thiaroye

Le 1er décembre 1944, une tragédie sans nom s'est déroulé dans le camp militaire de Thiaroye, un petit village dans la banlieue de Dakar,  qui a causé la mort de 35 tirailleurs sénégalais selon la version officielle (plus de 300 morts selon d'autres témoignages), fusillés par les troupes coloniales pour avoir manifesté pour le paiement de leurs indemnités de guerre.  Le grand public a découvert cette tragédie seulement en 1988 avec le film du cinéaste et écrivain sénégalais Sembène Ousmane intitulé Camp de Thiaroye produit par le Sénégal et l’Algérie en 1988. Ce massacre  est symptomatique du mépris de la part de la puissance coloniale française envers les soldats africains qui avaient combattu à leurs côtés pendant la 2ème guerre mondiale. Le film a d'ailleurs été interdit en France pendant 17 ans avant d'être disponible en DVD en 2005.

La page Facebook Massacre du 1er Décembre 1944 : CAMP DE THIAROYE créée pour honorer les victimes de ce massacre des tirailleurs africains par leurs camardes d'armes métropolitains avec qui ils avaient combattu l'ennemi nazi, rappelle le déroulement des faits:

Le 1er Décembre 1944, furent massacrés des soldats africains, libérateurs de la France par… la France. Ces soldats Africains, communément appelés ‘ ‘Tirailleurs Sénégalais’  ont commis un seul crime: celui d’ être Africains.

En effet, comment expliquer autrement l'assassinat dont ils ont été victimes?  Car ces Tirailleurs africains* , à qui on avait toujours répété que la France est la mère patrie, avaient pour la grande majorité, même si ils ont été pour la plupart recrutés de force, combattu avec conviction l'ennemi Nazi, dont ils sont finalement venu à bout. C'est donc fiers de leur victoire qu'ils ont été démobilisés et sont arrivés au camp de Thiaroye* au Sénégal, le 21 novembre 1944. Sur leur visage, se lisait le bonheur de retrouver enfin leurs familles, après quatre longues années d'absence, malgré le traumatisme de la guerre et la perte de leurs nombreux camarades morts au combat ou fusillés par les Nazis. Ils ne se doutèrent pas qu'ils ne reverront plus jamais les leurs, ou leurs pays, pour ceux originaires d'autres pays du continent. Ils sont au nombre de 1280, originaires de pays d'Afrique Occidentale Française.

Mais le 30 Novembre 1944, il y’ eut une révolte au camp de Thiaroye, suite à la réclamation de leurs arrièrés de solde et de leur prime de démobilisation, qu'on leur avait déjà refusés en France, avant leur retour en Afrique. Ils prirent le général Damian en otage donc. Le 1er Décembre 1944, le bataillon de Saint-Louis donne l'assaut de nuit, sans sommation, du camp désarmé. Il y eu une trentaine de survivants qui  furent condamnés à des peines allant de 1 à 10 ans, avec amende, et perte de leur indemnité de mobilisation. Ils ne furent libérés qu’ en 1947, par le président Français de l'époque Vincent Auriol, sans avoir été rétablis dans leur droits, et n'ont pas eu droit à une pension de retraite.

Avec un poème dédié aux victimes dès décembre 1944,  puis un article paru en juillet 1945 parue dans la revue Esprit, Léopold Sédar Senghor fut une des rares personnalités à dénoncer ce crime colonial. A contrario, l'administration francaise de l'époque essayera de minimiser la contribution de ces soldats pour ne pas payer ce qu'elle leur devait avant de les tuer. Le Comité de Vigilance face aux usages publics de l’histoire, dans une lettre relayant une Pétition adressée au Président François Hollande, démonte les mensonges de l'état et dénonce l'attitude des autorités françaises dans cette affaire:

Des droits spoliés.
Ces hommes qui s'étaient battus pour la France, ont réclamé le paiement de leurs soldes de captivité que les autorités militaires de Dakar avaient refusé de leur verser, enfreignant ainsi la réglementation en vigueur.
Cette spoliation fut couverte par le ministère de la Guerre qui a fait croire, par une circulaire datée du 4 décembre 1944 -donc postérieure au massacre-, que les rapatriés avaient perçu la totalité de leur solde avant leur embarquement en métropole.
Un massacre prémédité puis camouflé.
Dans le but de faire taire les légitimes revendications de ces hommes, une opération des forces armées destinée à écraser/réduire les rebelles a été montée. Pour camoufler le massacre, certains officiers ont produit des rapports à charge, et ont fabriqué de toute pièce l'histoire officielle d'une mutinerie. Dans ces rapports, les ex-prisonniers de guerre sont décrits comme étant à la solde des Allemands et lourdement armés. Afin de justifier la lourde riposte, ils sont accusés d'avoir tiré les premiers.
Pendant des décennies, la tentative d'effacer toutes les traces de ce massacre avait bien réussi au point que l'on ne sait même pas, 73 ans après les faits, combien de soldats furent massacrés ni où gisent le reste des victimes. Un article de Benoît Hopquin publié sur Le Monde culture et idées, 23 mars 2013  présente le combat de l’historienne Mme Armelle Mabon, maîtresse de conférences à l’université de Bretagne-Sud et spécialiste des prisonniers de guerre provenant des ex-colonies françaises, pour démasquer les mensonges de l'armée française et rétablir la vérité sur ce crime:

A partir de là, rien n’est clair, si ce n’est qu’une fusillade éclate peu après 9 heures. C’est ici que l’historienne doit se faire limier, tant les rapports sont litigieux. Le témoignage écrit du lieutenant-colonel Le Berre diverge ainsi de celui du chef de bataillon Le Treut, du capitaine Olivier, du colonel Carbillet, du général Dagnan, du lieutenant-colonel Siméoni, du lieutenant de gendarmerie Pontjean, du colonel Le Masle ou du général de Perier, qui diligentera une commission d’enquête en 1945. Certaines circulaires ou certains comptes rendus sont même introuvables. “Ils ont disparu”, explique l’historienne, qui a exploré les différents centres où sont conservés les documents de l’époque, en France, mais aussi au Sénégal.

Au fil des versions se développe l’idée d’une riposte à des tirs à la mitraillette ou au pistolet-mitrailleur venus des mutins. Le général Dagnan a fait établir à l’époque une liste des armes prétendument retrouvées. Armelle Mabon l’a fait examiner par des experts de l’Union française des amateurs d’armes. Rien ne tient dans cet inventaire ni ne justifie d’utiliser de tels moyens – un char, deux half-tracks, trois automitrailleuses – pour y répondre.

Officiellement, 35 tirailleurs furent tués ce 1er décembre, chiffre repris par François Hollande dans son discours à Dakar. Vingt-quatre seraient morts sur le coup et onze à l’hôpital. Mais le rapport du général Dagnan daté du 5 décembre fait état de “24 tués et 46 blessés transportés à l’hôpital et décédés par la suite“,soit 70 victimes. “Pourquoi aurait-il eu intérêt à alourdir le bilan ?”, demande l’historienne qui accrédite plutôt ce dernier chiffre.

À l'occasion d'un colloque organisé à l'Université de Bretagne Sud à Lorient du 27 au 29 novembre 2014, consacré aux massacres coloniaux, Mme Catherine Coquery-Vidrovitch, une historienne française, spécialiste de l'Afrique et professeure émérite de l'université Paris Diderot, a écrit sur le site du Comité de Vigilance face aux usages publics de l’histoire:

On ne sait toujours pas où ils furent enterrés, sans doute dans une fosse commune non loin ou dans le petit cimetière militaire oublié de Thiaroye. Jean Suret-Canale fut l’un des tout premiers à évoquer cet épisode dans le tome II de son Histoire générale de l’Afrique occidentale (1963). J’en entendis pour ma part parler vers la fin des années 1970 par des amis sénégalais qui en avaient une vague notion. Je partis à la recherche du cimetière que je finis par retrouver avec une certaine difficulté car plus personne ne savait où il se trouvait, dissimulé derrière un petit mur pas très loin de la route partant vers la petite côte (il est aujourd’hui restauré et bien entretenu).

En novembre 2014, par la voix de son Président, Hollande, la France a rendu hommage aux victimes de ce crime, mais elle n'a toujours pas présenté des excuses. Ce n'est que 70 ans après la fin de la deuxième guerre mondiale que la France a offert des facilitations aux tirailleurs sénégalais pour acquérir la nationalité française.
En Afrique même, il y a quelques initiatives pour les commémorer. Ainsi le Sénégal a institué une Journée des tirailleurs à la mémoire de tous les soldats qui ont participé aux guerres à coté de la France. Le thème de cette année a été Les évènements de Thiaroye : histoire et mémoireÀ Bamako, Mali, un monument a été spécifiquement dédié aux victimes de Thiaroye.

Le parlement russe veut interdire l'anonymat sur les applications de messagerie instantanée

mercredi 14 juin 2017 à 10:39

Photographie : Pixabay

Le Comité de l'information et des technologies de la Douma a approuvé un avant-projet de loi polémique qui vise à interdire l'anonymat sur les services de messagerie en ligne. Le comité de la Douma a proposé que l'avant-projet de loi soit considéré en première lecture, avant de retourner au comité pour procéder aux modifications éventuelles.

Le parlement n'a pas encore fixé de date pour un vote sur la première lecture du projet de loi. Si le Président Poutine adopte et signe le projet de loi, celui-ci pourrait prendre effet en début de l'année 2018.

Les députés ont présenté le projet le 24 mai. Cette loi obligerait les utilisateurs de services de messagerie à vérifier leur identité en utilisant leur numéro de téléphone et forcerait les opérateurs de téléphonie mobile à aider le gouvernement dans cette démarche.

La loi propose également une amende pour toute application de messagerie qui continuerait à permettre les échanges entre utilisateurs anonymes, et tout service ignorant les requêtes de la police de résilier l'accès à certains comptes anonymes spécifiques pourrait être bloqué par le censeur d'état de Russie.

Si elle est adoptée, la loi ne s'appliquerait qu'aux services de messagerie officiellement enregistrés avec le gouvernement en tant que « diffuseurs d'information. » Les applications populaires telles que WhatsApp et Telegram ne figurent pas encore sur les registres de l'état, mais des représentants ont laissé entendre que cela pourrait bientôt changer. Si celles-ci s'enregistrent officiellement en Russie, cette nouvelle interdiction de l'anonymat sur les services de messagerie pourrait bien perturber une industrie familiale de commentaire politique, où des dizaines de comptes anonymes sur des services de messagerie ont récemment gagné en popularité.

Trinité-et-Tobago met fin aux mariages d'enfants

mercredi 14 juin 2017 à 10:14

Alliance dans le sable. Photographie par Derek Gavey, CC BY 2.0.

Les mariages d'enfants sont maintenant illégaux à Trinité-et-Tobago. Le 9 juin 2017, le parlement du pays a adopté une loi à l'unanimité pour interdire cette coutume, changeant l'âge légal du mariage à 18 ans.

Avant cet amendement à la loi sur le mariage, certains membres des communautés religieuses hindoues et musulmanes adhéraient à cette coutume et, en mai 2016, le frère Harrypersad Maharaj, le leader de l’Organisation Inter-Religieuse (IRO), un groupe rassemblant des représentants des divers groupes religieux du pays, avait suscité l’indignation générale en déclarant que l'état ne devrait pas intervenir sous prétexte que « l'âge ne détermine pas le niveau de maturité. »

Cette opposition survient bien que Trinité-et-Tobago ait signé la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant (CDE), qui définit un mineur comme « tout être humain âgé de moins de 18 ans. » Les statistiques de l'ONU pour la période de 2002 à 2012 à Trinité-et-Tobago démontrent que 1,8 % des enfants sont mariés à 15 ans, et 8,1 % à 18 ans. En 2011, le Bureau central des statistiques du pays avait confirmé que plus de 8.400 filles et 1.300 garçons âgés de moins de 19 ans avait été mariés entre 1997 et 2007.

Les pétitions en ligne et l'agitation sur les réseaux sociaux visant à se débarrasser des lois sur les mariages d'enfants furent rapides et bien appuyées, ce qui aida certainement ce résultat final. Il y eut pourtant quelques obstacles. Un leader hindou, par example, n'eut aucun scrupule à ordonner aux porte-paroles contre le mariage d'enfants de « se mêler de [leurs] oignons. » Une telle opposition religieuse rendit tendue une situation qui aurait du être simple et pendant un moment, il fut difficile de juger si l'opposition allait même soutenir cette loi.

Mais au début de l'année 2017, le projet de loi des Dispositions diverses sur le mariage fut adopté (bien que quatre sénateurs de l'opposition, y compris une femme, et un sénateur indépendant aient choisi de s'abstenir), l'envoyant ainsi à être débattu dans la Chambre des représentants, où une simple majorité suffirait à faire passer la loi.

Maintenant, il ne reste qu'à obtenir l'accord du président du pays, et de proclamer la loi.

Sur Instagram, Leslie-Ann Boiselle a republié la mise à jour du statut Facebook d'un des sénateurs du pays :

#girlsnotbrides #historywasmadetoday #endchildmarriage #letourchildrenbechildren #letourgirlsbegirls #trinidadandtobago🇹🇹

A post shared by Leslie Ann Boisselle (@trinilab) on

<script async defer src="//platform.instagram.com/en_US/embeds.js">

On peut y lire :

L'honorable sénateur Clarence Rambharat : la réforme de la loi sur le mariage (Dispositions Diverses) de 2016 a été adoptée dans la Chambre des représentants par un vote de 35 membres pour et aucun contre. Etant déjà adopté au Sénat, le projet de loi peut maintenant avoir force de loi.

La majorité des utilisateurs de réseaux sociaux fut ravie d'apprendre que la loi sur le mariage d'enfants a enfin été changée. L'utilisateur de Facebook Lovell Francis, également ministre au ministère de l'éducation, affirme :

It was overlong and full of pointless double talk but you know what child marriage is now illegal in Trinidad and Tobago and that is worth almost any price.

Cela fut très long et plein de double discours inutile mais au final le mariage d'enfants est maintenant illégal à Trinité-et-Tobago et cela n'a pas de prix.

Alors qu'Abeo Jackson pense qu'abolir la coutume prit beaucoup de temps, Lara Quentrall-Thomas jubile que ce jour soit enfin arrivé :

Mise à jour publique de statut Facebook par Lara Quentrall-Thomas qui dit “Excellente nouvelle ! Le projet de loi sur le mariage a été adopté. Age mininum : 18 ans, Vote : 35 pour, 0 contre !!!!”

Folade Mutota, de l'Institut des femmes pour un développement alternatif (WINAD), un groupe de société civile qui s'était exprimé sur la nécessité d'adopter cette loi, observa :

The age of marriage in TnT, regardless of religion, is 18 years old. The Bill to amend the marriage acts was passed today June 9, 2017.
There are 41 parliamentarians in the House of Representatives and 35 were present for the vote. All parliamentarians in attendance voted in favour of the Bill.
The laws of TnT no longer allow for child marriage.
It's been a long struggle […] #childmarriageischildabuse
With much thanks to all activists who led this struggle. Congratulations.
Thank you to our legislators.

L'âge légal pour le mariage à Trinité-et-Tobago, quelle que soit la religion, est 18 ans. Le projet de loi réformant la loi sur le mariage a été adopté aujourd'hui, le 9 juin 2017.
La Chambre des représentants comprend 41 parlementaires et 35 d'entre eux étaient présents pour le vote. Tous les parlementaires présents ont voté pour le projet de loi.
La loi de Trinité-et-Tobago n'autorise plus le mariage d'enfants.
Cela a été un long combat […] #childmarriageischildabuse
Merci à tous les militants qui ont dirigé cette lutte. Félicitations.
Merci à nos législateurs.

Toutefois, Sat Maharaj, le secrétaire général de Sanatan Dharma Maha Sabha, l'organisation hindoue la plus importante du pays, pourrait présenter un problème. Il y a plusieurs mois, Maharaj avait annoncé son intention d'entreprendre des poursuites judiciaires si le projet de loi se voyait adopté, et il semble déterminé à respecter son engagement. Bien que le procureur général Faris Al Rawi, qui avait soutenu le projet de loi, ait confirmé le droit de Maharaj dà contester cette loi, la plupart des utilisateurs de réseaux sociaux aimeraient que ce débat soit abordé de manière différente. Patricia Worrell suggère :

Dear Sat,
If, instead of framing the discussion broadly, and in a way guaranteed simply to generate panic and resentment, as ‘inviting the state into our bedrooms’, we talk about the specific issue of the state ‘protecting our girl children from any possibility of being abused by big, hard back, advantageous men’, would you be prepared to go on with that discussion?
Or do you think that's a non-issue?

Cher Sat,
Plutôt que de décrire globalement la question, et d'une façon qui est sûre de susciter la panique et le ressentiment, en disant que cela en vient à « inviter l'état dans nos chambres à coucher », et si nous parlions de ce problème spécifique de l'état « protégeant nos filles de toute possibilité de maltraitance par de grands hommes forts, propices à profiter d'elles », seriez-vous alors ouvert à cette discussion ?
Ou bien pensez-vous que ceci est un faux problème ?

Qu'elle soit un jour ou l'autre contestée au tribunal ou non, cette loi est une étape importante. Mais il existe encore des endroits dans le monde où le mariage d'enfants est protégé par diverses nuances judiciaires ou continue d'être la norme, en dépit des dispositions contraires.