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Bangladesh : Les rickshaws peints contre la violence à l'égard des femmes

samedi 16 avril 2016 à 23:57
Rickshaw painting with protest slogans. Photo by Sabrina Aman Reevy. Used with permission

Des pousse-pousse peints avec des slogans de protestation par les participants de l'événement “Rongbaji”. Photo de Sabrina Aman Reevy. Utilisée avec permission

Les pousse-pousse à trois roues, une marque de fabrique de la capitale du Bangladesh, Dacca, sont célèbres pour leur carrosseries peintes de couleurs vives. Ces véhicules sont utilisés depuis les années 40, et les oeuvres d'art qui les ornent peuvent tout représenter des stars de cinéma, des fleurs ou des images religieuses.

Au début du mois d'avril, un groupe d'une cinquantaine de femmes au Bangladesh ont utilisé les peintures des pousse-pousse comme un moyen de protester contre la violence à l'égard des femmes et d'autres injustices auxquelles elles sont confrontées. L'événement a été organisé par Meye (“fille” en Bangla), un réseau sans but lucratif dirigé par des femmes parlant le Bangla qui défend les droits des femmes, leur autonomisation et leur leadership. Fondé en 2011, Meye constitue une communauté d'environ 5.000 femmes à ce jour, pour la plupart connectées via les réseaux sociaux.

Au Bangladesh au cours des dernières années, on relève une augmentation inquiétante du nombre de viols. Lorsque des femmes sont victimes de viol, elles sont souvent montrées du doigt et leur pudeur est remise en question. Le harcèlement des femmes dans la rue est également chose courante. À la maison, jusqu'à 87% des femmes mariées ont déclaré avoir subi des violences de leur mari, y compris des violences psychologiques, selon un sondage mené en 2011 par le gouvernement du Bangladesh.

Message at the bottom: Photo by Navida Ameen Nizhu. Used with permission.

Message en bas: বউয়ের দোয়া” (Bouer Doa – Prières de ma femme), une retombée du message habituel trouvé à l'arrière des pousse-pousse – “মায়ের দোয়া” (Mayer Doa – Prière de ma mère) – mettant l'accent sur la contribution de l'épouse dans une société patriarcale. Photo de Navida Ameen Nizhu. Utiliée avec permission.

Global Voices s'est entretenu avec Trishia Nashtaran, une blogueuse et fondatrice/coordinatrice de Meye, à propos de la protestation créative.

Global Voices (GV): Pourriez-vous nous parler de l'événement de peinture de pousse-pousse ?

Trishia Nashtaran (TN): Personne n'a oublié les agressions sexuelles perpétrées contre des femmes durant le Pahela Baishakh (célébration de la nouvelle année du Bangladesh) l'année dernière. Meye a réagi à la violence par le biais de ‘Arek Boishakh: Une protestation par la célébration’ – incitant les femmes à redécorer le campus de l'université de Dacca par des couleurs, des mots et de la musique.

Cette année, Meye a fêté le nouvel an avec une initiative unique nommée ‘Rongbaji’. Sous le thème ‘Que nos mots colorient les pousse-pousse’, le 1er avril, des femmes ont exprimé leur protestation à travers la peinture de pousse-pousse à Nimtoli Gate, aux côtés de la Société asiatique du Bangladesh. Avant que l'année 1423 du Bangladesh n'arrive, la chanson dans nos coeurs et la couleur dans nos âmes ont pris forme en mots et en images par la décoration des pousse-pousse — un transport qui symbolise l'esprit de Dacca. Tout le monde, sexes confondus, a été invité à donner un coup de main ; car, comme nous sommes unis dans la célébration, nous devons aussi faire front commun quand vient le moment de protester contre une injustice.

We have to protest to stop the crimes. Photo: Navida Ameen Nizhu. Used with permission

“Nous devons potester pour faire cesser les crimes.” Photo: Navida Ameen Nizhu. Utilisée avec permission

GV: Pourquoi avez-vous choisi la peinture de pousse-pousse ?

TN: Parce que les pousse-pousse font partie intégrante de notre quotidien en ville. Les images peintes sur les pousse-pousse ont toujours été un reflet coloré des questions historiques, culturelles et sociales de notre époque.

"নজর সামলে রাখুন" - Check your indecent stare. Image by Trishia Nashtaran. Used with permission.

“নজর সামলে রাখুন” – “Contrôlez votre regard indécent”. Image de Trishia Nashtaran. Utilisée avec permission.

GV: Que signifie le titre de l'événenent “Rongbaji”?

TN: Le sens littéral du mot “Rongbaji” touche aux couleurs. Dans le langage courant, “rongbaj” est un terme associé aux enfants mal élevés qui se tiendraient sur le bord de la route et siffleraient les femmes. Le nom a été choisi pour l'événement de peinture de pousse-pousse à la fois pour le sens littéral et familier et en raison de son ton sarcastique.

1) The shame is for the rapist not the victim. 2) If you insult a woman, you insult the nation. Image by Navida Ameen Nizhu. Used with permission.

1) “La honte est pour le violeur non pas la victime.” 2) “Si vous insultez une femme, vous insultez la nation.” Image de Navida Ameen Nizhu. Utilisée avec permission.

GV: Quels sont les objectifs que vous souhaitez atteindre ?

TN: Nous espérons que la tradition de représenter des messages de femmes sur les pousse-pousse que nous avons lancé sera poursuivi par les talentueux peintres de pousse-pousse (connus dans le langage courant en tant que homme artiste) qui contribuent à rendre nos pousse-pousse de Dzcca tellement beaux avec leurs touches de couleurs vives. Portés par les roues des pousse-pousse, nos slogans vont continuer à aller de l'avant et raconter nos histoires partout dans Dacca. D'autres organisations ont déjà prévu de propager leur protestation de cette manière. Nous espérons que les mots vont ainsi parcourir les lieux et trouver leur voie dans la pensée des gens, nous conduisant à un avenir meilleur.

You cannot love without consent. Photo by Navida Ameen Nizhu. Used with permission.

“Vous ne pouvez pas aimer sans consentement.” Photo de Navida Ameen Nizhu. Utilisée avec permission.

Some of the participants of the event. Photo: Navida Ameen Nizhu. Used with permission.

Certains des participants à l'événement. Photo: Navida Ameen Nizhu. Utilisée avec permission.

“Il n'y a pas de honte à avoir peur” face à la surveillance dans l'Égypte post-révolutionnaire

samedi 16 avril 2016 à 23:46
Demonstrators atop an army truck in Tahrir Square in Cairo, January 2011. Photo by Ramy Raoof via Wikimedia (CC BY 2.0)

Des manifestants sur un fourgon de l'armée Place Tahrir du Caire, Janvier 2011. Photo prise par Ramy Raoof via Wikimedia (CC BY 2.0)

Une version espagnole de cet article a été publiée sur El País. Il est publié ici avec leur permission.

Depuis longtemps, les nouvelles technologies et Internet font partie prenante de l'activisme politique en Égypte et des mouvements qui y prônent le changement social. Quand cela a débuté, le nouveau médium semblait très prometteur et palpitant – et en quelque sorte exclusif. Ma génération a commencé à explorer, expérimenter et traiter Internet comme un outil qui pouvait nous permettre de nous organiser, de nous rassembler, d'être créatif autrement, d'exprimer nos idées en découvrant celles de nos pairs. Tout cela en allant plus loin qu'avant. Rien ne déterminait alors ce qui était permis et non-permis. Aucune approbation n'était requise.  Mes confrères et moi avons commencé à utiliser le code et notre passion pour la technologie et les méthodes “open source” gratuites, pour développer des solutions qui répondaient aux différents besoins des activistes politiques, des partis, des groupes de défense des droits de l'homme, des professionnels des média et de la jeunesse.

De nombreux sujets et articles ont été courageusement introduits à travers le cyberespace sous la forme de différents média – texte, vidéo et images – se penchant sur des enjeux tels que la torture, la corruption militaire, les  minorités, les violences sexuelles, les problèmes économiques et, bien sûr les questions de démocratie. Cela nous a donné espoir et a rendu les choses plus accessibles à nos yeux.

Les choses étaient alors différentes. Il n'y avait pas de machines big-data ou de services fouillant dans nos données et nos activités en ligne ; et il n'y avait pas d'algorithmes définissant ce que nous lisons et quand. Un moindre nombre d'utilisateurs signifiait des variations moindres dans les opinions et donc un meilleur potentiel pour les conversations, et nous observions alors très peu de polarisation dans les extrêmes.

Les nouvelles générations avec leurs nouveaux acteurs ont rejoint les mouvement d'activisme social après le 25 janvier 2011. Un nombre accru de citoyens ont commencé à s'exprimer dans l'espace public et ont rejoint les plateformes en ligne. Des voix différentes se sont fait davantage entendre, conduisant à des changements notables dans les dynamiques entre les personnes et dans leurs interactions qui traitaient des contenus différents. Les notions d'organisation, de mobilisation et d'expression se sont développées au sein de la société, ouvrant à de nouvelles possibilités d'exploration et de critique.

Ce n'est pas seulement la scène militante qui a changé au cours des dernières années. L'armée est également devenue plus présente dans la vie publique et un État, mélange de police et d'armée est maintenant actif et aux commandes. En même temps, l'État a développé un contrôle plus puissant sur les investisseurs et différentes chaînes de télévisions et journaux. En soi cela n'avait rien de nouveau, mais la surveillance exercée par l'État sur les récits publics dominants et l'état d'esprit de la majorité des Egyptiens, a conduit à une tendance à ignorer les narrations alternatives des événements ici. Frayeur véritable, ou bien volonté de soutenir l'État, de nombreux Egyptiens ont fermé les yeux sur de graves violations des droits de l'homme, la détérioration de l'économie et l'étouffement des libertés de base.

L'État est parvenu à contrôler le flux d'informations et de nouvelles sur les différents flux médiatiques – à l'exception des rares informations alternatives en ligne et autres plateformes sociales. Et la situation reste la même : diffusion des grands événements actuels, violations, corruptions, abus militaires et policiers, scandales médicaux, commencent tous d'une façon ou d'une autre en ligne. Et cela remet en question les nouvelles barrières et repousse les lignes rouges tracées, en dépit de l'intense polarisation et du développement des lois restrictives et des procès injustes.

Graffiti art of surveillance camera. Published and labeled for reuse on Pixabay.

Graffiti d'une caméra de surveillance. Publié et étiqueté pour réutilisation sur Pixabay.

À côté de cela, le secteur de la sécurité est devenu de plus en plus enclin à écouter et à observer ce que nous disons et faisons, identifiant ainsi ce que “les autres” font. Il s’intéresse également à la cartographie de nos vies et réseaux professionnels et sociaux. Les capacités des techniques de  surveillance de masse et de surveillance ciblée se sont améliorées au cours du temps. Les relations avec les multinationales produisant des technologies de surveillance ont été accrues. Les institutions ont abusé de leur pouvoir déjà absolu, et se sont rapprochées des compagnies de services mobiles et internet du pays, afin d'avoir accès aux données de leurs utilisateurs, et excellent maintenant dans la surveillance des communications qui passent par les infrastructures nationales. Il n'y a pas de procédé légal dans tout cela, il suffit désormais qu'un agent de l'administration “veuille” avoir accès à cette information. Les acquisitions de logiciels de piratage et de surveillance ciblée envahissants ont commencé – et le nombre “d'infections” techniques menées par les institutions étatiques visant les données des individus sont passées de dix à cent.

Bien sûr, cet élément de l'équation n'est pas spécifique à l'Égypte. La sécurité et les services de renseignements du pays se servent des mêmes justifications utilisées partout ailleurs : “nous combattons l’extrémisme” ; “nous sommes en guerre contre le terrorisme” ;  “vous n'avez rien à cacher” ; “nous utilisons ces techniques seulement contre les personnes nuisibles.” Et bien sûr, ils sont fascinés par les capacités des techniques de surveillance utilisées par les super services de renseignements comme celles des Five Eyes.

La sécurité et les services de renseignements du pays se servent des mêmes justifications utilisées partout ailleurs : “nous combattons l’extrémisme”; “nous sommes en guerre contre le terrorisme”;  “vous n'avez rien à cacher”; “nous utilisons ces techniques seulement contre les personnes nuisibles.”

En mars 2011, quand les révolutionnaires ont fait une descente au quartier général des services de sécurité étatique au Caire – tristement célèbre pour ses pratiques de surveillance et de torture – beaucoup de personnes y ont trouvé leur propre dossier comprenant des transcriptions de leurs communications. Depuis ce temps-là jusqu'à aujourd'hui, la reconnaissance publique et la prise de conscience quant à ces pratiques de surveillance a progressivement changé. Malheureusement, le fait que nous soyons tous sous surveillance fait maintenant figure de blague récurrente. Cependant, la plupart des gens n'ont pas changé pour autant leurs communications quotidiennes et leurs normes organisationnelles – je pense que cela a à voir avec l’énergie révolutionnaire et le sentiment de colère qui étaient de mise pendant cette période.

Depuis 2011, les médias d'État on banalisé les pratiques de surveillance sociale, et le fait de s'observer les uns les autres en colportant des discours de haine envers tout ce qui est différent ou “étranger” est devenu acceptable. Des nouvelles règles restrictives sont constamment imposées et le sentiment d'être surveillé grandit progressivement en toile de fond, affectant la communauté activiste et ceux impliqués dans la changement social et dans l'écosystème médiatique.

Il est désormais normal pour les individus d'y penser à deux fois voire plus avant de décider de la manière et du moment pour affirmer quelque chose, et d'en calculer les conséquences. Sans en avoir conscience, ils appliquent ce que les chercheurs en sécurité numérique appellent “threat-modeling” (modélisation de menace), évaluant l'impact de leurs choix dans la sphère publique comme privée.

La séparation entre le professionnel et le privé est également devenue difficile à articuler, les deux s'impactant l'un l'autre. On traverse un long enchaînement d'émotions lorsque l'on en vient à s'engager pour le changement social. Le fait de perdre beaucoup d'amis qui ont été emprisonnés ou bien ont dû quitter le pays rend ce type de travail encore plus dur, et affaiblit nos connections avec nos pairs. Parmi ceux qui sont impliqués dans les activités d'information sur ce qui se passe, cela est devenu une banale perspective que d'être convoqué par les forces sécurité, enlevé, interdit de voyage ou encore de voir son bureau fouillé ou de recevoir un “appel” de quelqu'un vous menaçant poliment.

Au cours des dernières années, j'ai été impliqué dans plusieurs cas avec des institutions et des particuliers requérant de l'aide pour l'estimation  des menaces et des risques, et pour l'intégration des meilleures mesures pour protéger leur vie privée et leur sécurité. Cela m'a ouvert les yeux sur combien l'idée de menace a profondément changé au cours du temps, et combien notre définition de ce qu'est un problème s'étend. Il est également évident que parfois, notre capacité à faire de justes suppositions et estimation est des plus faibles, en cela qu'il n'y a pas assez de données cohérentes ou de variables sur lesquelles ont peut compter – la situation est chaotique, toujours changeante et souvent surprenante.

Il n'y a pas de mal à avoir peur, et il n'y a pas de honte à avoir – nous sommes humains. Et cela demande du temps et des efforts pour tenter de transformer la sensation de peur en énergie positive pour continuer de plus belle.

C'est également devenu évident que la peur et l'inquiétude impacte notre capacité à être créatif et à continuer à travailler et à planifier d'une manière correcte. C'est toujours un combat entre ce en quoi nous croyons, ce qui nous donne la force d'agir et la peur que nous ressentons et expérimentons tous les jours. Je me rappelle sans arrêt de mettre de côté mes peurs, pour rester concentré, penser et continuer. Il n'y a pas de mal à avoir peur, et il n'y a pas de honte à avoir – nous sommes humains. Et cela demande du temps et des efforts pour tenter de transformer la sensation de peur en énergie positive pour continuer de plus belle. L'oppression et les restrictions sur le long terme, nous poussent à être plus créatifs et à faire de notre mieux, malgré tous les défis personnels auxquels nous faisons face.

Dans une dictature, alors que tant de choses injustes deviennent banales et acceptées dans nos vies quotidiennes, l'acte de propagation de l'information et l'information des autres -bien que difficile- devient une part de l'activisme d'autant plus vitale.

Ramy Raoof est un technologue, expert en sécurité numérique et protection de la vie privée en Égypte. Il tweete sur @RamyRaoof.

Bangladesh : Libération des militants LGBT arrêtés durant les célébrations du Nouvel An

samedi 16 avril 2016 à 23:21
Spread Love, Not Hatred. Image Courtesy Roopbaan Facebook group

Distille l'amour, pas la haine. Credit photo Roopbaan groupe Facebook

La police bangladaise a procédé à l'arrestation de quatre activistes LGBT le 14 avril 2016 alors qu'ils participaient au Mongol Shobhajatra, une procession colorée en l'honneur du Pahela Baisakh, célébrations de la nouvelle année bengalie.

Depuis 2014, certains membres de la communauté Lesbienne, Gay, Bisexuelle et Transexuelle (LGBT) avaient commencé à prendre part aux activités de la nouvelle année à travers une marche de la fierté, un pas audacieux pour une minorité souvent vilipendée.

Le Boys of Bangladesh (BoB) , réseau social via lequel les hommes gays du Bangladesh communiquent majoritairement via les médias sociaux, est le plus grand réseau de défense des droits des LGBT au Bangladesh depuis 2009. Ils ont à leur actif un nombre incalculable d'initiatives liées aux droits des LGBT dans la capitale Dacca, au premier rang desquels figure le premier magazine LGBT en bengali denommé Roopbaan lancé en 2014.

Le Bangladesh, nation à majorité musulmane, criminalise l'homosexualité. La loi anti-sodomie, datant de l'époque coloniale, punit les relations sexuelles entre personnes de même sexe d'amendes et de peines d'emprisonnement allant de dix ans à la prison à vie.

Cette année, la police a été extrêmement vigilante depuis que les extrémistes religieux ont qualifié les célébrations de la nouvelle année d'anti-islamiques et d'haram (interdites). Ceci s'applique particulierement à la procession du Mongol Shobhajatra durant laquelle des symboles traditionnels et des masques et faces d'animaux sont exhibés.

Dans une déclaration électronique, les organisateurs ont confié à Global Voices que cette année, ils sont parvenus à organiser une manifestation intitulée “Boishakh, Boichetra and Bandhutta” (Boishakh, Diversite et Amitie). Cependant, ils ont recu des intimidations de certains groupes qui ont qualifié l'initiative BoB and Roopbaan de “rassemblement gay” et menacé de violenter les participants. Dans la nuit du 13 avril, la police leur a recommandé d'annuler la manifestation pour l'intérêt de tous et de la manifestation Pohela Boishakh étant donné qu'ils étaient ciblés. Ce qu'ils ont accepté, informant le maximum de participants possibles.

Le 14 avril, la majorité des membres de la communauté BoB ont rejoint le Mongol Shobajatra dans la matinée sans marques, logos ou accessoires et sont partis après le rassemblement. Mais aux alentours de 11h du matin, ils ont été informés que la police a arrêté cinq personnes pour comportement suspect et aurait prétendu qu'ils essayaient d'initier un rassemblement gay. Ils sont allés au poste de police de Shahbag et  découvert que la police détenait quatre personnes en garde à vue et en avait relâché une. Dans la soirée, la police a demandé aux parents de venir au poste de police chercher leurs enfants retenus. Ils ont dit à leurs parents par téléphone et en face-à-face que leurs fils étaient homosexuels et qu'ils avaient essayé de maintenir le rassemblement.

Bien-sûr que les couleurs de l'arc-en-ciel sont très très dangereuses pour la nature et pour tous les autres humains !!!

En décembre 2014, un sondage réalisé par Boys of Bangladesh et Roopban a révélé que les lesbiennes, les gays et les bisexuels au Bangladesh vivent dans la peur. L'enquête a enregistré 751 homosexuels auto-identifiés comme répondants. Plus de 50% ont déclaré vivre dans la peur constante que leur orientation sexuelle ne soit découverte et seulement 25,8% des répondants ont déclaré avoir déjà fait face au délit de faciès. Plusieurs ont déclaré n'avoir soit aucune connaissance ou pas d'accès à une assistance juridique.

Dans une interview au magazine LGBT indien Pink pages, Tanvir, un des modérateurs de la communauté BoB a récemment décrit la perception de la société bangladaise vis-a-vis des personnes LGBT:

The educated people in the society or the people who studied in the west accept homosexuality as natural but often it happens that in a class or in a work place not everyone accepts homosexuality. In that case people don’t feel comfortable to come out and it holds the whole process of acceptance a step back. Lesbians are invisible in the society though there is a small group working for a long time. Transgender are visible but people and media often make fun of them which is actually very sad. In my view, bisexuals are increasing in major cities but there is no research data so far on this. Overall, society tolerates it as long as you are keeping it private and following the social obligations i.e getting married!

Les gens instruits dans la société ou les gens qui ont étudié en Occident acceptent l'homosexualité comme naturelle, mais souvent il arrive que dans une classe ou dans un lieu de travail tout le monde n'accepte pas l'homosexualité. Dans ce cas, les gens ne se sentent pas à l'aise de faire leur coming-out et cela fait reculer le processus d'acceptation. Les lesbiennes sont invisibles dans la société bien qu'il y ait un petit groupe qui se penche sur le sujet depuis un moment déjà. Les transgenres sont visibles, mais les gens et les médias se moquent souvent d'eux, ce qui est vraiment très triste. De mon point de vue, le nombre de bisexuel(les) va grandissant dans les grandes villes, cependant, nous ne disposons pas de données concrètes à ce sujet. Dans l'ensemble, la société tolère votre homosexualité tant que vous la gardez privée et vous vous conformez aux règles sociales c'est-à-dire se marier !

Une autre initiative visant à promouvoir les droits des LGBT dans le pays est le blog de l'humaniste et libre-penseur bangladais Mukto-Mona qui publie régulièrement des articles en anglais et en bengali. Le blogueur et fondateur de Mukta-Mona, le Dr Avijit Roy, depuis assassiné, a publié un livre sur l'homosexualité au Bangladesh, le premier du genre, qui tente de fournir une description scientifique et accessible de l'homosexualité sur plusieurs plans.

En septembre dernier, Dhee, premier personnage comique lesbien du pays a vu le jour.

Les événements BoB ont attiré un monde certain, la plupart du temps réseauté via Facebook.

On peut être différent. Rejoins-nous le 9 avril pour une campagne de sensibilisation.

Discussion sur le Genre, la Sexualité et la Violence de Genre @ the #DhakaUniversity (éducation et de conseils #psychology)

Cependant, après les arrestations, plusieurs de leurs pages sur les médias sociaux sont devenus inaccessibles, vraisemblablement fermées par les initiateurs.

Il est interdit à la police russe de parler travail sur les réseaux sociaux

samedi 16 avril 2016 à 15:48
Photo of Russian police officers, 2013, by Vitaly V. Kuzmin on Wikimedia Commons, CC BY-SA 3.0.

Policiers russes, 2013, photo Vitali Kouzmine, source Wikimedia Commons, CC BY-SA 3.0.

Il est désormais officiellement interdit aux policiers de la capitale russe d'échanger des informations à caractère professionnel sur les réseaux sociaux et les applications de messagerie. Les organes législatifs insistent sur le fait que toute correspondance interne doit être menée sur des réseaux sécurisés au moyen d'outils dédiés.

La «Rossiiskaïa Gazeta», le journal d'informations officiel du gouvernement russe précise qu'absolument aucune information concernant les activités du département moscovite du ministère de l'Intérieur ne peut être partagée sur des réseaux tels que VKontakte, Odnoklassniki [un genre de «Copains d'avant»], Facebook, Instagram ou Twitter. En outre, les messageries personnelles comme Telegram, Viber, WhatsApp et le logiciel de visioconférence ou conversation en ligne Skype se retrouvent eux aussi sur la liste des plateformes interdites aux policiers pour y discuter de sujets en rapport avec leur métier.

Cependant, selon l'article, les policiers municipaux peuvent continuer à utiliser ces plateformes pour leur usage personnel.

Tous documents de travail et conversations de service doivent maintenant transiter par le seul service de messagerie officiel du ministère de l'Intérieur, doté, d'après le chef de la police moscovite, du «plus haut niveau» de sécurité pour la protection des données.

La «Rossiiskaïa Gazeta» ajoute que si les policiers donnent souvent la préférence aux technologies du commerce pour leurs communications, c'est qu'elles sont plus rapides, plus simples à utiliser et fonctionnent mieux. L'un des exemples qu'elle cite est la police de la route. Ses agents ont pris l'habitude d'utiliser les réseaux sociaux au lieu des fréquences radio dédiées ou des moyens de liaison sécurisés pour se tenir au courant des accidents de la circulation ou autres incidents.

В столичном полицейском главке подчеркнули, что полиция — не общественная организация, служебной информацией сотрудники должны обмениваться через закрытую сеть, которая определенным образом защищена. Когда они начинают слать служебные документы через бытовые соцсети, мессенджеры — это неправильно.

A l'état-major de la police moscovite, on souligne que la police n'est pas une organisation de la société civile, et que les informations de service doivent être partagées via un réseau fermé, sécurisé de façon appropriée. Que des documents de service se retrouvent sur des réseaux accessibles à tous n'est pas normal.

En janvier 2016, les législateurs russes ont proposé une loi pour interdire à tous les citoyens de la Fédération de Russie d'utiliser les réseaux sociaux et les messageries sur leur lieu de travail, dans un but d'amélioration de la discipline. Mais ils n'ont pas précisé clairement les mécanismes de contrôle de ces limitations qui auraient concerné les administrations publiques comme les entreprises privées. Le projet de loi n'a pas suscité l'enthousiasme, et son sort reste inconnu à ce jour.

Depuis un certain temps déjà, les fonctionnaires russes ont mis au point diverses formes de limitation de l'usage des messageries. En juin 2015, Alexandre Jarov, le chef du Rosmonadzor, a proposé, dans le cadre d'une stratégie de remplacement de produits importés, que la Russie crée sa propre messagerie au lieu d'avoir recours à des applications étrangères.

En novembre 2015, un député de la Douma, Alexandre Aguéïev, a demandé aux services secrets d'étudier la possibilité de bloquer la messagerie Telegram, au motif qu'«elle est utilisée par l'organisation Etat islamique pour diffuser des contenus extrémistes» et que «les plaintes des usagers au sujet de tels contenus ont été ignorées». En réponse, le ministre des Télécommunications Nikolaï Nikiforov a pris la défense de Telegram et déclaré que les fonctionnaires n'avaient pas à bloquer des applications, mais plutôt à «identifier et poursuivre ceux qui se livrent à des activités illégales».

Le mariage gay accepté par la Cour Constitutionelle de Colombie, mais pas par tous les Colombiens

samedi 16 avril 2016 à 15:41
El matrimonio entre personas del mismo sexo en Colombia ha recibido aprobación de la ley, pero no de la mayoría de la sociedad colombiana. Fotografía de Wikimedia Commons, del dominio público (CC BY-SA 2.0)

Le mariage entre personnes du même sexe en Colombie a été reconnu par la loi, mais pas par la majorité de la société colombienne. Photographie de Wikimedia Commons, domaine public (CC BY-SA 2.0)

Fernando José Silva et Ricardo Betancourt, un couple homosexuel qui vit ensemble depuis 33 ans et désire se marier, a obtenu l'aval de la Cour Constitutionnelle qui s'est prononcée en leur faveur lors d'une action en justice le 7 avril dernier.

Cette décision a modifié la jurisprudence en vigueur depuis 2011, qui même si elle avait reconnu que les couples de même sexe étaient en mesure de fonder une famille, précisait que le mariage leur était interdit, car réservé par la Constitution aux couples hétérosexuels. À la place, elle avait établi un contrat appelé “union solennelle”, aux effets similaires mais qui ne constituait pas un mariage proprement dit.

De plus, elle avait donné jusqu'au 13 juin 2013 au Congrès de la République pour qu'il statue sur ces unions. Faute de quoi, et comme le Congrès ne l'a pas fait, les couples homosexuels ont été libres de se rendre devant un juge ou un notaire pour formaliser juridiquement leur union maritale de fait. Comme la situation manquait de clarté, pendant que les autorités parlaient d'”union solennelle” des dizaines de couples exigeaient le mariage conventionnel, que seuls quelques-uns auront pu réaliser.

Avec la décision prise en faveur de Silva et Betancourt cette confusion est terminée. Désormais, juges et notaires sont obligés de célébrer le mariage civil sans objections en rapport avec l'identité sexuelle des futurs époux. C'était le dernier droit à conquérir pour la communauté LGBTI, puisque cinq mois auparavant, la même Cour leur avait autorisé l'adoption, sans compter d'autres acquis obtenus par le passé.

Du conflit juridique au débat social

Les voix pour et contre ne se sont pas fait attendre. Le ministre de l'intérieur Juan Fernando Cristo a affirmé que “Le mariage pour tous est une étape pour une Colombie ouverte à tous”, tandis que le sénateur Armando Benedetti, qui lutte depuis 2006 pour une législation en faveur des homosexuels, a prévenu que depuis le jugement “les notaires du pays sont tenus par la loi de marier n'importe quelle personne de la communauté LGBTI qui le souhaite”. Avec eux, le sénateur de gauche Iván Cepeda a montré sa satisfaction en déclarant que le jugement constitue “une étape importante vers la démocratie”.

Mais d'autres s'opposent avec virulence. Le Procureur Général a fait savoir qu'il lancerait une réforme de la Constitution pour interdire ce mariage, position qui a amené l'avocat défenseur des droits de cette minorité, Germán Rincón, à riposter : “Les grands perdants sont les conservateurs radicaux qui nous attaquaient, [ce jugement] est une claque juridique envoyée au procureur pour qu'il se penche sur le sujet, au lieu de nous poursuivre en justice”.

L'ex-président et désormais sénateur Álvaro Uribe a également manifesté son désaccord : lui qui qualifie la décision de politique et non juridique, assure que la Cour supplante le peuple et le législateur et souligne que l'on doit respecter “la préservation de l'espèce humaine.”

À son tour, monseigneur José Daniel Falla, secrétaire général de la Conférence Épiscopale qui réunit les évêques catholiques du pays, a mis en garde: “ils peuvent faire ce qu'ils veulent […] tout va se terminer en Sodome et Gomorrhe [fr]” faisant ainsi référence aux villes du mythe biblique de l'Ancien Testament, qui furent détruites à cause de la perversion de leurs habitants. Cette intervention a été faite avec le hashtag #sodomaygomorra (#sodomeetgomorrhe) qui a été le théâtre d'un débat animé entre pro- et anti-jugement. Dans l'autre camp était créé #matrimonioigualitario (#mariagepourtous) qui est devenu incontournable en quelques heures avec 11 000 tweets, de même que #GraciasCorteConstitucional (#MercilaCourConstitutionnelle).

Márgara Ortiz, par exemple, a donné un ton politique et rappelé quelques décisions polémiques:

➡Légalisation de l'avortement
➡Augmentation de la quantité minimale
➡Mariage gay approuvé
➡La Magna Carta piétinée.

La Cour constitutionnelle est #SodomeEtGomorrhe

La Cour Constitutionnelle est #SodomaYGomorra

Ortiz fait référence au jugement de la Cour Constitutionnelle qui a dépénalisé en 2006 l'avortement dans trois cas : vie de la mère en danger, viol ou malformation du fœtus, et qui a établi plus récemment comme critère de quantité minimale de drogue transportée celle de la “nécessité de la personne”.

D'autres, comme Andrés Cárdenas, ont pris comme point central la religion:

Ta venue est proche #JESUS tu nous as dit que la fin des temps serait comme #SodomeetGomorrhe protège nous, notre rédemption approche

Tandis que des utilisateurs comme Andrés Velandia contre-attaquaient en attirant l'attention sur les abus sexuels et les viols commis par l’Église:

C'est incroyable que l'église ose se prononcer alors que les victimes d'abus et de viols scabreux n'ont pas encore obtenu réparation #SodomayGomorra

Et dans ce qui semble être une réponse au sénateur Uribe concernant son signalement de menace à la préservation de l'espèce humaine, le populaire journaliste Pirry, rappelle:

Maintenant ils disent que le mariage pour tous menace la race humaine, tu vois, moi je croyais que c'était la guerre, la faim et les inégalités. Quel imbécile

D'un autre côté, l'avocate et activiste pour les droits des LGBTI donne une précision fondamentale en réponse à la polémique qu'ils présageaient:

Deux bonnes nouvelles pour ceux qui sont contre le #Mariagepourtous: 1. ce n'est pas obligatoire et 2. personne ne va interdire votre mode de vie.

La députée Angélica Lozano, en couple avec la sénatrice Claudia López, manifeste joie et retenue :

Le #Mariagepourtous est approuvé !!!!!! #L'égalitéEstInnarrêtable !!!

Dans cet échange de messages, Lozano a reçu des insultes. Luz Mireya Carreño la soutient et répond à un message effacé par la parlementaire d'une catholique agressive, sur la base des mêmes croyances, celles de l’Église catholique :

La polarisation est évidente, et bien que la Colombie se targue aujourd'hui d'être le 24ème pays à approuver le mariage entre personnes du même sexe, cette décision de la justice est loin d'obtenir une approbation sociale, et ceux qui s'y opposent se préparent à livrer si nécessaire les batailles judiciaires, accompagnés par une grande partie du pays. Un sondage réalisé par Gallup en novembre dernier a montré que 59% des Colombiens sont contre le mariage pour tous tandis que 38% l'approuvent.

Et il reste encore des batailles à livrer. On attend la présentation de la réforme constitutionnelle qui annulerait la décision de la Cour encouragée par le Procureur Général, ou un référendum comme celui soutenu par la sénatrice chrétienne Viviane Morales contre l'adoption homoparentale. La Fundación Marido y Mujer (Fondation Mari et Femme) a annoncé qu'elle porterait plainte pour forfaiture contre les magistrats qui ont voté en faveur de l'union des couples homosexuels, et contre les ministres de l'Intérieur et de la Justice, devant la Comisión de Acusaciones de la Cámara de Representantes (Commission des Affaires judiciaires de la Chambre des Représentants).

Pendant ce temps-là, malgré tout, la communauté LGBTI de Colombie et de la région fête une victoire judiciaire sans précédent :